Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS Isoméries et Stéréoisoméries Isomérie Stéréoisomérie Isomérie de constitution Fonction Position Isomérie de conformation Isomérie de configuration Chaîne Diastéréoisomérie Isomérie éthylénique Z/E Enantiomérie Un ou plusieurs carbones asymétriques, images l'un de l'autre mais non superposables Isomérie cyclanique cis/trans Molécules comportant plusieurs carbones asymétriques et non images l'un de l'autre Les isomères sont des espèces chimiques de même formule brute qui diffèrent par : • • I. l’ordre ou la nature des liaisons (isomérie de constitution), ou par la disposition des atomes dans l’espace (stéréoisomérie). ISOMÉRIE PLANE ou ISOMÉRIE de CONSTITUTION 1) Isomérie de constitution : on appelle isomères de constitution, deux molécules qui possèdent la même formule brute mais ont des formules développées planes différentes. Les isomères ont des propriétés physiques, chimiques et biologiques différentes. On distingue trois types d’isomérie : 47 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS a) Isomérie de fonction : les isomères groupements fonctionnels différents : CH3 C CH3 de fonction CH2 CH3 C3H6O O C ont des H O Fonction cétone Fonction aldéhyde b) Isomérie de position : les isomères de position ont la même fonction, mais le groupement fonctionnel ou une insaturation (une double liaison entre deux carbones) est porté par des carbones différents de la chaîne carbonée : CH3 CH CH2 CH3 CH3 CH2 OH C3H8O OH Propan-2-ol alcool II Propan-1-ol alcool I c) Isomérie de squelette ou de chaîne : L’enchaînement des atomes sur le squelette carboné est différent : CH3 CH CH3 CH3 CH2 CH2 CH3 C4H10 CH3 méthyl propane Butane 2) Tautomérie : c’est la transformation d’un groupe fonctionnel en un autre par déplacement (migration) facile et rapide d’un atome d’hydrogène entre deux atomes. Les deux formes tautomères coexistent et sont en équilibre chimique, ce sont deux isomères de fonction particuliers : C CH C C C Y C YH II. STÉRÉOISOMÉRIE Lorsqu'on considère une molécule dans l'espace à trois dimensions, de nouveaux cas d'isomérie peuvent apparaître. On parle alors d'isomérie spatiale ou de stéréoisomérie. On appelle stéréoisomères, des isomères qui ont la même formule développée plane mais qui diffèrent par l'arrangement spatial (disposition géométrique) de leurs atomes. Il existe différentes manières de représenter les stéréoisomères dans l’espace: 48 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS a) Représentation perspective (ou perspective cavalière) : La représentation en perspective est essentiellement utilisée pour des molécules cycliques: b) Représentation projective ou convention de Cram : Elle consiste à représenter une liaison par convention : Liaison dans le plan du papier : Liaison en avant du plan du papier : Liaison en arrière du plan du papier : On place généralement la chaîne hydrocarbonée la plus longue dans le plan de la figure. c) Projection de Newman : Dans la représentation de Newman, la molécule est regardée dans l’axe d’une liaison simple C-C entre deux atomes de carbone voisins. Les liaisons issues des deux atomes sont projetées sur un plan perpendiculaire à l’axe de la liaison étudiée : Les liaisons de l’atome le plus proche (de l’observateur) sont représentées par des segments partant du même point, formant des angles de 120°. 49 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS Le second carbone (le plus éloigné de l’observateur), éclipsé par le premier, est représenté par un cercle. Les liaisons de cet atome sont représentées par des segments s’arrêtant à la périphérie du cercle. La Projection de Newman d'un composé organique permet d'étudier ses différentes conformations (on passe d'un conformère à un autre par rotation autour d'une liaison simple C-C). d) Projection de Fisher : En projection de Fischer, les liaisons sont représentées par des traits pleins verticaux et horizontaux, selon les conventions suivantes : Les traits verticaux représentent les liaisons en arrière du plan de la figure. Les traits horizontaux représentent les liaisons en avant du plan de la figure. la chaîne carbonée la plus longue est placée verticalement et numérotée de haut en bas. Le chaînon de plus faible indice (le plus souvent associé au carbone le plus oxydé) est placé en haut. Cette représentation est utilisée, essentiellement en biochimie pour représenter les sucres et les acides aminés. Les stéréoisomères peuvent être des isomères de configuration ou des isomères de conformation : A. ISOMÉRIE de CONFIGURATION Les stéréoisomères de configuration sont des molécules qui ne sont pas superposables. Ce sont des espèces isolables qui possèdent des propriétés physico-chimiques différentes. Pour passer d’une configuration à une autre, il faudrait rompre des liaisons, ce qui demanderait beaucoup d’énergie. 50 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS A température ordinaire, l’agitation thermique ne suffit pas. On peut donc séparer les deux stéréoisomères. On distingue deux types de stéréoisomères de configuration : o o les ÉNANTIOMÈRES, les DIASTÉRÉOISOMÈRES. 1) Isomérie optique & Énantiomérie : a) Chiralité : La chiralité d’un objet désigne sa propriété de ne pas être superposable à son image dans un miroir plan. Plusieurs composés qui existent dans les organismes vivants sont chiraux. o Une main est un objet chiral. o Une molécule contenant un carbone asymétrique (C*) est chirale. Un C* est un carbone tétraédrique hybridé (sp3) lié à 4 atomes (ou groupements d’atomes) différents : Les 2 stéréoisomères, images non superposables, appelés énantiomères ou isomères optiques. sont Certaines molécules possèdent des carbones chiraux, mais sont toutefois superposables à leur image dans un miroir. Les molécules suivantes possèdent plusieurs carbones asymétriques : 51 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS Par contre, elles possèdent aussi un centre de symétrie ou un plan de symétrie. Posséder un centre de symétrie ou un plan de symétrie implique qu’une molécule pourra toujours être superposée à son image dans un miroir. b) Activité optique : La plupart des énantiomères possèdent des propriétés physicochimiques identiques, à l'exception de leur pouvoir rotatoire. Deux énantiomères purs font dévier le plan de la lumière polarisée d’une valeur égale mais en sens opposé. On dit que ces molécules sont optiquement actives ou douées de pouvoir rotatoire : • L'énantiomère faisant tourner le plan de polarisation de la lumière vers la droite est dit dextrogyre, noté (d) ou (+); (« qui tourne à droite », en latin dextro : droite). • celui faisant tourner le plan vers la gauche est dit lévogyre, noté (l) ou (-) ; (« qui tourne à gauche », en latin laevus : gauche.). • Un mélange racémique est optiquement inactif car il contient les deux énantiomères en quantité équimolaire et a un pouvoir rotatoire nul. Le "racémique" est noté (±). Expérience : Quand une substance optiquement active est traversée par un faisceau de lumière polarisée, elle provoque une rotation du plan de polarisation de cette lumière d'un angle α qu'on peut mesurer expérimentalement grâce à un polarimètre. Le polarimètre est un appareil qui utilise la lumière dite polarisée (lumière qui n’évolue que dans un plan, appelé le plan de polarisation). Il est constitué d’une cuve de longueur l, remplie d’une solution d’un énantiomère à la concentration C : α est proportionnel à la longueur de la cuve contenant la substance optiquement active et à la concentration de la solution. α dépend également du solvant, de la longueur d’onde de la lumière et de la température. 52 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS Pour chacun des 2 énantiomères d'une molécule chirale, on définit t un pouvoir rotatoire spécifique [α ]λ donné par la loi de BIOT : α : angle de rotation optique observée (en degrés) l : longueur de la cuve contenant la solution (en dm). c : concentration de la solution (en g/mL). t : température (°C) λ : longueur d’onde de la lumière incidente. c) Enantiomérie : Les énantiomères possèdent des propriétés chimiques identiques vis-à-vis d'un réactif non chiral. Par contre, vis-à-vis d'un récepteur chiral, leur réactivité peut être très différente (une chaussure droite distingue un pied droit d'un pied gauche, alors qu'une chaussette ne le fait pas). Cela induit des propriétés biologiques très différentes voire opposés. Pour qu'une molécule ait un effet biologique, elle doit interagir avec un site récepteur particulier dans l’organisme (membranes, enzymes…). Les systèmes biologiques récepteurs sont eux-mêmes chiraux car ils sont constitués de molécules chirales (protéines, glucides, acides nucléiques…), ils interagissent différemment avec les deux énantiomères d'une molécule chirale externe : la forme du site récepteur est telle que seule une molécule présentant une forme complémentaire peut s'adapter correctement. Le plus souvent, l'action pharmacologique d'un médicament n'est portée que par un seul des énantiomères. Le second, dans le meilleur des cas se révèle inactif, mais il peut arriver qu’il ait une activité thérapeutique complètement différente de celle de l'autre : 53 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries • Le limonène est constitué de deux énantiomères qui sont utilisés dans l'industrie des parfums : - • Nadia BOULEKRAS le (R)-limonène possède une odeur d'orange ; le (S)-limonène a une odeur de citron. Un précurseur de la dopamine, utilisé comme traitement dans la maladie de Parkinson, existe sous deux formes énantiomères. Seul l'énantiomère L-DOPA a une activité thérapeutique : COOH HO H NH2 HOOC OH H 2N H OH HO D-Dopa • L-Dopa (agent antiparkinsonien) La thalidomide, un anti-nauséeux utilisé dans les années 60 sous forme racémique. Or, si un des énantiomères était effectivement un anti-nauséeux, l'autre était un tératogène (malformation de l’embryon). L’activité tératogène a été attribuée à l’énantiomère (S). d) Règles de Cahn-Ingold-Prelog (C.I.P.) : La façon dont les énantiomères s'organisent dans l'espace permet d'attribuer par convention une configuration dite absolue à chacun d’eux. Ces configurations sont dites le plus souvent R (rectus) ou S (sinister). En chimie des sucres et des acides aminés, 54 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS ces configurations sont quelques fois dites L ou D. Dans tous les cas, la nature de la configuration adoptée par convention, sur la base d'un classement par rang de priorité des substituants (règles de Cahn, Ingold et Prelog), est indépendante du pouvoir rotatoire mesuré expérimentalement (un énantiomère de configuration S peut être lévogyre ou dextrogyre et inversement). Les règles qui permettent de déterminer l'ordre de priorité des quatre substituants sont les suivantes : • • • la priorité des atomes diminue avec leur numéro atomique Z (Br>F>C>H). pour deux atomes isotopes, la priorité diminue avec la masse (D>H). Si les atomes directement attachés à un centre chiral sont identiques, on compare alors les atomes de 2ème rang. Si c'est nécessaire, on considérera les atomes en 3ème, position… • 4ème Les doubles ou triples liaisons sont décomposées en 2 ou 3 liaisons simples. 