LE « PERFECTIONNEMENT HUMAIN » UN PRINCIPE DU MVET-EKANG : AUX SOURCES D’UN
TRANSHUMANISME AFRICAIN.
INTRODUCTION
Les cultures orales, écrites et artistiques qui parsèment les traditions anthropologiques et
philosophiques africaines mettent généralement en valeur un certain nombre de représentations, d’idées,
de croyances et de récits qui permet de définir l’homme africain dans son cosmos, sa société et son
identité personnelle. Le Mvet est l’une de ses riches traditions que l’on retrouve dans l’architecture de
l’anthropologie culturelle de certain pays d’Afrique Centrale. En ce sens, il s’illustre comme l’un des plus
vieux récits faisant du thème de l’immortalité humaine un principe dynamique avec pour référence un
mode opératoire inouïe et spectaculaire : l’incorporation métallique. Or, cette approche nous semble de
plus en plus contemporaine et rappelle certaines thèses du mouvement transhumaniste, notamment la
thématique de l’hybridation homme-machine grâce aux prothèses mécatroniques et autres implants
électroniques, le but étant un « perfectionnement de l’être humain » avec pour corollaire l’absence de la
vulnérabilité, le repoussement de la durée de vie et l’extension de la mort. Pourrait-on se demander alors
si ce projet transhumaniste autant qu’il émerge théoriquement dans la culture occidentale n’est-il pas
universel ? En d’autres termes, qu’est-ce qui légitimerait dans l’épopée du Mvet, un héritage culturel de
l’idée d’une quête de l’immortalité dont l’homme africain pourrait se targuer d’en justifier sinon la
nécessité du moins la désirabilité ? Mieux, peut-on établir un lien entre le Mvet et le Transhumanisme ?
Ces deux termes barbares que rien ne rapproche a priori, mais qui pourtant, nous semblent
théoriquement abordables, l’article suivant tentera d’établir un rapprochement à partir d’un angle de
perception ontologique et axiologique mettant en relief l’hypothèse de perfectibilité humaine telle qu’elle
ressort dans l’étude du corps comme espace symbolique dans le Mvet-Ekang et l’hypothèse
bioprogressiste d’une amortalité humaine via une cyborgisation des composants ou du tout humain.
Il s’agira d’examiner un aspect du récit épique du Mvet-Ekang tel qu’il est constitutif d’une
réorganisation de la structure organique du corps humain. Suivant une approche comparatiste, il sera
question d’évaluer de part et d’autre du Mvet et du transhumanisme, la perspective d’une représentation
symbolique et philosophique du perfectionnement humaine. Pour le faire, on mettra en exergue deux
contextes théoriques. Le premier permettra de situer le contexte d’émergence du transhumanisme et le
second présentera un corpus à partir duquel nous conjecturons l’idée d’un transhumanisme africain.
L’enjeu de cet article étant de conforter l’hypothèse d’une universalité du projet transhumaniste.