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E.texte ,1bac,Etude du poème Melancholia (extrait) de V. Hugo

Niveau : 1ère année Bac.
Activité : Etude de texte.
Durée : 1h
Module : 2 -Etudier un roman à thèse « le dernier jour d’un condamné » 1829.
Support : poème Melancholia extrait de . Les contemplations. Livre III. De V. Hugo 1856
-Compétence visée : Etudier l’engagement dans un poème ainsi que par l’image
-Capacité visée : - Etudier un poème à visée argumentative (la dénonciation du travail des
enfants)
Méthodologie
I- Etude et analyse des images :
• Faire rechercher par les élèves, et à l’avance, un assortiment de documents-images représentant le travail des
enfants, en les invitant à explorer le plus d'époques et de lieux possibles : ce travail se fait en groupes, chaque
groupe devant, à l'arrivée, sélectionner 2 documents (on peut demander à ce qu'il y ait une photo / un dessin, une
gravure, un tableau...)
-
Pour chaque document retenu et choisi, les groupes établiront une fiche :
-
-
La nature du document : ce que c'est, qui en est l'auteur, l'époque, le lieu...
ce qui est précisément représenté
sur quoi le photographe/artiste a voulu attirer l'attention
les sentiments, émotions suscitées par ce qui est montré.
Chaque groupe présentera ses deux documents en veillant particulièrement à expliquer pour quelles raisons ils ont
retenu leur attention.
Mise en commun des analyses
II- Les axes de lecture:
Consignes : -Qu’apporte le poème à l’image, et inversement ?
-Quelles sont les caractéristiques de chaque document ? Comment se complètent-ils etc... ?
1- L’image est un appel à l’indignation, à la dénonciation du travail des enfants
1° Analyse de l’image 1 : un enfant au travail :
Niveau dénotatif (description du support) : une image en noir et blanc représentant un petit enfant, âgé entre 6
à 8 ans, épuisé par le travail. Brisé de fatigue il s’endormit alors qu’il était entrain de coudre des balles de baseball (des balles dures et lourdes)
Niveau connotatif (interprétation) : -par cette image le photographe dénonce le travail des enfants, leur place
est à l’école, c’est une forme d’injustice sociale qu’on se servait de ces petites créatures, ces petites mains au nom
du développement et du progrès. Cela suscite l’indignation (on est ému et choqué car ce phénomène heurte la
conscience morale)
- On peut demander aux élèves d’accentuer le dessin et y rajouter "des choses" : Par exemple, enchaîner l’enfant
à la table comme un esclave ou un galérien, un bagnard, ou dessiner des rides ou un code barre sur sa joue
parce que il est considéré comme une marchandise, qui est achetée et vendue comme les balles de base-ball.
- Faire commenter les ajouts.
 Le travail des enfants = la torture, les supplices, la maltraitance des enfants  misère, souffrance et abattement
(enfants vieux et ridés)
2- Le poème est un argumentaire pour étayer l’indignation
a- Etude du paratexte et de la forme : - En 1856, Victor Hugo publie Melancholia, poème en alexandrins,
extrait de Les Contemplations.
- Disposition des rimes : plates (AABB). Qualité : (RR. suffisantes « rit/maigrit - seules/meules » et RR. Riches
« sombre – l’ombre ». Genre : R. masculine « rit » et R. féminine « sombre, joue, misère… »
b- Etude du fond (la séparation fond et forme est théorique)
b-1) Evocation du travail des enfants
- jeunesse et fragilité des enfants (description réaliste de leur état physique : mauvaise santé : « que la fièvre maigrit;
quelle pâleur ! », leur fatigue « bien las ; rachitisme ! »
- durée du travail« éternellement, même mouvement ; quinze heures sous des meules ». Travail dur, pénible,
répétitif et monotone.
- dureté du travail industriel
b-2) Dénonciation de ses conséquences
- conséquences physiques : maladie, enlaidissement
- conséquences morales : solitude, tristesse, désarroi
- conséquences intellectuelles : abrutissement, déshumanisation
- conséquences sociales : asservissement, misère
b-3) Indignation de Victor Hugo contre l'exploitation des enfants
- incompatibilité des enfants et du travail
- diabolisation du travail industriel
- mise en cause du progrès synonyme de profit
- revendication d'un travail épanouissant (par les adultes, le peuple)
III- Synthèse :
Melancholia est donc un poème argumentatif. Il dénonce l’injustice sociale de l’époque. et décrit avec
précision la société du XIXème siècle, montrant les conditions déplorables des enfants dans le monde de
l’usine. Il insiste sur le fait que ce sont les enfants et non les adultes qui donnent la joie de vivre au monde.
Victor Hugo emploie du début à la fin un registre pathétique et des termes religieux saints. Il est partisan d’un
travail d’adultes et non d’enfants, un travail qui donne la liberté à l’âme jeune
Melancholia (extrait)
Melancholia (extrait)
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas!
Ils semblent dire à Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes!
Ô servitude infâme imposée à l'enfant!
Rachitisme! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain!
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin!
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil!
Progrès dont on demande: Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme!
Que ce travail, haï des mères, soit maudit!
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème!
Ô Dieu! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules
Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement.
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne, anges dans un enfer,
Ils travaillent. Tout est d'airain, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas!
Ils semblent dire à Dieu: - Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes!
Ô servitude infâme imposée à l'enfant!
Rachitisme! travail dont le souffle étouffant
Défait ce qu'a fait Dieu; qui tue, œuvre insensée,
La beauté sur les fronts, dans les cœurs la pensée,
Et qui ferait - c'est là son fruit le plus certain!
D'Apollon un bossu, de Voltaire un crétin!
Travail mauvais qui prend l'âge tendre en sa serre,
Qui produit la richesse en créant la misère,
Qui se sert d'un enfant ainsi que d'un outil!
Progrès dont on demande: Où va-t-il ? que veut-il ?
Qui brise la jeunesse en fleur! qui donne, en somme,
Une âme à la machine et la retire à l'homme!
Que ce travail, haï des mères, soit maudit!
Maudit comme le vice où l'on s'abâtardit,
Maudit comme l'opprobre et comme le blasphème!
Ô Dieu! qu'il soit maudit au nom du travail même,
Au nom du vrai travail, sain, fécond, généreux,
Qui fait le peuple libre et qui rend l'homme heureux !
Victor Hugo. Les contemplations. Livre III. 1856
Victor Hugo. Les contemplations. Livre III. 1856