55 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS e) Détermination de la configuration absolue : Les quatre substituants 1, 2, 3, 4, de l'atome de carbone ordre de priorité asymétrique (C*) sont placés par décroissante: 1 > 2 > 3 > 4. L'observateur étant placé de façon opposée à la liaison C*-4 : • • Si l’ordre de priorité des groupes 1 → 2 → 3 suit la rotation des aiguilles d’une montre, la configuration est R (rectus, latin, droit). Si l’ordre de priorité suit la rotation inverse des aiguilles d’une montre, la configuration est S (sinister, latin, gauche). Le symbole est ajouté sous forme de préfixe au nom de la molécule. La détermination des configurations absolues R et S peut se faire directement sur la projection de Fischer. Pour cela il faut suivre les règles suivantes : 1er cas: 4 se trouve en position verticale, le sens de rotation 1 → 2 → 3 donne directement la configuration absolue. 2ème cas : 4 se trouve en position horizontale, la séquence 1 → 2 → 3 indique l'inverse de la configuration absolue. 56 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS 2) Isomérie géométrique & Diastéréoisomérie : Les diastéréoisomères sont des stéréoisomères de configuration qui ne sont pas image l'un de l'autre dans un miroir. Les diastéréoisomères, à la différence des énantiomères, ne possèdent pas les mêmes propriétés physico-chimiques ; ils peuvent donc être plus facilement séparés par distillation, recristallisation ou chromatographie. La diastéréoisomérie peut être due, soit à : • • Présence d’une double liaison. Existence de plusieurs carbones asymétriques. a) Isomérie géométrique des éthyléniques : La présence d'une double liaison C=C (éthylénique), C=N (imine…) ou N=N (diazonium) empêche la rotation des deux atomes l'un par rapport à l'autre. Par conséquent, si chacun de ces deux atomes porte 2 groupements différents, il peut exister deux configurations distinctes appelées stéréoisomères géométriques ou diastéréoisomères de type Z/E. Pour les nommer, on utilise les règles (C.I.P) qui permettent de classer les groupements sur chaque carbone : o o si les deux groupements prioritaires a et a' sont du même côté de l’axe de la double liaison, il s’agit de l’isomère Z (de l’allemand Zusammen qui signifie ensemble). si a et a' sont de part et d’autre de la double liaison, il s’agit de l’isomère E (de Entgegen qui signifie opposé). Nomenclature Z/E : De manière générale, les configurations Z sont plus rares car les groupements prioritaires (souvent les plus volumineux) sont déstabilisés par leur encombrement stérique. 57 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS b) Isomérie cyclanique Cis/Trans : La diastéréoisomérie cis-trans est utilisée dans les composés cycliques qui portent deux substituants R identiques. Elle repose sur la position relative des deux substituants : o o si les 2 substituants se trouvent du même côté d'un plan défini par le cycle ; il s’agit de l’isomère " Cis". Si les 2 substituants se trouvent de part et d'autre du plan du cycle ; c’est l’isomère " Trans ". Nomenclature cis/trans : c) Molécules comportant plusieurs C* : La diastéréoisomérie est dû à la présence de 2 (ou plus) C* dans une molécule. De telles molécules sont fréquentes dans la nature et notamment dans les composés naturels: sucres, acides aminés… Une molécule contenant plus d’un carbone asymétrique n’est pas nécessairement chirale. Pour une structure donnée, il n’existe qu’une molécule image dans un miroir ; les autres structures possibles sont des diastéréoisomères. 58 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS Quand une molécule possède plusieurs carbones asymétriques, on prévoit 2 configurations possibles pour chacun. Il peut donc exister 2n stéréo-isomères. Cette règle permet de prévoir le nombre maximal de stéréo-isomères, mais si certains substituants sont identiques ce nombre maximal ne sera pas atteint (car le nombre d'arrangements possible est plus petit). Règle : si une molécule contient n carbones asymétriques, le nombre de stéréoisomères est 2n (des éléments de symétrie interne diminuent ce nombre). Nomenclature R/S pour une molécule à 2C* : B. ISOMÉRIE de CONFORMATION 1) Définition : Deux conformères représentent la même molécule, dans des dispositions spatiales et état d’énergie différents. Le passage d'une conformation à une autre se fait par simple rotation autour d'une liaison simple (liaison σ), sans rupture de liaison. Ce passage ne nécessite que quelques KJ et se fait rapidement à température ambiante et le même composé existe successivement sous différentes conformations en équilibre entre elles. D'une manière générale, les différents conformères d'une même molécule ne constituent pas des espèces chimiques distinctes. En effet, la faible barrière énergétique qui les sépare, ne permet pas de les séparer dans les conditions ordinaires (25°C, 1 atm). 59 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS L’isomérie de conformation, c’est-à-dire la possibilité que les molécules peuvent subir des déformations (de longueurs ou d’angle de liaisons) sans que leurs liaisons se cassent, a une énorme importance dans le vivant : • • • • les réactions de synthèse des protéines les réactions de duplication de l’ADN l’efficacité des enzymes les mécanismes biocatalytiques Certains composés d'intérêt thérapeutique peuvent toutefois se révéler davantage actifs sous l'une ou l'autre de leurs conformations. 2) Analyse conformationnelle : C’est l’étude des équilibres entre les différentes conformations d’une même molécule. La barrière d'énergie à franchir pour passer d'une conformation à l'autre est faible, ce qui explique que les molécules tournent librement autour de la liaison C-C. a) Les conformations de l’éthane : CH3-CH3 Les deux structures de l’éthane (décalée et éclipsée) représentées ci-dessous se déduisent l’une de l’autre par rotation, d’un angle σ, autour de l’axe de la liaison C-C. L’expérience montre qu’à température ordinaire, ces deux structures ne sont pas séparables car la même molécule se présente successivement sous une infinité de conformations : Si σ = 0° ou 120° ou 240°, on a une conformation éclipsée. Si σ = 60° ou 180° ou 300°, on a une conformation décalée. Aspect énergétique: Si l'on considère l'énergie potentielle de cette molécule, on s'aperçoit qu'elle varie suivant la position respective des hydrogènes des deux carbones adjacents. D’un point de vue énergétique, il existe deux positions extrêmes : - l'éthane éclipsé, conformation la moins stable (énergie potentielle maximale) l'éthane décalé, conformation la plus stable (énergie potentielle minimale). 60 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS Cela s’explique par les répulsions électroniques (des doubles liants) qui sont minimales dans la forme décalée (lorsque les distances entre les doublets sont maximales) et maximales dans la forme éclipsée. La différence d’énergie entre la valeur maximale et la valeur minimale est appelée barrière d’énergie (elle est de l’ordre de 12 kJ.mol-1 pour l’éthane). Cette énergie est du même ordre de grandeur que l’énergie d’agitation thermique : les molécules passent d’une conformation à l’autre, à la suite des chocs intermoléculaires. b) Les conformations du butane : CH3-CH2-CH2-CH3 Aspect énergétique: D'un point de vue énergétique, les conformations les plus stables sont les conformations décalées, la plus stable de toutes étant la conformation anti (α = 180°). C'est celle dont l'énergie est minimale (les deux groupes méthyle -CH3 sont le plus loin possible l’un de l’autre, l’effet de gène stérique entre les deux est moindre). Les conformations éclipsées sont d'énergie supérieure. La conformation la moins stable étant celle pour laquelle α = 0° (conformation syn). La barrière énergétique (25 kJ.mol-1) est suffisamment basse pour qu’il y ait libre rotation. 61 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries Nadia BOULEKRAS c) Les conformations du cyclohexane : C6H12 Le cyclohexane est un hydrocarbure cyclique saturé de formule brute C6H12. La rotation autour des axes C-C permet d’adopter une infinité de conformations (respectant les longueurs de liaison et approximativement les angles valenciels). Cependant, deux conformations remarquables sont obtenues pour le cyclohexane, il s’agit des formes appelées "chaise" et "bateau" : Diagramme énergétique du cyclohexane Ces deux formes se transforment l’une en l’autre avec facilité. Toutefois, la forme chaise est plus stable. La différence d'énergie entre les conformations chaise et bateau est telle qu'à la température ordinaire, 99 % des molécules de cyclohexane sont sous forme chaise. Dans la forme chaise, les douze liaisons C-H se divisent en deux groupes : • les liaisons axiales, perpendiculaires au plan moyen du cycle (verticales sur le dessin). 