Telechargé par Catherine Gauthier

Théorie Nouvelle littéraire V 2022

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La nouvelle littéraire
Théorie
Français 4e secondaire
Document préparé par Nathalie Lamarche
École secondaire Arthur-Pigeon
Nom de l’élève :
Groupe :
Table des matières
Les caractéristiques de la nouvelle littéraire
p. 3
Trucs pour écrire une chute
p. 4
L’univers narratif
p. 5-6
Les journées perdues (nouvelle littéraire fantastique)
p. 7-8
Les états psychologiques du personnage principal
P. 9
Les valeurs, les thèmes et l’intrigue
p. 10
Les traits de caractère
p. 11
Liste de sentiments
p. 12
Le schéma narratif
p. 13
Le schéma actantiel
p. 14-15
Les types de narrateur et leur point de vue
p. 16-17
Les temps de la narration : les systèmes verbaux du passé et du présent
p. 18-21
Exercices sur la cohérence verbale dans une nouvelle littéraire
p. 22-26
Les séquences textuelles
p. 27-30
Le discours rapporté : le discours direct et la phrase incise
p. 31
Le discours rapporté : le discours indirect et des exemples de verbes de parole
p. 32
2
Les caractéristiques de la nouvelle littéraire
1) La nouvelle littéraire une histoire courte qui comporte peu de pages. Elle peut donc se lire
sans interruption en un seul moment.
2) La nouvelle est une œuvre de fiction, c’est-à-dire qu’elle est inventée, imaginée par un
auteur dont l’intention est de raconter une histoire qui se déroule dans un univers narratif
(lieu, époque, personnage) généralement réaliste. Parfois, quelques éléments rendent le tout
fantastique.
3) L’univers narratif (personnage, lieu, époque) est réaliste. Il ressemble au nôtre.
a) Les personnages sont peu nombreux et peu décrits (extériorité absente).
* L’accent est mis sur l’intériorité, soit les états d'esprit, les sentiments, les émotions,
(les états psychologiques) et les qualités et les défauts (traits de caractère)
b) Les lieux dans lesquels se déroule l’histoire sont limités et peu décrits; Le lecteur peut
les nommer et repérer des citations y faisant référence.
c) L’époque est peu décrite : elle doit souvent être déduite à partir des accessoires, des
objets, des événements sociopolitiques, etc.
4) L’élément déclencheur amorce un déséquilibre chez le personnage principal qui, forcé d’agir,
subira une évolution psychologique.
5) La nouvelle littéraire comporte souvent un dénouement imprévisible, inattendu, appelé la
chute du récit. Ce dénouement qui peut être bon ou mauvais pour le personnage résout
l’intrigue amorcée par l’élément déclencheur. Ce dénouement force souvent le lecteur à
réinterpréter toute l’histoire. Par ailleurs, le titre de la nouvelle a souvent un lien avec
la chute.
6) La situation finale est souvent absente.
3
Trucs pour écrire une chute
La chute d’une nouvelle littéraire, c’est sa fin inattendue, imprévisible.
Voici quelques trucs pour créer une chute :
1) Choisir un titre qui produit une fausse interprétation des faits ou des actions;
2) Mystifier les lecteurs en jouant sur le double sens d’un mot important dans le récit;
3) Dénouer l’histoire par un retournement de situation;
4) Révéler un élément, à la toute fin, qui apportera un nouvel éclairage à l’histoire;
5) Clore le récit par une réflexion déroutante ou équivoque.
À éviter à tout prix : le personnage qui se réveille et qui réalise qu’il a fait un cauchemar.
4
L’univers narratif
(l’époque, le temps, la durée, le lieu et le personnage)
L’époque
L’époque fait référence à un siècle précis qui est indiqué clairement par une date ou suggéré
par plusieurs indices :




les objets (outils, moyens de transport et de communication, etc.);
les évènements historiques (guerres, personnages historiques, etc.);
les productions artistiques (livres, films, pièces de théâtre);
l’organisation politique (royauté, démocratie, dictature, etc.)
Le lieu
Le lieu où se déroule la nouvelle peut être réel, inventé de toutes pièces ou suggéré. Les indices
ci-dessous permettent d’identifier un pays, une ville ou une région du monde dans un texte.


les détails géographiques;
le climat et la végétation;


l’architecture;
les odeurs et les bruits.
Le personnage
Voici quelques éléments qui caractérisent un personnage :

son nom, son prénom, son surnom, son titre;

sa situation familiale ou état civil (marié, veuf, célibataire, conjoint de fait, etc.);

Ses caractéristiques psychologiques ou ses traits de caractère (qualités / défauts);

Ses caractéristiques socioculturelles : sa profession, son mode de vie, l’endroit où il
habite, son éducation, ses goûts (vêtements, alimentation, loisirs, lectures, films,
musique), sa façon de parler, etc.
5
Le temps et la durée
C’est le moment de la journée et/ou de l’année où débute l’histoire. Le lecteur peut déterminer
combien de temps a duré celle-ci en relevant les indices de temps au fil de sa lecture ou en
s’attardant aux indices comme les saisons décrites dans le texte.
Voici quelques indices de temps à utiliser :
Situer un moment précis de l’histoire :

un moment de l’année;

un moment de la journée.
Situer les événements les uns par rapport
aux autres;

AVANT un événement;

EN MÊME temps qu’un événement;

APRÈS un événement.

