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Comme l'indique cette définition, un dérivé doit reposer sur au moins une base. Un sous-jacent qui peut être un actif, un taux de référence ou index dont le produit dérivé tire sa principale source de valeur. Un dérivé des marchandises est un contrat dérivé spécifiant une marchandise ou un indice des matières premières sous-jacentes. Par exemple, un contrat à terme sur le pétrole brut spécifie le prix, la quantité et la date d'un futur échange de la qualité du pétrole brut qui sous-tend le contrat à terme. Parce que le pétrole brut est une matière première, un contrat à terme pétrole brut est un dérivé de la matière première. Un dérivé financier est un contrat dérivé spécifiant un instrument financier, taux d'intérêt, de change ou indice financier sous-jacent. Par exemple, une option d'achat sur les actions d'IBM donne à son propriétaire le droit d'acheter les actions d'IBM à un prix prédéterminé. En ce sens, une option d'achat IBM tire sa valeur de la valeur des actions sous-jacentes d'IBM. Parce que l’action d'IBM est un instrument financier, l'option call IBM est un dérivé financier. Les produits dérivés recouvre un éventail diversifié de matière et d'actifs sous-jacents, y compris les actions, obligations, taux de change, taux d'intérêt, crédit, énergie, etc. En ce qui concerne les produits dérivés financiers, pratiquement rien ne limite les instruments financiers, les taux de référence ou indices qui peuvent servir de sous-jacent à un contrat de produits dérivés financiers. En outre, certains dérivés, peuvent être fondées sur plus d'un sousjacent. Par exemple, la valeur d'un dérivé financier peut dépendre de la différence entre un taux d'intérêt domestique et un taux d'intérêt étranger (c.-à-d., deux taux de référence distincts). Cet ouvrage présente d’une manière concise les concepts, les méthodes et les techniques des produits dérivés. Il est structuré en deux chapitres qui regroupent un total de quatre sections. Le premier chapitre traite des contrats à terme et des options, alors que le deuxième chapitre traite des swaps et des produits dérivés de crédit. ϰ Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Chapitre I : Les contrats à terme et les options Section 1 : Les contrats à terme I. Définition du contrat à terme Un achat à terme est un achat différé dont les conditions (prix, date, etc.) sont fixées dès maintenant. Le paiement et la prise de livraison interviennent « au terme », c’est-à-dire à une date ultérieure connue d’avance. De la même manière, une vente à terme est une vente différée dont les conditions sont fixées tout de suite. Pour que quelqu’un puisse acheter à terme, il faut que quelqu’un veuille bien vendre à terme. Si tel est le cas, l’engagement qui lie acheteur et vendeur est appelé « contrat à terme ». Les contrats à terme sont des instruments financiers qui spécifient la quantité et la date auxquels se fera l’achat (ou la vente) d’un actif sous-jacent1 particulier, et ce, au prix déterminé au moment de la transaction. Le détenteur d’un contrat à terme doit obligatoirement, à l’échéance du contrat, s’acquitter de son engagement. Pour illustrer ce que sont les contrats à terme, nous utiliserons l’exemple d’un producteur de café qui, chaque année, lors de la récolte, fait face au prix établi par l’Association des producteurs de café. Ce prix dépend de la qualité et de la taille de la récolte, de même que de la demande mondiale de café. 1. Exemple : La production de café1 Prenons un producteur colombien qui s’attend à ce que la prochaine récolte mondiale soit très abondante. Rappelons au lecteur qu’une récolte abondante engendre généralement une diminution du prix car la demande de café est alors largement satisfaite. Par opposition, «ce qui est rare est cher ». Ainsi, une meilleure récolte n’amène pas nécessairement de meilleurs profits. Au contraire, une bonne récolte et une baisse du prix peuvent parfois être désastreuses pour certains producteurs. Il est effectivement fréquent que ces producteurs ne puissent vendre la totalité de leur production ou se voient contraints à en vendre une partie à perte parce que le prix est trop faible. Une telle situation affecte directement les entrées d’argent des producteurs, et donc leur capacité à respecter leurs engagements (rembourser les dettes, payer les employés, etc.). Peu d’entreprises peuvent vraiment se permettre de s’exposer au risque de fluctuation des prix. Beaucoup rechercheront des outils pour se prémunir contre ce risque. Afin de se protéger, un producteur de café pourrait signer un contrat de vente à terme, avant même d’avoir effectué sa récolte. Il s’engagerait à vendre (à un acheteur quelconque) une quantité fixe de café, à un moment précis, et ce, au prix fixé au moment de la transaction. 1 Mathieu Tanguay et Alix Mandron, les contrats à terme, HEC Montréal, janvier 1999. 5 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI On peut distinguer Trois caractéristiques des contrats à terme : -Quantité fixe établie d’avance -Date d’échéance (ou date de livraison) fixe établie d’avance - Prix fixe établi lors de la transaction Qui aurait avantage à prendre un tel engagement avec le producteur de café? Un torréfacteur de café (tel que A.L.Van Houtte), qui achète le café brut et le transforme pour le revendre prêt à consommer (sous forme de café instantané, par exemple), aurait avantage à s’engager dans un contrat à terme avec le producteur. Le torréfacteur est très sensible au prix du café vert puisque ses coûts de production en sont directement affectés. Ainsi, pour diminuer le risque inhérent au coût que représente l’achat de café brut, le torréfacteur pourrait vouloir se protéger contre une hausse rapide du prix de cette denrée. Le contrat à terme s’avérera un outil tout à fait approprié pour ce genre de situation. Nous remarquerons ici que l’individu qui prend une position acheteur désire se protéger contre une hausse des prix alors que celui qui prend la position vendeur cherche une protection contre une baisse des prix, et ce, pour un même contrat à terme. Important : Le contrat à terme se négocie entre deux parties : - Un acheteur (le torréfacteur) – qui désire se protéger contre une hausse des prix - Un vendeur (le producteur) – qui désire se protéger contre une baisse des prix Exemple (fictif) de contrat à terme sur le café, au 15 janvier Les parties Type quantité Prix à terme d’opération Date d’échéance producteur vente 37500 1 $ la livre 15 Septembre Torréfacteur achat 37500 1 $ la livre 15 Septembre Avec un tel contrat à terme, le producteur colombien s’engage (aujourd’hui le 15 janvier) à vendre dans huit mois (le 15 septembre) 37 500 livres de café brut à 1 $ la livre au torréfacteur qui, lui, s’engage à les acheter aux mêmes conditions. Les deux parties doivent donc obligatoirement respecter leur engagement3. Le coût total de la transaction sera de 37 500 $ (37 500 X 1 $), et celle-ci aura lieu le 15 septembre. Les deux parties impliquées connaissent donc aujourd’hui la quantité et le prix auquel le café sera échangé dans huit mois. Ce prix préétabli pourrait être sensiblement différent du prix en vigueur sur le marché au moment de l’exécution finale du contrat. Les deux parties au contrat se trouvent donc à l’abri des changements de prix du café vert, à la hausse ou à la baisse. D’autres spécifications seront aussi intégrées dans l’entente, telles que le type de café à livrer (Arabica, Robusta, etc.), le niveau de qualité du café, le lieu de livraison, etc. Ainsi, grâce à ce contrat à terme, le producteur colombien est maintenant protégé contre une baisse, alors que le torréfacteur est protégé contre une hausse possible du prix du café brut. Notons qu’aucun échange de café ou d’argent n’aura lieu avant le 15 septembre. Nous sommes maintenant en septembre. Qu’arriverait-il si le prix du café en vigueur sur le marché était de 1,25 $ la livre? La transaction portant sur 37 500 livres de café se ferait tout de même au prix de 1 $ la livre, puisqu’il s’agit du prix spécifié sur le contrat. Il est évident que le producteur, dans ces circonstances, aurait réalisé un meilleur profit s’il n’avait pas signé de contrat à terme : il 6 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI aurait effectivement pu vendre sa production à 1,25 $ au lieu de 1 $ la livre. Mais il était prêt à prendre un risque (celui de vendre sa production à un prix inférieur au prix en vigueur sur le marché) pour éviter d’encourir de trop grosses pertes en cas de baisse dramatique du prix du café. D’un autre côté, la situation aurait pu se révéler bien différente si le prix du café sur le marché n’était que 0,75 $ la livre. Dans ce cas, c’est le torréfacteur de café qui aurait été « pénalisé » par le contrat à terme. Mais lui aussi peut préférer renoncer à certains profits pour s’assurer du prix que lui coûtera le café. Ainsi, quel que soit le prix, les deux parties peuvent être considérées «gagnantes » puisqu’elles arrivent à leurs fins, c’est-à-dire à s’assurer un revenu ou un coût fixe et se protéger contre les fluctuations du marché. Ces fluctuations, sans la protection des contrats à terme, pourraient mettre en péril la survie des deux entreprises4. Les contrats à terme sont donc ici utilisés dans le but de diminuer le risque rattaché à une fluctuation du prix du café. On notera que si l’une des deux parties gagne un avantage à l’échéance du contrat, l’autre subit le désavantage symétrique. 1.1. Position courte (short position) et position longue (long position) On dit de l’individu qui s’engage à vendre l’actif sousjacent (ci-dessus le café) qu’il prend une position courte alors que celui qui s’engage à l’acheter prend une position longue. Dans l’exemple précédent, le producteur prenait une position courte (s’engageait à vendre le café) alors que le torréfacteur prenait la position longue (s’engageait à acheter le café). 1.2. Prix à terme et prix spot (Ou prix au comptant) Le prix à terme se définit comme le prix auquel l’actif sous-jacent sera échangé à l’échéance du contrat à terme. Dans l’exemple précédent, le prix à terme était de 1 $ la livre. Le prix spot, quant à lui, est le prix en vigueur sur le marché à un moment donné. Dans l’exemple précédent, le prix spot en vigueur le 15 janvier, lors de la conclusion du contrat, n’était pas précisé. Mais, sauf coïncidence rare, il n’était pas égal au prix à terme négocié ce jour-là pour le 15 janvier. Il pouvait être, par exemple, égal à 0,98 $ la livre. Quant au prix spot du 15 septembre, il était de 1,25 $ ou de 0,75 $, selon le scénario imaginé. 2. Les deux types de contrats à terme Les contrats à terme peuvent être séparés en deux grandes familles : les « contrats à livrer » et les « contrats à terme standardisés ». 2.1 Le contrat à terme dit Forward Rate Agreement (FRA) Un FRA (Future Rate Agreement) est un produit contrat négocié de gré à gré par lequel le vendeur du FRA garantit à l’acheteur, au terme d’une période donnée (période de couverture), un taux négocié (taux garanti), un emprunt un emprunt d’un montant et d’une durée négociés. Au terme de la période de couverture, le vendeur verse à l’acheteur l’écart entre le taux négocié et le taux du marché, appliqués au montant et à la durée de l’emprunt sous-jacent. Si cet écart est négative ce qui signifie que les taux de marché ont baissé, dans ce cas c’est l’acheteur du FRA qui paie la différence au vendeur. 7 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI On constate que l’opérateur qui cherche à se couvrir contre une baisse des taux (position prêteuse à terme) se portera vendeur d’un FRA. A l’inverse celui qui cherche à se couvrir contre une hausse des taux (position emprunteuse à terme) se portera acheteuse du FRA. Le FRA est dissocié de l’opération prêt ou emprunt sous-jacente, ce qui signifie que l’acheteur du FRA pourra parfaitement emprunter auprès d’une autre contrepartie que le vendeur. Figure 1 : cycle d’un FRA Exemple : Négociation d’un FRA d’un montant notionnel de 1 Million D’Euros pour une période garantie de 3 mois, au taux garanti de 5 %. A l’échéance, le taux à 3 mois du marché vaut 5.5%. Le vendeur verse à l’acheteur le différentiel d’intérêts, soit 1000000*(5.5%5%)*90/360=1250 Euros emprunte sur le marché à 5.5% mais la différence payée par le vendeur lui assure les conditions souhaitées, soit 5%.2 2 Exemple extrait du site www.questinfo.com 8 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 2 : présentation d’un FRA © 2001-2009 FinMarkets Droit d'auteur protégé - Copyrightdepot.com #00038438#0102946 Deux individus peuvent théoriquement passer un tel contrat entre eux. Toutefois, la plupart du temps la contrepartie est une institution financière (spécialisée ou non). Ainsi, il existe un énorme marché de devises à terme sur lequel les banques internationales jouent un rôle dominant. Les entreprises qui veulent acheter des devises étrangères à terme ont la possibilité de s’adresser à une banque dont les activités routinières incluent la prise de positions à terme sur les devises. De leur côté, les entreprises qui veulent vendre des devises à terme peuvent les vendre aux mêmes banques. Dans leurs négociations avec les banques, les entreprises, acheteuses ou vendeuses, spécifient les quantités, dates, etc., voulues et les banques se font un plaisir de les satisfaire moyennant rémunération, bien sûr. À la fin de chaque journée, les banques concernées comparent leurs engagements de vente et d’achat à terme pour diverses dates. Elles s’arrangent pour que les uns et les autres s’annulent, ou presque, de façon à ne pas prendre de risque, ou le moins possible. 9 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 2.2 Le contrat à terme dit « contrat à terme standardisé », ou « futures » 2.2.1. Définition Un contrat à terme standardisé est un contrat qui n’est pas négocié de gré à gré avec une contrepartie bien identifiée. C’est un contrat offert par l’intermédiaire d’une bourse spécialisée, laquelle ne joue que le rôle d’intermédiaire et pas le rôle d’une contrepartie active. L’idée derrière l’existence des contrats boursiers, c’est de permettre le développement d’un marché actif pour les contrats à terme, et bien sûr d’un marché anonyme, exactement comme pour les actions. Pour que le marché soit actif et anonyme, il faut que les conditions du contrat soient standardisées, c’est-à-dire les mêmes pour tout le monde. Si tel n’était pas le cas, il serait beaucoup trop difficile de faire correspondre les exigences des acheteurs et des vendeurs sans qu’ils aient à communiquer entre eux. Les dates d’expiration sont précises et limitées (par exemple, le dernier jour ouvrable du mois de mars, le dernier jour ouvrable du mois de juin, etc.; les dates diffèrent suivant le produit concerné); les quantités achetées ou vendues sont également précisées, sans possibilité de modification (par exemple : 37 500 livres de café par contrat, ni plus, ni moins, ou 112 000 livres de sucre). Le seul élément négociable sur le marché est le prix à terme, négocié par les soins des représentants des firmes de courtage. Généralement, les contrats à terme standardisés sont émis au maximum un an avant la date d’échéance (certains contrats à termes ont des échéances supérieures à un an). Néanmoins, tous les trois mois les bourses inscrivent à leur cote de nouveaux contrats à terme sur les divers actifs sous-jacents qu’elles ont retenus. Ainsi, en janvier un investisseur pourrait avoir à choisir, par exemple, entre un contrat venant à échéance en février, mai, août ou novembre. Certaines entreprises achèteront (vendront) des contrats de chacune de ces échéances de manière à protéger les achats (ventes) de matières premières (ou devises, ou autres) qu’elles effectuent sur une base régulière dans le cours de leur exploitation. Finalement, bien que les contrats à terme standardisés n’offrent pas la flexibilité des contrats à livrer, ils ont l’avantage d’être beaucoup plus liquides. En effet, il est plus facile de trouver une contrepartie sur le marché des contrats à terme standardisés que sur le marché des contrats à livrer, entre autres parce que le marché des contrats à terme standardisés est organisé, surveillé, réglementé et moins risqué (la section 3 aborde ce dernier aspect). Le marché des contrats standardisés est aussi accessible aux particuliers, contrairement au marché des contrats à livrer. 3. Le fonctionnement du marché du futures 3.1. La chambre de compensation Tel que mentionné ci-dessus, le marché des contrats à terme standardisés est un marché organisé. Ses mécanismes de fonctionnement sont plus complexes que ceux du marché des contrats à livrer mais offrent aussi une forme de garantie d’exécution. Lorsqu’un individu (qu’on appellera l’individu A) désire prendre une position longue (acheter à terme le sousjacent) dans un contrat à terme standardisé, il doit d’abord entrer en contact avec un courtier. Ce dernier transmet la commande à son négociateur (trader) du marché des contrats à terme standardisés. Le négociateur tentera de trouver un individu (l’individu B) qui désire prendre une position courte (s’engager à vendre) sur le même contrat. Les contrats étant standardisés, la négociation se fera seulement sur le prix auquel le sous-jacent sera échangé (les autres caractéristiques sont préétablies et non négociables). Une fois que les deux négociateurs se 10 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI seront entendus sur un prix à terme, la transaction sera enregistrée dans l’ordinateur approprié et les individus seront avisés du prix à terme. La chambre de compensation entrera en jeu à l’étape suivante. Effectivement, au lieu que la transaction se fasse directement entre les deux individus concernés, elle interviendra entre la chambre de compensation et l’individu A d’une part, et entre la chambre de compensation et l’individu B d’autre part. La chambre joue donc le rôle d’un écran entre les deux investisseurs. Comme examiné ci-dessous, cette modalité permet de remplacer anonymement, par la suite, une des parties initiales par une autre. Figure 3 : Relation dans une opération sur le marché Paiement Paiement Opérateur B Chambre de compensation Opérateur A Sous j Sous j Ainsi, à l’échéance du contrat, la chambre de compensation veillera à recueillir l’argent de l’individu qui a pris la position longue (l’individu A) et s’assurera de payer celui qui a pris la position courte (l’individu B). S’il y a lieu, la chambre veillera à ce que l’échange d’actifs sous-jacents ait lieu en bonne et due forme : elle réclamera l’actif sous-jacent de l’individu B et veillera à ce que l’individu A puisse en prendre possession au lieu prévu d’avance dans le contrat (des entrepôts spécialisés s’il s’agit de marchandises). La chambre de compensation ne réalise donc aucun profit, puisque ses revenus (ce qu’elle réclame) sont égaux à ses obligations (ce qu’elle livre). 3.1.2. L’utilité de la chambre de compensation L’objet de la chambre de compensation est diminuer (voire éliminer) le risque encouru par les investisseurs. En effet, la Chambre de compensation assume tout le risque de non respect du contrat par l’un des deux investisseurs (risque de crédit). Ainsi, advenant la faillite de l’individu A, l’individu B se fera tout de même payer par la chambre de compensation; cette dernière absorbera les pertes rattachées à ce défaut (dans le cas d’un contrat à livrer, aussi bien l’investisseur que la banque peuvent faire défaut; le risque est encore plus évident si la transaction intervient entre deux individus ou deux entreprises, sans l’implication d’une grosse banque). Grâce au système de la chambre de compensation, les investisseurs courent beaucoup moins de risques et dépensent beaucoup moins de temps et d’argent pour l’obtention d’évaluations de crédit. 3.2 La fermeture d’une position 3.2.1 La fermeture à l’échéance L’existence d’une chambre de compensation permet à l’investisseur qui détient une position courte (vendeur), et qui ne désire pas livrer l’actif sous-jacent, de prendre une position opposée avant l’échéance du contrat 11 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI L’individu s’engage donc à livrer et à acheter une même quantité du même produit à une même date. Les deux obligations s’annulent en termes de produit à livrer et à accepter. Il ne reste qu’à régler la différence de prix entre les deux contrats, puisqu’il y a de fortes chances que le nouveau prix à terme soit différent du prix à terme négocié lors de la première transaction. Le prix à terme qui prévaut à l’échéance est en fait le prix spot. Si le nouveau prix à terme négocié pour le rachat (en fait le prix spot) est supérieur au premier prix à terme (négocié pour la vente), l’investisseur devra payer la différence à la chambre de compensation (par l’intermédiaire de son courtier). Dans le cas contraire, il recevra la différence. Une telle opération s’appelle fermer sa position, c'est-à-dire prendre une position opposée qui évite d’avoir à livrer ou acheter l’actif sous-jacent. 3.2.2 Avant l’échéance Il est en fait possible de se dégager de son engagement dans un contrat à terme n’importe quand avant son échéance, suivant le mécanisme décrit ci-dessus. Le prix à terme applicable à la transaction qui ferme la position n’est pas le même, sauf coïncidence imprévisible, que le prix à terme qui prévalait lors de la prise de position. On calcule donc l’avantage (à encaisser) ou le désavantage (à débourser) et la transaction passe par la chambre de compensation. Contrairement à ce qui se passe à l’échéance, il est toutefois impossible de livrer ou prendre livraison du bien sous-jacent avant l’échéance du contrat. 3.3 Les marges L’achat ou la vente d’un contrat à terme standardisé est assujetti au dépôt d’une marge par chaque investisseur. Notons que la chambre de compensation demande cette marge à titre de garantie du respect du contrat à l’échéance. L’investisseur pourra récupérer celle-ci à l’échéance du contrat, une fois que tout aura été réglé. Les marges peuvent être payées en argent liquide ou sous forme de titres facilement négociables tels que des bons du Trésor ou autres instruments du marché monétaire. Rappelons que, contrairement au contrat à terme standardisé, le contrat à livrer ne demandait aucun investissement initial. 3.4 La mise à jour des profits et pertes La mise à jour quotidienne des profits et pertes s’effectue en comparant : - le prix à terme de la veille - le dernier prix à terme négocié dans la journée (« settlement price » dans la presse spécialisée) pour les contrats de même échéance. Le prix à terme varie en effet de jour en jour, entre autres avec les changements d’anticipations des participants du marché; ce point sera élaboré dans une section ultérieure. Si le prix initial était supérieur au dernier prix du marché, le détenteur d’une position courte (vendeur) est gagnant, alors que le détenteur d’une position longue (acheteur) est perdant; et vice-versa si le prix initial était inférieur au dernier prix du marché. Les gains réalisés seront versés dans le compte de marge de l’investisseur. Ce dernier pourra en disposer à son gré. Les pertes, quant à elles, réduiront le compte de marge. Cela pourra entraîner un appel de marge si le solde tombe en dessous du minimum voulu; l’investisseur devra effectuer le versement requis par son courtier, à défaut de quoi sa position sera liquidée. 12 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI L’exemple suivant devrait clarifier le mécanisme : Un investisseur prend une position longue dans un contrat à terme sur le blé (wheat) qui possède les caractéristiques énumérées dans le tableau de la page suivante. 4. Principes de base pour la valorisation d'un marché à terme « future » Pour valoriser un futures deux stratégies sont mises en place. Chacune des deux stratégies assure de détenir l'actif sous-jacent S à une date future T. - Stratégie A Au temps t = 0 acheter l'actif sous-jacent à S0 et le conserver jusqu'à la date t = T, le prix de cet actif sera alors de ST. - Stratégie B Au temps t = 0 initier une transaction future (prendre une position longue) et investir dans les bons du trésor pour une période T une somme équivalente au cours actuel du futures soit F0/(1+rf )^T , ainsi au temps t = T nous aurons accumulé une somme de F0. Examinons maintenant les flux monétaires que procurent les deux stratégies d'investissement : Stratégie Investisseur action Acheter le sous-jacent CF final -S0 Position longue (futures) investir F0/(1+rf )^T -F0/(1+rf )^¨T Total pour la stratégie B -F0/(1+rf )^T CF à T ST ST − F0 F0 ST Les deux stratégies résultent en le même rendement (payo) à l'échéance est comme suit: F0/(1+rf )^T = S0 Donc la valeur du futures est : F0/(1+rf )^T = F0 On remarque aussi le prix du futur excède le prix du sous-jacent par exactement un facteur de (1+rf )^T ce montant est déni comme le coût de portage (cost of carry). 