régression de l’aphasique obéissent aux mêmes lois d’implication. [...] C’est
sur les mêmes lois d’implication que reposent les langues du monde, dans
leurs aspects statiques comme dans leurs aspects dynamiques.»
L’apprentissage de leur langue par les locuteurs (par opposition à
l’apprentissage de langues étrangères), la décomposition de la
communication par l’atteinte aphasique et la description interne des langues
du monde sont conçus par Jakobson comme autant d’expérimentations en
grandeur nature des principes de la phonologie et de la syntaxe. À la
recherche des éléments premiers des langues (soit des unités primitives qui
n’en contiendraient plus d’autres), il propose de faire remonter la
décomposition en deçà du phonème, jusqu’aux «traits distinctifs» dont la
combinaison (en faisceau de traits) et l’opposition (binaire) permettent
d’articuler la structure phonologique d’une langue selon une certaine
distribution de traits universels, et un certain état des relations entre
marques.
Dans ce cadre, le [b] du français se définit comme la réunion des traits
suivants: —vocalique (c’est une consonne), par opposition à [a], [i], [u]...;
— continu (c’est une consonne occlusive), par opposition à [f], [v]... ;
—nasal (c’est une consonne orale), par opposition à [m], [n] ; — sourd
(c’est une consonne sonore), par opposition à [p], [t], [k]; —arrière (c’est
une consonne réalisée à l’avant), par opposition à [g]; —dental (c’est une
consonne labiale), par opposition à [d].
Ces six «traits distinctifs» définissent exhaustivement le phonème [b]
du français, alors que d’autres langues (le chinois, par exemple) devraient
inclure, pour rendre compte de la même sténographie [b], un trait –
—aspiré qui n’est pas pertinent en français (mais, en chinois, le trait sourd
serait inutile). De tous les traits requis pour caractériser [b] dans une langue,
aucun n’est strictement idiomatique, et donc propre à une seule langue. Seul