62 Chapitre IV :Isoméries et stéréoisoméries • Nadia BOULEKRAS les liaisons équatoriales, situées approximativement dans le plan moyen du cycle. Lorsque le cyclohexane est substitué, le substituant porté par un des atomes de carbone peut occuper soit une position axiale, soit une position équatoriale. La conformation qui sera privilégiée sera celle pour laquelle il y aura, moins de gène stérique (substituant plus dégagé du reste de la molécule). Règle générale : on constate que les substituants volumineux se placent préférentiellement en position équatoriale (interactions faibles). Lorsque le cyclohexane est substitué, la forme chaise pour laquelle le substituant se trouve en position équatoriale est la plus stable. Aspect énergétique: A température ambiante, l’agitation thermique permet d’obtenir toutes les conformations. Les conformations chaises sont de loin les plus stables et les plus abondantes (99 % des molécules). En effet, pour les conformations chaise, toutes les liaisons sont décalées, ce qui est favorable énergiquement. Le cas est différent pour les autres conformations, telles que des conformations bateau et des conformations croisées. Références & Bibliographie conseillée • • • • http://personnel.univ-reunion.fr/briere/ cecnbouvier.educanet2.ch/chimie4os/stereoisomeresepfl.pdf http://www.orgapolym.com/accueil_caco.html http://fr.wikipedia.org/wiki/Isom%C3%A9rie • • McMurry, John, Chimie organique - les grands principes, Dunod, 2000. Solomons, Graham et Fryhle, Craig. Chimie organique, Dunod. 7ème édition, 2000. Arnaud, Paul. Cours de chimie organique, Dunod, 18e édition, 2009. • 63 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Effets électroniques dans les molécules organiques On note 2 types d’effets électroniques, les effets inductifs qui sont liés à la polarisation d'une liaison σ, et les effets mésomères, qui sont dus à la délocalisation des électrons π. Les deux effets peuvent exister ensemble dans une même molécule. Dans le cas d’une coexistence de 2 effets inductif et mésomère de signes opposés, c’est toujours l’effet mésomère qui l’emporte. I. POLARITÉ et POLARISATION des LIAISONS 1) Répartition électronique dans les molécules organiques : La répartition électronique au sein d’une molécule détermine en très grande partie sa réactivité. Cette répartition n’est généralement pas symétrique. Lorsqu’une liaison covalente unit deux atomes identiques (X-X), le doublet d’électrons est partagé entre les deux atomes. Le nuage électronique se répartit équitablement sur les deux atomes. Il n’existe donc pas de polarité (µ = 0). Si les deux atomes sont différents (X-Y), c’est l’atome le plus électronégatif qui attire le doublet d’électrons. Le nuage électronique n’est plus symétrique : il est déplacé vers l’atome le plus électronégatif : on dit que l'atome le plus électronégatif polarise le nuage électronique. La liaison est alors polarisée. Il se crée sur les atomes des charges partielles: δ+ sur l’atome le moins électronégatif et δ- sur l’atome le plus électronégatif. 64 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Rappel : L’électronégativité augmente de la gauche vers la droite sur une même période, et du bas vers le haut sur une même colonne (voir tableau ci-dessous) : 2) Moment dipolaire : La polarisation d’une liaison donne naissance à un dipôle électrique caractérisé par un moment dipolaire. Plus la différence d’électronégativité des atomes (ou des groupements liés) est grande, plus le moment dipolaire de la liaison est important. Dans cette formule, µ est en Debye, ℓ est en (Angström Å), δ est sans unité. La conversion en unité S.I. (Système International), en Coulomb.mètre, est donnée par : 1Debye = 3,33.10-30 C.m Exemple : le moment dipolaire mesuré de la molécule HCl est µ = 1,07 D. Sachant que la longueur de la liaison vaut 0,136 Å, la charge partielle calculée vaut alors 0,16. 65 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Modèle de composition vectorielle des moments dipolaires Dans le cas d’une molécule polyatomique, les moments dipolaires s’additionnent comme des vecteurs. Une molécule peut avoir des liaisons polarisées et être globalement apolaire : Cl Cl H H µ = 2,95 D Cl H H Cl µ=0D Ainsi dans le cas de la molécule de CO2, on constate qu'en raison de sa géométrie linéaire et symétrique, les deux moments de liaison C=O se compensent. Le moment dipolaire résultant est donc nul. Remarque : Toute molécule disposant d’un centre de symétrie, a un moment dipolaire nul. II. EFFET INDUCTIF 1) Définition et classification : La polarisation de la liaison induit un déplacement d'électrons le long de la liaison σ: c'est l'effet inductif. En d’autres termes, l’effet inductif est la transmission par des groupements d’atomes, de la polarité d’une liaison σ. Cette transmission est gouvernée par l’électronégativité des atomes. Le centre de densité électronique est déplacé du milieu de la liaison vers l’atome le plus électronégatif (Y). δ- représente une charge formelle négative et δ+ représente une charge formelle positive. On classe les atomes ou les groupements d'atomes qui provoquent ce phénomène de polarisation à distance en deux catégories : 66 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules o o Nadia BOULEKRAS Groupements à effet inductif donneur (+I). Groupements à effet inductif attracteur (-I). 2) Groupements à effet inductif attracteur (-I) et donneur (+I) : les effets inductifs donneurs (notés +I), c'est-à-dire des atomes ou groupements donneurs (moins électronégatifs que le carbone) qui exercent un effet (+I). Exemple : les métaux (Na, Mg, …), les groupes alkyles (CH3, C2H5, (CH3)3C…) les effets inductifs attracteurs (notés -I), c’est-à-dire des atomes ou groupements attracteurs (plus électronégatifs que le carbone) qui exercent un effet (-I). Exemples : F-, Cl-, Br-, OH-, NH2-, CN-, NO2-. Remarque : l’effet attracteur de A ou donneur de D décroît rapidement avec la distance (pratiquement nulle au-delà de 3 à 4 liaisons). 3) Influence de l’effet inductif sur l’acidité des acides carboxyliques : La présence d'un groupement donneur (Effet +I) aura tendance à diminuer l'acidité du composé par augmentation de la densité électronique sur l'oxygène du groupement O-H. La polarisation de la liaison O-H diminuera, la rupture de cette liaison sera moins favorisée, et l'acidité sera diminuera. 67 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Inversement, la présence d'un groupement attracteur (Effet -I) va augmenter l'acidité car l'oxygène avide d'électron (très électronégatif) va attirer d'autant plus fortement le doublet de la liaison O-H. La polarisation de la liaison O-H augmentera, cette liaison sera donc d'autant plus facile à casser, et le composé sera donc plus acide. Exemple : Le même raisonnement s'applique pour expliquer l'acidité des alcools.... Effet inductif donneur (+I) : R-COOH R- H- H3C- H3C-CH2-CH2- pKa 3,75 4,76 4,82 Le groupement alkyle induit un effet (+I) qui diminue l’acidité. Effet inductif attracteur (-I) : Y-CH2-COOH Y- H- Br- pKa 3,17 2,90 Cl2,87 F- NO2- 2,59 1,68 L’effet (-I) induit une augmentation de l’acidité. L’effet (-I) augmente avec l’électronégativité de l’atome ou avec sa charge. Influence du nombre d’atomes électronégatifs : ClxCH(3-x)-COOH x pKa 1 2,87 2 1,26 3 0,63 L’effet (-I) augmente avec le nombre d’atomes électronégativifs. Propagation de l’effet inductif : R-COOH RpKa 2,86 4,05 68 4,53 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS L’effet inductif décroît rapidement avec le nombre de liaisons C-C (effet nul au-delà de 3 à 4 liaisons). III. CONJUGAISON, RÉSONANCE et MÉSOMÉRIE 1) Mésomérie & Résonance : En chimie organique, on rencontre souvent des molécules qui sont décrites correctement par plusieurs structures de Lewis. Ces deux structures ne diffèrent que par la localisation des électrons π ou n (doublet libre). On passe d’une formule à une autre par simple déplacement de ces électrons. Les 2 représentations de Lewis sont équivalentes et sont appelées structures de résonance ou formes mésomères. La molécule réelle est appelée hybride de résonance : c’est une combinaison, une hybride de toutes ces structures, c'est-à-dire que sa structure réelle est une moyenne de toutes ces formes limites. Les formes mésomères sont imaginaires mais l'hybride de résonance est bien réelle : Remarque : Pour un composé donné, plus le nombre de formules mésomères est élevé, plus grande est la stabilité de celui-ci. La mésomérie permet de décrire la délocalisation des électrons π, des doublets d'électrons libres n et des charges dans les molécules conjuguées. Remarque : la conjugaison est l’alternance entre double et simple liaison dans les molécules insaturés. 69 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules 2) La mésomérie des systèmes insaturés : a) Les principaux systèmes conjugués : Electrons π : Electrons π et électrons n : Electrons π et vacances électroniques : Electrons n et vacances électroniques : 70 Nadia BOULEKRAS Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Electrons π et électron célibataire : b) Tautomérie : Contrairement à la mésomérie, la tautomérie est un équilibre entre deux isomères ayant une existence propre. L’équilibre tautomère peut être plus ou moins déplacé vers l’une des deux structures en fonction de leur stabilité. Dans le cas de l’équilibre céto-énolique, l’espèce prépondérante est généralement la cétone, la double liaison C=O étant plus forte que la double liaison C=C. Cependant dans certains cas, la forme énol peut être favorisée: 71 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS 3) Résonance & Stabilisation : La résonance des électrons π dans les molécules insaturées, des systèmes conjugués (aussi bien aliphatiques que cycliques) ; s'accompagne d'une stabilisation énergétique supérieure à celle des systèmes non conjugués: les molécules représentées par plusieurs formes de résonance sont généralement plus stables et donc moins réactives que les molécules non conjuguées. Cet abaissement de l'énergie, appelé énergie de conjugaison ou énergie de résonance, est illustré dans l’exemple suivant : L’énergie de résonance du benzène peut être déterminée à partir de la mesure de la chaleur d’hydrogénation de ce dernier. L’hydrogénation du cyclohexène est exothermique et libère 120 kJ mole-1. Le benzène comportant trois doubles liaisons devrait libérer 360 kJ mole-1. La différence entre l’énergie réelle (expérimentale) et l’énergie calculée conduit à l’énergie de résonance (150 kJ mol–1 ou 36 kcal mol–1). Le benzène est donc, bien plus stable que l’hypothétique cyclohexa1,3,5-triène comportant des liaisons simples et doubles en alternance, alors que ces deux espèces conjuguées comportent le même nombre d'insaturations. Cette stabilisation particulière est caractéristique d'un système aromatique (le terme aromatique utilisé à l'origine pour décrire des molécules odorantes sert à présent à décrire ce type de composés). 