Institut National de Recherche Halieutique Centre Régional de Laâyoune – Boujdour – Sakia El Hamra ETUDE SUR LES PECHES PALANGRIERES AUX PORTS DE LAAYOUNE ET TANTAN Réalisé par : (Laboratoire des Ressources Halieutique du Centre Régional de l’ INRH Laâyoune) Yasser RAHALI : Economiste des pêches Fatna KSSIBA : Biologiste des pêches Janvier 2004 SOMMAIRE INTRODUCTION GENERALE ..…….………………………….……………………………...1 I- METHODE D’APPROCHE ………….……..…………….…………………………..…...…2 1. Sources de données ………………………….…….…………………………….…….…..2 2. Collecte des données ……………………………………………..……………….…….....2 II- PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE ..……………………..…………..…3 1. Caractéristiques océanographiques …………………………………………………….….3 2. Nature du fond…………………………………………………….……………….………4 3. Potentialités halieutiques…………………………………………….…….…………....….4 III. DESCRIPTION DES PECHES PALANGRIERES …….………………………….…..…...….6 1. Flottille de pêche……………………………………………………………………..….….6 2. Evolution de l’effort de pêche et de la production……………………..……………...……7 IV ETUDE COMPARATIVE DES PECHES PALANGRIERES ……………………….…..…….17 1. Typologie des pêches palangrières………………………………..………………..…..…..17 2. Description des différentes pêches palangrières dans la zone ……………………….…….17 3. Caractéristiques physiques des bateaux ………………….………….………….……...…..21 4. Effort de pêche …………………………………………………………..………...…..…...21 5. Niveau des captures ……………………………………………………………...…….…..23 6. Charges opérationnelles d’exploitation………………………………….………...….…...24 7. Revenu des pêcheurs……………………………………………..…………….….……..…24 CONCLUSION GENERALE .…….…………………………..…………………………………25 1 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - INTRODUCTION GENERALE Depuis bien longtemps, le secteur de la pêche au Maroc est axé sur l’exploitation des deux stocks classiques à savoir la sardine et le poulpe. Ces deux stocks ont absorbé l’essentiel de la capacité de pêche nationale et ont contribué de grande part dans les réalisations du secteur en terme de production, d’exportation, de valeur ajoutée et d’emploi. Du fait de cette importance, ces deux types de poissons ont occupé toujours le centre d’intérêt des pouvoirs publics et ont bénéficié en conséquence d’un grand nombre de projets d’études pluridisciplinaires qui ont contribué à la gestion de ces pêcheries. En revanche, aucun effort de même niveau n’a été déployé pour étudier la possibilité de développer d’autres pêcheries et de diversifier le produit de pêche national. Actuellement, l’évolution de la pêcherie du poulpe au Maroc marque un tournant important tant au niveau de la ressource qu‘au niveau de son exploitation. L’accroissement de l’effort de pêche côtier et artisanal ont dissipé rapidement les gains issus du retrait de la flottille communautaire et ont mis en crise toute la pêche céphalopodière marocaine, situation que les fermetures prolongées de la pêche ou même le système de plafonnement des captures n’ont pu redresser. La réflexion sur de nouvelles formes d’exploitation en vue de réduire la pression sur le stock du poulpe et la mise en place d’une stratégie de reconversion de l’effort de pêche excédentaire des chalutiers côtiers vers d’autres pêcheries, s’avèrent nécessaire. Une telle démarche suppose une étude appropriée des différentes opportunités permises dans le secteur. Le présent rapport essaye d’améliorer les connaissances sur les pêches palangrières au sud du Maroc et de donner quelques éléments de réponse à la prise de décision à travers le relevé de quelques indicateurs relatifs à l’exploitation et aux rendements économiques de l’activité. Les objectifs assignés à ce document peuvent être résumés en trois points essentiels : La définition d’une typologie des pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tantan par la caractérisation des moyens de production et des stratégies de pêche. La détermination du niveau d’exploitation des différentes pêches identifiées à travers l’analyse des indicateurs d’activité et de production. L’évaluation des revenus procurés par l’exploitation. 2 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - I- METHODE D’APPROCHE 1. Sources de données Dans l’élaboration de ce rapport, trois sources d’informations ont été utilisées : Les données des délégations des pêches maritimes relatives aux caractéristiques techniques des bateaux. Les données des délégations de l’Office National de Pêche pour ce qui concerne les statistiques de pêche. Les enquêtes directes auprès des patrons de pêche pour la collecte des données socio-économiques. 2. Collecte des données 2.1. Caractéristiques techniques des bateaux la caractérisation des palangriers opérant aux ports de Tantan et Laâyoune requière la connaissance des caractéristiques techniques des bateaux à savoir le tonnage jauge brute, la puissance motrice, l’année de construction, le type de licence, le port d’immatriculation …etc Concernant le port de Laâyoune, ces informations sont collectées et mises à jours régulièrement par l’inrh à travers une enquête effectuée directement auprès des patrons de pêche au niveau de la halle aux poissons. Les données sont saisies, corrigées et mises sous format standard dans un fichier de données. Pour les bateaux n’ayant pas travaillé au port de Laâyoune ou ayant échappés à l’enquête, l’information est récupérée au niveau des délégations des pêches maritimes. 2.2. Statistiques de pêche Port de Laâyoune L’inrh dispose d’une série de données sur les palangriers débarquant au port de Laâyoune depuis 1993. Les données de base se présentent sous forme de séries chronologiques des débarquements des bateaux par catégories commerciales. Ces données permettent de ressortir des états mensuels et annuels détaillés sur les captures et l’effort de pêche par bateau. 