NRP ILE DES ESCLAVES mars21 seq1 marivaux-1

Telechargé par Jackie fourcroy
Séquence 1re Séries générales et technologiques
36 NRP LYCÉE SEPTEMBRE 2017
Séquence 1re
Séries technologiques
Présentation
La Barre de Beaumarchais, journaliste contemporain de
Marivaux, présentait L’Île des esclaves comme un « petit bijou »
(dans l’une de ses Lettres sérieuses et badines, 1733, voir séance 1).
Cette comédie en onze scènes réalise en effet la prouesse d’être à
la fois l’une des plus brèves pièces du dramaturge, d’une écriture
très accessible aux jeunes lecteurs, et d’offrir un condensé de son
esthétique théâtrale et des questions philosophiques dans l’air du
temps des Lumières naissantes.
À la suite d’un naufrage, Iphicrate, seigneur grec, et son esclave
Arlequin accostent sur une île en même temps qu’Euphrosine
et son esclave Cléanthis : ils découvrent un monde à l’envers où
maîtres et esclaves échangent leurs conditions. Le titre, l’argument
et la scène d’exposition ouvrent la piste d’une robinsonnade uto-
pique que la suite de la pièce va cependant déjouer. Lesclavage
dont il s’agit nest pas celui de la Grèce antique ou de la traite
moderne, mais la transposition du rapport entre maîtres et servi-
teurs, topos théâtral dont Marivaux exploite les vertus comiques
et satiriques en s’inspirant de la commedia dell’arte. L’inversion
des rôles permet de multiples jeux de théâtre dans le théâtre qui
se donnent comme une épreuve thérapeutique : le but nest pas
encore de renverser l’ordre social mais d’éveiller l’empathie pour
humaniser les relations de pouvoir. Contrairement aux autres comé-
dies de Marivaux, ce nest pas l’amour qui est au centre de l’intrigue
– hormis une ébauche parodique dans les scènes 6 à 8 – mais bien
un cheminement vers le triomphe du cœur et de la sensibilité.
Destinée aux classes de premières technologiques, la séquence
vise à analyser les étapes de ce cheminement. Tout en exerçant les
futurs bacheliers aux exercices de l’EAF, elle privilégie les travaux en
binômes ou en groupes pour favoriser l’appropriation de la pièce
et la réflexion sur les questions théâtrales et philosophiques quelle
soulève.
Sommaire
Étape 1. À l’abordage : découvrir L’Île et ses
personnages
Séance 1 : Il était une fois L’Île des esclaves (activité
d’appropriation et de contraction de la pièce)
Séance 2 : La règle du jeu (explication linéaire de la tirade
de Trivelin, scène 2)
Séance 3 : Les personnages en mots et en images (activité
d’appropriation)
Étape 2. Lîle de la sensibilité : une comédie
thérapeutique
Séance 4 : Lépreuve du portrait (explication linéaire
de la scène 3)
Séance 5 : Jeu de rôles et cure de larmes (entraînement
à l’essai)
Séance 6 : Le triomphe de la sensibilité (explication linéaire,
scène 11)
Séance 7 : L’impossibilité d’une île : une utopie des
Lumières? (Histoire littéraire)
Par Françoise Rio, professeure de Lettres au lycée Jeanne d’Albret (Saint-Germain-en-Laye)
Marivaux,
L’Île des esclaves
Objet d’étude: Le théâtre du xviie au xxie siècle
Parcours associé : Maîtres et valets
36 NRP LYCÉE MAI 2021
Séance 1. Analyse du résumé de la pièce par
La Barre de Beaumarchais
Séance 2. Inventer des situations de « monde à
l’envers »
Séance 6. Explication linéaire de la scène 11
Dans cette séquence, vous pourrez exploiter
les ressources multimédia suivantes, disponibles sur
le site NRP dans l’espace « Ressources abonnés ».
Rendez-vous sur http://www.nrp-lycee.com.
