Telechargé par jeff Sehier

Guide sur l'astrophotographie lunaire v2

publicité
ASTROPHOTOGRAPHIE LUNAIRE
Le Guide
Harry Collis
www.photohc.com
0
1. TABLE DES MATIERES
1. Table des matières .............................................................................................................................. 1
2. Avant-propos ....................................................................................................................................... 2
3. La principale difficulté ......................................................................................................................... 3
4. Où et quand ? ...................................................................................................................................... 4
4.1. La pollution lumineuse ................................................................................................................. 5
4.2. L’influence de l’air ........................................................................................................................ 6
4.2.1. La quantité d’air .................................................................................................................... 6
4.2.2. Le mouvement de l’air........................................................................................................... 7
4.3. A quel moment ............................................................................................................................. 8
4.3.1. De jour ou de nuit.................................................................................................................. 8
4.3.2. Le cycle lunaire et le terminateur........................................................................................ 10
4.3.3. Les logiciels et sites web...................................................................................................... 11
5. Le matériel ......................................................................................................................................... 13
5.1. Le trépied.................................................................................................................................... 13
5.2. L’appareil .................................................................................................................................... 13
5.3. L’objectif ..................................................................................................................................... 14
5.4. La télécommande ....................................................................................................................... 14
5.5. La monture équatoriale .............................................................................................................. 14
6. Les réglages ....................................................................................................................................... 15
6.1. Les bases ..................................................................................................................................... 15
6.2. Les réglages pour photographier la lune .................................................................................... 15
6.2.1. L’ouverture optimale ........................................................................................................... 15
6.2.2. L’exposition ......................................................................................................................... 16
7. La mise au point ................................................................................................................................ 17
8. Le nombre de clichés ......................................................................................................................... 17
9. Le traitement ..................................................................................................................................... 18
9.1. Un traitement simple dans Lightroom ....................................................................................... 18
9.2. Le lucky imaging ......................................................................................................................... 19
9.2.1. Sur Mac OS .......................................................................................................................... 19
9.2.2. Un flux de travail efficace .................................................................................................... 19
9.2.3. PIPP (Planetary Imaging PreProcessor) ............................................................................... 20
9.2.4. AutoStakkert ........................................................................................................................ 21
9.2.5. Registax ............................................................................................................................... 23
9.3. Dans Photoshop ......................................................................................................................... 25
9.3.1. Les couleurs ......................................................................................................................... 25
9.3.2. L’HDR ................................................................................................................................... 26
10. Conclusion ....................................................................................................................................... 28
11. Sources ............................................................................................................................................ 29
1
2. AVANT-PROPOS
Dans ce guide, nous allons voir ensemble comment photographier le satellite naturel de notre
planète : la lune. Avant de commencer, sachez que ce guide est destiné aux photographes de tout
niveau. Vous n’avez donc pas besoin de connaissance ou de matériel spécifique pour mettre en
pratique les techniques qui suivent.
Au cours des années, comme beaucoup de photographes, j’ai tenté à plusieurs reprises de prendre
en photo la lune, mais je n’étais jamais satisfait des résultats. En 2019, on m’a prêté un objectif
Tamron SP 150-600 m G2 et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de me mettre sérieusement à
l’astrophotographie lunaire. Après de nombreuses heures d’études, de pratique et de tests, les
résultats obtenus allaient bien au-delà de mes espérances.
Mon but n’est pas de vous pousser à acheter du matériel plus performant, mais de vous expliquer
comment obtenir les meilleurs résultats possible avec ce que vous possédez déjà.
Lorsque l’on parvient à créer des photographies détaillées de la lune, on s’aperçoit que c’est un sujet
magnifique. Chaque zone est unique et le rendu des clichés change radicalement en fonction du
moment où vous la photographiez.