4) Aromaticité : Règle de Hückel : une molécule est aromatique si : 72 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Elle est monocyclique. Elle est plane. elle est entièrement conjuguée. Elle possède (4n+2) électrons π délocalisables (n entier : 0,1,2,3…). Les molécules cycliques planes possédant (4n+2) électrons π ou π sont aromatiques. Ces molécules possèdent une grande stabilité en raison de la délocalisation des électrons π. Ces molécules sont donc peu réactives. L’aromaticité est un concept applicable à d’autres molécules cycliques ne possédant pas obligatoirement un cycle benzénique: a) Cette règle peut être étendue à des systèmes polycycliques : Anthracène Naphtalène Phénanthrène - - 14 e- délocalisables n=3 14 e délocalisables n=3 10 e délocalisables n=2 b) L’aromaticité s’applique aussi à des systèmes ioniques : Anion cyclopentadiényle n=1 la charge négative sur le carbone participe à la conjugaison c) Cette règle peut être étendue à des systèmes hétérocycliques : N N Pyridine n=1 le doublet libre de l'azote ne participe pas à la conjugaison S H Thiophène Pyrrole O Furanne n=1 n=1 n=1 l'un des doublets libre le doublet libre l'un des doublets libres du soufre participe de l'azote participe de l'oxygène participe à la conjugaison à la conjugaison à la conjugaison 73 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS IV. EFFET MÉSOMÈRE 1) Définition et classification : Le déplacement des doublets d’électrons de liaison π ou des doublets non liants (n) crée au sein de la molécule des sites riches ou pauvres en électrons. C’est l’effet mésomère. L’effet mésomère concerne : o les électrons π o les doublets d'électrons libres o les charges. La transmission de l’effet mésomère est assurée par la conjugaison. Remarque : Pour une molécule de départ, qui est neutre, toutes les formes mésomères doivent être globalement neutre (autant de charges (+) que de charges (-)). Contrairement à l’effet inductif, l’effet mésomère se propage à longue distance dans une chaîne affectée par la délocalisation des électrons : les e- π étant plus mobiles que les e- σ. L’effet mésomère est d’autant plus important que la molécule est conjuguée. On note deux types d'effets mésomères. Les effets donneurs d'électrons (+M) et les effets attracteurs d'électrons (-M) : 2) Ecriture des formes mésomères : 74 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS a) Exemple de l’ion phénolate : b) Exemple du cation benzyle : CH2 CH2 CH2 CH2 CH2 cation benzyle 3) Effet mésomère et acidité : Certains groupements peuvent avoir une très grande influence sur le pKa des composés organiques. Dans le cas du phénol, on remarque que : Plus, la liaison O-H est riche en électrons et plus il sera difficile de la rompre, donc plus le pKa sera élevé. En revanche, plus cette liaison sera pauvre en électrons et plus il sera facile de la rompre, donc le pKa sera bas. Ainsi, si l'on place un groupement électroattracteur sur le phényle, la liaison O-H deviendra plus pauvre en électrons, donc plus facile à rompre et la valeur de pKa diminuera (acidité plus forte). Alors qu’un groupement électrodonneur sur le phényle, va augmenter la valeur du pKa (donc diminuer l’acidité du phénol). R pKa NH2 OMe CH3 H COCH3 11,28 10,86 10,25 9,89 +M +M +I 75 8,79 -M CN NO2 8,56 8,24 -M -M NH(CH3)3 8,08 -I Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS 4) Classement des substituants à effet mésomère : Effet mésomère donneur (+M) : Effet mésomère attracteur (-M) : Effet mésomère Donneur (+M) Attracteur (-M) O- S- NR2 NO2 CHO CN NHR NH2 NHCOR COR CO2H SO2R OR OH OCOR CO2R SO2OR CONH2 SR SH Br NO CONHR Ar I Cl F CONR2 R Ar Effet inductif Donneur (+I) - O - COO CR3 CHR2 CH2R CH3 D Attracteur (-I) NR3+ COOH OR SR2+ F COR NH3+ Cl SH NO2 Br SR SO2R I OH CN OAr Ar SO2Ar COOR 76 Chapitre V : Effets électroniques dans les molécules Nadia BOULEKRAS Références • • • • • biomimetic.crihan.fr/orga1/ORGA1B.ppt http://www.uelpcsm.education.fr/consultation/reference/chimie/effelec1/apprendre/fa2.0 01/content/access.htm#sommaire http://www.uel.education.fr/consultation/reference/chimie/effelec1/appren dre/fa2.002/index.htm http://perso.numericable.fr/chimorga http://www.orgapolym.com/accueil_caco.html 77 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Réactions de Substitution Electrophile Electrophile I. INTRODUCTION Bien que le benzène soit un composé insaturé, il donne difficilement des réactions d’addition (les arènes sont moins réactifs que les alcènes). Par contre, les réactions de substitution y sont faciles. Les réactions d'addition sont défavorisées car le produit d'addition n'est plus aromatique (destruction d’une double liaison). De plus, dans la deuxième étape, l’élimination de H+ (réaction 1) qui rétablit l'aromaticité est plus rapide que l'addition de B- sur le carbocation (réaction 2). Les substitutions électrophiles concernent les composés aromatiques. Dans ces composés, la présence des électrons π délocalisés, fortement polarisables, confère au cycle aromatique, un caractère nucléophile. L'action des électrophiles sur ces composés conduit à des produits de substitution d'un hydrogène par l'électrophile E. Le système conjugué des 3 doublets d'électrons π est conservé. 40 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Le réactif peut être : • • un électrophile possédant une déficience électronique réelle, plus généralement, une molécule ayant un atome à caractère électrophile (un dérivé halogéné, un composé insaturé polarisé...) Les réactions de substitution électrophile sont catalysées par des : o o acides protoniques forts (H2SO4, H3PO4) acides de Lewis (AlCl3, FeCl3, FeBr3) où le métal présente une lacune électronique. Les diverses transformations que nous devons étudier sont rassemblées sur le schéma suivant : 41 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Le mécanisme est identique pour toutes ces réactions. Ce qui diffère d'une réaction à une autre, c’est la nature de l'électrophile. II. SUBSTITUTION ÉLECTROPHILE 1) Mécanisme général de la substitution électrophile : le mécanisme se déroule en 2 étapes principales, il se résume comme suit : formation d’un complexe sigma suivie d’une élimination qui restore l’aromaticité du cycle. Remarque : Les différentes formes mésomères de l'ion intermédiaire formé, contribuent à la stabilité de l'espèce. 2) Mécanisme de la Nitration : introduction d’un groupement nitro (NO2) sur le noyau aromatique : 1ère étape : formation du réactif électrophile : l'ion nitronium NO2+ à partir de l'acide nitrique fumant HNO3 ou par action de H2SO4 concentré sur HNO3 concentré. 2ème étape (lente) : formation de l’intermédiaire de Wheland : Une fois l’électrophile NO2+ formé, il attaque le noyau aromatique pour conduire à un "complexe σ", peu stable, mais dont l’existence a été mise en évidence à très basse température. 42 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 3ème étape (rapide): obtention des produits de substitution : L'élimination rapide d'un proton permet de reformer le système conjugué des 3 doublets d'électrons π. 3) Mécanisme de la Sulfonation : introduction d’un groupement (SO3) sur le noyau aromatique : 1ère étape : formation du réactif électrophile neutre SO3 : l'électrophile SO3 est formé en milieu acide sulfurique (H2SO4) concentré. 2ème étape (lente) : formation de l’intermédiaire de Wheland : 3ème étape (rapide): obtention des produits de substitution : L'élimination rapide d'un proton permet de reformer le système conjugué des 3 doublets d'électrons π. 43 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 4) Mécanisme de l’halogénation : Les halogènes sont Cl+, Br+ et I+ et les produits obtenus sont respectivement le chlorobenzène, le bromobenzène, l'iodobenzène. • Pour les réactions de chloration et de bromation, un catalyseur (acide de Lewis) est nécessaire pour polariser la liaison X-X et activer l'halogène en augmentant son électrophilie. • Dans le cas de l’iodation, l’ion iodonium est formé à partir d’un agent oxydant tel : H2O2, CuCl2… Cas de la Bromation : 1ère étape : formation du réactif électrophile Br+ : 2ème étape (lente) : formation de l’intermédiaire de Wheland : 3ème étape (rapide): obtention des produits de substitution : L'élimination rapide d'un proton permet de reformer le système conjugué des 3 doublets d'électrons π. 4ème étape : Régénération du catalyseur : 44 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 5) Mécanisme de l’alkylation de Friedel – Crafts : c’est la fixation d’une chaîne carbonée, linéaire ou ramifiée. L'électrophile R+ est un carbocation obtenu, à partir, d’un halogénure d’alkyle, d’un alcool ou d’un alcène. Remarque : le carbocation intermédiaire qui se forme, peut subir un réarrangement (par migration d'un groupement) pour donner un carbocation plus stable. 1ère étape : formation du réactif électrophile R+ : Rδ+− Xδ- est polarisée mais il n'y a jamais coupure spontanée en R+ et X-. Un catalyseur, acide de Lewis, est nécessaire pour faciliter cette coupure. 2ème étape (lente) : formation de l’intermédiaire de Wheland : 3ème étape (rapide): obtention des produits de substitution : L'élimination rapide d'un proton permet de reformer le système conjugué des 3 doublets d'électrons π. 4ème étape : Régénération du catalyseur : 6) Mécanisme de l’acylation de Friedel – Crafts : L'électrophile est un carbocation acylium R-CO+ obtenu, à partir, d’un chlorure d’acide, ou d’un anhydride. L'acylation est une réaction semblable à l'alkylation, elle nécessite un catalyseur : acide de Lewis. 