Les numériques
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MAI 2021 NRP LYCÉE 37
Séries technologiques Séquence 1re
ÉTAPE 1. À l’abordage : découvrir L’Île et ses personnages
SÉANCE 1 Il était une fois L’Île des
esclaves
Support : Lensemble de la pièce et le résumé de La Barre de
Beaumarchais, extrait des Lettres sérieuses et badines (1733)
Modalité : Résumé oral de l’intrigue par les élèves en groupes
Objectifs :
– S’assurer de la compréhension littérale de la pièce
– S’initier à la contraction de texte
– S’exercer à la prise de parole expressive
Durée : 2 heures
Préparation de la séance
Un délai d’une dizaine de jours est nécessaire pour préparer à la
maison le travail individuel de lecture puis de réalisation collective
d’une présentation de la pièce. Les élèves se répartissent au préa-
lable par groupes de quatre à neuf selon l’effectif de la classe. Chaque
groupe tire au sort une modalité de présentation orale de l’action de
L’Île des esclaves, sous forme par exemple de :
– conte, commençant par « Il était une fois … »
– article de critique théâtrale, datant de 1725 ou bien d’aujourd’hui
– interview croisée des cinq protagonistes
– présentation d’un jeu de rôles, d’une émission de télé-réalité ou
d’un jeu-vidéo inspirés du dispositif de la pièce.
Quelle que soit la modalité attribuée, la présentation devra com-
porter une dizaine de citations exactes de la pièce.
Déroulement de la séance
Ce travail vise à faciliter la compréhension de l’intrigue tout en
entraînant les élèves à diverses modalités de « contraction » d’un
texte et à la prise de parole en public. Face aux quatre présentations
collectives, les spectateurs se répartissent différents rôles : un ou deux
élèves frappent des mains dès quils identifient une citation de la pièce ;
d’autres servent de miroirs aux orateurs en commentant avec bienveil-
lance l’aisance verbale, la posture et la gestuelle, la force de conviction
et la pertinence du contenu.
À l’issue de la séance, on donne à lire à voix haute ou à la maison le
résumé de L’Île des esclaves par Antoine de La Barre de Beaumarchais,
« journaliste » contemporain de Marivaux, qui recommande la pièce à
l’un des destinataires de ses Lettres sérieuses et badines (1733). Ce texte
et son analyse sont proposés en supplément numérique.
Stéphanie Lagarde et Alex Descas dans L’Île des esclaves de Marivaux, mise en scène d’Irina Brook au théâtre de l’Atelier, 30 janvier 2005.
38 NRP LYCÉE MAI 2021
Séries technologiques
Séquence 1re
SÉANCE 2 La règle du jeu
Support : La tirade de Trivelin, scène 2, de « Ne m’interrompez
point, mes enfants » à « pour toute votre vie. »
Modalité : Explication linéaire menée en classe à partir de
questions préalables
Objectifs :
– Comprendre la dimension utopique et morale de l’inversion
des rôles entre maîtres et esclaves
– S’entraîner à l’épreuve orale du bac
Durée : 1 à 2 heures
Questions préparatoires
1. Qui est Trivelin ? Qu’a-t-il fait sur scène avant de prononcer cette
tirade ?
2. Cherchez quel type de personnage porte habituellement le nom
de Trivelin dans la commedia dell’arte et montrez comment Marivaux
renouvelle ici cette tradition.
3. Quels termes dans cette tirade donnent à Trivelin une position
d’autorité ?
4. Comment comprenez-vous la comparaison de l’esclavage des
maîtres à « un cours d’humanité » ?
5. Quelle autre métaphore filée Trivelin emploie-t-il à la fin de sa
tirade pour justifier l’échange des rôles ?
Explication linéaire
Présentation du personnage
La tirade de Trivelin achève l’exposition de la pièce en expliquant
l’histoire et les lois de l’île aux nouveaux arrivés, rescapés d’un nau-
frage. Il apparaît au début de la scène 2, accompagné de « cinq ou six
insulaires » : il retire son épée à Iphicrate pour la donner à Arlequin
et ordonne l’échange des rôles et des noms entre maître et esclave.