13 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Section 2 : Les options Dans une transaction immobilière, l'acheteur qui a signé une promesse de vente, moyennant un paiement représentant environ 10 % du prix du bien immobilier, acquiert le droit, soit d'acheter le bien, soit de renoncer à l'achat en abandonnant la somme payée. En revanche, le vendeur qui a reçu la somme est lié jusqu'à la réalisation de la vente. La promesse de vente représente une forme d'option d'achat. Les mécanismes mis en jeu par les options ne sont pas des mécanismes nouveaux. Les opérations à prime, ou opérations conditionnelles, existaient d'ailleurs depuis longtemps, notamment sur les marchés à terme de marchandises ou à la bourse de Paris. Ce qui est nouveau, c'est le caractère de négociabilité de l'option, c'est-à-dire le fait que l'option puisse être revendue sur un marché réglementé ou de gré à gré. En effet, jusqu'à une date récente, les marchés d'options étaient des marchés primaires, et les opérateurs n'avaient pas la possibilité de céder leur contrat sur un marché secondaire actif. La création à Chicago, en 1973, du premier marché d'options négociables a été à l'origine d'un essor considérable du marché des options, qui s'explique, avant tout, par la nécessité ressentie par les opérateurs, et les entreprises, de couvrir les risques engendrés par la volatilité des taux d'intérêt ou du cours des devises. La nature des contrats d'option s'est également diversifiée puisqu'il existe actuellement, par exemple, des options sur actions, sur matières premières, sur devises, sur taux d'intérêt ou sur indices boursiers. L'option étant négociable sur un marché où on lui attribue une valeur, ou une cotation, elle peut donc être considérée comme un véritable actif financier. Mais il s'agit d'un actif particulier : l'option n'est pas un actif correspondant à une chronique de flux ; elle donne à celui qui l'acquiert, le droit d'exécuter, ou de ne pas exécuter, un contrat sous-jacent. Il s'agit donc d'un actif financier conditionnel. On présente parfois les options comme une assurance souscrite par l'acheteur pour se protéger contre une évolution qui lui serait défavorable, la prime ou premium correspondant au coût de cette assurance. Cette comparaison peut être trompeuse. L'option, qui peut être revendue, et qui possède un prix sur un marché, est avant tout un actif financier. Mais c'est un actif conditionnel. Dans cette première partie, nous présenterons au premier lieu une partie de l’histoire des options ainsi que les différents marchés qui ont contribués à leur développement, en passant ensuite par une description générale des options, pour en conclure par les différents rôles des options pour les investisseurs et pour l’entreprise. I. Marché des options La création des marchés d'options, parallèlement à celle des marchés à terme (avec leurs croissances spectaculaires, bien qu'encore à leurs débuts), représente l'innovation financière majeure des marchés financiers depuis 1970. Ils permettent de gérer efficacement les risques de taux d'intérêt et de change en les transférant de ceux qui essaient de s'en protéger (investisseurs privés, gérants de portefeuille...) vers ceux qui sont prêts à les assumer, les spéculateurs. Les deux catégories sont complémentaires. Les options permettent de choisir le niveau de risque à protéger. Le coût de ce transfert, le prix de l'option, dépend du niveau de risque choisi. C'est la raison pour laquelle on assimile souvent le prix d'une option au prix d'une assurance : plus elle est chère, meilleure est la couverture. 14 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Par ailleurs la théorie des options révolutionne la théorie financière : tout actif analysé comme une combinaison d'options et de «cash», qu'il s'agisse d'obligations... Tout projet d'investissement, toute garantie accordée à un prêt interprété en termes d'options et donc relever de la théorie des peut être d'actions, peut être options. 1. Contrats traités On négocie des options sur instruments «cash» on au comptant, et sur instruments «futures » ou contrats à terme, dans différentes Bourses du monde. Lorsque le droit n'est exerçable que le dernier jour de négociation, on parle d'option européenne, alors que lorsqu’il est exerçable tous les jours de Bourse ouvrable (jusqu'à expiration), on parle d'option américaine. La distinction n'est pas géographique : presque tous les contrats négociables sont de type américain et ceux traités de gré à gré, de type européen. On négocie des options : sur actions au CBOE, Chicago SE, Pacific SE, Philadelphie SE, New York SE, Nasdaq, London SE, EOE (Amsterdam), Frankfurt Bôrse, Bourse de Paris, Sydney SE, Montréal E., Toronto SE, Vancouver SE; sur indices boursiers « cash » au CBOE, American SE, Philadelphia SE, New York SE, Nasdaq, London SE, I.IKFE (Londres), Montréal E., Toronto SE; sur indice boursier «future» au Chicago Mercantile Ex, NYEE, Kansas City Board of Trade, Sydney SE; sur taux d'intérêt «cash» au CBOE (Treasury Bond), American SE (T-bond, T-note, T-bill, Cl)), London SE (short and long gilt cash); sur taux d'intérêt «future» au Chicago Board of Trade (T-bond, T-note), Chicago Mercantile Ex (T-bill, Eurodollar), LIFFE (long gilt, Eurodollar, T-bond), Sydney Futures E. (90-day Acceptan-ces future, T-bond, Eurodollar) ; sur devises «cash» : CBOE, Philadelphia SE, EoK (Amsterdam), London SE, Montréal E., Vancouver SE; sur devises «futures» au Chicago Mercantile Ex, I.IKKE (Londres), Sydney Futures Ex. 2. Les types de marchés La transparence, la liquidité et la sécurité vont permettre de définir un marché. Plus ces trois caractéristiques seront marquées, plus le marché sera considéré comme un marché organisé (A), assimilé (B) ou de gré à gré (C). Quant aux options, ce sont des instruments à terme négociés sur des marchés organisés (ou assimilés) ou sur des marchés de gré à gré. 2.1.Les marchés organisés Un marché est dit organisé s’il remplit trois conditions3 : - l'existence d'une chambre de compensation qui organise la liquidité du marché et qui assure la bonne fin des opérations. Cela implique que dès qu'une opération est conclue entre deux opérateurs du marché, elle va être enregistrée par la chambre de compensation. A partir de ce moment, la chambre va se substituer aux deux contractants et être pour chacun d'eux leur seul 3 Article 6 du règlement français 88-02 du Comité de Règlement Bancaire et Financière (CRBF°) 15 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI et unique interlocuteur, cette condition doit permettre d'assurer la sécurité et la transparence du marché. - la nécessité pour les opérateurs de verser un dépôt de garantie pour permettre de couvrir toute défaillance éventuelle, dépôt qui est réajusté lorsqu'il s'agit de positions vendeuses conditionnelles. Ce dépôt de garantie (ou déposit) dès qu'une transaction est conclue, est versé par chaque contrepartie sous la forme d'espèces, de bons du trésor ou de titres. - les positions fermes maintenues par les opérateurs sont réajustées quotidiennement par le règlement des différences, ce qui implique que chaque jour, si la variation de cours est supérieure à une limite fixée à l'avance (la limite maximale de variation), la chambre de compensation va suspendre la séance et procéder à un appel de marge. Cela signifie que la position de chaque intervenant sur le marché va être liquidée de façon fictive et s'il se dégage une perte, l'intervenant va devoir compenser cette différence par un règlement en espèces versé immédiatement. Ces deux dernières conditions ont pour objet d'assurer la sécurité. Elle se trouve renforcée par l'existence d'une autorité de marché qui réglemente et assure la surveillance du marché. Mais ce besoin de sécurité explique pourquoi l'accès de ces marchés est réservé à des adhérents qui auront été agréés par l'autorité de marché après avoir présenté de sérieuses garanties, tant en ce qui concerne leur solvabilité que leur expérience. Sur ces marchés, la liquidité et la sécurité sont très importantes. Quant à la transparence, elle est totale. Les marchés assimilés4 : Il se caractérise comme étant un marché de gré à gré mais où la liquidité est considérée comme assurée notamment par la présence d'établissements de crédit ou de maisons de titres mainteneurs de marché, qui assurent des cotations permanentes de cours acheteurs et vendeurs dont les fourchettes correspondent aux usages du marché. Sont aussi considérés comme des marchés assimilés, les marchés d'options dont la liquidité peut être considérée comme assurée, notamment par la cotation de l'instrument sous-jacent sur un marché organisé. Sur un marché assimilé, la liquidité, la sécurité et la transparence sont considérées comme bonnes, mais l'absence d'une liste officielle de ces marchés peut introduire des incertitudes quant à la qualification de certains d'entre eux. 2.2.Les marchés de gré à gré : Le troisième type de marché est le marché dit de gré à gré. Alors que le marché organisé peut être qualifié de marché du prêt à porter, le marché de gré à gré lui est dit de sur mesure. Il regroupe toutes les opérations non traitées sur un marché organisé ou assimilé. C'est-à-dire l'ensemble des opérations conclues directement avec une contrepartie, sans passer par une chambre de compensation ni sur un marché. Il va donc se caractériser par un risque de liquidité important, une sécurité faible et une transparence qui est variable. 2.2.1. Euronext Euronext5 est une bourse privée européenne née de la fusion de différentes bourses européennes (septembre 2000). Euronext regroupe aujourd’hui Euronext Amsterdam NV, 4 Article 6 du règlement français 88-02 du Comité de Règlement Bancaire et Financière (CRBF°) 16 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Euronext Brussels SA / NV, Euronext Lisbon SA, Euronext Paris SA et LIFFE (London International Financial Futures and Options Exchange). Pour l’ensemble de ses filiales, Euronext : – établit les règles du marché qui sont communes et sont soumises à l’approbation des régulateurs de chacun des pays concernés (AMF pour la France) ; – prononce l’admission des valeurs et des instruments financiers sur le marché ; – décide de l’adhésion de ses membres ; – gère les systèmes informatiques de cotation – assure la publicité des négociations et la diffusion des cours ; – enregistre les négociations entre les membres du marché au travers d’une chambre de compensation, Clearnet ; – offre aux émetteurs les services du marché pour la cotation de leurs titres et la réalisation de leurs opérations financières. L’organisation d’Euronext : Chaque société cotée relève des autorités et réglementations de son pays, et peut être admise sur un marché règlementé. En France, il y a trois marchés règlementés : le Premier Marché, le Second Marché, le Nouveau Marché. Le Premier Marché regroupe les grandes entreprises françaises et étrangères (Capitalisation boursière d’au moins 700/800 millions d’euros ; au moins 25 % du capital est offert au public). Le Second Marché regroupe les entreprises moyennes ou grandes avant leur transfert au Premier Marché (Capitalisation boursière d’au moins 12/15 millions d’euros ; au moins 10 % du capital est offert au public et la valeur minimum des titres offerts est de 4,5 millions d’euros). Le Nouveau Marché regroupe les entreprises françaises ou étrangères à fort potentiel de croissance (Fonds propres minimum de 1,5 million d’euros ; 100 000 titres offerts au public pour au moins 5 millions d’euros dont 50 % par augmentation de capital, 20 % du capital est mis sur le marché). Le nouveau marché s’inspire du NASDAQ (National Security Dealers Automated Quotation) avec pour cible des sociétés de petites tailles capables de dégager des rendements forts. Euronext list, la cote harmonisée d’Euronext, regroupe l’ensemble des valeurs admises sur un marché réglementé européen (cf. Figure 1.1). Elle propose tout d’abord la cotation des actions des sociétés admises sur les marchés réglementés. Egalement, Euronext calcule et diffuse les indices nationaux (CAC40, AEX, BEL 20) et ses propres indices (Euronext 100, Next 150, Nextprime ou NextEconomy). Par ailleurs, NextTrack est la composante d’Euronext qui regroupe l’ensemble des trackers 6 après leur admission sur l’un des compartiments réglementaires d’Euronext. NextWarrants est le segment dédié aux warrants ; il regroupe tous les warrants inscrits sur Euronext (plus de 8 000) via les Premiers marchés d’Amsterdam, de Bruxelles, de Lisbonne et de Paris. De plus, près de 3 300 emprunts sont inscrits à la cote d’Euronext. La plupart sont inscrits sur les Premiers Marchés (emprunts d’Etat des pays concernés, emprunts des collectivités publiques et des plus grands émetteurs privés) auxquels s’ajoutent des emprunts émis par des sociétés privées inscrites sur les Seconds et Nouveaux Marchés. 5 6 Informations obtenues sur le site www.euronext.com. Tracker : Un tracker, également dénommé Exchange Traded Fund (ETF), est un produit offrant la performance d’un indice ou d’un panier d’actions. Techniquement il prend la forme d’un fonds indiciel négociable en bourse. 17 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Les marchés dérivés d’Amsterdam, de Bruxelles, de Lisbonne, de Paris et du LIFFE sont regroupés sous le nom d’Euronext. liffe. Euronext. liffe propose la cotation de contrat à terme et d’option sur les obligations, sur les actions, sur les indices, ou sur les taux. Elle propose également des contrats à terme et des options sur les matières premières (dont les produits agricoles) et sur des indices climatiques. Les options sur actions sont cotées sur le Monep7, le marché français des options sur actions d’Euronext. liffe, et sont négociables sur le système LIFFE CONNECT. Enfin les marchés non réglementés offrent un moyen de négocier des valeurs qui ne sont pas ou ne peuvent pas (trop jeune ou trop petite en capitalisation boursière) être admises sur un marché réglementé. Le Marché Libre est le compartiment qui accueille ces valeurs en France 8. Figure 4 : Organigramme d’Euronext List Caractéristiques de l’option sur action : Les caractéristiques de l’option sur action cotée sur Euronext sont définies sur le tableau 1.1. 7 MONEP: Marchés des Options Négociables de Paris. 8 EuroNext détient également des parts dans des bourses spécialisées comme PowerNext. 18 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Tableau Caractéristiques de l’option sur Actions (Euronext.liffe, Monep) 19 Les produits dérivés II. FALLOUL & LOUAHI Description générale des options Tout type de contrat qui donne à l'un des contractants le droit et non l’obligation d'acheter ou de vendre un bien à un prix d'exercice fixé à l'avance est une option, II y a autant de types d'options qu'il y a de biens à acheter ou à vendre : des options sur les matières premières, sur les actions, sur les taux d'intérêt, sur les devises, et ainsi de suite, sont échangées sur des marchés organisés ou des marchés libres a peu près partout dans le monde. Les options sont un des exemples d'une classe d'actifs plus large qu'on appelle les actifs conditionnels. Un actif conditionnel est un actif dont les recettes futures dépendent (sont contingentes) d'un événement dont l'issue est incertaine. Par exemple, les obligations sont des actifs conditionnels, car si la société qui les a émises fait faillite, les obligataires recevront moins que les coupons et le remboursement initialement prévus. 1. Définitions et principales caractéristiques des options Les options font partie de la famille des produits dérivés, c’est-à-dire que sa valeur dépend d’un autre actif financier, appelé sous-jacent. Il peut s’agir d’une action, d’un indice, d’un panier d’actions ou d’indices, par exemple. L’option est un contrat par lequel le porteur (ou souscripteur) a le droit, et non l’obligation, d’acheter (option d’achat, call) ou de vendre (option de vente, put) une quantité donnée de l’actif sous-jacent (underlier value) ou titre de base ou titre support au prix d’exercice (strike price) à une date future moyennant le paiement immédiat d’une prime (premium). L’option négociable sur action (Stock option) est une option cotée sur un marché et dont le sous-jacent est une action. Toutes les options se caractérisent par ces trois conditions qui constituent une partie intégrale du contrat. Dans tous les cas, les contrats doivent spécifier : l'élément d'actif qui doit être livré; habituellement, il s'agit d'un titre, d'une denrée ou d'un bien (ou même d'un service) décrit de façon très précise de telle sorte qu'il ne puisse y avoir aucune ambiguïté à ce propos; le prix de l'élément d'actif aux fins de l'échange ; la période de temps durant laquelle le détenteur peut exercer son droit ; ce droit peut s'exercer soit à une date précise ou à une date quelconque au cours d'une période donnée. Il est important de noter que le contractant qui sera appelé à livrer l'élément d'actif (c.-à-d. le signataire de l'option d'achat ou le détenteur de l'option de vente) n'est pas tenu de posséder cet élément d'actif. De plus, ni l'émetteur du titre sous-jacent ni ses créanciers ne sont informés de l'existence de l'option. Par exemple, Entreprises Bell Canada n'a aucun contrôle sur le nombre et la nature des options traitées sur ses propres actions. Comme on peut le voir, les options ressemblent aux contrats à livrer9. L'échange de l'élément d'actif contre de l'argent a lieu plus tard, alors que l'élément d'actif à livrer, le prix de levée (ou de livraison) et la période de temps durant laquelle on peut livrer sont tous fixés par contrat. Cependant, les options diffèrent des contrats à livrer sur deux points principaux, à savoir : le détenteur de l'option a le droit et non l'obligation d'acheter ou de vendre l'élément d'actif désigné ; pour la plupart des options, ce droit est valable pour une certaine période de temps (à partir du moment où on négocie le contrat jusqu'à sa date d'échéance) ; en contrepartie, le détenteur paye au signataire une prime. C'est cette prime qui représente la valeur du contrat d'option. 9 On parle ici des contrats à terme qui, à la différence des options, représentent l’obligation de lever le contrat à la date d’échéance. 20 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Malgré leur grande diversité, les contrats d'option possèdent une caractéristique commune, à savoir les prix des éléments d'actif sous option — que ce soit des titres financiers, des biens ou des denrées — sont assez volatils. Cette volatilité des prix fait courir des risques aux investisseurs qui désirent ou qui doivent prendre une position dans ces éléments d'actif. Les contrats d'option représentent donc pour eux un important moyen de gérer le risque de leurs stratégies de placement selon leurs préférences. 1.1. Description Générale : Le sous-jacent : Egalement appelé support, le sous-jacent constitue l’actif sur lequel porte l’option. Les sousjacents sur lesquels portent les options sont très variés : ils peuvent être des actions dont la liste évolue en permanence, des indices, des matières premières, des devises ou des paniers. Les paniers sont composés d’un ensemble de valeurs ou d’indices. Les indices peuvent être français (CAC 40), ou étrangers (Euro Stoxx 50, DAX, EPRA Eurozone, S&P 500, Nikkei, etc.)10. Prix d’exercice (ou strike) : Le prix d’exercice est le prix auquel l’investisseur peut acheter ou vendre le sous-jacent à maturité. Ce prix est déterminé au moment de l’émission de l’option et ne peut être modifié, sauf en cas d’opération sur le sous-jacent (Split du sous-jacent, distribution d’actions gratuites, augmentation de capital, etc.). Date de maturité (ou date d’échéance) : Cette date est aussi appelée «échéance de l’option» et correspond à la date de fin de vie d’une option. A la différence d’une action classique, une option a une durée de vie définie dès son émission. C’est une notion essentielle pour les investisseurs. En effet, cette date permet de connaître la période de validité de l’option. Le style : On distingue deux grandes catégories d’options négociables : les options européennes et les options américaines. La différence tient au fait de pouvoir exercer ou non l’option avant l’échéance. Dans le cas d’une option américaine, l’acheteur peut exercer son option à tout moment entre t0 (prise de position) et T (échéance). Une option européenne ne peut être exercée avant l’échéance T. Il existe par ailleurs de nombreuses options exotiques comme par exemple les options asiatiques11. En supposant qu’on soit à l’échéance aujourd’hui, une option est dite «IN the money» si elle pouvait être exercée avec un retour (payoff) non nul. Une option est dite «OUT the money» si elle ne pouvait pas être exercée. Elle est dite «AT the money» dans la situation neutre (entre IN et OUT). 10 11 L’option, dans ce cas, est émise par EURONEXT PARIS S.A. Le nom «Asiatique» n’a rien à voir avec l’Asie. 21 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Tableau récapitulatif IN-AT-OUT La prime : La prime correspond au prix de l’option, à ne pas confondre avec le prix d’exercice qui est le prix auquel l’investisseur peut acheter ou vendre le sous-jacent à l’échéance. La parité : Il faut dans la pratique, acheter plus d’une option pour avoir le droit d’acheter (call) ou de vendre (put) une unité du sous-jacent à l’échéance. Ainsi, on utilise la notion de parité : une parité 10/1 pour un put signifie par exemple qu’il faut acheter 10 options pour avoir le droit de vendre une unité du sous-jacent à l’échéance. L’utilisation de la parité dans les caractéristiques des options permet d’obtenir une uniformité sur le montant des primes, généralement comprises entre 0,10 € et 1 €, et de rendre ainsi plus lisible et accessible le marché des options aux particuliers. La quotité : La « quotité » est la quantité minimum des options qui peuvent être négociés (ou un multiple de cette quantité). Les options Calyon ont une quotité de 1 000 options par transaction. C’est-à dire que votre engagement portera au minimum sur 1 000 options. Lorsque l’investissement devient plus important, la quantité des options acheté ou vendu sera un multiple de 1 000 : 2 000 options, 4 000 options, 50 000 options etc. Illustration Achat de 1 000 call Achat de 1 000 put Sous-jacent : Pernod Ricard Prix d’exercice : 190 € Maturité : 14/06/07 Parité : 20 options / 1 action Pernod Ricard Ces 1 000 call donnent le droit d’acheter (1 000 / parité de 20) 50 actions Pernod Ricard à 190 € le 14/06/07, quel que soit le cours de l’action à cette date. Sous-jacent : Carrefour Prix d’exercice : 39 € Maturité : 21/12/07 Parité : 5 options / 1 action Carrefour Ces 1 000 put donnent le droit de vendre (1 000 / parité de 5) 200 actions Carrefour à 39 € le 21/12/07, quel que soit le soit le cours de l’action à cette date. 22 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 1.2. Comparaisons entre les options et certains titres financiers : Le cadre conceptuel que nous venons de décrire nous permet d'analyser la plupart des titres financiers sous l'angle des options. Grâce à cette analogie, notre compréhension des options en sera améliorée. Les bons de souscription : Un « bon de souscription » est presque identique à une option d'achat. Tout comme l'option d'achat, il confère à son détenteur le droit d'acheter une action désignée à un prix convenu durant une période de temps donnée. Il diffère de l'option d'achat à un seul égard, c'est-à-dire qu'il est émis par l'entreprise plutôt que par un particulier. Cette différence est importante, car elle signifie que l'émission ainsi que la conversion (ou la levée) des bons de souscription affectent la situation financière de l'entreprise. Ainsi : à l'émission, l'entreprise bénéficie de la prime d'émission des bons de souscription émis ; à l'exercice, l'entreprise touche le prix d'exercice, le nombre de ses actions augmente et le nombre de bons de souscription non encore exercés diminue. L'entreprise utilise les bons de souscription pour obtenir du financement, alors que les options sont des gageures entre individus qui n'influencent aucunement la situation financière de l'entreprise. Puisque l'émission et l'exercice des bons de souscription peuvent avoir une influence sur la valeur des actions de l'entreprise, l'évaluation des bons de souscription est bien plus complexe que celle des options. Les droits de souscription (rights) : Les droits sont une forme d'options émises par l'entreprise à ses actionnaires existants en proportion de leur participation dans le capital-actions de l'entreprise. Chaque droit, dûment certifié, permet à son détenteur d'acquérir un nombre déterminé de nouvelles actions émises par l'entreprise. Le prix d'exercice ainsi que la durée de vie du droit sont spécifiés sur le certificat. Ainsi un droit est une option d'achat ayant généralement un prix de levée très proche du prix courant de l'action et une période réduite d'échéance. Le droit possède une valeur d'exercice pour autant que son prix d'exercice soit inférieur au cours de l'action. D'ordinaire, la durée de vie du droit est comprise entre deux semaines et un mois. Les options d'achat d'actions pour les employés (employées stock purchase options) : Ces options sont semblables aux options d'achat et aux bons de souscription sauf qu'elles ne sont pas toujours négociables sur le marché secondaire. Elles peuvent aussi ne pas être exerçables si l'employé quitte l'entreprise. La plupart de ces options pour les employés sont à long terme et leur sont «données » en guise de rémunération supplémentaire ou de mesure incitative. Les obligations remboursables par anticipation (corporate callable bonds) Lors de l'émission de nouvelles obligations, l'entreprise peut se réserver l'option de les racheter par anticipation. Dans ce cas, les créanciers deviennent les signataires de l'option. Le prix de levée est habituellement plus élevé que la valeur au pair de l'obligation, et la vie de l'option représente généralement les cinq ou dix dernières années précédant l'échéance de l'obligation (en d'autres termes, l'option s'applique dans des délais convenus). La création de telles options a évidemment pour objectif de donner plus de flexibilité à l'entreprise quant à la gestion de sa structure financière. Les obligations et les actions privilégiées convertibles La conversion est une option détenue par le possesseur du titre convertible et signée par l'entreprise émettrice. L'option est similaire à une option d'achat sauf qu'elle a généralement une plus longue échéance (la vie du titre convertible) et ne peut se dissocier du titre 23 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI convertible. Ainsi, on doit évaluer l'obligation ou l'action privilégiée convertible comme une combinaison du titre et de l'option. Habituellement, le prix de levée d'un titre convertible représente près de 120 % du prix courant de l'action. Ainsi, l'option de conversion ne peut avoir une valeur importante à la date d'émission du titre, sauf si le marché prévoit une hausse sensible du prix de l'action au-dessus du prix de levée avant l'échéance de l'option. Les obligations à échéance reportable et les obligations remboursables par anticipation (extendible & redeemable bonds). Les obligations à échéance reportable donnent au détenteur de l'obligation l'option de continuer à recevoir des intérêts après la date d'échéance originale de l'obligation. Il ne s'agit donc pas ici d'une option d'achat, mais plutôt d'une option de continuer un arrangement contractuel existant. Les obligations remboursables par anticipation (comme les dépôts à terme) sont remboursables avec pénalité (par exemple, le créancier perd trois mois d'intérêt). Par conséquent, le détenteur d'un dépôt à terme possède une option de vente lui permettant de vendre le titre à l'émetteur. Le détenteur lèverait son option de vente si le prix courant du dépôt était inférieur au prix net (après pénalité) que l'émetteur paierait. Cette situation arriverait, par exemple, si les taux d'intérêt montaient rapidement. Les actions À la limite, on peut concevoir tout titre comme une option ou une combinaison d'options. Cela peut nous permettre de comprendre, dans certains cas, les caractéristiques fondamentales des actions. On peut, par exemple, imaginer le capital-actions d'une entreprise comme une option détenue par les actionnaires, car ceux-ci ont l'option de racheter toute l'entreprise en tout temps. En effet, afin d'éviter une faillite due à l'impossibilité pour la firme de payer ses dettes, les actionnaires ont la possibilité de lever leur option en rachetant la firme et de rester ainsi en affaires. III. L’évaluation des options Acheter une option expose l’investisseur à l’évolution de trois principaux paramètres : les variations du sous-jacent, le passage du temps et les variations de volatilité du sous-jacent. Pour comprendre l’impact de ces trois facteurs sur l’option, il est d’abord nécessaire de décomposer la prime de l’option. 