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Les analyses par réseau : vers une nouvelle conceptualisation et prise en
charge des troubles mentaux? Network analyses: Are we moving toward a new
conceptualization and treatment...
ArticleinL Encéphale · August 2019
DOI: 10.1016/j.encep.2019.06.001
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Catherine Bortolon
Université Grenoble Alpes
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SEE PROFILE
Raffard stéphane
Paul Valéry University, Montpellier 3
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Pour
citer
cet
article
:
Bortolon
C,
Raffard
S.
Les
analyses
par
réseau
:
vers
une
nouvelle
conceptualisation
et
prise
en
charge
des
troubles
mentaux
?
Encéphale
(2019),
https://doi.org/10.1016/j.encep.2019.06.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP
1181
1–8
L’Encéphale
xxx
(2019)
xxx–xxx
Disponible
en
ligne
sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
Revue
de
la
littérature
Les
analyses
par
réseau
:
vers
une
nouvelle
conceptualisation
et
prise
en
charge
des
troubles
mentaux
?
Network
analyses:
Are
we
moving
toward
a
new
conceptualization
and
treatment
of
mental
disorder?
C.
Bortolona,b,,
S.
Raffardb,c
Q1
aLaboratoire
inter-universitaire
de
psychologie
:
personnalité,
cognition
et
changement
social,
université
Grenoble
Alpes,
Grenoble,
France
Q2
bUniversity
Department
of
Adult
Psychiatry,
CHU
de
Montpellier,
Montpellier,
France
cEpsylon
Laboratory,
EA
4556,
Montpellier,
France
i
n
f
o
a
r
t
i
c
l
e
Historique
de
l’article
:
Rec¸
u
le
29
janvier
2019
Accepté
le
17
juin
2019
Disponible
sur
Internet
le
xxx
Mots
clés
:
Approche
par
réseau
Psychopathologie
Trouble
mental
Psychologie
clinique
Comorbidités
r
é
s
u
m
é
En
rupture
avec
les
approches
catégorielles
et
dimensionnelles
et
donc
le
modèle
médical
classique,
l’approche
par
réseau,
appliquée
à
la
psychopathologie
constitue
une
approche
holistique
des
troubles
mentaux.
Dans
cette
approche,
les
troubles
mentaux
ne
sont
plus
conceptualisés
comme
étant
des
essences
s’exprimant
via
l’expression
d’un
ensemble
de
symptômes.
Les
troubles
mentaux
sont
conc¸
us
comme
un
système
de
symptômes
interconnectés
au
sein
duquel
les
symptômes
sont
la
cause
les
uns
des
autres.
Cette
interaction
entre
les
différents
symptômes
donnerait
lieu
à
une
boucle
de
rétroaction
qui
conduit
à
l’installation
et
la
maintenance
de
ces
symptômes/troubles.
Par
ailleurs,
cette
approche
propose
que
les
comorbidités
soient
le
résultat
d’interactions
symptôme-symptôme
qui
dépassent
la
frontière
du
diagnostic
et
interagissent
avec
des
symptômes
appartenant
à
d’autres
troubles
psychia-
triques.
Un
nombre
croissant
d’études
a
appliqué
l’approche
par
réseau
afin
d’élucider
les
interactions
causales
au
sein
des
symptômes
constitutifs
de
la
dépression,
l’état
de
stress
post-traumatique,
la
schi-
zophrénie,
ou
les
troubles
anxieux.
L’objectif
général
de
cette
revue
est
de
sensibiliser
les
chercheurs
et
les
cliniciens
en
psychiatrie
et
psychologie
clinique
à
l’approche
par
réseaux,
appliquée
à
la
psychopa-
thologie.
Pour
ce
faire,
nous
présentons
les
principaux
concepts
et
principes
de
l’approche
par
réseau
et
son
application
dans
l’état
de
stress
post-traumatique.
Nous
discutons
également
les
critiques
faites
récemment
à
cette
approche
et
ses
applications
cliniques.
©
2019
L’Enc´
ephale,
Paris.