C’était l’automne…
Les feuilles des arbres rougissaient…
Le printemps arrivait…
La neige commençait à fondre, etc.

Cet après-midi-là, ce soir-là, quand le
soleil
se leva, la lune éclairait les rues, etc.

La veille, la semaine précédente,
quelques jours auparavant, avant que,
etc.
Au même instant, pendant ce temps,
alors que, pendant que, au moment où,
lorsque, etc.
Après que, dès que, puis, ensuite, le
lendemain, deux jours plus tard, la
semaine suivante, etc.


Indiquer qu’un événement s’est produit
d’une façon soudaine.

tout à coup, lorsque,
brusquement, etc.
soudain,
Marquer, de façon plus ou moins précise, la
durée des événements.

Le jour suivant, deux jours plus tard,
dans l’après-midi, dans la soirée,
quelques semaines passèrent, cela dura
deux ans, etc.
Marquer, de façon plus ou moins précise, la
fréquence des événements.

Fréquemment,
souvent,
quotidiennement, le lendemain et les
jours suivants, chaque jour, chaque
matin, etc.
6
Les journées perdues1
Quelques jours après avoir pris possession de sa somptueuse villa, Ernst Kazirra,
rentrant chez lui, aperçut de loin un homme qui sortait, une caisse sur le dos, d’une porte
Situation initiale
Élément
déclencheur
Péripéties
secondaire du mur d’enceinte, et chargeait la caisse sur un camion. Il n’eut pas le temps de le
rattraper avant son départ. Alors, il le suivit en auto. Et le camion roula longtemps, jusqu’à
l’extrême périphérie de la ville, et s’arrêta au bord d’un vallon. Kazirra descendit de voiture et
alla voir. L’inconnu déchargea la caisse et, après quelques pas, la lança dans le ravin, qui était
plein de milliers et de milliers d’autres caisses identiques.
Il s’approcha de l’homme et lui demanda : « Je t’ai vu sortir cette caisse de mon parc.
Qu’est-ce qu’il y avait dedans ? Et que sont toutes ces caisses ? »
L’autre le regarda et sourit : « J’en ai encore d’autres sur le camion, à jeter. Tu ne sais
pas? Ce sont les journées.
-
Quelles journées ?
Tes journées.
Mes journées ?
Tes journées perdues. Les journées que tu as perdues. Tu les attendais, n’est-ce pas ?
Elles sont venues. Qu’en as-tu fait ? Regarde-les, intactes, encore pleines.
Et maintenant … »
Kazirra regarda. Elles formaient un tas énorme. Il descendit la pente et en ouvrit une. À
l’intérieur, il y avait une route d’automne, et au fond Graziella, sa fiancée, qui s’en allait pour
toujours. Et il ne la rappelait même pas.
Il en ouvrit une autre. C’était une chambre d’hôpital, et sur le lit son frère Josué, malade,
qui l’attendait. Mais lui était en voyage d’affaires.
1
Dino Buzzati, « Solitudes », dans Les nuits difficiles, Le Livre de poche, 1975. Traduit de l’italien par Michel Sager.
7
Il en ouvrit une troisième. À la grille de la vieille maison misérable se tenait Duk, son
mâtin fidèle qui l’attendait depuis deux ans, réduit à la peau et aux os. Et il ne songeait pas à
revenir.
Il se sentit prendre par quelque chose qui le serrait à l’entrée de l’estomac. Le
manutentionnaire était debout au bord du vallon, immobile comme un justicier.
« Monsieur ! cria Kazirra. Écoutez-moi. Laissez-moi emporter au moins une de ces trois
journées. Je vous en supplie. Au moins ces trois. Je suis riche. Je vous donnerai tout ce que
vous voulez. »
Le manutentionnaire eut un geste de la main droite, comme pour indiquer un point
inaccessible, comme pour dire qu’il était trop tard et qu’il n’y avait plus rien à faire. Puis, il
Dénouement
Situation
finale
s’évanouit dans l’air, et au même instant disparut aussi le gigantesque amas de caisses
mystérieuses. Et l’ombre de la nuit descendait.
1. a) Dans quel pays cette histoire se déroule-t-elle? ______________________________
b) Relève deux mots qui le prouvent. _________________
__________________
2. Relève quelques traits de caractère du personnage principal.
____________________ ____________________ ____________________
3. Relève deux mots qui révèlent son statut socioéconomique.
____________________
____________________
4. Relève deux valeurs importantes pour le personnage principal.
____________________
____________________
5. Relève trois indices de temps qui marque la progression de l’histoire.
__________________
__________________
_________________
6. Modélisation de l’appréciation du texte avec le critère du réalisme de l’histoire.
8
Les états psychologiques du personnage principal
L’histoire d’une nouvelle littéraire se construit généralement autour d’un personnage
principal dont la vie se transformera subitement à la suite d’un événement unique et singulier
appelé élément déclencheur.
Les attitudes, les réactions et les actions posées par le personnage principal révèlent
ses états psychologiques du moment, c’est-à-dire ce qu’il ressent. Toutes les actions, tous les
renseignements obtenus sur les lieux ou visent à faire progresser ce personnage principal en
améliorant ou en détériorant son état psychologique.
 Détermine l’état psychologique qui est révélé par chacune des phrases suivantes.
Phrases tirées de la nouvelle
Les journée perdues
États psychologiques du personnage
principal
1. Il le suivit en auto.
2. Qu’est-ce qu’il y avait dedans ? Et que sont toutes
ces caisses ?
3. Quelles journées ? Mes journées ?
4. Il se sentit prendre par quelque chose qui le serrait
à l’entrée de l’estomac.
5. Monsieur ! cria Kazira. Laissez-moi emporter au
moins une de ces trois journées. Je vous en
supplie.
6. Le manutentionnaire eut un geste de la main droite,
comme pour indiquer un point inaccessible, comme
pour dire qu’il était trop tard et qu’il n’y avait plus
rien à faire.
9
Les valeurs
Les valeurs sont des croyances, des convictions auxquelles une personne ou un personnage
accorde beaucoup d’importance. Elles sont révélées par les dialogues et les actions du
personnage.
Ex. :
Le thème
C’est le sujet d’une œuvre littéraire. Ce dernier peut être révélé par les actions, les dialogues,
