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masmoudi - polycope épidémiologie

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2020-2021
ROYAUME DU MAROC
‫المملـــــــكة المغربيـــــة‬
MINISTERE DE LA SANTE
‫وزارة الصحــــــــــــة‬
INSTITUT SUPERIEUR DES PROFESSIONS INFIRMIERES
‫المعهد العالي للمهن التمريضية و التقنيات الصحية‬
ET TECHNIQUES DE SANTE
‫ملحقة القنيطرة‬/‫الربــــاط‬
RABAT – ANNEXE KENITRA
COURS
EPIDEMIOLOGIE
Destiné aux étudiants de la filière : soins infirmiers
Option : Infirmier Polyvalent - Santé Communautaire Santé de
Famille
2ème semestre
Dr. Sanae Masmoudi
Enseignante permanente à l’ISPITS Kénitra
SOMMAIRE
Les objectifs pédagogiques ………………………………………………………….
2
Définition des concepts……………………………………………………………….
3
Historique………………………………………………………………………………
5
Objet et domaine de l’épidémiologie………………………………………………...
7
Mesure de la santé et de la maladie………………………………………………….
9
Enquêtes épidémiologiques…………………………………………………………..
14
Exercice…………………………………………………………………………………
22
Déclaration des maladies………………………………………………………………
25
Surveillance épidémiologique…………………………………………………………
28
Investigation épidémiologique………………………………………………………
30
Épidémiologie et prévention des maladies transmissibles…………………………
35
1
Les objectifs pédagogiques :
A la fin du cours, les étudiants seront en mesure de :
• Définir l'épidémiologie ;
• Définir l’objet et le domaine de l’épidémiologie;
• Approches de la Santé;
• Déterminants de la santé;
• Chaines de transmission;
• Définir les différents types d’épidémiologie :
▪ -Epidémiologie descriptive
-
Epidémiologie analytique
▪ -Epidémiologie évaluative
• Schématiser la démarche épidémiologique ;
• Décrire le rôle de l'épidémiologie en santé publique ;
• Citer les maladies à déclaration obligatoire ;
• Citer les étapes d'une enquête épidémiologique et l'objectif de chacune d'entre elles ;
•
Dépistage
• Prévention
• Définir la surveillance épidémiologique et ses trois types ;
• Citer les critères de qualité d'un système de surveillance ;
• Initiation au logiciel Epi-Info
•
-
Définir :
Etude de cas, de corrélation, de cohorte et cas témoins,
Etude d'observation, expérimentale et d'évaluation;
Définir : taux de prévalence, d'incidence, taux d'attaque.
-
Définir : taux de létalité, taux brut de mortalité, taux spécifique de mortalité.
2
Définition des concepts
Epidémiologie (OMS,1968) :
“ Etude de la distribution des maladies et des invalidités dans les populations humaines, ainsi
que des influences qui déterminent cette distribution. ”
Epidémiologie (Last,2001)
“Étude de la distribution et des facteurs étiologiques des états ou phénomènes liés à la santé
dans une population déterminée, ainsi que l’application de cette étude à la maîtrise des
problèmes de santé. ”
Étude comprend :
•
la surveillance;
•
l’observation;
•
les tests d'hypothèse
•
la recherche analytique et les expériences.
•
La distribution : il s’agit de la fréquence du problème, de sa variation en fonction de
différents paramètres : temps, espace, caractéristiques socio-démographiques (âge,
sexe, etc.)
•
Facteurs étiologiques (Déterminants de la santé):
Facteurs qui influencent l’état de santé
▫
▫
Intrinsèque :

génétique

immunitaire

hormonal
Extrinsèque :

comportementaux : tabac, alcool, alimentation,….

environnementaux : pollution atmosphérique :
Etats ou événements liés à la santé :
•
Epidémies de maladies contagieuses
•
Maladies endémiques (contagieuses ou non)
•
Maladies chroniques
3
•
Accidents et blessures
•
Problèmes de santé maternelle et infantile
•
Santé au travail
•
Santé et environnement
•
Population humaine :
•
L’épidémiologie s’intéresse au groupe et non à l’individu.
•
C’est une grande différence par rapport à la médecine clinique.
•
Ces populations sont définies d’après un critère géographique, temporel,
sociodémographiques, …
Application pour le contrôle des problèmes de santé »
•
Objectif: promouvoir, protéger, restaurer
•
Les résultats servent à guider l’action de santé publique au niveau de la population
Épidémie : Qualifie soit l'apparition d'un grand nombre de cas d'une nouvelle maladie, soit
l'accroissement considérable du nombre de cas d'une maladie déjà existante, dans une région
donnée, au sein d'une communauté ou d'une collectivité.
Endémie : Réfère à la présence constante d’une maladie dans une région géographique ou
une population particulière. Elle fait aussi référence à une maladie dont les taux de prévalence
et d’incidence sont relativement élevés, par rapport aux autres régions ou populations.
Pandémie : C’est une épidémie qui touche plusieurs pays en même temps.
Last JM, editor. Dictionary of epidemiology. 4th ed. New York: Oxford University Press;
2001. p. 61.
4
Historique
L’épidémiologie tire son origine de l’idée exprimée pour la première fois il y a plus de 2000
ans par Hippocrate, selon laquelle les facteurs environnementaux peuvent influer sur la
survenue de la maladie. Pourtant, il a fallu attendre le XIXe siècle pour qu’on se mette
réellement à mesurer la répartition d’une maladie dans des groupes de population donnés.
Outre que ces travaux ont marqué la véritable naissance de l’épidémiologie, ils figurent parmi
les réussites les plus spectaculaires de cette discipline. La découverte de John Snow (qui s’est
aperçu que le risque de choléra à Londres était associé à la consommation de l’eau que
distribuait une certaine société, en est un exemple bien connu (Tab.1). Les études
épidémiologiques de Snow n’ont constitué qu’un aspect d’une très vaste série d’investigations
s’intéressant aux processus physiques, chimiques, biologiques, sociologiques et politiques .La
comparaison des taux de morbidité dans plusieurs sous-groupes de population est devenue
pratique courante à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Cette approche a d’abord été
appliquée à la lutte contre les maladies transmissibles, mais s’est avérée efficace pour mettre
en évidence une association entre certaines conditions ou agents environnementaux et des
maladies déterminées. Dans la deuxième moitié du XXe siècle, ces méthodes ont été
appliquées aux maladies non transmissibles chroniques telles que les maladies cardiaques et le
cancer, en particulier dans les pays à revenu intermédiaire est élevé.
