d’attachement sont faiblement activés, le système
d’exploration se met en action, ce qui permet à
l’enfant d’aller à la découverte de son environne-
ment. Ainsworth et ses collègues (1978) ont mis
au point une situation structurée de séparations-
réunions entre l’enfant et sa mère se déroulant en
laboratoire, la « situation étrange », qui permet
d’observer les réactions de l’enfant et, ainsi,
d’évaluer la qualité de sa relation d’attachement à
sa mère. Les auteurs ont dégagé de leurs observa-
tions trois types ou patrons d’attachement particu-
liers : l’attachement sécurisant (groupe B), l’atta-
chement anxieux-évitant (groupe A) et
l’attachement anxieux- résistant (groupe C). Au
début des années 1990, un quatrième groupe (D) a
été ajouté, formé d’enfants dont les réactions sont
désorganisées (Main, Solomon, 1990).
Depuis les travaux de Bowlby, deux grandes
questions ont particulièrement retenu l’attention
des chercheurs dans le domaine de l’attachement.
La première a trait aux origines ou à la genèse de
la relation d’attachement (Ainsworth, 1973, 1983 ;
Ainsworth, Blehar et coll., 1978 ; Belsky, Rovine,
Taylor, 1984 ; Grossmann, Grossmann, Spangler,
Suess, Unzner, 1985 ; Isabella, Belsky, Von Eye,
1989 ; Kochanska, 1998 ; Leyendecker, Lamb,
Fracasso, Scolmerich, Larson, 1997 ; Rosen, Roth-
baum, 1993 ; Seifer, Schiller, Sameroff, Resnick,
Riordan, 1996 ; Smith, Pederson, 1988). De
nombreux chercheurs ont ainsi observé les interac-
tions mère-enfant, à la maison, au cours de la
première année de l’enfant, dans le but de retracer
les patrons d’interaction ou les comportements les
plus susceptibles de prédire la qualité de la relation
d’attachement mère-enfant, évaluée à la fin de la
première année à l’aide de la « situation étrange ».
La plupart des travaux réalisés soulignent l’impor-
tance de la sensibilité des mères dans le dévelop-
pement d’un attachement mère-enfant sécurisant. Il
faut cependant souligner que la plupart des mesures
de la sensibilité maternelle proviennent d’évalua-
tions effectuées à l’aide d’échelles globales, et qu’il
existe des divergences dans la façon de définir et
de mesurer le construit de sensibilité maternelle
(Isabella, Belsky et coll., 1989).
Outre la question de l’origine de la relation
d’attachement mère-enfant, les effets de la relation
d’attachement mère-enfant sur le développement
de l’enfant ont fait l’objet de très nombreuses
études (entre autres, Cassidy, 1988 ; Fagot, 1997 ;
Jacobsen, Hofmann, 1997 ; Kerns, Cole, Andrews,
1998 ; Meins, Russell, 1997 ; Park, Waters, 1989 ;
Sroufe, 1983 ; Teti, Ablard, 1989). Des recherches
ont ainsi mis en évidence les liens entre la qualité
de la relation d’attachement mère-enfant et un
ensemble de variables, telles que la compétence
sociale de l’enfant avec ses pairs (Park et Waters,
1989), son estime de soi (Cassidy, 1988) et la
qualité de ses relations avec la fratrie (Teti et
Ablard, 1989).
Au milieu des années 1980, dans un article désor-
mais classique, Main, Kaplan et Cassidy (1985)
proposent une reconceptualisation de l’attache-
ment, centrée, cette fois, sur les représentations
mentales ou modèles internes opérants de la rela-
tion d’attachement. Les analyses traditionnelles,
axées sur la classification des patrons d’attache-
ment, cèdent le pas aux analyses des représenta-
tions mentales. Les réactions de l’enfant à l’égard
de sa mère, dans la « situation étrange », offrent
donc non seulement un aperçu de la qualité de sa
relation d’attachement à sa mère mais, également,
un indice de la façon dont il interprète ou se repré-
sente cette relation. Les modèles internes opérants
sont issus des expériences quotidiennes de l’enfant
avec sa figure d’attachement et, en particulier, de
la sensibilité que manifeste sa mère, habituellement
la première figure d’attachement, à son égard.
S’élabore ainsi, chez le jeune enfant qui bénéficie
d’une relation sécurisante à sa mère, un modèle de
représentation d’une figure maternelle aimante et
attentionnée et un modèle de lui-même comme
digne de recevoir amour et soutien. À l’inverse,
l’enfant dont l’attachement est insécurisant se
perçoit indigne de soutien et de soin, et acquiert un
modèle de représentation de mère non aimante,
insensible ou imprévisible (Bretherton, 1985 ;
Cassidy, 1988, 1999). Ces modèles auraient, en
outre, tendance à opérer de façon inconsciente et à
résister aux changements, bien qu’ils puissent être
restructurés (Main, Kaplan, Cassidy, 1985).
Dès lors, une autre question s’est imposée dans
l’étude de l’attachement, celle des processus impli-
qués dans la formation des modèles internes
opérants de la relation d’attachement. Ces
processus sont au cœur de nombreux débats. Le
point de vue classique veut que l’enfant soit prédis-
posé à établir une relation d’attachement privilé-
giée avec la personne qui lui prodigue habituelle-
ment des soins, sa mère dans la plupart des cas.
Cette relation privilégiée serait intériorisée par
l’enfant et occuperait une place centrale durant
toute sa vie, servant de modèle ou de prototype aux
autres relations de l’enfant. Cette position théo-
rique est un exemple du modèle d’attachement
hiérarchique. D’autres modèles ont, par la suite, été
proposés : un modèle intégratif, un modèle indé-
pendant ou multiple, ainsi qu’un modèle polya-
dique. Contrairement au modèle hiérarchique, ces
nouveaux modèles accordent une grande impor-
tance aux diverses relations que le jeune enfant
entretient avec des personnes qui sont significa-
tives pour lui : sa mère, son père, d’autres adultes
familiers ou, encore, des frères et sœurs plus âgés,
et à la façon dont il se représente et intègre les
représentations de ces relations. La capacité de
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bulletin de psychologie
© Groupe d'études de psychologie | Téléchargé le 02/05/2023 sur www.cairn.info (IP: 213.55.226.76)
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