ASTROPHOTOGRAPHIE LUNAIRE Le Guide Harry Collis www.photohc.com 0 1. TABLE DES MATIERES 1. Table des matières .............................................................................................................................. 1 2. Avant-propos ....................................................................................................................................... 2 3. La principale difficulté ......................................................................................................................... 3 4. Où et quand ? ...................................................................................................................................... 4 4.1. La pollution lumineuse ................................................................................................................. 5 4.2. L’influence de l’air ........................................................................................................................ 6 4.2.1. La quantité d’air .................................................................................................................... 6 4.2.2. Le mouvement de l’air........................................................................................................... 7 4.3. A quel moment ............................................................................................................................. 8 4.3.1. De jour ou de nuit.................................................................................................................. 8 4.3.2. Le cycle lunaire et le terminateur........................................................................................ 10 4.3.3. Les logiciels et sites web...................................................................................................... 11 5. Le matériel ......................................................................................................................................... 13 5.1. Le trépied.................................................................................................................................... 13 5.2. L’appareil .................................................................................................................................... 13 5.3. L’objectif ..................................................................................................................................... 14 5.4. La télécommande ....................................................................................................................... 14 5.5. La monture équatoriale .............................................................................................................. 14 6. Les réglages ....................................................................................................................................... 15 6.1. Les bases ..................................................................................................................................... 15 6.2. Les réglages pour photographier la lune .................................................................................... 15 6.2.1. L’ouverture optimale ........................................................................................................... 15 6.2.2. L’exposition ......................................................................................................................... 16 7. La mise au point ................................................................................................................................ 17 8. Le nombre de clichés ......................................................................................................................... 17 9. Le traitement ..................................................................................................................................... 18 9.1. Un traitement simple dans Lightroom ....................................................................................... 18 9.2. Le lucky imaging ......................................................................................................................... 19 9.2.1. Sur Mac OS .......................................................................................................................... 19 9.2.2. Un flux de travail efficace .................................................................................................... 19 9.2.3. PIPP (Planetary Imaging PreProcessor) ............................................................................... 20 9.2.4. AutoStakkert ........................................................................................................................ 21 9.2.5. Registax ............................................................................................................................... 23 9.3. Dans Photoshop ......................................................................................................................... 25 9.3.1. Les couleurs ......................................................................................................................... 25 9.3.2. L’HDR ................................................................................................................................... 26 10. Conclusion ....................................................................................................................................... 28 11. Sources ............................................................................................................................................ 29 1 2. AVANT-PROPOS Dans ce guide, nous allons voir ensemble comment photographier le satellite naturel de notre planète : la lune. Avant de commencer, sachez que ce guide est destiné aux photographes de tout niveau. Vous n’avez donc pas besoin de connaissance ou de matériel spécifique pour mettre en pratique les techniques qui suivent. Au cours des années, comme beaucoup de photographes, j’ai tenté à plusieurs reprises de prendre en photo la lune, mais je n’étais jamais satisfait des résultats. En 2019, on m’a prêté un objectif Tamron SP 150-600 m G2 et c’est à ce moment-là que j’ai décidé de me mettre sérieusement à l’astrophotographie lunaire. Après de nombreuses heures d’études, de pratique et de tests, les résultats obtenus allaient bien au-delà de mes espérances. Mon but n’est pas de vous pousser à acheter du matériel plus performant, mais de vous expliquer comment obtenir les meilleurs résultats possible avec ce que vous possédez déjà. Lorsque l’on parvient à créer des photographies détaillées de la lune, on s’aperçoit que c’est un sujet magnifique. Chaque zone est unique et le rendu des clichés change radicalement en fonction du moment où vous la photographiez. 