Tableau 1 : Mortalité par choléra dans les quartiers londoniens approvisionnés en eau
par deux sociétés différentes, du 8 juillet au 26 août 1854
Société
Nombre
Nombre
Taux de mortalité
distributrice
d'habitants
de décès par
cholérique (pour 1000 habitants)
en 1851
choléra (n)
Southwark
167 654
Lambeth
19 133
844
5,0
18
0,9
5
l'épidémiologie moderne est basée sur deux hypothèses fondamentales :
•
L'état de santé chez l'Homme n'est pas dû au hasard.
•
Les phénomènes de santé ont des facteurs étiologiques et des facteurs préventifs qui
peuvent être identifiés par des investigations dans la population générale, ou chez des
groupes de personnes, à des places et à des périodes différentes.
6
Objet et domaine de l’épidémiologie
Objectifs de l’épidémiologie :
• Description d’une situation sanitaire : surveillance sanitaire systématique, identification et
évaluation de l’importance d ’un phénomène de santé, identification des groupes exposés aux
risques.
• Recherche des facteurs de risque et des facteurs pathogènes en cause.
• Évaluation des actions : la situation sanitaire s’est elle améliorée (ou dégradée) suite aux
actions entreprises
CYCLE DE L’EPIDEMIOLOGIE
Décrire l’état de santé
d’une population
Analyser les
déterminants des
problèmes de
santé
Evaluer l’impact
des interventions
Proposer les
interventions les
plus efficaces
Domaine de l’épidémiologie
❑ Étude des états morbides :
• Étude des maladies transmissibles
• Étude des maladies non transmissibles
• Étude des accidents
❑ Étude des états non morbides :
Étude des manifestations physiologiques en relation avec le milieu et les conditions
d’environnement Exemple: le rôle de l’eau dans le développement des insectes.
Branches de l’épidémiologie
•
Trois branches de l’épidémiologie:
➢
Épidémiologie descriptive
➢
Épidémiologie analytique
➢
Épidémiologie évaluative
7
Épidémiologie descriptive :
Objectifs:
➢ Identifier les problèmes de santé dans une population et leur ampleur;
➢ Décrire leur répartition en fonction des caractéristiques de personnes, de lieu et de
temps;
➢ Déterminer la nature et la quantité de ressources nécessaires pour résoudre ces
problèmes
Décrit la fréquence et la répartition des maladies et des indicateurs de santé dans la
population :
Estimer le taux ou la proportion de personnes présentant une certaine maladie
Exemple: incidence des cancers, taux de décès
▪
étudier les variabilités de cette fréquence en fonction de:
▪
Des caractéristiques de personnes( âge, sexe, profession…)
▪
De leur répartition géographique ( pays, régions, communes….)
▪
De leur évolution dans le temps :
Épidémiologie Analytique :
Objectifs:
RECHERCHER LES CAUSES DES PROBLÈMES DE SANTÉ :
▫
Étudier l’association entre facteurs de risque et maladie
▫
Définir l’impact de l'exposition à des FACTEURS pouvant jouer un rôle dans
l'apparition d’une maladie (Exp: Pollution et asthme)
Épidémiologie Evaluative:
Objectifs:
▫
Évaluer LES ACTIONS de santé (préventives et curatives) dans la collectivité
▫
Mesurer LES EFFETS d’une action de santé par rapport aux objectifs fixés:
➔ Aide à la prise de décision pour la PLANIFICATION
Principaux aspects:
▫
Évaluation de techniques ou de stratégies diagnostiques et thérapeutiques pour
déterminer la plus adaptée
▫
Évaluation de nouvelles techniques d’examen ou de nouveaux traitements
(essai thérapeutique)
▫
Évaluation de la qualité des soins
▫
Évaluation a posteriori de l’impact des actions de santé (évaluation avantaprès) par rapport aux objectifs fixés
8
Mesure de la santé et de la maladie
1-Définitions
la santé (OMS en 1948) :
« La santé est un état de complet de bien-être physique, mental et social et ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. ».
la maladie (OMS) :
•
La maladie équivaut à un manque de santé.
•
Dysfonctionnement d’origine psychologique, physique ou/et sociale, qui se manifeste
sous différentes formes.
Santé des populations :
La connaissance de l’état de santé des populations s’exprime à partir de :
-
Déterminants de la santé
-
Indicateurs de la santé
Déterminants de la santé
Facteurs sanitaires:
➢ Facteurs biologiques
➢ Etat des connaissances médicales
➢ Organisation du système de soins
Facteurs non sanitaires:
•
Facteurs géographiques: richesse naturelle, climat, communication..
•
Facteurs démographiques: répartition de la population selon l’âge et le sexe,
fécondité, concentration urbaine, migration..
•
Facteurs socioéconomiques: Habitat, mode de vie, l’emploi…
•
Facteurs psychoculturels: scolarisation, coutumes, croyances, traditions, mentalité
relative aux problèmes de santé..
•
Facteurs politiques: législation sanitaire, coordination des actions sectorielles,
planification économique et sociale
Les indicateurs de la santé :
Les indicateurs de santé sont des variables statistiques mesurables qui décrivent l’état
de santé d’une population
On distingue:
9
-
Les indicateurs de morbidité qui décrivent la fréquence des maladies,
Les indicateurs de mortalité qui décrivent la fréquence des décès
2-les indicateurs de l’état de santé
Mesure de Fréquence
•
Indicateurs de morbidité: Prévalence, Incidence.
•
Indicateurs de mortalité:
Mortalité globale, Mortalité spécifique, Mortalité
proportionnelle, Létalité.
2.1-Indicateurs de morbidité :
•
Prévalence
•
Incidence
•
Taux d’attaque
La prévalence :
proportion de malades présents dans la population à un instant donné ou durant un intervalle
de temps donné.