3 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Port de Tantan En raison d’un dysfonctionnement administratif, le Centre régional de l’INRH à Laâyoune a cessé la couverture régulière du port de Tartan depuis 1997. Les statistiques détaillées sur les captures et l’effort de pêche par unité de production font défaut pour toute la période 1997-2002. Un travail de saisie des données disponibles à la délégation de l’ONP de Tantan relatives aux palangriers était nécessaire pour avoir les données qui manquent. En raison de la masse importante des données archivées, il nous a été difficile de récupérer toutes les données et on s’est contenté de celles de l’année 2002 seules. 2.3. Enquête socio-économique Pour cerner les différents aspects qui régissent l’activité des palangriers, une enquête économique intéressant les moyens de production et les coûts d’exploitation a été menée auprès des patrons de pêche. Le questionnaire adressé aux patrons de pêche comprend un certain nombre de données qui concernent : Les caractéristiques techniques du bateau ; La valeur des investissements réalisés en mer et à terre ; Le système de partage utilisé ; Les charges d’exploitation encourues ; La main d’œuvre employée à bord et à terre ; Les stratégies de pêche adoptée (zone de pêche, saison de pêche, ports fréquentés, engins de pêche) 4 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - II- PRESENTATION GENERALE DE LA ZONE D’ETUDE Le domaine de notre étude fait partie de la zone présaharienne caractérisée par un climat sec et chaud durant presque toute l’année. Ce climat est atténué sur la côte par les influences atlantiques. 1. Caractéristiques océanographiques 1-1. Vent En général, sur la côte atlantique marocaine, les alizés règnent tout l'été. Ils sont déviés vers le Nord Ouest, dans la journée par l'action de la brise de mer. En hiver, quand leur zone se trouve vers le Sud, les vents d'entrée Nord et Nord-Est sont assez fréquents. A la fin de l'été, les vents chauds, secs et chargés de sable soufflent parfois entre le Sud et le Sud–Est. Des vents de l'Ouest ou de Sud, quelquefois assez forts pour une courte durée sont observées d'octobre à mars 1-2. Houle Au large, les plus fortes houles proviennent fréquemment du secteur Nord Nord Ouest à Nord Nord Est. Les hauteurs les plus fréquentes se situent entre 1 et 2 m. leur période ne dépasse pas 16 secondes. Au niveau de la côte, les isobathes sont orientées du Sud Sud–Ouest au Nord Nord-Est. La propagation des houles au large se rapproche de la normale à la côte pour y arriver du secteur Ouest Nord-Ouest 1-3. Courants Les côtes atlantiques du Maroc sont longées par le courant général des Canaries qui portent au Sud Sud Est jusqu'au Cap Juby. Ce courant a une vitesse faible qui reste inférieure à 0.25m/s au fond et 0.35 m/s en surface. Au niveau de la partie atlantique comprise entre Cap Draâ et Cap Juby, la période estivale est caractérisée par une activité plus importante des Upwelling qui engendre un apport de la de la matière minérale dans cette zone 5 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 2. Nature du fond Au nord du port de Tantan , la zone de pêche se caractérise par des fonds rocheux et sableux rocheux sur la plus grande partie du plateau continental. La diversité des fonds avec une succession de zones meubles et de bancs de roches constitue un facteur essentiel pour le maintien d’une ressource halieutique riche et assez diversifiée en espèces démersales inféodées aux fonds sableux et rocheux. Entre le port de Tantan et Cap juby on rencontre des fonds sableux sur certaines parties du littoral. Vers e large on note la prédominance des fonds rocheux et sableux rocheux. Au sud de Cap juby et jusqu'au Dakhla les fonds vaseux et sableux vaseux domine la plus grande partie du plateau continental. 3. Potentialités halieutiques La zone se caractérise par ses richesses en ressources halieutiques pélagiques et demersales : Les ressources pélagiques sont constituées par des espèces vivant en plein eau et restant généralement au-dessus du plateau continental. Les principales espèces pélagiques de la zone sont la sardine, le maquereau, l’anchois, le chinchard et les thonidés. Les conditions hydroclimatiques régissent fortement l’abondance des espèces pélagiques et sont à l’origine des phénomènes de migration qui caractérisent la majorité de ces espèces. Les ressources demersales sont composées par des espèces vivant prés du fond marin avec lequel elles peuvent soit développer une relation de dépendance très étroite ou une simple relation trophique qui n’empêche pas des migrations verticales et horizontales. Les ressources exploitées par les palangriers dans la zone sont constituées aussi bien par des espèces demersales que par des espèces pélagiques. Ces ressources sont réparties sur trois pêcheries essentielles. 6 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 3.1 Communautés des espèces demersales Les espèces les plus représentées dans la zone appartiennent aux familles des sparidés (sar, pageot, pagre, dorade, denté) des scianidaes (Maigre, ombrine) et des moronidaes (bar europen, bar tacheté) et des crustacés. La répartition spatiale de ces espèces est en fonction des saisons, des besoins spécifiques à l’espèce d’une manière générale (affinité biogéographique, type de fond, bathymétrie, proie..) et d‘une manière différentielle par rapport aux étapes du cycle de vie. Ces espèces sont traditionnellement exploitées sur fonds rocheux et coralliens par les barques et les palangriers. Parmi les principales espèces exploitées dans ces secteurs on distingue les sparidés, congres, murènes, mostelles, rascasses, mérous, saint pierre, grondin chien de mer et roussettes. Certaines de ces espèces sont spécifiques à ces fonds d’autres, par contre, fréquentent ces biotopes seulement pendant une phase de leur cycle biologique et subissent, par conséquent, une exploitation combinée des chalutiers, des palangriers et des barques. 