1. Les composantes de la prime d’une option : La prime est la somme de deux composantes : Prime = valeur intrinsèque + valeur temps 2. La valeur intrinsèque : La valeur intrinsèque représente le gain si l’option était exercée immédiatement. Exercer à tout moment son option n’est possible que dans le cas des options américains. Cependant, cette définition est valable quel que soit le style d’une option, qu’elle soit américaine ou européenne. 24 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Dans le cas d’un call (option d’achat), la valeur intrinsèque est la différence, si elle est positive, entre le cours du sous-jacent et le prix d’exercice : Valeur intrinsèque d’un call = maximum {cours du sous-jacent -prix d’exercice ; 0} Dans le cas d’un put (option de vente), la valeur intrinsèque est la différence, si elle est positive, entre le prix d’exercice et le cours du sous-jacent : Valeur intrinsèque d’un put = maximum {prix d’exercice - cours du sous-jacent ; 0} Par exemple, un call de prix d’exercice 10 € portant sur un sous-jacent coté 15€, a une valeur intrinsèque de 5 €. Au contraire, un put de mêmes caractéristiques, a une valeur intrinsèque nulle, car le prix d’exercice est inférieur au cours du sous-jacent. Convention : • Si la différence est strictement positive, la valeur intrinsèque est positive. L’option sera dite dans la monnaie. • Si la différence est nulle, l’option aura une valeur intrinsèque nulle. Elle sera dite à la monnaie. • Enfin, si la différence est négative, la valeur intrinsèque sera également nulle (une valeur intrinsèque négative n'est pas possible, elle est toujours supérieure ou égale à zéro). On dit que l’option est hors de la monnaie. Call Put 12 3. La valeur temps : La valeur d'une option ne se réduit pas à sa valeur intrinsèque. En effet, la prime d'une option en dehors de la monnaie (VI = 0) conserve une valeur appelée valeur temps. Plus généralement, la valeur temps représente l'incertitude quant au potentiel d'évolution du sous-jacent. Cette incertitude diminue à mesure que se rapproche la maturité de l’option. Les options sont donc d'autant moins chères que leur échéance est proche, toutes choses étant égales par ailleurs13. A l'inverse, quand la maturité est éloignée, la valeur temps de l’option est importante. 12 S = cours spot du sous-jacent ; PE = prix d'exercice ; VI = valeur intrinsèque ; VT = valeur temps 13 L’expression “toutes choses égales par ailleurs” signifie qu’un seul de ces paramètres varie alors que les autres sont constants. 25 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI La valeur temps est également appelée la valeur d'espoir. Logiquement, une option arrivant à l'échéance n'a plus de valeur temps. Son prix est alors composé de la seule valeur intrinsèque. La valeur temps d’une option se calcule comme la différence entre la prime d’une option et la valeur intrinsèque: Valeur temps = prime - valeur intrinsèque Figure 5 : évolution de la valeur temps en cours de vie Figure 6 : Importance de la valeur temps pour un call • L’incidence du temps sur la valeur de l’option n'est pas linéaire. Plus l’option approche de sa date d'échéance, plus sa valeur temps décroît rapidement. • Ainsi, la baisse s'accélère très sensiblement à l'approche de l'expiration de l’option. • On peut estimer qu'une option à la monnaie perd les deux-tiers de sa valeur temps sur le dernier tiers de sa vie. • II est conseillé de revendre l’option lorsque le scénario (de hausse pour un call ou de baisse pour un put) s'est réalisé14. 14 On parle dans le cas d’une option américaine car l’option européenne ne peut pas s’exercer avant l’échéance. 26 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Nous venons de montrer que la valeur temps n'est pas stable. L'incidence du temps qui passe est croissante au fur et à mesure que se rapproche l'échéance de l’option. D'autres paramètres influencent cette valeur temps. L'objet de la partie suivante est de présenter ces autres paramètres, ainsi que les indicateurs permettant de mesurer leur impact exact sur la valeur de l’option. La bonne compréhension de ces paramètres et de ces indicateurs permettra à l'investisseur d'avoir une gestion dynamique de ses options, et de ne pas avoir à attendre l'échéance d’une option pour réaliser des gains15. 3. Les paramètres et les indicateurs de sensibilité : Les options sont sensibles à plusieurs paramètres16 : 3.1. La sensibilité aux variations du sous-jacent : La hausse du sous-jacent, toutes choses égales par ailleurs, influence de manière positive (respectivement négative) le call (respectivement put). La baisse du sous-jacent, toutes choses égales par ailleurs, influence de manière négative (respectivement positive) le call (respectivement put). Le delta et le gamma sont les indicateurs qui mesurent cette sensibilité aux variations du sousjacent. 3.1.1. Le delta : Le delta mesure la sensibilité de la prime de l’option aux variations du cours du sousjacent. C’est la mesure de la variation du prix de l’option en euros pour une variation unitaire de 1 euro du sous-jacent. Par convention, on exprime toujours le delta pour une parité de 1/1. Dans les autres cas, il convient de diviser le delta par la vraie parité de l’option. Delta d’un call (option d’achat): 15 16 Même remarque. Pour mieux comprendre ces mécanismes, il est utile d'isoler l'effet d'un seul de ces paramètres sur la valeur de l’option. L'expression “Toutes choses égales par ailleurs” signifie qu'un seul de ces paramètres varie alors que les autres sont constants. 27 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Le delta d'un call est toujours positif, il varie dans le même sens que le sous-jacent. Il est compris entre 0 et 100% suivant le niveau du cours du sous-jacent par rapport au prix d'exercice. Plus précisément, pour un call : • En dehors de la monnaie (cours du sous-jacent < prix d'exercice) : le delta est compris entre 0 et 50%. Plus le delta est proche de zéro, moins l’option est sensible aux variations du sousjacent. • A la monnaie (cours du sous-jacent = prix d'exercice) : le delta est proche de 50 %. • Dans la monnaie (cours du sous-jacent > prix d'exercice) : le delta est compris entre 50 et 100%. Plus le delta approche de 100%, plus la prime de l’option réplique les variations du cours du sous-jacent. Le delta n’est pas stable dans le temps et n’est valable que pour des variations faibles du sousjacent. Ces deux effets sont illustrés dans le graphique ci-dessous17. Figure 7 : Delta du call de prix d’exercice 100 € Delta d’un put (option de vente): Le delta d’un put est toujours négatif, il varie dans le même sens que le sous-jacent. Il est compris entre -100% et 0% suivant le niveau du cours du sous-jacent par rapport au prix d’exercice. Plus précisément, pour un put : • En dehors de la monnaie (cours du sous-jacent > prix d’exercice) : le delta est compris entre -50% et 0%. Plus le delta est proche de zéro, moins l’option est sensible aux variations du sous-jacent. • A la monnaie (cours du sous-jacent = prix d’exercice) : le delta est proche de -50%. • Dans la monnaie (cours du sous-jacent < prix d’exercice) : le delta est compris entre -100% et -50%. Plus le delta approche de -100%, plus la prime de l’option augmente avec la baisse de cours du sous-jacent. 17 Le delta est beaucoup plus réactif pour une option de maturité courte que pour une option de maturité longue. 28 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 8 : Delta du put de prix d’exercice 100 € Un investisseur qui achète un put profitera de plus en plus de la baisse de l’action. Chaque nouvelle baisse de 1 € du sous-jacent rapporte un peu plus que la précédente. Cet effet est mesuré par le delta18. L’interprétation du delta : Le delta représente la probabilité que le sous-jacent soit : • pour un call, au-dessus du prix d’exercice à l’échéance. • pour un put, en dessous du prix d’exercice à l’échéance. Pour résumer, il s’agit de la probabilité de voir le cours du sous-jacent finir au-dessus (en dessous) du prix d’exercice à maturité pour un call (pour un put). Cependant, l’investisseur devra relativiser son choix de delta en fonction du coût d’investissement. En effet, le coût de l’option sera proportionnel à la probabilité d’avoir raison. Le delta d’une option à la monnaie est proche de 50%, car la probabilité que le sous-jacent soit à maturité supérieur au prix d’exercice est égale, à celle d’avoir un cours du sous-jacent inférieur à ce même prix d’exercice. 3.1.2. Le gamma : Le gamma représente la vitesse du delta, c’est-à-dire l’accélération de la prime aux variations du sous-jacent. Le gamma est maximal à la monnaie et minimal dans la monnaie et en dehors de la monnaie. En d’autres termes, il est bien plus rapide de passer d’un delta de 45% à 50% que de passer de 5% à 10% ou de 90% à 95%. Comme pour le delta, le gamma est exprimé en euros pour une parité de 1/1. Pour calculer le gamma quand la parité est différente de 1/1, il faut le diviser par la vraie parité de l’option. 18 Comme le montre le graphe du delta pour un call ou un put, la courbe de cet indicateur n’est pas linéaire. La déformation de la courbe du delta n’est pas constante. La pente est maximale lorsque l’option est à la monnaie, elle est minimale lorsque l’option est complètement en dehors ou dans la monnaie. 29 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Le gamma n’est pas stable dans le temps : comme le delta, le gamma n’est valable que pour de faibles variations du sous-jacent. Figure 9 : Gamma du call de prix d’exercice 100 € et de parité 1/1 : courbe de réaction du delta La sensibilité au prix d’exercice : - Choisir un prix d’exercice élevé diminue (respectivement augmente) le prix du call (respectivement put), toutes choses égales par ailleurs. - Choisir un prix d’exercice bas augmente (respectivement diminue) le prix du call (respectivement put), toutes choses égales par ailleurs. L’effet de levier (ou Elasticité): Une des caractéristiques fondamentales de l’option est l’effet de levier. Il permet d’amplifier les variations du sous-jacent, offrant ainsi des perspectives de gains illimités pour l’investisseur en cas de hausse du sous-jacent (pour un Call) ou de baisse (pour un Put), et avec un risque limité au montant de la prime investie. Positif pour un Call et négatif pour un Put, l’effet de levier définit en pourcentage la sensibilité d’une option à l’évolution du cours du sous-jacent. Il permet ainsi d’évaluer la performance potentielle d’une option. Un effet de levier de 5 signifie que si le sous-jacent varie de 1 %, l’option s’appréciera de 5% (= 5 x 1 %). Il se calcule de la manière suivante : Effet de levier = (Cours du sous-jacent x delta) / (Cours de l’option x parité) Exemple pour un call : Soit un Call Lagardère • Prix d’exercice : 50€ 30 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI • Echéance dans 1 an • Prime : 0,25€ • Parité : 10/1 • Delta : 45 % • Cours de l’action Lagardère : 40€ L’effet de Levier se calculera de la manière suivante : (40 x 0,45) / (0,25 x 10) = 7,2 Ainsi, pour une hausse de 1% du cours de l’action Lagardère, l’option s’appréciera de 7,2 %, toutes choses égales par ailleurs. La sensibilité au temps : La valeur des options est d’autant plus élevée que la maturité est éloignée. De ce fait, cette valeur diminue au fil du temps, toute chose égale par ailleurs. Le thêta est l’indicateur qui mesure la sensibilité de la prime à la maturité restante. 3.1.3 Le thêta : Le passage du temps influence négativement la prime des options, qu’il s’agisse de call ou de put. Le thêta mesure la perte en euros due au passage du temps. Cette érosion de la prime est croissante et s’accélère à mesure que l’échéance se rapproche. Par convention, le thêta est quotidien et est exprimé en euros pour une parité de 1/1. Pour calculer le thêta quand la parité est différente de 1/1, il faut le diviser par la parité de l’option. Il s’agit du thêta ajusté de la parité. Au même titre que le delta et le gamma, le thêta n’est pas stable dans le temps. Cette accentuation du thêta illustre pour un cours du sous-jacent constant, l’accélération de la perte de valeur temps observée à l’approche de l’échéance. Figure 10 : Thêta call / put de prix d’exercice 100 € et de parité 1/1 31 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Attention, rapporté en pourcentage de la prime, le thêta d’une option en dehors de la monnaie peut être très élevé, quand bien même sa valeur en euros serait très faible. 19 La sensibilité au taux d’intérêt : Les taux d’intérêt ont une influence sur la prime d’une option : l’achat d’un call donne le droit à son porteur d’acheter le titre sous-jacent à l’échéance de l’option à un prix prédéterminé (prix d’exercice). L’alternative à l’achat d’un call est d’acheter l’actif immédiatement. Le coût de financement de l’achat du sous-jacent est nettement plus élevé que celui du call. L’achat d’un call revient donc implicitement à acheter à crédit le titre sous-jacent pour une durée correspondant à la maturité de l’option. En conséquence, plus les taux d’intérêt montent, plus le coût du crédit s’accroît et la prime du call aussi. L’achat d’un put donne le droit à son porteur de vendre le titre sous-jacent à l’échéance de l’option à un prix déterminé (le prix d’exercice). Ainsi, dans le cas d’un achat de put, l’opération revient à prêter les titres sous-jacents jusqu’à l’échéance. En effet, si l’investisseur avait vendu les titres directement au lieu d’acheter un put, il aurait pu placer le produit de sa vente sur le marché monétaire. Dans le cas d’un put, la situation est donc inversée : plus le taux est élevé, plus la prime de l’option est faible. 3.1.4 Le rho : Le rho mesure la sensibilité de la prime de l’option aux variations de taux d’intérêt. La sensibilité des options aux dividendes: Le détenteur de l’option, qu’il s’agisse d’un call ou d’un put ne touche pas le dividende versé chaque année par l’action. Dans le cas d’un call, une hausse du taux de dividende fait baisser le prix du call, car si l’investisseur avait choisi l’alternative de détenir l’action en direct, il aurait pu bénéficier de ce rendement supplémentaire. En conséquence, le prix d’un call est d’autant plus faible que le dividende de l’action sous-jacente est élevé. A l’inverse, un achat de put peut être comparé à une vente à terme d’actions : le prix d’un put est donc d’autant plus important que le dividende de l’action est élevé. Les conséquences d’un détachement de dividende : Sur le marché des actions, le détachement du dividende doit, en théorie, se concrétiser par une baisse identique de l’action. La prime d’une option, quant à elle, ne réagit pas au détachement d’un dividende parfaitement anticipé. En effet, l’évaluation dynamique du prix de l’option intègre les détachements attendus de dividendes sans variation de prix. Toutefois, la valeur de l’option reste soumise à une éventuelle variation du dividende attendu. Si le marché révise les dividendes attendus sur un secteur d’activité à la baisse, alors la prime du call portant sur toutes les valeurs concernées va s’apprécier. Dans ce même cas, la prime du put va à l’opposé se déprécier, même si l’impact sur la valeur de l’option reste limité. L’influence des taux d’intérêt sur la prime de l’option est relativement secondaire par rapport aux indicateurs précédents. 19 Le graphe illustre le fait qu’une option à la monnaie est particulièrement sensible au temps qui passe (dans cette zone, le thêta est fortement négatif). Au contraire, quand le cours du sous-jacent est éloigné du prix d’exercice, l’option est beaucoup moins pénalisé par le temps. 32 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI VI. Les rôles des options Avant d’entreprendre une analyse plus détaillée des options, il convient de résumer rapidement les nombreuses raisons pour lesquelles le marché des options peut attirer les investisseurs. En outre, les options peuvent être utilisées que ce soit pour évaluer la valeur de l’entreprise, l’analyse de la structure du capital et de la politique de dividendes ou que ce soit dans le choix d’investissement et la décision de financement. En effet, dans ce chapitre en analysera, brièvement et rapidement, en premier lieu, l’importance des options dans le portefeuille (III.I.) et ensuite, en deuxième lieu, l’utilisation des options comme outil d’évaluation de l’entreprise (III.II.). 1. Rôle des options 1 .1. Les options d’achat : Les investisseurs s’intéressent principalement aux options d’achat pour les raison suivantes : Créer un effet de levier : Prenons par exemple un investisseur intéressé à acheter des actions de la compagnie XYZ à 43 € et prévoyant un prix de 60 € dans quelques mois. L'option « XYZ Fév. 42,5€ » est cotée aujourd'hui, le 4 juillet, à 4,30€. Si l'investisseur achète 100 actions à 43 €, il prend une position longue et investit alors 4 300 €. Si le prix des actions monte comme prévu à 60 € à la fin de février, son profit est alors de 6 000 - 4 300, soit 1 700 € (sans tenir compte de l'impôt, des frais de transaction et des dividendes), ce qui donne un rendement de 39,53 %. 33 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Cependant, avec le même capital l'investisseur pourrait acquérir 10 contrats d'options, comportant 1 000 actions (au lieu de 100). Si le cours de l'action montait à 60 € à la fin de février, le cours de l'option atteindrait alors 17,50 €. Le profit de l'investisseur serait donc de (17,5 x 1 000) - 4 300 = 13 200 €, soit un rendement de 306,97 %. Par contre, si le prix de l'action restait stable ou même baissait avant l'échéance de l'option, la perte de l'investisseur pourrait atteindre 4 300 €, soit la totalité du capital investi, alors que sur la position longue, la perte serait beaucoup plus restreinte. L'acheteur ou le signataire de l'option d'achat doit donc prédire non seulement la direction du mouvement du prix de l'action (hausse ou baisse), mais aussi la synchronisation (timing) du mouvement car il est nécessaire que la hausse ou la baisse prévue se réalise avant l'échéance de l'option. Il convient de souligner que l'effet de levier 20, dont il est question ici, diminue lorsque l'option d'achat achetée est en jeu, étant donné que, d'une part, l'achat d'une option d'achat en jeu coûte plus cher que l'achat d'une option d'achat hors jeu ou à parité (ce qui s'explique par le fait que, pour une option d'achat en jeu, la valeur de l'action est supérieure au prix de levée) et que, d'autre part, les fluctuations du prix de cette option d'achat sont fortement corrélées avec les fluctuations du cours de l'action sous option. Par conséquent, si l'investisseur prévoit une forte montée du cours de l'action sous option, et s'il désire pousser au maximum l'effet de levier, il lui apparaîtra plus rentable de choisir une option d'achat hors jeu. Ou inversement, s'il ne prévoit qu'une légère montée du cours de l'action sous option, il lui semblera plus rentable de choisir une option enjeu ou même à parité. Se couvrir : Pour protéger le capital : Au lieu d'investir les 4 300€ dans le titre de l'exemple précédent, l'investisseur peut décider d'acheter une seule option d'achat à 430 € (4,30 x 100) et de placer le solde de son capital, soit 3 870€ (4 300 - 430) en banque (ou encore le placer dans des bons du Trésor). Les résultats possibles de cette stratégie, à l'échéance de l'option d'achat, sont les suivants : Si le prix du titre demeurait fixe à 43 € durant la vie de l'option, on laisserait l'option d'achat échoir 21 et la perte totale serait de 430 € (la prime) plus le coût d'option de celle-ci, moins le rendement sur les 3 870€ placés. La position longue, par contre, n'aurait pas engendré de perte (mis à part le coût d'opportunité des fonds investis dans le titre moins les dividendes, s'il y a lieu). Si le prix du titre montait au-dessus de 46,80€ (42.50 + 4,30), l'option d'achat donnerait des profits (qui viennent s'ajouter à l'intérêt gagne sur le placement à court terme et desquels doit être soustrait le coût d'opportunité de la prime). 20 Par effet de levier, on entend que l'acheteur d'une option n'a qu'une mise de fonds limitée à faire (la prime) en comparaison du coût d'achat de la valeur sous option. Dans le cas d'une option d'achat il peut profiter pleinement de la hausse du cours du bien sous option. Par contre, son risque de perte (montant de la prime versée) est aussi plus grand. 21 En effet, ni la levée ni la vente de l'option ne seraient rentables dans ces conditions. La levée de l'option d'achat ne serait pas avantageuse dans ces conditions, puisque le coût de l'opération dépasserait passablement l'écart entre le cours du titre (43€) et le prix de levée de l'option (42,50 €). D'autre part, l'écart fixé par le spécialiste entre le prix offert et le prix demandé (le hid-asked spreacl) serait tel que le produit de la vente ne couvrirait probablement pas les frais de transaction. 34 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Si le prix du titre baissait en dessous de 42.50€, la perte totale sur l'option d'achat serait limitée à 430€ (plus le coût d'opportunité sur ce montant, moins évidemment le rendement sur les 3 870€ placés) alors qu'avec la position longue, la perte serait plus substantielle. Mais il convient de souligner qu'on aurait pu limiter la perte sur la position longue en prévoyant une liquidation automatique avec un ordre à cours limité (stop loss order) à 38.70€. Reprenons les quatre exemples précédents avec des chiffres en supposant une option d'achat expirant dans six mois et un taux d'intérêt sur les fonds placés de 5 % par période de six mois. Ainsi, le revenu d'intérêt après six mois sur les 3870€ s'élève à 3 870 x 0,05 = 193,50€. Si le cours du titre demeurait fixe à 43€, la perte sur l'option d'achat 22 serait égale à 193,50 430,00 - (0,05 x 430,00) = (258,00€), alors que la perte sur la position longue (en supposant aucun versement de dividendes et un coût d'opportunité de 5 % pour six mois) s'élèverait dans les mêmes conditions à 4 300 x 0,05 = (215.00€). Si le cours du titre montait mais demeurait en dessous de 46,80€ (à 45€, par exemple), la perte sur l'option d'achat serait égale à ([45,00 - 42,50] x 100) + 193,50 - 430 - (0,05 x 430,00) = (8,00€), alors que la position longue engendrerait une perte s'élevant à ([45,00 - 43,00] x 100) - 215 = (15,00€). Si le cours du titre montait au-dessus de 46,80€ et atteignait par exemple 50€ à l'échéance de l'option, le gain sur l'option d'achat serait égal à ([50,00 - 42.50] x 100) + 193.50 - 430 - (0,05 x 430,00) = 492,00€, alors que le gain sur la position longue s'évaluerait à ([50,00 - 43,00] x 100) - 215 = 485,00€. Finalement, si le cours du titre baissait en dessous de 42,50€ et atteignait 30€, par exemple, à l'échéance de l'option, la perte sur l'option d'achat serait de 193,50 - 430 - (0,05 x 430,00) = (258,00€), alors que la perte sur la position longue s'élèverait à ([30 - 43] x 100) - 215 = (1 515,00€). Comme les calculs précédents le prouvent, en cas de hausse du cours du titre, le gain sur la stratégie de l'option d'achat plus un placement à court terme sera toujours plus élevé que le gain sur la position longue, quelle que soit la hausse du cours du titre, à partir du moment où l'écart entre le prix du titre et le prix de levée de l'option dépasse le coût d'achat de l'option. En cas de baisse du prix du titre, la perte sur la stratégie de l'option d'achat se limite au montant de la prime alors que sur la position longue la perte peut théoriquement aller jusqu'à la totalité du prix d'achat du titre. Pour protéger une position à découvert: L'achat d'une option d'achat permet de limiter la perte d'une vente à découvert au montant de la prime. Par contre, le profit sur la vente à découvert est aussi diminué de cette prime. Par exemple, une vente à découvert de 100 titres de la compagnie ABC à 40€ donnerait un profit de 2 000€ si le prix du titre baissait à 20€. (40 - 20) x 100 = 2 000€. Mais si l'achat d'une option d'achat, dont la prime est de 400€, couvre la position, le profit ne sera que de 2 000 - 400 = 1 600€. En revanche, si la position à découvert demeurait sans couverture et si le prix du titre se mettait à grimper, la perte de l'investisseur serait théoriquement illimitée. On conclut donc que l'achat de l'option d'achat limite la perte au montant de la prime. On peut couvrir une vente à découvert par une variété d'options d'achat ayant des dates d'échéance et 22 Comme nous l'avons mentionné à la note précédente, les frais de transaction font en sorte qu'il n'est généralement pas payant de vendre ou de lever l'option d'achat à ce prix. 35 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI des prix de levée différents. La prime variera suivant le fait que l'option est hors jeu, à parité ou en jeu ou même profondément en jeu. Plus le niveau de protection désiré sera élevé, plus le coût de la protection le sera aussi. En réalité, pour une échéance donnée, moins l'option est enjeu, moins sa prime est élevée. Par conséquent, l'achat d'une option d'achat en jeu ou profondément en jeu pour couvrir une position de vente à découvert n'est pas la solution optimale. Plus l'investisseur est réfractaire au risque, plus il devra chercher à se couvrir avec une option d'achat à parité, et cela, d'autant plus si le prix de levée de l'option est égal au prix de la vente à découvert. Pour s’assurer du prix éventuel d’un titre convoité: Si l'investisseur prévoit une évolution rapide du cours d'un titre, par exemple de 43€ à 60€, et s'il ne dispose pas encore du capital nécessaire pour acquérir le titre mais pense l'avoir sous peu (dans quelques semaines par exemple), il pourrait acheter une option d'achat ayant un prix de levée acceptable et une date d'échéance qui lui convient. Si ses prévisions ne se réalisent pas, il n'aura perdu que la prime ; par contre, si elles se réalisent, il pourra acheter le titre au prix de levée plutôt qu'au prix du marché (plus élevé). Pour libérer les fonds investis sans perte de gain potentiel: II peut arriver que l'on doive liquider un titre alors que son cours monte encore. L'achat d'une option d'achat sur ce titre permet alors de profiter de cette hausse avec une mise de fonds moindre. Ainsi, si le cours du titre de l'exemple précédent passait de 43€ à 60€, l'achat d'une option d'achat aurait rapporté (60 - 43) x 100 - 430 = 1 270€ au lieu de 1700€ si l'on avait conservé la position longue sur les 100 actions. Spéculer sur la prime: Pour obtenir un nouveau vecteur (pattern) de flux monétaire: Étant donné que la perte maximale de l'acheteur d'une option d'achat est limitée à la prime qu'il a versée, le flux monétaire de son placement se trouve à être différent de celui qu'il aurait s'il avait effectué un achat sur marge car, dans ce dernier cas, la perte est potentiellement illimitée. Pour accroître le rendement du placement (additional income): On accroît le rendement du placement en signant des options couvertes. Nous examinons cette situation plus en détail dans la partie suivante. 