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QU'EST-CE QU'ON RACONTE ? - STEPHEN FULDER

QU’EST-CE QU’ON
RACONTE ?
STEPHEN FULDER
Stephen Fulder est le fondateur de l'Israel Insight Society (Tovana), et il figure parmi
les enseignants spirituels les plus éminents d'Israël. Fort de 40 ans d'expérience
personnelle approfondie de la méditation vipassana/pleine conscience et de la
pratique du dharma, il a guidé des milliers de personnes dans l'exploration des
enseignements bouddhistes, la pratique de la méditation et la redécouverte de la
magie de l'instant présent au cours de ces 20 dernières années. Il est également
l'auteur d'une quinzaine de livres sur des sujets en rapport avec la santé. Voici un
chapitre extrait de son livre ‘’What’s beyond mindfulness ? Waking up to this precious
life’’ .
Vous êtes en train de lire ces mots, peutêtre sur du papier ou sur un site web.
Notre esprit conditionne largement ses
pensées sous la forme de mots, qui
dominent nos vies intérieures et
extérieures. Nous devrions nous
demander : De quelle manière parlonsnous ? Et que peut-on dire ? Qu'est-ce qui
vaut bien la peine d'être dit ? Comment
purger ses paroles pour qu'elles nous
apportent des bénédictions à nousmêmes et aux autres, plutôt que de la
peine ?
Il importe tout d'abord de comprendre les
deux aspects du pouvoir et de la vacuité
des mots. Le pouvoir est évident. Pensez
au pouvoir des paroles d'un homme
politique qui peuvent soulever l'émotion
de millions de personnes, générer
l'insécurité et la peur d'un ennemi,
imaginaire ou réel, et inciter à une
extrême violence. Songez à l'outrage que nous subissons, qui couve en nous ou qui
nous trotte dans la tête pendant des années. Pensez aussi au climat de critique et de
dénigrement qui prévaut dans la vie quotidienne et qui ravit souvent la joie de tous
ceux qui baignent dedans. Et quelles énormes conséquences personnelles peuvent
induire les paroles d'un médecin qui annonce à quelqu'un qu'il a un cancer.
Des paroles peuvent également exprimer le pouvoir et la beauté d'une bénédiction,
le soulagement d'une confession, la douceur de la gratitude, ou la résonance
profonde du cœur quand quelqu'un prononce les mots ‘’Je t'aime’’. Des mots
peuvent radicalement changer notre vie. Nisargadatta Maharaj capta quelques
paroles de son guru, Siddharameshwar Maharaj, qui pénétrèrent dans sa conscience,
comme un virus. Il travailla avec cette infection bénie pendant quelques années pour
parvenir à l'Eveil. Ces paroles étaient : "Tu es l'Absolu. Maintenant, va et réalise-le."1
Mais en même temps, les mots sont vides, composés de rien. Les mots sont des
coquilles vides qui véhiculent des conventions ou des accords. Peu importe qui les
prononce. Les aboiements des chiens sont leurs mots. Les mots ne sont rien d'autre
que des conventions intellectuelles. Ils naissent d'une conception, qui peut prendre la
forme d'un mot, se transformer en ondes sonores dans l'air, ou en écriture sur une
page, voyager et se retrouver dans l'esprit de quelqu'un d'autre, où ils sont
décortiqués et où ils peuvent induire des interprétation similaires. Ou ils peuvent être
à l'origine de grands malentendus et de ruptures, car ces conventions nécessitent
d'être assimilées sans être jamais garanties.2 Ils signifient des choses, tout en n’étant
pas eux-mêmes ces choses. Ils sont la carte, et pas le territoire. En ce sens, ils ne sont
jamais pleinement satisfaisants. Et si nous voulons exprimer quelque chose de plus
subtil ou profond, nous sommes le plus souvent à court de mots. T.S. Eliot, l'un des
plus grands poètes de langue anglaise, dut reconnaître dans son poème East Coker
qu'il avait perdu 20 ans à tenter d'utiliser les mots, et que chaque tentative s’était
soldée par un nouvel échec, puisqu’il s'agissait d'un ‘’braquage de l’indicible’’.3 Aussi
ne faut-il pas s’étonner que de nombreux maîtres spirituels enseignent en silence et
communiquent leur enseignement via un processus de contact non verbal.4 Vous
captez ou vous ne captez pas. Tchouang Tseu, l'ancien sage taoïste, a dit : ‘’Les mots
ne communiquent jamais la réalité. Montrez-moi donc l'homme qui a renoncé aux
mots. Je veux échanger avec lui.’’5 En d'autres termes, on n’a pas d'autre choix que
1
Il me revient à l’esprit une histoire amusante de Sathya Sai Baba concernant cette thématique :
➢ Le pouvoir des mots – Sathya Sai Baba
https://studylibfr.com/doc/10182065/le-pouvoir-des-mots---sathya-sai-baba , NDT.