45 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 1ère étape : formation du réactif électrophile R-CO+ : 2ème étape (lente) : formation de l’intermédiaire de Wheland : 3ème étape (rapide): obtention des produits de substitution : L'élimination rapide d'un proton permet de reformer le système conjugué des 3 doublets d'électrons π. 4ème étape : Régénération du catalyseur : III. POLYSUBSITUTION ELECTROPHILE 1) Effets d’orientation et d’activation d’un substituant déjà présent sur le cycle : Lorsque l’on introduit un second électrophile (E) sur un cycle déjà substitué, deux questions s’imposent : La réaction est-elle favorisée ou défavorisée par la présence du premier groupement (Y), c’est-à-dire : la vitesse de la réaction, comparée à celle du benzène, augmente ou diminue ? C’est l’activation. 46 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Où se fixe le second substituant (E) : en position ortho, méta ou para ? C’est l’orientation. L’expérience montre que la réponse à ces deux questions ne dépend pas du substituant entrant (E) mais dépend du substituant fixé (Y). Un groupement qui enrichit le noyau aromatique en électrons (donneur d’électrons) et qui rend le cycle plus réactif que le benzène (réaction plus rapide) est appelé groupe activant. Un groupement qui diminue la densité électronique sur le noyau aromatique (attracteur d’électrons) et qui rend le cycle moins réactif que le benzène (vitesse plus petite) est appelé groupe désactivant. • L’orientation de la réaction sera donc déterminée par la stabilité relative des différents intermédiaires de Wheland. • L’effet du substituant (Y) sur la vitesse sera fonction de son influence sur la stabilité de l’intermédiaire de Wheland. PolySubstitution La régiosélectivité et la vitesse de la réaction sont imposées par la stabilité des intermédiaires de Wheland mis en jeu. 47 Etude des mécanismes réactionnels o Nadia BOULEKRAS Si (Y) est un donneur d’électrons (+I / +M) : Les deux intermédiaires de Wheland substitués en ortho et para sont les plus stables puisque l’effet donneur compense la charge positive qui apparaît sur le carbone portant le groupement donneur, ce qui n’est pas le cas pour l’intermédiaire méta, où le groupement donneur ne peut pas participer à la délocalisation. Ces groupements sont ortho et para-directeurs. o Si (Y) est un attracteur d’électrons (-I / -M) : Les intermédiaires ortho et para sont défavorisés par le fait que leur structure comporte une forme mésomère dans laquelle la charge positive est proche du groupe attracteur. C’est donc l’intermédiaire méta qui est le moins déstabilisé par l’effet électroattracteur. Ces groupements sont méta-directeurs. 48 Etude des mécanismes réactionnels o Nadia BOULEKRAS Si (Y) est un halogène (-I / +M) : Les halogènes ont un comportement particulier, ils possèdent un effet (-I) qui appauvrit le cycle en électrons, donc désactivants, mais possèdent des doublets d'électrons libres qui peuvent stabiliser le complexe intermédiaire σ lorsque l'électrophile se fixe en ortho ou en para. 2) Les règles d’HOLLEMAN Effets d'activation et d'orientation dans la substitution électrophile aromatique Règles d'HOLLEMAN Un groupement donneur d’électrons est activant, ortho- et para-orienteur , l’orientation para étant en général favorisée. Un groupement attracteur d’électrons est désactivant, méta-orienteur. Les halogènes sont désactivants, ortho- et para-orienteurs. Principaux groupements activants et désactivants 49 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 3) Cas des cycles polysubstitués : Lorsque plusieurs substituants existent déjà sur le cycle : l'activant le plus fort, est celui qui oriente la position de l'électrophile sur le cycle. Quelques règles permettent de prédire la régiosélectivité : Règle n°1 : Les groupes fortement activants exercent une influence plus forte que les groupes désactivants ou faiblement activants. Ce sont donc les donneurs les plus forts qui imposent l’orientation : les plus forts : les ortho, para directeurs (OR, NH2, OH) les moyens : les autres ortho, para directeurs (R, X) les plus faibles : méta directeurs. OH OH oriente ici OH OH oriente ici NO2 HNO3 H2SO4 CH3 oriente ici CH3 oriente ici CH3 p-méthylphénol CH3 4-méthyl-2-nitrophénol Règle n°2 : Lorsque le cycle aromatique porte des substituants donneurs encombrants, la position para est favorisée par rapport à la position ortho, car l’approche de l’électrophile en position ortho est rendue difficile du fait de l’encombrement stérique. Cl oriente ici CH3 oriente ici CH3 trop encombré CH3 CH3 O2N HNO3 H2SO4 + Cl Cl Cl NO2 CH3 oriente ici Cl oriente ici 5-chloro-2-nitro toluène m-chlorotoluène 3-chloro-4-nitro toluène Remarque:le 3-chloro-2-nitrotoluène n’est pas formé pour des raisons stériques Références & Bibliographie conseillée • • • www.edu.upmc.fr/sdv/docs_sdvbmc/Licence/chimieorga/LV233289.pdf www.orgapolym.com/accueil_caco.html www-chimie.u-strasbg.fr/~lcco/course/.../resume_deug2.pdf 50 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Réactions de Substitution Nuclé Nucléophile ucléophile I. INTRODUCTION La substitution nucléophile résulte de l’attaque nucléophile sur un substrat par une espèce riche en électrons (molécule neutre ou anion) et du départ nucléofuge d’un groupement emportant un doublet d’électrons : L’ouverture des liaisons est hétérolytique (ou ionique). Les dérivés halogénés et les alcools se prêtent bien à ce genre de réactions, du fait de la polarisation et de la polarisabilité des liaisons C-X et C-OH : o o La polarisation est due à la différence d’électronégativité. La polarisabilité qui est liée au volume de l’atome d’halogène caractérise la déformation du nuage électronique de la liaison sous l’action d’un champ électrique extérieur (solvant, réactifs…). 30 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS II. SUBSTITUTION NUCLÉOPHILE MONOMOLÉCULAIRE (SN1) 1) Mécanisme de la réaction : réaction en deux étapes : 1ère étape (lente et limitante par sa vitesse) : départ du nucléofuge et formation d’un carbocation plan C δ+ + C X δ- X Halogénure d'alkyle Carbocation (plan) 2ème étape (rapide) : attaque du réactif nucléophile sur le carbocation, des deux côtés du plan 50% C Nu C Mélange racémique C Nu Nu 31 50% Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Exemple : 2) Stéréochimie : Le carbocation formé est plan, il peut être attaqué des deux côtés de ce plan. Si le composé est optiquement actif, on aura formation d’un mélange d’énantiomères en quantités égales (perte de l'activité optique) : Réaction non stéréospécifique. 3) Vitesse de réaction : La substitution nucléophile SN1 est dite d'ordre 1 car elle obéit à une loi de vitesse de premier ordre : v = k [R-X] Dans le cas d’une réaction d’ordre 1, la vitesse de réaction est proportionnelle à la concentration du substrat et indépendante de la concentration du réactif nucléophile. 32 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 4) Facteurs influençant la SN1 : a) Classe du substrat : le mécanisme SN1 n’est possible que si le carbocation formé est stable. La stabilité du carbocation est favorisée par tout effet électronique permettant de diminuer la charge positive sur le carbone central : effet inductif (+I) et mésomère (+M) donneur. Les carbocations les plus stables seront : CCIII > CCII ≈ benzylique ≈ allylique > CCI > Méthyle. Remarque : les chaînes alkyles sont inductifs donneurs. Un cycle aromatique ou une double liaison sont mésomères donneurs. b) Le nucléofuge (groupement partant) : Plus la liaison est polarisable (et plus longue), plus sa rupture est facile et plus la réaction est rapide. La longueur de liaison croît quand le volume de X augmente. La réactivité des halogénures d'alkyle, dans un mécanisme de substitution nucléophile, décroît selon la séquence : TsO - > I- > Br - > Cl - = H2 O > F- > HO - Mauvais groupements partants Meilleurs groupements partants 33 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS c) Le nucléophile : La vitesse de réaction est indépendante de la concentration du réactif nucléophile. Par conséquent, sa nature n'aura pas d'influence sur la vitesse de la réaction. Cependant, le nucléophile doit être plus réactif que le nucléofuge. Le réactif nucléophile correspond à des : o o Anions: -OH-; RO-; -C≡N-; NO2-. molécules neutres contenant un doublet non liant: H2O; NH3 ; R-NH2 ; CH3-CH2-OH… Dans ce dernier cas, le solvant peut jouer le rôle de nucléophile. On parle alors de solvolyse (et d’hydrolyse si le solvant est H2O). D’une manière générale, la nucléophilie augmente : lorsqu’on descend dans le tableau périodique: dans un solvant polaire protique, les petits anions sont plus solvatés que les nucléophiles volumineux, donc moins disponibles pour une attaque et moins réactifs. RSH > ROH I- > Br - > Cl - > FRS- > RO – (CH3)3P > (CH3)3N lorsqu’on augmente la charge portée par le nucléophile : les anions sont plus nucléophiles que les molécules neutres correspondantes : HO- > HO-H RO- > RO-H RS- > RS-H Echelle de nucléophilie dans les solvants polaires : SH > CN > I > OH > N3 > Br > CH3CO2 > Cl > F > H2O 34 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS d) Le solvant : Un solvant polaire protique augmente la vitesse du mécanisme SN1, en formant des liaisons hydrogène avec le nucléofuge. Celles-ci vont polariser davantage la liaison C—X et faciliter sa rupture, ce qui favorise la formation du carbocation. Le solvant polaire protique "encage" le nucléophile et ralentit son attaque. De plus, lorsque la liaison est rompue, le solvant "encage" le nucléofuge, ce qui empêche la reformation de la liaison C-X. III. SUBSTITUTION NUCLÉOPHILE BIMOLÉCULAIRE (SN2) 1) Mécanisme de la réaction : La rencontre du substrat et du réactif se fait simultanément selon un mécanisme concerté : le nucléophile s'approche du carbone par le côté opposé au nucléofuge (attaque dorsale). L'état de transition présente un carbone penta-coordiné (très instable), où la liaison C—X commence à se rompre alors que la liaison Nu—C commence à se former. Les trois autres liaisons sont coplanaires. 35 Etude des mécanismes réactionnels Nu C δ+ δ- X Nu Nadia BOULEKRAS C X C + X Nu Etat de transition Exemple : 36 Inversion de walden Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2) STÉRÉOCHIMIE : la réaction se fait en une seule étape. Si le carbone est asymétrique, la réaction conduit à une inversion de la configuration (Inversion de Walden). On obtient un seul énantiomère : Réaction stéréospécifique. 