les défis du personnage principal ou le champ lexical (ensemble de mots qui se rapportent à un
même sujet). Le titre peut être un indice du thème. Le thème principal est récurrent, c’est-àdire qu’il apparaît du début à la fin du texte, tandis que les thèmes secondaires n’apparaissent
que ponctuellement dans une des parties du schéma narratif.
Thème principal : _______________________________________________________
Thèmes secondaires : ____________________________________________________
L’intrigue
Comme tu l’a vu précédemment, le personnage principal se trouve dans l’obligation d’agir
à la suite d’un élément déclencheur qui amorce sa transformation psychologique. L’évolution
psychologique du personnage principal a une incidence sur l’évolution de l’intrigue. Celle-ci
influence l’état psychologique du personnage en le faisant évoluer.
Évolution
de
l’intrigue :
Évolution psychologique du personnage
composantes du schéma narratif
(É.D., péripéties,dénouement)
principal : changement dans ses états
psychologiques (sentiments)
10
Les traits de caractère
Lorsqu’un auteur décrit ses personnages, il ne retient que quelques traits
caractéristiques, ceux qui influencent le déroulement du récit (évolution psychologique)
ou qui permettent de comprendre leurs actions.
1. Traits de caractère (qualités et défauts)
Traits de
caractère
Antonymes
Traits de
Antonymes
caractère
Assuré
Agressif – violent
Avare
Courageux
Cupide
Déterminé–résolu
Ennuyeux
Humble
Juste
Loyal
Paresseux
Réaliste
Sensible
11
Voici une liste de sentiments que tu pourras mentionner dans ton texte.
Liste de sentiments
Joie
enthousiasme
réjouissance
optimisme
gaité
satisfaction
soulagement
excitation
amusement
passion
plaisir
amour
reconnaissance
liberté
fierté
confiance
entrain
enchantement
euphorie
triomphe
jubilation
Tristesse
déprime
déception
mélancolie
contrariété
blessure
chagrin
découragement
solitude
désespoir
lassitude
regret
rancoeur
rejet
ennui
humiliation
désintérêt
peine
abandon
accablement
désarroi
Peur
inquiétude
crainte
panique
anxiété
frayeur
nervosité
préoccupation
incertitude
souci
terreur
menace
doute
méfiance
pessimisme
tension
intimidation
défensive
hystérie
effroi
détresse
Colère
frustration
rage
agitation
perturbation
contrariété
fureur
révolte
tension
irritation
indignation
énervement
amertume
rancune
jalousie
mesquinerie
provocation
vengenance
Exaspération
agressivité
haine
Autres
infériorité
honte
mépris
embarras
désolation
exclusion
critique
inutilité
culpabilité
impatience
envie
surprise
consternation
dégoût
vulnérabilité
confusion
perplexité
bravoure
empathie
timidité
12
LE SCHÉMA NARRATIF
Situation initiale : Qui? Quoi? Où? Quand? Comment? Pourquoi?
 Présentation de l’univers narratif, c’est-à-dire présentation du personnage principal dans sa
situation d’équilibre, du lieu et de l’époque. Création de l’atmosphère : menace, mystère, humour,
imaginaire…
Élément déclencheur
 Événement ou action qui vient rompre l’équilibre de la situation initiale et qui entraîne une série
de réactions chez le personnage principal et le pousse à agir.
Déroulement / péripéties
 Ce qui pousse le personnage à agir, c’est sa quête de stabilité, son envie de rétablir l’équilibre.
Ainsi, chaque situation différente vécue par le personnage principal constitue une péripétie.
Habituellement, un récit comporte plusieurs péripéties.
Dénouement
 La nouvelle littéraire comporte souvent un dénouement imprévisible, inattendu, appelé la chute
du récit. Ce dénouement qui peut être bon ou mauvais pour le personnage résout l’intrigue
amorcée par l’élément déclencheur. Ce dénouement inattendu force souvent le lecteur à
réinterpréter toute l’histoire. Le titre a souvent un lien avec la chute. C’est la dernière action
posée par le personnage principal et qui scellera définitivement son sort.
Situation finale : Qui? Quoi? Où? Quand? Comment? Pourquoi?
 Un nouvel équilibre est créé : la situation du personnage principal peut s’être améliorée ou
détériorée. C’est la réaction du personnage face au dénouement : le constat qu’il fait de sa
situation.
L’histoire, c’est ce qui est raconté, c’est-à-dire les événements qui se sont produits. Le récit, c’est la
façon de raconter les événements. On peut raconter les événements dans l’ordre dans lequel ils se
sont déroulés (ordre chronologique) ou perturber cet ordre en faisant des retours en arrière ou des
projections dans le futur.
13
LE SCHÉMA ACTANTIEL
Le schéma actantiel permet d’illustrer les relations que le personnage principal entretient avec
les autres personnages à partir des actions qu’il pose.
DESTINATEUR :
DESTINATAIRE :
Personne, chose ou circonstance qui
pousse le personnage principal à
À qui ou à quoi la réussite de la
quête profite-t-elle ?
atteindre son but.
Pour qui ou pour quoi le sujet veut
l’objet.
OBJET:
C’est le but à atteindre du personnage
principal, ce qu’il veut par-dessus tout, sa
quête (personne, chose, idée).
SUJET :
C’est le personnage principal, le
héros de l’intrigue.
OPPOSANT(S) :
ADJUVANT(S) :
Ce qui aide
le
sujet
à
réaliser son but. Cela peut
être une personne, une
chose, un élément.
Ce qui s’oppose ou nuit à la
réalisation du but. Cela
peut être une personne, une
chose, un élément.
14
SCHÉMA ACTANTIEL
Le schéma actantiel permet d’illustrer les relations que le personnage principal entretient avec
les autres personnages à partir des actions qu’il pose. Fais le schéma actantiel du texte Les
journées perdue p. 7-8.
DESTINATEUR :
DESTINATAIRE :
À qui ou à quoi la réussite de la
quête profite-t-elle ?
OBJET:
SUJET :
ADJUVANT(S) :
OPPOSANT(S) :
15
Les types de narrateur et leur point de vue
« L’auteur est une personne concrète qui existe ou a déjà existé; le narrateur est le rôle que
l’auteur s’invente et qu’il joue, le temps de faire son récit, de raconter son histoire2 ».
LE NARRATEUR OMNISCIENT (DIEU)