2
Un autre texte profond, instructif et amusant me revient à l’esprit, qui reprend d’ailleurs une variante de
l’histoire précédente :
➢ Dieu, l’homme, les crapauds et le Verbe… - Radio Sai Global Harmony
https://studylibfr.com/doc/10179147/dieu--l-homme--les-crapauds-et-le-verbe...---radio-sai-gl... , NDT.
3
Eliot, T S. Four Quartets. London: Faber & Faber, 1960.
4
Ramana Maharshi était bien connu pour cela, de même qu’Aurobindo. Voir l’article intitulé
➢ Le pouvoir du silence – Haridas Chaudhuri
https://www.fichier-pdf.fr/2016/07/22/le-pouvoir-du-silence-haridas-chaudhuri/ , NDT.
5
Palmer, Martin, trans. The Book of Chuang Tzu. London: Penguin, 2006.
d'utiliser ces outils langagiers imparfaits, mais au moins peut-on le faire en étant
conscient de leur vacuité, tout comme de leur force.
Alors, qu'est-ce que la ‘’parole juste’’ ? Le Bouddha a défini la parole juste comme
étant l'une des huit voies principales conduisant à l'Eveil. Il faut donc la prendre au
sérieux et ne pas la négliger et supposer que la pratique spirituelle ou que la vie
religieuse se résume à la méditation ou au culte, après quoi on peut crier sur son/sa
partenaire, mentir au fisc, amener les gens à se détester ou à faire de fausses
promesses aux clients dans l’optique de leur vendre des trucs. Le Bouddha a défini
ainsi la parole juste :
Si ce n'est pas vrai et pas utile, ne le dites pas.
Si c'est vrai mais pas utile, ne le dites pas,
Si ce n'est pas vrai mais utile, ne le dites pas,
Si c'est à la fois vrai et utile, alors trouvez le bon moment.6
Waouh ! C'est une définition exigeante. On pourrait croire que seuls des anges
peuvent parler ainsi. Faut-il être moine pour avoir des normes aussi élevées en
matière d'élocution ? Je ne le pense pas. Et voici pourquoi. L'intention première et
primordiale, c’est de conscientiser nos propos. D'être plus attentif à ce que nous
disons. Ce qui transforme le langage en une pratique spirituelle.7 Qu'est-ce que cela
signifie en pratique ? Cela veut dire devenir plus conscient de la source des mots qui
nous habitent et de l'impact des mots que nous prononçons, à la fois sur nousmêmes et sur autrui. Les mots sont le résultat de la pensée, qui est fortement
influencée par les émotions et par les sentiments. Les pensées elles-mêmes jaillissent
de la conscience ou de l'esprit, tout comme les vagues jaillissent de l'océan mais sont
également composées d'eau. La Conscience est pure, c'est notre nature de Bouddha,
l’Être pur. Mais lorsqu'elle s'exprime sous la forme de pensées, puis de mots, elle
revêt la forme de notre mémoire, de notre conditionnement, de notre personnalité,
6
On peut voir par-là dans quelle mesure la toute grande majorité de la société fait fausse route, quasiment en
permanence ! Par ailleurs, je me souviens que dans l’ashram de Sathya Sai Baba situé à Whitefield, près de
Bangalore, on pouvait lire ces quelques paroles qui véhiculent des idées similaires sur une grande pancarte
fixée au mur de la cantine :
Avant de parler, RÉFLÉCHISSEZ :
1.
