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...sur la biodiversité en Amazonie
Un hectare (100 m x 100 m) de forêt tropicale
amazonienne comprend entre 200 et 300 espèces
d’arbres, soit plus que la totalité des espèces présentes
dans tous les pays de l’Union européenne. La biodiversité
de la forêt amazonienne semble être la plus élevée au
monde.
Les scientiques découvrent entre deux à trois es-
pèces d’oiseaux annuellement et ils évaluent que plus
de 100 000 espèces de plantes et autour de 70 000
espèces d’arbres pourraient être encore découvertes.
QUELQUES CHIFFRES
12 54 867
3 967 37
07 254 46
5907 57
...sur la biodiversité en Amazonie,
selon l’état des connaissances en ce début de 21e siècle
NOMBRE D’ESPÈCES
Plantes endémiques 40 000
Arbres 6 350
Mammifères 430
Oiseaux 1 600
Reptiles 380
Amphibiens 430
Poissons d’eau douce 3 000
Insectes 2,5 millions
...le dauphin rose du euve Amazone
Également nommé Boto,
Bufeo, Bugeo ou Tonina, le
dauphin rose de l’Amazone
est le plus grand dauphin
d’eau douce du monde. At-
teignant jusqu’à 2,80 m de
longueur et environ 180ki-
los, cette espèce de dauphin
vit dans la partie nord de
l’Amérique du Sud et
se nourrit de diverses
espèces de poissons. Son corps est gris, mais son
ventre peut être rose ; son museau, très long, est en
forme de bec. En Amazonie, le dauphin rose est un
fort symbole historique et culturel, très présent dans
les légendes et les danses locales. Selon la légende,
les dauphins roses sont des créatures magiques ca-
pables de se transformer en hommes et de féconder
les femmes. Comme ce cétacé est menacé d’extinction
par la pêche abusive, la construction de barrages sur
l’Amazone et les collisions avec les bateaux, un plan
stratégique a été mis sur pied par des spécialistes
colombiens, péruviens, équatoriens, brésiliens et
boliviens an de les sauver.
QUELQUES FAITS
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Coupe illégale en forêt
© Lis Rodrigues Uliana
Autoroute transamazonienne
Source 2
Élevage bovin (Brésil)
Rhett A. Butler © mongabay.com
diversité en espèces d’arbres que le centre ou l’ouest de la zone.
Cela s’explique, entre autres, par des différences de climat, de fer-
tilité du sol et de géomorphologie. Les espèces animales aussi va-
rient d’un secteur à l’autre, et les composantes biogéographiques
en seraient responsables. Les nombreuses rivières qui traversent les
forêts délimitent des régions biogéographiques dans le paysage,
puisqu’elles agissent comme des barrières au déplacement des ani-
maux. Les scientiques proposent que les plans de conservation en
Amazonie soient établis par sous-région pour assurer la protection
d’un plus grand nombre d’espèces. En 2010, 44 % du territoire de
la forêt amazonienne brésilienne se situe dans une aire protégée,
mais la moitié de ces zones protégées n’ont pas encore de plan de
gestion, et de nombreuses activités humaines illégales y ont court.
Les aires protégées sont, presque en parts égales, soit des parcs
nationaux, soit des territoires reconnus aux Autochtones.
Perturbations
La constante diminution des forêts vierges amazoniennes est
alarmante : en vingt ans, elles ont perdu près de 75 millions
d’hectares, soit l’équivalent de la supercie entière du Chili. Cinq
causes principales sont à l’origine de la déforestation au Brésil,
toutes reliées les unes aux autres et résultant majoritairement de
l’activité humaine.
1) La production bovine
Le changement de vocation d’immenses supercies forestières
en pâturage pour le bétail constitue la principale cause de la
disparition des forêts tropicales humides dans cette région du
monde. Cette activité est responsable de 65 à 70 % de la défores-
tation totale. Le Brésil est devenu le premier exportateur mondial
de viande bovine en raison d’une forte demande de la Russie,
de l’Asie et de l’Europe, et les grands propriétaires terriens ont
priorisé l’élevage de bovins au détriment des forêts.