Le récit est écrit à la 3e personne : il.

Le narrateur est absent de l’histoire : on ne le voit pas. Aucun indice ne permet de
l’identifier. C’est une « voix » externe qui raconte.
Ex. : Elle était au volant de son auto ce matin-là. Tout à coup, un camion est entré en collision
avec son véhicule et, sous la force de l’impact, elle a été éjectée de sa voiture sous le
regard paniqué de la voisine. On l’a conduite à l’hôpital le plus rapidement possible. On juge
son état très grave. Elle restera probablement immobilisée durant plusieurs mois. En ce
moment, ce qui l’inquiète, c’est de savoir si elle pourra retrouver sa mobilité.
LES NARRATEURS PERSONNAGES
LE NARRATEUR PARTICIPANT (HÉROS) : le personnage principal

Le récit est écrit à la 1ère personne : le je désigne le personnage principal.

Le narrateur est le personnage principal qui raconte ce qu’il a vécu, ce qu’il vit ou
ce qu’il vivra.
Ex. : J’ai subi un grave accident et je ne me souviens plus de rien. Tout ce que je sais
maintenant, c’est que je suis immobilisée dans un lit d’hôpital, dans le plâtre, des pieds à
la tête. J’ignore si je pourrai retrouver ma mobilité.
2
DUMORIER, J.-L. et PLAZANET, Fr., Pour lire le récit, Paris-Gembloux, Duculot, 1980, 185 pages, p. 111.
16
LE NARRATEUR TÉMOIN : un personnage secondaire

Le je désigne le narrateur et le il désigne le personnage principal.