• Inclut les anciens et les nouveaux cas
• Dépend de : - la durée de la maladie
- la vitesse d’apparition des cas
Nombre de malades au temps T
=
-------------------------------------------- * 10a
population au temps T
T: le moment de l’enquête
Exemple : Prévalence de l’infection VIH chez les usagers de drogues intraveineuses
=nombre de personnes ayant une sérologie + chez les usagers de drogue / nombre
d’usagers testés
La prévalence instantanée (PI) : c’est la proportion des cas existants dans une population
donnée à un instant précis. C’est la mesure de prévalence la plus utilisée.
La prévalence de période (PP): concerne toutes les personnes affectées au cours d’une
période de temps spécifiée.
L’incidence
Mesure consistant à quantifier la survenue de nouveaux cas dans la population
• Seuls les "non-malades" sont susceptibles de produire des nouveaux cas
• 2 mesures :
– Densité d’incidence : vitesse d’apparition de la maladie (vrai taux d’incidence)
10
– Incidence cumulée : probabilité moyenne de développer une maladie (risque) (toujours
préciser la période de temps)
L’incidence= l’apparition d’une maladie dans une population durant un intervalle de temps
donné
Incidence= Nbr de nouveaux cas pendant ∆t * 10a
Population à risque pendant ∆t
Taux ou densité d’incidence :
Nombre de nouveaux cas pendant période T
Nombre de personnes-temps à risque pendant période T
Vitesse d’apparition des nouveaux cas
= nombre de nouveaux cas par unité de temps / taille de la population à risque
• si les durées d’observation diffèrent, la taille de la population à risque est mesurée en
«personne-temps»
• personne-temps = somme des durées individuelles de participation = VRAI taux d’incidence
L’incidence cumulé :
Nombre de nouveaux cas survenus pendant une période T
Population moyenne à risque d’attraper une maladiespendant période T
La population doit être stable pendant la période
Par exemple :
Au cours d’une année de suivi 4 prostituées initialement séronégatives ont contracté le
VIH sur une population de 100 prostituées séronégatives.
L’incidence cumulée pour cette population est de 4/100 pour la période de 1 an
Exercice :
Durant l’année 2015, au Maroc (population : 34225000 habitants) 28955 cas de tuberculose
étaient dépistés
Calculer :
Le taux d’incidence de la maladie en 2015 (taux de notification pour 100000 habitants )
Taux d’attaque
•
Incidence cumulée sur une courte durée
•
Utilisée dans les épidémies
Nombre de nouveaux cas pendant une période T
Population exposée pendant une période T
•
Exemple taux d’attaque de la grippe H1N1 / COVID19
11
2.2-Indicateurs de mortalité :
•
Sources de données : Certificats de décès
•
Mortalité brute
•
Mortalité spécifique
•
Mortalité proportionnelle
•
Létalité
Mortalité brute
•
la fréquence des décès dans une population donnée.
Nombre de décès pendant une période T dans une population
----------------------------------------------------------------------------Effectif moyen de la population pendant la période T
•
La mortalité globale est similaire à une incidence : on étudie la survenue du décès et
pas de la maladie.
Mortalité spécifique :
Soit un taux de mortalité dû à une pathologie particulière:
Mortalité spécifique pour une cause x = Nbr de décès dus à cette cause pendant ∆t *10a
Population étudiée pendant ∆t
Soit un taux de mortalité dans un sous groupe particulier (généralement les tranches d’âge):
Mortalité spécifique pour une classe d’âge = Nbr de décès dans une classe d’âge pdt ∆t *10a
Population étudiée pendant ∆t
Mortalité proportionnelle
Représente la part des décès dus à une cause donnée, sur l’ensemble de tous les décès,
pendant une période donnée.
Mortalité proportionnelle = Mortalité spécifique due à une cause donnée *10a
Mortalité globale
Létalité
Représente la part des décès dus à une maladie donnée parmi les malades atteints de la même
maladie.
Létalité = Nombre de décès dus à une maladie *10a
Nombre de patients atteints de cette maladie
Taux de mortalité infantile :
Nombre d’enfants décédés avant 1an pendant une année N *10a
Nombre de naissances vivantes pendant l’année N
12
Taux de mortinatalité
Nombre de fœtus de plus de 28 SA nés sans vie pendant une année N
---------------------------------------------------------------------------- -*10a
Nombre de naissances totales pendant l’année N
Taux de mortalité périnatale
Nombre de décès entre 28SA et 7 jours pendant une année N
--------------------------------------------------------------------------*10a
Nombre de naissances totales pendant l’année N
Taux de mortalité néonatale
Nombre de nouveaux nés vivants mais décédés entre la naissance et le 28e jour de vie pendant
l’année N
-----------------------------------------------------------*10a
Nombre de naissances vivantes pendant l’année N
NB :
On peut distinguer
-Mortalité néonatale précoce :J0-J7
-Mortalité néonatale tardive : J7-J28
13
Enquêtes épidémiologiques
1-Classement des enquêtes épidémiologiques
Selon l’objectif: descriptive, analytique (étiologique), évaluative (intervention)
Selon l’attitude de l’investigateur:
- E. expérimentale: l’investigateur contrôle les facteurs qu’il étudie
- E. d’observation: l’exposition ne peut pas dépendre de l’investigateur
•
Selon la période:
- Transversale: étude instantanée (pendant un moment t)
- Longitudinale: étude pendant une période de temps (∆t):
* E. rétrospective: enquête conduite après le phénomène de santé
* E. prospective: enquête conduite avant le phénomène à étudier
•
Selon la population:
- Exhaustive: concerne l’ensemble de la population ou bien l’enregistrement exhaustif de tous
les cas
- Par échantillonnage: concerne un échantillon représentatif de la population concernée
Démarche épidémiologique
-
Identification d’un problème, documentation
-
Détermination des objectifs et formulation d’une hypothèse
-
Mise en place d’une stratégie, rédaction d’un protocole d’enquête (choix de type
d’enquête, groupe à explorer (définition de la population cible) , type de données,
méthode de collecte de données..)
-
réalisation de l’enquête sur le terrain
-
Analyse des données et synthèse de résultats
-
Communication et valorisation des résultats
14
Définition de la population cible
•
Doit être précise
•
Population générale ou sous-groupe particulier
- si sous-groupe : définition utilisée
- Critères d’inclusion et d’exclusion
- Tenir compte des problèmes de faisabilité et
d’extrapolation des résultats
Démarche et résonnement épidémiologique
15
2-Types d’enquêtes épidémiologiques :
2.1-Enquêtes interventionnelles
2.1.1- Enquêtes évaluatives
Évaluer l’efficacité d’une action de soins, d’une intervention de santé publique.
