Telechargé par Toudja Si Nacer

techniques instrumentales et éléctrochimiques

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Plan du cours d’électrochimie
L3 Chimie-Physique et M1 materiaux concours
2006/2007
-
I) Introduction et rappels :
Rappel des liens fondamentaux entre électrochimie et thermodynamique: affinité
chimique et électrochimique, degrés d’avancement et vitesse de réaction
-
II) Systèmes hors d’équilibre
-
Création d’entropie et Surtension , Loi empirique de Tafel, Etude de la vitesse d’un
processus électrochimique (faradique) simple (modèle fondé sur les courbes d’enthalpie
libre), Loi de Butler-Volmer, réaction lente et rapide
-
III) Interface Electrode/Solution
Processus non faradique, double couche et couche diffuse, Représentation de l'interface
par un circuit RC équivalent et cinétique de relaxation associée, Réactions contrôlées par
le transfert de masse: courant limite, Spectrométrie d’Impédance Complexe : un outil de
choix pour étudier les phénomènes interfaciaux.
-
IV) Electrochimie appliquée I : accumulateurs primaires (piles) et secondaires
(batteries)
L'accumulateur électrochimique: une machine (complexe) pour transformer l'énergie
chimique en énergie électrique, et vice versa, Principe de fonctionnement et architectures,
Caractéristiques et critères de performance, Cas des piles : piles salines et alcalines,
Electrodes à gaz : couples Zn/air et piles à combustible, Cas des
accumulateurs rechargeables: batteries au plomb, Ni(OH)2, Li-ions
-
V) Electrochimie appliquée II : corrosion
La corrosion : un phénomène thermodynamiquement inévitable (conséquence sur notre
économie), Corrosion sèche, Corrosion humide, Piles de corrosion/corrosion
différentielles, Facteurs thermodynamiques (diagramme potentiel/pH –Pourbaix),
Facteurs cinétiques (diagrammes d’Evans)
Cours d'électrochimie - L3 Chimie-Physique et M1 Matériaux concours
François Henn
Janvier 2006
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retour plan
Chapitre I:
Introduction et Rappels
A) Introduction Générale
On aborde généralement l’électrochimie en associant réaction d'oxydo-reduction et
thermodynamique des états d'équilibre. Cette approche conduit à la loi de Nernst qui relie le
potentiel d'une électrode à la concentration des espèces impliquées. (nb: c'est une façon de
mesurer des constantes d'équilibre!). On applique alors cette électrochimie des états
d'équilibre à l’étude des potentiels d’électrode puis à l’analyse des solutions ioniques diluées
(et aux différentes méthodes de titration). Si ces aspects sont très importants, ils ne
représentent qu’une partie de l’électrochimie; cette science va bien au-delà. Voici quelques
exemples :
-
études des sels fondus (milieux ioniques en fusion) et/ou des milieux fortement
concentré: étude des systèmes réels (mesure des coefficients d'activité)
réactivité en milieux aqueux/non aqueux : catalyse, synthèse organique et toute
réaction faisant intervenir des transferts d’électrons
application aux solides :
- 1) corrosion (nouveaux alliages dans l’aéronautique, l’automobile, le
bâtiment, l’électronique,..…..) (sera vue au chapitre V)
- 2) accumulation électrochimique de l’énergie (piles et batteries):
développement récent miniaturisation (éléments portables), véhicules
électriques ou hybrides (sera vue au chapitre IV)
- 3) capteur (miniaturisation : micro-électrodes pour application médicale ou
environnementale –détection de certains ions dans les eaux, les sols….)
Toutes ces applications mettent en jeu des réactions d’oxydoréduction, c’est à dire de transfert
électronique entre composés d'affinité électronique (ou d'électronégativité) différente. On peut
donc appliquer toutes les notions thermodynamiques connues à ce type de réaction chimique :
définition des conditions d’équilibre, loi d’action de masse, ..etc.. Nous comprenons très
facilement, à travers les exemples suscités, que l’électrochimie est une science
pluridisciplinaire qui nécessite également des compétences en : cinétique, électricité, science
des interfaces, phénomène de transport de matière, mécanismes réactionnels (transfert
d’électron)….Notons aussi que le développement récent des nanotechnologies joue un rôle
important en électrochimie (nano-ressource d’énergie, nano-capteur(électrodes), nanoréacteurs…)
Arrêtons-nous, dans un premier instant, sur l’aspect thermodynamique (que vous connaissez
mieux). Vous avez étudié l’électrochimie des états d’équilibre (ex loi de Nernst et diagramme
Potentiel/pH). Mais pour comprendre les phénomènes qui ont cours dans la plupart des
domaines d’application de l’électrochimie, cela ne suffit pas. Tant que l’on mesure des
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échanges d’électrons (c’est à dire du courant = flux de charges), cela signifie que des
réactions ont lieu et que l’on est par conséquent dans des conditions hors d’équilibre.
La notion de potentiel d’électrode est intimement liée à la notion d’équilibre. Les conditions
hors d’équilibre se caractérisent (2ème principes de la thermo) par la production constante
d’entropie interne. En électrochimie, cette croissance d’entropie est caractérisée par des
surtensions, c'est à dire par l'écart qui apparaît entre le potentiel au repos (i=0) donné par la
loi de Nernst et le potentiel de fonctionnement (i≠0). Nous reviendrons en détails sur cette
notion fondamentale de surtension.
Une partie importante de l'électrochimie fondamentale essaie de modéliser le phénomène de
surtension. Nous verrons dans la suite de ce cours que cela fait intervenir un grand nombre de
processus différents et complexes qui se superposent les uns aux autres: cinétique de transfert
électronique, effet joule, transfert de matière, effets non faradiques (capacitif). La plupart de
ces phénomènes ne sont pas linéaires ; c'est-à-dire qu’ils ne dépendent pas linéairement du
courant qui circule dans la cellule électrochimique.
B) Rappels : liens avec la thermodynamique des états d’équilibres
Electrochimie : Etude des réactions d’oxydo-réduction lorsqu'il y a échange de charges
électroniques à l’interface d'une électrode 1
Red Ox +nF eOn peut considérer l’électron comme une espèce chimique et exprimer alors le degrés
d’avancement ξ à partir des relations déjà définies en thermodynamique:
dn
dξ = e
nF
où ne est le nombre d’électrons échangé par unité de surface, F ( Faraday : charge d’une mole
d’électron) et n le coefficient stœchiométrique associée à cette espèce.
Alors la vitesse de réaction v devient :
dξ dne 1
i
v=
=
.
=
et
i.dt = nF .dξ
dt
dt nF nF
i est une densité de courant (par unité de surface A/m2). Le courant passant dans le circuit est
donc directement lié à la vitesse de la réaction. Notons aussi que i et dξ sont de même signe.
1
Si l'échange de charge électronique s'effectue directement d'une espèce à l'autre au sein d'une solution
(liquide ou solide), la reaction d'oxydo-reduction est alors traitée comme toute réaction chimique (ex
acide/base) et le recours à la mesure des potentiels n'est pas necessaire (autant passer par le ∆G de la
réaction et les constantes d'équilibre)
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Affinité Electrochimique d’une cellule galvanique2
Schéma : Métal/matière active/électrolyte//électrolyte/matière active/Métal
Cas de la pile Daniell : Zn/Zn2+//Cu2+/Cu/Zn (avec E0(Zn/Zn2+)= -0.76eV E0(Cu/Cu2+)=0.34V)
Naturellement le système évoluera dans le sens d'une oxydation du zinc et d'une réduction du
cuivre. (Rappel: le courant circule dans le sens des cations et dans le sens opposé a celui des électrons)
Zn/Zn2+ constitue donc l'anode et Cu/Cu2+ la cathode
L’énergie interne U d’une telle cellule (plusieurs phases en contact) peut être définie de la
manière suivante :
dU = dQe + dW + ∆E i dt = dQe − pdV + ( E c − E a ) i dt
où E c − E a est la tension ∆E au borne de la cellule et dQe la chaleur échangée.
Le système est hors d’équilibre :
TdS = d eQ + d iQ d’où d eQ = Tds − d iQ
Sachant que la fonction enthalpie libre G=U+PV+TS, on aboutit à :
dG = − sdT + Vdp − d iQ + ∆E i dt
ou
dG = − sdT + Vdp − d iQ + ∆E nF dξ
qui finalement en conditions isobare et isotherme se réduit à :
dG = − d iQ + ∆E nF dξ
or nous savons que A (l’affinité) est égale à − (∂G ) p,T .
∂ξ
Si l’on divise l’expression de dG par dξ, on arrive à :
diQ
dG
=−
+ ∆E nF
dξ
dξ
on en déduira l’affinité électrochimique à comme :
~ dQ
A = i = A + ∆E nF
dξ
à joue le même rôle que A (cas d’un système purement chimique)
Les conditions de repos (i=0) (partie électrochimique de la réaction) imposent Ã=0 soit :
A = − ∆EnF = − ∆Er nF = ( ∆Gr )
2
Il existe 2 types de cellules électrochimiques (constituées de 2 couples redox) : galvaniques et électrolytiques
1) Galvanique : la réaction entre les 2 systèmes est spontanée : cas des piles primaires, piles à
combustible, des protections galvaniques (anti-corrosion)
2) Electrolytique : le courant passe dans le circuit parce qu’on applique un potentiel aux électrodes (on
place le système de manière à ce qu’il s’écarte de l’équilibre). Electrolyse de l’eau, dépôt de
revêtement métallique
Nb : les piles secondaires (ou rechargeables) se comportent comme des cellules galvaniques en décharge (on
récupère spontanément l’énergie du système) ou comme des cellules électrolytiques lorsqu’on les recharge
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où ∆Er est le potentiel aux bornes du système lorsqu'il est au repos i=0 . Il en découle
A
directement : ∆Er = Erc − Era = −
(cathode/anode)3
nF
avec E ar  potentiel de l'anode (siège de l'oxydation) et E cr  potentiel de la cathode (siège de la
réduction)
On peut ainsi écrire que l’affinité A du système est la somme des affinités de 2 sous systèmes
correspondant respectivement à l’anode et la cathode tel que A=Ac+Aa
C’est de cette manière que l’on relie l’évolution du système à la différence de potentiel entre
les deux couples et que l’on peut calculer le potentiel d’équilibre (ou de repos - en circuit
ouvert-) Loi de Nernst.
retour plan
3
C'est une autre forme de la relation de Nernst
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Chapitre II :
Système hors d’équilibre
retour plan
A) Entropie et surtension
Nous avons vu en introduction que lorsqu’un courant circule dans la cellule galvanique, le
système est nécessairement hors d’équilibre.
La tension d’équilibre Er=-A/nF . Hors d’équilibre la tension sera E.
~
~
L’affinité électrochimique s’écrit , A = A + E nF , c’est à dire : A = nF(E − E r ) (puisque A=nFEr)
A l’équilibre E=Er et Ã=0. L’affinité électrochimique est donc directement liée à la différence
entre le potentiel en fonctionnement (un courant circule) et le potentiel de repos. Cette
différence E-Er est appelée surtension. On la note η.
On peut maintenant démontrer sans difficulté que η est directement associée à la création
d’entropie interne par l’équation:
~
A = nF ( E − Er ) = nFη
d’où
~
A
dQ
T di S
η=
= i =
.
nF nFdξ nF dξ
d iS est toujours positive (2nd principe de la thermodynamique) η est de même signe que dξ,
qui lui est de même signe que le courant i. dξ>0 en charge (fonction electrolyseur), dξ<0 en
décharge (fonction générateur)
On peut aussi écrire : E = E c − E a et Er = Erc − Era , et ainsi séparer la surtension globale en
une somme de surtensions anodique et cathodique ηa et ηc
η = ηc −ηa
Sachant que η est négatif si le système libère des électrons et positif dans le cas opposé, alors
ηa>0 et ηc<0 seront toujours de signe opposé. Leurs valeurs s'ajoutent donc en valeur absolue
et on peut écrire:
η = ηc + ηa
----- E (en charge dξ>0 et η>0)
----- Er
----- E (en décharge dξ<0 et η<0)
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Chute Ohmique
Lorsqu’un courant circule dans la cellule, une partie de la surtension peut être directement
reliée au fait que cette cellule présente une résistance, dite interne, Rint non nulle. Une
différence de potentiel EΩ égale à Rint.i apparaît nécessairement.
La chute de potentiel ou surtension, η, contient alors un terme qui n’est pas directement
dépend des processus irréversibles électrochimiques. Ce terme Rint.i n’est du qu’au montage.
Ce terme correspond à de l’énergie (chaleur) dissipée par effet joule qui est toujours positive
et irréversible. On écrira donc de la manière la plus générale :
η = η a + η c + Rint .i
On suppose implicitement que Rint n’est pas une fonction de i (Rint=cste) ce qui n’est pas le
cas de ηa* et de ηc*. Autrement dit Rint est une résistance ohmique pure. Avec cette définition
ηa* et de ηc* ne sont associés qu’aux phénomènes irréversibles directement liés aux réactions
redox. ηa* et de ηc* sont aussi appelées polarisation d’électrodes (anodique ou cathodique).
B) Cinétique d’un processus électrochimique simple
Nous avons vu que la vitesse des réactions électrochimiques est directement reliée au courant
i. Nous savons aussi qu’une réaction ne peut se produire que dans un domaine de potentiel. Il
doit donc exister une relation entre la vitesse et le potentiel, ou entre le courant et le potentiel.
C’est sur l’étude des courbes intensité/potentiel qu’une très grande partie de l’électrochimie
repose. Ces courbes donnent des informations sur les potentiels de réaction (autrement dit les
paramètres thermodynamiques) et sur les cinétiques. C’est un moyen très puissant pour
appréhender les mécanismes réactionnels, mais aussi pour comprendre, par exemple, les
performances des couples redox qui sont utilisés dans les accumulateurs.
Revenons aux notions élémentaires de cinétique
B-1) cinétique homogène (rappels)
Soit la réaction :
k ox
Re d ⇔ Ox + nF .e −
k red
A l’équilibre la vitesse nette (ou globale) est nulle, donc : vox=vred=v0.
v0 est la vitesse d’échange (très important en électrochimie).
Les constantes de vitesses sont thermiquement activées (modèle du complexe activé) telle
que :
k x = A. exp( −
∆G act
)
kT
où ∆Gact est la différence d’enthalpie libre entre l’état initial et l’état activé.
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(nb : cette expression dérive en réalité de la loi d’action de masse)
B-2) Elément de cinétique électrochimique
le potentiel d’équilibre de la réaction décrite plus haut est donné par la relation de Nernst :
Er = E0 +
RT  a ox 
ln 