Le narrateur est un personnage secondaire qui raconte une histoire dont il a été
le témoin ou une histoire qui lui a été racontée.
Ex. : J’étais dehors en train de ramasser des feuilles et j’ai tout vu : un camion est entré en
collision avec une toute petite auto. La conductrice de l’automobile a été éjectée de son
véhicule et est venue s’écraser sur la pelouse de ma propriété. Elle est maintenant à
l’hôpital. On m’a dit que son état est jugé grave et qu’on ne sait pas si elle va retrouver
sa mobilité.
Les points de vue du narrateur
Le point de vue interne
Le point de vue externe
Comme si le narrateur était dans la tête du
personnage.
Le narrateur
personnages.
est
à
l’extérieur
des
Le narrateur raconte l’histoire et décrit les
éléments en se basant sur la conscience d’un
personnage :
sentiments,
motivations,
pensées, ambiances etc.
Le narrateur raconte l’histoire et décrit les
éléments sur la base de ce qu’il voit et
entend : dires, apparences physiques, gestes,
etc.
Les propos sont plus subjectifs : le narrateur Les propos sont plutôt objectifs : le
donne son point de vue sur les personnages ou narrateur est neutre, il ne donne pas son point
l’action, il fait des commentaires sur l’action, de vue ni ne passe des commentaires.
l’époque, etc.
Texte Les journées perdues
Texte Les journées perdues
« Il se sentit prendre par quelque chose qui « Alors, il le suivit en auto. Et le camion roula
le serrait à l’entrée de l’estomac. » Dans cet longtemps jusqu’à l’extrême périphérie de la
extrait, le narrateur sait ce que ressent le ville et s’arrêta au bord d’un vallon. »
personnage.
L’extrait représente ce que le narrateur voit.
17
Les temps de la narration
Lorsque viendra le temps de composer une nouvelle littéraire, il sera très important de
t’assurer que ton texte possède une cohérence verbale.
Il y a deux temps de narration : le passé et le présent.
La narration au passé
 L’IMPARFAIT
LORS DES DESCRIPTIONS
L’imparfait de l’indicatif indique que l’action a débuté dans le passé, mais n’est pas terminée.
Dans une histoire, l’imparfait est surtout utilisé à travers les descriptions (univers narratif :
les lieux, les personnages, l’époque, les sentiments, les ambiances etc.) que l’on retrouve à la
situation initiale et tout au long de l’histoire. L’imparfait rapporte une action répétitive ou qui
dure un certain temps.
Voici la terminaison de tous les verbes utilisés à l’imparfait :
Je dans
Tu voul
Il pleuv
Nous cri
Vous sort
Ils siffl
 LE
ais
ais
ait
ions
iez
aient
PASSÉ SIMPLE LORS DES ACTIONS
Le passé simple situe l’action dans le passé. Dans un récit, il sert à raconter la suite des actions
qui font progresser l’histoire (des gestes, des évènements et des actions qui viennent, tout à
coup, interrompre la routine, surprendre les personnages et changer l’ordre des choses).
18
Pour former le passé simple d’un verbe, on choisit une des 4 formes suivantes :
Verbes du 1er
groupe
en er
aller
J’allai
Tu allas
Il alla
Nous allâmes
Vous allâtes
Ils allèrent
Verbes du 2e gr en
ir (issant)
Verbes du 3e groupe
en ir, oir, re
dire
asseoir, finir,
sortir, voir, mettre,
comprendre, écrire
Je dis
Tu dis
Il dit
Nous dîmes
Vous dîtes
Ils dirent
Verbes du 3e groupe
en ir, en oir, re
Tenir – venir-
être
recevoir, devoir,
pouvoir, courir,
mourir, lire
Je fus
Tu fus
Il fut
Nous fûmes
Vous fûtes
Ils furent
Je vins
Tu vins
Il vint
Nous vînmes
Vous vîntes
Ils vinrent
C’est seulement avec les pronoms nous et vous que le verbe conjugué
au passé simple prend un accent circonflexe.
D’autres temps sont utilisés lors de la narration au passé :
Passé
Narration au passé
Retour en arrière
Futur
Anticipation de l’avenir
Passé antérieur
Passé simple (actions)
Plus-que-parfait
Imparfait (descriptions)
Conditionnel présent
Conditionnel passé
19
Lis le texte ci-dessous, puis souligne d’un trait les verbes à un temps simple et de deux
traits, les verbes à un temps composé. Situe ensuite les 11 verbes soulignés dans les
colonnes appropriées du tableau suivant.
Amélie leva les yeux. Éric la rejoindrait comme prévu vendredi soir. La lettre qu’il lui avait
enfin expédiée dissipait toutes ses angoisses. Elle pouvait enfin respirer. Éric avait été hésitant
la dernière fois qu’il lui avait parlé au téléphone. Amélie avait eu un doute. Viendrait-il à leur
rendez-vous ? Pourquoi revenir à ces sombres pensées ? Elle enfila ses bottes et son manteau,
et se rendit chez le fleuriste.
Passé
Narration au passé
Retour en arrière
Futur
Anticipation de l’avenir
La narration au présent
Voici le tableau résumant les temps utilisés lors de la narration au présent :
Passé
Narration au présent
Retour en arrière
Passé composé
Plus-que-parfait
Futur
Anticipation de l’avenir
Présent (actions)
Imparfait (descriptions)
Futur simple
Futur antérieur
20
Lis le texte ci-dessous, puis souligne d’un trait les verbes à un temps simple et de deux
traits, les verbes à un temps composé. Ensuite, situe les 10 verbes dans les colonnes
appropriées du tableau suivant.
Voici une nouvelle venue en littérature : elle se nomme Véronique. Elle est arrivée en janvier
dernier pour faire la promotion de son livre, qui a pris tout le monde par surprise. L’aventure a
commencé lorsque notre collègue a écrit un article élogieux à son égard. Il l’encensa tellement
que, depuis lors, elle multiplie entrevues et séances d’autographes. Véronique se dit fort
heureuse de la situation et nous promet un nouveau titre pour l’automne. Vous tomberez
