
prégnante et que les rivalités étaient telles qu’elles donnaient lieu à des complots politiques ou des
trahisons diplomatiques. Le lien qui permit de préserver la paix fut la finance internationale. La banque
Rothschild illustre cette finance internationale, dont la fidélité de ses membres vient entièrement à la
firme, qui intervient à travers le monde entier et qui finance les guerres, les politiques publiques etc. des
différents Etats du monde. Ils illustrent ainsi la dimension cosmopolite et capitaliste de la finance
internationale. Ainsi la paix n’était pas assurée du fait de leurs bon vouloir mais elle l’était car, tout conflit
d’importance entre les grandes puissances aurait nuit à leurs affaires. Toutefois, chaque système financier
national constituait un « microcosme » dont l’organisation et les relations internes étaient pour autant
bien spécifiques. Ainsi, le pouvoir de la finance nationale, aussi cosmopolite soit-il, restait quoi qu’il en soit
quelque peu dépendant à ses attaches nationales. Dès lors le pouvoir politique l’emportait alors sur les
intérêts financiers, ce que K. Polanyi illustre à l’aide différents faits historiques concernant notamment les
relations franco-allemandes (à travers notamment le cas des investissements et transferts financiers après
la guerre de 1870 ou encore celui de la crise marocaine en 1905) et germano-britannique (affaire du
Bagdadbhan) précédents la grande guerre. La haute finance jouait donc un rôle de modérateur et
conditionnait la paix en influençant via le contrôle des investissements, l’accès aux crédits les différentes
forces européennes. La participation à l’ordre international reposait, par ailleurs, aussi deux éléments
décisifs à la puissance d’un Etat-nation : le constitutionalisme et la maîtrise de son budget qui passait par
la maitrise du change vis-à-vis de l’étalon-or. Or la city, haut lieu de la finance internationale, détenait ici,
via la surveillance du cours des monnaies nationales un moyen de pression certains sur la constitution des
budgets nationaux. En définitive, la paix réussit à être maintenue dès lors que l’équilibre des puissances le
permettait. Les rivalités coloniales et les jeux d’alliances qui donnèrent naissance à la triple entente
(Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie) d’une part et à la triple alliance d’autre part (France, Angleterre,
Russie) mirent fin à cet équilibre et mirent en face à face deux puissances belliqueuses qui débouche sur
la grande déflagration que fut la première guerre mondiale.
2) Années vingt conservatrices, années trente révolutionnaires.
La dissolution du système économique mondiale et la chute de l’étalon-or qui commence au tout
début du XXème siècle sont à l’origine de la transformation radicale des sociétés. La première guerre
mondiale et l’ensemble des conflits et révolutions qui l’ont suivies sont des rémanences de l’organisation
économique et politique du XIXème siècle et n’ont fait que précipiter la chute du système et de ses
institutions. Après-guerre, le désarmement des pays de la triple alliance a empêché un retour à l’équilibre
des puissances, condition nécessaire, on l’a vu, avec l’interdépendance né du système économique
mondial, à la préservation de la paix en Europe. La seule solution selon K. Polanyi aurait été la mise en
place d’institutions supranationales ; solution anachronique toutefois selon lui.
La décennie qui suivit la grande guerre fut selon K. Polanyi conservatrice au sens où elle n’avait pour
seul objectif que de rétablir des systèmes économiques et politiques, semblables à ceux du XIXème et inspiré
des idéaux des révolutions anglaise, française et américaine. Selon lui, même la Russie de Lénine et Trotski
s’inscrivait dans cette dynamique. Le véritable basculement eu lieu au début des années lorsque
l’Angleterre abandonna l’étalon-or et que la Russie mis en place les premiers plans quinquennaux. La fin
de ces systèmes se concrétisa au niveau national par une grande instabilité monétaire ayant généralement
pour cause des facteurs extérieurs et qui fit, au niveau national, de la question monétaire, la question