LES ESSENTIELS - Pédagogie efficace de la mémoire

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1. Une vision juste de la mémoire
LES ESSENTIELS
La mémoire dans le cerveau : une ou multiple ?
La mémoire n’est pas « une », mais relève d’un ensemble de systèmes, et d’un grand nombre de sous-
systèmes, que chaque individu développe différemment. On parle des systèmes de la mémoire.
1. Les mémoires de type sémantique rent les savoirs que l’on peut décrire en général par des mots
2. La mémoire procédurale stocke les automatismes
3. La mémoire épisodique est relative à nos souvenirs
4. Les mémoires perceptives reconnaissent les stimuli sensoriels (sons, odeurs, images, …)
5. La mémoire de travail est une fonction exécutive qui maintient et traite les informations durant un temps
court.
Identifier les types d’informations dans les différents systèmes de la mémoire permet de savoir quelles
stratégies l’enseignant va mettre en place.
La réalité du cerveau est complexe : les systèmes de la mémoire sont entremêlés, inter-systémiques.
L’importance stratégique de la mémoire chez l’élève
La mémoire concerne toutes les dimensions du temps. Toute pensée et acte du moment présent ne peuvent
se réaliser sans le recours aux éléments de la mémoire. Le présent n’est qu’une manipulation des éléments
inscrits dans les systèmes de la mémoire. Par ailleurs des dizaines de fois par jour nous nous projetons dans
le futur, en mobilisant la mémoire du futur (prospective) qui engrange les projets petits et grands, et donne
sens à notre présent.
Comprendre et mémoriser sont deux processus cognitifs distincts mais intimement entremêlés. On ne peut
comprendre sans savoir, et il est difficile de mémoriser une notion sans l’avoir comprise.
Le choix pertinent de toute décision est une affaire de mémoire.
Plus la mémoire est riche de notions précises et aisément accessibles, mieux l’individu peut : COMPRENDRE,
DECIDER, AGIR, COMMUNIQUER, SE PROJETER, ARTICULER LA CONTINUITE DE SES PENSEES.
D’où la nécessité de mettre en œuvre des stratégies solides de mémorisation.
Pratiquer la mémoire comme on marche dans une forêt.
Une notion récemment acquise existe le plus souvent à l’état de trace fragile. Elle est solidement acquise à la
suite de plusieurs reprises (réactivations). Elle devient alors aisément accessible.
L’oubli est naturel et incessant, ce n’est ni une faiblesse ni une pathologie.
Des stratégies de mémorisation solidement mises en place permettent de surmonter l’oubli.
La vitesse de transmission de l’information dans les neurones s’accroît avec l’entraînement.
Un cerveau bien entraîné est un cerveau qui fonctionne vite.
L’automatisation de nombreuses habiletés se forge par des entraînements nombreux et répétés.
Ainsi naît l’expertise.
Il est toujours plus efficace de mémoriser une notion à partir de plusieurs situations voisines et différentes.
La récupération d’une notion peut être grandement aidée lorsqu’elle est associée à un indice de rappel.
Surtout si la notion est un peu récalcitrante au rappel.
2. La mémoire est dynamique
LES ESSENTIELS
La plasticité cérébrale
Les réseaux neuronaux qui sont le support biologique des savoirs et habiletés se reconfigurent et se
complexifient en permanence au fil des expériences de la vie et de l’apprentissage. La plasticité du cerveau
permet l’apprentissage et l’adaptation. Grâce à elle, peut s’exprimer un potentiel individuel de développement
considérable.
La mémoire est une question de neurones
Apprendre et mémoriser, c’est engendrer de nouvelles configurations neuronales, ajuster, enrichir,
créer de nouvelles connexions entre les neurones.
Au cours de l’apprentissage, des synapses se consolident, d’autres disparaissent.
L’entraînement produit une accélération de la vitesse de transmission de l’information dans les axones.
L’oubli, un atout redoutable
L’oubli est naturel et incessant
Il est important après un premier apprentissage
Tous les souvenirs se déforment plus ou moins avec le temps
Une notion s’oublie différemment selon les conditions dans lesquelles elle a été mémorisée (attention,
compréhension)
Le sommeil est une période privilégiée pour stabiliser des notions récemment acquises, et pour en
éliminer d’autres non pertinentes
Modèles mentaux et spécificité individuelle de la mémoire
Apprendre, c’est ajuster, enrichir, modifier nos modèles mentaux stockés en mémoire.
Toute nouvelle information s’agrège sur les modèles mentaux préexistants en mémoire.
Autour des mêmes concepts, la mémoire des modèles mentaux de chaque individu lui est spécifique.
Glissements entre les systèmes de mémoire
Un même élément peut évoluer d’un système de la mémoire à l’autre, par exemple d’épisodique à sémantique,
de sémantique à procédurale.
Il n’y a pas de cloisonnement entre les différents systèmes de mémoire.
3. La consolidation mémorielle
LES ESSENTIELS
De la trace à la connaissance récupérable
La mémorisation d’une notion nouvelle issue de l’extérieur relève d’un processus en plusieurs étapes
qui se chevauchent : perception, traitement, stockage, récupération.
Une notion nouvelle ne s’inscrit quasiment jamais en mémoire durable lors d’un premier apprentissage,
pour des raisons diverses d’attention et de compréhension insuffisantes, d’oubli inévitable (processus
biologique).
Une consolidation mémorielle trop faible relève d’une illusion d’apprentissage, qui se traduit par
exemple par des techniques d’apprentissage au dernier moment ou par du bachotage.