Est-ce nécessaire ?
2. Est-ce vrai ?
3. Est-ce gentil ?
4. Est-ce que cela fera du mal à quelqu’un ?
5. Est-ce que cela améliorera le silence ?, NDT.
7
Pour les lecteurs ou pour les lectrices que cela intéresse, tout un chapitre est consacré à cet aspect de la
discipline spirituelle dans le livre de Sathya Sai Baba intitulé, ‘’La sadhana, le chemin de l’intériorité’’ que j’ai
eu l’opportunité de traduire :
https://www.fichier-pdf.fr/2018/04/20/la-sadhana-le-chemin-de-l-interiorite-sathya-sai-baba/ , NDT.
de nos habitudes et de nos tendances. Pour purifier la parole, notre conscience doit
s'étendre dans les deux sens - à la source des mots et à leurs résultats.
En relation avec la source, on peut se plonger dans les sentiments et le type de
conscience qui ont conduit à ces mots. Si nous parlons durement, est-ce que cela
nous touche, comme du papier de verre, en créant des frictions quelque part dans
notre vie intérieure ? Si nous avons l'habitude de trop parler, pouvons-nous ressentir
le sentiment que nous couvrons quelque chose sous les mots, que le silence est
pénible ? Si nous parlons très peu, s'agit-il d'une tranquillité intérieure, où l’on ne
parle pas, parce que nous sommes comblés par le silence, s'agit-il de fuir le
dérangement, le bruit du monde, ou bien encore d'une gêne personnelle avec
laquelle nous sommes aux prises au fond de nous-mêmes et qui nous bloque ? Il y a
de nombreuses années, je me suis inscrit à un programme de co-écoute pendant
quelque temps, car je sentais que j'avais besoin d'aide pour ouvrir les canaux de ma
propre vie émotionnelle. Une accompagnatrice me déclara un jour que ce dont j'avais
besoin, c'était d'aller dans la forêt et de crier. Je lui opposai une résistance farouche,
estimant qu'il n'était pas spirituel de crier ni de hurler. Mais j'ai vite compris qu'il était
encore moins spirituel de s'attacher à une sorte de sanctuaire privé. Je me suis alors
rendu dans la forêt chaque semaine où je criais à tue-tête. Ce fut là une manière
(d)étonnante d'ouvrir les canaux du cœur et de la parole.8
Par rapport aux résultats, il nous faut être conscients de la qualité de nos paroles et
savoir si celles-ci sont utiles, aimables et diminuent la souffrance dans le monde, ou si
elles font l'inverse. Quel est leur impact sur la vie intérieure de quelqu'un d'autre ?
Provoquent-elles de la confusion, des turbulences, de la défiance, de la colère ? Ou
aident-elles à instaurer le calme, la confiance, la clarté et la bienveillance ? Par
exemple, nous pouvons avoir tendance à vouloir tout contrôler, ce qui nous pousse à
donner des conseils à tout le monde, sans qu'on nous les demande. Mais il est
possible de faire remonter ce schéma à la surface, lorsque les autres sont irrités, voire
8
Le maître spirituel Osho préconisait des techniques similaires pour certaines personnes, qui auraient pu
paraître complètement démentes pour des gens de l’extérieur non avertis ! En ce qui me concerne, j’ai trouvé
particulièrement utile de participer à un groupe à caractère plutôt dévotionnel pendant environ neuf mois vers
le milieu des années 90, où j’ai pu apprendre à chanter des bhajans et des mantras, ce qui est une manière plus
douce d’ouvrir ces canaux, et cette pratique peut aussi s’intérioriser et aider grandement à gérer et à maîtriser
les émotions, les sentiments, la parole et les pensées, NDT. Voir par exemple :
➢ Quel type de japa (psalmodie du nom divin) est le plus puissant ? Le japa à voix haute ou le japa
mental ? – Prof. G. Venkataraman
https://studylibfr.com/doc/10182101/quel-type-de-japa--psalmodie-du-nom-divin--est-le-plus-pu...