2) La colonisation et l’agriculture
de subsistance
La pauvreté très répandue en Amérique du Sud est à l’origine
de la seconde cause en importance de la déforestation en
Amazonie. Représentant entre 20 et 25 % de la déforestation,
l’utilisation des terres pour y pratiquer l’agriculture de subsis-
tance est, d’une certaine façon, encouragée par le gouvernement
qui accorde à toute sa population le droit d’utiliser les terres de
l’État pendant au moins une année. Le brûlage d’une parcelle et
l’élimination des arbres rendent cette terre propice à la culture
de maïs, de bananiers et d’autres plantes de subsistance. Après
cinq ans d’utilisation, les familles deviennent propriétaires de
leurs parcelles cultivées. Entre 1995 et 1998, environ 150 000
ménages ont acquis des terrains de cette manière, et depuis
lors cette tendance semble se maintenir.
3) L’amélioration des infrastructures routières
contribue aussi à la déforestation. La construction de l’auto-
route Cuiabá-Santarém, aussi appelée « l’autoroute du soja », qui
traverse la forêt amazonienne brésilienne du nord au sud a
permis aux humains d’aller s’installer dans des zones qui, aupa-
ravant, étaient totalement inaccessibles. Cette route stratégique
pour l’industrie agroalimentaire (transport du soya et du bétail)
permet aussi aux exploitants miniers et forestiers de construire
d’autres axes routiers et d’atteindre de nouveaux territoires, en-
traînant la perte de milliers d’hectares de forêts primaires. Il a
été démontré que 70 % de la déforestation se réalise dans les
50 km bordant les routes asphaltées alors qu’au maximum
7 % de la déforestation a lieu le long des routes de terre. La
Transamazonienne, qui vise à traverser la forêt amazonienne
d’est en ouest et à relier le Pérou à l’Atlantique, est un fac-
teur important de développement économique, mais sa
construction est aussi contestée pour ses impacts envi-
ronnementaux négatifs.
4) L’expansion de l’agriculture commerciale,
telle que la culture du soja, est également responsable de
la disparition des forêts tropicales au Brésil. Ce pays est
devenu le plus grand exportateur de soja au monde. Le prix
élevé de cette denrée sur les marchés internationaux, l’amé-
lioration des infrastructures locales de transport (routes,
chemins de fer, voies navigables) et l’arrivée de variétés de
soja génétiquement modié (OGM) plus productives ont
incité les propriétaires à en faire une culture intensive
destinée à l’alimentation animale et humaine, mais aussi
comme combustible. Cela contribue au développement
d’activités humaines dans des zones de forêt vierge.
5) Le commerce illégal de bois
prend de l’ampleur dans le pays, car il est facilité par le
développement du réseau routier et une plus grande
accessibilité au territoire. Les coupes forestières illégales
sont des coupes sélectives où seulement quelques espèces
d’arbres sont récoltées en raison de leur grande valeur éco-
nomique. À la suite du passage des pilleurs de bois nobles
tels que l’acajou, le bois de rose, le cèdre acajou et l’hévéa,
ce sont les paysans pauvres qui prennent possession des
territoires récoltés pour en faire de l’agriculture itinérante
de subsistance, ce qui engendre la déforestation.
...sur les Yanomami
Ce peuple autochtone de l’Amérique du Sud
regroupe environ 32 000 personnes et vit dans
les forêts tropicales du Brésil et du Venezuela.
Après plusieurs décennies de lutte, ce peuple
obtient, en 1992, des gouvernements brésiliens
et vénézuéliens la reconnaissance de son terri-
toire d’une supercie de 8,2 millions d’hectares,
soit quatre fois celle de la Suisse ; il s’agit du plus
grand territoire reconnu à un peuple autochtone
sur la planète, et cela lui permet de préserver
tant bien que mal son mode de vie ancestral.
Malgré la loi freinant l’accès au territoire, l’exploi-
tation illégale des minerais par les orpailleurs et
la déforestation à des ns d’élevage constituent
néanmoins une menace à la survie de ce peuple.
QUELQUES FAITS
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Source 3
Services environnementaux
À titre de plus grand massif de forêt tropicale au monde, la forêt ama-
zonienne remplit plusieurs fonctions environnementales essentielles
à l’être humain. Premièrement, son rôle dans le cycle du carbone est
majeur à l’échelle planétaire, puisqu’environ 220 tonnes de carbone
par hectare de forêt sont stockées en Amazonie chaque année.