Les reprises espacées
Un apprentissage avec reprises (permettant à la fois la consolidation, l’aisance de la récupération, la
compréhension et le transfert) est indispensable. Ne pas le pratiquer, c’est s’exposer à l’oubli : difficulté
d’accès ou disparition définitive.
Pour une classe prise dans son ensemble, les reprises sont vivement conseillées à rythme expansé
(écarts de plus en plus grands dans le temps).
Oublier suffisamment, c’est s’obliger à fournir un effort encore plus productif lors de la reprise suivante,
donc améliorer la consolidation.
Comprendre ne suffit pas pour mémoriser, il faut consolider.
La technique des reprises espacées convient particulièrement bien pour les informations de type
sémantique.
Placer une évaluation trop en proximité de l’apprentissage, c’est ne pas donner à l’élève la possibilité
de consolider à terme les notions par la technique des reprises espacées.
Dans l’idéal, il faudrait pouvoir individualiser les écarts entre les reprises. C’est la technique des
parcours personnalisés de mémorisation.
Le paramètre "temps" dans les processus mémoriels
Les mémoires sensorielles, associées aux sens, permettent de reconnaître instantanément les signaux
venant de l’extérieur. Nous n’avons guère de maîtrise sur elles.
La mémoire de travail, qui est la fonction exécutive de traitement des informations est durement
touchée par le temps et l’oubli. Pour la rendre plus opérationnelle, trois conditions sont à respecter :
o connaître un grand nombre de mots, de sens de concepts et de procédures,
o développer l’attention,
o et ne pas dépasser une certaine charge cognitive.
Les mémoires sémantiques sont à long terme, mais toujours vulnérables à l’oubli.
La mémoire procédurale des automatismes est particulièrement résistante à l’oubli, sur de très longues
durées.
Les supports pédagogiques et la planification des reprises
Le ciblage des notions essentielles que les élèves doivent retenir sur un long terme, relève de la
responsabilité de l’enseignant, car c’est un exercice difficile pour eux.
La conception des supports de mémorisation par reprises relève également de l’enseignant.
Investissement certain par l’enseignant, certes, mais dont les bénéfices chez les élèves sont
incontestables.
Des applications numériques de parcours personnalisés permettent de différencier la mémorisation. On
peut citer ANKI par exemple.
4. La mémoire par questionnement
LES ESSENTIELS
Nous avons étudié deux des règles les plus fondamentales d’une mémorisation efficace :
La consolidation par reprises.
Le questionnement :
le principe du cerveau prédictif
le rôle de l’attention
les feedbacks positifs et négatifs
les tests comme outils de mémorisation
D’autres facteurs permettent de consolider la mémorisation :
La compréhension : il est difficile de mémoriser des notions mal comprises.
Les liens entre les notions : le nombre et la qualité des liens établis entre une notion nouvelle et
d’autres déjà possédées permettent une meilleure récupération.
Une bonne gestion de la mémoire de travail : se situer en-dessous d’une trop grande charge
cognitive, limiter le flux d’informations, présenter les supports de façon ergonomique.
L’attention
Le cerveau prédictif
Le cerveau est de nature prédictive : à chaque question qu’il se pose il émet des hypothèses
construites à partir de ses acquis mémoriels. Lors de la réponse, il établit un écart avec ses
hypothèses, ce que l’on nomme écart de prédiction.
Prendre en compte les feedbacks pour générer des écarts de prédiction et modifier ses modèles
mentaux, c’est apprendre.
La nature prédictive du cerveau fait du questionnement une technique efficace de mémorisation.
Le rôle de l’attention dans la mémorisation
L’attention est la capacité de se focaliser sur une cible privilégiée parmi plusieurs possibles, et de s’y
maintenir.
L’attention est directement associée aux fonctions exécutives : inhibition (frein), flexibilité (passage
volontaire d’une cible à l’autre), mémoire de travail (traitement des informations).
L’attention se développe, surtout durant l’enfance et l’adolescence.
L’attention joue un rôle majeur dans la focalisation sur l’information à mémoriser.
En cela, les élèves dotés de bonnes capacités attentionnelles, mémorisent mieux.
Posséder de bonnes capacités attentionnelles permet de gagner du temps dans le processus de
mémorisation, et de la qualité car la focalisation sur les informations est meilleure.
Le cerveau est mono-attentionnel conscient.
La régulation du flux des informations (densité et clarté) joue sur le traitement en mémoire de travail,
donc sur la mémorisation.
Les feedbacks positifs et négatifs
L’activité de mémorisation doit impérativement être associée à du feedback (positif ou négatif).
Toute erreur (faisant suite à une activité cognitive) est une opportunité d’apprentissage.
Il est important de changer le statut de l’erreur !
Les tests comme outils de mémorisation
Les études invitent à introduire des tests à la fois en amont de l’étude (test de positionnement), en
alternance en cours d’étude, et entre l’étude et le contrôle massif et différé.
Ce qui exige un peu de temps supplémentaire, mais conduit à une nette amélioration de la
mémorisation à terme.
Le test est surtout une technique efficace de mémorisation.
Les supports de mémorisation devraient être conçus sous forme de questions-réponses.
Les fiches de révision faisant simplement apparaître les points essentiels ne font que pointer les
notions essentielles. Elles ne sont pas efficaces pour mémoriser.
La lecture et relecture du cours est la méthode la moins efficace, et pourtant la plus répandue, et donne
hélas aux élèves l’illusion d’avoir appris.
Les groupes d’interrogation entre élèves sont une bonne méthode en alternant les rôles (questions et
réponses). La fiche mémo, ou un jeu de questions préparé par l’enseignant est un bon support.
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