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manière générale, on doit considérer que la réponse immunitaire humorale ne reflète
que partiellement l'état immunitaire, et que la réponse immunitaire cellulaire, moins
bien étudiée, pourrait jouer un rôle plus important dans la protection contre la
maladie.
Immunité à médiation cellulaire
Une forte réponse immunitaire humorale peut neutraliser le virus libre, sans que,
pour autant, le BHV-1 puisse être éliminé de l'organisme. Des modèles in vitro, où
le virus infectant se propage de cellule à cellule en présence d'anticorps neutralisants,
illustrent ce qui se passe chez l'animal. Bien que l'on sache peu de choses de la réponse
immunitaire cellulaire dirigée contre le
BHV-1,
les cellules infectées sont attaquées
par plusieurs mécanismes, dont une immunité spécifique, à médiation cellulaire, fai-
sant intervenir des lymphocytes T «helper» («auxiliaires») et «suppresseurs» et des
cellules T cytotoxiques ainsi que leurs précurseurs, et une réponse non spécifique met-
tant en œuvre des cellules «killer» («tueuses») naturelles et la cytotoxicité cellulaire
dépendant des anticorps (ADCC). La mise en activité équilibrée de ces sous-ensembles
de lymphocytes - telle que la réalise la réplication virale - est essentielle pour l'effi-
cacité de la réponse des cellules T. Les herpèsvirus qui ne se répliquent pas et leurs
glycoprotéines sont des antigènes qui stimulent mal une réponse immunitaire à média-
tion cellulaire (38). Cela peut expliquer pourquoi l'on considérait les vaccins à virus
BHV-1 inactivé comme moins efficaces que les vaccins à virus vivant. Cependant,
en utilisant une plus grande quantité d'antigène, une meilleure présentation des anti-
gènes inactivés et des adjuvants appropriés, on peut obtenir des vaccins inactivés
suf-
fisamment efficaces. L'immaturité des fonctions immunitaires cellulaires peut
expliquer que les veaux nouveau-nés soient plus sensibles aux infections à BHV-1
et présentent plus souvent des symptômes cliniques graves, y compris des encé-
phalites.
L'épreuve d'hypersensibilité retardée permet de détecter in vivo une réponse immu-
nitaire mettant en jeu des cellules T (9), même si des anticorps neutralisants ne sont
pas décelables (3). Comme les méthodes simples et sensibles nécessaires pour contrô-
ler en routine l'immmunité à médiation cellulaire ne sont pas disponibles dans le com-
merce, nous ne sommes pas encore en mesure de définir l'état immunitaire réel des
animaux infectés par le
BHV-1.
Immunité locale
Les mécanismes immunitaires à médiation humorale et cellulaire coopèrent pour
éliminer le virus infectieux et ont ainsi une importance primordiale pour l'épizootio-
logie des infections à
BHV-1,
tandis que l'immunité locale agit fortement sur la gra-
vité de la maladie chez l'animal infecté.
Les mécanismes de défense non spécifiques (c'est-à-dire les barrières anatomiques,
le mucus, les cils, l'interféron, les macrophages), les anticorps produits localement
et une réponse immunitaire locale à médiation cellulaire, agissent en synergie au niveau
des muqueuses et entraînent l'immunité locale. Parmi les différentes immonoglobulines
sécrétoires, les IgA prédominent (5). Elles sont surtout efficaces au niveau des voies
respiratoires supérieures, tandis que les mécanismes cellulaires pourraient jouer un
rôle majeur dans la guérison des infections pulmonaires graves. Les infections à
BHV-1,
qu'elles soient naturelles ou provoquées, induisent la production d'interfé-
ron sur les muqueuses respiratoires et génitales (4) où il contribue directement, ou
en stimulant d'autres mécanismes immunitaires, à une immunité précoce (44, 48).