
d’interprétation difficile. En effet, un acci-
dent survenant plusieurs heures après
la fin de l’examen peut tout aussi bien
traduire une complication artériographi-
que qu’une nouvelle manifestation de la
pathologie sous-jacente (19). On com-
prend donc toute la difficulté à évaluer
précisément l’incidence des accidents
neurologiques, surtout dans ce sous-
groupe de patients explorés pour bilan
d’ischémie. Il est également admis que
les patients présentant une athérosclé-
rose évoluée constituent une population
à risque de complications neurologi-
ques, puisque des emboles de plaque
d’athérome peuvent survenir au cours
de l’examen en raison des microtrauma-
tismes répétés liés à la manipulation du
guide ou du cathéter (1). Dans notre
étude, le seul patient ayant présenté un
déficit neurologique pendant l’examen
était hypertendu, tabagique, dyslipidé-
mique ; des lésions athéromateuses sé-
vères étaient identifiées en angiogra-
phie. Enfin, ce travail confirme la possi-
bilité d’accidents ischémiques de
survenue différée après l’angiographie
(1). Un infarctus sylvien gauche s’est
produit 12 heures après la fin de l’exa-
men chez un patient sans déficit
préexistant, sans trouble du rythme car-
diaque et sans lésion vasculaire à l’arté-
riographie. Ce type d’accident s’expli-
querait par des phénomènes d’activa-
tion plaquettaire liés au produit de
contraste. De multiples facteurs peuvent
donc être à l’origine d’accidents neurolo-
giques : un spasme artériel peut se pro-
duire (20), les produits de contraste peu-
vent intervenir par une modification mor-
phologique des globules rouges ou de la
viscosité sanguine (1), par un effet toxi-
que sur l’endothélium vasculaire (21) ou
une neurotoxicité directe (1, 21). Les
facteurs mécaniques (emboles, dissec-
tion, thrombose) n’expliquent pas l’en-
semble des accidents neurologiques qui
peuvent donc se produire malgré des
conditions techniques optimales (4).
La fréquence des insuffisances rénales
aiguës compliquant l’angiographie céré-
brale est difficile à apprécier à partir des
données de la littérature, car la majorité
des travaux consacrés aux complica-
tions de l’artériographie cérébrale n’étu-
die pas les complications rénales.
D’autre part, quand ces complications
sont étudiées, les données biologiques
sont recueillies de façon rétrospective et
donc incomplète. Sur 692 patients, Dion
(1) ne relevait aucun cas d’insuffisance
rénale. Earnest (5) rapporte un seul cas
d’insuffisance rénale aiguë pour 1517
examens, liée à une embolie de cristaux
de cholestérol (0,07 %). Malgré l’utilisa-
tion d’un produit de contraste non ioni-
que, nous constatons deux cas d’insuffi-
sance rénale aiguë (0,4 %). Bien que
peu rapporté dans la littérature, ce type
de complication n’est donc pas excep-
tionnel. L’insuffisance rénale préexis-
tante reste le principal facteur de risque
(22, 23).
Les complications cardiaques rappor-
tées dans la littérature sont essentielle-
ment des crises d’angor : un cas pour
Dion (0,3 %) (1), 6 cas pour Waugh et
Sacharias (0,25 %) (2). Dans notre
étude, nous n’avons constaté aucune
crise d’angor. En revanche, des troubles
du rythme cardiaque sont apparus deux
fois chez des patients coronariens avec
des lésions sténosantes sévères à l’an-
giographie cérébrale. Ces données
confirment l’association entre athéros-
clérose et risque de complication cardia-
que.
Enfin, les complications locales étaient
bénignes dans notre série, représentées
essentiellement par des hématomes
non compliqués. L’étude de la littérature
montre clairement la diminution du taux
de complications locales parallèlement
à la diminution du calibre des cathéters.