1.2. Les options de vente : En ce qui concerne les options de vente, les investisseurs s'y intéressent principalement pour les raisons suivantes : Créer un effet de levier : Si le cours actuel d'un titre est de 30€ et que l'investisseur prévoit une baisse dans un mois, il peut vendre le titre à découvert ou acheter une option de vente sur le titre. S'il effectue une « vente à découvert », l'investisseur devrait déposer une marge (qui pourrait prendre la forme d'un certificat de dépôt garanti ou d'un bon du Trésor) auprès de l'agent de change égale par exemple à 30 % du prix du titre. Si le cours du titre baissait de 30€ à 20€ au bout d'un mois, le rendement sur une opération de 100 titres serait de Ou 0,3 (30) = 9 (montant de la marge déposée par titre, pour un total de 900€). 36 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI S'il achète une option de vente dont le prix est de 3€, l'investisseur pourrait acheter, avec son capital de 900€, trois contrats expirant dans un mois, ayant un prix de levée de 30€. En supposant que le prix du titre baisse de 30€ à 20€ au bout d'un mois, l'option de vente vaudra à l'échéance 10€ et le rendement réalisé sur l'achat de l'option de vente atteindra Notons que le levier n'est profitable que si les prix évoluent dans le sens désiré. Dans le cas contraire, le levier amplifierait les pertes. Ainsi, advenant le cas où le prix du titre monte (au lieu de baisser) à 35 € la perte totale sur la position à découvert serait de (30 - 35) x 100 = (500 €) Alors que, sur les options de vente, la perte serait de 900 €, c'est-à-dire la totalité du capital investi, à moins que l'investisseur n'inverse sa position (ou ne vende les options de vente) avant l'échéance. Comme pour les options d'achat, l'effet de levier associé à l'achat des options de vente diminue lorsque les options achetées sont en jeu, étant donné que, d'une part, l'achat d'une option de vente hors jeu ou à parité coûte relativement moins cher que l'achat d'une option enjeu et que, d'autre part, les fluctuations du prix de cette option de vente sont fortement corrélées avec les fluctuations du cours du titre sous option. Par conséquent, si l'investisseur prévoit une forte baisse du prix du titre sous option, il lui serait proportionnellement plus rentable d'acheter des options de vente hors jeu. Il profitera de la sorte d'un effet de levier plus important. Ou inversement, s'il ne prévoit qu'une légère baisse du prix du titre sous option, il lui serait proportionnellement plus rentable d'acheter des options de vente en jeu ou même à parité. Se couvrir : Pour protéger une position longue : Un investisseur avec une position longue dans un titre peut acheter une option de vente afin d'éliminer le risque de perte s'il survient une baisse des cours boursiers. La perte maximale, si le cours du titre baissait, serait alors égale à la prime de l'option de vente. Une telle protection est intéressante si le cours du titre est volatil. En revanche, si le prix monte, les profits sont diminués de la prime. Pour protéger des profits « aux livres » : Si l'investisseur a acheté un titre à 40 $ et que son cours est, maintenant, de 70€ il peut décider d'acheter une option de vente afin de geler le profit (moins la prime de l'option de vente, bien entendu). Si le prix de l'action continue à monter, on pourrait alors vendre l'option de vente ou la laisser échoir 23. Pour acquérir un titre à un prix désiré : Dans ce cas, on devient signataire d'une option de vente en espérant qu'elle sera levée, c'est-àdire que le prix du titre sous option baisse au moins jusqu'au prix de levée choisi, ce qui permettrait au signataire de l'option de vente d'acquérir le titre à un prix intérieur a celui qui 23 La protection de profits par l’achat d’une option de vente est préférable à la vente du titre puisqu’elle permet de reporter le gain en capital (qui peut être imposable dans certains cas au Canada par exemple). 37 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI existait au moment de la signature de l'option de vente. Si, toutefois, le prix du titre montait, le preneur ne lèverait évidemment pas l'option de vente, et le signataire se contenterait de jouir de la prime reçue à moins que celle-ci ne vienne réduire le coût d'acquisition du titre à un prix supérieur au prix désiré. Spéculer sur la prime: Pour obtenir un nouveau vecteur (pattern) de flux monétaire: Étant donné que la perte maximale de l'acheteur de l'option de vente est limitée à la prime qu'il a versée, le flux monétaire de son placement se trouve être différent de celui qu'il aurait s'il avait effectué une vente à découvert, car, dans ce cas, sa perte est potentiellement illimitée. Pour obtenir un revenu supplémentaire : On obtient un revenu supplémentaire en signant des options couvertes. Nous examinons ce point en détail dans la partie suivante. 2. Rôle des options dans les décisions financières 2.1. Théorie des options et décision de financement: Au-delà de l'intérêt direct des options comme outils de spéculation et de couverture du risque, la théorie des options offre une vision rénovée de la structure financière et ouvre des perspectives pour évaluer l'entreprise, les dettes financières risquées ou encore les financements complexes tels que les obligations convertibles. Structure financière et théorie des options: En début d'année, la société Augros présente un bilan avec une capitalisation boursière CP 0 égale à 1 000 et une dette financière (évaluée en valeur de marché) de D 0 = 2 000. En contrepartie, la valeur de l'entreprise égale à celles des actifs est de V0 = CP0 + D0 = 1 000 + 2 000 = 3 000. Les valeurs de marché des capitaux propres, des dettes financières et de l'entreprise, à une date quelconque, sont désignées respectivement par CP, D et V avec l'identité V = CP + D. La valeur comptable initiale de la dette financière de B0 = 2 000, est supposée égale à la valeur de marché. À la fin de l'année, la société doit payer (principal et intérêts) B = B 0 (1 + rd) = 2 300. Le taux d'intérêt payé par la société, en raison d'un risque de faillite, n'est pas le taux d'intérêt sans risque, mais un taux rd = 15 %, intégrant une prime de risque. Par analogie, les capitaux propres représentent une OA sur la valeur de l'entreprise, avec les équivalences suivantes : 38 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI De même qu'une OA européenne sur une action confère le droit d'acheter une action au prix d'exercice à l'échéance, les actionnaires d'une société ne sont censés devenir propriétaires des actifs de l'entreprise qu'après remboursement des créanciers. Selon cette analogie, les capitaux propres représentent la valeur d'une OA sur les actifs de l'entreprise. Poursuivons l'analogie pour évaluer les fonds propres, selon que l'entreprise puisse ou non faire face au remboursement en fin d'année, à l'échéance de la dette, ce qui revient à comparer le cours de l'action au prix d'exercice : si le cours de l'action est inférieur ou égal au prix d'exercice, P<X, l'option est en dehors ou à parité et la valeur de l'OA à l'échéance est nulle. De même, si à l'échéance, la valeur des actifs de l'entreprise est inférieure ou égale au montant dû aux créanciers, V < B, la valeur des fonds propres de la société est nulle; si le cours de l'action est supérieur au prix d'exercice P > X, l'option est en dedans et la valeur de l'OA à l'échéance est égale à P - X. De même, si la valeur des actifs de l'entreprise est supérieure au montant dû aux créanciers, V > B, la valeur des capitaux propres CP = V - B. Dans cette hypothèse, la société peut faire face à ses engagements, et la valeur des capitaux propres est égale à la différence (au « résidu ») entre la valeur de l'entreprise V et le montant dû aux créanciers B. Ce raisonnement qui révèle la nature contingente de la valeur des fonds propres, permet d'évaluer la valeur des différentes composantes de la structure financière en fin d'année. Supposons qu'à l'échéance, la valeur des actifs de l'entreprise soit de 4 000 (hypothèse favorable) ou de 2 000 (hypothèse défavorable). Le montant dû aux créanciers est de 2300. Si l'entreprise est dans l'incapacité de rembourser les créanciers, les actionnaires abandonnent leur OA sur l'actif économique et les capitaux propres ont une valeur nulle. Les créanciers financiers se remboursent en liquidant les actifs. Toutefois, ils sont perdants, car V la valeur des actifs de 2 000 est inférieure à B= 2 300, le montant qui leur est dû. Cette analyse, cependant, n'est valide que si la responsabilité des actionnaires est limitée. Dans le cas contraire, la valeur des capitaux propres des actionnaires serait négative et égale à -300 ; les actionnaires devraient faire appel à leur patrimoine personnel pour rembourser les créanciers. L'analyse peut être prolongée en introduisant les OV et en recourant à la relation de parité, qui pour des options sur action est telle que c = P-X/ (1 + rF) + v. En adaptant cette relation pour évaluer une société, on obtient CP = V – B/ (l+rF) + v. 39 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI La valeur des capitaux propres se décompose selon le schéma suivant : Valeur de l'entreprise V -VA au taux sans risque du montant dû aux créanciers B + Valeur d'une OV sur les actifs de l'entreprise = Valeur des capitaux propres CP L'OV représente pour les actionnaires la possibilité de vendre les actifs au prix d'exercice B et de limiter leur responsabilité. À l'échéance, deux cas sont à distinguer : la valeur de l'entreprise est supérieure au montant à rembourser, V > B, par exemple, pour V = 4 000 ; les actionnaires peuvent rembourser, l'OV est en dehors (ou à parité) et a une valeur v égale à zéro ; la valeur de l'entreprise est inférieure au montant à rembourser, V < B, par exemple, pour V = 2 000 ; à l'échéance, la valeur de l'OV, v = B - V = 300; les actionnaires ne peuvent rembourser, l'OV est en dedans et les actionnaires l'exercent pour limiter leur responsabilité. Les créanciers «acceptent » d'éteindre leur créance B = 2 300 en recevant les actifs d'une valeur V = 2 000. Sans cette OV, la valeur des capitaux propres serait négative CP = V - B = 2 000 - 2 300 = - 300. La valeur de la clause de responsabilité limitée est celle de l'OV. Les déterminants de la valeur des fons propres: En poursuivant l'analogie entre les capitaux propres et l'OA sur action, on peut proposer, par simple transposition des termes, une relation d'évaluation des capitaux propres à partir de la relation de Black et Scholes : CP = VN (d1)-Be-rF t N (d2) avec V la valeur de marché des actifs de l'entreprise et B le montant dû aux créanciers en fin d'année. Toujours par analogie, on peut mettre en évidence l'incidence des différents déterminants de la valeur des fonds propres en substituant V la valeur de l'entreprise au cours de l'action, B au prix d'exercice et l'écart-type du taux de rentabilité économique à la volatilité de l'action. On en déduit que : La valeur des fonds propres CP croît avec V la valeur de l'entreprise (en valeur de marché) ; La valeur des fonds propres varie de façon inverse au montant de B; autrement dit, plus le montant des engagements financiers est important plus la valeur des fonds propres est faible. Le risque de faillite a une influence défavorable sur la valeur des fonds propres. La valeur de B est d'autant plus forte que rd le taux d'intérêt supporté par l'entreprise est élevé; Plus l'échéance des remboursements est éloignée, plus la valeur des fonds propres est forte ; Plus le taux d'intérêt sans risque est élevé, plus la valeur des capitaux propres est importante ; Plus l'écart-type du taux de rentabilité économique - le risque d'exploitation - est élevé, plus la valeur des fonds propres s'accroît. Les actionnaires ont intérêt à entreprendre les investissements les plus risqués pour s'enrichir. L'analogie a cependant ses limites. À la différence des options sur actions, les dirigeants ont la possibilité d'agir sur les différentes variables. Le risque d'exploitation dépend de la politique d'investissement ; l'échéancier des dettes financières peut être renégocié. Ce rôle actif des dirigeants peut entraîner des conflits d'agence avec les créanciers. Par exemple, si les créanciers ont accepté de financer un programme d'investissement en fonction d'un niveau de risque déterminé et que les dirigeants, contrairement à ce qui était prévu, s'engagent dans des 40 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI investissements plus risqués, ils augmentent la valeur des fonds propres, mais au détriment de la valeur des dettes financières. L’évaluation des dettes financières risquées: La valeur de l'entreprise est telle que V = CP + D. Par ailleurs, selon la relation de parité appliquée à l'entreprise, CP = V - B/ (l + rF) + v. Par combinaison, on déduit que : Selon cette relation, la valeur D d'une dette financière risquée est égale à la VA au taux d'intérêt sans risque du montant B dû aux créanciers financiers, diminuée de la valeur de l'OV représentant la valeur de l'option de défaillance offerte aux actionnaires (valeur de la responsabilité limitée). En schématisant : Valeur d'une dette risquée = Valeur d'une dette sans risque - Valeur de l'option de défaillance Ou Valeur d'une dette risquée = Valeur d'une dette sans risque - Valeur du risque de faillite La valeur de l'option de défaillance étant égale à celle d'une OV sur la valeur de l'entreprise, il est possible d'aboutir à une relation proche24 dans sa nature de celle de Black et Scholes, appliquée aux fonds propres de l'entreprise. Cette relation permet d'évaluer la valeur d'une dette risquée et de déterminer, par analogie avec l'OV sur action, l'influence des différents paramètres (valeur de l'entreprise, taux d'intérêt sans risque, montant dû aux créanciers, risque d'exploitation, proximité de l'échéance) sur le risque de faillite. Ce dernier varie de façon inverse à la valeur de l'entreprise V et au taux d'intérêt sans risque, mais croît avec le montant dû aux créanciers B, le risque d'exploitation et la proximité de l'échéance. Cette démarche permet également d'évaluer les garanties offertes aux créanciers. Ainsi, si une caution conduit à supprimer le risque pour le prêteur, l'emprunteur se finance au taux sans risque. En contrepartie, il supporte le coût de la caution qui correspond à la valeur de l'OV ou du coût du risque de faillite. Par analogie, la valeur de la garantie accordée à un emprunt (par exemple par l'État) qui permet d'obtenir un taux bonifié, est égale à la valeur de l'option de défaillance. Coût de la garantie = Valeur de l'emprunt garanti - Valeur de l'emprunt non garanti = Valeur de l'option de défaillance Outre l'évaluation des garanties, la théorie des options permet d'évaluer les OC, les OBSA, les dettes avec possibilités de remboursement anticipé, etc. 24 Une telle relation a été mise en évidence par Merton, R. : On the pricing of corporate debt: thé risk structure of interest rates. Journal of Finance, 1974. 41 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 2.2. Théorie des options et décision d’investissement: Dans l'analyse traditionnelle des investissements, un projet ou un nouvel investissement doit être accepté seulement si la rentabilité obtenue est supérieure au coût du capital. Dans le cadre des cash-flows actualisés, cela se traduit par l'acceptation des projets ayant une VAN positive. La limite de cette approche est qu'elle omet de prendre en compte toutes les options associées aux projets d'investissement. Dans cette section, nous analysons trois types d'options qui sont souvent retrouvés dans les projets. Le premier concerne l'option de remettre un projet, notamment lorsque l'entreprise a des droits exclusifs sur lui. Le deuxième est l'option d'étendre un projet pour produire un nouveau produit ou entrer dans un nouveau marché dans le futur. Enfin, le troisième est l'option d'abandonner un projet si les cash-flows réalisés ne correspondent pas à ceux anticipés. L’option de délai d’un projet: Les projets d'investissement sont généralement analysés sur la base des cash-flows anticipés et du taux d'actualisation ; la valeur actuelle nette (VAN) estimée sur cette base constitue le critère d'acceptabilité ou non du projet. Cependant, les cash-flows et le taux d'actualisation changent au cours du temps et donc la VAN aussi. Ainsi, un projet qui dégage aujourd'hui une VAN négative peut offrir une VAN positive dans le futur. Dans une situation de concurrence parfaite où les entreprises ne possèdent pas d'avantages spécifiques sur leurs concurrents, concernant la réalisation des projets, le fait que la VAN puisse être positive n'a pas beaucoup d'impact. Dans une situation où un projet ne peut être réalisé que par une entreprise, du fait de l'existence de restrictions légales ou de barrières à l'entrée, les changements possibles de la VAN, au cours du temps, lui confèrent les caractéristiques d'une option d'achat. Supposons qu'un projet requiert une somme initiale de X et que la valeur actuelle des cashflows sécrétés par l'investissement est aujourd'hui de V. La VAN de ce projet n'est rien d'autre alors que la différence entre ces deux sommes : Figure 11 : L’option d’un délai de projet VAN= V - X Supposons maintenant que l'entreprise a des droits exclusifs sur le projet pendant les n années à venir et que la valeur actuelle des cash-flows peut changer au cours du temps du fait des variations dans la valeur des cash-flows ou dans le taux d'actualisation. Le projet peut donc avoir aujourd'hui une VAN négative mais il reste un bon projet si l'entreprise remet le projet à plus tard. Si V représente alors la valeur actuelle des cash-flows (qui peuvent changer au cours du temps), la règle de décision du projet est donnée par : 42 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Si V > X le projet est accepté : il a une VAN positive Si V < X le projet est refusé : il a une VAN négative Si l'entreprise ne réalise pas le projet pendant sa durée de vie, cette décision élimine la création de cash-flows additionnels et l'entreprise perd ce qu'elle a investi dans l'achat de l'exclusivité du projet. Cette situation est représentée dans le graphique ci-dessus où il est supposé que l'entreprise détient jusqu'à l'échéance les droits d'exclusivité. Notons que ce graphique correspond à celui d'une option d'achat, l'actif sous-jacent est le projet ; le prix d'exercice est le montant nécessaire à la naissance du projet et la durée de vie de l'option est la période pendant laquelle l'entreprise a des droits exclusifs sur le projet. La valeur actuelle des cash-flows du projet et sa variance anticipée correspondent à la valeur et à la variance de l'actif sous-jacent. L’option d’extension d’un projet: La réalisation de certains investissements permet aux entreprises d'envisager d'autres investissements ou d'entrer sur d'autres marchés dans le futur. Dans ces cas, il est possible d'envisager les projets initiaux comme des options permettant aux entreprises d'investir dans d'autres projets, cette option ayant bien évidemment un prix. Il est également possible, dans ces cas, qu'une entreprise accepte un projet initial à VAN négative si elle anticipe qu'il générera des projets futurs à VAN positive. L'option d'extension peut être évaluée lors de l'analyse du projet initial. Supposons que le projet initial donnera à l'entreprise les droits d'investir et d'exploiter un nouveau projet dans le futur. Soit V la valeur actuelle anticipée des cash-flows du futur projet, et X l'investissement nécessaire pour ce projet. L'entreprise dispose d'un certain laps de temps pour prendre sa décision de réaliser ou non le futur projet. Enfin, le futur projet n'est envisageable que si le projet initial est réalisé. Le bénéfice retiré de cette option est illustré dans le graphique cidessous. A l'expiration de la période de réflexion, l'entreprise développera le futur projet si la VAN anticipée des cash-flows excède, à cette date, le coût de l'extension dudit projet. Figure 12 : L’option d’extension d’un projet 43 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI L’option d’abandon d’un projet: Lors de la réalisation de nouveaux projets, le risque principal pour les entreprises est que ceux-ci ne sécrètent pas les bénéfices escomptés. L'option d'abandon d'un projet permet d'évaluer la possibilité qu'un projet ne rapporte pas le bénéfice attendu, spécialement pour les projets avec un fort potentiel de pertes. Dans cette section, nous examinons la valeur de cette option d'abandon et ses déterminants. Le modèle d'évaluation des options procure un moyen général d'estimer la valeur de l'abandon d'un projet. Soit V, la valeur d'un projet poursuivi jusqu'à la fin de sa durée de vie, et L, la valeur de liquidation ou d'abandon du projet et estimé au même moment. Si le projet a encore n années de vie, la valeur de continuer le projet peut être comparée à la valeur de liquidation. Si la valeur de continuer le projet est supérieure, le projet doit être poursuivi ; si la valeur de liquidation est plus élevée, le détenteur de l'option d'abandon doit considérer la possibilité de l'abandonner. Le bénéfice de cette option peut s'écrire de la manière suivante : Bénéfice de l'option d'abandon =0 si V>L = L-V si V<ou=L Le bénéfice obtenu par l'option d'abandon, représenté dans le graphique ci-dessous, est en fonction du cours anticipé de l'action. À la différence des deux premières options, l'option d'abandon prend les caractéristiques d'une option de vente (put). Figure 13 : L’option d’abandon d’un projet Cette première partie a porté essentiellement sur la nature des options et sur le mode de fonctionnement du marché des options. Pour le profane, ce point de départ constitue la base grâce à laquelle il pourra édifier ses stratégies d'investissement en options. L'analyse dans cette partie a mis en évidence le rôle crucial qu'on peut faire jouer aux options dans un portefeuille de valeurs mobilières ainsi que dans les décisions financières de l’entreprise. Afin d'utiliser les options à bon escient, l'investisseur doit cependant acquérir une connaissance approfondie des diverses stratégies d'investissement en options et comprendre les multiples répercussions que peuvent avoir ces stratégies sur le portefeuille. C'est ce que nous nous proposons d'examiner à la deuxième partie en se focalisant sur les options dans le portefeuille et avec comme sous-jacent les actions. 44 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Chapitre II : Les swaps et les produits dérivés de crédit Section 1 : Les swaps I. Définition Le terme anglais swap signifie échange ou troc. Dans sa définition la plus large, le swap est un échange entre deux entités pendant une certaine période de temps. Les deux intervenants doivent logiquement, trouver chacun un avantage à cet échange qui peut porter soit sur des actifs financiers, soit sur des flux financiers. Le mot swap désigne dans le langage courant un échange des flux financiers (calculé à partir d’un montant théorique de référence appelé notionnel) entre deux entités pendant une certaine période de temps. Les produits dérivés de type swaps ont vu le jour dans l’année 1981.C'est grâce à IBM et à la Banque Mondiale que le marché des swaps s’est développé. Dans les années précédant 1981, IBM avait lancé un vaste programme d'emprunts dans les devises fortes et à faibles taux d'intérêt, essentiellement en Deutsche Marks et en Francs Suisses. Ces émissions avaient été converties en Dollar, mais le capital et les intérêts devaient cependant être payés en devises. Au fil des années, le Deutsche Mark et le Franc Suisse s'affaiblirent. Une transformation de la dette procurerait donc en théorie un important gain de change. La Banque Mondiale de son coté souhaitait se refinancer de préférence sur des devises à faible taux d'intérêt et envisageait des émissions en Deutsche Mark et Yen. Un courtier servit d'intermédiaire entre les deux contreparties. Il proposa à la Banque Mondiale d'émettre en Dollar puis de « swapper » cette émission en Deutsche Mark et en Franc Suisse. Pour les contreparties, les avantages étaient les suivants: -Du coté de la Banque Mondiale, une émission en Dollar (monnaie plus liquide que le Deutsche Mark ou le Yen) se déroulerait dans de meilleurs conditions. -IBM, pour sa part transformait sa dette en Dollar et encaissait immédiatement une plus-value de change. 45 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI L'opération se réalisa pour un montant de plus de 200 millions de Dollars (soit environ 300 millions de Deutsche Marks et 200 millions de Francs Suisses sur la base des parités de l'époque). II. Caractéristiques d’un swap Cadre légal: tous les swaps sont en principe traités sous les termes et conditions légales fixés par l’ISDA. Montant principal: il s’agit du montant qui permettra de calculer les flux d’intérêts entre les deux parties. Ce montant est identique pour les deux jambes(ou pattes). Exemple: Soit un swap échangeant le taux euribor 3 mois contre un taux fixe à 6%. Le montant principal est égal à 100 millions d’euros. Dans ce cas, le flux d’intérêt de la patte fixe versé chaque année est égal 6 millions d’euros. 6 millions = 100 millions . 