nF  a red 
La question fondamentale à laquelle nous devons répondre est : Comment i varie avec le
potentiel (η≠0; E≠Er ) appliquée à l’électrode ?
On va, dans un premier temps considérer que le courant n’est pas limité par les phénomènes
de transport de matière au sein de la solution -> concentration faible et agitation de la
solution. Alors le courant i ne sera limite que par les phénomènes interfaciaux, c’est à dire par
la cinétique de la réaction redox considérée.
On constate expérimentalement que le courant croit avec la surtension :
η = a + b ln i
Cette loi est connue sous le nom de loi de Tafel (1905). a et b sont des paramètres
caractéristiques de la réaction et de l’électrode. Elle est analogue à la loi d'Ohm (η=Ri) qui
relie aussi la surtension (η=E , puisque dans ce cas Er=0) au courant i. Cette loi expérimentale
montre cependant que le comportement d'une électrode siège d'une réaction électrochimique
est plus complexe que le comportement d'un résistance ohmique.
Comment retrouver cette loi à partir de la théorie cinétique ?
On pose l'hypothèse d’une cinétique du 1er ordre. Alors, si aox(x,t) est l’activité de l’oxydant
au temps t et à la distance x de l’électrode, la vitesse de réduction s’écrit :
d a ox
i red
v red =
= k red .a ox (O, t ) =
dt
nF
x=0 car on considère que seule les espèces présentent à la surface de l’électrodes
réagissent
de la même manière on écrira :
d a red
i ox
= k ox .a red (O, t ) =
dt
nF
(nb : ired est aussi appelé courant cathodique (il est par définition négatif), iox courant
anodique par definition positif)
v ox =
Le courant global, i sera égale à i= iox + ired, d’où
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i = nFv net = nF ( k ox .a red (0, t ) − k red .aox (0, t ))
si la forme réduite est un métal, ared=1 et si la forme oxydée est un ion en solution diluée
idéale :
i = nFv net = nF ( k ox − k red .C ox (0, t ))
Ce courant est le courant maximum délivrée à l’électrode. Rien ne le limite sinon la cinétique
propre de la réaction.
Tout l’intérêt de l’électrochimie est que l’on peut contrôler le potentiel (ou η) imposé à
l’électrode (potentiel de fonctionnement) et qu’on peut agir sur les courants, en sachant qu’il y
aura toujours une limite.
B-3) Modèle fondé sur la représentation de l’enthalpie libre
(parce qu’on travaille en contrôlant P et T qui sont souvent maintenus constants)
(voir schéma distribué en cours)
Si on impose un potentiel E différent de Er, l’énergie libre des électrons devient nFE si bien
que la nouvelle énergie libre du système ox+nFe- devient
−
−
−
+ nFe
+ nFe
G ox + nFe = G ox
+ nF(E − E r ) = G ox
+ nFη
r
r
et celle du système red n'est pas modifiée:
G red = G red
r
On pose un paramètre α telle que l’énergie libre du complexe activé Gact devient :
G act = G act
r + (1 − α )nFη
α est appelé coefficient de transfert. Il caractérise la symétrie des puits de potentiel. Il n'a pas
de signification physique particulière. C'est un paramètre phénoménologique.
Les barrières d’énergie libre correspondant à l’activation de la réaction sont donc :
−
−
−
+ nFe
Ox + nFe
∆G act (red) = G act − G Ox + nFe = G act − G Ox
− nFη = G act
− nFη
r
r + (1 − α ) nFη − G r
d'où
∆G act (red) = ∆G act
r − αnFη
de la même manière on démontre:
∆G act (ox ) = ∆G act
r + (1 − α ) nFη
Si on applique ces relations aux constantes de vitesse, on arrive à :
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 (1 − α )nFη 
 αnFη 
red
red
et
.
exp
k ox = krox . exp 
k
=
k
r

− RT 
RT

et le courant i associé à la réaction redox ( i = i ox + i red ):


 (1 − α )nFη  red
 − αnFη  ox
i = nF k rox . exp 
.a (0, t ) − krred . exp 
.a (0, t )


RT


 RT 


Si nous considérons le cas d’un système maintenu à l’équilibre ( i = 0 ) dans les conditions
standards et homogènes telle que a red (0, t ) = a ox (0, t ) = 1 et E = E r = E0 , on aboutit alors à:
k rox − k rred = 0 d’où k rox = k rred = k0
On peut ainsi re-écrire l’équation du courant en fonction du nouveau potentiel E :

 (1 − α )nFη  ox
 − αnFη 
i = nFk0 a red (0, t ). exp
−
a
t
(
0
,
).
exp

 RT 
RT



Cette relation est très importante, très souvent utilisée et connue sous le nom de ButlerVolmer (BV) (une des formes, elle peut s’exprimer de façon différente). Elle donne la
relation entre le courant, c’est à dire la cinétique de la réaction et le potentiel appliquée E.
Sens physique du paramètre k0:
k0 est directement relié à la vitesse de transfert des électrons entre le red et l’ox.
Certains couples sont caractérises par k0 des élevés (1-10-1cm.s-1) (couple rapide) d’autres par
des valeurs beaucoup plus faibles (couples lents) (10-10cm.s-1). Les premières sont
généralement des réactions élémentaires et les secondes font intervenir des mécanismes
complexes (succession des réactions élémentaires avec re-arrangement moléculaire)
B-4) Application de la relation courant-potentiel
A l’équilibre électrochimique ( i = i ox + i red = 0) et en conditions standard de concentration,
on peut écrire :
i ox = −i red = i0
et d’après l’équation de BV
a ox (0, t ) = a red (0, t ) = 1
D’où finalement une nouvelle forme de BV:
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  (1 − α )nF ( E − E0 ) 
 − αnF ( E − E0 )  
i = i0 exp 
− exp 