Certains accidents, comme les injec-
tions intramurales ou périvasculaires
décrites dans les anciennes publications
(6), ne sont plus rencontrés aujourd’hui.
L’absence d’hématome compliqué, de
dissection ou de thrombose artérielle
peut s’expliquer par l’utilisation de ca-
théters 4F, plus petits que ceux utilisés
dans les autres études.
CONCLUSION
Cette étude prospective retrouve globa-
lement les mêmes accidents que ceux
déjà décrits dans la littérature. Si la
plupart d’entre eux sont bénins, on dé-
plore cependant une hémiplégie défini-
tive et un décès secondaire à une embo-
lie de cholestérol, soit 0,4 % de compli-
cations graves. Les progrès techniques
ne permettent donc pas d’éviter ce type
de complication dont la survenue dé-
pend avant tout d’un facteur de risque :
l’athérosclérose.
Chez les patients à haut risque, on peut
donc espérer diminuer les accidents en
limitant les indications de l’angiographie
cérébrale et ceci grâce au développe-
ment de l’imagerie vasculaire non inva-
sive.
Dans les cas où l’angiographie demeure
indispensable, seule une équipe entraî-
née travaillant dans des conditions tech-
niques optimales et en collaboration
étroite avec les cliniciens permet de
réduire les risques de cet examen.
Références
1. Dion JE, Gates PC, Fox A J, Barnett
HJM, Blom RJ. Clinical events following
neuroangiography : a prospective study.
Stroke 1987;18:997-1004.
2. Waugh JR, Sacharias N. Arteriographic
complications in the DSA era. Radiology
1992;182:243-6.
3. Grzyska U, Freitag J, Zeumer H. Selec-
tive intraarterial DSA : complication rate
and control of risk factors. Neuroradiol
1990;32:296-9.
4. Heiserman JE, Dean BL, Hodak JAet al.
Neurologic complications of cerebral an-
giography. AJNR 1994;15:1401-7.
5. Earnest F, Forbes G, Sandok BA et al.
Complications of cerebral angiography :
prospective assessment of the risk. AJR
1984;142:247-53.
6. Olivecrona H. Complications of cerebral
angiography. Neuroradiol 1977;14:175-
81.
7. Le Roux PD, Elliott JP, Eskridge JM,
Cohen W, Winn HR. Risks and benefits
of diagnostic angiography after aneu-
rysm surgery : a retrospective analysis
of 597 studies. Neurosurgery 1998;42:
1248-54.
8. Erdoes LS, Marek JM, Mills JL et al. The
relative contributions of carotid duplex
scaning, magnetic resonance angiogra-
phy, and cerebral arteriography to clini-
cal decisionmaking : a prospective study
in patients with carotid occlusive dis-
ease. J Vasc Surg 1996;23:950-6.
9. Hankey JG, Warlow CP, Sellar RJ. Cere-
bral angiographic risk in mild cere-
brovascular disease. Stroke 1990;21:
209-22.
Tableau VI :
Complications neurologiques dans les études antérieures.
Table VI :
Neurological complications in prior studies.
Auteur Année n Déficit
<
24h Déficit
>
24h Total
n (%) n (%) n (%)
Olivecrona 1970-1974 5531 11 (0,2) 11 (0,2) 22 (0,4)
Mani 1969-1975 5000 35 (0,7) 6 (0,12) 41 (0,8)
Earnest 1980-1981 1517 33 (2,2) 6 (0,4) 39 (2,6)
Dion 1983-1984 1002 12 (1,2) 1 (0,1) 13 (1,3)
Grzyska 1990 1095 5 (0,45) 1 (0,09) 6 (0,54)
Waugh 1988-1990 922 6 (0,6) 3 (0,3) 9 (0,9)
Heiserman 1992-1993 1000 5 (0,5) 5 (0,5) 10 (1)
D Berteloot et al. : Angiographie cérébrale : étude des complications sur 450 examens consécutifs
847
J Radiol 1999; 80
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