Keywords:
Network
approach
Psychopathology
Mental
disorder
Clinical
psychology
Co-morbidities
a
b
s
t
r
a
c
t
In
a
break
with
categorical
and
dimensional
approaches
and
thus
the
classical
medical
model,
the
net-
work
approach
applied
to
psychopathology
constitutes
a
holistic
approach
to
mental
disorders.
In
this
approach,
mental
disorders
are
conceived
as
an
interconnected
system
of
symptoms
in
which
symptoms
are
the
cause
of
each
other.
It
is
suggested
that
the
interaction
between
the
different
symptoms
would
result
in
a
feedback
loop
that
leads
to
the
installation
and
maintenance
of
these
symptoms/disorders.
In
addition,
this
approach
proposes
that
co-morbidities
are
the
result
of
symptom-symptom
interactions
that
cross
the
diagnostic
boundary
and
interact
with
symptoms
from
other
psychiatric
disorders.
A
gro-
wing
number
of
studies
have
applied
the
network
approach
to
elucidate
causal
interactions
within
the
symptoms
of
depression,
post-traumatic
stress
disorder,
schizophrenia,
or
anxiety
disorders.
The
overall
objective
of
this
review
is
to
raise
awareness
among
researchers
and
clinicians
in
psychiatry
and
clini-
cal
psychology
of
the
network
approach
applied
to
psychopathology.
To
do
this,
we
present
the
main
concepts
and
principles
of
the
network
approach
and
its
application
in
post-traumatic
stress
disorder.
We
also
discuss
recent
criticisms
of
this
approach
and
its
clinical
applications.
©
2019
L’Enc´
ephale,
Paris.
Auteur
correspondant
:
UFR
SHS,
laboratoire
Inter-universitaire
de
psychologie
:
personnalité,
cognition
et
changement
social,
université
Grenoble
Alpes,
1251,
avenue
Centrale,
CS
40700,
38058
Grenoble,
France.
Adresses
e-mail
:
(C.
Bortolon).
https://doi.org/10.1016/j.encep.2019.06.001
0013-7006/©
2019
L’Enc´
ephale,
Paris.
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Pour
citer
cet
article
:
Bortolon
C,
Raffard
S.
Les
analyses
par
réseau
:
vers
une
nouvelle
conceptualisation
et
prise
en
charge
des
troubles
mentaux
?
Encéphale
(2019),
https://doi.org/10.1016/j.encep.2019.06.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP
1181
1–8
2
C.
Bortolon,
S.
Raffard
/
L’Encéphale
xxx
(2019)
xxx–xxx
1.
Introduction
Le
principal
but
de
cet
article
est
de
présenter
une
nouvelle
conceptualisation
des
troubles
mentaux
appelée
l’approche
par
réseau
récemment
développée
par
Denis
Borsboom
et
collabora-
teurs,
au
sein
de
laquelle
les
troubles
psychopathologiques
sont
conc¸
us
comme
des
systèmes
dynamiques
complexes,
approche
qui
remet
en
cause
l’approche
catégorielle
jusqu’ici
dominante
pour
caractériser
les
maladies
mentales.
Il
est
important
de
noter
que
le
questionnement
posé
par
la
classification
et
la
description
des
troubles
mentaux
n’est
pas
nouveau
et
a
traversé
la
psychopa-
thologie
depuis
sa
naissance
et
les
diverses
controverses
autour
du
DSM
5
avec
comme
point
d’orgue
la
décision
par
le
Natio-
nal
Institute
of
Mental
Heath
de
s’affranchir
de
ses
catégories
pour
proposer
une
approche
transdiagnostique
est
révélatrice
d’une
crise
épistémologique
actuelle
forte
concernant
leur
conception.
Cette
crise
s’actualise
notamment
depuis
plusieurs
années
à
tra-
vers
deux
conceptualisations
opposées
des
troubles
mentaux
:
l’approche
catégorielle
qui
est
l’approche
traditionnelle
qui
a
carac-
térisé
jusqu’à
présent
toute
démarche
classificatoire
en
psychiatrie,
et
l’approche
dimensionnelle.
