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2 Maladies rares en médecine d’urgence
Les mécanismes à l’origine des MAI sont variés. En l’absence de
toute pathologie, il existe chez l’individu sain des lymphocytes B
et des lymphocytes T autoréactifs, ainsi que des autoanticorps.
L’apparition de manifestations auto-immunes est en règle la consé-
quence d’un défaut de vigilance/contrôle du système immuni-
taire entraînant une rupture de tolérance vis-à-vis des antigènes
du soi. Il peut s’agir d’un déficit quantitatif ou qualitatif de cer-
taines populations de lymphocytes dont le rôle est de réguler le
système immunitaire (les lymphocytes T régulateurs ou Treg) ou
de l’émergence d’un clone lymphocytaire T ou B autoréactif, c’est-
à-dire reconnaissant un autoantigène.
Il existe divers facteurs favorisant cette rupture de tolérance. On
retrouve souvent un terrain génétique prédisposé : un patient pré-
sentant une MAI a souvent des antécédents familiaux de MAI, et
un patient atteint d’une MAI est plus à risque de développer une
autre MAI. À titre d’exemple, un patient qui a une thyroïdite auto-
immune ou un diabète de type 1 est plus à risque de développer une
maladie d’Addison. L’incidence de certaines MAI varie considéra-
blement en fonction de la population ou de l’ethnie étudiée. De
même, il existe parfois une forte corrélation entre certains groupes
HLA et l’apparition d’une MAI comme dans la maladie cœliaque
où plus de 95 % des patients sont porteurs du HLA DQ2 ou DQ8.
Des études génétiques récentes ont mis en évidence des polymor-
phismes de plusieurs gènes impliqués dans le fonctionnement
du système immunitaire qui sont associés avec une ou plusieurs
MAI. On peut mentionner comme exemple le lupus érythéma-
teux systémique (LES) au cours duquel on a mis en évidence des
polymorphismes de plusieurs gènes, notamment impliqués dans
la voie des interférons de type I comme IRF5 et dans la voie de la
transduction du signal du récepteur lymphocytaire B ou T comme
PTPN22 [1, 2]. D’autres facteurs favorisants, notamment environ-
nementaux, sont impliqués à la fois dans la survenue des MAI (par
exemple la silice pour la sclérodermie systémique [ScS]) [3] et dans
le déclenchement de poussées (comme les rayons ultraviolets pour
le LES) [4]. Des toxiques et des médicaments peuvent favoriser
certaines MAI comme on peut le voir dans le LES induit. Les fac-
teurs hormonaux sont probablement également importants, même
si cela n’a pas été formellement démontré, comme le suggèrent la
prédominance féminine des personnes atteintes de MAI, l’aggra-
vation de certaines MAI lors de la grossesse et la diminution habi-
tuelle de l’incidence après la ménopause. Les facteurs infectieux
sont souvent retrouvés comme facteur déclenchant d’une MAI. Il
s’agît parfois même d’un mécanisme majeur du fait d’un mimé-
tisme moléculaire entre antigène du pathogène et antigène du soi.
On peut prendre comme exemple le syndrome de Miller-Fischer,
une forme particulière de syndrome de Guillain-Barré faisant suite
à une infection à Campylobacter jejuni, au cours duquel ont été