3.2 Thonidés mineurs Les thonidés sont connus par leur caractère fortement migratoire qui régie leurs distributions spatio-temporelles. Les espèces de thonidés dont le schéma migratoire couvre les eaux marocaines sont le Thon rouge, le Thon obése, l’albacore, le Listao, le Germon et les Thonidés mineurs (bonite, melva, thonin….) Les thonidés mineurs regroupent des espèces de petite taille (poids moyen inférieur à 6 kg), la valeur commerciale est nettement plus faible que celle des grands thonidés. Les thonidés mineurs sont fréquemment regroupées en bancs importants avec d’autres thonidés ou poissons d’espèces voisines dans les eaux littorales et profondes allant jusqu'à 260 m de profondeur. La ponte a généralement lieu aux côtes lorsque les eaux sont chaudes, leur alimentation est variée, mais elles préfèrent certains petits pélagiques (Clupéidés, mulets, Carangidés, les crustacés, les Mollusques et les Céphalopodes). 7 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 3.3. Merlu Le merlu est représenté dans les eaux marocaines par deux espèces : Le merlu blanc (Merluccius merluccius) et le merlu noir (Merluccius senegalensis) Le merlu blanc est largement distribué dans les eaux atlantiques marocaines entre le détroit de Gibraltar et Dakhla. De Sidi Ifni (290N) à Cap Barbas (220N), le merlu blanc est mélangé avec le merlu noir. Le merlu noir est distribué entre les latitudes 290N et120N Le merlu est une espèce à vie relativement longue, à croissance modérée, la maturité sexuelle survient vers la cinquième année de sa vie, la fécondité se situe entre 2 millions et 7 millions d’œufs par femelle, la mortalité naturelle est différentielle, elle est plus importante durant les phases précoces où les œufs et larves sont exposés aux aléas de la vie pélagique. Le régime alimentaire varie avec le stade de vie de merlu, les adultes se nourrissent généralement de poissons (jeunes merlus, anchois, sardines et espèces de Gadidés) et de calmar, les jeunes se nourrissent de Crustacés (spécialement euphausiidés et amphipodes). III. DESCRIPTION GENERALE DE LA PECHE PALANGRIERE DANS LA ZONE 1. Flottille de pêche Au titre de l’année 2002, la flottille de pêche des palangriers dans la zone de notre étude était constituée de 124 palangriers. Cette flottille accumule prés de 3018 de tonnage jauge brute et une puissance globale de 18081. La capacité et la puissance moyenne de ces palangriers sont respectivement de 28 tjb et 150 cv La flottille des palangriers opérant dans la zone est relativement jeune en comparaison avec la flottille globale. En effet, plus de 43% des unités de la zone ont un âge inférieur à 10 ans. Concernant la structure de la capacité de la flottille en jauge brute, 61 % des palangriers de la zone ont un tonnage qui dépasse 20 tjb. En terme de puissance motrice, la grande partie des unités opérant dans la zone soit 62% a une puissance motrice supérieure à 100cv Ceci peut être expliqué par l’application de la circulaire ministérielle n° 12361 du 09/12/1999 autorisant l’augmentation du tjb des palangriers de moins de 5 tjb à 20 tjb lors de leur remplacement ce qui a permis à plusieurs armateurs d’acquérir des bateaux de 5tjb immatriculés principalement au nord du pays pour les remplacer par des bateaux plus grands et les faire opérer dans la zone.. 8 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 2. Evolution de l’effort de pêche et de la production 2.1. Effort de pêche Figure 1 : Evolution de l’effectif des palangriers et de leur effort de pêche au port de Laâyoune durant la période 1998-2002 450 400 350 300 250 200 150 100 50 0 1998 1999 nbre sorties 2000 2001 2002 nbre bateaux L’évolution de l’effort de pêche en terme d’effectif des bateaux et du nombre de sorties des palangriers débarquant au port de Laâyoune durant la période 1998-2002 (figure 1) fait ressortir : ♦ Une régression de l’effectif des bateaux et du nombre de sorties en mer durant la période 1998-2000 passant respectivement de 33 à 22 et de 182 à 174. ♦ Une augmentation des mêmes indicateurs durant la période 2000-2002 où ils ont passé respectivement de 48 à 78 et de 289 à 372 2.2 Production Au port de Laâyoune depuis 1998 on assiste à une augmentation de la production. Les apports débarqués par la flottille des palangriers se sont élevés en 2002 à 1563 tonnes soit une augmentation de 283 % (figure 2) par rapport à 1998. Les changements dans les niveaux de production sont liées à l’état du stock et éventuellement aux changements dans les techniques d’exploitation entraînant un changement dans la composition spécifique des captures 9 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Figure 2 : Evolution des débarquements d es palangriers au port de Laâyoune durant la période 1998-2002 10000 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 1998 1999 2000 Poids ( en tonnes ) 2001 2002 Valeur(en m illes dirham s ) En valeur la production n’a pas suivi le même sens, bien au contraire la valeur des débarquements a subi une diminution continue depuis 1998 et jusqu’à 2001 avant de se redresser en 2002. Ceci peut être expliqué par la diminution des prix moyens au débarquement suite au changement de la composition spécifique des captures vers une domination des thonidés connues par leur faible valeur commerciale. Tableau 1: Captures en kg des thonidés mineurs au cours de la période 1998-2002 Port Laâyoune Tantan Année Bonite Melva Listao Bakorette Total 1998 65632 81309 17512 20210 184663 1999 59942 8080 8900 0 76922 2000 38098 11846 0 21980 71924 2001 82684 71604 16584 39612 210485 2002 39220 36823 6998 91447 461383 2002 288616 56092 0 44888 389596 Source ONP 10 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 2.3 Débarquements de la pêche palangrière Au titre de l’année 2002, les palangriers ont débarqué plus de 2797 tonnes de poisson d’une valeur globale de 34.6 millions de dirhams. Ces chiffres ne prennent pas en considération les captures en crustacés vendues en dehors du circuit officiel. Les captures des crustacés sont estimées par enquête à 61 tonnes en poids et 16 millions de dirhams en valeur. La répartition des débarquements par port montre que le port de Laâyoune occupe la première place en poids en tenant plus de 57 % des captures