3) Vitesse de réaction : La substitution nucléophile SN2 est dite d'ordre 2 car elle obéit à une loi de vitesse de second ordre : v = k [R-X] [Nu] Dans le cas d’une réaction bimoléculaire (d’ordre 2), la vitesse de réaction est proportionnelle à la concentration du substrat et du réactif nucléophile. 4) Facteurs influençant la SN2 : a) Classe du substrat : l’encombrement stérique sur le substrat, gène l’approche du nucléophile. L’encombrement croît avec la classe du substrat. L’ordre de réactivité pour la SN2 est inverse de celui observé pour la SN1 : 37 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS b) Nature du nucléofuge (groupement partant): de même que pour la SN1, plus une liaison est polarisable et plus sa rupture est facile : TsO - > I - > Br - > Cl - = H2O > F - > HO -, NH2 -, RO Mauvais groupements partants Meilleurs groupements partants c) Le nucléophile : La réactivité de la SN2 croît avec la nucléophilie du réactif : Dans les solvants polaires aprotiques, les anions sont moins solvatés et leur nucléophilie est l’inverse de celle observée en solvants polaires protiques : Dans H2O : I- > Br- > Cl- > FDans DMF : F- > Cl- > Br- > I Les nucléophiles chargés (anions : RO-, HO-, CN-, X- ...) sont plus forts que les nucléophiles neutres (NH3, H2O, ROH...). Les petits nucléophiles sont plus réactifs que les anions volumineux : moins d’encombrement stérique. 38 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS d) Le solvant : un solvant polaire protique diminue la vitesse de la SN2 en solvatant le nucléophile par liaison hydrogène, diminuant ainsi sa nucléophilie. Par contre, un solvant polaire aprotique favorise la SN2 en solvatant le cation associé au nucléophile mais pas celui-ci : la charge positive étant à l’intérieur de la molécule de solvant et par conséquent, moins accessible pour solvater le nucléophile. Ce dernier restera alors libre dans le milieu, donc très réactif. Références & Bibliographie conseillée • McMurry, John, Chimie organique - les grands principes, Dunod, 2000. • • • • www.univ-orleans.fr/.../first%20page.htm http://mon.univ-montp2.fr/claroline/course/index.php?cid=ULCH201 www.chups.jussieu.fr/polys/chimie/.../Dia5CO2007.pdf http://www.uelpcsm.education.fr/consultation/reference/chimie/effelec1/apprendre/fa2.0 01/content/access.htm#sommaire 39 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Réactions d’Elimination d’Elimination I. INTRODUCTION En chimie organique, une élimination (ou β-élimination) est une réaction qui transforme un alcane substitué (halogénoalcane, alcool...) en alcène. Le bilan d'une élimination sur un substrat saturé remplacement de deux liaisons σ par une liaison π : correspond au X β C B C α C C + BH + X H Exemple : Les réactions d’éliminations sont favorisées par une élévation de température et la présence de groupements basiques puissants : la soude (Na+, HO-), la potasse (K+, HO-), les ions alcoolates (Na+, RO-), les ions amidures (Na+, NH2-). Comme pour la substitution nucléophile il existe une unimoléculaire et une élimination bimoléculaire que respectivement E1 et E2. 51 élimination l'on note Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS II. ÉLIMINATION UNIMOLÉCULAIRE (E1) 1) Mécanisme de la réaction : réaction en deux étapes : 1ère étape (lente et limitante par sa vitesse) : la liaison C-X se rompt sous l’influence d’un solvant polaire protique et un carbocation plan se forme : 2ème étape (rapide) : la base arrache un proton porté par un carbone adjacent à la liaison C-X, pour conduire à un alcène : Exemple : Cl H3C C CH3 H3C Etape limitante H3C CH3 H H3C C H3C C Cl H C C H H B H H 52 Etape rapide H3C -HB H3C H C C H Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2) Stéréochimie : La réaction est une β-élimination : le H arraché est en β de l’atome de carbone portant l’halogène. La réaction conduit à un mélange de stéréoisomères Z et E, à cause de la libre rotation autour de la liaison C-C : Réaction non stéréospécifique. Exemple : 53 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Règle de Zaïtsev: Lors d'une réaction d'élimination, le proton part préférentiellement du carbone le moins hydrogéné pour donner l'alcène le plus substitué (thermodynamiquement le plus stable) : Réaction régiosélective. Exemple : 3) Vitesse de réaction : La réaction est dite d’ordre 1 ou unimoléculaire, car elle obéit à une loi de vitesse de premier ordre : v = k [R-X] La vitesse de réaction est proportionnelle à la concentration du substrat et indépendante de la concentration de la base. 54 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 4) Facteurs influençant le mécanisme E1 : La 1ère étape du mécanisme E1 fait intervenir un carbocation, comme dans le mécanisme SN1. Seule l’étape rapide va différencier les deux mécanismes : on a donc compétition entre la SN1 et la E1. 1. Classe du substrat : la présence de groupes volumineux sur le carbone lié à l’halogène accélère l’élimination de ce dernier : des groupements alkyles encombrants et électro-donneurs favorisent le mécanisme E1 (substrat tertiaire : carbocation plus stable). H H H H H H C C H 3C H H C C C H3C C C 3 H H C H H H CH3 H Méthyl < Primaire < Allylique ~ Benzylique ~ Secondaire < Remarque : les groupements alkyles sont inductifs donneurs. Un cycle aromatique ou une double liaison sont mésomères donneurs. 2. Le nucléofuge (groupement partant) : Plus la liaison C-X est polarisable (et plus longue) et plus sa rupture est facile. La longueur de liaison croît quand le volume de X augmente : - > TsO > > I > Br > = H 2O Cl F HO Mauvais groupements partants Meilleurs groupements partants 3. La base : La vitesse de réaction est indépendante de la concentration de la base. Cependant, la base doit être faible et peu nucléophile: pour éviter l’arrachement du proton pendant la 1ère étape du mécanisme (NH3, R-NH2, R-OH…). Pour un même atome nucléophile, nucléophilie varient dans le même sens. basicité et Pour des dérivés oxygénés ou carbonés, la basicité et la nucléophilie diminuent quand l'atome porte des groupements attracteurs (-I ou –M). - - - RO > OH > RCO2 > ROH> H2O Dans une même colonne, la nucléophilie augmente lorsqu’on se déplace vers le bas, alors que la basicité diminue. 4. Le solvant : Un solvant polaire protique augmente la vitesse du mécanisme E1, en formant des liaisons hydrogène avec le nucléofuge. Celles-ci vont polariser davantage la liaison C—X et faciliter sa rupture, ce qui favorise la formation du carbocation. 55 CH3 C CH3 Tertiaire Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS III. ÉLIMINATION BIMOLÉCULAIRE (E2) 1) Mécanisme de la réaction : le mécanisme est concerté : passage par un état de transition. L’attaque de la base et la rupture des liaisons C-X et C-H se font simultanément : la base attaque la liaison C-H qui s’affaiblit, pendant que la liaison C-X se polarise. Les liaisons C-X et C-H doivent être antipériplanaires (même plan), X et H doivent se trouver sur deux côtés opposés (en position anti). 56 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Exemple : H B Ph H H3C Br Ph H δ+ B Ph H H3C H3C Ph Br- Etat de transition δ (Z) Ph +Br +HB H Ph 2) STÉRÉOCHIMIE : la réaction se fait en une seule étape. L’élimination se fait exclusivement quand H et X sont dans un même plan, en position antiparallèle. Obtention d’un seul alcène de configuration Z ou E : Réaction stéréospécifique. Règle de Zaïtsev: Lors d'une réaction d'élimination, le proton part préférentiellement du carbone le moins hydrogéné pour donner l'alcène le plus substitué (thermodynamiquement le plus stable) : Réaction régiosélective. 57 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 3) Vitesse de réaction : Le mécanisme E2 est bimoléculaire (ordre 2) car il obéit à une loi de vitesse de second ordre : v = k [R-X] [Nu] La vitesse de réaction dépend des concentrations du substrat et de la base 4) Facteurs influençant le mécanisme E2 : a) Classe du substrat : plus la classe du substrat est élevée et plus le mécanisme E2 est facile: la formation de l’alcène correspond à une décompression stérique. b) Nature du nucléofuge (groupement partant): de même que pour le mécanisme E1, plus une liaison est polarisable et plus sa rupture est facile : TsO - > I - > Br - > Cl - = H O > > 2 F HO , NH2 , RO Mauvais groupements partants Meilleurs groupements partants c) Le nucléophile : Pour un substrat donné, plus la base est concentrée et forte : OH- (soude, potasse), RO- (alcoolates), NH2(amidures), plus la réaction E2 est favorisée. d) Le solvant : un solvant polaire aprotique accélère le mécanisme E2, en solvatant le cation associé à la base forte mais pas celle-ci : la charge positive étant à l’intérieur de la molécule de solvant et par conséquent, moins accessible pour solvater la base. Cette dernière restera alors libre dans le milieu, donc très réactive. IV. TABLEAU COMPARATIF DES MÉCANISMES SN1, E1, SN2 et E2 Type de Réaction Mécanisme SN1 / E1 2 étapes V= k[RX] : ordre 1 SN2 / E2 1 étape V= k[RX][Nu] : ordre 2 V= k[RX][B] : ordre 2 Intermédiaire Carbocation Non stéréospécifique : Etat de transition stéréospécifique : Attaque Nu des 2 côtés du plan Libre rotation autour de C-C Attaque dorsale du Nu Inversion de Walden H et X anticoplanaires Stéréochimie SN1 : Mélange racémique E1 : 2 alcènes Z et E 58 SN2 : Inversion de configuration. 