sûrement sous le charme de cette écrivaine.
Passé
Retour en arrière
Narration au présent
Futur
Anticipation de l’avenir
Les dialogues se font toujours au temps présent, peu importe le
temps de la narration (passé ou présent).
21
Cohérence des temps verbaux dans la nouvelle littéraire
CONSIGNE : conjugue les verbes aux temps appropriés à la narration au passé.
Puis, souligne les passages qui révèlent le point de vue interne du narrateur :
pensées, émotions du personnage et commentaires du narrateur.
Sans le faire exprès, par pur hasard, en ouvrant la porte de chez lui avec sa clef, Luigi
ne (faire) _________ aucun bruit. Il en (profiter) ___________________, pour le plaisir de
faire une surprise, et (avancer) _________________ doucement, à pas de loup.
À
peine
entré,
il
(sentir)
_______________________
que
Clara
(être)
____________ à la maison. Là-dessus, il ne (se tromper) ______________________ jamais.
On sait comment la présence d’une femme transforme l’atmosphère environnante.
Il en (éprouver) ____________________
un sentiment de consolation. Il l’ (aimer)
______________ tant que chaque fois qu’il (rentrer) _____________________, si absurde
que ce soit, il (avoir) _________________ peur qu’entre-temps, elle ne soit partie pour
toujours.
Il (arriver) __________________ au bout du vestibule sans avoir fait grincer le
plancher, (continuer) ______________________ avec moins de risque sur les carreaux du
couloir. Tout doucement, il (tendre) _________________ le cou pour explorer la cuisine.
Ah! Clara (être) _______________ là. Il la (voir) ________________ de dos, à moins
de deux mètres de lui. Debout, sans soupçonner le moins du monde la présence de Luigi, elle
(occuper) _____________ ___________________ à apprêter quelque chose sur la table.
Rien qu’en regardant sa nuque, il (comprendre) ___________________ qu’elle (sourire)
22
____________________. Quelle chère, quelle merveilleuse créature ! Elle (préparer)
_____________________
sans
doute
un
de
ses
plats
préférés
et
elle
(être)
_____________ tout heureuse en savourant à l’avance sa satisfaction.
Soudain, elle se (déplacer) _____________________ sur le côté, maintenant elle (se
présenter) __________________________ à Luigi de trois quarts, il (apercevoir)
_______________________ la courbure ferme de sa joue, l’extrémité des cils, le bout de
son nez si spirituel et impertinent, l’ébauche de ses lèvres, qui effectivement (retrousser)
___________
____________________ par un sourire (ou (être) ______________- ce
l’effort de l’attention ?).
Du visage adoré son regard (glisser) __________________ sur les mains maintenant
visibles. Luigi (pouvoir) ___________ enfin voir ce que Clara (faire) __________________.
Sur un plateau recouvert d’un dessus de broderie, une douzaine de petits gâteaux
feuilletés
avec
une
demi-cerise
confite
au
milieu
(disposer)
__________
________________ ; justement ceux qu’il (savourer) ___________________ avec tant de
plaisir : ils (sembler) _____________________ parfaitement terminés. Pourtant, Clara
(continuer) ______________________ à les manipuler comme pour leur donner une touche
finale.
Mais quelle curieuse opération ! Avec deux doigts de la main gauche, Clara (détacher)
___________________ les cerises confites, et à cet endroit même, avec une espèce de
petite poire ou de petit flacon qu’elle (tenir) _______________ dans la main droite, elle
(laisser)
________________
tomber
–
c’est
du
moins
ce
qu’il
lui
(sembler)
23
___________________
– une
pincée
de
poudre
blanche.
Ensuite, elle
(reposer)
___________________ la cerise à sa place en la fixant bien sur le feuilleté.
Comme Clara l’ (aimer) ______________ ! Quelle autre femme (avoir) __________
______ pour lui, qui (être) _____________ un homme déjà vieux, au physique plutôt ingrat,
autant d’amoureuses attentions ? Et quelle fille splendide, quel type chic et intéressant ! Tous
l’ (envier) __________________ sûrement.
Méditant sur sa chance quasiment incroyable, Luigi (être) ____________ sur le point
de révéler sa présence, quand il (frapper) ______
_____________ par l’exceptionnelle
concentration de Clara dans laquelle il y (avoir) __________ – il le (remarquer)
____________________ seulement maintenant – quelque chose de furtif, comme quelqu’un
qui fait une chose défendue. Et soudain – coup de tonnerre dans un matin de soleil – il (assaillir)
______
__________________ par un soupçon horrible ; et si par hasard, la poudre de la
petite poire était du poison ?
Au même moment, par une association d’idées foudroyante, une foule de menus épisodes
auxquels
il
n’
(faire)
__________
pas
________
attention
lui
(revenir)
___________________ à la mémoire; maintenant, mis bout à bout, ils (prendre)
___________________ un aspect inquiétant. Certaines froideurs de Clara, certains gestes
de contrariété, certains regards ambigus, certaines insistances insolites pour qu’il mange
davantage, pour qu’il reprenne tel ou tel plat.
Avec un sursaut d’indignation, Luigi (chercher) ____________________ à repousser
la pensée monstrueuse. Comment imaginer une pareille absurdité ? Mais la pensée (revenir)
24
_______________ aussitôt avec un élan encore plus méchant. Et puis, tout d’un coup, ses
rapports avec Clara (se présenter) __________________________ sous un aspect nouveau,
qu’il
n’
(considérer)
__________
encore
jamais
___________________.
(Être)
___________ – ce possible qu’une femme comme Clara l’aime vraiment ? Quel motif, sinon
l’intérêt, (pouvoir) __________________ la retenir à ses côtés ? En quoi (consister)
