Marie-Line Maublanc, CEFS-INRA, février 2019 ENVT
Behaviorisme
Au début du XIXe siècle nait ainsi le « behaviorisme », ou « psychologie comparée », qui adopte l’idée
d’une continuité entre les processus observés chez l'animal et chez l'humain. Son objectif était
d’observer et de mesurer les comportements à l'aide des méthodes habituelles des sciences de la
nature, et de rechercher les variables qui influencent ces comportements, en mettant l’accent sur les
mécanismes en jeu à l’échelle de la vie de l’individu. Selon les behavioristes, les comportements sont
façonnés par des conditionnements aux stimuli en provenance de l’environnement, et les études
doivent donc porter sur le développement des comportements et sur l’apprentissage. L’idée était de
prédire les comportements (y compris humains), mais aussi d’utiliser les méthodes d’apprentissage
pour les contrôler et les orienter.
Dans le cas des animaux, le « canon » de Conway Morgan a établi les premières fondations et les
premières bases méthodologiques rigoureuses, en considérant que : « Nous ne devons en aucun cas
interpréter un comportement animal comme relevant de processus psychologiques de haut niveau, si
celui-ci peut être interprété comme relevant de processus de niveau inférieur sur l’échelle de
l’évolution psychologique et du développement ».
C’est ensuite John Watson qui invente le terme de behaviorisme et en établit les principes. Pour lui,
la psychologie doit se concentrer sur les comportements observables et mesurables et non sur les états
mentaux, qui sont inaccessibles (non seulement chez les animaux, mais aussi chez les humains, qui
n’ont pas l'aptitude à en fournir une analyse scientifique). On ne peut donc pas invoquer les processus
mentaux comme explication => ils sont assimilés à une boite noire.
L’explication des comportements ne résiderait pas dans la subjectivité de l’organisme, mais dans des
lois d’association simples, des mécanismes dont l’animal n’a pas conscience et sur lesquels il n’a
aucun moyen d’action. Par exemple, des rats qui ont été entrainés à trouver leur nourriture au fond
d’un petit couloir s’arrêtent à mi-chemin quand on double la longueur du couloir, et cherchent devant
un mur invisible la nourriture qui se trouve en évidence un peu plus loin. Autre exemple : une sterne
habituée à regagner son nid en évitant des buissons, continue à les « contourner » après qu’on les ait
coupés…
C’est Edward Thorndike qui introduit la notion de « loi de l’effet », selon laquelle tout
comportement, même le plus complexe, apparaît au hasard et s’installe ou disparait selon les
conséquences qu’il entraine, bonnes ou mauvaises. La connexion entre un stimulus et la réponse peut
donc être soit renforcée, soit affaiblie selon ses conséquences. Cette loi de l’effet est à la base des
apprentissages par renforcement.