1 seul énantiomère E2 : 1 seul alcène Etude des mécanismes réactionnels Influence du substrat Nadia BOULEKRAS CCIII >> II > I (stabilisation de l'intermédiaire) SN2 : Substrat I > II >> III (déstabilisation de l'état de transition par encombrement stérique) E2 : plus la classe est élevée et plus la réaction est rapide Influence du Nucléophile Influence du solvant SN1 : nucléophile faible. E1 : base faible diluée et mauvais Nu les solvants polaires protiques facilitant la formation de carbocation par liaisons hydrogène SN2 : bon nucléophile. E2 : base forte concentrée et mauvais Nu les solvants polaires aprotiques solvatant le cation associé au nucléophile Remarque : Toute molécule possédant un doublet d’électron est à la fois une base et un nucléophile et toute espèce arrachant un proton est une base. Par conséquent, une espèce nucléophile (caractère cinétique) est aussi une espèce basique (caractère thermodynamique), il y a donc parfois compétition entre ces deux caractères et l'issue d'une réaction dépend de celui de ces deux caractères qui prédomine. Références & Bibliographie conseillée • • McMurry, John, Chimie organique - les grands principes, Dunod, 2000. www.edu.upmc.fr/sdv/docs_sdvbmc/Licence/chimieorga/Chap2.pdf 59 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Réactions d’addition électrophile I. INTRODUCTION L'addition électrophile est une réaction dans laquelle un alcène (centre riche en électrons) réagit comme nucléophile avec une espèce chimique électrophile (un cation ou une molécule présentant une lacune électronique) Les alcènes peuvent subir des réactions d’addition (ouverture de la double liaison C=C par rupture de la liaison π). La liaison π est plus fragile que la liaison σ, c’est un site très réactif, de forte densité électronique. De plus, le nuage électronique de la liaison π, situé au-dessus et au-dessous du plan de la molécule est polarisable et peut réagir avec des espèces électrophiles. Les principales réactions d'addition électrophile sur les alcènes sont : o Réactions d'hydratation : o Réactions d'hydrohalogénation : 13 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS o Réactions de dihalogénation : o Réactions d'addition d'acides hypohalogéneux : D’une manière générale, le bilan d’une réaction d’addition électrophile s’écrit Cette réaction a lieu en 2 étapes : Une étape lente qui correspond à l’attaque nucléophile de l’alcène sur le site électrophile du réactif (A-B) : ce qui conduit à la formation d'un intermédiaire réactionnel instable: un carbocation plan. Une étape rapide qui correspond à l’attaque du nucléophile B- sur le carbocation. 14 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS II. RÉACTIONS D’HYDRATATION sur les ALCÈNES 1) Mécanisme de la réaction : En présence de catalyseur acide, l'eau peut s'additionner sur les alcènes (hydratation) pour conduire à des alcools : 1ère étape : Formation du carbocation (CC) intermédiaire : 2ème étape : Le (CC) réagit avec l’eau. La régénération du catalyseur par déprotonation de l’intermédiaire formé, conduit à la formation de l’alcool : Exemple : (E)-3,4-diméthylhex-3-ène 2) Régiosélectivité et Stéréosélectivité : o La réaction d’hydratation d’un alcène dissymétrique est régiosélective ; elle se fait préférentiellement avec fixation de H sur le carbone le moins substitué, de manière à former le carbocation le plus stable : les effets inductifs donneurs des groupements CH3 stabilisent le carbocation (Règle de Markovnikov). 15 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Règle de Markovnikov: lors de l'addition électrophile ionique d'un composé Aδ+-Bδ- sur un alcène dissymétrique, B se fixe sur le carbone le plus substitué (le moins hydrogéné). o On n'observera aucune stéréosélectivité de la réaction car le carbocation pourra être attaqué d’un côté ou de l’autre du plan. III. RÉACTIONS D’HYDROHALOGÉNATION sur les ALCÈNES 1) Mécanisme de la réaction : Les différents acides halohydriques HX (chlorhydrique, bromhydrique ou iodhydrique) s’additionnent sur les alcènes pour donner des dérivés monohalogénés. 1ère étape : L'électrophile H+ réagit sur les électrons π de la double liaison pour conduire à un carbocation (CC) intermédiaire : 2ème étape : L'ion halogénure vient alors attaquer le carbocation pour finalement former la molécule halogénée : 16 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 17 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Exemple : (E)-3,4-diméthylhex-3-ène 2) Régiosélectivité et Stéréosélectivité : o L’hydrohalogénation d’un alcène dissymétrique obéit à la règle de Markovnikov, le proton se fixe sur le carbone le moins substitué (le plus hydrogéné) de manière à former le carbocation le plus stable : les effets inductifs donneurs des méthyles stabilisent carbocation). La réaction est régiosélective. o On obtient tous les stéréoisomères possibles. La réaction est nonstéréosélective. o On obtient les mêmes isomères de configuration à partir du (Z)-3,4diméthylhex-3-ène : la réaction est non-stéréospécifique. IV. RÉACTIONS de DIHALOGÉNATION sur les ALCÈNES 1) Mécanisme de la réaction : Lorsqu'un dihalogène X2 (Cl2, Br2, I2) est proche du champ des électrons π d'une double liaison, il se polarise ; ce qui explique l'apparition d'une extrémité électrophile de la molécule d'halogène. 1ère étape : L’atome de brome (X+) vient former sur le substrat un pont halonium (bromonium) par dessus la liaison C-C : 18 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2ème étape : L'halogénure (X-) libéré, attaque l’intermédiaire réactionnel en anti, générant ainsi un composé dihalogéné (dibromé) : Exemple 1 : Bromation stéréosélective du but-2-ène : 19 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Exemple 2 : Bromation stéréospécifique du (Z) et (E) but-2-ène : 2) Régiosélectivité et Stéréosélectivité : o La dihalogénation est une réaction non-régiosélective pour un alcène symétrique, qui peut être attaqué d’un côté ou de l’autre de la liaison C=C. o Puisque la rotation autour de C-C est impossible à cause du pont halonium, le nucléophile ne peut attaquer que d'un seul côté de la double liaison : c'est-à-dire de façon antipériplanaire "anti" au pont. La dihalogénation est donc une réaction stéréosélective. o On obtient des produits différents à partir des deux diastéréoisomères de départ (Z et E): la réaction est stéréospécifique. V. ADDITION D’ACIDES HYPOHALOGÉNEUX sur les ALCÈNES 1) Mécanisme de la réaction : Selon le même principe que les dihalogènes X2, les acides hypohalogéneux (HO-X) se polarisent et s’additionnent aux alcènes pour former des halogéno-alcools appelés : halohydrines. 1ère étape : L’atome de brome (X+) vient former sur le substrat un pont halonium par dessus la liaison C-C : 20 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2ème étape : L'ion (OH-) attaque le pont halonium en anti, générant ainsi un halogéno-alcool : Exemple : OH H Br Br CH3 C1 H CH3 H CH3 H C2 CH3 OH L'attaque de OH- se fait de préférence en C2 car c'est le carbone le plus substitué 21 Etude des mécanismes réactionnels Br Nadia BOULEKRAS CH3 H CH3 Br C1 C2 H CH3 H CH3 CH3 + H H OH Br H OH Majoritaire CH3 OH minoritaire Bromoalcools 2) Régiosélectivité et Stéréosélectivité : o L’addition des acides hypohalogéneux est une réaction nonrégiosélective pour un alcène symétrique, qui peut être attaqué d’un côté ou de l’autre de la liaison C=C. o Puisque la rotation autour de C-C est impossible, le nucléophile ne peut attaquer que d'un seul côté de la double liaison : c'est-à-dire de façon antipériplanaire "anti" au pont halonium. La réaction est stéréosélective. Références • http://www.univ-orleans.fr/sciences/chimie/chimieorga/Cours%20L3CI-02/L3CI02%20Alcenes%20addition%20electrophile%20et%20radicalaire.pdf • • http://mon.univ-montp2.fr/claroline/course/index.php?cid=ULCH201 http://www.unspf.fr/ressource.php?page=1_06_chimie_organique.htm 22 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Réactions d’addition nucléophile nucléophile Sur le groupement carbonyle I. INTRODUCTION 1) Réactivité de la liaison C=O : Comme tous les composés à liaisons multiples, les composés carbonylés peuvent subir des réactions d'addition. Les aldéhydes et cétones peuvent subir des additions nucléophiles, grâce à la forte polarisation de la double liaison qui rend l'atome de carbone très réactif vis-à-vis des nucléophiles. A cause de la différence d'électronégativité entre le carbone et l'oxygène, la liaison C-O est fortement polarisée : le carbone présente un caractère fortement électrophile et les hydrogènes fixés sur le carbone en α sont mobiles caractère "acide". De plus, la présence de doublets libres sur l'atome d'oxygène en fait un site privilégié d'attaque pour les acides de Lewis et les électrophiles. Remarque : D'une manière générale les aldéhydes sont plus réactifs que les cétones dans les additions nucléophiles. 23 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS II. MÉCANISME GÉNÉRAL d’une ADDITION NUCLÉOPHILE L’addition nucléophile sur les groupes carbonyles (C=O) conduit à un changement de l’état d’hybridation du carbone et de l’oxygène de sp2 (trigonal plan) à sp3 (tétraédrique). Les réactions d’addition nucléophile que subit le groupement carbonyle sont nombreuses, nous n’aborderons que les 3 types suivants : 1) Addition d’eau (Hydratation) : L’eau s’additionne aux aldéhydes et cétones pour former des diols : 24 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Cette réaction sera catalysée : En milieu basique : OH- s'additionne au groupe carbonyle et l'ion alcoolate (intermédiaire formé) arrache un proton à la molécule d'eau : formation du diol (hydrate de carbonyle). En milieu acide : le proton se fixe sur l’oxygène, l'addition d'eau conduit à un diol protoné. La régénération du catalyseur par perte d'un proton conduit à la formation d'un diol (hydrate de carbonyle). 