6% Base: elle renseigne sur la durée entre deux dates et sur le nombre de jours considéré dans une année. La base la plus souvent utilisée est la base «Exact/360» qui prend en compte le nombre exact de jours calendaires entre 2 dates et 360 jours pour une année. Cette base est classiquement utilisée pour les swaps en $ et en euros. La base «Exact/365» est utilisée pour les swaps en sterlings. Devise: elle correspond à la devise dans laquelle le swap est libellé. Échéance: il s’agit de la date à laquelle le swap n’existe plus. A cette date, les deux parties ont fini d’échanger tous les flux du swap. Echéancier du swap: il correspond à l’échéancier des flux échangés entre les deux parties. Les dates auxquelles les flux du swap s’échangent sont déterminées lors de la conclusion du contrat. La fréquence de paiement des flux de la patte fixe est généralement annuelle ou bi-annuelle (aux Etats-Unis notamment). La fréquence de paiement des flux de la patte variable est telle que la maturité du taux variable est identique à la durée entre deux paiements de la patte variable. Exemple: Soit un swap Euribor 3 mois. Les paiements de flux la patte variable ont lieu tous les 3 mois. Si les deux parties paient et recoivent des flux d’intérêt, à une date de paiement seule la différence entre les deux flux change de main. Taux variable: Le taux variable généralement payé en fin de période est connu en début de période. Ainsi le premier paiement de la patte variable est connu au moment de la conclusion du swap. Taux fixe: Le «market maker» calcule la valeur du taux fixe telle que la valeur du swap est égale à zéro, autrement dit telle que la valeur de la patte fixe égale la valeur de la patte variable. Ce taux fixe est appelé couramment taux de swap. Cotation: Les swaps sont cotés de deux façons: ¾ en taux de swap. Le «market maker» cote en fait une fourchette de prix. Le prix bid est le taux de swap auquel il est prêt à payer la patte fixe tandis que le prix ask correspond au taux de swap quand il paie la patte variable. ¾ en «swap spread». 46 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Le swap spread d’un swap d’une certaine maturité M est égal à la différence entre le taux de swap et le taux de rendement d’une obligation d’Etat de même maturité M. Le «swap spread» est exprimé en points de base. Le «market maker» cote à nouveau une fourchette de «swap spread». Par exemple «45/50» signifie que le «market maker» est prêt à payer la patte fixe 45 points de base au-dessus du taux de rendement de l’obligation d’Etat, et à payer la patte variable en échange d’une patte fixe 50 points de base au dessus du taux de rendement de l’obligation d’Etat. III. Les différentes catégories de swaps Il est d’emblée à signaler qu’il est possible de retrouver une kyrielle de catégories de swaps : le swap amortissable, le swap à départ différé, le swap zéro-coupon, l’Asset swap, le swap de courbe, le swap différentiel, le swap de matière première, le swap d’indice et bien d’autres encore. Il n’en demeure toutefois pas moins que, d’une manière générale, trois catégories de swaps sont les plus courantes : le swap de devises, le swap de taux et le basis swap. 1. Le swap de change 1.1.Description Un swap de change est donc une transaction par laquelle 2 contreparties s'échangent des flux financiers (des dettes) de même nature libellés dans 2 devises différentes. Le swap de change est également appelé swap cambiste car il était utilisé à l'origine par les cambistes de banques pour réaliser des opérations de trésorerie sans que celles-ci ne soient inscrites au bilan. Le swap cambiste est une transaction combinant une opération de change au comptant (ou spot) avec une opération de change à terme (ou Forward). Ces 2 opérations sont négociées simultanément avec la même contrepartie et le même cours de change comptant de référence. 1.1.Fonctionnement Tout se passe comme si les 2 contreparties échangeaient leur dette. 47 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Fgure 14: Mécanisme d’un swap cambiste Les étapes sont donc classiques : - - échange du capital : les 2 contreparties échangent les montants nominaux de leur dette respective. Cette opération est généralement réalisée au cours spot du moment. Il s'agit d'une opération de change au comptant. Remboursement du capital : à l'échéance, chacun remboursera à l'autre le montant du capital intérêts inclus. Ceci équivaut également à une opération de change dont le cours induit est le cours à terme de l'opération. Le flux montrent bien qu'il s'agit en réalité d'une opération de trésorerie avec versement du capital en date spot et remboursement du capital et des intérêts à l'échéance. Le prix d'un Swap de change se défini par la formule ci-après : Prix du swap = Cours Spot Euro/USD * 1 + (T *USD* Nd Jours/36000) 1+( T* Euro* Nb Jours/36000) Les points de Swap (son prix) peuvent être négatifs ou positifs tout dépend du différentiel de taux. Lorsque le taux EUR < taux USD, alors le Swap est POSITIF => c’est un REPORT Lorsque le taux EUR > taux USD, alors le Swap est NEGATIF => c’est un DEPORT 48 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Notons que dans la pratique, un swap porte sur le même montant en devise principale au comptant comme à terme (bien qu'il soit possible de déroger parfois). On dira par exemple que l'on a conclu un swap 6 mois EUR/USD pour 10 millions d'EUR. Où sont passés les intérêts de la devise principale ? Ils n'ont pas été couverts. Dans ce cas, soit la Banque fait « l'impasse » avec tous les risques de change que cela comporte, soit elle peut chercher à conclure une opération de terme sec (ou outright) pour la seule couverture des intérêts. 2. Le swap de taux 2.1.Définition : Qui dit swap dit échange de dettes. Le swap de taux consiste à échanger 2 dettes de nature différente libellées dans la même devise. Dans le cadre de ce contrat d’échange, les principaux objets prennent la forme de flux d’intérêts. Les cocontractants s’engagent ainsi respectivement à procéder au règlement des flux d’intérêts de l’autre partie. D’une manière générale, le swap de taux est utilisé par les entreprises pour éviter d’alourdir sa charge d’intérêt. Parallèlement à cela, les arbitragistes ont aussi recours à cette forme d’échange pour spéculer. Le swap de taux consiste donc à échanger à dates fixes un flux d'intérêts basé sur un taux fixe contre un flux d'intérêts basés sur un taux variable. Ceci explique que l'on parle également de swap d'intérêts. Ces flux sont libellés dans la même devise et calculés d'après un capital appelé montant notionnel. Comme pour les FRA's, le capital n'est jamais échangé. Remarque : -Un taux variable est un taux dont la valeur peut évoluer durant la vie d'une opération. Le taux est valable pour une période déterminée. A l'issue de celle-ci, il prend la valeur constaté sur le marché de référence selon les termes du contrat. -Un taux fixe est un taux qui reste constant pour toute la durée d'une opération. 2.2. Fonctionnement : Comme pour toutes les opérations de Marchés, la terminologie se doit d'être extrêmement précise. 49 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Ainsi, on ne parle pas de prêteur ou d'emprunteur mais plutôt de payeur ou de receveur. x x être payeur du swap de taux signifie payer le taux fixe et recevoir le taux flottant, c'est à dire emprunter à un taux fixe et prêter à un taux variable. être receveur du swap de taux signifie recevoir le taux fixe et payer le taux flottant, c'est à dire prêter à un taux fixe et emprunter à un taux variable. Il est possible d'établir 3 combinaisons selon les types de taux : 1. Taux fixe contre taux fixe. 2. Taux fixe contre taux variable. 3. Taux variable contre taux variable. On détaillera ci-dessous les caractéristiques d'un swap taux fixe contre taux variable. Certains renseignements sont indispensables à la mise en place de ce type d'opération. x x x x x x x x Devise et montant de l'opération (montant notionnel). Taux de l'opération (taux fixe). Durée de l'opération (généralement au delà d'un an bien que l'on trouve également des durées inférieures). Périodicité de paiement des intérêts à taux fixe : généralement, pour les eurodevises, à chaque anniversaire annuel. Base de calcul des intérêts à taux fixe. Taux variable de référence : LIBOR 3 mois, EURIBOR 6 mois. Périodicité de paiement des intérêts à taux variable : 6 mois, 3 mois voir un mois. Base de calcul des intérêts du taux variable. Devise USD EUR CHF GBP JPY CAD Taux fixe Exact/360 Bond Bond Exact/365 Exact/365 Bond Taux variable Exact/360 Exact/360 Exact/360 Exact/365 Exact/360 Exact/365 Exemple de bases de calcul des intérêts. Le jour de la mise en place de l'opération, on constatera le taux de référence qui sera utilisé pour calculer le 1er versement d'intérêts (à taux variable donc) qui sera versé à la première échéance « variable ». A noter que les échéances (fixes et variables) n'ont pas en principe la même périodicité. En reprenant notre exemple, nous sommes, sur le marché, payeur du taux fixe (donc receveur du taux variable) sur la base d'un 2 ans contre 6 mois. 50 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Les flux ont les caractéristiques suivantes: x x x x Pas d'échange de capital à la mise en place. Flux d'intérêts référencés dans la même devise. Pas d'échange de capital à l'échéance. 2.3. Exemple : Supposition : Nous sommes fin juillet 2007 et la « courbe » des taux est telle que ci-dessous: 3 mois 6 mois 1 an 2 an 5 - 5 1/8 5 1/16 - 3/16 5 1/4 - 3/8 5 3/8 - 1/2 Compte tenu de cette courbe et écartant la possibilité de hausse des taux, nous nous plaçons vendeur du taux fixe donc acheteur du taux flottant, contre LIBOR 6 mois à 5,45 pour un montant de 25 millions d'USD. x x Ceci équivaut à dire je cherche à prêter à taux fixe 2 ans contre un emprunt à taux variable sur la base du LIBOR USD 6 mois. On peut également dire je suis receveur du fixe (sous-entendu des intérêts) et payeur du flottant sur la base du LIBOR 6 mois. Grâce à nos nombreux contacts, une contrepartie est vite trouvée !! Il est donc convenu que le contrat sera mis en place du 31/072007 au 31/07/2009. Les dates de paiement des intérêts basés sur le taux fixe seront x x le 31/07/2008 (période du 31/07/2007 au 31/07/2008). le 31/07/2009 (période du 31/07/2008 au 31/07/2009). Les dates de paiement des intérêts basés sur le taux variable seront x x x x le 31/01/2008 (période du 31/07/2007 au 31/01/2008). le 31/07/2008 (période du 31/01/2008 au 31/07/2009). le 31/01/2009 (période du 31/07/2008 au 31/01/2009). le 31/07/2009 (période du 31/01/2009 au 31/07/2009). Notre contrepartie sera « payeuse du taux fixe ». Nous serons « payeur du taux flottant » sur la base du LIBOR 6 mois constaté 2 jours ouvrés avant le départ de la période. Un premier LIBOR sera donc constaté le jour de la mise en place de notre opération. Visualisons les différentes étapes sous forme de graphe. 51 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Le sens des flux est vu de notre coté (receveur du fixe, payeur du flottant). Figure 15 : Mécanisme d’un swap de taux Sauf indication contraire, les taux en devise sont généralement du type intérêts annuels, ceci explique la fréquence des flux basés sur ce type de taux. Nous constatons qu'à aucun moment le capital n'est échangé. Celui-ci ne constitue qu'un montant nominal destiné à servir de base de calcul pour déterminer les montants d'intérêts. 3. Le basis swap 3.1 Définition : Cette forme d’échange d’actifs financiers peut être définie comme étant l’amalgame d’une partie des deux swaps précédemment mentionnés. L’on peut ainsi distinguer le basis swap de taux et le basis swap de devises. Un basis swap est une opération dans laquelle 2 contreparties contractent simultanément un prêt et un emprunt dans une ou 2 devises différentes, pour un même nominal et sur 2 références de taux variable différentes. 3.2. Le basis swap de taux : x x x Pas d'échange de capital à la mise en place. Flux référencés dans la même devise et payés sur la fréquence d'un des taux. Pas d'échange de capital à l'échéance. 52 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI -Exemple de basis swap de taux: x x Nous sommes receveur du taux de swap 2 ans et payeur du LIBOR 6 mois. Période : du 31/07/2007 au 31/07/2009. Figure 16 : Mécanisme d’un basis swap 3.3. Le basis swap de devises x x x x échange de capital à la mise en place. Flux d'intérêts référencés dans 2 devises différentes et réglés dans leur devise respective. Intérêts calculés sur le nominal de la devise correspondante. échange de capital à l'échéance. -Exemple de basis swap de devises: x x Nous sommes receveur de l'EURIBOR 6 mois et payeur du LIBOR USD 6 mois. Période : du 31/07/2007 au 31/07/2009. 53 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 17 : Mécanisme d’un basis swap de devises Bien entendu, pour les deux types de basis swap, certaines caractéristiques peuvent être modifiées par la mise en place d'accords bilatéraux 4. Swap quanto (differential swap) 4.1. Descriptif Le "differential swap" (ou "diff swap") est un contrat de swap de taux entre deux contreparties qui s'échangent dans une même devise deux taux variables faisant référence à des devises différentes. Une marge appliquée sur l'une ou l'autre des jambes permet d'ajuster le swap aux conditions de marché; celle-ci est à peu près égale au différentiel des taux sur l'échéance du swap, mais d'autres facteurs peuvent intervenir, tels que le niveau du "basis swap", les volatilités et les corrélations sur les taux, etc... Il n'y a pas d'échange de principal. Plus généralement, un swap est qualifié de "diff swap" dès lors que le taux variable d'une devise est appliqué à un notionnel dans une autre devise. De nombreuses configurations sont ainsi envisageables selon la nature de l'autre jambe du swap, qui peut être un taux fixe ou variable dans toute autre devise. 54 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 4.2. Utilisations Le diff swap permet de prendre une position sur les écarts de taux pouvant exister entre deux devises sans pour autant prendre de risque de change. Par exemple, un investisseur anticipe que les taux de la devise 1 monteront plus vite que les taux de la devise 2 comparativement aux mouvements anticipés par le marché. Il souhaite profiter de ses prévisions si celles-ci se réalisent. Il peut, avec les instruments standards, rentrer dans un swap de taux et de change (CIRS) dans lequel il reçoit le taux court de la devise 1, et paye le taux court de la devise 2, sans échange de notionnel ni au début ni à la fin de l'opération. Cependant, si la devise 1 se déprécie par rapport a la devise 2, la contrepartie peut perdre sur le change ce qu'il a gagné sur les taux d'intérêt. En rentrant dans un "diff swap" dans lequel il reçoit le taux court de la devise 1 et paye le tauxcourt de la devise 2, les deux jambes portant sur un notionnel en devise 1, il peut bénéficier de 1’évolution favorable de l'écart des taux sans pour autant être exposé au risque de change. En effet, tous les flux d'intérêt sont échangés dans la même devise (la devise 1). Par la suite, si le spread de taux évolue en sa faveur: -sur le court terme: s'il estime que l'évolution est durable, il peut conserver son swap jusqu'à samaturité et gagner ainsi le différentiel; -sur le long terme (correspondant à l'horizon de son swap) : il peut annuler le "diff swap" et ainsidégager une plus value immédiate. Exemple: swap quanto SEK/EUR Un swap quanto permet à un emprunteur à taux variable Euribor de recevoir ce taux variable, et de payer des intérêts indexées sur un taux variable Stibor mais libellés en EUR (et non pas en SEK). Ainsi, il modifie l'indexation de son emprunt pour bénéficier d'une indexation en Stibor, tout en continuant à payer ses intérêts en EUR. 4.3. Caractéristiques du swap Date de départ : 01/01/2004 Date d’échéance : 01/01/2011 Devise de règlement : Eur Montant du nominal : 50 M Euro Taux reçu par la contrepartie : Euribor 3 M Taux versé par la contrepartie : Stibor 3 mois – 0,10% 55 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 18 : Mécanisme d’un swap quanto Emprunt à taux variable Euribor 3 mois payé en euros Banque Contrepartie Banque Stibor 3 mois -0,10% payé en Euros Euribor 3 mois L'emprunteur a ainsi transformé sa référence d'endettement en Euribor 3M en endettement à (Stibor 3M - 0,10%), en restant en EUR. 4.4. Avantages - Pas de prime à payer au départ. - Pas de risque de change par rapport à la devise de règlement. - Passage d'un taux (fixe ou variable) référencé dans la devise de référence à taux variable référencé dans l'autre devise. Permet de profiter d'une baisse du coût de financement (emprunteur) ou d'une hausse des revenus (prêteur). 4.5. Risques - Passage d'un taux (fixe ou variable) référencé dans la devise de référence à taux variable référencé dans l'autre devise: Risque d'une hausse du coût de financement (emprunteur) ou d'une baisse des revenus (prêteur). 5. swap Futuro Le Swap Futuro est un swap dans lequel les contreparties échangent la même référence variable, fixée en début de période sur l'une des branches et en fin de période sur l'autre branche, d'où le nom de Swap Futuro. Le différentiel à payer ou recevoir au titre du swap est versé à la fin de chaque période.En général, quand la courbe n'est pas plate, le Swap Futuro offre une marge sur l'une des ses deux jambes. En effet, cette marge mesure la différence entre les taux termes fixés en fin de période et ceux fixés en début de période. Une courbe très pentue établira des taux termes bien plus élevés sur la jambe" Futuro ,. que sur la jambe standard. Un emprunteur à taux variable standard, c'est à dire fixé en début de période et payé en fin de période, peut transformer sa dette en une dette indexée sur le même taux variable, fixé en fin de période et diminué d'une marge. Le Swap Futuro est particulièrement intéressant dans un contexte de courbe pentue et de baisse des taux. 56 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Exemple: Le swap futuro en EUR pour un emprunteur à Euribor Un emprunteur à taux variable (Euribor 6 mois) standard souhaite modifier son indice d'endettement pour un indice fixé en fin de période, diminué d'une marge. Il entre dans un Swap futuro ayant les caractéristiques suivantes: - devise: EUR -durée de couverture: 3 ans taux variable reçu par l'emprunteur: Euribor 6 mois (SMM) -taux variable payé par l'emprunteur: Euribor 6 mois (SMM) post-fixé Chaque semestre, le niveau de l'Euribor 6 mois début de période est comparé à celui constaté en fin de période. Seul le différentiel de taux est échangé. L'emprunteur, endetté auparavant à Euribor 6 mois fixé en début de période. se retrouve à présent endetté au taux Euribor 6 mois constaté en fin de période moins une marge. 5.1. Avantages - Pas de prime à payer au départ. - Le Swap Futuro permet de profiter de la pente de la courbe des taux de swap, tout en demeurant à taux variable et en misant sur la détente ou la stabilisation des taux courts. 5.2. Risques - Risque en cas d'augmentation du taux variable, d'une période à l'autre, d'un montant supérieur à la marge. 6. Equity swap L’equity swap ddésigne des structures de swaps dans lesquelles intervient le rendement d’un portefeuille boursier. Ces swaps sur actions ou indices ont connu un très large développement depuis la création des fonds indiciels et sont maintenant étendus aux marchés émergents. Les hedge funds utilisent notamment ces structures sophistiquées dans des stratégies très dynamiques pour des avantages de coûts et de risque. Dans cette opération, les contreparties s’accordent à payer (ou recevoir) à date fixe et pendant une certaine durée les intérêts sur un emprunt, et recevoir (ou payer) le produit d’un portefeuille boursier. Il peut s’agir d’un titre individuel, d’un panier d’actions, ou d’un indice (swap d’indice). Le Tableau suivant résume les flux entre les deux parties. Situation du portefeuille A paie A reçoit Baisse du portefeuille Taux fixe ou flottant + baisse du portefeuille Dividendes Hausse du portefeuille Taux fixe ou taux flottant Hausse du portefeuille + dividendes 57 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Il existe trois types d’equity swaps. Le premier est l’equity swap standard, qui consiste à créer un investissement synthétique sur un indice local. Le second est l’equity swap composite. Il permet de créer un investissement synthétique sur un indice étranger. Le troisième est l’equity swap no n standard qui permet de répondre aux besoins spécifiques d’un investisseur. 7. Autres types de swap Il existe d’autre type de swaps qu’on peut citer comme suit : Swap de départ différé : swap de taux (fixe contre variable) dont le départ se situe à une date future. Swap amortissable : swap de taux (fixe contre variable) dont le nominal s’amortit dans le temps (en pratiquant soit l’amortissement linéaire soit l’amortissement constant). Swap zéro coupons : swap de taux (fixe contre variable ou variable contre fixe) dont les flux relatifs au taux fixe sont payés en une seule fois (au début ou à la fin). Swap d’actif ou Asset Swap : type de swap permettant de modifier l’indexation d’un actif (exemple une obligation) en transformant cet actif à taux fixe en instrument à taux variable. Swap de courbe : swap de taux (variable contre variable) mono devise : opération par laquelle on paie sur la forme de la courbe de taux. On compare généralement un taux variable à court terme avec un taux variable à long terme. Swap de matières premières : c’est une opération dans laquelle on réalise un achat(vente)de matières premières à dates fixes et pour une certaine durée à un prix fixé contre une vente (achat ) de la même matière première à un prix variable déterminé périodiquement sur le marché. Swap d’indice : c’est une opération dans laquelle il existe paiement (encaissement) à dates fixes des intérêts sur un emprunt (prêt) pour une certaine durée contre réception (paiement) de rendement d’un indice boursier selon sa valeur. Swaption : c’est une option sur swap donnant le droit (mais non l’obligation) à son détenteur d’entrer dans une transaction de swap de taux pour un montant et un taux fixe d’avance. 8. Valorisation d'un swap plain vanilla 5.7 Valeur du swap Le calcul de la valeur d'un swap au dessus de la courbe des obligations du gouvernement (government bonds) c’est le calcul du bon écart de rendement pour une échéance donnée. 25 1. Le swap est coté par rapport à la courbe de rendement à l'échéance des obligations émises par le gouvernement. 2. Le swap Le swap est valorisé (priced) à partir de la courbe forward. 25 Pierre Bouvier, Instruments financiers dérivés, FEC 452, Année 2001. 58 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 3. La courbe forward est la séquence des rendements futurs correspondant au taux flottant de référence du swap. 4. LIBOR- contre- fixe sont valorisés à partir de la courbe LIBOR. 5. T-Bill ou bons du trésor-contre- fixe sont valorisé à partir de la courbe forward des du trésor. 6. Le taux fixe du swap est une moyenne actualisé des taux forwards. 7. La valeur du swap est établie de façon à ce que la valeur présente des paiements fixes soit égale à la valeur présente des paiements flottant implicite aux taux forwards. Prix d'un swap versus son évaluation La valorisation d'un swap (pricing) n'est pas la même chose que son évaluation (valuation). 1. La valorisation d'un swap est l'action de trouver le taux fixe d'un swap an que le prix de celuici soit habituellement de zéro. 2. Par la suite la valeur du swap est calculée en comparant le taux fixe du swap au taux fixe courant du marché pour un swap d'échéance équivalente. 3. Une courbe implicite forward est calculée à partir des obligations au comptant. 4. La moyenne des taux du segment de la courbe forward représente le taux fixe du swap, ensuite le point milieu du prix offert et le prix demandé est calculé (mid-market). Après le calcul du point milieu certains. Des ajustements sont nécessaires à partir des facteurs tels : • Risque de crédit, • Les réserves en capital requises, • Les couts opérationnels du back-office • Le niveau de profit nécessaire. Valorisation d'un swap un exemple 1. Calculer la courbe forward implicite. 2. Calculer la courbe des zéros coupons. 3. La courbe implicite zéro est utilisée pour générer la courbe forward. 