Sans nommer exactement sa fonction, il s’apparente à l’un des gou-
verneurs de l’île en déclarant notamment : « ce sont là nos lois, et ma
charge dans la république est de les faire observer en ce canton-ci. » Son
nom est, comme celui d’Arlequin, emprunté à la commedia dell’arte
Trivelin est l’un des zannis, personnages-types de valets rusés et
trompeurs. Marivaux a repris ce personnage traditionnel dans trois
de ses pièces antérieures (Arlequin poli par l’amour, 1720 ; La Double
Inconstance, 1723 ; La Fausse Suivante, 1724) mais il renouvelle ici son
rôle en en faisant l’un des chefs de l’île, véritable meneur et metteur
en scène du jeu de rôles.
La composition d’un discours didactique
Trivelin affirme son autorité dès le début de la tirade au moyen de
l’impératif « Ne minterrompez point » et de l’apostrophe paternaliste
«mes enfants ». Il manifeste également sa domination tout au long de
son discours en multipliant les injonctions et en opposant le pronom
« nous » (désignant les anciens esclaves devenus maîtres de l’île) à
« vous » (les maîtres réduits en esclavage). Sa parole est celle d’un
maître, au double sens de chef et de pédagogue. Après avoir rappelé
l’histoire de l’île, Trivelin en explique les lois et la mission civilisatrice
puisqu’il s’agit de passer de la « barbarie » à l« humanité ».
Le récit des origines : de l’île de la vengeance …
L’historique de l’île, raconté au passé simple, est introduit par une
subordonnée circonstancielle de temps qui fait référence aux « pères»
fondateurs, des esclaves mus par des sentiments négatifs: « irrités
de la cruauté de leurs maîtres », « dans le ressentiment des outrages ». Ils
obéissent d’abord à un désir de « vengeance » qui les conduit à « ôter
la vie à tous les maîtres » abordant leur île tout en libérant les esclaves.
Cette loi du talion, d’une violence sans merci, est abolie par la géné-
ration suivante au nom de la « raison ».
…à l’ile de la raison qui adoucit les mœurs
Trivelin souligne l’opposition entre le passé et le présent de l’île
au moyen du balancement répété entre deux tournures négatives
et deux propositions affirmatives. À l’action vindicative se substitue
la visée thérapeutique désignée par le verbe « nous vous corrigeons »
dont on soulignera la polysémie. « Corriger » signifie à la fois amen-
der, rectifier les défauts, et châtier tout en renvoyant implicitement
à la fonction de la comédie qui, selon la déclaration de Molière dans
la préface de Tartuffe, doit « corriger les vices des hommes ». De même,
il ne s’agit plus de tuer les maîtres mais de « détruire » la « barbarie »
en leurs cœurs.
Une morale de la sourance
Trivelin explique ensuite la finalité morale et affective de l’inver-
sion des rôles. On remarquera à cet égard le rôle des deux complé-
ments de but introduits par « pour » et « afin que ». Lépreuve nécessite
Arlequin et Colombine, xviiie siècle, musée théâtral du Burcado,
Rome.
MAI 2021 NRP LYCÉE 39
Séries technologiques Séquence 1re
d’en passer par la souffrance de l’esclavage et de l’humiliation pour
gagner en empathie (« vous rendre sensibles aux maux qu’on y éprouve»)
et guérir de l’orgueil. L’adjectif « superbe » qui est employé à deux
reprises dans cette tirade signifie dans la langue classique « orgueil-
leux ». Il s’agit d’accéder à la morale par la voie du sentiment et de
prendre la place d’un autre pour mieux se voir et se « corriger » soi-
même, comme le souligne ici le jeu en miroir des pronoms « nous »
et « vous ».
Une leçon d’humanité
Lépanorthose « Votre esclavage, ou plutôt votre cours d’humani-
té» résume la visée paradoxale des lois de l’île et file la métaphore
de la pédagogie qui apparaît également dans l’emploi des mots
«maîtres» et « progrès » (« si vos maîtres sont contents de vos progrès»).