totales des deux ports. En valeur par contre, c’est le port de Tantan qui passe en premier plan avec prés de 72 % des débarquements. Tableau 2: Répartition de la production par port. Port Poids (en kg ) % Valeur (en dh) % Laâyoune 1604046 57.35 9725432 28.13 Tantan 1192958 42.65 24846315 71.87 Total 2797004 100.00 34571747 100.00 Source ONP 2.4 Evolution mensuelle des captures Les débarquements des palangriers varient d’un mois à un autre tant en tonnage qu’en valeur. L’évolution des valeurs enregistrées en 2002 au port de Laâyoune est donnée dans la figure 3. Figure 3: Evolution des captures des palangriers au port de Laâyoune en 2002 : 1200000 1000000 800000 600000 400000 200000 0 janv02 févr02 mars- avr-02 02 mai02 juin02 juil-02 août02 sept- oct-02 02 nov02 déc02 11 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Cette variation saisonnière peut être imputé à l’activité des bateaux mais aussi à la biodisponibilité des espèces qui dépend des changements hydroclimatiques et des variations du comportement inhérent aux cycles biologiques. En effet, à Laâyoune à cause de l’exiguïté du port, les palangriers préfèrent en général la période du repos biologique appliqué aux céphalopodes pour prendre la place des chalutiers quittant le port ce qui influe positivement sur l’activité des palangriers et augmente par conséquent leurs apports. De même, en été la disponibilité des thonidés améliore les rendements des bateaux et augmente en conséquence le volume global des débarquements. 2.5 Composition spécifique des captures D’après les statistiques de l’ONP pour l’année 2002, les débarquements des palangriers dans la zone sont composés de 15 familles. La ventilation des captures débarquées par les palangriers par famille d’espèces est illustrée dans les figures 4 et 5. Les captures sont dominées par la famille des scombridés qui représentent 33% au port de Laâyoune et 38% au port de Tantan., suivi par les trachridés (22%) et des carangidés (16%) au port de Laâyoune et par les sparidés (24%), les carangidae(10%) et les scianidés (10%) au port de Tantan . Figure 4: Composition spécifique des débarquements des palangriers au port de Laâyoune en 2002 : Scorpaenidae 1% Scombridae 33% Muglidae 2% Haemiludae 3% Sparidae 4% Requin 4% Scianidae 7% Merluccidae 8% Trachiridae 22% Carangidae 16% 12 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Figure 5: Composition spécifique des débarquements des palangriers au port de Tantan en 2002 Congridae 1% Lophidae 1% Sc ombridés 38% Pomatomidae 2% Requin 7% Sc orpaenidae 7% Sc ianidés 10% Carangidae 10% Sparidés 24% La composition spécifique des palangriers n’a pas changé de structure durant la période 1998-2002 sauf en 2002 au port de Laâyoune où on a assisté à une légère augmentation des débarquements en merlu dans les prises des palangriers. Tableau 3: Proportions des espèces de la famille des Scombridés dans les captures des palangriers Espèces Laâyoune Tantan Bacorette 53 11 Bonite 24 74 Listao 6 14 Melva 17 0 Source ONP Les principaux espèces des scombridés débarquées par les palangriers au port de Laâyoune et de Tantan sont : le bonite, la bacorette, le melva et le listao, avec une dominance du bonite dans les captures des palangriers débarquant au port de Tantan (74%), et de la bakorette dans la capture des palangriers débarquant au port de Laâyoune durant l’année 2002(Tableau 3). 13 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Pour les espèces des Sparidés qui constituent l’un des groupes les plus importants de la faune halieutique tant sur le plan biologique que sur le plan économique, ils sont dominés par les pageots à Laâyoune et par les pagres et les dentés à Tantan (tableau 4). Tableau 4: Proportions des espèces de la famille des sparidés dans les captures des palangriers Sparidé Laâyoune Tantan Pageot 52 38 Denté+Pagre 24 60 Sar 24 2 Source ONP 2.6 Engins de pêche La diversité et la multiplicité des ressources ainsi que la nature du fond marin ont donné lieu à l’emploi de divers engins, ce qui confère à la pêcherie le caractère multi-engin. Cette diversité est le résultat d’adaptation des engins aux conditions du milieu ou s’opère la pêche, au comportement des espèces recherchés et à la technicité ainsi qu’aux possibilités financières des pêcheurs. Aussi on distingue les filets maillants dérivants de surface pour la pêche des ressources pélagiques (Thonidés, Sabre, Requin, Chien de mer..), les filets trémail et les filets maillants et la ligne à main pour la pêche des espèces démersales (Sparidés, Rascasses, Grondins, Saint pierre…) et la palangre utilisés pour la pêche du merlu. a. Filet maillant dérivant L’engin utilisé par les palangriers pour la capture des thonidés mineurs est le filet maillant dérivant ou « bonitard ». Ce filet est maintenu à la surface grâce à de nombreux flotteurs. Il dérive librement sous l’effet du courant et des vents avec le bateau auquel il est amarré. Le filet est constitué par une seule nappe. L’utilisation du filet maillant dérivant dans la zone est relativement récente en comparaison avec les autres techniques de pêche. Selon les pêcheurs, cette technique n’a fait son apparition dans les ports de Laâyoune et de Tantan qu’à partir du début des années 90 en provenant du nord du pays où elle était utilisée pour la première fois. 14 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Dans la zone, la pratique du filet maillant dérivant se fait par des engins mesurant de 4 à 11 km de longueur selon la taille du bateau et les moyens financiers de l’armateur. La chute était de 3.5 à 7 brasses et la maille de la nappe entre 50 et 60 mm. Cette technique de pêche est utilisée principalement du début de juillet jusqu’à la fin de novembre. La zone de pêche se située entre Agadir et Dakhla. Les bateaux effectuent des marrée de 3 à 12 jours selon la disponibilité du poisson. En général, les marées sont plus courtes en été en raison de l’abondance des thonidés. b. Filet trémail Le trémail est un