Elles permettent d’évaluer l’effet de stratégies thérapeutiques ou de méthodes de prévention.
Ce sont des études comparatives où sont comparés un groupe de sujets soumis à un facteur
(stratégie thérapeutique, méthode de prévention) et un groupe de sujets non soumis à ce
facteur. Le critère de jugement peut être un indicateur de santé (morbidité, mortalité..),
indicateur de coût (coût de traitement..) ou l’association de ces deux indicateurs.
Essais cliniques contrôlés/Etudes avant-après/Etudes Ici-Ailleurs
Essais cliniques contrôlés
Ce sont des études expérimentales permettant de tester l’efficacité de diverses mesures
thérapeutiques chez l’Homme. Toutes les substances pharmacologiques doivent être testées
dans des essais cliniques avant d’être admises sur le marché. Dans d’autres domaines, ces
16
testes sont utilisés pour comparer l’impact de différents systèmes d’assurance maladie sur
l’état de santé et sur le recours aux services de santé.
Exple. Les premiers essais cliniques ont été effectués en Angleterre après la 2ème guerre
mondiale pour évaluer la Streptomycine dans le traitement de la Tuberculose pulmonaire.
Etudes Ici/Ailleurs
•
Elles comparent au même moment des groupes de sujets géographiquement distincts.
•
Exple. Caractérisation des populations qui fréquentent des établissements de santé au
niveau de deux provinces.
Etudes avant-après
•
Elles comparent des sujets avant la mise en place d’une intervention et après. La
situation « Avant » est la référence qui permet d’évaluer l’efficacité de l’intervention.
Les sujets peuvent dans certains cas être leurs propres témoins.
Exple. Installation, par les services de santé publique, des moustiquaires
imprégnées en insecticides dans des foyers de leishmanioses au Maroc.
Incidence d’une maladie , avant vaccination vs après vaccination
2.1.2- Essais thérapeutiques
•
test efficacité d’un nouveau médicament versus groupe placebo ou médicament de
référence (groupe témoin)
2.2- Enquêtes observationnelles :
L’investigateur ne contrôle pas l'affectation des sujets au facteur d'exposition ou à la maladie.
Il observe simplement la relation entre l'exposition à un facteur et la survenue de la maladie.
De ce fait, de nombreux biais sont possibles, mais la plupart d'entre eux peuvent être évités ou
contrôlés si les enquêtes sont bien conçues, bien conduites et et correctement analysées.
2.2.1- Enquête descriptive
•
Définition : description de l’état de santé de la population
•
Objectifs
▫
Déterminer la fréquence (prévalence, incidence) de maladies dans le temps et
l’espace
▫
Déterminer la répartition (âge, sexe, catégories socioprofessionnelles…) des
maladies dans une population pendant une période donnée
▫
Formulation des hypothèses étiologiques (Facteur de risque (FDR), causes)
vérifiées par des enquêtes analytiques
17
•
Etude de série de cas
•
Ce sont les études descriptives les plus élémentaires
•
C’est l’observation clinique détaillée sur plusieurs patients présentant un phénomène
de santé inhabituel. Ces études sont très utiles pour la formulation des hypothèses et
l’identification de nouvelles épidémies ou maladies
Enquêtes observationnelles
2.2.2-Enquêtes analytique :
a-Les enquêtes de type cohorte
Définition :
Le nombre de malades observés lors du suivi permets de calculer l’incidence de la maladie
dans la cohorte chez les exposés et les non exposés à un facteur de risque
Conduite pratique
•
Identifier un groupe de sujets exposés
•
Identifier un groupe de sujets non exposés
•
Suivre les groupes dans le TEMPS pour voir qui développe la maladie
•
Mesurer le taux de survenue de la maladie dans les 2 groupes (incidence)
•
Comparer les risques entre groupes exposés et non exposés
- Le plus souvent prospective (on mesure la fréquence de la maladie après avoir classé les
sujets en 2 groupes: exposés et non exposés);
-Plus rarement rétrospective (utile lors de toxi-infections alimentaires collectives ou de
maladies professionnelles).
Présentation des données
18
Mesures d’association
L’association entre l’exposition et la survenue de la maladie.
Incidence (risque) chez les exposés:
Ie (Re) = a/a+b
Incidence (risque) chez les non exposés:
Ine (Rne) = c/c+d
Calcul du risque relatif :
Risque relatif (RR)= Ie /Ine
Si RR > 1 : facteur de risque de maladie (FDR)
RR=1 : Pas d’effet
RR1 : Facteur protecteur
Le risque attribuable
Le risque attribuable = Incidence chez les exposés – l’incidence chez les non exposées
b-Enquêtes cas-témoin :
Définition :
Enquêtes rétrospectives qui commencent après le diagnostic de la maladie et permettent de
comparer des malades (CAS) et des non malades (TEMOINS) pour des expositions ayant eu
lieu avant l’apparition de la maladie.
Objectif :
Comparer la fréquence d'exposition à un facteur de risque chez des sujets malades à la
fréquence d'exposition à ce facteur de risque chez des sujets non malades
Conduite pratique:
•
Identifier un groupe de malades (cas) et un groupe de non malades (témoins)
19
•
Interroger les 2 groupes rétrospectivement sur leur exposition au facteur de risque
•
comparer la fréquence d'exposition chez les cas et chez les témoins
Présentation des résultats
Mesures d’association
Dans une étude cas-témoins:
•
Les fréquences d’exposition chez les cas: a/a+c et chez les témoins: b/b+d
•
Les cotes d’exposition chez les cas: a/c et chez les témoins : b/d
Le rapport de cotes (Odd-Ratio (OR): a÷c/b÷ d= a×d/b×c
comparabilité entre les études cas –témoins et les études cohortes
20
c-Enquête transversale
principe
Enquête transversale, c’est à dire:
-
à un moment donné (période brève)
-
pas de suivi des patients
on observe seulement les cas existants au moment de l ’enquête: cas prévalents
-
sur échantillon représentatif d ’une population bien définie
-
recueil d ’informations sur une exposition ou une maladie pendant cette période ou
antérieure à cette période
-
Selon la pathologie , la période sur laquelle porte le recueil des informations sur la
maladie peut être :
*Courte: un jour donné
*Plus longue: le mois écoulé voire plus
Avantages et inconvénients des différents types d’enquêtes:
L’enquête rétrospective est souvent plus rapide (donc moins coûteuse) et plus facile à
effectuer mais elle se base sur l’anamnèse (l’histoire de la maladie) et peut être donc source
de biais liés aux difficultés de retrouver un événement dans le passé (problèmes de
remémoration, qualité des dossiers…).