 
RT
RT


 

Courant anodique ( i ox )
courant cathodique ( i red )
avec i0 = nFk0
Cette équation qui donne la relation entre le courant et le potentiel appliqué E. Elle est
composée respectivement d’un terme cathodique (associé à la réduction) et d’un autre
anodique (associé à l’oxydation).
Si l’on considère maintenant des conditions non standard, on aura toujours :
i ox = −i red = i0
D’où, par exemple,

 − αnF ( Er − E0 ) 
i0 = nFk0 a ox (0, t ). exp

RT



et d’après Nernst :
 nF ( E r − E0 ) 

RT


RT  a ox (0, t ) 
a ox

ln
E r = E0 +
c'est-à-dire :
=
e
red
nF  a red (0, t ) 
a
qui permet d’écrire :
−α 

ox


(1−α ) red
α
a
(
0
,
t
)
  = nFk0 . a ox (0, t )
i0 = nFk0 a ox (0, t ).
. a (0, t )
red
 a (0, t )  


 

(
)
(
)
Puis finalement dans les conditions d’un système homogène :
i0 = nFk0 .a ox
(1−α )
.a red (0, t )α
Simplification des équations : cas des systèmes homogènes
Sous agitation énergique et lorsque les concentrations sont faibles, alors l’équation précédente
se réduit à :

 (1 − α )nFη 
 αnFη 
i = i0 exp 
− exp  −


RT


 RT 

qui est la forme la plus usitée de la relation de Butler-Volmer.
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On vérifie que lorsque η tend vers 0, i tend vers zéro aussi. Pour les valeurs de η>0 , c’est le
terme anodique qui est prépondérant (i>0), et inversement pour η<0, le terme cathodique
(i<0)
Liens avec les équations de Tafel
Considérons uniquement le courant anodique (iox). Pour les valeurs de η très faibles, i peut
s’écrire :
(1 − α )nFη
+ 1) puisque exp( x ) ≈ 1 + x . Cela démontre qu’un comportement linéaire
RT
du courant avec la surtension η c'est-à-dire avec le potentiel E.
i ox ≈ i0 (
Pour les valeurs de η plus importantes iox ou ired dominent, on montre alors très facilement,
dans le cas de iox que:
 (1 − α )nFη 
i ≈ i0 exp
 ce qui est strictement équivalent à :
RT


Ln(i ) = ln(i0 ) +
(1 − α )nFη
ln(i ). RT ln(i0 ). RT
d’où η = −
+
RT
αnF
αnF
ce qui permet de donner aux paramètres a et b de l’équation de Tafel :
η = a + b ln(i )
la signification physique suivante :
a=
ln(i0 ). RT
RT
et b = −
(1 − α )nF
(1 − α )nF
L’examen des courbes de Tafel permet donc de déterminer les 2 paramètres fondamentaux qui
caractérise la réaction redox : α le coefficient de transfert et i0 (ou k0) le courant d’échange.
Le premier caractérise le comportement hors d’équilibre, l’autre l’équilibre.
Rappel : c’est à partir de ces courbes I-E que l’on définit toutes les méthodes d’analyses
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i
i=ia +ic
ic
(cas d'un systèm e rapide)
E (ou η )
0
Er
i
(cas d'un systèm e lent)
ia
retour plan
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retour plan
Chapitre III) :
Interface Electrode/Solution.
Phénomènes non Faradiques
A) Introduction
Que se passe-t-il à l’interface Electrode/Solution ?
Comment s’effectue globalement la réaction redox ?
Quels sont les mécanismes physiques qui contrôlent la cinétique de ce phénomène ?
Pour qu’il y ait transfert de charges il faut :
1) une « matière », le collecteur de courant, qui apporte/transporte les électrons vers
les reactifs (elle doit être conducteur d’électron (métal, graphite ou SC a très faible gap); elle
doit aussi être insoluble (ou presque Ks=0), elle ne doit pas se passiver (ne pas
former d’interface isolante qui bloquerait tout transfert d’électron)
2) que l’espèce réactive soit au contact du collecteur (elle peut être le collecteur lui
même; ex: Zn/Zn2+)
3) que les différences de potentiel chimique des électrons soit en « accord » (∆G de la
réaction).
Conséquences :
1) choix du matériau du collecteur : aspect premier
2) il faut un transport de masse (des matières réactives) de la solution vers l’électrode.
Agitation de la solution ou déplacement de l’électrode. Les espèces réactives sont
soumises à une somme de force (force de transport, de diffusion…) qui peut
évoluer de manière à tendre vers 0 (état stationnaire) –si les contraintes sont
constantes.
3) Il faut imposer le potentiel des électrons (nFE) de l’électrode de manière à rendre
possible le transfert d’électron dans le sens choisi (red ou ox). Transfert entre les
électrons des niveaux les plus élevés vers la bande de conduction du collecteur ou
transfert des électrons du collecteur vers le niveau vacant le plus bas de l’espèce
considérée.
B) Processus faradique et non faradique
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Un processus faradique est un processus qui fait intervenir un transfert l’électron entre
l’électrode et l’espèce réactive : il y a réaction redox. Par opposition, un processus non
faradique correspond à aucun transfert d’électron à l’interface. Att : il peut y avoir transfert
de charge et création d’un courant sans transfert d’électron
B-1) Processus Faradiques
Si le système étudié ne présentait aucun processus non faradique, il n’y aurait aucune
surtension due au phénomène d’interface et on pourrait appeler alors l’électrode idéalement
non polarisée. La cinétique serait alors uniquement gouvernée par la réaction redox : celle que
nous avons déjà vue au chapitre précèdent (lois de Tafel, Butler-Volmer)
B-2) Processus non Faradiques
Les processus faradiques sont toujours associés à des processus non faradiques : soit
parce que le système est dans des conditions de potentiel qui ne permettent pas le transfert
(instantané) d'électron soit parce que la cinétique de la réaction est très lente. Ces derniers
peuvent constituer une grande partie de l’irréversibilité, c’est à dire qu’ils sont responsables
de la surtension.
En absence de processus Faradique, on dira que l’électrode est idéalement polarisée.
Le système se comporte alors comme un circuit qui associe un condensateur et une résistance:
La double couche :
En présence d’un champ électrique :
répartition inhomogène des charges aux
En absence de champ
électrique :
répartition
homogène des charges
-
Electrolyte
-
+
+
-
-
-
- +
+
+
+
+
-
+
+
-
-
-
+
+
- +
+
+ -
-
-
+
+
+
+
r
interfaces collecteur/électrolyte : Force= qE
+
+
+
+
+ +
-+ +
+
+
-
+
+
- + +
+ -
+
Double couche
+
-
- +
+
+
+
+
-
+
Collecteur de courant
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-
La couche diffuse:
Plan d’Helmotz
-
+
r
r
Fmigration / Fdiffusion
+
Zone homogène :
+
-
∂Ci
=0
∂x
+
-
+
+
+
+
+
-
Couche diffuse :
∂Ci
≠0
∂x
L’épaisseur de la couche diffuse dépend de la concentration, de l’ensemble des forces
qui s’applique aux charges. Elle est de l’ordre de quelques dizaines d’Angstrom.
potentiel "ressenti" par les especes chargées
Les espèces solvatées sur le plan externe d’Helmotz ne voient pas le potentiel
réellement imposé (effet d'écrantage). Le plan interne se comporte comme une résistance et
provoque une chute de potentiel. Voilà par exemple une cause de surtension.
double couche
couche diffuse
solution homogène
Φ+
ΦM
distance
Comment i ou E varient dans un tel système ?
On peut représenter le système double couche/plan d’Helmotz/couche diffuse par un circuit
RC en série.
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Cd
E = E R + ECd
R
ER = R.i
q
EC d =
Cd
α) Etudions la réponse de ce circuit à un créneau de potentiel
q(t )
E q( t )
dq(t ) E q(t )
E = R.i (t ) +
⇔ i(t ) = −
⇔
= −
Cd
R Cd R
dt
R Cd R
er
Equation différentielle du 1 ordre dont la solution conduit à :
E  − t RC d 
i = .e
R
E
i(t)
E(t)
E/R
t=0
β) Réponse à un créneau de courant
q
E = R.i +
Cd
temps
⇔
E = R.i +
i.t
Cd
i
i/C d
i(t)
E(t)
R.i
t=0
temps
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χ) Réponse à une rampe de potentiel
E (t ) = Ei + v.t = R.i (t ) +
q( t )
dq(t ) q(t )
= R.
+
Cd
dt
Cd
Equation dont la solution est :
 E
  − t RC d  
i (t ) = v.Cd +  i − v.Cd .e