assemblage de trois nappes superposées les uns aux autres. Les deux nappes externes sont à grandes mailles. La nappe centrale est à petites mailles. Le poisson passant à travers les grandes mailles vient frapper les petites et s’emprisonne en se débattant. Les principaux poissons pêchés par cet engin sont : langouste, homard, sparidés, Rascasses, saint pierre etc. Cette technique de pêche est utilisée dans la zone sur fond rocheux pour la capture des espèces demersales nobles (pageots, pagres, dentés, sars, dorades, rascasses, saint pierre….) et des crustacés. Les pêcheurs utilisent des filets constitués de plusieurs pièces mesurant chacune 50 brasses en longueur et 3.5 à 7 brasses en chute. Le filet est composé de 2 à 3 nappes. La maille de la nappe varie entre 50 et 60 mm pour la nappe intérieure et 100 à 200 mm pour la maille extérieurs. L’engin est souvent appâté avec la sardine pour attirer les poissons. Cette technique de pêche est utilisée principalement au port de Tantan. Les bateaux pratiquant cette technique exploitent la zone de pêche comprise entre Oued Assaka et Tarfaya de 30 à 80 brasses de profondeur. La durée de marrée varie entre 3 et 5 jours selon la disponibilité du poisson. c. Filet maillant de fond Cet engin fait partie des filets droits. La bordure supérieure ralinguée et garnie de flotteurs, la bordure inférieure est lestée. Ce filet est directement posé sur le fond au moyen de lests de poids suffisant pour maintenir le filet en place. Il est visualisé à la surface par des bouées. L’alèse est constituée d’une seule nappe, la capture a lieu par maillage du poisson dans la nappe. Ce filet est utilisé pour la pêche des espèces des fonds sableux ou rocheux. Cette technique lorsqu’elle est utilisée, elle est souvent en association avec le trémail. Elle est calée sur les mêmes zones de pêche que celle-ci pour cibler des espèces telles que le denté à gros yeux, le sar, la besugue, la dorade grise l’abadèche…etc. Comme pour le trémail, cette technique fait recours à l’appât pour attirer les poissons. 15 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - d. Filet maillant de courbine Cet engin fait partie des filets droits. La bordure supérieure ralinguée et garnie de flotteurs, la bordure inférieure est lestée. La technique de pêche est utilisée en grande partie au port de Laâyoune pour cibler la courbine. L’engin peut être calé sur les fonds ou tout simplement amarré au bateau au même titre que le filet maillant dérivant. La profondeur de pêche est comprise entre 10 et 40 brasses. e. Ligne à main La ligne à main, généralement en monofilament, est maintenue directement à la main, lestée à son extrémité et utilisée pour la pêche prés du fond ou entre deux eaux. Elle est utilisée essentiellement par les petits palangriers au port de Tantan pour cibler les sparidés, les rascasses, le saint pierre et la courbine. La zone de pêche est située entre Oued Al Waâr et Oued Boussafen à des profondeurs variant le plus souvent entre 40 et 50 brasses. f. Palangre La palangre constitue le principal engin utilisé pour la pêche au merlu par les palangriers opérant au port de Laâyoune, Cet engin est constitué d’une ligne mère ou ligne principale, généralement longue (plusieurs kilomètre) portant des lignes secondaires ou avançons, terminées par des hameçons. La zone de pêche est située au sud de Laayoune à des profondeurs variant entre 200 et 350 brasses. 2.8. Système de rémunération A l’instar de toute la pêche traditionnelle marocaine, la pêche palangrière dans la zone se caractérise par le mode de rémunération à la part, le régime qui régit depuis fort longtemps les relations de travail entre armateurs et équipages. Suivant ce système de rémunération, les pêcheurs sont payés selon le résultat de la pêche qui est lié aux quantités pêchés et au prix du poisson. La recette à partager est déduite de la valeur débarquée après retranchement des charges communes d’exploitation. a. Charges communes d’exploitation Les charges communes d’exploitation sont les frais supportés à la fois par l’armateur et l’équipage. Il s’agit des frais de carburant et lubrifiant, de glace, d’appât, de vivre, des prélèvements au niveau de la halle, de l’assurance loi et des charges divers (caisses, 16 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - chiffons, graisse, filtre…). b. Système de partage La recette à partager est divisée d’une façon variable selon les techniques de pêche. Pour les filets et la palangre la division se fait équitablement entre l’armateur et l’équipage. Alors que pour la ligne à main le partage se fait à raison de 60% pour l’équipage et 40% seulement pour l’armateur. La répartition de la somme revenant à chaque marin s’effectue selon le poste occupé au niveau du bateau. En comparaison avec la pêche aux petits métiers, l’opération de partage chez les palangriers est relativement compliquée. De plus, le système de partage présente plusieurs variantes qui diffèrent d’un bateau à un autre. Tableau 5 : Systèmes de partage pratiqués par les palangriers dans la zone Poste Patron Nbre de parts 2 2 3 3 2 2 2 1.5 S.Patron 1.5 1.5 2 2 1.5 1.5 1 1 Mécanicien 1.5 1.5 2 2 1.5 1.5 1.5 1.25 S.mécanicien 1.25 1.25 1.5 1.25 1.25 1.25 1 - 1 1.25 1.5 1.25 1.25 1.25 - - Glacier 1.25 1.25 1.25 1.25 1.25 1.25 Matelot 1 1 1 1 1 1 1 1 Gardien 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 0.5 Ramendeur 1 1 1 1 1 1 1 - Filet - 1 0 0 0 0 - - Treuil - 0 0 0 Cuisinier 1 0.5 Source : Enquête (INRH , 2003) On peut bien remarquer dans certains cas que des charges qui devraient normalement 17 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - être supportées par l’armateur seul, comme par exemple le renouvellement des filets ou l’achat du treuil, sont à la charge de l’équipage. Il convient toutefois de signaler que la rémunération à la part n’est pas le seul mode de payement chez les palangriers. En effet, chez certains bateaux pratiquant la pêche au merlu la rétribution peut se faire sur pourcentage