L’enquête prospective est considérée comme plus rigoureuse mais elle nécessite cependant un
suivi parfois long des sujets. Elle est donc plus coûteuse.
L’enquête transversale n’explore la présence d’un phénomène de santé qu’à un moment
donné. Elle n’est donc qu’une «coupe» qui ne permet pas de préjuger de la présence du même
phénomène dans le passé ou l’avenir.
Toujours s’interroger :
•
Sur les biais possibles: lors de l’échantillonnage, lors du recueil des données, lors de
l’analyse
•
Sur la plausibilité de la causalité: il peut y avoir association statistique sans qu’il y ait
causalité entre deux facteurs! Il faut que l’association ait un sens!
•
La concordance des résultats avec ce qui était connu jusqu’alors.
21
Exercices
Exercice 1 :
Afin d’étudier la survenue de la leucémie chez des patientes suivies pour des cancers
gynécologiques et traitées par des radiations ionisantes, un groupe de chercheurs français a
réalisé une étude sur 5 ans portant sur 858 femmes.
Ces 858 femmes sont réparties en deux groupes :
*le groupe A comporte 429 femmes
* le groupe B comporte 429 femmes.
Seulement le groupe A est traité par les radiations ionisantes.
Les résultats de l’étude sont présentés dans le tableau suivant:
Exposition aux
Malades
Non malades
radiations
Leucémie (+)
Leucémie (-)
Total
E+ (groupe A)
47
382
429
E- (groupe B)
16
413
429
Total
63
795
858
1-De quel type d'étude épidémiologique s'agit-il ? Justifiez votre réponse
2- Calculer l’incidence de la leucémie dans chacun des groupes?
3- Quelle mesure d’association peut-on calculer ? Calculer et interpréter
Correction
1- Type d’étude : Cohorte
Justification : Etude prospective, on a deux groupes de sujets (exposés et non exposés)
On a suivie des groupes dans le TEMPS pour voir qui développe la maladie
2- l’incidence de la leucémie dans chacun des groupes :
•
I exposés : (47/429)*100= 0.1*100= 10,95%
•
I non exposés : (16 /429)*100= 3,72%
3-
La mesure d’association qu’on peut calculer est le risque relatif
RR= 10,95 /3,72=2,94
Interprétation :RR> 1 : on peut supposer une association entre l’exposition aux radiation et
d’développement de leucémie
Exercice 2 :
Afin d'étudier les risques de l'accouchement liés à l'âge de la mère, une équipe de chercheurs a
suivi 180 femmes camerounaises de plus de quarante ans et 532 âgées entre vingt et trente
22
ans. 52 femmes ont donné naissance à un fœtus sans vie (=mortinatalité) dont 21 mères de
plus de quarante ans.
1- De quel type d'étude épidémiologique s'agit-il ? Justifiez votre réponse.
2-Présentez les résultats de l'étude sous forme d'un tableau.
3-Déterminez le risque absolu de mortinatalité chez les femmes de plus de quarante ans.
4-déterminez le risque absolu de mortinatalité chez les femmes âgées entre vingt et trente ans.
5-Le risque de mortinatalité est-il significativement plus élevé chez les femmes de plus de
quarante ans que chez les femmes âgées entre vingt et trente ?
Correction
1- Il s'agit donc d'une étude de cohorte.
Justification : Etude prospective, deux groupes de femmes sont analysés: un groupe de
femmes exposées (plus de quarante ans) et un groupe de femmes non-exposées (âgées entre
vingt et trente ans). Suivie dans le temps des deux groupes
2- Présentation des résultats de l'étude sous forme d'un tableau.
Foetus sans vie
Foetus en vie
Exposée (>40 ans)
21
159
Non-exposée (20-30 ans)
31
501
le risque absolu de mortinatalité chez les femmes de plus de quarante ans.
3-
R1= 21/180=0,117
La probabilité de mettre au monde un fœtus sans vie pour une femme de plus de quarante
ans est donc de 11,7%.
4- le risque absolu de mortinatalité chez les femmes âgées entre vingt et trente ans.
R2 = 31/532=0,058
La probabilité de mettre au monde un fœtus sans vie pour une femme âgée entre vingt et
trente ans est donc de 5,8%.
5RR= R1/ R2 = 2,002
•
Le risque relatif étant supérieur à 1, on peut supposer une association entre l'âge élevé
de la mère et la naissance d'un fœtus sans vie.
23
Exercice 3 :
Afin de mettre en évidence le lien entre l’exposition professionnelle au plomb et le risque de
cancer du poumon, une équipe de chercheurs canadiens a mené une étude sur 738 hommes
atteints de cancer du poumon et 899 personnes saines. Ils ont dénombrés respectivement 81
et 23 personnes ayant été exposées au plomb.
1-De quel type d'étude épidémiologique s'agit-il ? Justifiez votre réponse
2- Présentez les résultats de l'étude sous forme d'un tableau.
3-Calculez la cote d’exposition chez les personnes atteintes de cancer et les personnes saines.
4- Quelle mesure d’association peut-on calculer ? Calculer et interpréter.
Exercice 4 :
Dans les années 1980, une association était suspectée entre la consommation maternelle de
caféine et la prématurité.Une étude a été conduite dans l’état de Caroline du Nord en 1988
pour tester cette association.
Quatre cent huit nouveau-nés prématurés et 490 nouveau-nés à terme ont été inclus dans
l’étude. Les mères ont été interrogées par une enquêtrice sur leur consommation de boissons
caféinées au cours de la grossesse.
Nouveau né
Boissons caféinées
Prématuré
A terme
oui
338
368
non
70
122
total
408
490
Type d’enquête? L’exposition ? Témoin? Fréquence d’exposition? Cotes d’exposition?