 R

E i/R
v
i(t)
E(t)
v.C d
t=0
Ei
tem ps
B-3) Cas réels4
Les surtensions (et les cinétiques) associées à chacun des processus dépendent de tous
les phénomènes que nous venons d’exposer. Ils se superposent
η = η* + R Ωi avec η* = η *1 + η *2 + η *3 + η *4
où η1 est la surtension de transfert de charge, celle liée à la couche diffuse,…..etc…
Pour chaque valeur de courant i, chacune des étapes et des surtensions associées peut
être représentée par une résistance non linéaire.
4
(Rappel: Il existe 2 types de cellules électrochimiques (constituées de 2 couples redox) : galvaniques et
électrolytiques
3) Galvanique : la réaction entre les 2 systèmes est spontanée : cas des piles primaires, piles à
combustible, des protections galvaniques (anti-corrosion)
4) Electrolytique : le courant passe dans le circuit parce qu’on applique un potentiel aux électrodes
(on place le système de manière à ce qu’il s’écarte de l’équilibre). Electrolyse de l’eau, dépôt de
revêtement métallique
Nb : les piles secondaires (ou rechargeables) se comportent comme des cellules galvaniques en décharge (on
récupère spontanément l’énergie du système) ou comme des cellules électrolytiques lorsqu’on les recharge)
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C) Réaction contrôlée par transfert de matière
On comprend aisément que tous ces processus agissent comme des résistances en série. (les
surtensions s’ajoutent !). Comme pour tout circuit de résistances en série, c’est la résistance la
plus grande qui joue un rôle prédominent. On observe experimentalement que plus le
potentiel E est éloigné du potentiel de repos, plus la vitesse à laquelle les espèces sont
transférées de la solution à l’interface devient l’étape la plus lente, alors :
i
v globale ≈ v tm = lim < v faradiqe
nF
Dans ce cas, il apparaît un courant limite ilim.
Cette vitesse, donc le courant, dépend de trois facteurs :
r
r
1) la migration : force due à la différence de potentiel entre les électrodes : F = qE
(n’agit que sur les espèces chargées)
2) la diffusion : force due au gradient de concentration (loi de Fick)
3) la convection : transport hydrodynamique (dépend de la viscosité du milieu). Il
peut être turbulent, laminaire….
L’équation qui permettra de calculer le flux de particule arrivant à l’interface sera
donnée par la relation de Nernst-Plank (cas d’un système linéaire- en réalité on est en
3D ! ! !):
J i ( x ) = − Di
diffusion
∂Ci qi F
∂Φ ( x )
−
DiCi
+ Ci v ( x )
∂x RT
∂x
migration
Vitesse de
déplacement d'un
élément de volume
La résolution de cette équation aux dérivées partielles n’est pratiquement jamais réalisable de
manière analytique. Il faut avoir recours au calcul numérique par ordinateur (méthode des
éléments finis). Le résultat montre que lorsque l’on fait varier le potentiel E au borne du
système (tous les autres paramètres étant fixés par ailleurs -C, v, T-), il existera des conditions
limites au delà desquelles il sera impossible d’augmenter le flux de particules. Il apparaîtra un
courant limite directement lié à J(x) et l’allure que courbe intensité/potentiel sera la suivante
(*):
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* courant mesuré experimentalement
i
(avec courant limite)
i=ia+ic
ic
(en absence de courant limite)
ilim
E (ou η)
0
ilim
Er
ia
D) Caractérisation des phénomènes interfaciaux : utilisation de l’impédance complexe
La spectroscopie d’impédance complexe (appelée parfois par les électrochimistes EIS :
electrochemical impedance spectroscopy) est une technique fondée sur l’étude des circuits
électriques en mesurant leur réponse à une sollicitation sinusoïdale (courant i * ou tension
E * alternatifs E (t ) = E0 .eiωt où ω = 2πf est la pulsation). L’impédance est alors définie par:
E * (ω )
Z * (ω ) =
. Z * (ω ) est une grandeur initialement définie pour des systèmes (ou
i * (ω )
circuit électriques) linéaires. Elle possède des parties reélle et imaginaire :
Z * (ω ) = Z ' (ω ) + iZ " (ω ) dont l’évolution en fonction de la fréquence du champ ou courant
électrique appliqué permet de remonter à des grandeurs caractéristiques du circuit étudié.
(nb : est très couramment utilisée dans l’industrie électronique pour vérifier l’état d’un
circuit). Nous avons vu dans le chapitre précédent que le comportement d’une électrode
idéalement polarisable pouvait être schématisé par un circuit équivalent RC, donc
relativement simple. Nous avons alors montré que l’on pouvait remonter au valeur de R et de
C en soumettant ce circuit (cette électrode) à un créneau de tension ou de courant. Il est en fait
beaucoup plus simple de remonter à ces valeurs non pas en appliquant ce type de sollicitations
continues mais en utilisant des signaux alternatifs sinusoïdaux. Ceci est d’autant plus vrai que
l’électrode n’est ni idéalement polarisée ni idéalement non polarisée mais qu’elle est le plus
souvent le siège d’une combinaison de processus faradique et non faradique. Dans ce cas
« réel », la représentation par un circuit électrique équivalent simple n’est plus possible. Il
convient alors d’utiliser des circuits beaucoup plus compliqués dont la réponse en fonction du
temps (ex I=f(t)) n’est pas facilement analysable. Une étude en fonction de la fréquence (ex :
Z*=f(ω)) apporte beaucoup plus d’information.
Montrons sur deux cas simples la réponse attendue en fonction de la fréquence.
D-1) cas des circuits élémentaires RC série et parallèle
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(b)
(a)
idc
R=1/G
R=1/G
ip
C
C
I
I
~
Source de tension et analyseur
Source de tension et analyseur
Modèles de circuit équivalent en parallèle (a) et en série (b). Dans les deux cas les éléments C dc et R dc sont
strictement identiques.
Une résistance R n’introduit aucun déphasage entre la tension et le courant; l’impédance
complexe Z R* (ω ) correspondant est donc égale uniquement à la composante réelle R:
Z R* (ω ) = R
La capacitance C répond systématiquement avec un déphasage de 90° entre le champ et le
courant. Elle n’est donc caractérisée que par une composante purement imaginaire :
1
Z C * (ω ) =
jωC
Il suffit ensuite de combiner ces impédances en sachant (suivant les lois simples de
l’électricité) qu’elles s’additionnent quand elles sont montées en série alors que ce sont leur
valeur inverse, ou admittance ( Y * = ( Z *)−1 ) qui s’additionnent en parallèle :
Circuit en série : Z série* (ω ) = Z R* (ω ) + Z C * (ω ) = R +
1
jωC
Circuit parallèle : Y para* (ω ) = YR* (ω ) + YC * (ω ) = R −1 + jωC
Dans le premier cas, la mesure de Z série* (ω ) (en pratique le spectromètre mesure la norme de
l’impédance Z * et le déphasage ϕ entre la tension et le courant), c’est à dire de ses parties
réelles et imaginaires conduit directement à la mesure de R et C.
−1
Z ' série (ω ) = R et Z " série (ω ) =
ωC
Dans le second, un calcul simple montre que :
G
ωC
et Z " para (ω ) =
Z ' para (ω ) =
2
2 2
2
G +ω C
G + ω 2C 2
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On montre alors que lim Z ' para (ω ) = G −1 = R et la partie imaginaire passe par un maximum
ω →0
1
1
= . Cela se repère très facilement
RC τ
sur les diagrammes d’impédance complexe (parfois appelés digrammes de Nyquist) :
pour une valeur de ω correspondant à ωresonance =
-1
Z"(ω)
(Ω)
Z"(ω) max pour la valeur de ω=(RC)
Z'(ω)==>R
Z'(ω)
(Ω)
D-2) cas des cellules électrochimiques simples
Dans les systèmes réels, il existe en toute rigueur une superposition de courants faradique et
non faradique. On imagine aussi que ces deux contributions ne sont pas indépendantes l’une
de l’autre. Elles ne sont pas séparables (d’un point de vue strictement théorique). Il faut, pour
simuler de façon très précise ce type de comportement complexe, avoir recours aux calculs
par ordinateur. On peut cependant, en première approximation, faire l’hypothèse que le
courant total observé est la somme des deux contributions :
i = i faradique + inon − faradique
Dans de telles conditions, on peut déduire que la représentation la plus simple et la plus
probable d’une cellule électrochimique est la suivante :
Capacité double couche: Cd
Résistance de l’électrolyte: Re
Impédance Faradique: ZF
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Il reste donc pour avoir une représentation totale du système, à définir la nature exacte de
l’Impédance Faradique (celle qui caractérisera la réaction redox, cad le transfert de charge à la
surface de l’électrode). Pour aboutir à ce calcul, il est nécessaire de repartir de BV qui donne
∂i
pour connaître l’effet d’une perturbation
la relation entre i et E, puis de la différencier :
∂E
de nature sinusoïdale sur l’évolution temporelle du courant et de la tension. Nous ne
donnerons pas ici ce calcul, mais sachez qu’il conduit à mettre en évidence 2 concepts
fondamentaux : la résistance de transfert de charge Rt et l’impédance de Warburg notée W.


∂E

Le premier, Rt , définie par : Rt = 
correspond à la résistance équivalente
 ∂I faradique 