______________________ les preuves de son affection ? Les câlineries, les petits sourires,
les attentions gastronomiques ? C’ (être) _____________ tellement facile pour une femme de
simuler. Et dans son cas, l’attente impatiente d’un héritage somptueux n’ (être) __________ –
elle pas instinctive ?
À ce moment précis, Luigi (pousser) ____________________ un soupir, elle se
(retourner) __________________ brusquement et pendant une fraction de seconde, mais
peut-être encore moins, peut-être même n’ (être) ____________ – ce pas vrai, peut-être
(être) ____________ – ce un jeu de son imagination surexcitée, le visage aimé (avoir)
____________ une expression de terreur, mais immédiatement, avec une rapidité incroyable,
il (se reprendre) _______________, s’ouvrant de nouveau au sourire.
« Dieu ! quelle peur tu m’as faite! (s’écrier) _____________ Clara, mais pourquoi ces
plaisanteries, mon trésor ?
–
Qu’est-ce que tu étais en train de faire ?
–
Tu le (voir) __________, non? Tes petits gâteaux…
–
Et cette poire, qu’est-ce que c’est ?
25
–
Quelle petite poire ? »
Clara (montrer) ____________________ ses mains ouvertes pour faire voir qu’elle
n’(avoir)
__________
rien :
le
flacon
(disparaître)
____________
____________________.
« Mais si, cette poudre que tu (mettre) _________________…
–
Quelle poudre ? Tu (avoir) ______ des visions, chéri ? Je posais les cerises confites…
Mais toi ? Dis–moi plutôt ce que t’ (dire) _____ _________ le médecin ?
–
Bah ! j’ai l’impression qu’il n’y (comprendre) __________________ pas grand-chose… Il
(parler) ____________________ de gastrite… de cholécystite… Le fait (être)
_______ que mes douleurs ne (passer) _________________ pas… et je (se sentir)
_____________ chaque jour un peu plus faible.
–
Oh ! vous autres, les hommes, il (suffire) ______________ que vous ayez un bobo de
rien du tout pour que vous vous (laisser) ___________________ aller. Voyons, un peu
de courage, ces petits malaises, tu les (avoir) ______________ aussi dans le passé.
–
Oui, mais jamais douloureux comme cette fois.
–
Oh ! chéri, si c’ (être) ___________ quelque chose de sérieux, tu n’ (avoir)
_____________ plus d’appétit. »
Extrait tiré de la nouvelle Esclave de Dino Buzzati.
26
Les séquences textuelles dans la nouvelle littéraire
Dans une nouvelle littéraire, la séquence textuelle dominante est la séquence narrative.
Toutefois, d’autres séquences textuelles composent ce type de texte.
La séquence descriptive : tous les passages dans lesquels il y a la description d’une
personne, d’une émotion, d’une situation, d’un lieu, d’un objet.
Indices : verbes à l'imparfait, au plus-que-parfait ou au présent de l'indicatif, présence de
caractéristiques, d’aspects et de sous-aspects.
Ex. : Marie avait les cheveux en bataille et la mine renfrognée lorsqu’elle sortit du lit.
Marie sortit du lit, la mine renfrognée et les cheveux en bataille.
La séquence explicative : tous les passages dans lesquels il y a une explication qui nous fait
comprendre les raisons de la présence d’une action, d’une
réaction, d’une émotion, d’une situation, etc.
Indices : mots exprimant des relations de causalité (raison, motif, marqueurs de relation
exprimant la cause (parce que, comme, étant donné que, puisque, vu que, etc.) ou
marqueurs de relation exprimant la conséquence (tellement que, de sorte que, au
point que, etc.))
Ex. : Elle s’était disputée violemment avec son frère puisque ce dernier lui avait pris son
téléphone cellulaire sans le lui demander.
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La séquence argumentative : tous les passages dans lesquels le narrateur ou un
personnage fait valoir son point de vue, sa façon de
penser à l’aide d’arguments, fondés sur un fait, une
valeur ou un raisonnement.
Indices : présence d’opinion, d’arguments, de procédés argumentatifs.
Ex. : « Maxime, tu n’avais pas le droit d’entrer dans ma chambre pour venir prendre mon
téléphone cellulaire. Tu devais me demander la permission. C’est ma chambre et non la
tienne. Si j’avais osé faire la même chose, tu ne te serais pas gêné pour m’engueuler.
C’est un manque de respect à mon égard. »
La séquence dialogale : un passage qui présente les interactions entre deux ou plusieurs
énonciateurs. C’est la séquence dominante d’une pièce de théâtre,
d’une bande dessinée ou d’une entrevue. Elle est également la
séquence secondaire d’une nouvelle littéraire.
Indices : présence de tirets et de phrases incises.
Ex. : Marie, tellement absorbée par les aventures de Mary Simpson, ne s’aperçoit pas de la
présence de Pierrot Desautels. Ce dernier surgit d’on ne sait où, peut-être de derrière un
arbre, comme le loup dans la forêt.
« Salut! dit Pierrot.
-
Ah! Tu m’as fait peur, répondit Marie.
C’est qui Mary Simpson?
Je parle pas aux étrangers.
Pierrot Desautels, sixième B.
Je te connais pas. Pis t’es trop vieux pour être en sixième.
Disons que j’ai doublé. Où est-ce que tu vas comme ça?
À l’école, où est-ce que tu veux que j’aille?
Ça presse pas.
Je suis en retard.
On pourrait jouer un peu.
Non, je suis pressée. Salut! »
[…]
Carole Fréchette, extrait de Les quatre morts de Marie, ©Actes Sud-Papiers, 1998.
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La séquence narrative : passage qui raconte une histoire dont le récit est organisé selon
le schéma narratif (situation initiale, élément déclencheur,
péripéties, dénouement, situation finale).
