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16
le poiNt sur...
l’élévation de l’espérance de vie, mais le vieillissement est
la conséquence de ces évolutions démographiques. En
2011, l’âge médian était de 39,9 ans au Canada (26,2 ans en
1971). Environ 14,4% des Canadiens ont dépassé leur 65e
anniversaire en 2011 (8% en 1971). Au Québec, les aînés
représentent 15,7% de la population en 2011. La popula-
tion francophone est particulièrement vieillie.
La sur-représentation des langues non officielles parmi les
25-44 ans s’explique par l’importance de l’immigration
récente et sa concentration dans les grandes métropoles.
L’immigration est le composant principal de la croissance
de la population du Canada8. Les francophones ne sont
finalement sur-représentés que dans la population âgée
de 45 ans ou plus, et principalement parmi les aînés. Les
anglophones ne sont pas plus féconds que les franco-
phones (ISF estimé à 1,59 enfant par femme en Ontario en
2011), la différence provient de l’anglicisation des immi-
grés. Les immigrés principalement originaires du grand
quart sud-est de l’Asie s’établissent à Toronto, à Vancou-
ver ou à Calgary plutôt qu’à Montréal9. Ces migrants édu-
quent généralement leurs enfants en anglais pour assurer
leur intégration. C’est ce qui explique principalement la
disproportion entre l’anglicisation de plus de 3,817 mil-
lions de locuteurs d’une langue maternelle non officielle
contre seulement 0,418 million de locuteurs d’une langue
maternelle non officielle francisés10.
Anglicisation
Fait aggravant, les francophones n’échappent pas à l’angli-
cisation, en particulier lorsqu’ils vivent en contexte minori-
taire en dehors du Québec. Le bilinguisme progresse.
17,5% de la population s’est déclarée bilingue en 2011,
5. Dumont, Gérard-
François, Démographie
politique. Les lois de la
géopolitique des
populations, Paris,
Ellipses, 2007.
6. Encart dû à Michel
Doucet, de l’Observatoire
international des droits
linguistiques.
7. www.statcan.gc.ca/pub/
11-402-x/2011000/chap/
pop/tbl/tbl08-fra.htm
8. Zaninetti, J.-M.,
«Canada : la nouvelle
géographie du
peuplement», Population
& Avenir, n°709,
septembre-octobre 2012.
9. Zaninetti, J.-M., Les
espaces de L’Amérique
du Nord, Paris, PUF, Coll.
Master, ISBN: 978-2-13-
059560-1.
10. Corbeil, 2012, op. cit.
11. Corbeil, 2012, op. cit.,
p.23.
12. Corbeil J.-P.,
«L’exogamie et la vitalité
ethnolinguistique des
communautés
francophones en situation
minoritaire : vécu
langagier et trajectoires
linguistiques»,
Francophonies
d’Amérique, n°20, 2005,
DOI: 10.7202/1005335ar
13. Landry R., « Au-delà
de l’école : le projet
politique de l’autonomie
culturelle»,
Francophonies
d’Amérique, n°26, 2008,
DOI: 10.7202/037980ar
14. Castonguay C.,
«Apport de l’immigration
aux populations
francophones hors
Québec», Francophonies
d’Amérique, n°26, 2008,
DOI: 10.7202/037983ar
15. Simard, Majella,
«La géographie du
vieillissement au
Canada : un cas
typique», Population
& Avenir, n°699,
septembre-octobre 2010.
soit 350000 de plus qu’en 2006. Toutefois, «71 % de l’ac-
croissement net du bilinguisme français-anglais au Canada
est attribuable à la population de langue maternelle fran-
çaise du Québec, notamment celle âgée de 15 à 49 ans»11.
