Université Cadi Ayyad. Faculté des Sciences Semlalia Département de Mathématiques. Année universitaire 2015/2016 Filière SMA - Semestre S6 Contrôle de Topologie II Durée : 2h Exercice 1. Soit E un espace vectoriel normé et F un sous-espace vectoriel de E. Montrer que l’adhérence F est un sous-espace vectoriel de E. Exercice 2. Soit E un espace vectoriel normé de dimension infinie. Montrer que l’intérieur de tout compact de E est vide. Exercice 3. Soit E un R-espace préhilbertien. 1. Montrer que si T est un endomorphisme continu de E, alors l’application B de E × E dans R définie par : B(x, y) =< T (x), y > est une forme bilinéaire continue, et que kBk = kT k. 2. Montrer que inversement, si E est complet, alors pour toute forme bilinéaire continue B de E, il existe un unique endomorphisme continu TB de E tel que : ∀x, y ∈ E, B(x, y) =< TB (x), y > . 3. Soit B une forme bilinéaire continue de E. On suppose que E est complet et que B est coercive, i.e. : il existe une constante c > 0 telle que : ∀x ∈ E, ckxk2 ≤ B(x, x). a) Montrer que TB est injectif. b) Montrer que : ∀x ∈ E, ckxk ≤ kTB (x)k. c) Montrer que Im(TB ) est fermé. d) Montrer que TB est surjectif. e) Montrer que TB est un isomorphisme d’espaces normés. f ) En déduire que pour toute L ∈ E 0 , il existe un unique vecteur a ∈ E tel que : ∀x ∈ E, L(x) = B(a, x). Exercice 4. Soit E un espace préhilbertien et B = {en ; n ∈ N} une famille orthonormale. 1. Montrer que B est fermée bornée mais non compacte. Ind : On peut remarquer que kem − en k2 = 2 si n 6= m. 2. On suppose que E est complet. Montrer que pour toute suite (cn ) de K vérifiant | cn |≤ n1 X quelque soit n ∈ N∗ , la série cn en est convergente. n≥1 1 Corrigé Exercice 1. (1.5 pt) Soit E un K-espace vectoriel et F un sous-espace vectoriel de E. • Puisque 0 ∈ F et F ⊂ F , alors 0 ∈ F . • Soit x, y ∈ F et λ ∈ K. D’après la caractérisation de l’adhérence par les suites, il existe une suite (xn ) de F qui converge vers x et une suite (yn ) de F qui converge vers y. Puisque F est un sous-espace vectoriel, la suite (λ.xn + yn ) est une suite de F . Elle converge vers λ.x + y, donc λ.x + y ∈ F . Ainsi, F est un sous-espace vectoriel de E. Exercice 2. (1.5 pt) Soit E un espace normé de dimension infinie. Supposons par, l’absurde, qu’un compact K de E est d’intérieur non vide. Donc il existe a ∈ E et r > 0 tels que B(a, r) ⊂ K. Or Bf (a, 2r ) ⊂ B(a, r), donc Bf (a, 2r ) ⊂ K et par suite Bf (a, 2r ) est compacte (c’est un fermé inclus dans un compact). On sait que dans un espace normé, les boules fermées sont homéomorphes entre elles, donc Bf (a, 2r ) ' Bf (0, 1) et la boule unité fermée est alors elle aussi compacte. D’après le théorème de Riesz, la dimension de E doit être finie, ce qui est absurde. Exercice 3. Soit E un R-espace préhilbertien. 1. Soit T un endomorphisme continu de E et soit B l’application de E × E dans R définie par : B(x, y) =< T (x), y > . • B est bilinéaire. (0.5 pt) En effet, pour x, x0 , y ∈ E et λ ∈ R, on a : B(λx + x0 , y) =< T (λx + x0 ), y) > =< λT (x) + T (x0 ), y > = λ < T (x), y > + < T (x0 ), y > = λB(x, y) + B(x0 , y), 0 et pour y, y , x ∈ E et λ ∈ R, on a : B(x, λy + y 0 ) =< T (x), λy + y 0 > = λ < T (x), y > + < T (x), y 0 > = λB(x, y) + B(x, y 0 ). • B est continue. (1 pt) En effet, pour x, y ∈ E, on a : |B(x, y)| = | < T (x), y > | ≤ kT (x)k.kyk (d’après l’inégalité de Cauchy Schwartz) ≤ kT k.kxk.kyk. • kBk = kT k. (1.5 = 0.5 + 1 pt) En effet, de l’inégalité |B(x, y)| ≤ kT k.kxk.kyk, on peut conclure que : kBk ≤ kT k. D’autre part, pour tout x ∈ E, on a kT (x)k2 =< T (x), T (x) >= B(x, T (x)) ≤ kBk.kxk.kT (x)k, et par simplification, si kT (x)k = 6 0, alors : (1) : kT (x)k ≤ kBk.kxk. Si kT (x)k = 0, l’ingalité (1) reste encore vraie, donc kT k ≤ kBk. 2. Soit B une forme bilinéaire continue de E. 2 • Existence de TB . (1.5 pt) Pour tout x ∈ E, considérons la forme linéaire φx définie sur E par φx (y) = B(x, y) pour