de la recette brute. c. Avantages et gratifications Outre la rémunération prévue par le système de partage certains postes bénéficient de certains avantages attribués par l’armateur. Ces avantages varient selon la générosité de l’armateur et la valeur des recettes perçues par le bateau. Ainsi, le patron de pêche pourrait bénéficier d’un demi ou d’un part entier supplémentaire, le mécanicien d’un salaire fixe allant de 500 à 700 dirhams et le gardien d’une valeur de 200 à 600 dirhams en poisson par marrée. IV ETUDE COMPARATIF DES PECHES PALANGRIERES DANS LA ZONE 1. Typologie des pêches palangrières La différentiation des activités des palangriers dans la zone est faite sur la base de la stratégie de pêche car les bateaux sont presque semblables et même les différences des caractéristiques techniques sont en relation avec la stratégie de pêche. Dans la zone, sur les 124 palangriers actifs au terme de l’année 2002, 51 bateaux ont ciblés les espèces démersales, 59 bateaux ont ciblé les thonidés et les espèces accessoires, 5 bateaux ont travaillé aussi bien sur les espèces demersales que sur les thonidés et 9 bateaux ont ciblés le merlu. La pêche aux espèces demersales se pratique dans la zone par deux types de bateaux : Les bateaux de moins de 10 tjb pratiquant essentiellement la pêche à la ligne (groupe 1) et Les bateaux de plus de 10 tjb faisant appel à différents types de filets : filet maillant de fond, filet maillant pour courbine et filet trémail (groupe 2). Cette pêche se fait en grande partie à partir du port de Tantan. Les bateaux ciblant les thonidés se caractérisent par leur grande mobilité. La grande part de ces bateaux exploitent les eaux de la zone située entre Agadir et Dakhla et débarquent presque dans tous les ports de cette zone. Certains bateaux utilisent uniquement le filet maillant derivant durant toute l’année, d’autres par contre préfèrent en associer le filet maillant pour courbine (groupe3) 18 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Les bateaux diversifiant leurs activités de pêche en travaillant tant sur les thonidés que sur les espèces demersales s’activent dans les deux ports de notre zone d’étude à savoir laâyoune et Tantan. Ces bateaux utilisent aussi bien les filets de fond que le filet maillant dérivant. En hivers et printemps, ils ciblent les espèces demersales à partir du port de Tantan et en été et automne ils travaillent sur les thonidés et la courbine. (groupe4). La pêche au merlu se fait à partir des ports de Laâyoune et Dakhla. Cette pêche utilise la palangre de fond pour la capture du merlu (groupe 5) 2. Description des différentes pêches palangrières dans la zone 1.1 Bateaux ciblant les thonidés La flottille de pêche ciblant les thonidés dans les ports de Tantan et Laâyoune au titre de l’année 2002 était constituée de 59 bateaux soit 48 % du total des palangriers opérant dans la zone durant la même période. Cette flottille accumule 1593 de tonnage jauge brute (53% du total). Sa puissance globale est 9073 cv soit 50 % du total des palangriers de la zone. Cette flottille a effectué 458 sorties en mer. Ces bateaux débarquent plus de 1651 tonnes de poisson d’une valeur de 10.19 million de dirhams soit 62 % du total en poids et 30 % en valeur. Les principales espèces capturées sont : les bonite (20%), la bakorette (14%), les sabres (14%), la palomette (9%) et la courbine (9%)(Figure 6) . Figure 6 : thonidés Composition spécifique des débarquements des bateaux ciblant les LIRIOT 15% LISTAO 5% BONITE 20% COURBINE 9% SABRE 14% DIVERS 14% CHIEN DE MER 5% MELVA 4% BAKORETTE 14% 19 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 1.2 Bateaux ciblant les espèces demersales Dans la zone au cours de l’année 2002, la pêche aux espèces demersales était pratiquée par 51 bateaux soit 41% du total des palangriers opérant dans la zone durant la même période. Cette flottille accumule 866 de tonnage jauge brute (29% du total). Sa puissance globale est 4852 cv soit 27 % du total des palangriers de la zone. Elle a effectuée au total 797 sorties en mer. Cette pêche prend son élan au port de Tantan en raison de la prédominance des fonds rocheux et coralliens dans la partie du plateau continental exploitée par les palangriers opérant à partir de ce port. En effet, 71% des bateaux ayant ciblé les espèces demersales dans la zone ont été attaché à ce port et 27% l’ont utilisé au moins durant une partie de la saison. Concernant les captures, les palangriers ciblant les espèces demersales ont débarqué au cours de l’année 2002, 458 tonnes de poissons auxquels il faut ajouter 25.5 tonnes environs de crustacés (1) ce qui représente 18 % des débarquements totaux provenant de la pêche palangrière. La valeur totale des captures débarquées est de 17.8 millions de dirhams soit 52 % de la valeur total des débarquements. La composition spécifique des poissons débarqués par ces bateaux est dominée par les espèces à haute valeur commerciale : les dentés (23%), les pageots (14%), les rascasses (14%), les grondins (8%) et le saint pierre (8%) (Figure7) Figure 7 : Composition spécifique des débarquements des palangriers ciblant les espèces demersales DIVERS 26% RASCASSE 14% COURBINE 3% PAGEOT 14% BESUGUE 4% DENTE 23% GRONDIN 8% 1 SAINT PIERRE 8% Les débarquements en crustacés sont estimés par enquête Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - 20 1.3 Bateaux ciblant les thonidés et les espèces demersales La flottille de pêche ciblant à la fois les thonidés et les espèces demersales dans les ports de Tantan et Laâyoune au titre de l’année 2002 était constituée de 5 bateaux soit 4% du total Ces bateaux accumule 132 de tonnage jauge brute (4% du total). Sa puissance globale est 762 cv soit 4 % du total des palangriers de la zone. Cette flottille a effectué 95 sorties en mer. Ces bateaux ont débarqué 185 tonnes de poissons et 3 tonnes de crustacés d’une valeur totale de 3.85 millions de dirhams. La composition spécifique des poissons débarqués est dominée