Telechargé par pierrealberthayen

LA PAIX QUI EST EN PAIX AVEC LA GUERRE - STEPHEN WINGATE

Dialogues extraits de ‘’The outrageous myths of enlightenment’’
Question : Lorsque mon mental est provisoirement silencieux, tout ce qui reste, c’est la
Conscience. Il n’y a aucun concept d’un ‘’je’’ ou de quoi que ce soit d’autre en dehors de ce qui
apparaît sur le moment. Ce qui apparaît n’est pas jugé. C’est juste comme c’est et c’est OK, peu
importe de quoi il s’agit. En réalité, il n’y a même pas ce niveau de jugement. Ce n’est ni OK, ni
pas OK. Cela se présente, simplement. Cette Conscience est vaste et Elle englobe tout ce qu’il y a
dedans. Je suppose que pendant l’un de ces moments, je pourrais dire : ‘’Je suis Cela’’, comme
Nisargadatta, mais il n’y a même pas de place pour la pensée d’un ‘’je’’.
Stephen : Oui, la Conscience est, simplement, et vous êtes Cela. Il n’y a ni moi, ni vous, ni
jugement, ni mental. Tout est comme il est. On pourrait dire que vous avez reconnu que votre
nature essentielle, c’est la Conscience, quand ceci est vu. Votre nature essentielle est non-duelle.
Q : Aussitôt que le ‘’je’’ reprend le devant de la scène, patatras, je retrouve mon état habituel de
conscience personnelle, le plaisir et la douleur, les désirs, les frustrations, les préférences, etc.
(la dualité).
S : Oui, quand le sentiment du ‘’je’’ resurgit, on a l’expérience de la dualité : vous et moi, le bon
et le mauvais, le juste et le faux, le plaisir et la douleur, etc. On pourrait dire que vous (la
Conscience), vous vous expérimentez alors sous la forme de la personne, de l’ego ou du mental.
On pourrait dire que votre nature essentielle, qui est la Conscience non-duelle, voit l’apparition
de la personne, de l’ego ou du mental. La Conscience, votre Essence absolue, non-duelle,
expérimente la dualité par le biais de l’apparence de la personne, de l’ego, du mental, de la
dualité.
Q : Il me semble que les sages, les maîtres ou ceux qui sont supposés avoir la compréhension
maintiennent un tel état de pure Conscience dans leurs vies quotidiennes ou bien je me
trompe ?
S : Je dirais que les dits sages ou maîtres savent que leur nature essentielle est la pure
Conscience, l’Intelligence-Energie, Dieu (ou tout autre terme qui fonctionne pour vous) et que
le sentiment d’être une entité qui contrôle distinct(iv)e est faux. Cependant, si vous prononciez
le nom de Jésus ou de Siddhartha, ils vous répondraient. Ainsi, ils se connaissent aussi comme
des individus qui vivent dans le monde de la dualité. Ils ressentent le plaisir et la douleur, le
bonheur et la tristesse et la totalité de la gamme des pensées, des sentiments et des sensations
humaines. Il est écrit que Jésus a dit, lorsqu’il était suspendu à la croix : ‘’Père, pourquoi m’astu abandonné ?’’ Et il a aussi dit : ‘’Je suis dans le monde, mais pas du monde.’’ Ainsi,
clairement, les sages expérimentent le monde de la dualité et tout ce qui va avec.
Q : Mais il s’agit de leur état normal (la pure Conscience) plutôt qu’un état d’être exceptionnel
pour les sages, car s'il n'y avait pas une qualité méritoire de leur conscience qui soit pérenne et
que d'autres ne possèdent pas, ils n'auraient rien à écrire, à dire ou à signaler, et personne ne
leur demanderait conseil. Le satsang n'aurait pas de sens. Ou peut-être que c'est le but du
satsang - il n'y a pas de but.