Correction :
-Il s’agit d’une étude cas-témoins
-L’exposition: consommation maternelle de boissons caféinées
-Témoin: les nouveau –nés à terme
-Fréquence d’exposition chez les cas: 338/408
-Fréquence d’exposition chez les témoins: 368/490
-Cote d’exposition chez les cas: 338/70
-Cote d’exposition chez les témoins: 368/122
-OR: (338 x 122)/(70x368) = 1,6
24
Déclaration des maladies
1-Classification des maladies
Les maladies sont classées selon les codes de la Classification Internationale des Maladies
(CIM) établie par L’OMS
La 10ème révision (connue sous la "CIM-10") est une liste de classifications médicales
codant notamment les maladies, signes, symptômes, circonstances sociales et causes externes
de maladies ou de blessures, publiée par l’OMS en 1993.
2-Déclaration des maladies
Définition :
C’est un acte régie par la loi obligeant les professionnels de santé à signaler, à l’autorité
sanitaire, l’apparition de toute maladie à déclaration obligatoire ou de tout phénomène de
santé anormal.
Objectif :
La déclaration des maladies permet de surveiller et suivre la tendance des maladies ainsi que
l’état sanitaire de la population et de prendre les mesures de prévention et de lutte qui
s’imposent
Maladies à déclaration obligatoire :
25
Ce sont les maladies faisant l’objet d’une transmission obligatoire de données individuelles à
l’autorité sanitaire.
La procédure de déclaration des maladies contagieuses:
La déclaration des maladies est un acte médical qui consiste à signaler à l’autorité sanitaire
habilité (Délégation, Région ou MS) l’apparition ou la présence d’un ou de plusieurs cas de
certaines maladies.
Recueillir exhaustivement les données des maladies à déclaration obligatoire afin de :
-
Analyser l’évolution dans le temps de ces maladies
-
Prévenir les risques d’épidémies
-
Détecter précocement une épidémie
-
Adapter les politiques de santé publique aux besoins de la population
2.1- Maladies à déclaration obligatoire - Réglementation
• Le décret Royal N°554-65 du 26 Juin 1967 portant loi rendant la déclaration de
certaines maladies obligatoire et prescrivant les mesures prophylactiques propres à
enrayer ces maladies ainsi que les sanctions en cas d’infraction aux dispositions du
présent décret.
• l’arrêté du MS n° 511- 65 du 27 Juin 1967 fixe la liste des maladies à déclaration
obligatoire et prescrive les mesures prophylactiques propres à enrayer les maladies
notamment dans ses articles 1,2,3,4,5,6
• Arrêté de laministre de la santé n° 23 80 - 09 du 17 ramadan 1430 (7 septembre 2009)
complétant l’arrêté du ministre de la santé publique n° 683-95 du 30 chaoual 1415 (31
mars 1995) fixant les modalités d’application du décret royal n° 554-65 du 17 rabii I
1387 ( 26 juin 1967).
Les maladies à déclaration obligatoires :
1) Maladies soumises au règlement sanitaire international :
-
La peste A20
-
La fièvre jaune A95
-
Le choléra A00
2) Maladies pouvant donner lieu à des poussées épidémiques :
-
La diphtérie A36
-
Le tétanos A35
-
La poliomyélite et les paralysies flasques aiguës A80
-
La rougeole B05
-
La coqueluche A37
26
-
La tuberculose A15-A19
-
Le paludisme B50-B54
-
La bilharziose B65
-
………….
2.2- Destination des déclarations :
La circulaire du MS N°755/292/201 du 24 Mars 1976 et celle du Ministère de l’intérieure
N°17 DLA/I du 17 Janvier 1977 précisent la destination des déclarations:
“Les déclarations des cas de maladie doivent être faites exclusivement à l’autorité sanitaire
provinciale ou préfectorale qui doit les cheminer au Ministère de la Santé”
Les déclarations des maladies sont faites sur des fiches de déclaration selon un model fixé
par l’article 3 de l’arrêté du MS. Ces fiches sont transmises des différents niveaux de
déclaration (Dispensaires, Centres de santé, Hôpitaux) aux autorités sanitaires provinciales ou
préfectorales qui doivent les cheminer par fax ou courrier électronique à l ’ORS puis au MS.
2.3- Maladies à déclaration obligatoire :
a-Les déclarations immédiates et quotidiennes: Ces déclarations concernent:
-
les maladies soumises au règlement sanitaire international
-
les paralysies flasques aigues: il existe un réseau de surveillance des PFA
-
La rage humaine
-
La méningite cérébro-spinale probable ou confirmée
-
Epidémie de tous genre (grippe, conjonctivites..)
-
Les cas confirmés de leishmaniose, paludisme et bilharziose
La déclaration se fait par téléphone ou Fax et la confirmation sera faite par écrit et envoi de
l’enquête.
b-Les déclarations hebdomadaires:
Ces déclarations se font par fax, messagerie électronique et concernent les maladies à
déclaration hebdomadaire (rougeole, coqueluche , diphtérie , méningite, typhoïde, hépatites
virales épidémiques, leptospirose, Toxi infection alimentaire collective, gastro-entérite aigues)
c- Les déclarations mensuelles: Se font par messagerie électronique ou envoie du rapport
mensuel par courrier, concerne paralysies flasques aigues , tétanos néo-natal et non neo-natal,
tuberculose, paludisme , bilharziose, leishmaniose,lèpre,syphilis, trachome, conjonctivites,
rhumatisme articulaire aigu et la rage humaine
d- Déclarations trimestrielles: concernent les infections Sexuellement transmissibles, soins
oculaires primaires , les maladies parasitaires (paludisme, bilharziose, leishmanioses), la
méningite
27
Surveillance épidémiologique
1-surveillance épidémiologique :
C’est la collecte, l’analyse et l’interprétation régulière et systématique de données sanitaires
pour la description, la mise en œuvre et l’évaluation des interventions et programmes de santé
publique.
En pratique, la surveillance épidémiologique est un processus systématique et continu,
composé de quatre activités:
-
Collecte de données,
-
Préparation de bases de données exploitables,
-
Analyse et interprétation de ces données,
-
Diffusion de l’information (données et interprétations) aux services intéressés.
