En Russie, la bénédiction d'armes par l'Église est une pratique courante. Il arrive souvent aux
prêtres orthodoxes d'asperger d'eau bénite du matériel de guerre, comme des kalachnikovs,
des missiles balistiques, des bombardiers, des sous-marins ou des systèmes
antiaériens[1],[2],[3],[4].
En février 2020, la Commission interconciliaire de l'Église orthodoxe russe a préparé un projet
de document proposant de renoncer à la bénédiction des armes de nature à frapper sans
discrimination et des armes de destruction massive, dont les armes nucléaires. «Il convient
cependant de bénir les moyens de transport utilisés par les militaires sur terre, sur l'eau ou
dans les airs, car ce n'est pas la "bénédiction" des canons, des roquettes ou des moyens de
bombardement qui est demandée au Seigneur, mais la protection des soldats», ont souligné
les auteurs du document[5],[4].
Cette initiative n'a pas rencontré de soutien au sein de l'Église. L'interdiction de bénir certains
types d'armes portera «un coup indirect à la confiance du peuple dans l'armée et la
souveraineté du pays», considère Alexandre Chtchipkov, premier vice-président du
Département synodal des relations entre l'Église, la société et les médias. Les concurrents de
la Russie sur la scène internationale verront cette interdiction comme une faiblesse interne
de l'État, alors que «nos armes sont les garantes de notre souveraineté et représentent un
choix historique», a-t-il ajouté[6].
«Nous bénissons tous les objets que l'homme utilise: la maison, les vêtements, les
voitures… L'arme nucléaire est une invention formidable. Grâce à elle, la Russie existe
encore», estime quant à lui l'archiprêtre Dmitri Smirnov, chef de la Commission patriarcale
pour les affaires familiales[4].
L'archiprêtre Mikhaïl Vassiliev, prieur de la résidence patriarcale du Quartier général des
forces des fusées stratégiques, situé dans la commune de Vlasikha, près de Moscou, a
exprimé son indignation face à ce document «novateur» et «cynique», qui, selon lui,
«cherche en réalité un prétexte» pour renoncer à «la bénédiction de toutes les armes à
l'exception des armes blanches». Il a rappelé que les prêtres orthodoxes ont toujours béni
une grande variété d'armes, allant des navires de guerre armés de canons ou de feu grégeois
mortel ayant une portée de destruction jusqu'à 200mètres, aux pièces d'artillerie, en passant
par les premiers avions de combat. «Alors, ça veut dire que pendant des années, [ils ont fait]
n'importe quoi? […] Ils ont été à côté de la plaque pendant 350ans?»[7]
Plus généralement, dans la vie quotidienne, le terme est synonyme de «vœu», voire
d'«accord».
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