Chapitre 15. Discopathies dégénératives cervicales 339
l'uncarthrose, dysphagie ou paralysie des cordes vocales en
cas d'ostéophytose exubérante [42, 48, 187], névralgie cervi-
cobrachiale et myélopathie cervicarthrosique [191].
En imagerie, on recherche des signes (fig.15.6):
■ de discarthrose: pincements discaux, ostéophytes mar-
ginaux antérieurs et postérieurs des plateaux vertébraux,
perte de la lordose physiologique avec aspect rectiligne
ou cyphotique du rachis cervical. Ces signes prédo-
minent aux étages C5-C6 et C6-C7 ;
■ d'uncarthrose: ostéophytes des uncus qui s'hypertro-
phient et s'éversent, rétrécissant ainsi les foramens interver-
tébraux. Ces signes sont associés à ceux de la discarthrose ;
■ d'arthrose zygapophysaire: sclérose sous chondrale,
ostéophytose, possible spondylolisthésis (habituellement
antérieur, se majorant parfois en flexion cervicale) et/ou
kyste zygapophysaire. Cette arthrose s'observe plutôt de
C3-C4 à C5-C6, souvent au-dessus d'une discarthrose
entraînant un bloc fonctionnel [151].
Ces différents éléments peuvent être objectivés en radio-
graphie (face profil, trois quarts) et précisés si nécessaire en
scanner et en IRM (cf. ci-après).
En cas de cervicalgies isolées, le traitement consiste
le plus souvent en une prise en charge médicamenteuse
symptomatique, une rééducation avec kinésithérapie et un
apprentissage des gestes d'hygiène du cou à titre préventif.
Une immobilisation par collier peut être prescrite en cas de
crise aiguë. Les infiltrations zygapophysaires sont indiquées
en cas de douleurs localisées. Elles peuvent être réalisées
par voie postérolatérale sous contrôle scopique (qui permet
de bien enfiler l'interligne) ou TDM. L'étage douloureux à
infiltrer doit être bien précisé par le clinicien car ce n'est pas
forcément le plus arthrosique. Des manipulations peuvent
également être réalisées par des professionnels expérimen-
tés en l'absence de signes radiographiques majeurs.
Névralgie cervicobrachiale
Épidémiologie et étiologie
La névralgie cervicobrachiale (NCB) est fréquente (inci-
dence annuelle d'environ 1 à 2‰), avec une légère prédomi-
nance masculine [184]. Il s'agit essentiellement d'adultes en
période d'activité professionnelle [105], avec par conséquent
des répercussions socio-économiques importantes. Les fac-
teurs de risque sont représentés par l'origine caucasienne, le
tabagisme et un antécédent de radiculopathie lombaire [70,
83, 197, 198]. Parmi les autres facteurs proposés, on citera
le port d'objet lourd, les plongeons, les vibrations pendant
la conduite et le golf [70, 83]. L'incidence d'un traumatisme
déclenchant est faible [70].
L'origine de la radiculalgie est [70, 88]:
■ rarement purement discale ; il s'ensuit une action méca-
nique (compression avec ischémie locale du nerf) et
chimique (cascade pro-inflammatoire déclenchée par le
noyau pulpeux sur le nerf faisant notamment interve-
nir le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-α), l'in-
terleukine6 (IL-6) et les métalloprotéinases matricielles
(MMP) [75, 135, 183]. On rappellera que les fibres col-
lagènes de l'anneau fibreux cervical ne sont pas agencées
en lamelles concentriques comme au rachis lombaire
[6]. Elles forment en avant une masse fibreuse épaisse en
forme de croissant tandis qu'en arrière, l'anneau fibreux
ne possède qu'une fine couche de fibres verticales, parti-
culièrement déficiente à sa partie postérolatérale ;
■ beaucoup plus souvent disco-ostéophytique (uncodis-
carthrose), liée aux remaniements dégénératifs qui se
développent avec l'âge [29]. La fragmentation des protéo-
glycanes et la déshydratation progressive des disques inter-
vertébraux aboutissent à une diminution de la hauteur
discale. Celle-ci entraîne une diminution de la hauteur des
foramens intervertébraux et une majoration des sollicita-
tions mécaniques sur les corps vertébraux et les articula-
tions uncovertébrales qui s'hypertrophient, rétrécissant
ainsi davantage les foramens intervertébraux [19, 70]. Une
prédisposition génétique à cette dégénérescence discale a
parfois été évoquée dans la littérature [117].
a
b
c
Fig.15.5 Arthrose atlanto-axoidienne médiane (odonto-atloï-
dienne) en radiographie (a), et scanner (b, c) (patients différents).
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