4. La courbe implicite des zéros est une série de taux zéro-coupon consistant avec la courbe des rendements à l'échéance des obligations à coupon observée. Supposons la courbe à l'échéance des obligations à coupons de trois ans : 1 an = 8%, 2 ans = 10% et 3 ans = 12%. La courbe implicite zéro est construite de la façon suivante : 59 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 100 = 108 /(1 + z1) , z1 = 8.00% 100 = 10/ (1+0,08) + (1A0 / (1 + z2)^2 z2 = 10.1020% 100 = 12/(1+0,08)+108 /(1 + 10.1020%)^2 + 112 / (1+ z2)^3 = , z 3= 12.3437% Ceci est un exemple de ce que l'on appelle bootstrapping. À partir de ces valeurs nous pouvons maintenant calculer la courbe implicite forward. Cette courbe est une séquence de taux à court terme obtenu en prolongeant l'échéance une période additionnelle. Calcul du taux forward implicite (1.08) × (1 + TFI1×2) = (1.10102)^2,), TFI1×2 = 12.245 (1.10102)^2, × (1 + TFI2×3) = (1.123437)^3, TFI2×3= 16.965 En supposant maintenant que ces taux implicites forwards indiquent à quel niveau se transigent les contrats forwards- cette courbe peut maintenant être utilisée pour trouver le taux fixe du swap et nos trouvons pour le taux fixe du swap : MN×8[1.08+ 12.245 (1.10102)^2 + 16.965 (1.123437)^3]= [MN×TFS 1.08+ TFS (1.10102)^2 + TFS (1.123437)^3 ]. Donc TFS = 12% 60 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Section 2 : Les produits dérivés et structurés de crédit Un dérivé de crédit peut être défini comme étant un contrat qui permet à une contrepartie (acheteur de protection ou originateur) de vendre le risque de crédit relatif à un actif sous jacent de référence, tout en restant ou pas le propriétaire de l’actif, à une ou plusieurs contreparties (vendeur de protection). L’actif sous-jacent peut être de nature diverse : il peut s’agir d’une obligation, d’une action, d’un taux de change ou d’un taux d’intérêt et même d’un autre produit dérivé. Le versement des flux relatifs à cet actif financier peut provenir de plusieurs raisons : D’un évènement de crédit, De la dégradation de la note d’une contrepartie, Du défaut de paiement, D’une variation du spread de signature.26 Ces produits financiers très sophistiqués détiennent non seulement la capacité de transférer le risque de crédit relatif à un actif mais d’autant plus ils détiennent une fonction unique dans la gestion de risque, qui est celle de déconnecter la gestion de risque de marché, a gestion de risque de crédit et la détention physique de l’actif. Ces innovations financières ont connu un développement exceptionnel, ainsi depuis leur création, le volume d’émission du produit dérivé a augmenté de façon exponentielle. I. Les produits dérivés de crédits Les produits dérivés de crédits se séparent en deux catégories, selon que les prêts initialement sont sortis du bilan ou non des banques initialement prêteuses. (Voir figure n ) Dans la première catégorie le transfert de risque est financé. L’acheteur du risque de crédit (ou vendeur de protection) un prêt en non unique ou un portefeuille de prêts titrisés. Ces titres peuvent être transférés directement ( Credit linked notes) ou via un Special purpose vehicle (SPV) sous la forme de titres homogènes gagés sur actifs (Assets backed securities ou ABS), ou de titres diversifiés appelés obligations de dettes collétralisés (Collateralized debt obligations ou CDO). Les ABS et les CDO sont inscrits dans les bilans des investisseurs (vendeurs de protection). La SPV structure ces titres qui permettent à différents investisseurs de choisir leur 26 Paul SAINT-PASTEUR, les dérivés de crédit : un danger pour la stabilité financière ? Mémoire de fin d’études (spécialité finance de marché) ESCEM Tours Poitiers 2008 61 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI profil de risque en fonction de leur propre degré d’aversion au risque et les caractéristiques de leur portefeuille (c’est pourquoi on a tendance à appeler ces titres des produits sur mesure). La seconde catégorie d’instruments de transfert de risque de crédit est assimilée à une assurance. Les prêts restent inscrits au bilan des banques prêteuses. Le risque est transféré via CDS sans obligation pour le preneur de risque de financer ex ante l’acquisition des prêts. L’investisseur vendeur de protection (acheteur de risque) n’apporte des fonds ex post au à l’chateur de protection (vendeur de risque) que si un événement de crédit se produit. Cependant, contrairement aux garanties bancaires et aux polices d’assurance qui sont des garanties bilatéraux dépendant de la personnalité de l’assuré, les dérivés de crédit sont des produits normalisés. Ils ne dépendent que de lé définition censée, être objective et codifiée, des événements de crédits. Quelques soit le dérivé de crédit, il se caractérise par au moins six paramètres - le contrat initial : le prêt ou l’actif sous jacent que l’établissement cherche à couvrir qui caractérise essentiellement par un montant, une maturité, un taux ; se - le contrat de couverture : le dérivé qui va permettre à l’établissement de se couvrir contre le risque de crédit et qui se caractérise par un montant couvert, une maturité, une prime appelée spread ; -l’acheteur de la protection ou le vendeur du risque : deux termes pour définir l’établissement qui peut présenter à son actif le prêt initial et qui peut utiliser le dérivé de crédit comme un instrument de couverture du risque de crédit ; - l’entité de référence : ou le débiteur sur lequel l’établissement estime être en risque de crédit ; - le vendeur de la protection ou l’acheteur du risque : l’établissement qui s’engage à verser un certain montant en cas de « credit event » ou d’évènement de crédit sur l’entité de référence. Dans le cas du vendeur de protection, le dérivé de crédit est utilisé comme un instrument d’investissement puisqu’il achète un risque de contrepartie sans qu’il ait à financer et à établir une relation commerciale avec cette dernière ; - le « credit event » ou l’évènement de crédit qui correspond à la réalisation du risque de crédit ; il peut prendre différentes formes comme la défaillance de l’entité de référence, son défaut de paiement, la restructuration de sa dette. 27 La plupart de ces paramètres doivent être définis dans le cadre d’un contrat établi entre l’acheteur et le vendeur de la protection. Les contrats de dérivés de crédit ont la particularité de pouvoir être négociés séparément de l’actif sous jacent. Du fait de cette particularité, ils peuvent être utilisés en tant qu’instruments de négociation c'est-à-dire dans le seul but de dégager à court terme une plus-value sur une évolution escomptée d’un risque de crédit. 27 Natalie Rey, Instruments de couverture et facteurs d’instabilité. L’exemple du credit default swaps. 62 Les produits dérivés 1. FALLOUL & LOUAHI Unfunded credit Derivatives Cette catégorie implique que l’acheteur de risque, ou le vendeur de la protection, s’expose à un risque sans devoir financer l’actif ou la créance contenant le risque. On distinguera 5 types de produits dérivés. 1.1 Les Credit Default Swap (CDS) 1.1.1 Description d’un CDS Un crédit default swap (CDS) est un contrat financier, conclu de gré à gré pour une durée et un montant( notionnel), référencé sur un emprunteur bien défini, et dans lequel l’une des parties (l’acheteur de protection) paie périodiquement une prime (exprimé en pourcentage du notionnel), tandis que l’autre partie (le vendeur de protection) s’engage à payer en cas de défaut de l’emprunteur de référence, un montant compensant la perte résultant du défaut à hauteur du montant du notionnel. 28 Figure 19 : Mécanisme d’un CDS : Source : banque de France « Les dérivés de crédit : nouvelle source d’instabilité financière » Le Contrat CDS a une maturité donnée, mais se termine prématurément si l’événement de défaut a lieu. Les événements de crédits peuvent être définis de plusieurs façons, mais font généralement 28 Christian Gourieroux et André TIOMO, Risque de crédit, une appoche avancée, ECONOMICA 2007 63 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI référence à la documentation légale de l’ISDA 29[ISDA (2003)]. Les événements de crédit les plus répandues sont : - La faillite de l’entité de référence (Bankruptcy), c'est-à-dire tout document, déclaration, action, action ou décision administratifs confirmant que l’entité de référence ne peut plus faire face à ses obligations (exemple : placement sous administration, Chapter 11, aux états unis). - Le défaut de paiement sur les intérêts ou le montant principal de dette (Failure to pay) pour un montant supérieur à un million de dollars. - La restructuration de la dette du débiteur par ses créanciers (Restructuring). Le contrat CDS doit de plus spécifier les obligations de l’acheteur et du vendeur. En échange de la protection, l’acheteur verse périodiquement au vendeur une prime fixée dans le contrat jusqu’ au défaut de l’entité de référence. S’il y a défaut ou jusqu’à la maturité du swap, s’il n’y a pas défaut. Remarque : Les échéances des CDS peuvent être de un an, trois, cinq, sept ou dix ans. La standardisation a permis d’échanger les CDS sur des marchés organisés. 1.1.2 Type de règlement Le remboursement effectué par le vendeur de protection peut être sous forme de livraisons de titres : on parle de règlement physique (physical settlement), ou en espèces : on parle de règlement en espèces (cash settlement).chaque type de règlement à ses spécificités : -Sous le régime du règlement physique : ¾ L’acheteur de protection livre le titre obligataire(ou créance) détenu sur l’entité de référence en échange du pair dans le cas d’une obligation ou le capital restant du dans le cas d’une créance bancaire ; ¾ L’obligation ou la créance doit être libellé dans une monnaie d’un pays du G7 (dollar américain, livre sterling, dollar canadien, en japonais, Euro) ; ¾ L’obligation ou la créance ne peut avoir une maturité supérieure à 30 ans et elle ne peut être subordonnée. 29 L'International Swaps and Derivatives Association (ISDA - Association Internationale des Swaps et Dérivés) est une organisation professionnelle regroupant des intervenants majeurs sur les marchés financiers dérivés de gré à gré , dont le but premier est de fournir des contrats standards de référence pour les transactions. 64 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI -Sous le régime du règlement en espèces : ¾ La dette de l’entité de référence est généralement valorisée au prix du marché ; ¾ Le vendeur de la protection paie à l’acheteur de la protection la différence entre la valeur contractuelle du titre et son prix du marché, ou encore la différence entre la valeur contractuelle et une valeur estimé de recouvrement. Exemple Une contrepartie achète une protection d’une entité B (sous forme d’un contrat CDS) pour se couvrir contre le risque de défaut sur une dette d’un emprunteur C (l’entité de référence). Le contrat contient les modalités suivantes : - Une Maturité de 5 ans ; - Le notionnel est égale un 10.000.000 de dollars américain ; - Une prime de default coté 90 points de base. 30 Périodiquement l’acheteur doit verser au vendeur de protection le montant de la prime : 10.000.000 * 0,009 = 90000 USD Si l’événement de crédit se produit, selon les modalités du contrat, un des deux cas suivant peut se présenter : Cas de règlement physique -Le vendeur de protection (B) verse à l’acheteur de protection (A) le notionnel 10.000.000 USD contre une livraison des titres représentant la créance sur l’entité de référence. Cas du règlement en espèces -Le vendeur de protection (B) verse une soulte à l’acheteur de protection(A) : Soulte =(le notionnel – valeur de marché des titres dur l’entité de référence) Exemple : si le taux de recouvrement calculé à partir des cotations après le défaut est de 40 %, le vendeur de protection doit verser à l’acheteur le montant de 1000000 (1-0.4) = 6.000.000 USD 30 En général la prime s’exprime sous forme d’un nombre fixe de points de base par an, un point de base vaut un centième de 1 pour cent, soit 1/10000. 65 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Remarque : Quelque soit le type de règlement (physique ou en espèces), l’acheteur de protection (A) paie au vendeur de protection (B) une prime jusqu’à la date de défaut. 1.2 Les Credit Spread Option forwards et options (CSO) et (CFS) Appelée également produits dérivés sur marge de crédit, ils permettent aux investisseurs de prendre position sur l’écart futur de la marge de crédit entre deux titre (généralement un titre risqué et un titre sans risque, ou bien la marge du premier par rapport à l’Euribor). Ce sont des produits basés sur l’évolution de la rémunération du risque de crédit, et dont la valeur ne dépend pas explicitement de la survenance d’un événement de crédit predeterminé. 1.2.1 les contrats à terme sur marge de credit (credit spread forwards) Les Credit Spread Forwards permettent de prendre positions et d’exprimer des anticipations sur l’évolution de la différence de spread et de la qualité de crédit relative entre deux titres de dette. Le mécanisme de ces produits est similaire à celui des contrats à terme sur taux d’intérêt (forward rate agreemants, FRAs). L’acheteur d’un contrat à terme sur écart de crédit s’engage à acquérir un titre obligataire à une certaine marge au-dessus d’un taux de référence (la plupart du temps, l’Euribor).Le vendeur du contrat à terme s’engage à vendre le crédit sous jacent au contrat à la marge d’exercice. A terme, un paiement a lieu entre les contreparties en fonction de la différence entre l’écart convenu au départ et celui constaté à maturité. Ainsi, à l’échéance du contrat à terme, l’acheteur s’engage à payer au vendeur le montant suivant : (Marge d’exercice du contrat à terme – marge réelle à maturité)* duration * montant notionnel Comme pour les contrats à terme sur taux d’intérêt, les gains (pertes) réalisé(e)s sur le marché a terme compensent les pertes (gains) réalisé(e)s sur le marché cash. En cas de défaut de l’émetteur du titre de référence au cours du contrat, la transaction est dénouée. C’est l’acheteur du contrat à terme qui supporte le risque de défaut. 66 Les produits dérivés 1.2.2 FALLOUL & LOUAHI Les options sur marge de crédit (credit spread options) Les options comme les contrats à terme, permettent de prendre une position sur un écart de crédit futur, mais contrairement à ces derniers, présentent un profil de risques asymétriques pour l’investisseur. Les options peuvent être appliquées au risque de crédit comme elles le sont sur tout autre actif sous-jacent, notamment action, notamment actions, obligations ou encore taux d’intérêt. Le mécanisme se passe comme suit : une contrepartie (acheteuse de protection) s’engage à l’égard d’une autre contrepartie (vendeuse de protection) à verser une prime régulière contre l’engagement pris par ce dernier d’acquérir (crédit spread call) ou de vendre (credit spread put) le crédit à une marge déterminée (Strike) à une date précise (option européenne) ou à tout moment avant l’échéance (option américaine). Figure 20 : Mécanisme d’un Credit Spread Option (CSO) Source : Banque de France « Les dérivés de crédit : nouvelle source d’instabilité financière ». 1.2.3 Les Total return swap (TRS) Appelés Swaps sur le rendement total, les TRS sont des contrats par lesquels deux contreparties s’échangent les flux représentant pour l’entité vendeuse de risque (acheteur de protection), la rémunération de l’actif, majorée, le cas échéant, de son appréciation, contre, pour l’investisseur acheteur de risque (vendeur de protection) une prime périodique, majorée, le cas échéant, de la dépréciation de l’actif. 67 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 21 : Mécanisme d’un TRS Source : Banque de France « Les dérivés de crédit : nouvelle source d’instabilité financière ». Par convention, le payeur des coupons et receveur de la baisse du markto-market (MtM) est appelé le « payeur » de swap, par opposition à sa contrepartie qui est appelée « receveur » de swap. Le TRS élimine le risque de défaut de la même façon que le CDS, en outre, il élimine le risque de marché (chose qui ne fait pas le CDS), car les flux relatifs à l’actif sont transférés contre un coupon à taux variable accru d’un marge (ex : Libor + xbp). 1.2.4 Les Firs-To-default Swap (FTD) Ces produits sont développés au cours de l’année 1993 par plusieurs banques d’investissement de Wall Street et proposes aux banques commerciales américaines début 1994.Leur utilisation s’est répandue à la fin des années 1990 sur tous les marches (notamment en Asie et dans les pays émergents). Appelés les swaps sur première défaillance d’un panier de créances sont des contrats par lesquels la contrepartie acheteuse de protection s’engage à l’égard du vendeur de protection à verser une prime régulière contre l’engagement pris par ce dernier, en cas de première survenance d’un événement de crédit sur l’un des actifs d’un panier de référence, de le dédommager de la perte subie sur cet actif. 68 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 14 : Mécanisme d’un FTD Source : banque de France « Les dérivés de crédit : nouvelle source d’instabilité financière ». 2. Funded Credit derivatives Cette catégorie implique que l’acheteur de risque, ou le vendeur de la protection, s’expose à un risque tout en finançant l’actif ou la créance contenant le risque. 2.1 Credit Linked Notes (CLN) Les CLN sont des emprunts obligataires émis par une banque qui veut se protéger sur un actif conclu avec une contrepartie, dont le remboursement est conditionné par la non-défaillance de cette contrepartie (non survenance d’un événement de crédit).31 Plus précisément, « Un CLN est une obligation simple assortie d’un dérivé de crédit, le plus souvent un CDS vendeur de protection. L’investisseur achète un titre dont le rendement est augmenté de la prime liée à la vente de la protection ». 32 Prenant un exemple descriptif d’une opération d’un CLN : Une banque souhaitant acheter une protection contre le risque de crédit de l’entité de l’entité de référence X émet une CLN, dont le remboursement est indexé sur la performance du crédit X. Deux cas de figures sont envisageables : 31 32 Christian Gourieroux et André TIOMO, Risque de crédit, une appoche avancée, option cite. Arnaud de Servigny, Bénoit Métayer, Ivan Zelenko, Le risque de crédit, 3e édition , DUNOD, Paris 2006. 69 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI - En l’absence de survenance d’un événement de crédit relatif à X (événements de crédit standards d’un CDS), la banque paie les intérêts sur La CLN jusqu’à échéance de la CLN et rembourse 100% du principal à maturité. -En revanche, si un événement de crédit se produit avant la maturité de la CLN, celle-ci est alors remboursée par anticipation par la banque, et le paiement des coupons s’arrête simultanément avec le remboursement. Les modalités de remboursement anticipé sont les mêmes que pour le règlement d’un CDS : l’investisseur reçoit un portefeuille de titres en défaut émis par X (CLN physical settlement) ou bien reçoit un montant représentant la valeur de marché des titres en défaut (CLN cash settlement). Contrairement à un CDS, où l’acheteur de protection porte le risque de défaut simultané du vendeur de protection et de l’entité de référence, dans le cas d’une CLN, l’acheteur de la protection (l’émetteur de la CLN) ne porte aucun risque de contrepartie. En effet, il reçoit les liquidités au début de la transaction et ne les rembourse que s’il n’y a pas survenance d’un événement de crédit. Figure 22 : Mécanisme d’un CLN Source : Banque de France « Les dérivés de crédit : nouvelle source d’instabilité financière ». Le marché des produits dérivés de crédit a bénéficié du degré de sophistication accru du cadre d’actifs financiers, et notamment des dérivés d’actions et de taux. Ainsi, les banques d’investissement ont rapidement trouvés les ressources théoriques et les compétences d’ingénierie nécessaires pour concevoir, à partir des briques de base existantes, et en particulier les CDS, des produits structurés plus complexes, répondant aux exigences les plus diverses des investisseurs. Dans ce qui suit nous allons présenter quelques uns de ces produits complexes, et plus précisément ceux qui servent de supports aux montages de la titrisation et qui avaient un rôle fondamental dans l’effondrement du système financier international. 70 Les produits dérivés II. FALLOUL & LOUAHI Les produits structurés de crédits Fruits de l’innovation financière, les produits structurés de crédit sont issus du processus complexe de titrisation. La titrisation est une opération par laquelle un émetteur (un établissement financier ou une entreprise) cède sur les marchés des titres de capitaux des titres de dette ayant la caractéristique d’être adossé à un portefeuille d’actif. Nous consacrerons le chapitre suivant sur la technique de la titrisation et son rôle dans la crise financière actuelle, nous nous limitons dans ce chapitre à présenter les produits structurés qui en découlent. Les produits structurés de crédit (titrisés) se distinguent d’abord par le portefeuille support qui concerne soit des crédits, échangeables ou non sur le marché, assurés ou non contre la défaillance, soit des dérivés de crédit. Il est usuel d’employer des noms différentes pour les produits dérivés selon le support. Support Dérivé de crédit Prêts de gré-à-gré Collateral Loan Obligations (CLO) Obligations Collateral Bond Obligations (CBO) Prêt de gré-à-gré assurés, hypothécaire Mortgage Backed Securities (MBS) Prêt de gré-à-gré assurés, consommation, Asset Backed Securities (ABS) automobile Credit Default Swaps (CDS) CDO synthétique Collateral Debts Obligations (CDO) CDO de CDO ou CDO2 CDO2 CDO3 Les portefeuilles support peuvent comporter des créances plus au moins homogènes selon l’opération de titrisation ainsi : - les supports des CBO et CLO sont composés d’un nombre limité de débiteurs commerciaux (de 20 à 500) et qui sont souvent assez hétérogènes. - Les supports des MBS ou ABS «classiques » sont constitués de portefeuilles composés de (500 à 100000 ) débiteurs et qui sont souvent plus homogènes. Dans c qui suit, nous présentons d’abord une typologie succincte des produits structurés, au sein desquels la classe des CDOs retiendra plus particulièrement notre attention. Après avoir introduit les mécanismes de base, nous présentons quelques structures types afin de refléter la diversité des montages existants et leur complexité croissante. 1. Les produits structurés de titrisation, MBS, ABS et ABCP. 71 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Les titres issus de la titrisation ainsi proposé au marché s’appellent « term deals » (exemple MBS et ABS) s’ils ont la forme d’une obligation longue et conduit (exemple Asset Backed Commercial Paper, ABCP) s’ils sont émis à court terme. 1.1 Les Mortgage Backed securities « MBS » Les MBS sont des instruments basés sur des créances hypothécaires créées dans le cadre de l’activité d’une entreprise ou d’une banque. Il existe deux sous-classes d’actifs MBS : - les MBS commerciaux (commercial Mortgage backed securities, CMBS) dont l’actif sous jacent est composé de créances adossées à un parc de propriétés à usage commercial ; -les MBS résidentiels ( Residential Mortgage Backed-securities, RMBS), dont l’actif sous jacent est composé de créances adossés à un parc de propriétés à usage résidentiel. 1.2 Les Asset backed securities « ABS » Les ABS sont des montages permettant d’émettre de nouveaux produits de dette sui sont adossés à des actifs préalablement existant. On a tendance à regrouper les ABS autour des catégories suivantes : -Les comptes à recevoir sur carte de crédit (credit card receivals); -Les différentes formes de crédit à la consommation ; -Le leasing (crédit-bail) pour les avions, les automobiles, etc. ; -Les créances commerciales (elles servent en particulier de sous-jacent à des programmes d’émissions de papier commercial, Backed Commercial Paper, ABCP) ; - Les prêts étudiants (student loans) ; -L’immobilier commercial et professionnel Une catégorie spécifique d’ABS est constituée par les CBO et les CLO (collateralized bond obligation et collateralized loan obligations). Il s’agit de programmes dans lesquels on refinance grâce à un SPV un portefeuille d’obligation ou un portefeuille de prêts bancaires en émettant plusieurs tranches de titres, dont le rendement dépend de la performance des obligations et des 72 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI prêts sous-jacents. Certains des titres ainsi émis peuvent être de nature spéculative, ce qui est reflété par la notation des différentes tranches. 33 2. Les collateralized Debt Obligations (CDO) Fruits d’innovations financières relativement récentes, les CDO (Collateralised Debt Obligations) sont des titres représentatifs de portefeuilles de créances bancaires ou d’instruments financiers de nature diverse. Au confluent de la titrisation et des dérivés de crédit, ces produits de finance structurée, en plein essor, recouvrent des montages répondant à différentes motivations des institutions financières, celles-ci pouvant chercher aussi bien à réduire leur coût de refinancement ou à exploiter des opportunités d’arbitrage qu’à se défaire de risques de crédit. Toutefois, quelle que soit leur forme, les CDO ont en commun d’être émis en différentes tranches dont le découpage obéit aux techniques de la titrisation et permet de redistribuer de manière ad hoc aux investisseurs les revenus et le risque de crédit de leur portefeuille sous-jacent.34 Toutefois, à la différence des opérations de titrisation traditionnelles portant sur des portefeuilles homogènes englobant un grand nombre de débiteurs cédés(ABS, RMBS, CMBS..), les CDO sont généralement adossés à des actifs financiers de nature hétérogène ou des dérivés de crédit concernant un nombre restreint de signatures. Dans les CDO, les actifs adossés sont des prêts bancaires aux entreprises (loans), des obligations (bonds), ou des dérivés de crédit définis sur la base des mêmes sous-jacents, par exemple, un CDS protégeant contre le risque de défaut attaché à une signature corporate. 2.1 Classification des CDO On peut classer les CDO selon trois critères - Objectif de la transaction Nous distinguerons ainsi les CDO de Bilan (balance-sheet CDO) et les CDO d’arbitrage. La première catégorie est la plus répondue pour des raisons historiques et réglementaires. Cette catégorie a vocation à fournir des outils de gestion du capital réglementaire des établissements bancaires permettant une gestion plus dynamique du capital économique. Dans cette optique, un émetteur a recours à un CDO pour sortir de son bilan une partie du risque de crédit (provenant de ses activités de financement) et rendre à nouveau disponible une partie des fonds propres. 33 François Leroux, la titrisation, Note pédagogique MIC n 16, tiré du site suivant http://www.fimarkets.com/pages/titrisation.html 34 OLiviier COUSSERAN et Iméne RAHMOUNI, Le marché des CDO Modalités de fonctionnement et implications en termes de stabilité financière, Banque de France, Revue de la stabilité Financière, N 6, juin 2005. 73 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI La seconde catégorie, apparue au moment de l’essor des junk bond, a pour but d’effectuer un arbitrage de marché en achetant un portefeuille qui sera ensuite tranché en différents niveaux de risque et proposé à des investisseurs. Le but étant que le coût de refinancement du portefeuille tranché soit moins important que celui de l’acquisition des actifs, en d’autres termes Les CDO d’arbitrages sont fondés sur l’exploitation par l’initiateur (en général l’arrangeur 35) de la transaction n’est pas tenu de détenir au préalable le portefeuille sous-jacent et la rémunération aux souscripteurs de la tranche -Mode de transfert de risque de crédit du portefeuille mis en adossement Celui-ci peut passer par la cession totale du portefeuille ai véhicule émetteur, avec paiement du cash, ou bien revêtir une forme synthétique, lorsque le véhicule contracte des dérivés de crédit sur les signatures ou les titres du portefeuille de référence. -Mode de gestion du portefeuille d’actifs Le pool d’actifs pourra être soit géré de façon dynamique tout au long de la vie du CDO (selfmanaged CDO) ou demeuré inchangé (static CDO). La structure et les caractéristiques du CDO statique resteront les mêmes de son émission à sa maturité puisque le collatéral ne changera pas (mis à part l’amortissement des différents actifs), alors que dans CDO managed, le collatéral pourra lui évoluer tout en respectant des règles de substitution(triggers, maintien d’une proportion de certaines classes d’actifs, maturité globale du collatéral…)qui auront été fixés au préalable lors de l’émission du CDO, afin de ne pas garder la qualité du CDO. 2.2 Composition du portefeuille sous jacent Les actifs mis en adossement sont des prêts bancaires, des obligations ou des dérivés de crédits. Suivant les actifs mis en adossement, les structures de CDO sont soit : -des CLO (Collateralised-Loans-Obligations) correspondent à des montages où les actifs sont des prêts bancaires ; -des CBO (Collateralised-Bonds-Obligations), dans le cas où les prêts bancaires laissent place à des obligations. D’une manière générale, on retiendra le terme général CDO (collateralised-Debt-Obligations) lorsque des prêts et des obligations sont mélangés. Lorsque les actifs mis en adossement ne sont constitués que de prêts bancaires et d’obligations, nous parlerons de cash-CDO. Si nous considérons des structures dans lesquelles les actifs ne sont qu’exclusivement composés que des dérivés (principalement des CDS), nous parlerons de CDO synthétiques. Lorsque des actifs de type titres obligataires sont mêlés à des produits dérivés, on parlera de CDO hybrides. 