PHILOSOPHIE PROFESSEUR WAHIB
Page 5
juge pas, ce n’est pas un regard psychologique, un regard jugeant. Seul le regard
d’autrui juge l’autre. Ce jugement sur moi me dérange, me fait du souci. Regardé,
jugé, l’homme doit constamment faire attention à ce regard posé sur lui, et il devient
de moins en moins libre, de moins en moins spontané.
Mais, en un autre sens, ce regard m’est vraiment bénéfique, car il me permet de
juger mes actes, de prendre conscience de la gravité de certains de mes actes, de ma
faute, de moi-même, et de me corriger, de progresser. Ce regard est donc un regard
correcteur : il me corrige, il me persuade du mal. Sans ces regards sur moi, je tombe
facilement dans le mal, dans l’immoral, dans l’interdit, dans l’illégal, dans l’illicite, etc.
Sans les regards des autres, je vole les affaires des autres élèves, je pisse derrière les
bâtiments du lycée, je ne prends pas soin de moi : de mon apparence, de mes
comportements, etc.
3. L’homme, un être par nature méchant
Pour Hobbes, l’homme est un être naturellement méchant et violent, il est un animal
sauvage. Sa méchanceté est profondément ancrée dans sa nature biologique, dans
son être. Il compare métaphoriquement l’homme à un animal, et un animal incarnant
la méchanceté : le loup. « L’homme est un loup pour l’homme » parce que l’homme
tue l’homme, l’homme égorge l’homme, l’homme vole l’homme, l’homme torture
l’homme, l’homme détruit l’homme, l’homme écrase l’homme, l’homme infériorise
l’homme, l’homme maltraite l’homme, l’homme corrompt l’homme, l’homme
combat l’homme, etc. Bref, l’homme est méchant à l’égard de l’homme. Mon
semblable, autrui, est paradoxalement mon ennemi, mon rival, un rival dont je dois
me méfier et combattre: c’est une guerre totale et ouverte entre les hommes.
Difficile donc d’adoucir culturellement cet homme méchant par nature. Même
sociabilisé, civilisé, modernisé, éduqué, humanisé, l’homme tue encore, vole encore,
écrase encore, trahit encore, corrompt encore, etc. L’homme blanc se disant civilisé,
éduqué, démocrate, ne s’est-il pas invité en Afrique et ailleurs prétextant son désir
d’apporter la civilisation, l’éducation, la démocratie à l’homme noir… Mais cet
homme blanc civilisé et civilisateur n’a-t-il pas brillé par l’esclavage massif, le pillage
des ressources naturelles, la torture, l’assassinat des leaders et des indépendantistes,
le parrainage des régimes brutaux, des dictateurs...
Raison pour laquelle, religion, morale, loi, culture, civilisation, éducation, se
conjuguent pour freiner la violence humaine et persuader l’homme de la méchanceté
et du mal. La religion jure au méchant, au tueur, au voleur, au corrupteur à une vie
infernale, terrible, impitoyable dans l’au-delà (la religion). La loi, la justice préparent