Objectifs :
- Assembler des information sur les déterminants du risque, la répartition géographique, les
maladies , les entités géographique ou sur les catégories d’individus à risque :
Décrire
- Détecter l’apparition de maladies ( épidémique, endémique ) : Détecter
-
Déterminer les buts et objectifs à atteindre, à partir des informations sur les
prévalences et les tendances, dans le but d’élaborer les interventions adéquates
- Evaluer si les buts et les objectifs ont été atteints :
Evaluer
2- Type de la surveillance épidémiologique :
Surveillance passive: l’information est acheminée sans intervention des services de
-
la surveillance (Le système attend l’information).
Surveillance active: la collecte des données d’une façon périodique (Le système
-
recherche l’information).
Surveillance sentinelle: action limitée dans le temps et dans l’espace mais répétée
-
régulièrement (suivi épidémiologique dans un foyer précis).
3-Critère de qualité d’un système de surveillance :
-
Simplicité: Il doit être simple pour en faciliter l’utilisation et pour accélérer la
circulation de l’information
-
Souplesse: Il doit être capable de s’adapter aux changements (définitions, sources
d’information..)
-
Acceptabilité: Il doit être accepté par les personnes et les structures, sources de
l’information (niveau d’adhésion)
28
-
Sensibilité: Il doit être capable de détecter toute anomalie ou problème de santé
-
Spécificité: Il doit être capable de trancher quant à l’absence de problème de santé
-
Représentativité: Il doit être capable de cerner la distribution des phénomènes de
santé (dans le temps, l’espace et de personne)
-
Réactivité: Il doit être rapide dans la diffusion de l’information, dans la détection des
anomalies et dans l’instauration des mesures de contrôle
4-Système de la surveillance épidémiologique au Maroc.
29
Investigation épidémiologique
1-Investigation épidémiologique.
•
Recueillir des informations
•
Valides et fiables
•
Mettre en place des actions
Une épidémie est une augmentation inattendue d’événements de santé en un temps et un lieu
donnés par rapport à la situation habituelle
Augmentation ?
-
Par rapport à la situation habituelle (surveillance)
-
Combien (Seuil)
Maladie connue ou non ?
Unité de temps et de lieu
Situation habituelle
Connaissances de cette situation
Surveillance
Pourquoi enquêter ?
-
Enrayer la propagation du phénomène
-
Prévenir la survenue de nouveaux épisodes
-
Augmenter les connaissances sur la maladie
-
Evaluer la qualité du système d’alerte
2- Etapes de l’enquête épidémiologique (10 étapes)
1. Confirmer la présence de l’épidémie
2. Vérifier le diagnostic
3. Etablir la définition des cas
4. Collecte des données
5. Décrire l’épidémie selon les caractéristiques de lieu, personnes et temps
Phase descriptive
6. Formaliser les hypothèses
7. Tester les hypothèses par une enquête étiologique
8. Etablir les mesures de contrôle
9. Préparer le rapport de l’investigation
10. Continuer la surveillance
Phase analytique
30
Etape 1-Confirmer la présence de l’épidémie
Dépassement du seuil épidémique (système de surveillance)
En cas de maladie rare : survenue d’un nombre de cas manifestement élevé
Etape 2- Confirmer le diagnostic
Etudier la distribution des signes parmi les malades
S’assurer de la cohérence des symptômes entre les malades
Confirmer le diagnostic clinique à l’aide de techniques de laboratoire :
•
Sérologie
•
Isolement de l’agent causal
•
Recherche de toxines
Etape 3-Etablir la définition des cas
Définir et identifier les cas (certains (cas confirmés), probables ou possibles (cas douteux) en
se basant sur des critères objectifs:
-
Signes cliniques
-
Signes paracliniques (examens de certitude)
-
Epidémiologiques (caractéristiques de personne, de lieu et de temps)
Etape 4- collecte des données
▪
Une fiche d’enquête doit être établie pour chaque malade. Elle doit comprendre les
informations nécessaires:
-Démographique : âge, sexe, adresse, etc
-
Cliniques et biologiques
-
Temporelles: date de début des signes
-
Toutes informations jugées utiles
▪
Recherche active des cas auprès:
-
Hôpitaux
-
Centre de santé
-
Laboratoires
-
Médecins privés
-
communauté
Etape 5: Décrire l’épidémie
Organiser les données collectées de manière à pouvoir décrire l’épidémie selon les
caractéristiques de : Temps : Quand?
Lieu: Où ?
Personnes : Qui ?
31
Etape 6- Formuler des hypothèses :
Elaborer des hypothèses sur l’agent causal, le(s) réservoir(s), son véhicule, le(s) mode(s)
de transmission
Etape 7 : Tester les hypothèses:
Mettre en place une enquête de type cas-témoin (interrogatoire rétrospectif des cas),
enquête de terrain notamment à la recherche de la preuve biologique (prélèvements chez les
sujets et dans l’environnement), réservoirs naturels et autres véhicules ou vecteurs,…
Etape 8-Etablir les mesures de contrôle
Ne pas attendre la fin de l’investigation :
•
Mesure générales au début
•
Spécifiques selon les résultats
Types de mesures pour contrôler
•
La source (ex.: chloration de l’eau)
•
La transmission (ex. mesure d’hygiène)
•
Vecteurs (ex. désinsectisation)
•
Diminuer la susceptibilité de l’hôte (ex. vaccination)
Etape 9- Préparer le rapport de l’investigation
Intérêt :
- Documenter l’investigation, ses résultats
-Proposer des recommandations
-
Pousser les autorités locales à entreprendre les mesures de lutte et de préventions
-
Références pour des investigations ultérieures
Etape 10 – Continuer la surveillance
-
Il est essentiel d’assurer une surveillance épidémiologique permanente, tout en
évaluant l’efficacité des mesures de contrôle instaurées
32
Exemple :
33
34
Épidémiologie et prévention des maladies transmissibles
1-prévention des maladies transmissibles
Prévention: ensemble des mesures (individuelle et collective) visant à éviter ou à réduire le
nombre et la gravité des maladies et des accidents.