1er cas : Catalyse basique O C O C OH OH O H OH OH C C + OH OH OH Diol (Hydrate de cabonyle) 2ème cas : Catalyse acide O C O H C H H OH H O H OH C C Remarque: réversible. L’hydrate + H OH H Diol (Hydrate de cabonyle) de carbonyle 25 est instable: H O H C H O O l’hydratation est Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2) Addition des amines : a) Formation des imines (base de Schiff) : L’addition d’amines primaires sur la fonction carbonyle conduit à la formation d’imines (bases de Schiff) : 1ère étape : Activation de la cétone avec H+ : C O C H O H C O O H H 2ème étape : Attaque nucléophile de l’amine : C O H + H 2N R C NH2 3ème étape : Transfert du proton de l’azote vers l’oxygène : H H O O H C C N R N H R H H 4ème étape : Déshydratation : H O H H C C N R N + H2O R H 26 R Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 5ème étape : Régénération du catalyseur : H N C C R N R H + Imine b) Formation d’énamines : L’addition d’amines secondaires sur la fonction carbonyle conduit à la formation d’énamines: 1ère étape : Activation de la cétone avec H+ : C O C H O H O C 2ème étape : Attaque nucléophile de l’amine : C O H + HN O H HN R R C R R 3ème étape : Transfert du proton de l’azote vers l’oxygène : H O H O H C C N R N H R R 27 R H Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 4ème étape : Déshydratation : H H O R C N C N + H2O R R R 5ème étape : Régénération du catalyseur : H R R C N C C N C + H R R Enamine 3) Addition des alcools (acétalisation) : L’addition d’alcools à la fonction carbonyle est une réaction réversible qui conduit à la formation d’acétals, en milieu acide : 1ère étape : Formation d’un hémiacétal : H O H C R H H O O C C R H O C H R O H C H OR' R' Hémiacétal 28 C H OH H H R H O R OH R OH R' +H R' Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2ème étape : Formation de l’acétal: OH R C OH2 H R H R H C C - H2 O OR' R" O OR" R C H + R" O H R C H H OR' OR' Acétal Références users.skynet.be/sb020785/.../ExercicesChimieOrganique.pdf www.chimiegenerale.org/Cours/M1/SystBioch.pdf 29 C OR' OR' OR' • • R H H H Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Mécanismes écanismes Réactionnels éactionnels L’écriture du bilan d’une réaction ne renseigne pas sur les différentes étapes permettant la transformation des réactifs en produits. Il peut y avoir plusieurs étapes élémentaires et un certain nombre d’intermédiaires réactionnels formés pendant la réaction. Un mécanisme réactionnel correspond à la succession d’étapes élémentaires ayant lieu lors du passage des réactifs aux produits. Les intermédiaires réactionnels sont des espèces chimiques qui se forment entre 2 étapes élémentaires, ils sont très peu stables et ont une durée de vie très courte. L’étude des mécanismes réactionnels a pour objet de rendre compte des modifications électroniques, géométriques, énergétiques et cinétiques du système en évolution. I. CLASSIFICATION DES RÉACTIONS D’un point de vue bilan, on peut classer les réactions chimiques en 4 groupes 1) Réactions de Substitution : une liaison σ est remplacée par une autre liaison σ 1 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2) Réactions d’Addition : 1 liaison π est rompue, 2 liaisons σ formées 3) Réactions d’élimination : formation d’une liaison π 2 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 4) Réactions de transposition d’atomes (tautomérie) (ou réarrangement) : déplacement II. ASPECT ÉNERGÉTIQUE des RÉACTIONS 1) Déroulement d’une réaction à l’échelle moléculaire : une réaction se produit par suite de chocs efficaces entre le substrat A et le réactif B. A C + B Un substrat : c’est la molécule principale qui subit une transformation. Un réactif : c’est l’agent chimique capable de provoquer une réaction. Un choc efficace est un choc dont l’énergie est suffisante pour que la réaction se produise. Si la réaction s'effectue : en une seule étape (un seul choc), il s'agit alors d'une RÉACTION ÉLÉMENTAIRE, en deux étapes ou plusieurs étapes, c'est-à-dire par une succession de réactions élémentaires: RÉACTION COMPLEXE. 3 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS 2) Réaction élémentaire : Au moment de la collision de A et de B, il y a formation d’un état de transition (très instable), qui évolue ensuite très rapidement vers C. L’évolution de la réaction, à l’échelle moléculaire, est représentée par le diagramme d’énergie suivant : 3) Réaction complexe : La réaction s’effectue en plusieurs étapes, qui sont une succession de processus élémentaires. Elle passe par un (ou plusieurs) intermédiaire(s) réactionnel(s) avant d’arriver au produit C. Chaque intermédiaire est précédé et suivi d’un état de transition. Les intermédiaires réactionnels sont des entités peu stables (durée de vie très courte), par conséquent très réactifs. L'étape ayant l'énergie d'activation la plus élevée, est l'étape la plus lente, donc cinétiquement déterminante. 4 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS III. ASPECT ELECTRONIQUE. INTERMÉDIAIRES RÉACTIONNELS 1) Coupure de liaisons σ : il existe 2 types de mécanismes, selon les intermédiaires mis en jeu : Mécanisme homolytique : rupture symétrique de la liaison covalente (formation de radicaux). Cette rupture est initiée, le plus souvent, par des radiations U.V. Mécanisme hétérolytique : rupture dissymétrique de la liaison covalente (passage par des intermédiaires ioniques : cations et anions). Dans ce cours, nous ne développerons que les réactions hétérolytiques. 2) Rôle du solvant dans les réactions en synthèse organique Un solvant est un liquide non réactif, capable de dissoudre les réactifs et les produits formés, d’une part ; d’autre part, il peut favoriser ou inhiber certaines réactions en solvatant réactifs ou produits. Il existe 2 classes de solvant : • Les solvants non polaires : Ces solvants se caractérisent par un moment dipolaire nul : Benzène (C6H6), toluène (C6H5-CH3), tétrachlorure de carbone (CCl4), hydrocarbures (hexane, cyclohexane…)… Etant non chargés, ils ne solvatent pas les ions du milieu réactionnel. • Les solvants polaires : ils sont divisés en 2 groupes : o Solvants protiques : ils possèdent au moins un atome d’hydrogène lié à un hétéroatome (O, N, S…) comme dans l’eau (H-O-H), les alcools (R-O-H). Du fait de la polarisation des liaisons (H-O, H-N, H-S…), ces protons mobiles sont capables de former des liaisons hydrogène avec des molécules portant des doublets libres ou des charges négatives. 5 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Un solvant protique augmente la polarité de la liaison C-X du substrat et facilite le départ du groupement partant (X) Un solvant protique va solvater le nucléophile par formation de liaisons hydrogène, et va diminuer son pouvoir nucléophile : le solvant protique encage le nucléophile et ralentit son attaque. δ− δ− δ+ O δ+ H δ+ H O δ+ H H H H+ Nu H+ δ H+ δ O− δ+ O− δ δ δ o Solvants aprotiques : ils comportent des atomes à doublets libres mais ne possèdent pas d’hydrogène mobile: les atomes d’hydrogène sont exclusivement liés à des atomes de carbone : 6 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS O O O 1,4-dioxane Tétrahydrofurane Ces solvants dissolvent les composés ioniques par solvatation des cations : l’effet stérique empêche la solvatation des anions qui ne peuvent s’approcher de la charge positive à l’intérieur de la molécule de solvant ; les anions, non encombrés, sont alors très réactifs. δ+ (CH3)2S δ− δ− O δ+ O S(CH3)2 O S(CH3)2 Na (CH3)2S δ+ O− δ δ− δ+ 3) Intermédiaires réactionnels : Entre l'étape initiale et finale d'une réaction chimique, se forment des intermédiaires réactionnels, peu stables, à durée de vie très courte. Ces espèces chimiques sont entièrement consommées à la fin de la réaction, ils ne figurent donc pas dans l’équation stœchiométrique. a) Les radicaux libres : ce sont des atomes neutres possédant un électron célibataire dans une orbitale atomique (•CH3). Les radicaux résultent d’une rupture homolytique (symétrique) d’une liaison covalente. Leur rupture s’effectue facilement par chauffage en présence de peroxydes ou par irradiation (rayonnement photochimique). 7 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS La stabilité des radicaux carbonés est analogue à celle des carbocations, c’est-à-dire que des effets inductifs ou mésomères donneurs (+I, +M) peuvent les stabiliser en diminuant leur déficit électronique. b) Les carbocations : ce sont des cations dont la charge électronique positive est portée par un atome de carbone. Le carbocation possède 6 électrons, il est plan et hybridé sp2; l'orbitale vacante est située perpendiculairement au plan formé par les trois liaisons σ. Le carbocation étant électrophile (charge positive), un nucléophile pourra l’attaquer soit d'un côté du plan soit de l'autre, ce qui peut avoir une influence sur la stéréochimie du produit obtenu. 8 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Les carbocations résultent d'une rupture hétérolytique entre un carbone et un atome plus électronégatif : Possédant un déficit électronique, ces espèces sont très réactives et leur énergie est élevée. Des effets inductifs ou mésomères donneurs (+I, +M) peuvent les stabiliser en diminuant leur déficit électronique mais ce sont des espèces instables et non isolables. 9 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS c) Les carbanions : ce sont des anions dont la charge négative est portée par un atome de carbone. Ils ont une géométrie tétraédrique donc hybridation sp3. Les carbanions résultent d'une rupture hétérolytique entre un carbone et un atome moins électronégatif que le carbone. Les carbanions sont des espèces très instables de haute énergie et non isolables. Ils possèdent un excédent électronique et une charge négative; une de leurs orbitales possède un doublet d'électrons. Les groupements alkyle, par leur effet donneur (+I) augmentent l'excédent électronique et déstabilisent l'espèce. Un effet attracteur (-I) a l'effet inverse. La délocalisation de la charge négative par mésomérie est un facteur stabilisant comme pour les carbocations. 4) Réactifs électrophiles et nucléophiles : a) Réactifs électrophiles : ce sont des réactifs pauvres en électrons. Ils peuvent être électriquement neutres: molécules dont l'atome central possède une lacune électronique : Acides de Lewis : AlCl3, BF3, FeCl3… 10 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Ils peuvent être chargés, sous forme de cations : Ils peuvent être polaires : Ils peuvent être polarisable : Au cours d’une réaction, l'électrophile (déficitaire en électrons) est attaqué par un centre riche en électrons (nucléophile). b) Réactifs nucléophiles : ce sont des réactifs riches en électrons. Ils peuvent être électriquement neutres: molécules dont l'atome central possède un (ou plusieurs) doublet(s) libre(s) : Ils peuvent être chargés négativement (anions) : Ils peuvent contenir une liaison multiple : Remarque : les anions sont plus nucléophiles que les molécules neutres correspondantes. 11 Etude des mécanismes réactionnels Nadia BOULEKRAS Références & Bibliographie conseillée • McMurry, John, Chimie organique - les grands principes, Dunod, 2000. • • • http://www.chem.ucalgary.ca/courses/351/Carey5th/Carey.html#2 http://www.orgapolym.com/accueil_caco.html www.univ-orleans.fr/.../first%20page.htm 12