2
3. LA PRINCIPALE DIFFICULTE
Généralement, en astrophotographie, le bruit est le plus grand problème que l’on rencontre, mais ce
n’est pas le cas lorsque l’on photographie la lune puisqu’elle est très lumineuse. Ici, c’est la netteté
qui pose problème et tout au long de ce guide, nous allons voir comment procéder pour obtenir des
clichés détaillés de ce magnifique sujet.
Canon 550D, Tamron SP 150-600, 437 clichés empilés, image recadrée :
3
4. OU ET QUAND ?
Photographier un corps céleste présente de nombreuses difficultés à cause de la distance qui nous
sépare de lui, mais surtout à cause de notre atmosphère. En effet, dans l’espace la lumière se
déplace de manière rectilinéaire et aucune particule ne vient perturber sa course, mais ce n’est plus
le cas lorsqu’elle rentre dans notre atmosphère. Voici les différents phénomènes qui influent sur la
qualité de nos clichés :
•
•
•
•
La pollution lumineuse et la lueur de l’air (airglow en anglais)
La transparence et l’extinction atmosphérique
La dispersion atmosphérique
Les turbulences (atmosphériques, locales et instrumentales)
Pas de panique ! Je sais que tout cela semble très compliqué, mais je vais vous donner des conseils
simples pour minimiser les effets néfastes de ces phénomènes et réussir vos clichés de lune
4
4.1. LA POLLUTION LUMINEUSE
Pour commencer, sachez qu’en astrophotographie lunaire, la pollution lumineuse a beaucoup moins
d’impact que lorsque l’on photographie la Voie lactée par exemple. En effet, la lune reflète une
quantité importante de lumière et peut même être photographiée depuis la ville. Ceci dit, dans
l’idéal, il vaut mieux s’éloigner des lumières artificielles.
Voici une carte de la pollution lumineuse en France métropolitaine :
Vous pouvez également consulter la carte en ligne pour trouver les zones les plus sombres dans votre
région : https://avex-asso.org/dossiers/pl/europe-2016/index-sodium.html
5
4.2. L’INFLUENCE DE L’AIR
4.2.1. LA QUANTITE D’AIR
Les autres phénomènes dépendent de nombreux facteurs, mais ils ont tous une chose en commun :
l’air. En effet, plus la lumière traverse une grande quantité d’air et plus le résultat sera mauvais et
inversement. Mais comment réduire la quantité d’air qui nous sépare de notre sujet ?
Eh bien, c’est très simple, tout dépend de l’élévation du sujet dans le ciel et de l’altitude à laquelle
vous êtes situé. Par exemple, si vous photographiez un sujet situé à l’horizon, la lumière traverse
environ 40 fois plus d’air que si vous le photographiez au zénith ! Il est donc fortement conseillé de
photographier la lune lorsqu’elle est haute dans le ciel. Le résultat sera nettement meilleur.
Votre altitude a moins d’influence que l’élévation du sujet, mais son impact n’est pas négligeable
pour autant. Plus on monte en altitude et plus la densité de l’air diminue (et inversement) et c’est
pour cette raison que les observatoires sont souvent placés en haute altitude.
6
4.2.2. LE MOUVEMENT DE L’AIR
Lorsque les mouvements de l’air sont chaotiques, on parle de turbulences atmosphériques et ce
phénomène fait onduler nos sujets ce qui réduit la netteté de nos images. Pour vous aider à
visualiser cet effet sur nos clichés, je vous ai réalisé une courte vidéo. En suivant les conseils donnés
précédemment (photographier le sujet quand il est haut dans le ciel et monter en altitude), vous
réduirez l’impact des turbulences sur vos photographies. Mais le terrain peut également améliorer
ou détériorer le rendu de vos clichés. En effet, la présence de montagnes et de collines influe sur les
mouvements de l’air et la rend turbulente. Cependant, en haute montagne, la densité de l’air
diminue ce qui réduit l’impact des turbulences. Dans l’idéal, on s’oriente donc soit vers une zone
très plate, soit vers une zone très élevée. D’autres facteurs influent sur les turbulences (comme la
température de l’air) et je vous invite donc à refaire régulièrement des photos, car certains soirs vous
donneront de meilleurs résultats que d’autres.