Au
sein
de
l’approche
catégorielle,
un
trouble
psychiatrique
(variable
latente)
n’est
conc¸
u
que
par
la
synthèse
d’un
nombre
précis
de
symptômes
cliniques
présents
(variables
observables)
et
constitue
une
entité
distincte
des
autres
avec
des
frontières
strictes
et
clairement
définies.
À
l’opposé,
l’approche
dimensionnelle
rem-
place
la
notion
de
catégories
(diagnostic
présent
vs.
absent)
par
la
notion
de
«
dimensions
»
au
sein
desquelles
les
individus
sont
«
ordonnés
»
en
fonction
de
l’intensité
des
différentes
caracté-
ristiques/symptômes.
Les
dimensions
ne
sont
plus
considérées
comme
des
entités
discrètes
mais
comme
des
états
continus
ne
se
différenciant
pas
entre
eux
par
essence
mais
en
termes
de
spectre
se
situant
entre
le
normal
et
le
pathologique.
Si
l’approche
dimen-
sionnelle
permet
d’obtenir
des
distinctions
plus
subtiles
que
dans
l’approche
catégorielle
(par
exemple
chaque
individu
ayant
rec¸
u
un
diagnostic
de
schizophrénie
peut
être
représenté
via
5
dimen-
sions
continues
telles
que
les
dimensions
négatives,
positives,
de
désorganisation,
d’excitation
ou
de
détresse
émotionnelle),
les
symptômes
sont
toujours
conc¸
us,
cependant,
comme
étant
cau-
sés
par
une
racine
commune
(entité
schizophrénie
conc¸
ue
comme
variable
latente1)
indépendante
des
symptômes
qu’elle
produit.
Ainsi,
les
symptômes
tels
que
la
tristesse,
l’anhédonie,
la
fatigue,
la
perte
de
poids,
entre
autres,
reflètent
la
présence
d’un
trouble
dépressif
conc¸
ue
de
manière
implicite
comme
une
variable
latente.
L’approche
par
réseau,
appliquée
aux
troubles
mentaux
par
Borsboom
et
Cramer
[1]
constitue
une
rupture
par
rapport
aux
approches
catégorielles
et
dimensionnelles
et
donc
au
modèle
médical
classique.
En
psychopathologie,
et
contrairement
à
ce
que
nous
observons
en
médecine
somatique,
les
troubles
mentaux
ne
peuvent
pas
être
identifiés
de
manière
indépendante
à
leurs
symp-
tômes
[1,2].
Ainsi,
comme
l’écrit
Borsboom
&
Cramer
[1],
supposons
que
l’on
souffre
de
symptômes
tels
que
des
maux
de
tête,
des
troubles
de
la
mémoire
et
de
la
vision.
Ces
symptômes
peuvent
être
le
résultat
d’une
tumeur
au
cerveau.
Une
telle
tumeur
est
une
entité
empiriquement
identifiable
et
observable
qui
est
concep-
tuellement
séparée
de
ses
effets
symptomatiques
:
on
peut
avoir
(a)
des
maux
de
tête
sans
tumeur
au
cerveau
et
(b)
une
tumeur
au
cerveau
sans
maux
de
tête.
Si
les
maux
de
tête
sont
un
symp-
tôme
de
la
tumeur,
on
a
effectivement
(c)
des
maux
de
tête
et
1En
statistique,
une
variable
latente
est
une
variable
qui
ne
peut
pas
être
mesurée
directement,
mais
qui
est
supposée
être
à
la
base
des
variables
observées.
Ainsi,
si
les
symptômes
«
perte
de
plaisir
»
ou
«
prise
de
poids
»
peuvent
être
observés
direc-
tement
(variables
manifestes),
la
dépression
(variable
latente)
est
elle
inobservable
mais
considérée
comme
la
cause
de
leur
émergence
et
de
leur
covariance.
une
tumeur
au
cerveau,
et
(d)
les
maux
de
tête
n’auraient
pas
été
présents
sans
la
tumeur.