35 L’arrangeur est une banque d’investissement ou une société de gestion d’actif chargée de placer les tranches de CDO auprès des investisseurs, contre paiement d’une commission. Nous reviendrons plus en détaille sur ces notions dan le chapitre suivant. 74 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Toutes ces structures ne sont pas apparues toutes au même moment. Elles reflètent plutôt le processus d’innovations financières de la dernière décennie. La figure suivante montre bien ce processus. Figure 23 : Les quatre générations de CDO Source : Banque De France, Revue de la stabilité Financière, N 6, juin 2005 3. Analyse structurelle des CDO Prenons la structure simplifiée suivante et essayant de l’analyser : Figure 24 : Analyse structurelle d’un CDO Systématique Obligations souveraines Obligations d’entreprises Tranche Senior Établi par l’auteur Credit Default Swaps Tranche Mezzanine 14 % Nature du risque 3% Tranche equity Idiosyncratique 75 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Nous supposerons que cette structure se compose d’un actif et d’un passif égal à 500. A l’actif, on trouve les différents actifs composant le portefeuille sous-jacent. Dans ce cas, nous retrouvons des obligations souveraines, des obligations d’entreprises et des CDS. Il s’agit don d’un CDO hybride contenant un mélange d’instruments de cash et des outils synthétiques Le passif de cette structure se compose de trois tranches constituant les titres de dettes adossées à l’actif, proposées aux investisseurs. La tranche equity est la plus exposée au risque de perte, suivi de la tranche junior (ou mezzanine) qui est moins risqué que la tranche equity, et enfin on trouve la tranche senior, bénéficiant de la protection des tranches equity et junior, est la moins exposés aux pertes. Ces tranches sont très souvent caractérisées par deux notions : -Le concept de subordination ; -Celui de l’épaisseur de la tranche (thickness). La tranche equity ne dispose pas de subordination, donc de la protection d’une tranche qui lui serait subordonnée, en d’autres termes, c’est la tranche equity qui subit toujours les premiers défauts et absorbe les défauts jusqu’à être totalement amortie (lorsque les pertes sur défaut dépassent le montant nominal de la tranche). Dans notre exemple, la tranche mezzanine dispose d’un niveau de subordination de 3%, et la tranche senior d’un double niveau de subordination égale à 14% : soit ce niveau est égal à la somme de celui de la tranche equity (3%) plus celui de la tranche mezzanine (11%).L’épaisseur de la tranche se déduit des niveaux successif de subordination. Lorsqu’on dit que l’on détient la tranche 3-14% (junior), cela signifie que l’on bénéficie d’un niveau de subordination de 3 %, que la tranche mezzanine représente un nominal de 11 % et la tranche equity un nominal de 3%. Tout en obéissant au principe rendement-risque, chaque branche dispose de caractéristiques propres. La tranche equity, la plus exposé offre aux investisseurs le rendement le plus élevé et dans l’hypothèse où son détenteur participe à la structure, les intérêts qui lui seront versé correspondront à ce qu’il reste après avoir payé les autres investisseurs. Le fait que les intérêts soient redistribués en fonction d’un ordre de priorité bien défini est connu sous le nom de cascade d’intérêts (interest waterfall) comme c’est bien représenté dans la figure ci-dessous. Nous parlerons de la tranche la plus junior en opposition à la tranche la moins exposée en terme de risque, appelée tranche senior, voir super-senior dans certains montages. 76 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 25 : Interest waterfalls Source : JP Morgan 4. Mise en œuvre des CDO 4.1 Les CDO DE FLUX (ou cash CDO) Dans cette structure, l’émetteur (appelé aussi special purpose vehicle) se porte acheteur d’un portefeuille d’actifs existants (titres obligataires, prêts bancaires, etc.) qui vont générer un ensemble de flux de paiement (paiement des coupons et remboursement du principal. Le transfert de crédit dans cette structure s’opère par une cession parfaite des actifs « true sale » c'est-à-dire que les actifs sont physiquement transférés. Ces achats vont être financés par l’émission de tranches disposant de différents degrés de séniorité. Durant la durée du CDO, le portefeuille sous jacent est généralement par une tierce partie qui a pour mission de gérer les actifs au sein du portefeuille et de procéder à l’amortissement des tranches en cours en cours du vie du CDO. Les 77 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI investisseurs sont servis selon le principe par ordre de séniorité. Les investisseurs seniors sont servis en premier et ceux juniors qui détiennent parts de tranches equity sont servis en dernier lieu. Le risque auquel sont confrontés les investisseurs acheteurs de tranches émises dans le cadre d’un tel montage réside principalement dans le nombre de défaut susceptible d’affecter la composition du portefeuille. En effet le nombre de ces défauts devient important, plus vite le flux de paiement se tarifie et moins les investisseurs (en particulier juniors) recevront eux même de paiement au titre de la détention de la tranche. A la fin de vie du CDO, la valeur notionnelle des instruments n’ayant pas fait défaut est utilisé pour payer le montant notionnel des tranches n’ayant pas été complètement amortie. Le schéma ci-après représente une structure ‘un Cash CDO. Figure 26 : Mécanisme d’un CDO de flux Source : Banque de France, Revue de la stabilité Financière, N 6, juin 2005. 4.2 Les CDO synthétiques Dans ce type de structure, le transfert de risque de crédit du portefeuille sous-jacent s’opère de façon synthétique par l’intermédiaire de dérivés de crédit. Les actifs continus à figurer au bilan du détenteur de l’actif de référence, tandis que le SPV vend la protection à ce dernier via des CDS. Bien que les CDO synthétiques soient parfois classés dans la catégorie des CDO de Bilan, il doit être toutefois fais mention du fait de l’économie en capital réglementaire est nettement moins substantielle dans le cadre de ces structures synthétiques (par rapport a celle de CDO de flux). En fait, les raisons motivant principalement le montage de ces structures synthétiques résident plutôt dans des considérations stratégiques et de relations commerciales. En effet un 78 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI client pourrait ne pas tolérer voir la vente de ces titres de dettes à un SPV d’une part, ce type de montage garantit le maintient du secret de la structure du bilan d’autre part. Aussi faut –il mentionner que certains prêts ne peuvent en raison de clauses contractuelles faire l’objet d’une cession à une tierce partie. Les CDO synthétiques peuvent être soit totalement financés au travers l’émission de tranches soit partiellement financés à couvrir les risques attachés aux tranches les plus séniors. Le schéma ciaprès représente une structure d’un CDO synthétique partiellement financé. Figure 27 : Mécanisme d’un CDO synthétique financé Source : Banque de France, Revue de la stabilité Financière, N 6, juin 2005. 4.3 Le Market Value CDO Ces structures répondent aux exigences des normes comptables internationales IFRS et la norme IAS 39, les investisseurs doivent fournir des valorisations dites Marked to Market, c'est-à-dire qui reflètent la valeur du marché. Dans less structures du Market value CDO, et contrairement au CDO d flux les actifs constituant le portefeuille sous-jacent sont comptabilisés en valeur de marché sur une base quotidienne. Dans l’hypothèse ou la valeur agrégée des actifs viendrait à dépasser une certain valeur seuil, le gestionnaire cède alors une partie des actifs et rembourse les investisseurs en respectant les degrés de séniorité. Ces structures sont considérées plus flexibles que les précédentes et offre un éventail de choix plus grand pour le gestionnaire qui peut en particulier juger de l’opportunité d’augmenter ou de 79 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI baisser le niveau de levier de la structure afin d’augmenter les rendements ou de mieux répartir les risques entre investisseurs. 5. Applications des produits dérivés et structurés de crédit Les applications des produits dérivés de crédit peuvent être regroupées en quatre catégories ; la gestion du risque de crédit, la gestion du bilan, la réduction du coût de financement des positions et la diversification de la politique d’investissements. 5.1 La gestion du risque de crédit Comme nous avons déjà mentionné dans la partie précédente, le risque de crédit est à l’origine du développement des dérivés de crédit. La gestion des lignes de crédit se révèle d’une grande utilité dans les cas où une banque a consenti une proportion excessive de ses prêts à des entreprises de secteurs d’activité particuliers, notamment parce qu’elle y jouit d’un avantage concurrentiel. Bien que le risque de concentration puisse être réduit par d’autres moyens (comme la vente des prêts sur le marché secondaire ou l’octroi de prêts à des entreprises de nouveaux secteurs), le recours aux dérivés de crédit comporte des avantages. Tout d’abord, la vente prêts risque de porter ombrage à la clientèle (le client pourrait ne pas apprécier que sa banque de désengage à son égard, signe qu’elle n’a plus aussi confiance en sa solvabilité). Ensuite, les prêts accordés dans des secteurs que la banque connait moins peuvent exposer celle-ci à de nouveaux risques. Enfin, l’utilisation de dérivés de crédit peut aider la banque à diversifier son portefeuille de prêts de façon plus économique, sans compromettre ses relations avec la clientèle. 36 5.2 La gestion du bilan Les dérivés de crédit ont des autres utilisations majeurs qui consistent à alléger le coût du capital réglementaire de l’entreprise d’une part, ainsi que d’optimiser le couple risque/rendement d’autre part. Concernant la première application, il est facile de comprendre le fait d’acheter une protection par un agent est susceptible de réduire ou d’alléger le montant de fonds propres réglementaires dont cet agent doit disposer. C’est la fonction même d’un CDS ou encore d’un CDO de bilan qui permettent de déconsolider un portefeuille de créances. Le terme allègement des fonds est plutôt utilisé que celui d’annulation car l’agent doit quand même disposer de fonds propres réglementaires en cas de défaut du vendeur de protection. En temps normal, le besoin en fonds propres réglementaires concernant le vendeur de protection est inférieur à celui concernant l’actif de référence. Concernant la deuxième application, les dérivés de crédit améliorent le risque/rendement sur les positions de crédits à travers la création de produits synthétiques sur mesure, en d’autres termes ces produits permettent l’obtention de profils risque-rendement qu’il serait trop coûteux, voir 36 John Kiff et Ron Morrow, Les produits dérivés de crédit, département des Marchés financiers, REVUE DE LA BANQUE DU CANADA • AUTOMNE 2000. 80 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI impossible, de réaliser sur le marché au comptant. Supposons un investisseur qui désire acheter une obligation à cinq ans émise par le gouvernement du Brésil et libellée en euros. Si ce titre n’existe pas sur le marché, l’investisseur peut toujours acheter une obligation à cinq ans de L’Etat Français libellés en euros et vendre simultanément une protection de cinq ans contre la défaillance du gouvernement Brésilien. Il recevra les intérêts produits régulièrement par l’obligation Française plus une commission périodique pour la protection qu’il a vendue. En échange de cette commission, il assume un risque de perte en cas de défaut de paiement du Brésil. Le profil risque-rendement net des deux opérations est très similaire au profil d’une obligation du Brésil à cinq ans libellée en euros (le propriétaire de l’obligation brésilienne toucherait une légère prime par rapport au rendement de l’obligation Française, mais subirait une perte en cas de défaut de paiement du Brésil). 5.3 Diminution du coût de financement des positions Dans la mesure où les coûts associés à des obligations ou des créances peuvent être dupliqués par des produits dérivés de crédits, ce derniers, notamment via des TRS et des CDS rendent possible la réduction des coûts de financement car les spread relatifs à un dérivés de crédit sont dans la plupart des cas inférieurs aux coûts issus du portage d’une position. 5.4 Diversification de la politique d’investissement Enfin les dérivés de crédit sont d’instruments de la diversification de la politique d’investissement. Car d’une part, ces produits sont taillés sur mesure du profil/rendement des investisseurs, en d’autres termes il offre une certaine souplesse en donnant la possibilité à leur utilisateurs (investisseurs) de s’exposer au risque qui leur parait le plus adapté à leur situation. D’autre part, ces instruments offrent un effet de levier « leverage », qui est la source principale des opportunités d’accroissement du rendement sur investissement.37 Les produits dérivés de crédit ont bien montré leur utilité pour les acteurs des marchés financiers que ça soit dans la gestion du risque de crédit, la gestion du bilan ou encore la gestion de la diversification du risque. Cependant, la complexité de ces instruments est un fait bien connu, ce qui a contribué à des problèmes dans leur pricing. Dans ce qui suit nous allons donner une présentation générale des outils qui permettent d’évaluer les produits dérivés de crédit et quel est leur degré d’exactitude. 37 Cet effet levier est considéré comme une arme à double tranchant, car s’il est vrai qu’il constitue une source principale des opportunités d’accroissement du rendement sur investissement. Néanmoins, ce leverage est pourtant l’un des risques les plus dangereux pour les marchés financiers car il fait courir un véritable risque systémique. Nous reviendrons plus en détails sur cet élément dans le chapitre suivant. 81 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI II.L’évaluation des produits dérivés de crédit Nous présentons dans cette section les 3 facteurs centraux dans l’évaluation du risque de crédit, ensuite nous passerons en revue les principaux modèles d’évaluation des produits dérivés dé crédits, et enfin les tests applicables à ces modèles. I .L’évaluation du risque de crédit Trois facteurs sont placés au cœur de l’évaluation du risque de crédit : la probabilité de défaut, la corrélation entre temps de défaut et le taux de recouvrement. 1. La probabilité de défaut(PD) La mesure de la probabilité de défaut est au centre de l’évaluation du risque de crédit d’un produit dérivé de crédit. Intuitivement, il est facile de distinguer deux approches pour évaluer la probabilité de défaut : -L’évaluation par le biais des données historiques ; -L’évaluation par les modèles mathématiques. L’évaluation de la probabilité de défaut par les données historiques a long temps joué un rôle majeur dans l’évaluation du risque de crédit mais cette approche a été confronté à quelques reproches : -La rareté de l’événement de crédit a souvent mis en avant le reproche selon laquelle ces estimations étaient limitées. -Les probabilités historiques étant un indicateur du passé, les acteurs financiers ont souvent contesté l’exactitude de ces données en tant qu’un indicateur futur. Les modèles mathématiques ont pris une grande place dans le monde de la finance en général et dans celui des produits dérivés en particulier au cours des dernières années. Aujourd’hui nous distinguons deux familles de modèles dans l’évaluation du risque de crédit : -Les modèles structurels qui représentent le défaut comme un événement endogène défini à partir de la structure du capital ; -Les modèles sou formes réduites qui représentent le défaut et les événements de crédit comme des événements exogènes, dont le modèle spécifie la probabilité de survenance. Nous consacrerons toute une section pour l’étude de ces modèles. Aujourd’hui, le marché reconnait quartes méthodes : -La probabilité de défaut implicite d’un CDS ; -La probabilité de défaut à partir du prix d’une obligation ; 82 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI -La probabilité de défaut à partir d’une matrice de transition ; - la probabilité de défaut à partir des modèles structurels. Il faut bien noter que cette liste des méthodes n’est pas exhaustive, elle met en lumière les principales techniques utilisées à ce jour par les acteurs des marchés financiers 1.1 La Probabilité de défaut implicite d’un CDS Pour une courbe de spread swap donnée, la courbe de swap spread peut être calculée. Cette méthode se base sur le processus inverse autrement dit, à partir d’une courbe se swap spread, on calcule la courbe de défaut. C’est méthode est plus connues sous le nom de « bootsrapping ». Donnons un exemple pour illustrer cette méthode. Rappelons que si on considère une période d’observation, la perte espérée d’un CDS, PE, est déterminée par la formule suivante : P étant la probabilité de défaut et RR le taux de recouvrement en cas de l’occurence du défaut.On suppose qu’il ya indépendance entre le taux de défaut et le taux de recouvrement. En l’abscence de frictions dans le marché, le Primium S du CDS(ou perte espéreé actualisée au taux sans risque ) devrait égal à : Géneralisons ce procédé à un CDS de maturité M utilisant une intrensité de défaut λ. La marge de crédit ou spread du CDS est a lors payé cahque période M(i) ,i = 1,…..,n avec M(n)= M et la probabilité de défaut à la période M(i) est de : 83 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Si on évalue la valeur actuelle de la jambe de défaut38 du CDS (Default Leg) comme étant : Et la valeur actuelle de la jambe de premium (Premium Leg PL) comme étant : Y(i) étant le taux sans risque pour la période M(i), et S(M) le premium payé par l’acheteur de protection pour le CDS de maturité M. Le breakeven spread d’un CDS est défini comme étant la valeur du spread da la jambe fixe (premium leg) qui vient annuler la valeur actuelle d’un CDS. En d’autres termes, le breakeven spread est la valeur S pour laquelle : On en déduit la relation suivante : Il suffit de connaitre le taux de recouvrement et d’avoir la courbe de taux sans risque pour extraire l’équation de l’intensité de défaut et estimer la probabilité de défaut. 1.2 La probabilité de défaut à partir du prix d’une obligation Cette méthode consiste à extraire la probabilité de défaut du prix d’une obligation. Prenons un exemple pour illustrer cette méthode. Soit P la probabilité de défaut de l’obligation, RR le taux de recouvrement et r le taux de défaut sans risque. Si le prix de l’obligation est de B, la neutralité du risque implique : 38 La jambe de défaut représente la somme totale versée par le vendeur à l’assuré. 84 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI De l’équation précédente, on peut aisément extraire la probabilité de défaut : En généralisons le raisonnement précédent au cas d’une obligation à N périodes de remboursement est d’un montant nominal de 100. Le prix B(t) de cette obligation à la période t est égal à la somme des flux futurs actualisés : Avec rit le taux sans risque pour chaque période. Supposons que la probabilité de défaut est constante pour chaque période : pt1 = pt2= pt3=…..= ptn, si le taux de recouvrement RR et le coupon payé sont les mêmes pour chaque période, on peut alors écrire que : En connaissant le prix B(t) actuel de l’obligation, le taux de recouvrement, le coupon et le taux sans risque, on peut extraire la probabilité de défaut. 1.3 La probabilité de défaut à partir d’une matrice de transition Comme nous l’avons déjà mentionné dans le chapitre précèdent, les agences de Rating publient régulièrement des matrices de transition qui indiquent le pourcentage d’obligations sur une période donnée (en l’occurrence 1 an) qui sont passées d’un rating i à un rating j. Donnons un exemple, cette matrice nous indique Si une obligation est notée AAA en début d’année, la probabilité que son rating ne change pas, c'est-à-dire reste AAA est de 90.81%, par ailleurs, la probabilité que son rating se dégrade à BBB est de 0.06% et la probabilité que cette même obligation fasse défaut est nulle. 85 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Rating AAA AAA 90.81% AA 8..33% A 0.68% BBB 0.06% BB 0.12% B 0.00% CCC 0.00% default 0.00% AA 0.70% 90.65% 7.79% 0.64% 0.06% 0.14% 0.02% 0.00% A 0.09% 2.27% 91.05% 5.52% 0.74% 0.26% 0.01% 0.06% BBB 0.02% 0.33% 5.95% 86.93% 5.30% 1.17% 0.12% 0.18% BB 0.02% 0.14% 0.67% 7.73% 80.53% 8.84% 1.00% 1.06% B 0.00% 0.11% 0.24% 0.43% 6.48% 83.46% 4.08% 5.20% CCC 0.22% 0.00% 0.22% 1.3% 2.38% 5.00% 64.85% 19.79% default 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 0.00% 100% Cette matrice de transition permet de déterminer les probabilités cumulatives qu’une obligation de rating i migre à un rating j à la fin de la nième année. Pour cela supposons que les probabilités suivent une chaine de Markov, c'est-à-dire que les migrations d’un coté comme de l’autre sont indépendantes d’une année sur l’autre. En multipliant la matrice de transition par elle-même une fois (M2), nous obtiendrons les probabilités cumulatives de migrations à la fin de la 2éme année. En la multipliant par elle-même (n-1) fois, nous obtiendrons la probabilité cumulative de migration de rating i à j à la fin de la nième année. Si nous prenons la dernière colonne sur cette matrice de transition, celle-ci représente la probabilité pour une obligation d’être en défaut. Ainsi en suivant ce principe nous pouvons déterminer les probabilités de défaut cumulatives à la fin de la nième année. Exemple des probabilités de défaut pour chaque rating sur 30 ans à partir de la matrice de transition ci-dessus. 86 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Du tableau précédent nous pouvons lever les remarques suivantes : -Les probabilités marginales de chaque année, c'est-à-dire les accroissements des probabilités cumulatives, différent selon le rating. Ainsi, les probabilités marginales des ratings élevés augmentent avec le temps, celle des rating faibles augmentent durant les premières années puis baissent par la suite. Ceci montre qu’une obligation avec un mauvais rating aura autant plus de chance de survivre, si elle survie durant ses premières années. (Le rating CCC dans le graphique suivant illustre bien ce comportement). Figure 28 : Les probabilités cumulatives de chaque rating Paul SAINT-PASTEUR, les dérivés de crédit, ESCEM Tours Poitiers 2008 87 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI 1.4 la probabilité de défaut à partir des modèles structurels Cette étude fera l’objet de la sous-section en bas. Ces méthodes d’évaluation ont fait l’objet de nombreuses critiques quant à leur exactitude, -Les données historiques utilisées dans les matrices de transitions se sont vues reprochés de ne pas être un bon indicateur des valeurs futures, quoi que cette méthode est bien d’actualité ; -Les méthodes décrites ci-dessus utilisent des probabilités risque neutre qui supposent l’absence d’arbitrage sur les marchés et reflètent l’aversion au risque des investisseurs, incluant généralement un risque premium. Les probabilités risque neutre sont jugées trop pessimiste par rapport à ses concurrentes (les probabilités objectives) et sont peut être aujourd’hui l’une des raisons de la sous évaluation du risque de crédit relatif à un actif car pas assez conservatrices. Las situation actuelle pourrait exiger l’addition d’un premium encore plus sévère à la valeur de la probabilité risque neutre, cependant il ne faut pas tomber dans une généralisation de cette correction qui est très exigeante en terme de capital réglementaire ou de provisions réglementaires en cas de pertes potentielles. 2. L’évaluation de la corrélation entre temps de défaut La corrélation est un paramètre fondamental dans l’évaluation du risque de crédit relatif à un actif financier au même titre que la probabilité de défaut. L’évaluation de cette variable se justifie par le fait que les sous-jacent de dérivés de crédit sont souvent diversifiées. En d’autre termes, l’objet de la méthode est d’évaluer la probabilité au sein du sous-jacent entraine un ou plusieurs autres. La corrélation entre temps de défaut est donc une mesure de l’intensité qu’un certain nombre de défauts arrivent ensemble. Prenant un produit structuré CDO pour illustrer la corrélation de défaut. La première hypothèse à mettre en valeur pour expliquer et évaluer la corrélation est d’admettre que cette dernière n’affecte en rien la perte espérée globale du portefeuille mais affectera la distribution de pertes sur le passif. Le graphique suivant montre bien les changements de la courbe de distributions des pertes lorsque l’on fait varier la corrélation. 