Astuce : en astrophotographie, on appelle la mesure des turbulences atmosphériques le « seeing » et
il permet d’estimer la qualité optique du ciel.
Sachez également qu’il existe des courants d’air rapide que l’on appelle des courants-jets (ou jet
stream en anglais) généralement situés entre 7 et 16 km au-dessus du niveau de la mer. Lorsque
vous débutez en astrophotographie lunaire, vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de ce
phénomène, mais il est intéressant de noter qu’il influe lui aussi sur la qualité de nos clichés. Pour
savoir où ils se situent, vous pouvez utiliser l’excellente carte animée de Ventusky.
Pour finir, je précise que j’ai volontairement évité d’expliquer en détail comment influent tous les
phénomènes cités précédemment sur nos clichés, car vous n’avez pas besoin de tout savoir quand
vous débutez. D’ailleurs, lorsque j’ai réalisé les photos de ce guide, je ne connaissais rien au sujet des
turbulences et des autres phénomènes atmosphériques.
7
4.3. A QUEL MOMENT
4.3.1. DE JOUR OU DE NUIT
Pour obtenir un niveau de contraste et de détail élevé, je conseille de photographier la lune de nuit.
Mais la capturer de jour peut également donner des résultats très esthétiques et détaillés (5D Mark
III, Tamron SP 150-600, doubleur de longueur focale, 1200 mm, empilement de 553 clichés, image
recadrée) :
8
Avant recadrage et traitement (1200 mm avec un appareil plein format) :
En zoomant sur l’image (traitée), on observe de nombreux détails à la surface de la lune :
9
4.3.2. LE CYCLE LUNAIRE ET LE TERMINATEUR
Depuis la terre, nous observons toujours la même face de la lune, mais la portion de la face visible
éclairée par le soleil varie. Tous les 29 jours, 12 heures et 44 minutes, la lune effectue un cycle
complet que l’on appelle une lunaison. Et pendant ce cycle, on distingue 8 phases différentes :
•
•
•
•
•
•
•
•
Nouvelle lune
Premier croissant
Premier quartier
Gibbeuse croissante
Pleine lune
Gibbeuse décroissante
Dernier quartier
Dernier croissant
On dit que la lune est croissante pendant les quatre premières phases et décroissante pendant les
quatre dernières phases.
La ligne fictive qui sépare les faces éclairées et non éclairées d’un corps céleste est appelée le
terminateur. Et c’est proche de ce dernier que les détails et cratères ressortent le plus. Mon conseil
est donc de photographier la lune à différents moments afin d’obtenir des rendus variés et de faire
ressortir différents cratères et détails.
10
4.3.3. LES LOGICIELS ET SITES WEB
PHOTOPILLS
Pour connaître la phase de la lune ainsi que le moment où elle se lève et se couche derrière l’horizon,
vous pouvez utiliser l’excellente application PhotoPills (9.99€, disponible sur Android et iOS). Cette
dernière permet également de savoir d’avance exactement où la lune sera située à un moment de la
journée où la nuit en utilisant la réalité augmentée.
11
STELLARIUM
Vous pouvez également utiliser le célèbre Stellarium qui est gratuit sur PC et sur Android (mais il
existe une version PLUS, payante sur Android et iOS).
Très puissant et très complet, c’est le logiciel que j’utilise sur mon PC pour organiser mes sorties
d’astrophotographie.
CALENDRIER-LUNAIRE.NET
Vous avez aussi le site web www.calendrier-lunaire.net qui donne des informations détaillées sur les
phases de la lune ainsi que sur sa distance par rapport à la terre :
12
5. LE MATERIEL
Vous n’avez pas besoin de matériel très cher ou performant pour photographier la lune. Par
exemple, les bridges qui ont un zoom important peuvent produire d’excellentes photos de cet astre.
