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Note : Dans le présent ouvrage, le recours au masculin pour désigner des
personnes a comme unique objectif d'alléger le texte et désigne sans
discrimination les individus des deux sexes.
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Préface
L’Alliance des communautés culturelles pour l’égalité dans la santé et
les services sociaux (ACCÉSSS) salue la publication du présent ouvrage
faisant état du point de vue des ainés immigrés du Lac-Saint-Jean
relativement aux résidences pour personnes âgées. ACCÉSSS se préoccupe
depuis de nombreuses années du dossier des personnes aînées immigrantes
et ceux des différentes communautés ethnoculturelles. Son implication
concertée a permis d’assurer une meilleure accessibilité des services de santé
aux personnes âgées de différentes origines.
Les nombreux bouleversements survenus au cours des dernières
années dans les milieux hospitaliers ont exigé une réorganisation dans la
gestion et l’application des services sociaux et de santé. Dans la foulée du
processus de « désinstitutionalisation » des personnes âgées (entrepris dans
les années soixante-dix — et suivant une logique d’efficacité et de réduction
de coûts), il y a eu un développement accru des programmes et services de
maintien à domicile, comme substitut à l’hospitalisation. Par conséquent,
nous assistons, de plus en plus, à un déplacement des structures
d’hébergement et des services socio-sanitaires institutionnels vers de plus
petites structures d’accueil et d’accompagnement pour les personnes aînées.
Devant une telle situation, il est clair que la famille de même que le
communautaire deviennent des partenaires essentiels dans le réseau de la
santé sur les plans de la gestion, de la coordination et de l’application des
services destinés à la clientèle âgée immigrante.
Par la diversité de leurs langues, de leurs systèmes de valeurs et par
l’altérité de leurs rapports à la santé, les communautés ethnoculturelles
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influencent le fonctionnement du réseau de la santé, la dispensation des
services et le travail des professionnels de la santé. De la même manière, le
fonctionnement des résidences pour personnes âgées subit d’importances
transformations suite aux changements démographiques majeurs que vit le
Québec depuis plusieurs années.
Depuis quelques années maintenant, les recherches mettent en
évidence, particulièrement dans un pays d’immigration comme le Canada, la
pluralité et la richesse des pratiques des communautés ethnoculturelles. Et
parce qu’elle participe de l’identité profonde, des rôles et statuts aussi bien
que des traditions et valeurs auxquelles se réfèrent habituellement les
communautés d’immigrants/es, l’ethnicité s’avère un facteur dont
l’importance s’accroît avec l’âge.
Au cours des dernières décennies, on a pu observer deux mouvements
: une préoccupation croissante de la dimension ethnoculturelle dans l’offre
des services sociaux et de santé et une amélioration dans la manière de
traiter cette problématique. D’une part, alors que les rapports produits au
cours des années 70, affirmaient que les institutions établies n’atteignaient
guère les populations ethnoculturelles, les efforts se sont concentrés dans les
années 80, sur l’identification des raisons qui expliquent un tel problème
d’accessibilité.
Quant aux années 90 et 2000, elles ont ouvert la voie à des
changements de nature organisationnelle, en vue d’une meilleure
accessibilité — représentativité des communautés ethnoculturelles dans le
personnel administratif et intervenant, élaboration de plans d’accès,
reconnaissance des organismes communautaires et partenariat, etc. D’autre
part, un second mouvement reflète un travail d’amélioration de la condition
iv
des personnes âgées à bien des égards, que ce soit sur les plans de la santé,
du revenu, que des politiques sociales, etc.
Pourtant, on peut se demander si la catégorie qui se situe à la jonction
de ces deux courants, les personnes âgées des communautés
ethnoculturelles, bénéficie pleinement de ces avancées. Rien n’est moins
sûr! C’est la raison pour laquelle des recherches, comme celle que vous avez
en main, sont si importantes, encore aujourd’hui, en 2012.
Le livre est structuré de manière cohérente, appuyé sur une
problématique intéressante et dont la pertinence actuelle ne fait pas de doute.
La revue des écrits est fort appropriée au questionnement retenu. Ce Livre
est original dans le contexte québécois, car peu d’études de ce genre ont été
réalisées auprès d’immigrants âgés de 55 ans et plus vivant en région.
L’auteur semble bien connaître son sujet et les différents chapitres de son
travail sont dans l’ensemble très bien articulés. Les références sont
pertinentes et malgré le peu d’études réalisées dans ce domaine il fait
souvent le parallèle entre les données des recherches réalisées ailleurs dans
le monde et celles tenues en sol canadien ou québécois. La formulation des
questions et des hypothèses de la recherche est claire et repose sur une bonne
analyse des écrits existants. La description de la méthodologie et les limites
de l’étude sont conformes à la réalité et la discussion des résultats fait
ressortir des points intéressants tant pour ce qui a trait aux résultats qu’aux
avenues de recherches ultérieures. Le livre s'articule autour de trois objectifs,
qui ont bien joué leur rôle, à savoir encadrer le travail d'enquête, faire
l'analyse et marquer de façon explicite la rédaction.
Le chapitre premier expose la problématique. Celle-ci met le lecteur
en face de la situation que vivent les personnes immigrantes, et pose les
v
défis que soulève leur venue dans une terre d'accueil. Pour les immigrants
eux-mêmes certes, mais aussi pour les intervenants qui ont à faciliter leur
intégration dans les institutions, entre autres. Elle met très bien en lumière,
par exemple, les défis que pose un placement institutionnel pour les
immigrants. Le chapitre deux illustre l'état des connaissances et expose les
différents concepts de l'étude : personnes immigrées, centres d'hébergement
et de soins de longues durées, la qualité de vie et la compétence culturelle,
l'intégration sociale. Puis il soulève un point essentiel : la prise en compte de
ce que la personne immigrante a été afin de l'aider à être ce qu'elle est.
Quanta la recension des écrits, elle expose la situation complexe dans
laquelle se retrouvent plusieurs immigrants, tout en amenant les
conséquences que soulève leur intégration dans les différentes sphères de
leur vie : travail, vie familiale, société civile, placement en institution. On y
voit le bien-fondé du soutien social, le soutien social reçu, assurément, mais
aussi le soutien perçu. En effet, ce n'est pas seulement l'aide effective
apportée par l'entourage qui est importante, mais aussi l'impact subjectif de
cette aide. L'individu estime-t-il que ses besoins et ses attentes sont
satisfaits? Voilà ce à quoi l'auteur nous invite à réfléchir. Quoi qu'il en soit,
ces deux chapitres nous confirment la nécessité de poursuivre la recherche
dans le domaine de réintégration des immigrants, ces derniers étant aux
prises avec différents problèmes : isolement, solitude, conditions
économiques précaires, etc. Sans oublier les pertes ressenties (famille,
culture, communauté), et les préjugés qu'ils doivent braver, comme le
racisme institutionnel, interpersonnel et intériorisé. Ces pages décèlent aussi
des lacunes que présente le milieu institutionnel en regard des personnes qui
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