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INTRODUCTION
La profonde modification des paysages par l’Homme a mené à une transformation des milieux
naturels sur l’ensemble de la planète. L’anthropisation et l’urbanisation engendrent depuis plusieurs
siècles une détérioration des habitats et des écosystèmes (Elmqvist et al. 2016). Elle s’accompagne
d’un important déclin de la biodiversité, qualifié de sixième extinction de masse par la communauté
scientifique (Ceballos et al. 2017, Haskell et al. 2017). En 2019, la Plateforme intergouvernementale
sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) estimait qu’un million d’espèces animales et
végétales étaient menacées d’extinction pour les prochaines décennies (IPBES, 2019). Cet état des
lieux, qualifié d’alarmant (IPBES, 2019), témoigne donc d’une réelle nécessité d’améliorer les
politiques de protection de l’environnement.
Depuis quelques décennies, de nouveaux textes réglementaires ont amorcé un tournant dans la
gestion politique de l’environnement. En Europe, la Convention de Berne initiait en 1979 une
coopération en faveur de la protection de la nature. A cette occasion, les Etats signataires se sont
notamment engagés à mettre en œuvre des politiques nationales de conservation de la faune, de la
flore et des habitats, ainsi qu’à intégrer cette dimension dans les politiques d’aménagement du
territoire. Faisant suite à la Convention de Berne, la Directive Habitat-Faune-Flore (DHFF) 92/43/CEE,
entre en vigueur le 21 Mai 1992. Elle joue désormais un rôle majeur dans la conservation de la
biodiversité et des milieux naturels et a pour objectif principal de contribuer à préserver la
biodiversité par la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvages sur le
territoire des Etats membres de l’Union européenne. Les actions qui découlent de la Directive visent
particulièrement certains types d’habitats naturels et d’espèces sauvages qualifiés d’intérêt
communautaire et définis à l’annexe I. Il s’agit de les maintenir (ou de les ramener) dans un état de
conservation favorable (article 2), c’est-à-dire avec une aire de répartition naturelle stable et des
processus écologiques (structurels et fonctionnels) viables. Au sein des habitats naturels d’intérêt
communautaire, la Directive définit également une liste d’habitats d’intérêt prioritaires,
particulièrement menacés et méritant un suivi renforcé.
Considérée comme l’un des réservoirs de biodiversité les plus riches, mais aussi menacée par les
activités humaines, la zone méditerranéenne est reconnue comme l’un des principaux hotspots de
biodiversité mondiaux (Mittermeier et al. 2005). La biodiversité actuellement observée dans le bassin
méditerranéen est étroitement liée au rôle de refuge de celui-ci pendant les périodes de glaciation
(Médail & Diadema 2006). Plus généralement, avec sa diversité de paysages, allant des plaines et
collines aux montagnes des Alpes, des Pyrénées ou de la Corse, des plateaux du Massif central au
littoral méditerranéen et ses lagunes, la zone méditerranéenne française se distingue par sa richesse
en habitats et espèces remarquablement diversifiés. Ce territoire se caractérise également par
l’impact anthropique marquant ses terres (Médail & Diadema 2006), la région méditerranéenne
constituant l’un des berceaux de civilisation les plus anciens. L’aménagement du territoire,
difficilement conciliable avec la protection de l’environnement, continue de transformer les
mosaïques d’habitats qui constituent les paysages méditerranéens, notamment avec l’essor du
tourisme (3 millions de visiteurs par an en Corse (ofb.gouv.fr), 12 millions en Occitanie (Bertrand
2019)) et l’attractivité du littoral, provoquant une augmentation du nombre d’habitants (Méreau
2018).
La complexité des enjeux du territoire méditerranéen rend la préservation de ses richesses naturelles
difficile. Une gestion efficace nécessite que les différents acteurs du territoire travaillent en cohésion,
en avançant vers les mêmes objectifs. En 2018, 15 acteurs du territoire se sont réunis pour créer le