LA VÉRITABLE GÉNÉROSITÉ - CATHERINE INGRAM

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LA VÉRITABLE
GÉNÉROSITÉ
CATHERINE INGRAM
(Extrait de ‘’Passionate Presence’’)
Je me rendis en Birmanie pour la première fois au milieu des années 70, quand on
pouvait obtenir un visa pour sept jours seulement. À cette époque, la Birmanie était un
pays mystérieux et isolé, comme il l'est encore aujourd'hui. Cependant, contrairement à
aujourd'hui, elle était très paisible, alors, un pays de conte de es avec d'anciens
temples blancs dans une campagne verdoyante. La ville de Rangoon était un mélange
entre antiquité et délabrement contemporain. Des pagodes dorées, vieilles de milliers
d'années, étincelaient au milieu de rues paisibles, avec des échoppes, des chars à bœufs
et des véhicules des années 50. Le seul tel décent pour les Occidentaux était le
Strand, un bâtiment labré de style colonial, qui datait de l'époque de l'empire
britannique.
Notre groupe de douze amis s'était rendu à Rangoon pour rencontrer Mahasi Sayadaw,
le chef de la tradition sattipathana
vipassana du bouddhisme, au sein de laquelle nous
étudiions. Cependant, nous découvrîmes à notre arrivée que Mahasi était parti dans son
monastère forestier, dans les hautes terres sauvages de Birmanie. Déterminé à le
rencontrer, notre groupe prit l'avion, le lendemain, pour Mandalay et loua un camion
pour nous conduire jusqu'au village éloigné nous avions entendu dire qu'il se
trouvait. Le voyage prit environ vingt heures à l'aller et au retour, un temps précieux
par rapport au visa d'une semaine.
Le monastère de campagne de Mahasi Sayadaw était un endroit pratiquement vierge de
toute trace du vingtième siècle. Pendant les deux jours passés là-bas, nous logeâmes
dans des huttes au toit de chaume d'une extrême simplicité, les moustiquaires étant la
seule concession au confort moderne. Nous participâmes à plusieurs séances
d'enseignement avec Mahasi Sayadaw et nous savourâmes par ailleurs la tranquillité
du centre de retraite. Toutefois, je fus davantage charmée par les jeunes filles qui se
pressaient tout autour de nous dans le quartier des femmes du monastère. Elles
n'avaient jamais vu d'Occidentales auparavant et elles étaient fascinées par notre peau
blanche et par les cheveux blonds de certaines membres du groupe. Partout nous
allions dans l'enceinte du monastère, des petites mains effleuraient notre peau et nos
cheveux.
me si j'avais parcouru cette longue distance pour suivre les enseignements d'un
maître de méditation réputé, le véritable enseignement de ce voyage devait venir d'une
source inattendue, car c'est de ces jeunes filles que je reçus une leçon que je n'ai jamais
oubliée. Alors que nous nous entassions dans le camion au moment du départ,
certaines des filles qui étaient aux petits soins pour nous dans les quartiers des femmes
accoururent avec un petit paquet pour chacune des femmes du groupe. Ces paquets
contenaient des boules de coton imbibées d'un parfum occidental coûteux.
À cette époque, il était difficile et onéreux de se procurer du parfum, me à Rangoon,
un lieu qu'aucune de ces filles n'avait jamais visité. Je ne pouvais qu'imaginer à quel
point il était rare ici, dans ce petit village reculé. Le parfum pouvait tout aussi bien être
une substance extraterrestre. Ces jeunes filles birmanes nous avaient offert ce qui était
très probablement ce quelles possédaient de plus cher.
Le camion démarra et elles souriaient, tandis que nous leur faisions signe en humant
nos boules de coton parfumées. Et dans leurs yeux brillants, je perçus une sorte de
sainteté. Jamais dans ma vie un cadeau n'avait eu une telle valeur. Car la valeur
intrinsèque de tout cadeau ne réside pas dans le cadeau lui-même mais dans le cœur
du donneur.
Le Bouddha a mentionné trois types de dons : les dons misérables, les dons amicaux et
les dons royaux. Le don misérable, c'est quand nous donnons le moins possible de ce
que nous possédons. Nous donnons ce dont nous n'avons pas réellement besoin, ce qui
ne nous manquera jamais, ce que nous aurions pu jeter, autrement. Le don amical
consiste à donner ce que nous utilisons et que nous aimons - pas ce que nous avons de
mieux - mais ce que nous pouvons nous permettre et ce que nous pourrions nous-
mêmes apprécier comme cadeau. Le don royal est d'un tout autre ordre. C'est lorsque
nous donnons le meilleur de ce que nous avons, lorsque nous donnons plus que ce que
nous gardons pour nous, lorsque nous donnons plus que ce que nous semblons pouvoir
nous permettre, lorsque nous donnons sans attente de réciprocité. Dans la Conscience
éveillée, nous donnons, parce que la joie de la générosité dépasse de loin la satisfaction
dérisoire de la thésaurisation ou de l'étalage des richesses.
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Nous donnons parce que
cette vie est elle-même un cadeau et qu'elle veut être pleinement utilisée, qu'elle veut
répandre son parfum autour de tous ceux qu'elle rencontre.
Partage-pdf.webnode.fr
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Il peut être intéressant de comparer avec ce que dit l’Avatar Krishna dans la Bhagavad Gita, qui apporte un
autre éclairage :
BG 17.20 : Maintenant, Arjuna, considère les trois types de charité (dana, l’aumône). Comme Je l’ai déjà
souligné, c’est le devoir d’une personne de donner. Si tu fais la charité avec un sentiment positif du devoir sans
te sentir obligé, sans attente de récompense et si tu le fais au bon endroit et au bon moment pour le bénéfice
d’une personne qui le mérite et qui ne peut pas rendre la pareille, ce don est sattvique (pur).
BG 17.21 : Faire un don accompagné de conditions rend mal à l’aise celui qui donne, comme celui qui reçoit. La
charité qui est faite en suggérant le désir de recevoir quelque chose en retour (ici ou dans l’au-delà) est
rajasique (avide).
BG 17.22 : Et pour finir, les dons qui sont faits au mauvais moment, au mauvais endroit, à des gens indignes
(des gens au caractère douteux qui dilapident leur argent ou qui n’aident pas les autres) ou les dons qui sont
faits sans respect ou avec mépris ce genre de charité est tamasique (ténébreuse).
La Bhagavad Gita revisitée pour les Occidentaux Jack Hawley, que vous pouvez consulter et
télécharger librement et gratuitement dans la section livres du site Partage-pdf.webnode.fr, NDT.
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