par la courbine (14%, les dentés (11%), le bonite (10%), le requin (10%) les chiens de mer (10%) et les sabres (10%)(Figure 8). Figure 8 : Composition spécifique des débarquements des palangriers ciblant à la fois les thonidés et les espèces demersales COURBINE 14% SABRE 10% CHIEN DE MER 10% REQUIN 10% DIVERS 15% SAR 4% BESUGUE 4% DIVERS 5% BONITE 10% DENTE 11% SARGHALA 7% 1.4 Bateaux ciblant le merlu Au terme de l’année 2002, Le merlu était ciblé par une flottille de pêche constituée de 9 bateaux ce qui représente 7 % du total. Ces bateaux totalisent 427 de tonnage jauge brute (14% du total). Sa puissance globale est 3394 cv soit 19 % du total des palangriers de la zone. Les principales espèces ciblé par la palangre sont : le merlu (28%), denté (20%), le ronfleur et le melva (9%)(figure 9) 21 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Figure 9 merlu Composition spécifique des débarquements des palangriers ciblant le DIVERS 7% MERLU 20% RONFLEUR 18% MELVA 9% DENTE 20% RAIE 4% SAINT PIERE 5% PAGRE 5% PAGEOT RASCASSE 7% 5% 3. Caractéristiques physiques des bateaux Les caractéristiques physiques moyennes des bateaux des cinq groupes sont représentées dans le tableau suivant. Tableau 6: Caractéristiques physiques moyennes des cinq groupes de bateaux Groupe Age Capacité Puissance motrice Equipage Groupe1 12 21 107 11 Groupe 2 10 5 90 5 Groupe 3 4 27 185 12 Groupe 4 2 24 203 12 Groupe 5 1 49 210 14 Source : Enquête (INRH , 2003) 22 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - L’utilisation des techniques de pêche diffère selon les caractéristiques physiques des bateaux. En général, les bateaux utilisant les filets sont beaucoup plus grands que les bateaux opérant avec la ligne à main. Ceci est expliqué par le fait que les filets occupent plus d’espace et demandent un effectif de marin plus important. Les bateaux ciblant les thonidés et les espèces accessoires sont nettement plus grands et plus jeunes que les bateaux ciblant uniquement les espèces démersales. Ceci peut être en relation premièrement avec la grande mobilité de ces bateaux qui est influencée par la migration des espèces ciblées ce qui requiert des moyens de production relativement plus robustes et deuxièmement avec la faible valeur commerciale des thonidés les débarquements doivent être importantes en poids pour rentabiliser l’opération de pêche. Il est à remarquer également que les bateaux ciblant le merlu sont les plus grands et les plus jeunes de toute la flottille palangrière opérant dans la zone. Ceci reflète l’orientation récente des armateurs vers cette nouvelle pêcherie exploitant les grands profondeurs par l’adaptation de leurs nouveaux bateaux. 4. Effort de pêche L’effort de pêche est exprimé en nombre de jours de pêche par an. L’effort de pêche des cinq groupes de bateaux est illustré dans le tableau suivant : Tableau 7: Effort de pêche moyen annuel par groupe de bateaux Nombre de marée Marée min Marée max Jours de pêche Groupe 1 35 4 6 171 Groupe 2 30 1 3 60 Groupe 3 27 4 10 193 Groupe 4 31 5 7 183 Groupe 5 32 5 6 176 Source : Enquête (INRH , 2003) 23 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Le tableau 7 fait ressortir que les palangriers dans la zone effectuent en moyenne entre 24 et 35 sorties en mer par an. Ce faible chiffre peut être expliqué par deux facteurs : Les conditions météorologiques qui influent négativement sur l’activité des palangriers durant la période hivernale en particulier pour les petits bateaux. Les durées de marée qui sont en moyenne longues ce qui demande des temps de récupération pour l’équipage. Les pêcheurs du premier groupe effectuent en moyenne le nombre de sorties en mer le plus élevé. En terme de nombre de jours de pêche, par contre, ce sont les pêcheurs du troisième et du quatrième groupe qui effectuent les marées les plus longues. Les pêcheurs ciblant les thonidés s’éloignent de leur port d’attache pour suivre la migration des poissons alors que les pêcheurs ciblant les espèces démersales exploitent généralement les zones de pêche situées relativement prés du port de Tantan. 5. Niveau des captures Tableau 8 Niveau des captures des différents groupes de bateaux Poissons Crustacés Total Groupe Quantité Valeur Quantité Valeur Quantité Valeur (dh) (kg) (dh) (kg) (dh) (kg) Groupe1 24500 890000 500 140 000 25000 1030000 Groupe 2 6000 35000 0 0 6000 350000 Groupe 3 130000 990000 0 0 130000 990000 Groupe 4 64400 1000000 600 150 000 65000 1150000 Groupe 5 72000 2420000 0 0 72000 2420000 Source : Enquête (INRH , 2003) En terme de poids, le troisième groupe constitué par les bateaux ciblant les thonidés réalise les meilleurs rendements en débarquant en moyenne plus de 130 tonnes de poissons par an grâce à l’utilisation des filets maillant dérivant et du filet maillant de courbine mais en valeur ce même groupe n’occupe que la quatrième place avec 990 milles dirhams en moyenne faute d’une bonne valeur commerciale des prises. En chiffre d’affaire, le cinquième groupe composé par les bateaux ciblant le merlu réalise le meilleur résultat : 2.42 millions de dirhams en moyenne. Ceci est du à la haute valeur commerciale du merlu qui tire une part importante dans les débarquements de ces bateaux. 24 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - Les petits palangriers représentés par le deuxième groupe, à cause de leur faible tonnage réalisent en moyenne le chiffre d’affaire le plus bas malgré la haute valeur commerciale de leurs prises constituées en grande partie par les sparidés, les rascasses, le saint pierre et la courbine. Il est à remarquer également que les bateaux du quatrième groupe, en diversifiant leurs activités de pêche, réalisent des chiffres d’affaire meilleurs que les bateaux spécialisés dans la pêche aux espèces demersales ou la pêche des thonidés. Grâce à la diversité des captures composées d’espèces à haute valeur commerciale comme les crustacés et les poissons blancs et d’espèces à grand tonnage comme les thonidés et les espèces accessoires, ces bateaux réalisent en moyenne un produit brut qui dépasse 1.15 millions de dirhams. 