S : Je dirais que le dit sage sait que sa
nature essentielle, c’est la pure
Conscience et que le sentiment d’être
une entité qui contrôle distinct(iv)e est
passager et faux. En se connaissant
comme pure Conscience et non pas
comme une personne distinct(iv)e ou
un ego, il y a acceptation de tout ce qui
apparaît dans la Conscience, il n’y a
aucune résistance vis-à-vis de ce qui est.
Quand la tristesse, la frustration, la
colère, la déception ou n’importe quelle
autre émotion qualifiée de négative
apparaît, il y a acceptation de celle-ci
comme une apparition/apparence
passagère, et il n’y a aucune résistance
vis-à-vis de tout ce qui apparaît. On
pourrait donc dire qu’il n’y a aucune
souffrance psychologique, puisque tout
ce qui apparaît va et vient librement et
sans lutte.
Q : Voici ce que l’Illumination signifie
pour moi : un changement permanent
dans ma façon de percevoir la vie ― d’un point de vue erroné, relatif, égocentrique pour
quelque chose de plus universel qui englobe tout, qui procure une paix durable et qui me
permet de finalement dire : ‘’OK, voilà, terminé ! Je vois maintenant clairement qu’il n’y a
aucun moi qui puisse être illuminé. Il n’y avait rien à trouver, parce que j’ai toujours été ce que
je recherchais et c’est une pure Vacuité. Toute chose est telle qu’elle est, et voilà.’’
S : On pourrait dire que l’Illumination, c’est voir qu’il n’y a ici personne qui puisse être illuminé
ou pas. La Conscience est tout ce qu’il y a, et Je suis Cela. Tout est libre d’aller et venir dans la
Conscience et la Conscience demeure non-affectée, paisible et libre. Même le sentiment du ‘’je’’,
l’ego, le sentiment d’agir personnellement est libre d’aller et venir dans la Conscience. Après
tout, l’ego n’a pas créé l’ego et l’ego ne peut pas tuer l’ego. Ainsi, lui aussi va et vient dans la
Conscience, mais on sait qu’il ne s’agit que d’une apparence/apparition inoffensive, passagère
et impuissante qui va disparaître. Que reste-t-il ? La Conscience – toujours ici et maintenant.
Ainsi, il est inutile de combattre l’ego.
Q : Suis-je loin du compte, ici ?
S : Il me semble que vous vous attendiez à ce que cette compréhension exclue l’expérience de la
dualité ou le sentiment du ‘’je’’ ou l’ego. Elle n’exclut pas l’expérience de la dualité. Elle replace
simplement la dualité dans une bonne perspective. Le bonheur et la tristesse, le plaisir et la
douleur, la présence de l’ego et l’absence de l’ego, tous vont et viennent dans cette présence
non-duelle de la Conscience. Cette présence non-duelle de la Conscience est la Paix qui est en
paix avec la guerre de la dualité.
***
Question : L'avantage, si vous voulez l'appeler ainsi, du dit sage est que, parce qu'il sait qu'il
n'y a aucun moi personnel qui puisse exercer sa volonté sur ce qui se passe, il se sent plus en
paix dans la vie ?
Stephen : Oui.
Q : Il a tendance à accepter les circonstances, comme elles se présentent ?
S : Oui, il y a même une acceptation du rejet et de toutes les émotions dites négatives.
Q : Il serait en ce moment non préoccupé par des idées de passé et d’avenir ?
S : Oui, et s’il devient préoccupé par le passé et l’avenir, il y a une acceptation de cela aussi, et
cela passe.
Q : Ces idées peuvent passer devant lui, pour ainsi dire, mais elles sont observées comme des
phénomènes passagers et sans aucune substance réelle ?
S : Oui.
Q : Et ceci pourrait être décrit comme de la félicité ? Et le dit sage exprime cette félicité par de
l’amour, de la bienveillance et de la compassion ?