5.1. LE TREPIED
Vous n’avez pas forcément besoin d’un trépied pour photographier la lune, surtout si votre objectif
(ou capteur) est stabilisé. En effet, vu que l’on utilise des vitesses d’obturation relativement élevées,
on peut faire la prise de vue à main levée. Cependant, un trépied peut être pratique, voir même
essentiel dans certains cas (longueur focale très élevée, pas de stabilisation, etc.).
5.2. L’APPAREIL
Si vous disposez de plusieurs appareils photo, utilisez celui dont la résolution du capteur est la plus
élevée (c’est-à-dire qui a le plus de pixels par pouce). Par exemple, si vous avez deux boitiers plein
format, utilisez celui avec plus de mégapixels. Et si vous avez un appareil APS-C et un plein format,
optez pour le boitier APS-C.
Pour ma part, j’ai un deux appareils plein format : le 5D Mark III (22 mégapixels) et l’EOS RP (26
mégapixels), mais je possède également un vieux reflex APS-C : le Canon 550D qui est doté d’un
capteur de 18 mégapixels. Et c’est ce dernier que j’utilise pour photographier la lune puisqu’il a plus
de pixels par pouce et me donne donc des images plus détaillées de la lune
Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez lire mon article sur la taille des capteurs (mais c’est
un peu compliqué !).
https://www.photohc.com/blog/2019/4/14/tout-savoir-sur-la-taille-des-capteurs
13
5.3. L’OBJECTIF
Pour ce qui est des objectifs, dans la majorité des cas, il faut simplement opter pour celui qui a la plus
grande longueur focale. Et dans mon cas, il s’agit du Tamron SP 150-600 mm G2. Cependant, dans
certains cas, un objectif doté d’une longueur focale plus courte peut produire de meilleurs résultats
si son pouvoir séparateur est nettement meilleur que celui de l’autre objectif.
5.4. LA TELECOMMANDE
Une simple télécommande (filaire ou sans fil) peut s’avérer utile pour photographier la lune.
Personnellement, j’utilise une télécommande filaire Canon RS-60E3 et grâce à cette dernière, je peux
déclencher l’appareil sans le toucher ce qui réduit les vibrations et augmente mes chances d’avoir
des clichés nets. Cependant, comme précisé au début de cette partie, vous pouvez également faire
vos photos de lune à main levée, surtout si votre objectif ou capteur est stabilisé.
5.5. LA MONTURE EQUATORIALE
Si vous disposez d’une monture équatoriale comme la Star Adventurer, elle pourra maintenir la lune
dans le centre du cadre en mettant la monture sur le mode Lune. Mais vous n’avez pas besoin de ce
matériel pour photographier ce sujet. Sans monture, il faudra refaire votre cadrage tous les 30 à 60s
environ puisque la lune se déplace dans le ciel.
14
6. LES REGLAGES
6.1. LES BASES
Vous ne maitrisez pas les bases de la photographie ? Pas de panique ! J’ai écrit une série d’articles sur
le sujet
•
•
•
•
•
•
•
L’exposition
L’ouverture
La vitesse d’obturation
La sensibilité ISO
L’indice de lumination et la correction d’exposition
La dynamique
L’histogramme
6.2. LES REGLAGES POUR PHOTOGRAPHIER LA LUNE
•
•
•
•
•
•
•
Mode manuel
De préférence en RAW (mais on peut également faire en JPG)
Balance des blancs : Lumière du jour ou automatique
Mettez votre objectif sur sa longueur focale la plus élevée s’il s’agit d’un zoom (sur le 150600, je mets règle donc l’objectif à 600 mm).