Ainsi
en
médecine,
on
peut
séparer
la
maladie
(la
cause)
de
ses
symptômes.
Si
ce
modèle
de
la
mala-
die
somatique
a
été
appliqué
à
l’étude
des
troubles
mentaux,
il
se
heurte
à
une
limite
fondamentale.
En
effet,
si
la
dépression
était
un
trouble
indépendant
de
ses
symptômes,
nous
pourrions
observer
des
patients
atteints
de
dépression
sans
les
symptômes
de
tristesse
ou
d’anhédonie.
Or,
il
n’a
été
jusqu’à
présent
impossible
d’identifier
l’un
des
nombreux
troubles
mentaux
décrits
dans
les
manuels
de
psychiatrie
comme
étant
des
affections
qui
existent
indépendam-
ment
de
leurs
symptômes,
et
du
point
de
vue
de
Borsboom
et
de
son
équipe
ce
ne
sera
probablement
jamais
le
cas.
Corollaire
important,
cela
signifie
que
les
«
troubles
mentaux
»
ne
peuvent
pas
être
la
cause
de
ces
symptômes
observés
(anhédonie,
halluci-
nation,
hyperactivité)
du
moins,
pas
de
la
même
manière
que
les
tumeurs
et
les
infections
bactériennes
sont
la
cause
des
symptômes
en
médecine.
Le
postulat
fondamental
de
l’approche
par
réseau
est
que
les
troubles
mentaux
émergent
d’une
interaction
dynamique
entre
les
symptômes
et
son
objectif
principal
est
de
mettre
en
évi-
dence
leurs
relations
causales.
Autrement
dit,
les
troubles
mentaux
sont
conc¸
us
comme
un
système
de
symptômes
interconnectés
au
sein
duquel
les
symptômes
sont
la
cause
les
uns
des
autres,
don-
nant
lieu
à
une
boucle
de
rétroaction
qui
conduit
à
l’installation
et
la
maintenance
de
ces
symptômes,
et
donc
de
ce
que
nous
connais-
sons
comme
étant
conceptualisé
comme
maladie
psychiatrique
[1,2].
Par
exemple,
après
un
événement
stressant,
un
individu
souf-
frant
d’une
humeur
dépressive
développera
une
insomnie
qui
finira
par
provoquer
de
la
fatigue,
laquelle
provoquera
des
difficultés
de
concentration,
conduisant
à
des
sentiments
de
dévalorisation
qui
aggraveront
encore
l’humeur
dépressive,
formant
une
boucle
qui
renforcera
le
réseau.
Dans
ce
contexte,
la
notion
même
de
maladie
mentale
devient
secondaire,
les
symptômes
ne
sont
pas
le
reflet,
mais
constituent
en
eux-mêmes
le
trouble
mental
(Fig.
1).
Q3
L’objectif
général
de
cette
revue
est
de
sensibiliser
les
cher-
cheurs
et
les
cliniciens
en
psychiatrie
et
psychologie
clinique
à
l’approche
par
réseaux,
appliquée
à
la
psychopathologie
et
dévelop-
pée
par
Borsboom
et
ses
collaborateurs.
Pour
cela,
nous
souhaitons
dans
un
premier
temps
en
présenter
les
bases
théoriques
et
les
prin-
cipes
généraux.
Dans
un
second
temps,
nous
souhaitons
présenter
un
bref
résumé
de
quelques
études
menées
selon
cette
approche
notamment
dans
le
cadre
de
l’état
de
stress
post-traumatique
et
de
la
schizophrénie.
Enfin,
nous
discuterons
les
implications
et
pers-
pectives
cliniques
de
cette
approche
mais
aussi
ses
limites
et
les
critiques
dont
elle
fait
l’objet.
2.
L’approche
par
réseau
L’approche
par
réseau
distingue
la
topologie
du
réseau
(c.-à-d.
la
structure
du
réseau)
de
la
dynamique
du
réseau
(c.-à-d.
les
change-
ments
temporels
au
sein
d’un
réseau).