 ci ,T ,....
au transfert de charge électronique entre les espèces red et ox si l’on suppose que les activités
de celles-ci sont constantes. Cette résistance informe donc sur les cinétiques redox.
Le deuxième, appelé impédance de Warburg, caractérise l’évolution du courant faradique en
fonction des variations de concentration (ou d’activité) des espèces. Il traduit en quelque sorte
l’influence du transport de matière vers l’électrode.
Le schéma précédent est alors transformé :
Capacité double couche: Cd
Résistance de l’électrolyte: Re
Résistance de transfert Rt
Impédance de Warburg: W
La solution mathématique du problème conduit à une équation qui donne l’évolution du
gradient de concentration ∆ci de l’espèce considérée (ox ou red) en fonction de la distance x
à l’électrode et de son coefficient de diffusion Di :
∆ci ( x ) = A. exp( x.
jω
jω
) + B. exp( − x.
)
Di
Di
Où les constantes d’intégration A et B dépendent des conditions limites et d’une hypothèse
sur l’épaisseur de la couche de diffusion.
L’expression de l’impédance de Warburg dépend donc de 2 hypothèses : la couche de
diffusion est soit infinie soit finie.
Dans le premier cas (couche infinie et processus de diffusion lent), les calculs conduisent à :
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R .y
Z F * (ω ) = Rt + t
jω
où y =
k red
k
+ ox
Dox
Dred
Rt . y
est l’impédance de Warburg.
jω
Le tracé de l’impédance complexe totale du circuit équivalent :
le terme complexe W * (ω ) =
On voit sur ce schéma qu’il est alors « facile » de remonter aux grandeurs caractéristiques du
circuit ( Rt , C D , Rint ) et plus particulièrement que le paramétrage de l’impédance de Warburg
qui domine le signal à basse fréquence peut permettre de déterminer les coefficients de
diffusion des espèces considérés.
Dans le second (couche finie et processus de diffusion rapide), on obtient ce type de
comportement (en considérant le modèle de Nernst ou la concentration des espèces varie
linéairement avec la distance):
Où l’on retrouve l’impédance de Warburg à haute fréquence ( ω → ∞ ) ou à basse fréquence si
δ D l’épaisseur de la couche de diffusion tend vers aussi vers ∞ (cas 1).
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°
Lorsque δ Diff est suffisamment petit (qq Α ) alors l’arc de cercle observé est très déformé et
kox .δ Diff
il devient possible de remonter à basse fréquence à la valeur du produit
et, par
D
conséquent, à δ Diff si kox et D sont connues par ailleurs.
retour plan
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retour plan
Chapitre IV) :
Accumulateurs primaires (piles) et secondaires (batteries)
Définition : Systèmes qui transforment l’énergie chimique en énergie électrique (et vice
versa).
A) Introduction
Les accumulateurs électrochimiques sont des « machines » (comme toute machine, ils
transforment l’énergie). Ils seront caractérisés par un ensemble de critères techniques : énergie,
capacité, rendement (=pertes d’énergie=surtension)
Nomenclature:
• Cellule : unité regroupant 2 sous-ensembles associés chacun à 1 électrodes (un couple
redox). Le potentiel de la cellule, Er, est donné par la différence Erc-Era. Il est
caractéristique des 2 couples
exemple d’une cellule (Pb/acide) Er=2,1V
•
Batterie : ensemble associant en série des cellules. Le potentiel d’une batterie est Er*nb de
cellules.
La batterie Pb/Acide : 6 cellules montées en série (Er=12,6V)
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•
•
Matière active : matière capable de stocker ou de délivrer l’énergie sous forme
électrochimique – la matière associé au couple redox
Matière inactive : (tout le reste) le collecteur de courant, l'électrolyte, la boite, le
séparateur, les additifs divers et variés. L’électrode est constituée de matière active et
inactive aussi. (nb : les matières inactives ne sont pas forcement inertes ! ! ! ! ex : réactions parasites
comme l’électrolyse de l’eau! ! !)
Bien que les piles et les batteries aient été l’objet de nombreux développements industriels
et commerciaux constants depuis plus d’un siècle, les besoins en stockage performant
d’énergie et plus particulièrement en miniaturisation se sont considérablement accrus ces
dernières années : électronique, téléphonie portable, ordinateurs, véhicules électriques….
Les batteries peuvent répondre à l’ensemble des besoins : de qq µWh (courants très faibles
pour maintenir les mémoires sur les cartes mères, défibrillateurs cardiaques), à plusieurs
dizaine de MWh (sous-marins –200 tonnes de batteries au plomb-, régulation en sortie de
centrale électrique) en passant par les batteries plus répandues de qq Wh ou KWh
(automobile, aviation, sécurité des bâtiments, applications militaires –ogive nucléaire-).
Projet futuriste d’une station capable de stocker l’énergie (plusieurs MWh) d’une centrale électrique (régulation
des capacités de production/consommation)
Paramètres de choix en fonction de l’application:
- besoins en énergie et/ou en puissance ?
- privilégier le poids ou le volume ?
- durée de vie
- application sédentaire (sécurité électrique)/mobile?
- coût : en matière première et en maintenance
- environnement : recyclage des matières actives et inactives (qui sont souvent
dangereuses): métaux lourds, acide/base, solvant organique
Pour répondre à tous ces critères (c’est à dire pour trouver le meilleur compromis),
l’utilisateur a le choix entre différents couples et différentes technologies.
Diagramme de Ragone
500
Li-Ions
Puissance spécifique [W/kg]
400
Plomb
Ni-MH
Diagramme qui représente l’énergie massique
en fonction de l’énergie volumique pour les 3
couples rechargeables les plus répandus.
USABC - objectif à long terme
300
200
100
0
0
50
100
150
200
250
Densité d’énergie [Wh/kg]
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Nous allons vous présenter dans la suite de ce chapitre les différentes familles de
batterie : quels couples, quels principes de fonctionnement, avantages/désavantages : lien avec
les propriétés électrochimiques que nous avons évoquées jusqu’à présent. Mais commençons
par quelques généralités relatives au fonctionnement des accumulateurs électrochimiques.
B) Caractéristiques et critères de performances électrochimiques
Les accumulateurs vont être caractérisés selon leur capacité, leur énergie, leur puissance et
finalement leur aptitude à la recharge (cyclabilité ; cas des accumulateurs rechargeables)
B-1) Capacité
La capacité théorique délivrée par une électrode Cthéo est :
C théo = x.nF =
∫
i.dt (Coulomb)
où x est le nombre de mole de matière active et n le nombre d’électron échangé théoriquement
par mole de matière active
La capacité théorique n’est pas souvent utilisée, puisqu’en pratique l’utilisateur sera
intéressé par la capacité réelle susceptible d’être fournie par l’accumulateur. Pourquoi la
capacité réelle diffère-t-elle de la théorique (parfois jusqu’à un facteur ½) ?
1) tous les électrons ne sont pas toujours extractibles : nextra<nthéo
2) les matières actives sont très souvent des solides sous forme de grain et il n’est pas
toujours possible de faire réagir le cœur du grain par exemple (une couche
passivante se forme en cours de réaction et constitue une barrière qui bloquent soit
le transfert des e- soit celui des ions !) : xutil<xthéo
Ce qui peut s’exprimer de la façon suivante :
C réel = xutil .n extra . F = ∫ i.dt
Comment détermine-t-on Créel?
Dans la plus grande majorité des cas, on fera débiter l’électrode dans un circuit de
résistance variable, de manière à ce que le courant soit constant. On mesure alors le potentiel
de l’électrode en fonction du temps et on considère l’expérience terminée lorsque celui chute
brutalement. C’est une mesure en condition galvanostatique. Si i est constant, alors Créel
devient :
Créel = i.t
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i=cste
Er
chute ohmique η
Ω
( instantanée)
mise en place des surtensions électrochimiques η ∗
E travail
0
t fin
temps
Courbe de décharge « idéale » en condition galvanostatique:
Créel = i.t fin
La capacité délivrée dépend fortement du régime de décharge i. Plus les courants
demandés sont importants, plus les surtensions sont élevées et plus la capacité est faible.
i1 <i 2<i3 ==> C réel1 >C réel2<C réel3
et
Er
==>
η 1< η 2 < η 3
i1
i2
i3
0
tfin 3
tfin 2
tfin 1
tem ps
Evolution des courbes de décharge en fonction du régime imposé
La capacité réelle d’un accumulateur ou d’une pile est toujours donnée pour un régime
précis. On écrit : I=C/5, C/10, C/20. Cela signifie que la valeur C affichée correspond à la valeur
obtenue lorsqu’on fait débiter l’accumulateur à un courant équivalent à 1/5, 1/10, 1/20ème de la
capacité. Cette capacité est souvent appelée capacité nominale.
Ex : C/5 = 20Ah, cela signifie que l’accumulateur sera capable de délivrer un courant de 4A
pendant 5h.
Comme une cellule est composée de 2 électrodes, il faut ajuster la capacité réelle des 2
électrodes. La capacité de l'accumulateur sera imposée par le couple en defaut.
D’une manière générale, plus on utilise la totalité de la capacité nominale, plus on accélère le
vieillissement de l’électrode. Il est souvent recommandé de n’utiliser que 80% de cette
capacité.
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Les utilisateurs ne s’intéressent pas beaucoup à la valeur brute de la capacité. En fonction de
l’application, le facteur prépondérant sera soit la capacité massique (Ah//kg) soit la capacité
volumique (Ah/l) de la batterie considérée.
Il faut alors prendre en compte le poids ou le volume des matières actives, mais aussi le poids
et le volume de l’ensemble des matières inactives. La fabrication d’un accumulateur nécessite
par conséquent, tout un ensemble d’études matériaux qu’il faut systématiquement optimiser.
On définit les capacités de recharge de la même manière. La cellule est alors une
cellule électrolytique. Ce qui importe dans ce cas, c’est d’abaisser le coefficient de recharge,
autrement dit le rendement de l’accumulateur Cch arg e / Cdéch arg e . Ce rapport est toujours
supérieur à 1.
Pourquoi ?
Parce qu’il existe des réactions redox parasites qui ne se produisent pas en fonctionnement
galvanique, mais qui apparaissent toujours en fonctionnement électrolytique (le système est
forcé hors de l’équilibre !).
Ces réactions redox sont :
- L’oxydoréduction de l’électrolyte ( H2O H2+ 1/2 O2)
- L’oxydoréduction des matériaux inactifs et plus particulièrement l’oxydation des
métaux qui servent de collecteurs de courant.
- Les phénomènes de recombinaison gazeuse
Toutes ces réactions consomment des électrons qui ne sont pas « rendus » en décharge.
De façon identique, lorsque le système est maintenu hors d’équilibre ( ex : aucun lien
électronique entre les 2 couples redox- batterie chargée en circuit ouvert), un certain nombre
de réaction d’oxydoréduction peuvent se produire entre les différents éléments des électrodes
et consommer ainsi des électrons. On dit qu’il y a dans ce cas des phénomènes de court-circuit
électrochimique interne. Ils conduisent à une diminution de la capacité disponible.
L’ensemble de ces phénomènes s’appelle « auto-décharge ». Comme n’importe quelle autre
cinétique, elle augmente très rapidement avec la température.
B-2) La Puissance
Elle est donnée par le produit I.U à chaque instant t. Pour qu’une batterie soit capable de
délivrer beaucoup de puissance, il lui faut pouvoir délivrer des courants forts et sous des
tensions les plus élevées possibles. La recherche de puissance ne concerne pas toutes les
applications
Comment optimiser ces facteurs ?
- courants forts : il faut deux couples aux cinétiques rapides et ne présentant pas de courant
limite trop faible. Il faut maximiser la surface des électrodes pour pouvoir extraire des