Une part des francophones bilingues s’exprime principale-
ment en anglais. Quant au français, il est la principale
langue parlée à la maison par 21,5% des Canadiens. La
progression du bilinguisme des jeunes québécois favorise
leur émigration vers les autres provinces. C’est pourquoi,
entre 2006 et 2011, la population francophone progresse à
Terre-Neuve et dans diverses provinces de l’Ouest, ainsi
que dans les territoires du Grand Nord. Mais la dilution des
populations francophones en contexte minoritaire favorise
l’anglicisation de leurs enfants. Jean-Pierre Corbeil a mon-
tré12 comment l’exogamie limitait la transmission de la
langue française entre les générations en dehors du Qué-
bec. L’immersion dans un système d’enseignement supé-
rieur en langue anglaise est une étape clé du processus
d’anglicisation13. Le même défaut de transmission se
retrouve chez les immigrants francophones qui s’établis-
sent hors du Québec14.
Il faut comparer, province par province, la proportion de
francophones âgés de moins de 25 ans dans la population
de même âge à la part des francophones parmi la popula-
tion totale. À terme, la part de francophones dans les pro-
vinces canadiennes doit tendre plutôt vers leur part dans
la population jeune, sachant que l’impact de l’immigration
sur la population du Canada, comme précisé ci-dessus, est
globalement défavorable à la francophonie.
Si les tendances actuelles persistent, la part de population
dont le français est la langue maternelle est susceptible de
baisser dans toute la fédération, à l’exception du Québec.
C’est en effet la seule province canadienne qui réunit les
trois conditions de vitalité ethnolinguistique, car l’usage
du français n’est pas dévalué dans la vie économique et
sociale. En revanche, la situation est préoccupante au
Nouveau-Brunswick, dont le caractère bilingue est suscep-
tible de reculer du fait d’un vieillissement démographique
accentué en l’absence d’immigration francophone15. Même
à l’heure des technologies de la communication et d’Inter-
net, la vie sociale est avant tout une question de proximité.
La concentration géographique d’une population et son
autonomie économique sont de meilleures garanties de
résilience communautaire qu’une reconnaissance institu-
tionnelle qui peine à compenser une anglicisation conqué-
rante portée par les forces de l’économie mondialisée.
3. La part de l a population francophone
au C anada selon les provinces
Solution de la page 2
Rubrique dirigée par Vincent Moriniaux
!
!
39
Des événements heureux : des couples ont choisi cette date pour se
marier, sachant qu’il faudra attendre un siècle pour retrouver un jour,
un mois et une année avec un chiffre identique. Certains couples ont
même demandé à être marié à 12 h 12.
Des événements contestables : des futures mamans ont sollicité
des médecins pour avoir une césarienne, afin que leur enfant naisse
à cette date mathématiquement historique. Mais des médecins ont
dénoncé cette attitude1.
I. Jomana Filhree ans Cother Hajat, « Do you want a 12/12/12 baby ? Or how
about a naturel delivery ? » (Voulez-vous un bébé 12/12/12? Ou que diriez-vous
d'un accouchement naturel ?), The National (Émirats arabes unis),
12 décembre 1212, p. 16.
P o p u l a t i o n & A v e n i r • n ° 7 1 1 • J a n v i e r - f é v r i e r 2 0 1 3
Province
Population 2011
Part des
francophones dans
la population
totale de la province
Part des
francophones dans
la population des
moins de 25 ans
Québec 7 815 980 79,7% 79,9%
Nouveau-Brunswick 739 915 32,5% 27,7%
Yukon 33 655 4,8% 3,7%
Ontario 12 722 105 4,4% 3,5%
Île-du-Prince-Édouard 138 430 4,1% 2,4%
Manitoba 1 193 115 4,0% 2,5%
Nouvelle-Écosse 910 635 3,8% 2,4%
Territoires du Nord-Ouest 41 040 2,9% 1,8%
Alberta 3 610 175 2,2% 1,4%
Saskatchewan 1 018 330 1,9% 0,8%
Colombie-Britannique 4 356 180 1,6% 0,9%
Nunavut 31 765 1,4% 0,5%
Terre-Neuve et Labrador 509 970 0,6% 0,4%
TOTAL (renseigné) 33 121 295 22,0% 20,4%
Source : Statistique Canada, recensement 2011.
© Association Population & Avenir | Téléchargé le 21/03/2022 sur www.cairn.info par Valentin Desnoyers via Université d'Orléans (IP: 194.167.30.107)
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