Deuxièmement, la forêt assure l’équilibre fragile de la fertilité des
sols, qui sont très pauvres en éléments nutritifs en Amazonie. Les mi-
néraux du sol ont, en effet, été en grande partie lessivés durant des
millions d’années par les pluies abondantes. Sous l’effet combiné de
la chaleur et du fort taux d’humidité, les arbres, à leur mort, sont vite
décomposés, et leurs nutriments rapidement absorbés par de nou-
veaux végétaux et autres organismes en croissance. Le recyclage des
éléments est très efcace, et la couche d’humus est très mince. Mais,
en l’absence de couvert forestier, le sol se dégrade rapidement. Les mi-
néraux et la matière organique sont vite lessivés, et les hydroxydes
de fer et d’aluminium remontent à la surface, formant une roche dure
et rouge appelée latérite, impropre à la croissance des plantes et des
arbres. Troisièmement, dans cette région traversée par le grand euve
Amazone, la forêt joue un rôle majeur dans le cycle de l’eau : elle
assure une régulation de l’eau dans le sol et une diminution du lessi-
vage des nutriments, grâce aux systèmes racinaires et aux feuillages de
ses arbres. Le milieu agricole bénécie indirectement de ces services,
puisque les forêts à proximité des champs retiennent l’eau nécessaire
aux cultures. La forêt tropicale et ses processus biologiques freinent
aussi la dispersion des maladies infectieuses. Les cycles naturels entre
prédateurs et proies permettent de contrôler certaines épidémies qui,
sans la grande biodiversité de la forêt, se propageraient plus rapidement.
Pour encourager les communautés forestières à protéger leurs écosys-
tèmes, il est proposé aux pays développés de compenser leurs émis-
sions de gaz à effet de serre en achetant des crédits de carbone aux
pays en développement ou en émergence. Ces paiements sont donnés
en compensation pour le maintien des écosystèmes qui fournissent des
services environnementaux qui bénécient à la santé globale de la
planète. Bien que ce concept soit en développement et qu’il reste à
dénir la façon de mesurer la valeur des services environnementaux,
les retombées économiques et environnementales qui découleraient de
cette transaction pourraient améliorer les conditions de vie des popula-
tions des régions forestières tropicales de l’Amazonie et d’ailleurs (celles
du bassin du Congo et de l’Asie du Sud-Est par exemple). Le paiement
pour services environnementaux, s’il est instauré sur le plan internatio-
nal, devra nécessairement impliquer une adhésion et une participation
entières des communautés forestières.
Société
Il y a 500 ans, les forêts du bassin amazonien étaient habitées par environ 230 communautés autochtones qui comptaient
entre 15 à 20 millions d’individus selon les études. La colonisation européenne, les changements environnementaux et
l’assimilation culturelle ont mené à la disparition d’un grand nombre de ces peuples. Les projets de développement promus
par le gouvernement brésilien dans les années 70 poussaient ces peuples à l’exil, ce qui a largement contribué à leur déclin.
Bon nombre d’Autochtones sont décédés de diverses maladies auxquelles leurs ancêtres n’avaient jamais été confrontés
auparavant. Aujourd’hui, les peuples autochtones ont adopté un mode de vie moderne, mais revendiquent leur identité
culturelle et des droits sur leurs territoires ancestraux. En ce début de 21e siècle, autour de 900 000 personnes appartenant
à ces groupes non assimilés seraient présentes sur le territoire, alors que l’Amazonie brésilienne compte plus de 15 millions
d’individus très métissés, dont les origines sont à la fois européennes et indigènes. La densité de population en Amazonie
reste très faible (quatre habitants au kilomètre carré), et la grande majorité de la population vit en milieu urbain. Les deux
plus grandes villes d’Amazonie, Manaus et Belém, comptent respectivement 1,7 et 1,3 million de personnes.
Rhett A. Butler © mongabay.com
Perroquet Ara Macao
Rhett A. Butler © mongabay.com
Coq-de-roche péruvien
Rhett A. Butler © mongabay.com
Grenouille singe
Ouistiti pygmée
Source 1
© Lis Rodrigues Uliana 2009
L’arbre et son immensité (État du Pará, Brésil)
© Dennis Otten 2006
Dauphin rose