
reconnaissance visuelle dépendrait principalement de l’intégrité d’une structure particulière
du lobe temporal interne : le cortex périrhinal (Meunier, Bachevalier, Mishkin, & Murray,
1993 ; Squire & Zola, 1996). Cette structure est située dans la fissure collatérale en dessous
des hippocampes. La réussite à une tâche de mémoire de reconnaissance visuelle ne
dépendrait donc pas ou peu de l’hippocampe, contrairement à ce que les chercheurs pensaient
initialement (Mishkin & Delacour, 1975). Cette découverte n’est pas anecdotique, car elle
modifie profondément les modèles de la mémoire déclarative : dans une perspective anatomo-
fonctionnelle, des aspects différents de la mémoire déclarative pourraient être sous-tendus par
des structures différentes du lobe temporal interne (Barbeau et al., sous presse a) . Cette
approche modulaire s’oppose au modèle classique de la mémoire déclarative qui postule que
celle-ci est constituée d’un seul système qui dépendrait de l’intégrité de l’ensemble des
structures temporales internes (Squire, 1992 ; Squire & Zola, 1998). L’approche modulaire
fait à ce jour l’objet d’un débat assez vif qui n’est pas résolu (Mishkin, Vargha-Khadem, &
Gadian, 1998 ; Squire & Zola, 1998 ; Tulving & Markowitsch, 1998).
Les résultats issus des études chez le singe suggèrent que des sujets humains avec des lésions
limitées aux hippocampes pourraient être capables de réussir des tâches de mémoire de
reconnaissance visuelle. En effet, Aggleton & Shaw (1996) effectuant une revue de la
littérature de patients amnésiques montrent qu’un sous-groupe de patients avait des
performances préservées à un tel test (le Recognition Memory Test). Ces patients avaient
comme caractéristique commune d’avoir des lésions limitées aux hippocampes ou au système
hippocampo-(fornix)-mamillo-thalamique. Vargha-Khadem et al., (1997) montrent quant à
eux que des adolescents amnésiques ayant souffert de lésions hippocampiques dans l’enfance
réussissent les tâches de mémoire de reconnaissance, aussi bien visuelles que verbales.
Mayes, Holdstock, Isaac, Hunkin, & Roberts (2002) ont étudié le cas d’une adulte, YR,
souffrant de lésions limitées aux hippocampes acquises à l’âge adulte. Malgré son amnésie,