ge et la surveillance à
l'aide
de sour-
ces radioactives. Si l'on utilise une
source de cobalt-60 et un petit cristal
(10 x 10 x 25 mm), la résolution
observée au-dessus de 1 MeV est
supérieure à celle de l'iodure de so-
dium avec lecture par photomultipli-
cateur.
Le calorimètre a été exposé à un
faisceau d'électrons d'énergies va-
riant entre 1 et 20 GeV. Entre 4 et
20 GeV, une résolution constante
d'environ 1 % a été mesurée. A 1 et
2 GeV elle était respectivement de 4
et 2,5 %. Cependant le faisceau était
de mauvaise qualité à ces deux éner-
gies et les chiffres cités doivent être
considérés simplement comme des
limites supérieures. Avec un faisceau
mixte électron-hadron de 20 GeV, la
séparation électron-hadron dans ce
test élémentaire était très bonne.
Ce bref essai a prouvé que l'iodure
de césium (ICs) est un matériau très
prometteur pour la calorimétrie élec-
tromagnétique de haute résolution.
Une de ses limitations vient de la
constante d'atténuation assez
lon-
gue du signal, de
l'ordre
de 900 ns.
Sa radiorésistance est à peu près la
même que celle du Nal (Tl), mais des
études détaillées seront nécessai-
res;
en tout état de cause, elle est
inférieure à celle du BGO car
l'ICs
n'est
pas autocorrectif. Bien que
d'un coût moins élevé que le BGO, il
ne saurait le remplacer quand un dé-
tecteur de faible encombrement est
nécessaire, comme pour l'appareil
L3 au LEP du CERN: sa plus grande
longueur de radiation augmenterait
notablement le coût global. Entre-
temps, des essais se poursuivent
dans le but d'évaluer d'autres ma-
tériaux pour la calorimétrie à haute
résolution.
Source: E. Lorenz.
ASTROPHYSIQUE:
Le défi des neutrinos
solaires
A la suite du colloque Astrophysique
et interactions fondamentales qui
s'est tenu à Cargèse (Corse) en juillet
1983,
un groupe de réflexion et de
prospective sur la physique nucléai-
re,
la physique des particules et l'as-
trophysique s'est constitué. Un rap-
port remis à la direction générale du
CNRS présente les principaux thè-
mes concernant des domaines
fron-
tières de ces trois disciplines pour
lesquels une convergence d'intérêt a
été constatée en France et qui méri-
tent d'être encouragés et soutenus.
Parmi ceux-ci figure en bonne place
la détection des neutrinos solaires.
Le modèle standard du soleil pré-
voit qu'environ cent milliards de
neu-
trinos par centimètre carré par se-
conde arrivent continuellement sur
terre.
La mesure de ce flux et du
spectre en énergie des neutrinos so-
laires n'a été jusqu'à présent qu'ef-
fleurée: seule l'expérience menée
par R. Davis a détecté par des
moyens radioehimiques les neutri-
nos d'énergie supérieure au MeV
issus du bore. Son résultat est en
désaccord avec les modèles simples
du soleil qui prédisent trois fois plus
d'interactions. L'étude de la totalité
du spectre d'énergie s'impose donc.
Aussi bien les astrophysiciens que
les physiciens des particules élémen-
taires marquent un très vif intérêt
pour ces mesures car elles permet-
traient d'une part de mieux compren-
dre le fonctionnement du cœur du
soleil.
La tâGhe est difficile car ces neutri-
nos ont une très faible section effica-
ce et leur basse énergie (quelques
centaines de keV) rend critique le
choix de la cible (problème du seuil)
et sévère le problème de bruit de
fond lié à la radioactivité naturelle.
Une réunion internationale s'est
tenue le printemps dernier au Labora-
toire de physique corpusculaire du
Collège de France à Paris, pour faire
le point sur ces questions. Il a été
essentiellement débattu de la captu-
re des neutrinos solaires par l'in-
dium
:
la réaction nucléaire induite par
les neutrinos solaires est du type
bêta inverse et le seuil bas
(
128 keV)
de cette réaction permet un examen
complet du spectre des neutrinos et
la mesure directe de l'énergie du
neu-
trino solaire incident.
L'idée
d'utiliser l'indium comme ci-
ble pour les neutrinos solaires a été
suggérée pour la première fois en
1976 par R. S. Raghavan (Bell Labo-
ratories). R. S. Raghavan et M.
Deutsch (MIT) participaient à cette
réunion de Paris où ils ont présenté
leurs récents travaux sur les détec-
teurs composés d'indium.
La faisabilité d'une telle expérience
reste encore à prouver. Plusieurs
techniques sont étudiées: techni-
ques conventionnelles utilisant
scin-
tillateur liquide et chambres à fils à
cathode faite d'indium étudiées au
Département de physique des parti-
cules élémentaires de Saclay.
Des techniques plus récentes,
mettant en jeu des composés chimi-
ques de l'indium qui permettent une
dérive de l'ionisation, sont étudiées à
l'Ecole polytechnique et à Saclay. En-
fin,
des techniques utilisant les pro-
priétés supraconductrices de l'in-
dium sont à l'étude dans deux direc-
tions un peu différentes:
- Oxford (Norman Booth) et Bell
Laboratories préconisent l'utilisa-
tion de
l'effet
tunnel assisté par
phonons dans un monocristal
d'indium;
- des études de faisabilité d'un dé-
tecteur à grains supraconducteurs
métastables d'indium sont me-
nées à l'Université de Paris VII et
dans trois autres laboratoires
(LAPP d'Annecy, Collège de Fran-
ce et Centre de recherches nu-
cléaires de Strasbourg).
A cette liste, on doit ajouter des
projets de détection des courants
neutres induits par les neutrinos so-
laires dans un détecteur à granules
(Max Planck Institut, Munich).
La détection des neutrinos solaires
reste donc un défi expérimental pour
les astrophysiciens et pour les physi-
ciens des particules élémentaires.
L'élément nouveau apparu lors de
cette réunion est que de nombreux
physiciens désirent relever le
défi.
Source: M. Spiro et A. de Belief
on.
Courrier CERN, octobre 1984 339