Des premiers déploiements de l’ANDT (Agence Nationale pour le Développement du Tourisme) nous
n’avons eu vent d’aucun état des lieux, ni d’étude de faisabilité qui tienne compte des réalités du terrain,
des potentialités des acteurs qui déjà s’investissent dans cette filière, ni d’une vision à moyen et long
terme clairement définie. Le tourisme béninois depuis quelques mois, est mis en branle comme si rien
dans ce secteur n’a jamais été fait ; et l’on a l’impression que même les matières d’œuvres n’ont jamais
existé et devront être créé pour ce faire. En définitive, on ne gardera, avec cette lancée, de notre
culture, de notre patrimoine, de nos différents sites et autres richesses que le nom.
Comment n’a-t-on pas pu trouver au Bénin, deux maîtres d’œuvres agrégés et quelques techniciens
supérieurs en équipement et en génie civile pour assister à la maitrise d’ouvrage de la future cité
lacustre de Ganvié. J’ose espérer qu’un collège de béninois avertis ou quelques jeunes diplômés
absolument désœuvrés seront associés à ce projet afin d’acquérir un peu de cette expertise
mondialement connu pour ce qui est de la montage, c’est certain, mais pas du tout en ingénierie
écologique appliquée aux milieux aquatiques. Nous voilà encore dans le vicieux cercle de la
colonisation qui s’étale tout feu pétillant sur notre culture.
Deux préoccupations majeures, du premier coup ne sautent pas à l’œil dans cette lancée du
néotourisme béninois :
1 Une relance de l’industrie touristique en marge totale de l’existant et
2 La déshumanisation d’un secteur qui se formalise en une fabrique de produits, avatars
exotiques sans ancrage aucun avec nos traditions ; et ceci même sur les pôles qui apparemment
sont censés intégrer l’offre au plus près des populations.
En effet, quoiqu’étroit et limité, le tourisme béninois existe depuis qu’existe le Bénin. Et c’est à
juste titre que cette année, il a généré sept milliards de franc CFA. Sept milliards générés à la sueur
de ces acteurs traditionnels qui s’efforcent pour tenir une filière dans laquelle avec tous les
espoirs, et sans accompagnement, je dis aucun, ils s’investissent quotidiennement. Comment un
programme de société s’il est humain puisse se passer de tout cet existant pour nous initier un
nouveau tourisme, déclaré aussitôt déjà, vecteur de croissance et d’emploi, portant la vive ambition
de faire de notre pays une destination touristique de référence. Comme si, ceux qui, depuis des
décennies œuvrent dans le secteur, sont sans ambition et n’y ont jamais créés d’emploi. Même si,
il leur est nié de facto une expertise, l’on ne saurait occulter la longue expérience dont ils jouissent.
Je vois sous cette fondation du tourisme de la rupture, les élans du projet Manioc pour la
reconversion des Zémidjans sous Kérékou et ceux de la promotion de l’agriculture sous YAYI ; où les
vrais acteurs sont laissés en marge de reformes dont nous avons tous vus la portée. Je me tais sur
les milliards du FNPEJ distribué avec le même zèle que nous peinons à recouvrir depuis. Nous
gagnerons sûrement à relever le tourisme béninois de ses sentiers battus, lui apportant l’appui
nécessaire, plutôt qu’à en créer un autre, pour nous forcer à tourner en rond.
Porto-Novo, Ganvié, Ouidah, Allada, Abomey et Nikki. Voici les villes qui rêvent de porter les grands
pôles du Bénin Touristique Révélé. Peut-être devrons-nous oublier Boukoumbé depuis que ses