Au
niveau
de
la
structure,
un
réseau
peut
être
défini
comme
un
ensemble
d’éléments
qui
sont
connectés
entre
eux
par
des
relations.
Ici,
nous
considérons
que
ces
éléments
sont
des
nœuds
(«
nodes
»
en
anglais)
et
leurs
rela-
tions
sont
appelées
des
liens
(«
edges
»
en
anglais).
Les
nœuds
sont
classiquement
représentés
par
des
cercles
et
peuvent
représenter
n’importe
quelle
variable
(ex.
symptômes,
personnes,
processus,
etc.).
Les
liens
sont
représentés
par
des
lignes
qui
connectent
les
nœuds
et
peuvent
représenter
différents
types
de
relations
(ex.
corrélations).
La
structure
et
la
représentation
d’un
réseau
se
définissent
à
travers
plusieurs
variables.
La
densité
indique
le
niveau
de
connec-
tivité
au
sein
du
réseau.
La
distance
indique
le
nombre
de
liens
ou
la
distance
entre
deux
nœuds
spécifiques.
D’autres
concepts
impor-
tants
comprennent
la
notion
de
valeur
(«
value
»)
ou
l’intensité
de
la
relation
et
la
notion
de
signe
(«
signal
»)
indiquant
si
la
relation
est
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33
34
35
36
37
38
39
40
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47
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52
53
54
55
56
57
58
59
60
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63
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68
69
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Pour
citer
cet
article
:
Bortolon
C,
Raffard
S.
Les
analyses
par
réseau
:
vers
une
nouvelle
conceptualisation
et
prise
en
charge
des
troubles
mentaux
?
Encéphale
(2019),
https://doi.org/10.1016/j.encep.2019.06.001
ARTICLE IN PRESS
G Model
ENCEP
1181
1–8
C.
Bortolon,
S.
Raffard
/
L’Encéphale
xxx
(2019)
xxx–xxx
3
Fig.
1.
Approche
médicale
catégorielle
ou
dimensionnelle
selon
laquelle
les
symptômes
d’un
trouble
mental
sont
issus
d’un
même
facteur
causal
(variable
latente)
vs.
approche
par
réseau
selon
laquelle
les
symptômes
psychiatriques
sont
leur
propre
cause
et
se
développent
et
se
maintiennent
mutuellement
(Figure
inspirée
de
la
figure
1
de
Jones,
Heeren
et
McNally
[8]).
Fig.
2.
Chaque
nœud
représente
un
symptôme
et
les
lignes
reliant
les
nœuds
sont
les
liens,
les
relations
entre
les
différents
symptômes.
L’épaisseur
représente
l’intensité
de
la
relation
et
la
couleur
le
signe
:
les
corrélations
positives
sont
représentées
par
la
couleur
verte
et
les
corrélations
négatives
sont
représentées
par
la
couleur
rouge.
positive
ou
négative.
Typiquement,
les
corrélations
plus
fortes
sont
représentées
par
des
«
liens
»
plus
épais
(ou
plus
foncés)
que
les
cor-
rélations
plus
faibles.
D’autre
part,
les
corrélations
positives
entre
deux
symptômes
sont
représentées
par
la
couleur
verte,
tandis
que
les
corrélations
négatives
sont
représentées
par
la
couleur
rouge.
Enfin,
les
liens
entre
les
nœuds
peuvent
être
directs
ou
indirects.
Les
liens
directs
sont
représentés
par
des
flèches
qui
indiquent
la
direction
du
lien
causal
(voir
Fig.
2).
Les
liens
indirects
sont
repré-
sentés
par
des
lignes
simples
et
indiquent
une
association
(sans
valeur
causale).
Un
autre
concept
fondamental
est
celui
de
centralité
(«
centra-
lity
»).
Ce
concept
de
centralité
rend
compte
du
groupe
de
nœuds
ayant
le
plus
d’interconnexions
et
constituant
donc
les
nœuds
les
plus
centraux
du
réseau.
Le
nombre
de
connexions
d’un
nœud
cor-
respond
ainsi
au
«
degré
de
centralité
».