courants forts sans augmenter la valeur des densités de courant.
- Tension élevée : potentiel en circuit ouvert (repos) le plus élevé possible et réduction
maximale des surtensions (ohmique et non-ohmique)
Il s’agit encore de trouver des compromis. Par exemple, l’augmentation de la surface
permet d’accroître le courant délivré (pt positif) mais peut contribuer à l’augmentation des
surtensions (la capacité de double couche est une fonction directe de la surface ! !)
B-3) L’énergie
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Ce facteur est bien évidemment le facteur le plus important d’un point de vue
thermodynamique. Il est relié à la puissance par :
dW = P.dt
Et par consequence:
t'
t'
0
0
W = ∫ P.dt = ∫ E. I .dt
t'
Ce qui dans en condition galvanostatique (i=cste) revient à W = i ∫ E.dt ou en condition
0
potentiostatique :
t'
W = E ∫ i.dt = E.Creel
0
Cette dernière équation montre que les raisonnements déjà évoqués au sujet de la capacité
sont directement transposables à l’énergie . A ces paramètres vont s’ajouter les considérations
associées à E, c'est-à-dire un potentiel de fonctionnement le plus haut possible : Er grand et η
faible. Pour augmenter ces facteurs, il faut trouver des couples dont les différences de
potentiel sont les plus élevés possibles (batterie Li+), les plus légers et dont les surtensions
seront minimum : minimum de baisse de tension en décharge, minimum de hausse en charge.
Une fois encore c’est l’énergie massique (Wh/kg) ou énergie volumique (Wh/l) qui sera prise
en compte par l’utilisateur.
C) Systèmes primaires et secondaires les plus répandus
C-1) Les accumulateurs primaires
1) Pile Leclanché (1866) (Er≈1,5V)
(2 millions de cellules produites au début du siècle)
Zn (s) / ZnCl 2 (aq), NH 4 Cl(aq) / MnO 2 , C(s)
fonctionne sur les réactions suivantes :
Zn (s) → Zn 2 + (aq ) + 2e − et MnO 2 (s) + 2H 2O + 2e − → 2MnO(OH)(s) + 2OH −
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En réalité les réactions globales sont plus complexes puisque le zinc en solution forme des
complexes plus ou moins solubles avec les ligands chlorure et l’ammoniac : Zn(NH 3 ) 2 Cl 2
La formation de ce complexe est aussi un exemple de réactions « parasites » d’autodécharge :
Zn(s) + 2NH +4 (aq) + 2 Cl- + 1/2 O 2 → Zn(NH3 ) 2 Cl 2 (s) + H 2O
(oxydation du zinc par l’oxygène dissous dans l’électrolyte)
(le chlorure d’amonium est donc utile car il limite la solubilisation du Zn et les phénomènes
d’autodécharge…)
La présence d’oxygène dissous dans l’électrolyte est un facteur très important dans beaucoup
de systèmes électrochimiques.
Il existe aussi des « réactions » parasites conduisant à la production d’hydrogène :
Zn(s) + 2NH +4 (aq) + 2 Cl- → Zn(NH3 ) 2 Cl 2 + H 2 (g)
augmentation de la pression dans la cellule et risque d’explosion
autre facteur d’autodécharge : présence d’impuretés métalliques (plus oxydantes que le zinc)
comme le Fe, Ni, Cu…
Zn(s) + Fe 2 + (aq ) → Zn 2 + (aq ) + Fe(s)
Il existe des piles uniquement au chlorure de Zn (élimination du chlorure d’ammonium)
Inconvénient : pb d’autodécharge la fabrication doit être plus soignée
Avantage : densité de courant plus élevée (plus de puissance possible) car résistance de
l’électrolyte est plus faible et absence de couche passivante ( Zn(NH 3 ) 2 Cl 2 ).
2) Piles alcalines :
a) Idem Leclanché mais en milieu alcalin (KOH 30%))
Avantages : supporte beaucoup mieux les différents régimes de décharge
b) Zn/Hg (1,3V)
cas d’une pile ou les 2 couples sont à l’état solide potentiel beaucoup plus stable en
décharge
Zn/ZnO(s)/KOH/HgO(s),C(s)
Première pile bouton
Même principe de fonctionnement pour Zn/Ag
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3) Metal-Air (oxygène)
La plupart des métaux sont oxydables par l’oxygène de l’air. Beaucoup de piles fonctionnent
sur ce principe :
-1 électrode « classique »M(s)/M+x(OH)x(s) (on est la plupart du temps en milieu
alcalin)
-1 électrode à air : ½ O2/O2-. Cette réaction se fait à l’aide d’un catalyseur supporté
sur du graphite)
Avantage : l’électrode à air est très légère, le comburant est inépuisable ! permet d’obtenir
des densités d’énergie très élevé(200Wh/kg)
4) Piles à combustible
1 électrode à air + 1 électrode à hydrogène (le combustible) (½H2/H+) (fonctionne sur le
même principe)
Le produit de réaction est l’eau si on utilise l'hydrogène (bon pour l’environnement)
Les piles à combustibles peuvent fonctionner soit avec un électrolyte alcalin, soit en milieu
acide (H3PO4 ou H2SO4) (il faut assurer le transport des charges ioniques dans l’électrolyte
soit par conduction protonique (H+) soit par conduction OH-. L'électrolyte peut aussi être un
solide: à basse température membrane polymère conductrice (Nafion) ou à haute temperature
oxyde de type perovskite (conduction protonique en présence d'eau). L'inconvénient des
membranes polymères est leur longévité (recherche actuelle sur des membranes hybrides
organique/minérale)
Avantages: capacité illimitée tant qu’on fournit du carburant et du comburant
Inconvénients:
- stockage des gaz (H2 ou autre: inflammabilité) peut aussi fonctionner avec du
méthanol, du méthane de l’ammoniaque…. (mais dans ce cas production de gaz
CO2, NOx,…)
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-
nécessite l’emploi de catalyseurs (métaux nobles = très chers) qui s’empoisonnent
au contact de l’électrolyte.
on obtient des densité de courant intéressantes si les gaz sont sous haute pression :
montage très complexe et très onéreux.
L’avantage est si grand malgré tout qu’un nombre excessivement important d’études et de
développements industriels est en cours.
5) Piles au lithium
Pourquoi le lithium ? Parce qu’il est l’élément dont le potentiel standard E0 est le plus élevé
tension de fonctionnement élevée (pile jusqu'à 4V) beaucoup d’énergie par électron
1 électrode de Li (anode) + 1 cathode (il en existe de nombreuse)
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ex : CuO, MnO2, FeS (la plus répandue commercialement), (CFx)n (solide/solide)
ou SOCl2/SO2Cl2
La présence de Li empêche toute utilisation d’électrolyte aqueux (formation de
Li(OH)). Ces systèmes doivent impérativement fonctionner en milieu anhydre (solvant
organique) et de surcroît capable de solubiliser des ions lithium sous forme de sels (LiPF6)(il
faut un solvant organique très polaire : diméthyl carbonate)
C.2) Les accumulateurs secondaires (rechargeable)
Il faut, dans ce cas, que le système puisse être « renversable » : la cellule devient cellule
électrolytique à la recharge. Ce n’est pratiquement possible que si les 2 couples redox sont à
l’état solide quel que soit leur degré d’oxydation.
On les caractérisera de la même façon que les systèmes primaires, auxquels s'ajoutent deux
autres critères fondamentaux : la rechargeabilité et la cyclabilité
1) la batterie au plomb acide (2,2V)
Le plus vieux système est la batterie au Pb. Il est encore très largement utilisé (démarrage
véhicule, sécurité, action motrice –tous les engins de levage et/ou de déplacement sur de
courtes distance (aéroports…). Son atout : le rapport prix/performance (10 fois moins cher/ 2
à 3 fois moins performant –densité d’énergie et cyclabilité)
Principe :
Pb (s) / Pb (poudre) / H 2SO 4(aq ) / PbO 2( poudre) / Pb (s) (état chargé)
Pb(s) / PbSO4(poudre) / H 2SO 4(aq ) / PbSO 4(poudre) / Pb(s) (état déchargé)
Avantage : système très rapide = densité de courant élevé ; excellente rechargeabilité à faible
profondeur de décharge ; excellent rapport qualité/prix
Inconvénient : se détériore rapidement à l’état déchargé (dissolution des matières actives dans
l’électrolyte)= cyclabilité faible en décharge profonde ; faible densité volumique/massique
d’énergie.
2) les accumulateurs alcalins (1,2V)
Ni/Cd (plus efficace que le plomb) et durée de vie plus importante, Ni/MH encore plus
efficace (surtout développée pour les petites capacités –téléphonie portable, ordinateur) mais
on ne sait pas encore faire de batterie de grosse capacité pour le véhicule électrique par
exemple. Utilisation en véhicule hybride (Prius–Toyota) (voir site toyota:
http://www.toyota.com/prius/)
Le Zn/Mn02 (vue dans les piles primaires) peut être rechargé dans certaines conditions :
encore plus performant que les autres, souffre cependant de pb de rechargeabilité
(solubilisation des espèces Zn2+)
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3) batteries Li-ion (jusqu’ 4,5V)
Le problème pour recharger les piles aux lithium est la recharge de l’anode Li+Li…création
de dendrites, risque de court circuit.
(Nb :Le pb a été réglé en utilisant un composé d’insertion du Li : Li/C(graphite) que l’on trouve sur le marché
actuellement)
Schéma de principe d’une batterie li-ion avec une anode en graphite
le potentiel dépendra de la cathode choisie Les cathodes les plus couramment utilisées sont à
base d’oxyde de cobalt, de nickel ou de Manganèse
Avantage : densité d’énergie très élevée, se recharge bien, cyclabilité correcte (jusqu’à 400500 fois)
Inconvénients : coût plus important, danger (ne doit pas voir l’air ! ! !)
Potentiel des différents couples pouvant être associés au lithium (référence à 0V)
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retour plan
Chapitre V)
Electrochimie appliquée 2 : corrosion
A) Introduction
On associe, dans le langage courant, le terme « corrosion » au phénomène d’attaque des
métaux par les agents chimiques qui se trouvent dans leur environnement. Ce concept a été
étendu aux phénomènes (en général) qui, induits par le milieu extérieur, engendrent la
dégradation des matériaux et la modification de leurs propriétés physiques/chimiques. Même
si l’on associe ce phénomène essentiellement aux matériaux métalliques, il faut savoir qu’il
concerne l’ensemble des solides (polymères, verres, céramiques….). Les facteurs
environnementaux de corrosion sont : i) l’air (oxygène principal agent oxydant/corrodant ;
mais ne pas oublier également d’autres gaz, i.e. H2S, CO/CO2 (haute T), qui conduisent à la
formation de sulfure, carbure, nitrure), ii) l’eau (pluie, rivières et mers) et toutes les
substances qu’elle peut contenir (surtout les cations/anions dissous), iii) les rayonnements
électromagnétiques (visibles, UV, IR, ionisants) –effet particulièrement important pour
certains polymères-…et iv) les « corps » vivants : les bactéries (consomme de l’oxygène !
phénomène de corrosion par aération différentielle ou d’autres agents oxydants –composés
azotés, souffrés-) ….et v) les interfaces matériau/matériau (effet d’un métal sur un autre
métal : cas très courant de corrosion autour des soudures, ciment sur acier…..). Ajoutons à
cette liste, les deux paramètres toujours présents soit dans notre environnement habituel soit
dans des conditions d’utilisation très particulières (ex : aviation, narine): la température et la
pression (corrosion sous contrainte !)….
Si l’on considère les matériaux concernés et les facteurs « responsables » de la corrosion, on
comprend immédiatement l’étendue de ce problème, en termes aussi bien scientifique,
technique et qu’économique. On constate très souvent que c’est la superposition de plusieurs
facteurs (i.e. gaz oxydant + eau + impureté type Cl-) qui rend possible le phénomène (cette
superposition accélère une évolution thermodynamiquement inévitable -mais qui
cinétiquement n’est pas toujours rapide!).
La corrosion est un phénomène inévitable. La raison est thermodynamique : les matériaux ne
sont généralement pas dans l’état d’équilibre thermodynamique le plus stable ils sont
« condamnés » à vieillir (à évoluer) ! (sauf certains oxydes métalliques, les métaux précieux
et le graphite). L’Homme, qui n’a jamais cessé de développer des matériaux de plus en plus