88 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 29: Courbes de distribution et corrélation La corrélation permet de calculer le niveau de perte qu’une tranche peut supporter. Elle est dont une valeur déterminante du fair spraid que devrait payer une tranche. Le changement de corrélation modifie la valeur des tranches entre elles dans la mesure où, pour un coefficient de corrélation ρ donné indique que certaines tranches perdront de la valeur au profit d’autres. La méthode des « copules gaussiennes » est considérée comme La méthode standard actuelle de pricing des tranches des produits dérivés de crédit, elle lie les temps de défaut des actifs sousjacent par des séries de variables aléatoires corrélées. Il y a trois types de variables à déterminer pour pricer une tranche : - les spreads de chaque actif sous-jacent dans le portefeuille - les caractéristiques de la tranche à pricer : les points d’attachement, la largeur de la tranche ; - Enfin, il faut estimer une méthode pour intégrer la corrélation de défaut entre les actifs du portefeuille sous-jacent ; Pour introduire la corrélation de défaut, supposons que chaque actif Xi du portefeuille sous-jacent soit défini par : 89 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Zc et εi (les variables explicatives) sont des variables aléatoires indépendantes et normalement distribuées avec pour moyenne 0 et variance 1. X i (la variable expliquée) est elle aussi normalement distribuée avec pour espérance 0 et variance 1. Z c s’interprète comme étant le facteur commun (exemple contexte économique général) et ε i comme étant le composant idiosyncratique de la variable Xi (spécifique à chaque actif). En d’autres cette relation peut se lire de la façon suivante : un actif peut faire défaut pour des raisons générales dues à L’état de l’économie ou encore pour des raisons liées à son propre environnement. La corrélation entre et Xj est aiaj est appelée corrélation copula. L’actif Xi est relié au temps de défaut ti par la relation suivante : Ou N est la fonction de la distribution cumulative normale est Q i est la fonction de distribution cumulative de t i, le facteur Zc évalue la dépendance des défauts entre les actifs. Si on suppose que Zc a une valeur donnée, la probabilité de survie de l’actif i par la relation suivante : Maintenant que la corrélation a été a introduite, nous allons voir les méthodes qui existe afin de l’évaluer. Il faut noter que ces méthodes sont semblables à celle du modèle Black & Scholes. Les acteurs du marché utilisent le niveau des prix des produits dérivés pour déterminer une corrélation implicite. Il existe deux méthodes d’évaluation de la corrélation implicite : - La corrélation composée (compound correaltion) ; - la corrélation de base. Le principe de la méthode de la corrélation composée, étant de fixer le spread du produit de dérivé de crédit (de la tranche dans notre exemple) pour déterminer la corrélation qui d’après le modèle décrit ci-dessus correspond à ce niveau de spread. Cette méthode est critiqué pour la raison suivante : Si certaines tranches (la tranche senior) perdent systématiquement de la valeur lorsque la corrélation augmente alors que d’autres en gagnent (la tranche equity), les tranches mezzanines entretiennent une relation incertaine avec la corrélation et peuvent prendre comme perdre de la valeur. C’est pourquoi une autre méthode a été établie. Il s’agit de la méthode de corrélation de base développé par Mc Ginty & Ahluwalia de JP Morgan. 90 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Cette méthode interprète chaque position comme une position long/short. Considérons une position dont les points d’attachements et de détachement respectivement 4% et 8 %. Si on souhaite déterminer la perte espérée de cette tranche on peut écrire cette relation : E[L(4 ; 8)] = E[L(0 ; 8)] – E[L(0 ; 4)] Dans cette relation, le détenteur d’une position dont les points d’attachements et de détachements sont (4 ; 8) est dans la même situation qu’il se trouvait long d’une posision (0;8) et short d’une position (0 ; 3 ). Les tranches equity, étant longues corrélation ( ce qui signifie qu’elles prennent de la valeur lorsque la corrélation augmente), il est plus facile d’évaluer la corrélation pour les tranches equity (0 ; 4) et (0 ; 8). Les points 4 et 8 sont appelés les points d’attachements de des corrélations de base (0 ; 4) et (0 ; 8). La courbe de corrélation de base est donc l’unique série de corrélation de tranches equity cohérente avec les prix observés. Il existe une remarque semblable à celle qu’on peut trouver sur le smile de la volatilité des options. En effet suivant l’endroit ou en se place dans le capital structure, la corrélation est différente. Ce comportement est appellé base correlation skew. 3. Le taux de recouvrement Au même titre que la probabilité de défaut et la corrélation, le taux de recouvrement est considéré comme un paramètre fondamental dans la détermination du risque de crédit. Comme nous l’avons bien précisé dans les chapitres précédents ce taux mesure la part du montant de l’exposition au moment du défaut que la contrepartie sera à même de rembourser. Prenons un exemple simple pour comprendre son application, un investisseur détenteur d’une position longue d’obligation pour un montant de 1.000.000 de dollars, sachant que la probabilité de défaut est de 10 % est le taux de recouvrement est de 40 %, la perte espérée peut se déduit de la façon suivante : 1.000.000 * 10 %* (1 – 40 %) = 60000 dollars Si le taux de recouvrement baisse et atteint 30 %, dans ce cas la perte espérée sera de : 1.000.000 * 10 % * (1 – 30 %)= 70000 dollars Soit la perte espérée a accusé une augmentation de 16.67 % Pour évaluer le taux de recouvrement, on recourt le plus souvent à la méthode d’étude des résultats historiques. D’après une étude réalisée par Til Schumerman, économiste à la Federal Reserve Bank (FED) de Newy ork, publié dans son article « What do we know about loss given default »39, il constate que la distribution du taux de recouvrement est bimodale. 39 http://www.newyorkfed.org/research/economists/schuermann/Schuermann_LGD What_do_we_know_1.5.pdf. 91 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI En effet comme c’est bien montré sur le graphique juste au dessous, on distingue deux modes dans la distribution du recouvrement : les taux de revouvrement sont soit assez faibles, soit assez élevés, la partie faible étant nettement plus importante. Figure 30 : Caractéristiques de la distribution des taux de recouvrements Probability Distribution of Recovries, 1970-2003: All bonds and loans (Moody’s) Cette étude justifie le fait que la séniorité du titre et sa nature (emprunt ou obligation) ont un impact significatif sur la distribution du taux de recouvrement. Selon la même étude, il s’est avéré qu’un autre a une influence avoir une influence sur la distribution du taux de recouvrement. En effet, le cycle économique, qu’il soit en récession ou en expansion modifie la courbe de distribution. Le graphique suivant montre bien cette influence : 92 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 31 : Distribution des taux de recouvrements et cycles économiques Probability Distribution of Recovries, 1970-2003: All bonds and loans (Moody’s) D’après le même article de Til Schumerman, Altman et Kishore(1996) ont prouvé à leur tour que le taux de recouvrement était fonction de l’industrie du sous-jacent. Les résultats de cette étude figure sur le tableau suivant : Tableau : Taux de recouvrement et industrie du sous-jacent Industry and Impact, from Altman and Kishore (1996) Nous avons présenté les trois paramètres au cœur de l’évaluation du risque de crédit que supporte un produit dérivé de crédit, dans ce qui suit nous passerons en revue un panorama des approches de modélisation du risque de crédit. 93 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI II. Les modèles d’évaluation des produits dérivés et structurés de crédit 1. Le modèle structurel de Merton Le fameux article de de Black & Scholes publié en 1973 intitulé « The pricing of options and Corporate Liabilities » présentait déjà le point de vue selon laquelle la dette d’une entreprise peut être analysée et évaluée comme une option sur la valeur de celle-ci. Ce point de vue, développé ensuite par Merton et d’autres, représente le défaut comme un évenément endogène défini à partir de la structure du capital d’une firme, d’où le nom de « modéles structurels » qui est souvent donné a ce type de modèles. Cette section est consacrée à la description du modèle structurel de merton. Le modèle de Merton destiné à évaluer le risque de crédit d’une entreprise fait appel au modèle Black and Scholes, se base sur le levier financier de cette dernière. Le modèle de Merton se base sur les hypothéses suivantes : Soit une entreprise X dont le bilan se constitue d’actions et d’une émission d’obligations zérocoupon. Ces deux éléments ont les caractéristiques suivantes : -Le nombre d’actions est de n dont le prix initial est de S 0 ; -la valeur des obligations émises est de F, de maturité T et dont le prix initial et de B0 La valeur V de la firme en t = 0 est donc égale à la somme des valeurs des actions et de la dette Le modèle de Merton se fonde sur l’hypothèse selon laquelle les capitaux propres d’une entreprise sont analogues à une option d’achat sur les actifs de cette entreprise. Selon Merton, lorsque la valeur VT d’une entreprise, qui suit un processus de diffusion, est inférieure à la valeur de sa dette, alors l’entreprise est en défaut. En prêtant à l’entreprise, les créanciers se sont portés acquéreurs de l’entreprise et on vendu une option call aux actionnaires puisque si l’entreprise venait à faire faillite, ils en deviendraient les propriétaires. A l’inverse si l’entreprise est en mesure de rembourser la valeur de sa dette, les actionnaires exerceront alors leur option call. Ainsi, la valeur à maturité de la dette émise par la firme s’exprime comme Si la valeur nominale des obligations F est supérieur à la valeur de l’entreprise, cette dernière est alors en défaut et la valeur des obligations est égale à la valeur de l’entreprise V T. Si l’entreprise est solvable, alors l’entreprise rembourse la valeur de sa dette BT = F. On reconnait bien l’écriture de l’option d’achat CT de maturité T dont le prix d’exercice est de F : 94 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI En remplaçant cette équation dans celle sui lui précède, on obtient : Soit encore pour t = 0 Ce qui traduit bien le fait que les créanciers sont propriètaires de l’entreprise mais ont vendu une option d’achat. Si on adopte un raisonnement simillaire en se plçant du côté des actionnaires en tant que propriétaire de l’entreprise ayant emprunté un montant F et acheté une option put pour se protéger du risque que présente la dette. Nous aurons : Avec le put PT de maturité T et de prix d’exercice F : On a cette fois BT = F – PT soit encore t = 0 Bo = Fe-rt (r étant le taux sans risque) Cette dernière équation nous permet d’écrire l’obligation risquée est égale au prix d’une obligation sans risque moins le prix d’un put. Ce dernier peut être assimilé à une prime de risque. Sachant que, d’après les formules Black & Scholes, le prix d’un put européen P est de : En substituant dans l’équation précédente, on déduit que : Tout ce qui est entre les crochet représente le facteur d’escompte d’une obligation. Si on suppose la composition des intérêts comme continue, on a alors le tauc de rendement de l’obligation risquée rB : La prime de risque liée à cette entreprise sera donc 95 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI L’une des premières limites de ce modèle est le fait qu’il suppose que le défaut n’arrive qu’à l’échéance de la dette. Ce point a pu être amélioré par Black et Cox (1976) en permettant la survenance le défaut à tout moment à maturité. D’autres études empiriques ont montré que les modèles structurels impliquait des marges de crédit inférieurs à celles constatées sur le marché (Jones, Mason et Ronsefeld, 1984).En d’autre terme ces modèles sous-estiment le risque de crédit qu’il évaluent. Il existe une deuxième famille de modèles que l’on dit à forme réduites et qui reposent sur la distribution des pertes d’une entreprise dans un monde risque neutre. 2. Le modèle à forme réduite Comme nous l’avons annoncé précédement, les modèles basé sur la « valeur de la firme » présentent plusieurs limites fondamentales : -Ils réduisent le risque de crédit au risque de marché, lui-même lié à la volatilité des actifs de la firme. Ceci implique en particulier un lien étroit entre lme risque des actions et le risque obligataire d’un même émetteur ; -Le facteur de risque principal, la « valeur de la firme », n’est pas une grandeur observable sur les marchés, ce qui complique l’estimation et l’utilisation de ces modèles ; -Il est difficile d’y intérgrer des facteurs de risques supplémentaires tels que le risque de taux d’intérêt, tout en gradant un niveaux de complexité raisonnable ; A ces limites conceptuelles s’ajoutent des problèmes de mise en œuvre : étant donné que la « valeur de la firme » ne peut être observé directement, l’estimation des paramètres de ces modèles n’est pas aisée. Les modèles à formes réduites, appelés aussi modèles à intensité, ont été introduites pour pallier à ces critiques.Introuduits en 1995 par Jarrow and Tunbull, ces modèles n’exigent la détermination de paramètres sur la valeur de l’entreprise. Par ailleur l’autre différence dans ce type de modèles est que le défaut est une variable aléatooire et donc totalement imprévisible. Pour donner plus de précision, le temps de défaut est défini de manière exogène. Une version simple de ce modèle a été présenté dans les différentes méthodes utilisées pour évaluer la probabilité de défaut. Nous la rappelons içi. D’après ce modèle, l’occurrence du défaut suit un processus Poissonien d’intensité constante λ. Rappelons que par définition, 96 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Un processus de Poisson avec intensité λ est un processus de renouvellement dont la distribution des durées de vie est la loi exponentielle. Un processus de renouvellement est défini comme étant Un processus de dénombrement pour lequel les durées de vie sont des variables aléatoires indépendantes et identiquement distribuées. Une loi exponentielle de paramètre λ > 0 est définie comme étant une loi continue avec densité : La fonction de répartition FT de la loi exponentielle se définit comme suit : Ainsi, dans le cas des modèles à formes réduites, on pose λ l’intensité de défaut. Soit première occurrence du défaut, on alors la probabilité de survie qui s’écrit comme suit : la Généralement, l’intensité de défaut est modélisée comme un processus stochastique pour refléter que l’intensité de défaut d’un emprunteur peut fluctuer à travers le temps. Nous rappelons ci après la formule générale qui permet de déterminer le fair spraid d’un CDS de maturité M : 97 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Les modèles à intensité présentent une plus grande flexibilité dans leur utilisatiuon car les paramètres qu’ilexigent sont donnés par le marché Cet avantage que présentent ces modèles est peut être l’une des raisons pour lesquelles les acteurs de marché qui cherchent à pricer des produits dérivés de crédit ou qui cherchent à ce hedger utilisent plutôt les modèles à intensité de défaut. Les modèles développés ci-dessus traitent le cas d’un seul émetteur. Lorsqu’il s’agit d’évaluer des dérivés de crédit portant sur un panier de multiples entités de référence ou de quantifier l’exposition au risque de portefeuille, il faut non seulement modéliser le risque de crédit de chaque émetteurs, mais également les probabilités de défaut simultané de ces différentes entités risquées. L’objet de cette section est de présenter des modèles de portefeuille, développés dans cet objectif. 3. Modèles de portefeuilles de crédit Alors que les modèles décrits ci-dessus se focalisent sur le cas d’un seul émetteur de dettes, la gestion des portefeuilles de crédit soulève de nouvelle dificultés dans la mesure ou ces paniers regroupent des expositions à un grand nombre d’émetteurs, répartis dans différents seceteurs et catégorie de risque. Ces portefeuille benéficient d’’un effet de diversification évident qu’il s’agit de comprendre et de modèliser, à travers la modèlisation de corrélations de défaut, et plus généralement de la dépendance entre qualités de crédit des différents émetteurs. Un premier objectif qui a contribué fortement au développement des modèles de portefeuille de crédit a été l’exigence pour les banques de calculer le risque de perte qu’elles encourent du fait de leur exposition au risque de crédit. Pour ce faire, à l’instar des pratiques en vigeur pour les risques, la norme utilisée dans ce domaine est de calculer une Credit VaR, mesure défini comme un quantile de distribution des pertes dues à l’exposition au risque de crédit. Le calcul du Credit VaR repose généralement sur étapes complémentaires : -Dans une première étape, on génére une distribution de probabilités des risque de pertes au niveau d’un portefeuillede crédits, pour un horison d’investissement donné (un an par exemple) ; -Dans une deuxième étape, on calcule le montant du capital économique à mettre en regard d’une telle position.40 Pour ce faire, il est nécessaire de prendre en considération l’ensemble des ressources d’exposistion au risque de créditet de modéliser les dépendances entre les évenements de défaut associés. Sur le plan thèorique ; tous les actifs incorporant un risque de crédit devraient donc être intégrés dans le calcul de la Credit VaR du portefeuille : créances bancaires, obligations, lettres de crédit, expositions liées au mark to market favorable de transactions de swaps et autre produits dérivés. 40 Le capital économique peut être défini étant le montant de fonds propres nécessaires afin de couvrir les pertes non anticipé su un portefeuill de de crédits dont la probabilité de survenance dépasse un certain seuil(exemple 1%). Le montant du cpaital économique dépend donc de la volatilité des pertes et des probabilités de défaut. 98 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Etant donné la taille importante de ces portefeuilles et la compléxité des problèmatiques, une approche systèmatique est apparue comme nécessaire dés le commencement de la recherche, ce qui a conduit au développement de plusiseurs logiciels commerciaux qui proposeent chacun une méthodologie pour représenter les corrélations de défaut dans les portefeuilles. Il existe plusieurs modèles de portefeuille qui qui résouent la problèmatique d’évaluation du risque de crédit, les modèles pionniers en la matière sont Credit Metrics développé le 2 Avril 1997 par la Banque Américaine JP Morgan et Credit Risk + développé en octobre 1997 par Dredit Suisse Financial Prodcuts (CSFP), la filiale de la banque Credit Suisse sur les marchés dérivés.D’autres modèles et approches ont depuis été développés, notamment par les agences de notation. Nous présenton dans ce qui suit un modèle de portefeuille utilisée par les agences de notation pour déterminer leur notations. D’après un article du professeur Michel Aglietta, « De la crise financière à l’enjeu d’une meilleur évaluation des crédits structurés »41 : Le modèle de référence utilisé a pour architecture la théorie des options aussi bien pour le pricing (Finger (1999), Mc Ginty & Ahluwalia (2004)), la gestion des risques ou encore le calcul du montant de fonds propres réglementaires dans le cadre de Bâle II (Gordy 2003)). Il suppose qu’une signature est en défaut dés qu’elle s e trouve en situation d’insolvabilités. En d’autres termes dés que la valeur de ses actifs devient inférieure à celle de ses dettes. Dans sa formulation, on écrit le rendement des actifs d’une firme comme une équation factorielle : Ou εi: facteur spécifique normalement distribué X : facteur systématique s’interprétant comme le cycle économique ρ: la corrélation de la signature au cycle D’après la définition du défaut, on écrit Bi étant le seuil de défaut de la firme 41 Un article rédigé par le professeur Français Michel Aglietta (professeur de sciences économiques à l’Université Paris-X Nanterre) en collaboration avec deux autres chercheurs Ludivic Moreau et Adrian roche et qui peut être téléchargé sur le site suivante : http://congres.afse.fr/docs/629210delacrisefinanciereagliettamoreauroche.pdf 99 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI A l’aide la première équation, on en déduit Les notations jouent toujours un rôle central, car Bi qui est une distance au défaut exprimée en rendement, est déduit des tables statistiques des faillites. Soit : A ce stade, on procède à un calcul la distribution de perte du panier titrisés par la simulation Monte Carlo. Elle consiste à tirer aléatoirement (selon la loi normale) les facteurs titrisés une centaine de milliers de fois les facteurs aléatoires et à sommer les pertes obtenus pour chaque tirage. Une fois la distribution est obtenue, les agences de rating déterminent leurs notations pour chaque tranche en fixant le point de subordination pour lequel la probabilité de taux de défaut associé correspondant à celle répertoriée dans les matrices de transition sur corporate. Supposons par exemple que ces matrices indiquent un taux de défaut de 3% les tranches notées A, alors dans le cadre de la distribution ci-après, on détermine que le taux de défaut satisfaisant une telle probabilité est de 28 %. Le point d’attachement de la tranche doit être de ce niveau pour n’être atteinte que dans 3% des cas et notée A. Figure 32 : Distribution de pertes d’un panier titrisés et subordination Source : M . Aglietta, L. Moreau, M. Roche , de la crise financière à l’enjeu d’une meilleur évaluation des crédits structurés Université Paris X Nanterre Avril 2008. 100 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Les modèles de crédit déterminent la probabilité de défaut et prévoient le montant des pertes non attendues sur le portefeuille de crédit au seuil de confiance choisi par le modélisateur. Ces pertes sont couvertes par des fonds propres économiques. Etant donné le caractère stratégique de ces prévisions, il est nécessaire de leur qualité et de leur relative stabilité. Cela est d’autant plus important que, quelque soit la méthodologie choisie, deux grandes critiques sont généralement adressés aux modèles de portefeuille de risque de crédit : -la première concerne l’estimation des coefficients de corrélation. Pour des raisons pratiques, il est impossible de calculer l’ensemble des coefficients de corrélation entre les crédits d’un même portefeuille. Si le portefeuille est composé de N crédits, cela reviendrait à calculer N(N-1) corrélations pour les seuls probabilités de défaut. Il faut, en conséquence, soit faire des choix discrétionnaires, soit procéder à des regroupements de crédits en classes de risque. Ces options n’évitent pas un certain arbitrage ; -La seconde critique a trait au fait que les modèles de risque de crédit mesurent le risque en utilisant des valeurs estimés ou, si l’on préfère approchées, et non des valeurs réelles. Même estimés avec les outils les plus perfectionnés, ces modèles comportent une erreur, ce qui peut avoir effet de sous-estimer le risque.42 4. Les Tests des modèles d’évaluation du risque de crédit Par nature les modélisations ne peuvent être parfaites. Elles aboutissent à une représentation partielle de la réalité et sont construites sur la base d’historiques. La performance des modèles est donc susceptible d’évoluer fortement, en raison, soit de l’évolution des comportements par rapport à l’historique, soit de l’apparition de situation de crise. La première rend nécessaire de procéder à des back-testing des modèles, la seconde à des opérations de stress-testing. 4.1 le back-testing Le principe de ce type de test est que, de façon continue, le comportement réel des pertes sur les crédits est comparé au comportement prévu par le modèle étudié, le principe du back-testing des modèles de risque de crédit sont les mêmes utilisés dans le cadre de risque de marché. Toutefois, la nature du risque et celles des données imposent des aménagements particuliers. Selon les modèles, le back-testing peut prendre des formes différentes, dont pn peut citer les exemples suivants : - Il s’agit, par exemple, de vérifier que le pourcentage de défaut par tranche de risque ne s’écarte pas du pourcentage prévu ; - Il s’agit aussi de s’assurer que le nombre de dépassements de la limite fixée par la VaR au cours du temps ne dépasse passe pas un seuil. Ce dernier cas peut être illustré à travers le graphique ci-dessous : 42 Michel Dietsch, Joel Petey, Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions financière, Revue Banque édition, 2003 101 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Figure 33: back-testing d’une VaR avec un niveau de confiance de 95 % Source : Michel Dietsch, Joel Petey, Mesure et gestion du risque de crédit dans les institutions financière, Revue Banque édition, 2003 Sur le graph, on voit bien que la VaR est dépassé 2 mois sur 30, c'est-à-dire dans 7 % des cas. Dans ce cas, on doit rejeter le modèle en raison de cette défaillance de prévisions. En matière de risque de crédit, le back-testing est rendu délicat du fait de l’horizon temporel des modèles. En matière de risque de marché, l’horizon de temps est de l’ordre de temps est de l’ordre de quelques jours et les données permet de procéder au back-testing sur 250 jours de bourse ou plus. En matière de risque de crédit, l’horizon de temps est de en général d’un an et les banques ne peuvent procéder à des vérifications sur des données couvrant plusieurs cycles, ce qui leur imposerait de disposer en l’occurrence de plusieurs dizaines d’observations annuelles. 4.2 Le stress-testing Parallèlement au back-testing reposant sur des mesures dans des environnements normaux, il est nécessaire de tester le comportement du modèle sur des situations extrêmes. Cela conduit à simuler de façon aléatoire le comportement du portefeuille de crédits ou de procéder à des simulations à base de scénarii. Ce stress-testing permet de vérifier la robustesse des prévisions des modèles dans des situations de risques extrême telle que par exemple, une crise financière régionale induisant une forte augmentation des taux de défaut et un accroissement de la concentration des risques (effet de contagion). Le stress-testing est conduit de manière récurrente que le stress-testing mais il est essentiel pour maitriser le comportement du modèle dans des situations ou la mesure de risque doit rester fiable. 102 Les produits dérivés FALLOUL & LOUAHI Bibliographie et Sites internet Bibliographie Robert W KOLB, Jamed A. OVERDAHL, financial derivatives, Third edition, Jhon Wiley and sons, Inc, Hoboken, New jersey, 2003. Mondher Cherif, Ingénierie financière and Private Equity, Revue Banque , 12 mai 2003 Gérard Marie Henry, les marchés financiers, Armand Collin, Paris, 1999. Mathieu Tanguay et Alix Mandron, les contrats à terme, HEC Montréal, janvier 1999. 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