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SOiNS GÉRONTOLOGIE - no123 - janvier/février 2017 33
Les addictions chez les personnes âgées
dossier
recherche de plaisir, de relaxation, réduction des
tensions, recherche d’excitation…) et motiva-
tions négatives (dépendance et passivité, inassou-
vissement des besoins, isolement, quête d’image
de soi positive…)[3].
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Quant au cannabis, apanage des jeunes
adultes d’aujourd’hui, dont plus de la moitié
a déjà expérimenté le produit,
les aînés n’en
consomment qu’assez exceptionnellement.
La littérature rapporte quelques observations
anecdotiques, à l’image des descriptions du
mésusage d’alcool de sujets âgés, il y a trois ou
quatre décennies. Si un accroissement de la
fréquence de consommation du cannabis la
vie durant a été objectivé en milieu urbain en
Angleterre dans les premières années de la
vieillesse[5], parmi les aînés rencontrés en géron-
tologie comme dans les établissements d’héberge-
ment pour personne âgée dépendante (Ehpad),
la réalité de ces situations demeure ponctuelle.
Il semble exister un désintérêt des plus de 60ans
pour le cannabis[6]. Seul l’avenir dira si cette
question prend de l’ampleur dans la vieillesse,
sans pouvoir en préciser a priori ni le délai ni
l’importance.
LES BIENFAITS DU SEVRAGE TABAGIQUE
Même si la majorité des fumeurs s’arrête
seuls, sans intervention de professionnels de
santé, d’autres ont besoin d’aide et de soutien.
Ilconvient avant tout d’éviter toute attitude
d’âgisme envers les fumeurs, en envisageant
l’âge à partir duquel il ne vaudrait plus la peine
de s’arrêter de fumer…
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En effet ,le sevrage tabagique est bénéfi que
à tout âge
[7]. Il accroît l’espérance de vie, après
60ans comme après 80ans[7]. Surtout, il est
bénéfi que en prévention secondaire des affec-
tions cardio-vasculaires, tout comme il améliore
la qualité de vie, dans la vieillesse[8]. Il n’existe
pas plus de difficultés à arrêter la consomma-
tion de tabac chez les aînés que chez des adultes
plus jeunes [7], et il y a même plus de chances
de réussite du sevrage tabagique après 60 ans
qu’avant[9].
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Par ailleurs, les moyens pharmacologiques
d’aide au sevrage tabagique
n’ont pas de spécifi -
cités gériatriques, pour les substituts nicotiniques,
qui gardent toute leur place[4]. Quant aux autres
médicaments, bupropion à demi- posologie
(Zyban®) ou varénicline (Champix®), ils ont une
place restreinte en raison de précautions d’em-
ploi majorées.
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Quant à la cigarette électronique,
avec toutes
ses incertitudes d’emploi ou de rapport bénéfi ce-
risque, très peu d’éléments à son sujet concer-
nent les aînés. Il semble rationnellement possible
de retenir que son emploi est préférable au fait
de fumer du tabac (en termes de réduction des
risques et des dommages encourus), même si
l’idéal reste l’objectif d’arrêter de fumer comme
de vapoter.
DÉMARCHES DE SOIN
NON MÉDICAMENTEUSES
Certaines études soulignent qu’un nombre non
négligeable de personnes de plus de 65ans qui
fument, souhaite renoncer à la cigarette[10] mais
contrairement aux jeunes, ils sont moins suscep-
tibles d’être aidés par des professionnels de santé
pour renoncer au tabac[11].
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En association aux offres médicamenteuses,
les soutiens thérapeutiques ont toute leur
place.
De la simple relation d’aide aux soutiens
psychologiques par des médias (relaxation théra-
peutique, art-thérapie, photo-langage) ne man-
quent pas d’intérêts auprès de cette population
et paradoxalement sont peu proposés. Les psy-
chothérapies peuvent être également effi cientes
(thérapies cognitivo-comportementales, psycha-
nalytiques, psychodynamiques, systémiques…)
mais à condition que l’accompagnement puisse
répondre à certaines modalités de base comme
une relation suffi samment empathique envers
l’âgé et un questionnement sur son positionne-
ment professionnel lié aux effets de la vieillesse.
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Outre ces modalités, la conduite tabagique
de l’âgé s’inscrit dans un triptyque biolo-
gique, sociologique et psychologique
où la
consommation est marquée d’une complexité
plurifactorielle résultant d’interactions entre
différents facteurs biologiques, génétiques, psy-
chologiques, environnementaux qui marquent
la nature de l’activité en elle-même. Aussi, un
seul modèle théorique de compréhension et
d’accompagnement thérapeutique ne peut en
aucun cas prendre en compte et répondre à cette
complexité. Aussi, l’aide qui pourra être proposée
devra s’articuler dans une approche intégrative
(complémentarité de plusieurs intervenants et
de leurs différentes approches théoriques, thé-
rapeutiques ou savoir-faire) tout en s’adaptant
aux différents temps d’accompagnement et ceci,
en fonction de l’objectif poursuivi par l’âgé mais
aussi, au regard de ses capacités physiques, cogni-
tives et psychiques conservées.
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et de la vie quotidienne. 2011.
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