performants pour améliorer ses conditions de vie – et dans des domaines d’applications de
plus en plus répandues-, est par conséquent contraint de lutter en permanence contre ce fléau !
Il a été, par exemple, estimé que plus de 3% du PIB d’un pays développé comme les EtatsUnis était consacré à la corrosion -2 1010 $ rien que pour le ministère de la défense !.
« Consacrer » recouvre plusieurs aspects ; d’une part le coût des réparations engendrées par la
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corrosion (besoin curatif !) et d’autre part celui des moyens employés pour lutter contre elle
(prévention!).
Ne pouvant contrer thermodynamiquement la corrosion, les recherches se sont essentiellement
orientées à trouver des moyens pour soit la ralentir soit minimiser ses effets.
Les réactions physicochimiques mis en jeu dans les processus de corrosion ne sont pas toutes
à mettre dans la rubrique « réaction électrochimique », puisqu’interviennent également des
réactions de type acide/base, de complexation et/ou tout simplement des phénomènes de
solubilisation (lixiviation des verres, des ciments…)
Nous ne pourrons donc, dans ce cours, aborder tous les aspects qui viennent d’être énumérés.
Nous nous « contenterons » d’étudier la corrosion métallique (domaine suffisamment
complexe) dont le lien avec l’électrochimie est particulièrement explicite.
Dans le cas de la corrosion électrochimique, comme pour toute réaction redox, il faut que 2
couples soient en contact direct pour échanger des électrons et éventuellement de la matière :
un couple oxydant (souvent l’oxygène ou l’eau) et un réducteur (le métal). On parle souvent
de pile en cours circuit ou d’électrode mixte ( 2 couples sur le même transporteur d’électron).
On peut généraliser cette idée de pile en cours circuit en disant qu’à chaque fois que deux
phases dont les potentiels électrochimiques sont différents (toujours le cas !) sont mis en
contact direct (ou indirect par le biais d’un conducteur e-), il y a nécessairement réaction
d’oxydoréduction.
Comment agir pour bloquer, ou du moins limiter, les effets néfastes résultants de cette
malheureuse rencontre?
- 1) on évite le contact en eux (ex : film protecteur)
- 2) on modifie les potentiels redox de manière à ce que la réaction soit moins
favorable/moins rapide (limitation des transfert de charge)
(nb : cas 1) et 2) peuvent être vu a travers le concept de surtension : cas 1) surtension
ohmique –présence d’une couche isolante- cas 2) modification des caractéristiques propres à
la cinétique réactionnelle)
- 3) on ajoute un troisième couple réducteur (plus réducteur que le premier) qui se
sacrifiera (anode sacrificielle).
La corrosion (ou les propriétés associées) n’est pas nécessairement un « mal ». On peut tirer
avantage, pour certaines application, de ce phénomène. Elle peut être utilisée par exemple
pour
- modifier la composition d’un alliage métallique (traitement de surface) : une
espèce est extraite d’un alliage par dissolution électrochimique (corrosion)
sélective
- créer des structures poreuses également par dissolution électrochimique
(corrosion) sélective
Pour agir, et ce quelle que soit la méthodologie (l’approche) employée, il faut comprendre les
mécanismes électrochimiques mis en jeu mais aussi (et surtout !) pourvoir les lier aux
propriétés physicochimiques des matériaux.
Si l’on se limite au phénomène de corrosion le plus courant (effet conjoint de l’oxygène en
présence d’eau sur un métal), on peut dire que la corrosion est une réaction redox en milieu
hétérogène : les phases solides, liquides et gazeuses sont simultanément mis en interaction.
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Comme dans le cas des accumulateurs traités précédemment, l’étude des phénomènes de
corrosion est pluridisciplinaire : électrochimie, sciences des matériaux (physique du solide)
et sciences des transferts de matière. Il s’agit ainsi de relier les caractéristiques structurales
(cristallographique, morphologie et inhomogénéités –mélange de phase-) et les propriétés de
conduction (électronique et ionique) du matériau considéré aux conditions redox ainsi qu’a
celles que l’on peut associer au transport de matière aux interfaces solide/liquide/gaz.
B) Généralités
Nous allons nous limiter ici à la corrosion de nature électrochimique, et plus particulièrement,
à celle qui touche les métaux. Dans ce cas, la corrosion résulte d’une oxydation (ou
carburation, nitruration, sulfuration) du métal.
Le métal est l’agent réducteur (électropositif) ; l’agent oxydant étant très souvent une
combinaison d’eau et l’oxygène. La corrosion est très sensible à la présence d’autres espèces
qui peuvent jouer un rôle de catalyseur (par ex : ions chlorures en milieu aqueux) ou, en
modifiant le pH, un rôle direct sur les conditions thermodynamiques (potentiel redox).
On distingue 2 grands types de corrosion : les corrosions sèche et humide (absence ou
présence d’eau, ou d’une façon plus générale d’un solvant liquide)
B-1) La corrosion sèche
(interface bi-phasique solide/gaz)
La présence d’un gaz oxydant à la surface d’un métal entraîne la formation d’un d’oxyde
suivant la réaction :
x
M ( s ) + O2( g ) ↔ MO x ( s )
2
Cet oxyde se forme souvent sous la forme d’un film. Si ce film est continu (voir schéma 1),
s’il adhère correctement à son support métallique et qu’il est, de surcroît, isolant et
imperméable au gaz, la réaction d’oxydoréduction s’arrête (le métal « s’auto-protège »). On
parle alors de phénomène de passivation. Cette passivation est réellement protectrice si tous
ces facteurs sont réunis. Les cas rares mais utilisés dans notre quotidien sont ceux de
l’aluminium, du zinc et des aciers inox (i.e. Fe + Ni + Cr) (dans les conditions normales
d’utilisation). Une augmentation de la température, par exemple, limite souvent le phénomène
de passivation puisqu’elle modifie les facteurs d’adhésion, de croissance cristalline, de
conduction ionique et électronique :
Conditions de croissance de la couche oxydée (cas d’un film continu, sans porosité mais
conducteur)
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O2 (gaz)
adsorption
O2 (ads)
réaction redox
Oxyde métallique uniforme
et imperméable
½ O 2(ads) + 2e- = O2Transfert e- Transfert O2-
M=M2++2e- + O2- = MO(s)
métal
Notion de corrosion différentielle (ou pile de corrosion)
Imaginons que la surface du métal (souvent un alliage) ne soit pas homogène. 2 zones
chimiquement distinctes seront associées à des potentiels électrochimiques différents. Dans
une première étape, la corrosion sera privilégiée dans la zone ou le potentiel est le plus
réducteur. Puis dans un second temps, l’oxyde ainsi formé en ce point va générer un domaine,
à l’interface oxyde/métal, où la pression d’oxygène sera plus faible. Or, nous savons (loi de
Nernst) que le potentiel du couple O 2 − / O2 dépend de la pression d’oxygène. Ainsi, la zone
métallique en contact avec l’oxygène de l’air sera soumis à un potentiel E2 supérieur à celui
de la zone métal/oxyde ( E2 > E1 ) . Cette différence de potentiel entre 2 électrodes reliées par
un conducteur métallique entraînera un transfert de charge électronique entre les deux zones.
Une pile de corrosion en court-circuit a ainsi été formée. La zone 2 jouera le rôle de la
cathode, siège de la réduction de l’oxygène, et la zone 1 celui de l’anode, siège de l’oxydation
du métal. La corrosion va donc être privilégiée en ce dernier point (voir schéma 2). Ce
phénomène conduit à ce que l’on nomme souvent une « corrosion par piqûre ». Cela est très
fréquent, très dommageable pour le métal car ses propriétés mécaniques s’en trouve altérées
(rupture à interface zone corrodée/zone métallique). Pour que la zone oxydée croisse, il n’est
pas nécessaire, dans ce cas, que l’oxyde soit poreux et/ou conducteur e-. Il doit cependant
toujours permettre le transfert des ions O 2 − .
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Oxyde métallique uniforme
métal
Schéma 1
Anode: oxydation du métal
Cathode: réduction de l’agent oxydant
Oxyde métallique
Oxyde métallique
métal
eSchéma 2
Nous avons vu ici comment une différence de potentiel électrochimique due à des variations
de composition chimique pouvait entraîner un phénomène de corrosion différentielle.
D’une manière générale, nous pourrons rencontrer ce phénomène à chaque fois qu’un
paramètre expérimental modifiera localement les potentiels (voir loi de Nernst) ou créera des
gradients de potentiel sur de grandes échelles (gradient de T, de Pression, de contrainte).
B-2) La corrosion humide
(interface bi-phasique solide/liquide ou tri-phasique solide/liquide/gaz)
Cette forme de corrosion est plus courante (présence d’eau, -d’humidité).
Elle peut s’exprimer sous une forme simplifiée:
H 2O
M ( s) ↔ M
n+
( aq )
+ n e−
+
Le potentiel électrochimique du couple M ( s ) / M (naq
) est le facteur thermodynamique qui
s’impose à la réaction. Nous savons (loi de Nernst) que ce potentiel dépend de la
+
concentration en espèce M (naq
) , mais également de la température, du pH de la solution et de
la présence d’autres espèces chimique qui, par exemple, peuvent déplacer les équilibres en
+
faisant précipiter les cations M (naq
) sous forme chlorures, nitrates, carbonates insolubles dans
les conditions expérimentales.
Si le métal est totalement immergé dans la solution et que les conditions chimiques (pH,
+
concentration des autres espèces – notamment anions-) sont telles que la solubilité de M (naq
)
n’est pas limitée, alors le métal va se dégrader jusqu’à disparaître.
+
Si, par contre, ces conditions chimiques entraînent la précipitation des ions M (naq
) sous forme
par exemple d’hydroxyde, i.e. M (OH ) x , alors un phénomène de passivation peut être
observé.
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Nous reviendrons sur ce point important au chapitre suivant (C) à travers l’étude
diagrammes de Pourbaix.
des
Pour observer une passivation efficace, il faut à nouveau réunir les critères déjà évoqués dans
le cas de la corrosion sèche, c'est-à-dire éviter tout contact physique et électrique entre l’agent
oxydant et le métal. Vont, cependant, s’ajouter de nouveaux critères, car dans ce cas, le
contact entre l’agent oxydant et le métal fait intervenir une interface liquide/solide.
L’imprégnation de l’oxyde par le liquide (et donc de toutes espèces dissoutes) devient un
paramètre important. Cette imprégnation dépend des forces capillaires (taille des porosités et
mouillabilité- tension de surface)
Rares sont les situations où le métal est totalement immergé dans l’eau. Il est souvent à la fois
au contact de l’air et de l’eau ; il peut être en contact avec des zones sèches et humides ; des
zones oxygénées et sèches et anaérobie et humide (cas des tuyauteries, des armatures de béton
armé….). Rares sont également les situations où la surface du métal est parfaitement uniforme
(en composition et structure).
La corrosion humide est, par conséquent, un facteur supplémentaire qui favorise les
phénomènes de corrosion différentielle.
C) Conditions Thermodynamiques de la corrosion (Diagramme de Pourbaix)
C-1) Construction du diagramme de Pourbaix dans le cas du Fer
Le diagramme de Pourbaix (ou diagramme Potentiel/pH) d’un couple redox donné, permet de
prédire les espèces stables dans un domaine de potentiel électrochimique et de pH donné.
Exemple de l’eau.
L’eau peut être, selon le potentiel et le pH, oxydée ou réduite. Elle mets en jeu 2 couples redox :
1)
+
O2( g ) + 2 H aq
+ 2e − = 2 H 2O( l )
2)
+
2 H aq
+ 2 e − = H 2( g )
(couple
(couple
O2( g ) / H 2O( l ) )
+
H aq
/ H 2( g ) )
Les équations de Nernst appliquées à ces deux couples conduisent à :
1) E
(O 2 / H 2 O )
[ ]
2
0,06 
= E(0O / H O ) +
log PO2 . H +  = 1,23 − 0,06 pH
2
2
2


