Chapitre 32. Réanimation du nouveau-né en salle de naissance 413
et le geste répété tant qu'elle est productive: pratiquée avec
une sonde n° 8 ou 10, cette technique est régulièrement effi-
cace, mais elle nécessite éventuellement ensuite une intuba-
tion trachéale pour ventilation artificielle sur tube.
Ventilation manuelle en pression positive
Elle s'effectue à l'aide d'un petit ballon autogonflable à valve
unidirectionnelle (exemple BAVU de 250ml) ou d'un insuf-
flateur manuel à pression contrôlée avec pièce en T à préfé-
rer et qui s'adapte à un masque facial pour nouveau-né, ou
qui est relié à une sonde trachéale d'intubation.
Les modèles de ballon actuellement sur le marché
(Ambu®, Laerdal®), alimentés avec six litres d'oxygène par
minute et munis de leur réservoir arrière d'oxygène, assurent
en théorie les paramètres de ventilation suivants:
■ FiO2 = 60–70 % (sans réservoir arrière d'oxygène = 40 %) ;
■ pression d'insufflation maximale = 40 cmH2O (pouvant
monter jusqu'à 50–55cm, malgré la valve de sécurité, en
cas d'utilisation « forcée »).
En pratique, sur ces modèles, la FiO2 délivrée à l'enfant
augmente avec le débit d'oxygène utilisé (elle n'est supé-
rieure ou égale à 75 %, quel que soit l'opérateur, que pour
un débit supérieur ou égal à 10/min) et diminue quand les
pressions ou la fréquence augmentent.
Il est actuellment recommandé pour un nouveau-né à
terme de débuter la ventilation avec une FiO2 à 21% et de
l'adapter en fonction de la SpO2 posée sur la main droite. Pour
un nouveau-né prématuré, on peut débuter la ventilation avec
une FiO2 à 30% et on l'adaptera aussi en fonction de la SPO2.
La pression d'insufflation réellement délivrée par un bal-
lon ne peut être que grossièrement estimée, d'où l'intérêt
d'adapter un manomètre de pression qui indique la pression
exercée sur le ballon. Un autre système consiste à relier l'ap-
pareil de ventilation manuelle à un manomètre affichant les
pressions obtenues. Le ballon peu aussi être relié à une valve
de PEP qui sera réglée à 3–4 cmH2O, pouvant être augmentée
jusqu'à 6 cmH2O chez un nouveau-né prématuré mais pas
au-delà. Les insufflateurs manuels à pression contrôlée sont à
privilégier. (Neopuff Infant Resuscitator Fisher-Paykel®, Tom
Pouce Médipréma®). Ils représentent de ce point de vue un
réel progrès, permettant l'administration d'une pression posi-
tive d'insufflation (PPI) et d'une pression expiratoire positive
(PEP) parfaitement contrôlées. On réglera les niveaux de la
PPI (pression positive d'insufflation à 20–25 cmH2O pour un
nouveau-né à terme et à 15–20 cmH2O pour un nouveau-
né prématuré. Les niveaux de PEP ne seront identiques que
pour une ventilation au ballon (4 à 6 cmH2O).
Quelle que soit la technique utilisée, la position de l'en-
fant doit être bien contrôlée (figure32.1): tête de l'enfant
défléchie, application étanche du masque sur la bouche et le
nez de l'enfant par la main gauche de l'opérateur (qui luxe en
même temps le menton en avant), pressions sur le ballon (ou
obturation intermittente de la partie en T du circuit Neopuff®)
effectuées par la main droite avec une force ou une durée
adaptée. En cas de ventilation au masque prolongée, une
vidange gazeuse gastrique doit être pratiquée toutes les trois
à cinq minutes (par mise en place d'une sonde orogastrique).
Chez le nouveau-né en état de mort apparente, le volume
gazeux ainsi réellement administré à chaque insufflation ne
dépasse pas le tiers du volume obtenu par la ventilation sur
sonde trachéale. L'efficacité pourtant quotidiennement vérifiée
de la ventilation au masque paraît donc être principalement
liée à la stimulation des réflexes respiratoires du nouveau-né
(par distension des récepteurs bronchiques) et au déclenche-
ment de ses mouvements respiratoires propres. C'est la raison
pour laquelle l'intubation trachéale est recommandée après 60
secondes de ventilation au masque, en cas d'arrêt cardiaque ou
de bradycardie persistante, chez un enfant qui reste en apnée.
L'intubation doit être pratiquée de façon réglée (planche32.1)
avec une sonde de calibre approprié (tableau32.1).
Chez le nouveau-né à terme, la fréquence des insufflations
doit être de 40/min, et leur durée de trois quarts de seconde
à 1 seconde environ ; les pressions recommandées sont de 15
à 20cmH2O. Lors des premières insufflations délivrées à un
nouveau-né apnéique, pour obtenir une première ouverture
alvéolaire pulmonaire satisfaisante, on peut augmenter la durée
d'insufflation jusqu'à deux ou trois secondes pendant quelques
cycles. Les critères d'efficacité de la ventilation sont les suivants:
■ expansion régulière et symétrique des deux hémithorax
(l'insufflation est audible au stéthoscope dans les deux
champs pulmonaires) ;
■ et surtout accélération des battements cardiaques parallè-
lement à la ventilation.
En cas de massage cardiaque associé, il est recommandé
d'alterner les insufflations et les compressions thoraciques,
sous forme d'une insufflation suivie de trois pressions
(« j'insuffle-2-3-j'insuffle-2-3, etc. ») sternales, chaque cycle
de quatre gestes durant au total deux secondes.
Massage cardiaque externe
Il consiste à comprimer le thorax entre sternum et rachis,
sans que l'on sache exactement si c'est la compression
directe du cœur ou l'élévation de la pression intrathoracique
qui produit une éjection sanguine.
Même correctement mis en œuvre, il n'assure que 20 à
25 % du débit cardiaque normal. Une ventilation artificielle
associée est indispensable.
Placé à droite du patient, l'opérateur empoigne le thorax de
l'enfant dans ses deux mains, en plaçant ses doigts sur le rachis
en arrière (pour réaliser un plan rigide) et ses pouces accolés
ou croisés sur le tiers inférieur du sternum en avant, sur la ligne
médiane, à hauteur des mamelons (figure32.2). Il exerce avec
les pouces, 90 fois/min, une dépression de 1,5 à 2cm environ.
Les critères d'efficacité du massage cardiaque externe
sont les suivants:
■ pouls proximaux palpables, les plus accessibles en pra-
tique étant les pouls huméraux ;
■ temps de recoloration capillaire au front n'excédant pas
5secondes ;
■ pulsations perceptibles à la base du cordon ombilical.
Injection de solutés (figures32.3 et 32.4)
Deux solutés sont employés pour la réanimation néona-
tale (tableau32.2), surtout le sérum physiologique (ClNa à
9g/l) comme soluté de remplissage vasculaire ; indications:
contexte de perte hémorragique ; pâleur ; état de choc et non
réaction à la réanimation bien menée:
■ soluté isotonique NaCl 0,9 % (sérum physiologique).
Posologie: 10–15ml/kg en intraveineux en cinq à dix minutes ;