(A noter que cette pratique n’est pas spécialement ou spécifiquement hindoue. Elle existe aussi sous
des noms différents dans le christianisme, dans le bouddhisme et dans le soufisme, notamment.)
➢ Découvrir la splendeur et la gloire du mantra de la Gayatri – Radio Sai Global Harmony
https://studylibfr.com/doc/10067265/decouvrir-la-splendeur-et-la-gloire-du-mantra-de-la-gayat...
frustrés et privés de leur autonomie plutôt que d'être habilités. Le dialogue devient
un miroir utile. Il rebondit sur nous et il nous aide à nous voir nous-mêmes.9
Voici quelques exemples pour illustrer cela. Ces exemples concernent des personnes
que j'ai rencontrées en l'espace de quelques heures. Dans un cas, un jeune homme se
mit à me parler très vite et très intelligemment. J'avais l'impression de ne pas pouvoir
en placer une, comme on dit. Alors qu'il parlait comme une mitraillette, j'avais
presque l'impression physique qu'il me repoussait par son torrent de mots. Je
ressentis de la compassion pour lui, en sentant qu'il avait érigé un mur autour de lui,
protégeant un moi blessé, ne permettant pas aux autres de le toucher, et combien il
se sentait seul et mal-aimé à l'intérieur de ce mur. Je lui suggérai de s'entraîner à
observer, sans jugement et avec bienveillance, et de voir comment sa façon de parler
éloignait les autres de lui, tout en découvrant et en apprenant à reconnaître la
vulnérabilité qui se cachait derrière le mur des mots.10
Je rencontrai une dame qui évoqua son travail et dont les propos étaient émaillés de
critiques et de reproches à l'égard des autres, de pratiquement tout le monde, depuis
le Premier ministre jusqu'au personnel d'entretien du bureau. On aurait dit un nuage
de négativité. Sa pratique consisterait à remarquer comment ses critiques se
retournent contre elle et comment elles génèrent des relations pénibles et
décevantes, et à reconnaître sa douleur intérieure qui se projette sur les autres. La
pleine conscience de ses propos lui montrerait également comment des paroles plus
douces favoriseraient des conditions plus positives autour d'elle, ce qui permettrait
aux autres de se rapprocher d'elle, et quel sentiment cela lui procurerait.11
La tradition des monastères bouddhistes donne de sages conseils sur la façon de
réprimander un moine qui a dérapé et qui a enfreint les règles. Tout d'abord,
9
La thématique du miroir est bien analysée et exemplifiée au chapitre 7 du livre du Dr John Goldthwait, Purifie
ton cœur ! (Le Dr John Goldthwait est un psychologue transpersonnel américain, adepte du védanta, initié au
zen et il est aussi pasteur. Sa rencontre avec Sathya Sai Baba en Inde, qu’il décrit plus loin dans le livre est aussi
très instructive dans cette optique), NDT.
➢ https://www.fichier-pdf.fr/2016/07/20/purifie-ton-coeur-dr-john-goldthwait/
10
Voici un autre exemple très intéressant de cette discipline dans un tout autre contexte, rapporté dans un très
bel article par un ancien étudiant de l’Université Sri Sathya Sai et qui travaille chez Infosys, une des plus grandes
et prestigieuses sociétés d’informatique de l’Inde :
➢ Observer le monde de l’entreprise, comme l’enseigne Sai Baba – N. Dayasindhu
https://www.fichier-pdf.fr/2017/02/02/observer-le-monde-de-l-entreprise-comme-l-enseigne-saibaba/ , NDT.