Réglez votre objectif sur l’ouverture qui produit les images les plus nettes (f/8 sur le 150-600)
Réglez la vitesse d’obturation entre 1/100s et 1/400s
Réglez la sensibilité ISO de manière à obtenir une photo bien exposée
6.2.1. L’OUVERTURE OPTIMALE
Pour trouver l’ouverture optimale de votre objectif, je vous invite à faire des tests de jour sur un
sujet statique, éloigné et détaillé. Mettez votre appareil sur trépied en mode priorité à l’ouverture et
faites une série de photos à la sensibilité ISO minimale native de votre appareil en faisant varier
l’ouverture. Comparez ensuite ces clichés dans Lightroom pour voir quelle ouverture produit les
images les plus nettes. f/6.3 vs f/8 avec le 550D sur le 150-600 G2, Zoom 200% :
15
6.2.2. L’EXPOSITION
Commencez par mettre votre objectif sur son ouverture optimale et réglez ensuite la vitesse
d’obturation entre 1/100s et 1/400s. La vitesse à utiliser va dépendre du matériel dont vous
disposez. Je vous conseille donc de faire des séries de tests avec différentes vitesses afin de voir ce
qui fonctionne le mieux. Plus la vitesse d’obturation sera lente et plus vous récupérerez de lumière
ce qui aura pour effet de réduire le bruit, mais les risques d’avoir du flou de bouger augmentent
également. Il faut donc trouver la vitesse la plus lente possible avec laquelle la majorité de vos
photos sont nettes. Pour ma part, j’utilise généralement 1/200s avec le 550D et le Tamron SP 150600 G2.
Ensuite, réglez la sensibilité ISO de manière à obtenir des images claires, mais sans zones
surexposées. Vous pouvez vous aider de l’histogramme de votre appareil, mais sachez qu’il peut
manquer de précision en astrophotographie lunaire. Je vous conseille donc de juger à l’œil
l’exposition de votre cliché et si vous pensez qu’une zone est peut-être surexposée, baissez un peu
l’exposition en diminuant la sensibilité ISO.
Exemple d’une photo de lune bien exposée (ISO 400, f/8, 1/200s. Prise simple avec un traitement
simple dans Lightroom) :
Je précise également que vos réglages ne seront pas forcément identiques aux miens. La sensibilité
ISO affichée par les appareils n’est pas très précise et deux objectifs réglés à f/8 ne transmettent pas
toujours la même quantité de lumière. Faites des tests avec votre matériel afin d’obtenir des clichés
bien exposés.
16
7. LA MISE AU POINT
Une mise au point réussie est essentielle en astrophotographie lunaire et il faut donc prendre le
temps pour la faire correctement.
Vous avez deux solutions pour réussir la mise au point :
•
•
La faire manuellement en utilisant le zoom numérique X10 de votre appareil
Faire une mise au point automatique
Personnellement, je trouve que la mise au point automatique est généralement la meilleure solution,
mais si vous utilisez un reflex, utilisez le mode liveview (écran arrière) de votre appareil.
Un reflex dispose de deux systèmes autofocus (AF) distincts et c’est celui qui est utilisé en mode
liveview qui vous donnera les meilleurs résultats pour ce type de photographie. Mais les hybrides
utilisent le même système AF dans les deux modes et vous pouvez donc utiliser le viseur si vous
préférez. Une fois que vous avez fait votre mise au point, pensez à désactiver l’autofocus de votre
objectif.
8. LE NOMBRE DE CLICHES
Les turbulences atmosphériques, vibrations et rafales influent fortement sur la netteté des clichés et
je vous conseille donc de prendre beaucoup de photos (au moins quelques dizaines ou des
centaines si vous faites des empilements). Ainsi, vous pourrez comparer vos clichés dans Lightroom
et sélectionnez celle qui est la plus nette. Ce processus simple peut souvent augmenter sensiblement
le niveau de détail de votre image et il ne faut donc pas hésiter à le faire.
