
2. Enjeu de l'étude et démarches à mener
Dans   notre   exposé,   on   s'intéresse   aux   espèces   chimiques   de   la   famille   du   soufre.   La 
recherche de soufre dans l'atmosphère martienne est mise en oeuvre depuis plusieurs années, car la 
présence de cet élément dans l'atmosphère laisserait supposer une activité interne (volcanisme ? , 
points chauds ? , ...) de la planète rouge. L'hypothèse que Mars soit une planète géologiquement 
vivante a été relancée suite à la récente découverte de méthane dans l'atmosphère (Krasnopolsky et 
al., 2004; Formisano et al., 2004 ; Mumma et al., 2009). On sait par ailleurs que les dernières traces 
de volcanisme observées sur Mars ne sont vieilles que de 2 Ma (Hartmann et Bermann, 2000;  
Sakimoto et al., 2003; Neukum et al., 2004)
A ce jour, l'existence du soufre dans l'atmosphère martienne n'a pas été prouvée, mais cela 
n'empêche  pas  de  suggérer  son   existence   en   faible quantité, notamment   quand   on sait que les 
valeurs qu'on essaye de mesurer représentent des composés distribués de façon homogène dans 
l'atmosphère   -   dû   au   temps   de   mélange   du   soufre   dans   l'atmosphère   martienne   de   seulement 
quelques mois  - , et non  les  possibles sources ponctuelles présentes  à la surface, sujettes à du 
dégazage dans l'atmosphère. 
En faisant l'hypothèse que des espèces soufrées existent dans l'atmosphère de Mars, nous 
allons modéliser leur distribution spatiale ainsi que leur évolution saisonnière.  L'objectif exact de 
l'étude est de modéliser comment le SO2  dégazé par d'éventuelles sources géologiques va réagir 
avec d'autres espèces chimiques, et comment les produits formés vont se répartir dans l'atmosphère. 
Nous  allons   tout   d'abord   reprendre   le   modèle   numérique   chimique   uni-dimensionnel   (1D)   que 
Clément Doche a commencé à effectuer en 2010, dans le cadre de son stage de licence en Sciences 
de la Terre, effectué au Latmos. Ce modèle décrit la distribution des espèces soufrées à 141 niveaux 
d'altitude discrétisés tous les 1 km, en un point  unique de Mars. Une colonne atmosphérique de 140 
km est donc représentée. Le modèle 1D ne tient pas compte des transports que peuvent subir les 
espèces   chimiques   au   sein   de   l'atmosphère.   C'est   pour   cette   raison   qu'on   l'appelle   « modèle 
chimique » ,   qui   s'occupe   d'étudier   le   comportement   des   espèces   chimiques   dans   l'atmosphère 
uniquement à partir des vitesses de réactions propres à chaque réactif. Nous intégrons ensuite la 
chimie du soufre testée dans ce modèle 1D dans un modèle tri-dimensionnel (3D) qui prend en 
compte les transports advectifs et convectifs que peuvent subir les espèces chimiques, propres à la 
dynamique atmosphérique martienne. Avant de pouvoir intégrer les données du modèle 1D dans le 
modèle 3D, il sera d'abord nécessaire d'effectuer plusieurs tests en appliquant différentes méthodes 
numériques qui permettront alors de valider le modèle 1D servant de référence.
3. La recherche de soufre dans l'atmosphère de Mars : tentatives de mesure
En considérant la possibilité de sources actives émettrices de composés gazeux sur Mars, la 
communauté scientifique s'est penchée de plus près sur la recherche de ces composés. Sur Terre, le 
CO2 , SO2 , H2S , CH4 , la vapeur d'eau et dans une moindre mesure les composés halogénés sont 
typiquement  émis par dégazage depuis les points chauds (Walker, 1997). 
Serait-il possible qu'un volcan martien (par exemple le Mons Olympus situé dans la région 
de Tharsis, considéré aujourd'hui comme éteint), une faille active ou autre phénomène géologique 
puisse émettre du SO2  ? Mars a eu une tectonique des plaques dans le passé mais est considéré 
aujourd'hui  comme   géologiquement   éteinte,   ce   qui   remet  en   question   l'hypothèse   de   dégazage 
volcanique.   D'autres   sources   peuvent   cependant   être   responsables   de   l'émission   de   composés 
soufrés dans l'atmosphère, comme par exemple l'hydrothermalisme (Krasnopolky, 2005).
Bien que l'on sache désormais que des molécules sulfatées existent sur la surface de Mars  - 
depuis que ces informations ont été rapportées par les atterrisseurs Viking en 1976 (Toulmin et al., 
1977) - , personne n'a encore détecté la présence d'espèces soufrées dans l'atmosphère martienne.  
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