Mesurer la productivité
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La croissance de la PMF sera positive si le taux de croissance du volume de la
production brute est supérieur au taux de croissance de l’ensemble des facteurs de
production combinés. Cette mesure de la PMF peut être considérée comme un
indice du progrès technique exogène si l’on fait toujours l’hypothèse d’un progrès
technique augmentant de façon homogène la production : il s’agit du célèbre
modèle de croissance de Solow (1959, voir encadrés 1 et 2).
Néanmoins, l’approche fondée sur la production brute fournit peu d’indica-
tions sur l’importance relative d’une entreprise ou d’une industrie dans la
croissance de la productivité globale (à l’échelle d’un plus vaste secteur ou de
l’économie tout entière) en raison des problèmes soulevés par les livraisons intra-
branche. Un exemple permettra de mieux comprendre ce phénomène. Faisons
l’hypothèse de l’existence de deux secteurs industriels : d’une part, l’industrie du
cuir, qui ne produit que des consommations intermédiaires pour l’industrie de la
chaussure, et d’autre part, l’industrie de la chaussure, qui ne produit que des biens
finis. Si l’on veut estimer la productivité pour l’industrie combinée de la chaussure et du
cuir, il faudra régler le problème suivant. La simple addition des flux de consom-
mations intermédiaires et de la production n’est pas la bonne méthode pour
obtenir les consommations intermédiaires et la production de l’industrie de la
chaussure et de l’industrie du cuir regroupées, puisqu’il en résulterait une double
comptabilisation des flux intermédiaires entre le producteur de cuir et le produc-
teur de chaussures. Ces flux doivent être compensés, de sorte que la production
de l’industrie intégrée du cuir et de la chaussure comprennent seulement les
chaussures produites, et que les consommations intermédiaires intégrées
comprennent seulement les achats de l’industrie du cuir et les achats de l’industrie
de la chaussure à l’exclusion des achats de cuir. Cela a des conséquences impor-
tantes pour les estimations de la productivité. Prenons l’exemple où la croissance
de la PMF fondée sur le concept de la production brute des producteurs de cuir et
des producteurs de chaussures est égale à 1 pour cent. La moyenne simple
(pondérée) de la croissance de la PMF des producteurs de chaussures et de cuir
sera égale à 1 pour cent. Néanmoins, la croissance de la productivité agrégée de
l’industrie de la chaussure et du cuir sera supérieure à 1 pour cent, parce que les
gains de productivité des producteurs de chaussures se cumulent avec ceux des
producteurs de cuir puisqu’une industrie s’approvisionne auprès de l’autre. En
résumé, il est difficile de comparer la croissance de la PMF fondée sur le concept
de la production brute entre les différents niveaux d’agrégation, puisque la
croissance de la PMF agrégée n’est pas la moyenne simple pondérée de ses
composantes.
Le phénomène de double comptabilisation n’intervient pas avec la croissance
de la PMF fondée sur le concept de valeur ajoutée3. Selon cette méthode, on
calcule la productivité en rapportant la valeur ajoutée à un indice des facteurs de
production combinés (c’est-à-dire le travail et le capital). Le numérateur et le