MOOC Peintres Femmes à travers les âges
© Fondation Orange et Rmn-Grand Palais / Mars 2021 1
Séquence 1 : De l’autoportrait au portrait
Le portrait au fil du temps-introduction
Beaucoup de femmes peintres ont excellé dans l’art du portrait. C’est même une
femme qui, selon une légende antique, est à l’origine du portrait. L’écrivain Pline
l’Ancien raconte que pour garder en mémoire les traits de son amoureux parti à
l’étranger, la fille du potier Dibutade aurait dessiné le profil de son ombre projetée sur
un mur par la lumière d’une torche. (image 1)
En réalité, le portrait se développe dès l’Antiquité. Pline cite l’exemple de Lala de
Cyzique qui était particulièrement célèbre pour ses portraits à Rome au début du 1er
s. av. J.-C. (image 2) Ils se vendaient même plus chers que ceux de ses collègues
masculins ! Même si ses tableaux ont tous disparus, sa renommée est telle qu’elle
est encore citée au XIVe siècle par l’écrivain Boccace dans sa série de biographies
de Femmes Illustres. (image 3)
Au Moyen Âge, les portraits sont rares. Pour autant la religieuse de Rhénanie, Guda
(image 4), nous a laissé son autoportrait dans un manuscrit du XIIe siècle qui nous
est parvenu. A côté de son image, une inscription précise “Guda, pécheresse,
femme, a écrit et enluminé ce livre”. (image 5) A ce jour, c’est un des plus anciens
autoportraits connus de l’art occidental.
A partir de la Renaissance, l’art du portrait se développe dans toute l’Europe. Il offre
aux femmes une possibilité d’être reconnues comme peintre, de gagner leur vie et
parfois même de faire une carrière européenne. L’autoportrait affirme leur fierté
d’artiste et leur réussite sociale. (image 6 – image 7 – image 8)
Cet autoportrait de Judith Leyster (image 9) la montre à la fois comme portraitiste et
peintre de la vie quotidienne dans le contexte des Pays-Bas du XVIIe siècle. Ces
deux derniers types de représentation sont accessibles aux femmes, alors que, pour
des raisons de moralité, elles n’ont pas le droit d’apprendre l’anatomie et de dessiner
le corps humain nu. C’est cette interdiction, nous le verrons, qui leur barre le chemin
de la grande peinture d’histoire.
Alors, comment se former et apprendre son art ? Il y a bien entendu le cercle familial
pour celles qui sont issues d’un milieu artistique, ou bien des ateliers privés (IMAGE
10). Les femmes peuvent aussi tenter d’entrer dans une Académie. Mais, en France,
l’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648, ne les accepte
qu’avec réticence. Sophie Chéron (image 11) est une des premières à y entrer en
1672 grâce à cet autoportrait.
En 1770, c’est au tour de Marie-Suzanne Rolin, auteur de ce portrait du sculpteur
Pigalle. (image 12)