Cette éducation - quon serait tenté de nommer « rééducation » si
l’histoire du xxe siècle n’avait pas entaché tragiquement ce terme – a
une durée d’avance fixée à « trois ans » au bout desquels deux issues
sont prévues : les bons élèves peuvent quitter l’île et donc retrouver
leur condition première, mais en étant « devenus meilleurs » ; les mau-
vais se voient contraints d’épouser une insulaire qui a probablement
pour tâche de poursuivre le « cours d’humanité » dans les liens du
mariage ! Or, la pièce ne tient pas le programme de Trivelin puisqu’il
suffira de onze scènes pour que, la cure achevée en moins d’une jour-
née, les quatre naufragés repartent vers Athènes « deux jours » plus
tard (voir la tirade finale de Trivelin scène 11). C’est dire le caractère
purement hypothétique de cette république des esclaves, écrin d’un
apologue théâtral et d’un éloge des sentiments. On remarquera ici
la chaîne sémantique entre les mots « humanité », « meilleurs », « cha-
rité», «bonté ».
Une cure salutaire
Dans une sorte de péroraison de son discours, Trivelin joue à
nouveau du paradoxe en invitant ses destinataires à se réjouir de
leur sort plutôt qu’à sen plaindre. Il recourt cette fois à la métaphore
des « malades » quil convient de « guérir » en les métamorphosant
de «durs, injustes et superbes » qu’ils étaient en « humains, raisonnables
et généreux ». Ces trois adjectifs pourraient également qualifier l’at-
titude même de Trivelin envers les maîtres « malades » qu’il entend
soigner : son discours mêle en effet la fermeté à la mansuétude, loin
de la brutalité dont faisaient preuve les premiers insulaires. Ainsi, la
cure prodiguée sur l’île repose sur la croyance en la perfectibilité du
cœur humain, qu’un certain courant de la philosophie des Lumières
va développer au fil du siècle.
On invitera les élèves à dégager en conclusion les principaux traits
de la tirade qui consacre le rôle de Trivelin en meneur de jeu et son
autorité bienveillante à l’égard des maîtres transformés en esclaves.
Ce jeu de rôles sinspire du principe du « monde à l’envers » hérité des
Saturnales antiques et du carnaval médiéval pour humaniser le cœur
des maîtres en leur faisant vivre durant une période limitée la condition
de leurs esclaves. Enfin, la tirade confirme le cadre utopique de la pièce
en évoquant un passé légendaire de l’île et une vague référence à la
Grèce sans plus préciser son cadre spatio-temporel.
En prolongement, on pourra travailler sur la thématique du
«monde inversé » à partir des gravures et de l’invention de saynètes
proposées en ressource numérique.
SÉANCE 3 Les personnages en mots
et en images
Support : L’intégralité de la pièce
Modalité : Activité collective d’appropriation
Objectifs :
– Parcourir l’intégralité de la pièce pour cerner les caractéris-
tiques des cinq personnages
– Se documenter sur la tradition de la commedia dell’arte
– Présenter oralement une réalisation collective
Durée : 2 heures
Réalisation des affiches
En classe ou au CDI, les élèves se répartissent en cinq groupes.
Chaque groupe tire au sort le nom d’un des cinq personnages de la
pièce, dont il s’agira de présenter le rôle et les caractéristiques sur une
affiche (format A3) selon les consignes suivantes :
1. Au milieu de la page, écrivez le nom du personnage et des-
sinez son visage ou sa silhouette tels que vous l’imaginez. Si aucun
élève de votre groupe ne dessine suffisamment bien, décrivez en
quelques mots à quoi ressemblerait le comédien ou la comédienne
que vous choisiriez pour interpréter ce personnage ou collez la pho-
tographie d’un acteur ou actrice d’aujourd’hui qui pourrait l’incarner.
Les groupes chargés de présenter Trivelin et Arlequin chercheront
quels étaient le costume et les caractéristiques traditionnelles de
ces deux personnages inspirés de la commedia dell’arte. Les autres
indiqueront le sens étymologique des noms grecs d’Iphicrate (« qui
règne par la force »), d’Euphrosine (« emplie de joie ») et de Cléanthis
(nom composé des mots kleos, « gloire », et anthos, « fleur »).
