SPECTROMÉTRIE DE MASSE
REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - DÉCEMBRE 2011 - N°437 // 59
absentes ont été isolées au moins dix fois, il s’agissait
de Streptococcus lutetiensis, Peptoniphilus harei et
Capnocytophaga canimorsus.
4.1.1. Détail des identications bactériennes
Dans notre expérience, les entérobactéries sont très majo-
ritairement identiées en super-spectres. Pour certaines
espèces, il est parfois nécessaire de faire secondairement
une comparaison en spectres, car elles sont identiées
en super-spectres à plusieurs espèces comme Proteus
vulgaris/penneri ou Providencia stuartti/rettgeri différen-
ciées à l’espèce en spectres secondairement (concordance
supérieure à 40 % de 15 ou 20 spectres pour une seule
espèce). Parfois, l’identication n’est pas concluante :
pourcentage de similarité de 30 à 40 % à plusieurs
espèces différentes d’entérobactéries ; il s’agit alors
le plus souvent d’espèces d’entérobactéries non pré-
sentes dans la base de données. L’identication peut
alors être réalisée par une galerie Api 20E, par exemple
pour l’identication d’une souche de Serratia fonticola
ou une souche d’Enterobacter amnigenus. Parfois, il
est nécessaire d’avoir recours à la biologie molécu-
laire, par exemple pour l’identication d’une souche de
Cronobacter turicensis donnant des pourcentages faibles
de similarité avec Enterobacter sakazakii et Enterobacter
cloacae ainsi qu’en galerie Api 20E. Une autre souche,
récemment isolée dans notre laboratoire proche des
genres Enterobacter et Pantoea est en cours d’analyse,
le séquençage de l’ARN16 S n’ayant pas permis une
identication plus précise.
Les techniques d’identication conventionnelles et le
séquençage de l’ARN 16 S ne permettent pas toujours
d’aboutir à une identication plus précise que la spec-
trométrie de masse. Par exemple, le séquençage d’une
souche isolée de plusieurs hémocultures identifiée
Acinetobacter sp. par spectrométrie de masse n’avait
pas permis de préciser l’espèce ; des souches de bacilles
Gram négatif non identiées par spectrométrie ont été
identiées proches de la famille des Planococcacae ou
proches du genre Paenibacillus sp.
La spectrométrie de masse en routine permet une iden-
tication rapide des microorganismes fastidieux comme
Capnocytophaga canimorsus, Capnocytophaga sputigena,
Bordetella holmensii, Brucella sp., Francisella tularensis…
L’identication des bactéries anaérobies est également
facilitée. Clostridium difficile est identié sans équivoques ;
la base contient un grand nombre de taxons anaérobies
ayant permis l’identication, dans les hémocultures, de
68Bacteroides sp. (8 espèces différentes), 32 Clostri-
dium sp. (7 espèces), 12 Prevotella sp. (5 espèces) et
8 Fusobacterium sp. (3 espèces). L’identifica-
tion des staphylocoques est particulièrement
concluante et la spectrométrie beaucoup plus per-
formante que les techniques conventionnelles [6].
Notre base a pu être enrichie de spectres « maison »
(S. pettenkoferi, S. condimenti). La présence dans la
base de super-spectres permet également l’identication
de mélanges de Staphylococcus sp. L’identication des
streptocoques est plus délicate. Sur les 2 années,
848 Streptococcus spp. ont été isolés de flacons
d’hémocultures. L’identification des streptocoques
microbiologiques pour l’hôpital de Mulhouse ainsi que
des hôpitaux proches (Altkirch, Thann, Cernay, Pfastatt).
La spectrométrie de masse est utilisée en routine depuis
l’été 2009. La méthode de dépôts, acquise par 4 per-
sonnes (3techniciennes et 1 biologiste), a été transmise
à l’ensemble des techniciens du laboratoire. Pendant
un mois, l’ensemble des microorganismes isolés a été
identié en parallèle par les méthodes classiques utili-
sées jusqu’alors au laboratoire [3, 6]. Les dépôts se font
directement à partir de la colonie sans extraction ou après
une extraction avec de l’acide formique pour les levures
et certaines bactéries à Gram positif. La validation est
faite selon les critères développés plus haut (tableauI).
En cas de microorganismes d’identications inhabituelles,
des tests complémentaires sont réalisés ainsi que des
galeries Api®, voire des techniques de biologie molé-
culaire. En cas d’identication au genre uniquement ou
non-identication, l’analyse est poursuivie en fonction
de l’intérêt clinique. Par exemple pour les hémocultures,
après discussion avec le clinicien, les souches de Strepto-
coccus spp., Corynebacterium spp., Bacillus spp. isolées
de façon unique d’hémocultures, ne sont pas identiées
plus précisément. Par ailleurs, nous n’identions pas
de façon systématique les microorganismes isolés d’un
prélèvement polymicrobien superciel.
4.1. Les bactéries
Nous avons étudié rétrospectivement l’ensemble des
microorganismes identiés dans notre laboratoire depuis
l’utilisation de la spectrométrie de masse, période com-
prise entre le 20 août 2009 et le 19 août 2011, soit 2ans.
Nous avons inclus toutes les identications validées
par le laboratoire à l’exclusion des mycobactéries, des
champignons lamenteux, des genres Ureaplasma et
Mycoplasma et des microorganismes isolés de prélè-
vements d’environnement. Les microorganismes isolés
ont été identiés majoritairement par spectrométrie de
masse à l’exclusion d’Escherichia coli identifiés sur
milieu chromogène (CPS, bioMérieux) dans les prélève-
ments urinaires, certaines souches de Staphylococcus
aureus isolées de pus superciels, identiées par test
rapide d’agglutination sur lame, une grande partie des
souches de Candida albicans isolées sur CANDI Select®
(BioRad), des Streptococcus pneumoniae isolés des
prélèvements pulmonaires ou rhinopharyngés identi-
és par le test à l’optochine. Pendant ces 2 années,
33 938identifications ont été réalisées : 33 616 iso-
lats ont été identiés à l’espèce voire la sous-espèce,
17isolats ont été identiés par séquençage de l’ARN 16 S.
Trois cent vingt-deux isolats (0,95 %) n’ont été identiés
que partiellement au genre, une identication plus précise
n’a pas été nécessaire. Les 33 616 souches identiées
à l’espèce se répartissaient sur 231 taxons différents, 7
n’étaient pas présents dans la base d’origine (3 %), ils
représentaient 20isolats (0,06 %). Parmi les 231taxons,
216 étaient présents dans la base Vitek MS-Myla®, soit
93,5 %. Les 15taxons absents de la base Vitek MS-
Myla® représentaient 64 isolats soit 0,19 %. Le plus
souvent il s’agissait d’isolats identiés une seule fois
comme Enterobacter cowanii, Streptococcus massilien-
sis mais également Francisella tularensis. Troisespèces