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La technologie n’a pas, intrinsèquement, d’appartenance politique. Seuls les
usages et la façon dont elle est réglementée conduisent à colorer cette dernière. La
blockchain n’y déroge pas. Ainsi, il est possible d’être étatiste, fervent défenseur de
la souveraineté de l’État Nation, et défenseur des MNBC (monnaie numérique de
banque centrale) ou, à l’inverse, d’être un libertarien, fervent Bitcoiner maximaliste,
héraut de la décentralisation bancaire. Le moment venu, lorsque les usages seront
matures, il sera temps de prendre position collectivement et de préciser comment les
usages issus de cette technologie devront être régulés. Toutefois, ce ne pourra être
qu’au terme de leurs développements et de leur démocratisation. Réguler TCP/IP
n’aurait eu aucun sens, réguler la technologie blockchain en elle-même est à la fois
une erreur et un objectif illusoire.
En 2018, personne n’aurait pu présager les évolutions d’un secteur qui ne
laissait voir en surface que de simples promesses sur des projets bien souvent
bancals, à travers notamment les ICO (Initial Coin Offering). Initialement qualifiés
de crypto-monnaies puis de crypto-actifs pour mieux correspondre à leurs aspects
polymorphes, les jetons, indissociables de la blockchain, sont aujourd’hui plus que
jamais pluriels. D’ores et déjà, nous pouvons dire que les définitions d’hier sont
obsolètes. En 2022, se créent, sous nos yeux, les futurs actifs qui permettront demain
le financement de l’économie réelle, le développement des places de marchés
décentralisées plus accessibles et plus transparentes, l’émergence des nouvelles
monnaies centrales et des banques commerciales autonomes.
La finance sera directement 3.0. Pas simplement numérique, car elle l’est déjà,
mais décentralisée avec tous les défis, les risques et les opportunités que cela pourra
engendrer. Toutefois, si « l'imagination est un avant-goût de ce que la vie nous
réserve », reste que la volonté politique est nécessaire. À l’heure d’écrire ces lignes,
le constat est simple. Nous en manquons.