6. Charges opérationnelles d’exploitation Tableau 9: Charges opérationnelles des différents groupes de bateaux Carburant et lubrifiant Glace Appât Vivre Divers Groupe 1 2 500 1 015 980 1 504 308 Groupe 2 360 350 120 500 260 Groupe 3 3520 2 029 0 2 143 473 Groupe 4 3 010 1 225 613 1 750 433 Groupe 5 4 570 1 488 Groupe 4 750 2 750 500 Source : Enquête (INRH , 2003) Les dépenses en carburant et lubrifiant constituent la charge opérationnelle la plus importante pour les bateaux. Les quantités consommées dépendent de la puissance du moteur, de l’effort de pêche déployé et des trajets parcourus par les bateaux. En général, la pêche aux thonidés consomme plus de carburant que la pêche aux espèces demersales vu que les bateaux ciblant les thonidés sont généralement équipés de moteurs plus puissants et leur autonomie est relativement plus grande. La consommation de la glace est en fonction de la quantité du poisson capturé. La pêche aux thonidés absorbe en général des quantités importantes de glace en raison de l’importance des tonnages pêchés et également des durées de marée effectuées qui sont généralement longues par rapport aux autres pêches. 25 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - L’utilisation de l’appât est indispensable chez les palangriers utilisant le filet mailant de fond et le trémail que chez les palangriers ciblant le merlu. Les premiers utilisent la sardine fraîche alors que les deuxièmes font recours au congelé. Le prix du frais connaît des fluctuations au cours de l’année suivant la disponibilité de la sardine. Le prix varie entre 10 et 60 dh la caisse pour le frai et 4 dh/kg pour le congelé. Les dépenses en vivre sont en fonction de la taille de l’équipage et de la durée de la marée. Les bateaux qui ciblent les thonidés et le merlu dépensent généralement en vivre plus que les autres. 7. Revenu des pêcheurs La valeur des captures diminuée par les charges communes donne le net à partager. Les modalités de répartition de ce dernier sont déterminées par le système de partage. Dans la répartition des parts entre les membres de l’équipage, on a retenu le système le plus communément utilisé par groupe de bateau. Le nombre de parts qui constitue la base de la répartition détermine le revenu par part. Tableau 10 : Groupe Revenu des pêcheurs par marée des différents groupes de bateaux Produit brut Charges communes Equipage Nbre de parts Dh/part Revenu mensuel/part Groupe1 29490 9906 11 17 612 1690 Groupe 2 11667 2984 5 6 724 1803 Groupe 3 36772 13744 12 17 677 1522 Groupe 4 37097 11904 12 17 741 1913 Groupe5 75500 22769 14 18 1465 3906 Source : Enquête (INRH , 2003) La valeur de la part par marée des différents groupes de bateaux est représentée dans le tableau 11. Cette valeur varie entre 612 dh/marée chez les bateaux utilisant les filets pour la pêche des espèces demersales à 1465 dh/marée chez les bateaux ciblant le merlu. Les pêcheurs des bateaux ciblant à la fois les thonidés et les espèces perçoivent généralement des revenus plus importants que les pêcheurs spécialisés. 26 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 - CONCLUSION GENERALE Le présent travail porte sur la définition de la typologie et de la structure d’exploitation de la pêche palangrière dans les ports de Laâyoune et Tantan et l’évaluation des rendements des différents segments de cette pêche à travers l’analyse des indicateurs d’exploitation et des revenus des pêcheurs. L’activité des palangriers se caractérise par des variations saisonnières tributaires des conditions météorologiques et des conditions liées à l’infrastructure portuaire. La variation du niveau d’activité des palangriers ajoutée aux changements hydroclimatiques entrainent des fluctuations saisonnières de la production globale. La production des palangriers est constituée par une gamme très larges d’espèces. Les scombridés occupent la première place dans les captures globales tant à Laâyoune qu’à Tantan devant Les carangidés, les trachiridés et les sparidés La pêche palangrière dans la zone fait intervenir un certain nombre de stratégies de pêche en relation avec la richesse spécifique du milieu, des caractéristiques physiques des bateaux et des préférences des armateurs et des patrons de pêche. La typologie des palangriers opérant dans la zone fait ressortir cinq groupes de bateaux : Les petits palangriers opérant à partir du port de Tantan en pratiquant la pêche à la ligne pour cibler les espèces demersales. Les grands palangriers opérant à partir du port de Tantan pour cibler les espèces demersales en pratiquant la pêche au filet maillant de fond et au trémail. Les bateaux opérant ciblant les thonidés et les espèces accessoires en utilisant le filet maillant dérivant et le filet maillant à courbine. Les bateaux ciblant à la fois les espèces demersales et les thonidés en pratiquant à la fois le filet maillant dérivant, les filets maillant de fond et le trémail. Les bateaux ciblant le merlu en utilisant la palangre de fond à partir du port de Laâyoune. Les rendements des bateaux dépendent des caractéristiques physiques des bateaux et de leurs stratégies. Les bateaux ciblant les thonidés réalisent les meilleurs rendements en poids. En valeur, par contre, ce sont les bateaux ciblant le merlu qui réalisent les meilleurs chiffres d’affaire. Les revenus mensuels moyens des marins varient entre 1500 et 3900 dh /part selon la stratégie de pêche. En moyenne, la pêche au merlu procure aux marins les revenus les plus importants. Les bateaux diversifiant leurs activités en travaillant à la fois sur les espèces demersales et les thonidés assurent à leurs équipages des revenus meilleurs que ceux des équipages des bateaux spécialisés. 27 Centre Régional de l’Institut National de Recherche Halieutique à Laâyoune Laboratoire des Ressources Halieutiques Etude sur les pêches palangrières aux ports de Laâyoune et Tan Tan - janvier 2004 -