(nb : les conventions imposent que sur la ligne d’équilibre, la pression du gaz est de 1 bar et que l’activité d’une phase condensée est égale à
1)
2)
E
(H2 / H + )
= E0
(H2 / H + )
+
[ ]
2

0,06  H + 
log
= −0,06 pH
2
 PH 2 


Le tracé de ces fonctions (droites) est représenté sur la figure 1.
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E(V)
Dégagement d’oxygène
1
Stabilité de l’eau
0
-1
Dégagement d’hydrogène
0
7
14
pH
Figure 1 : diagramme potentiel/pH de l’eau
On peut maintenant construire sur le même graphe, les courbes qui représenteront cette foisci, les couples redox associés à l’élément fer. Il faut alors procéder en suivant 3 étapes :
1) La première consiste à énumérer (avec ou sans simplification) l’ensemble des espèces
susceptibles d’être présentes. Dans le cas du Fer, il s’agit (cas simplifié) de :
Fe( s ) , Fe 2 +, Fe3+, Fe(OH )2( s ) et Fe(OH ) 3( s )
2) La deuxième (s’il y a lieu) permet de déterminer, à partir des pKs, les conditions de
solubilisation des espèces (hydroxydes, complexes…) susceptibles de précipiter en fonction
des conditions de pH. Dans notre cas, il s’agit des hydroxydes Fe(OH )2( s ) et Fe(OH ) 3( s ) .
On nous donne :
pKs( Fe(OH )2 ) = 15,1 et pKs( Fe(OH )3 ) = 38
On obtient alors le domaine de prédominance suivant:
Fe2 +, Fe(OH ) 3( s )
Fe2 +, Fe3+
2
Fe(OH )2( s ) , Fe(OH ) 3( s )
7,5
pH
3) La troisième étape conduit à établir les conditions de stabilité potentiel/pH des différents
couples redox considérés ; ici Fe( s ) / Fe II et Fe II / FeIII (en utilisant la même méthode que
celle détaillée pour les couples de l’eau) sous leurs différentes formes. L’ensemble de ces
calculs permet de tracer le diagramme potentiel/pH suivant :
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Dégagement d’oxygène
Dégagement d’Hydrogène
(d’après F. Moriande et al “Electrochimie”, Dunod, Paris 2005)
C-2) Utilisation du diagramme de Pourbaix et prévision du comportement vis-à-vis de la
corrosion
Si l’on veut maintenant utiliser ce diagramme pour prédire comment se comportera un
morceau de fer plongé dans l’eau, il faut superposer les résultats des 2 diagrammes (eau+ fer).
On peut alors tracer la verticale correspondant au pH qui nous intéresse et déterminer ainsi les
écarts de potentiel entre les différents couples. Par exemple, on remarquera qu’à pH=4, les
potentiels correspondant aux couples des deux espèces présentent ( Fe( s ) / Fe2 + et
+
H 2( g ) / H aq
) sont :
E
(H2 / H + )
= −0,06 pH = −0,24V et E
( Fe / Fe 2 + )
= −0,5V
La différence de potentiel implique qu’une réaction d’oxydoréduction est possible et que le
+
couple Fe( s ) / Fe2 + sera déplacé dans le sens de l’oxydation alors que H 2( g ) / H aq
le sera
dans le sens de la réduction (production d’hydrogène).
Le diagramme que nous avons établi est une forme simplifiée car il existe en réalité d’autres
espèces associées aux degrés d’oxydations Fe II et FeIII (au moins 16 oxydes, hydroxydes ou
oxyhydroxydes connus !), et notamment les formes oxydes FeO , Fe3O4 (magnétite) et
Fe2O3 (hématite par ex.).
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(nb : ce diagramme a été établi en considérant que la concentration de Fer était de 10-6 mol.l-1. ; d’après F.
Moriande et al “Electrochimie”, Dunod, Paris 2005)
(d’après F. Moriande et al “Electrochimie”, Dunod, Paris 2005)
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D) Conditions cinétiques (diagramme d’Evans)
Les conditions cinétiques d’oxydation d’un métal soumis à un potentiel E sont données par la
relation de Butler-Volmer. Si le courant n’est pas limité par le transfert de matière nous
observons alors les courbes I=f(E) et ln( I ) (comme celles déjà étudiées au chapitre 2):
(d’après F. Moriande et al “Electrochimie”, Dunod, Paris 2005)
Ces comportements correspondent à ceux d’un seul couple redox. Quand il y a corrosion, 2
couples (au moins) réagissent l’un sur l’autre. La présence de 2 couples en court-circuit
constitue ce que nous avons déjà appelé une électrode mixte. Reprenons l’exemple du fer dans
une solution acide. Le diagramme potentiel/pH nous indique que dans ces conditions, les 2
+
couples sont Fe( s ) / Fe2 + et H 2( g ) / H aq
; et la réaction bilan s’écrit :
+
+
Fe( s ) + 2 H aq
⇔ Fe(2aq
) + H 2( g )
Le potentiel d’équilibre de ce système est déterminé en considérant que :
1) les 2 couples étant en court-circuit et à l’équilibre, leur potentiel est le même (principe
d’égalité des potentiels chimiques). Nous l’appellerons potentiel de corrosion Ecorr
2) il n’y a pas de courant qui circule dans un circuit extérieur : i = 0 . Cela implique qu’il y a
autant de moles de fer qui se dissolvent que de moles d’hydrogène qui se forment. En d’autres
termes, cela signifie que le courant anodique ia (Fe) (oxydation du fer) doit être strictement
égal au courant cathodique i
c( H + )
(réduction des protons). Nous nommerons ce courant
courant de corrosion icorr .
Cours d'électrochimie - L3 Chimie-Physique et M1 Matériaux concours
François Henn
Janvier 2006
46
On tire de ces deux conditions (thermodynamique et cinétique) que la valeur de Ecorr
correspond à la condition : ia ( Fe) = i + = icorr
c( H )
Pour déterminer les valeurs de icorr qui définit la cinétique de corrosion et de Ecorr son
potentiel d’équilibre, nous pouvons reprendre les lois de Tafel tirées de BV (cf Chap.2):
 (1 − α Fe )nFηFe 
ia ( Fe ) = i0( Fe ) exp 

RT

et
 − α + nFηH + 
ic ( H + ) = i0( H + ) exp  H

RT


Puis tracer ces 2 courbes en logarithme de i (courbe de Tafel) :
E(V)
ic ( H + )
Ecorr
ia ( Fe )
Ln(i)
icorr
Sur ce diagramme (parfois appelé diagramme d’Evans), on détermine le point d’intersection
qui correspond aux conditions définies plus hauts.
On voit ainsi très facilement que la modification des potentiels de repos ( Er ) qui
correspondent à la « hauteur » de la droite et des surtensions qui correspondent à leur pente
aura un impact sur les valeurs de Ecorr et icorr .
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