S : Eh bien, si par félicité, vous voulez dire un sentiment de paix et d’acceptation, oui. Et elle
peut aussi s’exprimer par de la colère ou par tout autre sentiment, émotion ou pensée (il n’y a
aucune restriction). 1
Q : Une chose que l’on suggère souvent, c’est de constamment se demander ‘’Qui suis-je ?’’ et
de suivre cela jusqu’à sa source. Cela ne m’a jamais beaucoup aidé, même si je pense
comprendre ce que l’on essaye de cibler. Mais je finis toujours par dire ‘’Qui suis-je ?’,’ et la
réponse est : ‘’Je suis celui qui pose la question, bien sûr ! Quoi d’autre ?’’ Ce ‘’je’’ n’est peutêtre pas grand-chose, mais il reste solide et je ne le surmonte pas. Je comprends bien que le ‘’je’’
sans concepts est la pure Conscience sans forme et sans vague, en ce moment.
S : Prêtez attention à la Conscience, maintenant. Il y a une conscience de la pièce dans laquelle
vous vous trouvez, de votre corps assis sur une chaise, et vous êtes conscient des pensées qui
apparaissent en réponse aux mots que vous lisez maintenant. Avez-vous conscience de cette
Conscience ? Sans cette Conscience, vous ne pourriez ni voir, ni entendre, ni sentir, ni penser.
Ressentez-vous la présence de cette Conscience que vous êtes ? Elle est inévitable ! C’est la
connaissance de votre propre existence, en cet instant. Existez-vous ? Ce sentiment d’existence,
c’est la Conscience, c’est votre nature essentielle. C’est la première partie de la réponse à la
question ‘’Qui suis-je ?’’
La seconde partie, c’est la réalisation qu’il n’y a en vous aucune entité qui contrôle distinct(iv)e
contrôlant son expérience. Il n’y a là personne en vous qui soit en mesure d’éviter les
sentiments, les pensées et les émotions inconfortables ou de s’accrocher à ceux qui sont
plaisants.
Vous êtes la Conscience, pas une entité qui contrôle distinct(iv)e. Cette réalisation est un vrai
soulagement, parce que vous avez vu que vous ne contrôliez rien du tout et donc, il y a un
lâcher-prise qui s’opère, parce que toute votre vie durant, vous avez été à la guerre avec une
arme qui n’était pas chargée ! Vous n’avez pas le pouvoir de changer ce qui est. Quel
soulagement ! Vous pouvez maintenant laisser tomber la question ‘’Qui suis-je ?’’, qui a fait son
job. Remisez l’outil. Vous en avez terminé avec cela !
Partage-pdf.webnode.fr
1
Précisons ceci : les sages sont souvent réputés pour leurs saintes colères et leur compassion rude et ils
peuvent même pousser leurs disciples dans leurs tous derniers retranchements en utilisant la méthode la plus
appropriée par rapport à la situation et à la personnalité du disciple, de l’aspirant ou du fidèle (bhakta). Il y a
deux très bels exemples - hors normes - dans mon anthologie intitulée, ‘’Médecins, médecine, miracles et Sai
Baba’’ que vous pouvez télécharger librement sur ce site : celui du Colonel Rajnish Talwar, oncologue
(agnostique).dans les services médicaux de l’armée indienne et qui dirige le département d’oncochirurgie du
prestigieux Hôpital de Recherches des Forces Armées Indiennes à New Delhi (pp. 470 et suivantes), et celui
d’un étudiant de Sathya Sai Baba, étudiant dont Il aurait ressuscité la mère et qui constitue un épisode de
bhakti extraordinaire, qui ne déparerait pas dans les Puranas indiens (pp. 359 et suivantes)…
Les sages ou les maîtres ont encore bien d’autres moyens de manifester leur amour, leur bienveillance et leur
compassion et ceux-ci ne sont pas toujours très académiques, loin s’en faut…(On pourra se reporter à l’article
‘’Maîtres es folle sagesse’’ pour tenter de mieux comprendre, leur comportement ou leur conduite étant
toujours susceptible d’être mal interprété ou mal jugé par le commun des mortels), NDT.