tout y ∈ E. On a |φx (y)| = |B(x, y)| ≤ kBkkxkkyk, donc φx est continue, et puisque l’espace E est supposé complet, il existe, d’après le théorème de représentation de Riesz, un unique vecteur qui dépent de x (et de B), noté TB (x) tel que φx (y) =< TB (x), y > pour tout y ∈ E. Ainsi, il existe une application TB de E dans E telle que B(x, y) =< TB (x), y > pour tout (x, y) ∈ E × E. • Unicité de TB . (0.5 pt) L’unicité de TB vient du fait que le produit scalaire est défini positif. • Linéarité de TB . (0.5 pt) Soit x, x0 ∈ E et λ ∈ R. Pour tout y ∈ E, on a : < TB (λx + x0 ), y >= B(λx + x0 , y) = λB(x, y) + B(x0 , y) = λ < TB (x), y > + < TB (x0 ), y > =< λTB (x) + TB (x0 ), y >. Il en résulte que TB (λx + x0 ) = λTB (x) + TB (x0 ). • Continuité de TB . (1 pt) Pour tout x ∈ E, on a kTB (x)k2 =< TB (x), TB (x) >= B(x, TB (x)) ≤ kBk.kxk.kTB (x)k et par simplification, si kTB (x)k = 6 0, alors : (2) : kTB (x)k ≤ kBk.kxk. Si kTB (x)k = 0, l’ingalité (2) reste encore vraie, donc TB est continu. 3. On suppose que E est complet et que B est coercive. a) Si TB (x) = 0, alors l’inégalité : (3) : ckxk2 ≤ B(x, x) =< TB (x), x >, entraı̂ne que x est nul. Donc TB est injectif. (0.5 pt). b) De l’inégalité (3) et l’inégalité de Cauchy-Schwartz on obtient : ckxk2 ≤ kTB (x)kkxk. Ce qui implique (après simplification et discussion ) que (4) : ckxk ≤ kTB (x)k. (0.5 pt). c) Soit (yn ) = (TB (xn )) une suite de Im(TB ) qui converge vers un point y ∈ E. D’après (4), pour tout (n, m) ∈ N2 , on a : ckxn − xm k ≤ kTB (xn ) − TB (xm )k, et puisque (TB (xn )) est de Cauchy, la suite (xn ) est de Cauchy. L’espace E étant supposé complet, la suite (xn ) converge vers un point x ∈ E. Par continuité de TB , la suite (TB (xn )) converge vers TB (x) ; et par unicité de la limite, y = TB (x). Donc y ∈ Im(TB ) et par conséquent Im(TB ) est fermé. (1 pt) d) Le sous-espace F = Im(TB ) est fermé dans l’espace de Hilbert E, donc F ⊕ F ⊥ = E. D’autre part, pour tout x ∈ F ⊥ , puisque TB (x) ∈ F , alors < TB (x), x >= 0 et d’après 3 l’inégalité (3), il vient ensuite que x = 0. Donc F ⊥ = {0} puis F = E. D’où la surjectivité de TB . (1 pt) e) Il est clair que TB est un endomorphisme bijectif continu. Dans l’inégalité (4), si on remplace TB (x) par y, on obtient : 1 ∀y ∈ E, kTB−1 (y)k ≤ kyk. c Donc TB−1 est continu. Ainsi TB est un isomorphisme d’espaces normés. On peut aussi justifier la continuité de TB−1 en utilisant le théorème d’isomorphisme de Banach. (1 pt) f ) Soit L ∈ E 0 . D’après le théorème de représentation de Riesz, il existe un unique point b ∈ E tel que L(x) =< b, x > pour tout x ∈ E, et comme TB est bijectif, il existe ensuite un unique point a ∈ E tel que TB (a) = b. Il s’ensuit que pour tout x ∈ E : L(x) =< TB (a), x >= B(a, x). (1.5 pt) Exercice 4. • B est bornée. (0.5 pt) La partie B étant orthonormale, kxk = 1 pour tout x ∈ B. Donc B est bornée. • B est fermée. (1.5 pt) Soit (xn ) une suite de B qui converge vers x ∈ E. La suite (xn ) est de Cauchy, donc, par exemple, pour ε = 1, il existe N ∈ N tel que kxn − x √m k < ε = 1 dès que n, m ≥ N. Or le fait que B est orthonormale entraı̂ne que kxn − xm k = 2 > 1 si xn 6= xm , donc la suite (xn ) est stationnaire (à partir de N ) et par conséquent sa limite reste un élément de B. • B n’est pas compacte. (1 pt) Si B est compacte, sa suite (en ) admettrait une sous-suite (eϕ(n) ) qui converge vers un point x ∈ B. Or ϕ est strictement croissante, donc pour tout n ∈ N, on a ϕ(n) 6= ϕ(n + 1), par suite keϕ(n) − eϕ(n+1) k2 = 2 ; et si on passe la limite, on trouverait que 0 = kx − xk2 = 2, absurde. n X 2. Posons Sn = ck ek . Puisque B est orthonormale, pour n < m, on a : k=1 2 kSm − Sn k = m X |ck |2 , k=n+1 et comme |ck | ≤ 1 k pour tout k ≥ 1, on a ensuite : kSm − Sn k2 ≤ m X X 1 1 . La série k2 n2 n≥1 k=n+1 étant convergente, la suite (Sn ) est de Cauchy et comme E est supposé complet, (Sn ) est convergente. (2 pts) 4