17
9. LE TRAITEMENT
9.1. UN TRAITEMENT SIMPLE DANS LIGHTROOM
En suivant les conseils donnés précédemment, vous pourrez obtenir des clichés de bonne qualité
même avec du matériel relativement modeste. Après avoir sélectionné l’image la plus nette, vous
pourrez ensuite faire quelques réglages simples dans Lightroom pour optimiser le rendu de votre
image (recadrage, balance des blancs, netteté, réduction de bruit, etc.). Avant et après traitement
dans Lightroom :
18
9.2. LE LUCKY IMAGING
On peut améliorer sensiblement la qualité des images sans changer de matériel en faisant des
empilements de photos. En prenant de nombreux clichés et en les combinant, on peut réduire
fortement le bruit ce qui permet également d’accentuer considérablement la netteté des clichés.
Pour comprendre les bases de l’empilement, je vous invite à regarder ma vidéo sur le sujet :
https://www.youtube.com/watch?v=xLY1afjyDUY&t
Cependant, en astrophotographie lunaire, on ne peut pas faire un empilement standard puisque
chaque photo est légèrement différente à cause des turbulences atmosphériques. Il faut donc faire
ce que l’on appelle du Lucky Imaging. Le principe de cette méthode est de prendre un très grand
nombre de photos (au moins une centaine) et de les empiler dans un logiciel dédié. Ce dernier va
analyser la netteté des images et les trier pour nous automatiquement. On peut ainsi faire un
empilement ne contenant que les meilleurs clichés de la série.
Note : lorsque le bruit diminue, on dit que la rapport signal/bruit s’améliore. Pour en savoir
davantage à ce sujet, je vous invite à lire mon article sur le sujet :
https://www.photohc.com/blog/2017/11/30/le-rapport-signalbruit-et-lexposition-a-droite
9.2.1. SUR MAC OS
Si vous utilisez un Mac, vous pouvez faire fonctionner les logiciels pour Windows en utilisant Wine.
Ce dernier ajoute une couche de compatibilité et permet d’utiliser beaucoup d’applications sur Mac
OS.
9.2.2. UN FLUX DE TRAVAIL EFFICACE
Voici le flux de travail que j’utilise en astrophotographie lunaire :
•
•
•
•
•
•
Pré-traitement dans Lightroom (seulement la balance des blancs, les aberrations
chromatiques, et l’exposition si nécessaire)
J’exporte toutes les images en tiff 16 bits avec l’espace colorimétrique ProPhoto
Recadrage et alignement automatique des images dans PIPP
Empilement dans AutoStakkert
Accentuation de la netteté dans Registax
Traitements complémentaires dans Photoshop
19
9.2.3. PIPP (PLANETARY IMAGING PREPROCESSOR)
Pour faciliter le travail au logiciel d’empilement, il est conseillé de recadrer les images avant de les
empiler afin de réduire leur taille. Pour ce faire, vous pouvez soit utiliser Lightroom, soit utiliser un
logiciel comme PIPP (Planetary Imaging PreProcessor) qui va aligner et recadrer les photos
automatiquement :
Avant recadrage :
20
9.2.4. AUTOSTAKKERT
Pour l’empilement de photos de lune, du soleil et des planètes, le logiciel le plus utilisé aujourd’hui
est AutoStakkert qui permet d’obtenir d’excellents résultats.
21
Ce logiciel sépare la photographie en petites cases, sélectionne les meilleures images pour chacune
d’entre elles et fait un empilement séparé pour chaque zone du cliché avant de les réassembler.
Cette manière de fonctionner donne d’excellents résultats et permet d’améliorer sensiblement le
rapport signal/bruit de l’image sans perdre en netteté.
Avant empilement / Après empilement :
Après l’empilement, il n’y a plus aucune trace de bruit
22
9.2.5. REGISTAX
Grâce à cette amélioration du RSB (rapport signal/bruit) vous pouvez ensuite accentuer la netteté de
l’image empilée en utilisant des ondelettes (Wavelets) dans Registax. Cette méthode d’accentuation
est extrêmement efficace.