2. À différents endroits de l’affiche, caractérisez ce personnage
à l’aide d‘une dizaine de mots-clés (adjectifs, noms communs ou
verbes) qui synthétisent les traits de son caractère.
3. Associez à ces mots-clés des citations qui illustrent les traits
de caractère ou le rôle du personnage, ses sentiments, ses idées ou
ses valeurs, sa manière de parler, ou les jugements que les autres
personnages portent sur lui.
4. À un autre endroit de l’affiche, indiquez le sort final du per-
sonnage.
Restitution orale
Chaque groupe présente à l’ensemble de la classe son affiche
exposée au tableau ou photographiée pour être projetée. Les élèves
veilleront à se répartir équitablement la parole pour justifier leur choix
d’illustrations, de mots-clés et de citations qui donneront lieu à une
lecture expressive à voix haute ou à une ébauche de jeu théâtral.
40 NRP LYCÉE MAI 2021
Séquence 1re
ÉTAPE 2. L’île de la sensibilité : une comédie thérapeutique
SÉANCE 4 L’épreuve du portrait
Support : Extrait de la scène 3, de « Madame, au contraire, a-t-
elle mal reposé ? » à « Je ne sais où j’en suis » + projection d’un
extrait de la mise en scène d’Irina Brook sur le site https://www.
nathan.fr/classetheatre/ile-des-esclaves.html.
Modalité : Explication linéaire
Objectifs :
– Analyser la visée satirique et morale du « théâtre dans le
théâtre »
– S’entraîner au jeu théâtral et à l’épreuve orale du bac
Durée : 1 à 2 heures
Du texte à la scène
Avant de mener l’explication linéaire, on fera jouer la scène par
les élèves, en leur montrant également la captation de la mise en
scène d’Irina Brook. Cest la meilleure façon de prendre conscience
de la virtuosité de l’écriture, des jeux sur la polyphonie et le théâtre
dans le théâtre, et de la puissance comique de la caricature.
Lextrait disponible à l’adresse indiquée correspond à un passage
antérieur au texte proposé mais permet néanmoins d’observer le dis-
positif choisi, qui fait d’Euphrosine la risible marionnette de Cléanthis.
Explication linéaire
Présentation de l’extrait
Après que Trivelin a expliqué les lois de l’île et les règles du jeu de
rôles dans la scène 2, la cure peut véritablement commencer dans la
scène 3 où Cléanthis exprime son ressentiment contre Euphrosine. Le
meneur de jeu déclare alors : « Venons maintenant à l’examen de son
caractère : il est nécessaire que vous men donniez un portrait, qui se doit
faire devant la personne qu’on peint, afin qu’elle se connaisse, qu’elle rou-
gisse de ses ridicules, si elle en a, et qu’elle se corrige ». Cléanthis livre un
portrait de sa maîtresse en jeune coquette narcissique, futile, exclu-
sivement préoccupée par son image et son souci de plaire dans une
société mondaine contemporaine de Marivaux et non de l’Antiquité
grecque. Lextrait proposé est le deuxième volet d’un diptyque qui
évoque les bons puis les mauvais matins de Cléanthis dont l’humeur
varie selon la qualité de son sommeil. L’art du portrait s’appuie sur la
mise en abyme de la comédie pour faire ressortir les vertus satiriques
et thérapeutiques du jeu de l’imitation.
Lépreuve du miroir
La question directe sur laquelle s’ouvre la tirade évoque le
deuxième terme de l’alternative des bons et des mauvais réveils d’Eu-
phrosine, désignée par le mot « Madame » qui souligne la relation
hiérarchique entre la maîtresse et sa domestique. Comme dans sa
tirade précédente, Cléanthis alterne avec virtuosité le récit, rédigé
au présent de narration, et le discours rapporté au style direct qui
François Boucher, La Toilette,
et sa servante, coll. Thyssen-
Bornemisza, 1742, Madrid.
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