eut lieu en allemand. La plus impressionnante, et la plus déterminante pour
l’avenir de la philosophie et de la psychologie – pas seulement celle de Bren-
tano –, était la IVe:Vera philosophiae methodus nulla alia est nisi scientiae naturalis.
Cette thèse, par-dessus le marché venant d’un prêtre, comme l’était Bren-
tano, stupéfia l’auditoire. La défense des thèses, qui dura une heure et
demie, permit à Brentano
de montrer la sagacité de son esprit, la clarté et la précision de ses concepts, la faci-
lité avec laquelle il comprenait des idées qui lui étaient étrangères, la sûreté de ses
développements, le caractère réellement scientifique de sa méthode, ainsi que la
multiplicité des aspects de sa connaissance de la philosophie et des sciences exactes
(ARUW, no389).
Les représentants du sénat en vinrent à la conclusion « que la faculté de
philosophie, en la personne du DrBrentano, gagnerait un enseignant pro-
ductif et qui donnerait une véritable impulsion » (ARUW, no389).
À l’événement public de l’habilitation avait également assisté l’étudiant
en droit (jurisprudence) Carl Stumpf, qui prit alors la décision d’aller écouter
les futurs cours de Brentano en philosophie.
Le succès de Brentano comme enseignant fut énorme. Pourtant, à peine
nommé, il pensait déjà à démissionner de sa chaire. Il écrit à Stumpf :
Et là, je pensai à vous. Je pensai que si vous vous habilitiez là, alors, naturelle-
ment, vous devriez... hériter de ma chaire.
Et en définitive l’appel à Carl Stumpf fut lancé effectivement le 22 juil-
let 1873.
Pourquoi Brentano abandonna-t-il si vite sa chaire, après tous les efforts
déployés, comme on l’a dit, pour l’obtenir ?
On n’a toujours pas, jusqu’ici, mentionné un fait : Brentano prenait très
activement part – mais pas publiquement – aux discussions préparatoires de
Vatican I. C’était lui qui, à la demande de l’évêque Ketteler, avait rédigé le
memorandum pour la conférence des évêques de Fulda (« Quelques remar-
ques sur la question : Est-il opportun de définir l’infaillibilité pontificale?»:
Brentano, 1869), dans lequel il en arrivait à la conclusion qu’il n’était ni
motivable historiquement ni justifié logiquement d’ériger en dogme l’in-
faillibilité. Les évêques allemands firent leurs les arguments de Brentano,
mais furent « retournés » à Rome. Mais Brentano, lui, tint bon sur sa
position.
Stumpf écrit, à ce propos :
Les motifs de Brentano étaient exclusivement de nature théorique, ils ne
tenaient à rien d’autre qu’aux contradictions internes de la doctrine de l’Église.
Brentano se consacre alors entièrement à la finition de la Psychologie au
point de vue empirique, cela aussi en raison du signe qui lui est donné d’un pos-
sible appel sur un poste à Vienne. « La sortie prochaine d’un gros livre qui
soit reconnu, contribuera beaucoup à emporter la décision » (Brentano à
Le contenu et la méthode des philosophies de Franz Brentano et Carl Stumpf 5
© Presses Universitaires de France | Téléchargé le 29/03/2021 sur www.cairn.info (IP: 78.199.153.229)
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