1.1-Niveaux de prévention :
-
Prévention primaire: Réduire l’incidence d’un problème de santé (apparition)
-
Prévention secondaire: Réduire la prévalence d’un problème de santé (gravité)
-
Prévention tertiaire: Réduire la prévalence des complications ultérieures (rechutes )
1.1.1-Mesures de prévention primaire :
La prévention primaire a pour objectif de limiter l’incidence des maladies par une action au
niveau des causes et des facteurs de risque spécifiques. Les efforts de prévention primaires
peuvent être axés sur :
• L’ensemble de la population dans le but de réduire le risque moyen (stratégie axée sur
la population ou « de masse ») ; ou
• Les personnes à haut risque par suite d’expositions particulières (stratégie axée sur "les
sujets à haut risque")
Prévention individuelle:
-
Hygiène corporelle
-
Hygiène vestimentaire
-
Alimentation
-
Activité physique
-
Vaccination
-
Education , information…
Prévention collective (sociale):
-
Distribution d’eau potable
-
Elimination des déchets solides et liquide
-
Hygiène alimentaire
-
Habitat
-
Travail
-
Vaccination…
35
1.1.2-Mesures de prévention primaire :
La prévention secondaire vise à réduire les conséquences plus graves de la maladie grâce à
un diagnostic et à un traitement précoces. Elle englobe les mesures disponibles au niveau
individuel et collectif pour un dépistage précoce suivi d’une intervention efficace. La
prévention secondaire concerne la période qui se situe entre le moment où la maladie se
déclare et celui où elle est normalement diagnostiquée et vise à réduire la prévalence de la
maladie.
1.1.3 -Mesures de prévention tertiaire :
La prévention tertiaire vise à freiner l’évolution ou à atténuer les complications d’une maladie
installée et constitue un aspect important de la médecine thérapeutique et de réadaptation. Elle
consiste en mesures visant à réduire les déficits et les incapacités, à atténuer la souffrance
causée par une santé fragile et à aider les malades à procéder aux ajustements nécessaires en
cas de maladie incurable. Il est souvent délicat de distinguer prévention tertiaire et traitement,
puisque l’un des objectifs essentiels du traitement des maladies chroniques consiste à prévenir
les récidives.
2-Dépistage :
2.1-Définition :
C’est l’identification de sujets présentant une maladie ou une anomalie inapparente, ou bien
un risque d’une maladie donnée au sein d’une population indemne (en bonne santé).
C’est une action de prévention secondaire visant à identifier, à l’aide d’un test rapide, les
personnes atteintes d’un problème de santé latent, passé jusque là inaperçu.
Le dépistage concerne des personnes apparemment en bonne santé (différence entre
dépistage et diagnostic).
Le dépistage cherche à différencier, au sein des personnes apparemment en bonne santé, entre
celles qui sont probablement atteintes d’une maladie donnée et celles qui en sont
probablement exemptes.
2.2-Types de dépistage :
Il existe différents types de dépistage, dont chacun a des objectifs propres :
Dépistage de masse: un dépistage large généralisé à toute la population
Dépistage sélectif : orienté vers des groupes dits à haut risque définie par la présence d’un ou
de plusieurs facteurs de risque
36
Il peut être réalisé dans deux contextes différents :
- Dépistage individuel: Intégré au dispositif de soins général, pratiqué lors de soins pour
un autre problème
- Dépistage spécifique: Faire l’objet d’un dispositif spécifique (exple: les centres de
dépistage anonyme et gratuit pour le VIH)
3-Eviction scolaire :
Ce terme signifie le fait que les enfants atteints d’une maladie contagieuse doivent cesser de
fréquenter leur école pendant une durée qui dépend de la maladie en cause (les durées
d'éviction ont été fixées par arrêté).
Quelques exemples:
Coqueluche: 30 j à compter du début de la maladie
Méningite, rougeole, rubéole, Oreillons: jusqu'à la fin de la maladie
Poliomyélite: jusqu'à la disparition du virus dans les selles
Varicelle: jusqu'à ce que les dernières croûtes soient tombées
4-Isolement
4.1-objectif :
Le principe de l'isolement a pour objectif de prévenir la circulation des germes par la mise en
place de barrières géographiques et techniques empêchant toutes les formes de contacts
possibles entre les patients et les sources de colonisation.
4.2-Types d’isolement :
2.2.1-Isolement septique :
Procédure visant à s'opposer à la transmission des agents infectieux d'un malade infecté à un
autre sujet ou au personnel soignant.
Les mesures d'isolement septique à mettre en oeuvre sont définies en fonction de l'agent
infectieux en cause, du site de l'infection et des voies de transmissions des agents infectieux.
Indications:
•Lors d'une affection naturellement contagieuse (ex. tuberculose pulmonaire, varicelle, fièvre
typhoïde...)
• Lors d’une affection par un agent spontanément non contagieux mais susceptible de
disséminer dans l'environnement et d'être transmis à un autre patient via les mains du
personnel ou du matériel (ex: abcès avec écoulement purulent, infection cutanée à
staphylococcus aureus...)
37
• Lorsqu'un patient est porteur ou excréteur d'un agent infectieux multi-résistant aux
antibiotiques et connu pour son risque de diffusion épidémique (ex. entérobactéries
productrices de béta-lactamases à spectre étend)
Les principales mesures:
les précautions d'hygiène pour tout patient afin d'assurer une protection systématique des
patients et des personnels (hygiène des mains, gants, un masque, des lunettes, une surblouse, matériel à usage unique..)
4.2.2-Isolement protecteur
Procédure visant à protéger un sujet particulièrement réceptif, de tout risque infectieux
provenant de l'environnement, des autres patients et des membres du personnel
La mise en place et la levée de l'isolement relève, dans tous les cas, d'une prescription
médicale pour une durée déterminée.
Indications:
•
Patient immunodéprimé par un traitement ou par une maladie (SIDA, Cancer...)
• Grand brulé
•
Patient transplanté
•
Prématuré
Les principales mesures:
•
Hygiène des mains avant d'entrer dans la chambre et avant tout soin au patient
•
Chambre individuelle.
•
Port d'une blouse si non à usage unique
•
Port d'un masque chirurgical systématique dès l'entrée de la chambre
•
Hygiène corporelle minutieuse du patient (éviter toute contamination endogène)
•
Hygiène de l'environnement: nettoyage quotidien
•
Désinfection de tout matériel /matériels à patient unique
•
Alimentation contrôlée et eau en bouteille
38
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