11
Par rapport à cette discipline ou à cette pratique, voici deux articles intéressants que j’ai eu l’opportunité de
traduire :
➢ De la pleine conscience à la plénitude du cœur – Bruce Davis
https://studylibfr.com/doc/10182135/de-la-pleine-conscience-%c3%a0-la-pl%c3%a9nitude-du-coeur--bruce-d...
➢ La méditation de pleine conscience, voie directe vers le bonheur – Ed & Deb Shapiro
https://studylibfr.com/doc/10180513/la-m%C3%A9ditation-de-pleine-conscience--voie-directe-vers-le... , NDT.
demandez au moine de vous autoriser à le réprimander. Deuxièmement, faites-le
avec gentillesse et compassion, et pas avec colère. Troisièmement, parlez avec
justesse. Quatrièmement, trouvez le bon moment. Et enfin, cinquièmement, ne
réprimandez pas quelqu'un sur ce qu'il fait, si vous faites vous-même la même
chose !
La pratique de la conscience de notre expression a le pouvoir de nous faire entrer
dans un moment présent qui est merveilleux, toujours inattendu et même sacré. Une
parole de la Bible peut être sacrée pour les juifs, alors qu’un mot créé par un coup de
pinceau spontané peut l’être pour un moine zen grâce à la profondeur de son
attention.
Si nous sommes vraiment conscients, un mensonge peut sembler vraiment grossier,
fâcheux et pénible12, alors que des propos bien exprimés, qui encouragent les autres
à donner le meilleur d'eux-mêmes et qui favorisent la guérison peuvent être ressentis
directement comme un moment de joie et d'apaisement. Ils créent une atmosphère
qui irradie dans toutes les directions pour aider les autres, rejaillir sur nous et
illuminer notre propre vie intérieure, et essaimer dans le futur pour semer des graines
qui profiteront à tout le monde.13
Les mots ne doivent pas nécessairement interrompre le silence. Ils peuvent jaillir du
silence, le transmettre et l’engendrer ou le provoquer. Et le silence n'a pas besoin
d'interrompre les mots. On ne doit pas l’appréhender, car il peut parfois nous aider à
écouter nos précieux messages intérieurs...14
Partage-pdf.webnode.fr
12
Pour une analyse plus profonde de ce thème, on pourra consulter cet excellent article :
➢ Soyons honnêtes : la vérité est-elle sacro-sainte ? - Sally Kempton
https://studylibfr.com/doc/10066600/soyons-honn%C3%AAtes---la-v%C3%A9rit%C3%A9-est-ellesacro-sainte-%3F---sal..., NDT.
13
Pour illustrer ceci, je vais prendre l’exemple bien spécifique des mantras millénaires, qui commencent à être
mieux étudiés et pris en considération par la science :
➢ Les mantras et la science moderne – Radio Sai Global Harmony
https://studylibfr.com/doc/10066413/les-mantras-et-la-science-moderne---radio-sai-global-harmony ,
NDT.
14
Voici le témoignage de trois personnes qui l’ont certainement bien goûté ou capté, chacune à sa façon et en
suivant sa propre voie :
➢ Le don du silence de Dieu – Seema M. Dewan
https://studylibfr.com/doc/10182164/le-don-du-silence-de-dieu---seema-m.-dewan
➢ Le silence, là où finit la religion et où débute notre sanctuaire personnel – Bruce Davis
https://studylibfr.com/doc/10178653/le-silence--l%C3%A0-o%C3%B9-finit-la-religion-et-o%C3%B9d%C3%A9bute-notre-sa...
➢ Le son du silence – Robert Rabbin
https://studylibfr.com/doc/10178654/le-son-du-silence---robert-rabbin , NDT.