Ce
que
nous
observons
est
que
les
nœuds
qui
sont
fortement
corrélés
forment
un
«
cluster
»
au
centre
du
réseau
et
que
les
corrélations
plus
faibles
sont
présen-
tées
plutôt
dans
la
périphérie.
En
conséquence,
les
nœuds
les
plus
centraux
sont
considérés
comme
les
nœuds
les
plus
importants
du
réseau.
Il
existe
un
grand
nombre
de
mesures
de
centralité
diffé-
rentes
qui
ne
seront
pas
présentées
dans
cet
article
(voir
l’article
de
[3]
pour
plus
d’informations).
Une
autre
dimension
clé
de
l’approche
par
réseau
concerne
la
dynamique
de
celui-ci
et
notamment
sa
dynamique
temporelle.
En
effet,
comme
les
réseaux
dynamiques
impliquent
des
données
chronologiques
intensives,
les
directions
temporelles
des
relations
peuvent
être
estimées,
indiquant
si
un
nœud
particulier
est
pré-
dictif
d’un
autre
nœud
à
un
moment
ultérieur.
De
ce
fait,
les
réseaux
dynamiques
fournissent
un
meilleur
aperc¸
u
des
relations
causales
possibles
entre
les
différents
nœuds.
Le
concept
clé
pour
comprendre
les
changements
au
sein
d’un
réseau
d’un
état
à
un
autre
état
est
l’indice
de
connectivité
(densité)
au
sein
d’un
réseau.
Chaque
état
d’un
réseau
présente
un
certain
degré
de
stabilité
qui
dépend
de
la
connectivité
des
différents
éléments
du
réseau.
3.
L’approche
par
réseau
en
psychopathologie
En
psychopathologie,
l’approche
par
réseau
vise
à
1)
étudier
les
relations
entre
les
symptômes
qui
participent
au
développement
et
au
maintien
d’un
ou
plusieurs
troubles
psychiatriques
et
2)
déter-
miner
les
symptômes
centraux
au
sein
du
réseau
qui
pourraient
déclencher
le
développement
d’autres
symptômes
et
qui
seront
donc
la
cible
des
prises
en
charge
[1–3].
Dans
ce
contexte,
les
nœuds
représentent
les
symptômes
et
les
liens
représentent
les
rela-
tions
entre
les
symptômes.
Les
nœuds
qui
sont
connectés
rendent
compte
des
symptômes
qui
ont
un
impact
direct
les
uns
sur
les
autres.
Tandis
que
les
nœuds
qui
ne
sont
pas
reliés
entre
eux
repré-
sentent
des
symptômes
qui
n’ont
aucun
impact
direct
entre
eux.
L’approche
par
réseau
permet
également
de
mettre
en
évidence
des
variations
au
niveau
de
la
force
des
interactions
entre
nœuds.
Ainsi,
du
fait
des
variations
de
l’intensité
d’interaction
entre
les
diffé-
rents
symptômes/nœuds,
dans
certains
cas,
l’activation
d’un
nœud
(symptôme)
ne
va
pas
aboutir
automatiquement
à
l’activation
de
tous
les
autres
nœuds
(symptômes)
qui
lui
sont
reliés.
Dans
cette
approche,
un
trouble
psychiatrique
correspond
à
un
ensemble
de
symptômes
qui
sont
connectés
par
un
système
de
relations
causales,
autrement
dit,
un
système
des
symptômes
en
interaction.
Les
symptômes
ne
sont
pas
les
expressions
d’une
essence
diagnostique
abstraite,
mais
constituent
le
diagnostic.
En
conséquence,
selon
cette
conception
de
la
maladie
psychiatrique,
dire
qu’une
personne
«
est
atteinte
»
ou
«
n’est
pas
atteinte
»
d’une
maladie
psychiatrique
ne
semble
plus
pertinent.
Nous
dirons
à
la
place
qu’un
symptôme,
dans
un
moment
spécifique,
est
«
acti-
vité
»
ou
«
désactivé
»
et,
donc,
que
l’activation
d’un
symptôme
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