Dans le carré situé au centre de l’image on voir l’effet des ondelettes sur l’image :
23
En utilisant AutoStakkert pour empiler et Registax pour accentuer, vous pouvez améliorer
sensiblement la qualité de vos clichés de lune et ainsi dépasser les limites de votre matériel.
Avant empilement :
Après empilement et accentuation :
L’image est beaucoup plus nette et il n’y plus aucune trace de bruit !
24
9.3. DANS PHOTOSHOP
9.3.1. LES COULEURS
Si vous le souhaitez, vous pouvez également accentuer les couleurs de votre cliché dans un logiciel
comme Photoshop afin de faire ressortir les différents minéraux présents sur la lune. On parle alors
d’une Lune minérale :
Ici, j’ai utilisé un calque de saturation/vibrance, une correction sélective et une courbe pour faire
ressortir les couleurs de la lune.
25
9.3.2. L’HDR
Enfin, vous pouvez également combiner de multiples expositions pour faire des photographies HDR
(High Dynamic Range, grande plage dynamique) de la lune et ainsi faire ressortir la lueur qu’il y a
autour du sujet ainsi que les détails de son côté sombre. Cependant, ce genre de combinaison
d’exposition doit se faire manuellement dans un outil comme Photoshop.
Ici, j’ai pris des séries de photos avec trois expositions différentes pour capturer les détails des deux
côtés de la lune ainsi que les étoiles :
L’écart d’exposition entre les deux côtés de la lune est très important ce qui nuit au rendu des clichés
HDR. En effet, il est très difficile d’obtenir un rendu propre et une transition naturelle entre les deux
côtés de la lune. Une solution est de prendre en photo la pleine lune et de combiner les clichés pris à
différents moments pour créer l’image finale et c’est généralement de cette manière que je procède.
J’ai donc combiné 4 empilements différents et accentué les couleurs dans Photoshop pour créer
l’image suivante (côté clair + côté sombre et la lueur + étoiles + pleine lune) :
•
•
•
•
437 images du côté clair
145 images du côté sombre (et de la lueur)
8 images des étoiles
383 images de la pleine lune (qui ont servi à intégrer les détails du côté sombre)
Et voici le résultat créé à partir de ces 973 clichés :
26
27
10. CONCLUSION
Et ça y est, nous sommes à la fin de ce guide sur l’astrophotographie lunaire ! J’espère que vous
aurez appris des choses et qu’il vous aidera à réaliser de belles photos de la lune. Sur ce, bonne
photo et à bientôt !
Harry Collis
www.photohc.com
28
11. SOURCES
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
•
https://britastro.org/node/9058
http://www.ianmorison.com/combating-atmospheric-dispersion/
https://skyandtelescope.org/astronomy-resources/transparency-and-atmosphericextinction/
https://skyandtelescope.org/astronomy-blogs/imaging-foundations-richard-wright/seeingvs-transparency-difference/
https://www.youtube.com/watch?v=puoh1ikzonA
http://societeastronomique.uliege.be/astronomie-pratique/articles/le-cycle-de-lalune/#:~:text=Au%20cours%20de%20ce%20cycle,Premier%20quartier
http://www.astrosurf.com/lecureuil/astrophoto%20et%20conditions%20meteo.pdf
https://en.wikipedia.org/wiki/Astronomical_seeing
https://en.wikipedia.org/wiki/Refractive_index
https://blog.weather.us/what-is-a-front/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Front_(m%C3%A9t%C3%A9orologie)
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9fraction_atmosph%C3%A9rique
https://fr.wikipedia.org/wiki/Terminateur
https://clarkvision.com/
https://www.youtube.com/watch?v=JIjXmRh1DE0&feature=emb_logo
29
Téléchargement