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(5). L’évolution des connaissances en biologie du cancer, ainsi que les progrès tech-
nologiques réalisés à ce jour, permettent d’envisager une meilleure définition molé-
culaire et fonctionnelle des tumeurs solides, aboutissant au concept de classification
moléculaire des tumeurs humaines et au développement de thérapeutiques inno-
vantes mieux adaptées à la spécificité de chaque tumeur.
Une classification moléculaire des tumeurs associée aux données cliniques et
anatomo-pathologiques devrait contribuer, dès le diagnostic, à l’évaluation du
potentiel métastatique du cancer, isolant les patients à haut risque évolutif, échap-
pant de ce fait à un contrôle thérapeutique loco-régional, et contribuant, en outre,
à la mise en évidence dans le tissu tumoral de marqueurs associés à l’existence
d’une sensibilité ou résistance aux molécules pharmacologiques anticancéreuses.
Ce double but doit permettre la sélection des patients selon leur risque évolutif et
leur sensibilité potentielle aux drogues, évitant les inconvénients des surtraite-
ments et les effets iatrogènes qui peuvent en découler, orientant précocement vers
l’innovation thérapeutique les patients à haut risque évolutif peu ou non sensibles
aux traitements conventionnels. Enfin, cette démarche vers une classification molé-
culaire des tumeurs doit renforcer la notion de standardisation des protocoles en
considérant de manière objective des groupes homogènes sur le plan biologique
pour l’évaluation de l’efficacité des molécules thérapeutiques. L’étape ultérieure du
développement de ce concept analytique moléculaire concerne l’identification
potentielle du haut risque individuel constitutif afin d’exercer une politique de pré-
vention.
Définition d’un biomarqueur tumoral
Un biomarqueur tumoral est une molécule ou une fonction cellulaire caractéris-
tique d’un cancer (ou d’une personne à haut risque de cancer) par rapport à sa
contre-partie normale (en termes de tissus ou de population). Un marqueur peut
être également une molécule associée à une fonction cellulaire qui caractérise le
potentiel évolutif particulier d’un processus tumoral (invasivité, néo-angiogenèse,
résistance aux thérapeutiques…).
Durant les vingt dernières années, les progrès des connaissances fondamentales
et les progrès technologiques ont permis l’identification d’un très grand nombre de
marqueurs tumoraux putatifs.
En dépit de ces avancées apparentes, dans les tumeurs solides, peu de marqueurs
tumoraux ont été promus et recommandés dans une utilisation clinique courante
faute de stratégie d’évaluation cohérente.
Pour les marqueurs tumoraux, les termes « facteur pronostique » ou « facteur pré-
dictif » sont utilisés dans différents contextes. Spécifiques de la pathologie et du
tissu investigués (par exemple marqueur mesuré dans le tissu tumoral, cellules
tumorales, sérum, fluides pathologiques...). Ces facteurs ont différents potentiels
(ou champs) d’utilisation en clinique parfaitement décrits par G.-S. Ginsburg et
J.-J. McCarthy (6) (figure1).
Les biomarqueurs tumoraux pronostiques sont évalués chez des patients ne rece-
vant aucune thérapie ou des protocoles standards. Ces biomarqueurs pronostiques
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