Indices : présences d’organisateur textuels de temps, de verbes au passé simple de l’indicatif.
Ex. :
Ça c’est du spectacle
L’été précédant ma quatrième année d’université, j’ai loué une maison sur la côte
avec quelques amis. Un mardi soir, vers neuf heures et demie, je suis sortie et descendue à la
plage. Comme il n’y avait personne aux environs, je me suis déshabillée, j’ai laissé mes vêtements
en tas et j’ai plongé dans les vagues. J’ai nagé pendant une vingtaine de minutes et puis je suis
revenue vers la plage en me laissant porter par un rouleau.
Quand je suis sortie de l’eau, mes vêtements avaient disparu. Je me demandais que
faire, lorsque j’ai entendu des voix. C’était des gens qui marchaient le long du rivage – et qui
marchaient vers moi. J’ai décidé de piquer un sprint et de courir jusqu’à la maison, qui se
trouvait à une cinquantaine de mètres. La porte me paraissait ouverte, en tout cas j’y voyais de
la lumière. Mais en approchant, je me suis rendu compte à la toute dernière seconde qu’il y avait
une porte grillagée. Je suis passée à travers.
Maintenant me voilà, au beau milieu d’un living-room. Il y a un père et deux petits gosses
qui regardent la télé, assis sur un canapé, et moi je suis debout au milieu de la pièce, sans un
voile. J’ai fait demi-tour, j’ai repassé la porte au grillage déchiré et j’ai couru comme une folle
vers la plage. J’ai pris vers la droite, j’ai continué à courir et j’ai fini par retrouver ma pile de
29
vêtements. J’ignorais qu’il y avait un courant sous-marin. Il m’avait emportée à bonne distance
de l’endroit où j’étais entrée dans l’eau.
Le lendemain, je suis partie sur la plage à la recherche de la maison avec la porte au
grillage déchiré. Je la trouve, je monte pour frapper à ce qui reste de la porte et je vois le
père, à l’intérieur, qui arrive vers moi. Je me mets à bredouiller et finalement je parviens à
dire : « Vous savez, je suis vraiment confuse de ce qui s’est passé, je voudrais vous rembourser
le grillage. »
Le père m’interrompt, lève les mains en un geste théâtral et dit : « Mon chou, je ne
pourrais rien accepter de votre part. C’était le meilleur spectacle que nous ayons eu de toute
la semaine. »
Nancy Wilson (Collingswood, New Jersey), extrait de Je pensais que mon père était Dieu, et autres récits de la
réalité américaine, anthologie composée et préfacée par Paul Auster, trad. Christine Le Bœuf, © Actes Sud, 2001,
pour la traduction française.
Attention : la notion de destinataire peut être comprise de deux façons :
1. Le destinataire du schéma actantiel, c’est-à-dire les personnages auxquels
la réalisation du but profitera.
2. Le destinataire d’un texte, c’est-à-dire les personnes à qui le texte
s’adresse.
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LE DISCOURS RAPPORTÉ
LE DISCOURS DIRECT
Le discours direct consiste à rapporter mot à mot les propos de quelqu'un. Il est possible
d'introduire directement un dialogue en utilisant un verbe de parole (dire, demander, s'écrier,
etc.) et les différents signes typographiques que sont le deux-points (:), les guillemets (« »)
et les tirets (-) qui signalent le changement de locuteur.
Remarque : On ne trouve qu’un guillemet au début et un autre à la fin du discours direct
et non pas à chacune des répliques.
Exemple :
Elle entra rapidement dans son bureau et s'écria: « Je pense que je mérite une
explication !
– Non, je ne le pense pas.
– Vous m’avez menti ! Je ne le tolère pas ! s’exclama-t-elle d’un ton agressif.
– Assieds-toi, je vais t’expliquer », dit-il calmement.
Elle s’assit pendant qu’il prenait une longue inspiration.
La phrase incise
La phrase incise est une phrase insérée dans une autre qui signale la présence d’un discours
rapporté direct. Cette phrase comportant un verbe de parole (dire, demander, affirmer, etc.)
peut être placée à l'intérieur ou après l'énoncé rapporté. Dans la phrase incise, le sujet est
placé après le verbe et désigne l'énonciateur des propos.
Cette phrase est utile pour démêler les différents locuteurs et préciser l’attitude ou le
ton employé par le personnage lorsqu’il s’exprime comme dans l’exemple ci-haut.
Ex. : « Malheureusement, certains patients risquent d’en subir les conséquences », affirme
la Dre Lucie Opatrny, sous-ministre à la Santé.
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LE DISCOURS INDIRECT
Le discours indirect consiste à rapporter les propos de quelqu'un en d'autres mots
(reformulation). Ce type de discours ne permet donc pas de connaître les mots exacts
prononcés au départ.
Il ne nécessite aucune ponctuation particulière. Cependant, on doit ajuster la syntaxe: le verbe
de parole sera suivi d'une subordonnée complétive et les temps de verbes devront être ajustés.
Exemple 1 : Il m'a dit qu'il avait trouvé ce spectacle impressionnant. (Le verbe de parole a dit
introduit la subordonnée complétive qu'il avait trouvé ce spectacle impressionnant.)
Discours direct : Il m’a dit : « Quel beau spectacle ! »
Exemple 2 : Le surveillant leur a demandé ce qu'ils fabriquaient là. (Le verbe de parole a demandé
introduit la subordonnée complétive ce qu'ils fabriquaient là.)
Discours direct : Le surveillant leur a demandé : « Que fabriquez-vous ici ? »
Exemples de verbes de paroles
Affirmer
Demander
Questionner
Ajouter
Expliquer
Répliquer / répondre
Avouer
Hurler
Révéler
Contredire
Interroger
S’écrier
Crier
Murmurer
S’exclamer
Dire
Prétendre
Souligner
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