2 3. LA PRINCIPALE DIFFICULTE Généralement, en astrophotographie, le bruit est le plus grand problème que l’on rencontre, mais ce n’est pas le cas lorsque l’on photographie la lune puisqu’elle est très lumineuse. Ici, c’est la netteté qui pose problème et tout au long de ce guide, nous allons voir comment procéder pour obtenir des clichés détaillés de ce magnifique sujet. Canon 550D, Tamron SP 150-600, 437 clichés empilés, image recadrée : 3 4. OU ET QUAND ? Photographier un corps céleste présente de nombreuses difficultés à cause de la distance qui nous sépare de lui, mais surtout à cause de notre atmosphère. En effet, dans l’espace la lumière se déplace de manière rectilinéaire et aucune particule ne vient perturber sa course, mais ce n’est plus le cas lorsqu’elle rentre dans notre atmosphère. Voici les différents phénomènes qui influent sur la qualité de nos clichés : • • • • La pollution lumineuse et la lueur de l’air (airglow en anglais) La transparence et l’extinction atmosphérique La dispersion atmosphérique Les turbulences (atmosphériques, locales et instrumentales) Pas de panique ! Je sais que tout cela semble très compliqué, mais je vais vous donner des conseils simples pour minimiser les effets néfastes de ces phénomènes et réussir vos clichés de lune 4 4.1. LA POLLUTION LUMINEUSE Pour commencer, sachez qu’en astrophotographie lunaire, la pollution lumineuse a beaucoup moins d’impact que lorsque l’on photographie la Voie lactée par exemple. En effet, la lune reflète une quantité importante de lumière et peut même être photographiée depuis la ville. Ceci dit, dans l’idéal, il vaut mieux s’éloigner des lumières artificielles. Voici une carte de la pollution lumineuse en France métropolitaine : Vous pouvez également consulter la carte en ligne pour trouver les zones les plus sombres dans votre région : https://avex-asso.org/dossiers/pl/europe-2016/index-sodium.html 5 4.2. L’INFLUENCE DE L’AIR 4.2.1. LA QUANTITE D’AIR Les autres phénomènes dépendent de nombreux facteurs, mais ils ont tous une chose en commun : l’air. En effet, plus la lumière traverse une grande quantité d’air et plus le résultat sera mauvais et inversement. Mais comment réduire la quantité d’air qui nous sépare de notre sujet ? Eh bien, c’est très simple, tout dépend de l’élévation du sujet dans le ciel et de l’altitude à laquelle vous êtes situé. Par exemple, si vous photographiez un sujet situé à l’horizon, la lumière traverse environ 40 fois plus d’air que si vous le photographiez au zénith ! Il est donc fortement conseillé de photographier la lune lorsqu’elle est haute dans le ciel. Le résultat sera nettement meilleur. Votre altitude a moins d’influence que l’élévation du sujet, mais son impact n’est pas négligeable pour autant. Plus on monte en altitude et plus la densité de l’air diminue (et inversement) et c’est pour cette raison que les observatoires sont souvent placés en haute altitude. 6 4.2.2. LE MOUVEMENT DE L’AIR Lorsque les mouvements de l’air sont chaotiques, on parle de turbulences atmosphériques et ce phénomène fait onduler nos sujets ce qui réduit la netteté de nos images. Pour vous aider à visualiser cet effet sur nos clichés, je vous ai réalisé une courte vidéo. En suivant les conseils donnés précédemment (photographier le sujet quand il est haut dans le ciel et monter en altitude), vous réduirez l’impact des turbulences sur vos photographies. Mais le terrain peut également améliorer ou détériorer le rendu de vos clichés. En effet, la présence de montagnes et de collines influe sur les mouvements de l’air et la rend turbulente. Cependant, en haute montagne, la densité de l’air diminue ce qui réduit l’impact des turbulences. Dans l’idéal, on s’oriente donc soit vers une zone très plate, soit vers une zone très élevée. D’autres facteurs influent sur les turbulences (comme la température de l’air) et je vous invite donc à refaire régulièrement des photos, car certains soirs vous donneront de meilleurs résultats que d’autres. Astuce : en astrophotographie, on appelle la mesure des turbulences atmosphériques le « seeing » et il permet d’estimer la qualité optique du ciel. Sachez également qu’il existe des courants d’air rapide que l’on appelle des courants-jets (ou jet stream en anglais) généralement situés entre 7 et 16 km au-dessus du niveau de la mer. Lorsque vous débutez en astrophotographie lunaire, vous n’avez pas besoin de vous préoccuper de ce phénomène, mais il est intéressant de noter qu’il influe lui aussi sur la qualité de nos clichés. Pour savoir où ils se situent, vous pouvez utiliser l’excellente carte animée de Ventusky. Pour finir, je précise que j’ai volontairement évité d’expliquer en détail comment influent tous les phénomènes cités précédemment sur nos clichés, car vous n’avez pas besoin de tout savoir quand vous débutez. D’ailleurs, lorsque j’ai réalisé les photos de ce guide, je ne connaissais rien au sujet des turbulences et des autres phénomènes atmosphériques. 7 4.3. A QUEL MOMENT 4.3.1. DE JOUR OU DE NUIT Pour obtenir un niveau de contraste et de détail élevé, je conseille de photographier la lune de nuit. Mais la capturer de jour peut également donner des résultats très esthétiques et détaillés (5D Mark III, Tamron SP 150-600, doubleur de longueur focale, 1200 mm, empilement de 553 clichés, image recadrée) : 8 Avant recadrage et traitement (1200 mm avec un appareil plein format) : En zoomant sur l’image (traitée), on observe de nombreux détails à la surface de la lune : 9 4.3.2. LE CYCLE LUNAIRE ET LE TERMINATEUR Depuis la terre, nous observons toujours la même face de la lune, mais la portion de la face visible éclairée par le soleil varie. Tous les 29 jours, 12 heures et 44 minutes, la lune effectue un cycle complet que l’on appelle une lunaison. Et pendant ce cycle, on distingue 8 phases différentes : • • • • • • • • Nouvelle lune Premier croissant Premier quartier Gibbeuse croissante Pleine lune Gibbeuse décroissante Dernier quartier Dernier croissant On dit que la lune est croissante pendant les quatre premières phases et décroissante pendant les quatre dernières phases. La ligne fictive qui sépare les faces éclairées et non éclairées d’un corps céleste est appelée le terminateur. Et c’est proche de ce dernier que les détails et cratères ressortent le plus. Mon conseil est donc de photographier la lune à différents moments afin d’obtenir des rendus variés et de faire ressortir différents cratères et détails. 10 4.3.3. LES LOGICIELS ET SITES WEB PHOTOPILLS Pour connaître la phase de la lune ainsi que le moment où elle se lève et se couche derrière l’horizon, vous pouvez utiliser l’excellente application PhotoPills (9.99€, disponible sur Android et iOS). Cette dernière permet également de savoir d’avance exactement où la lune sera située à un moment de la journée où la nuit en utilisant la réalité augmentée. 11 STELLARIUM Vous pouvez également utiliser le célèbre Stellarium qui est gratuit sur PC et sur Android (mais il existe une version PLUS, payante sur Android et iOS). Très puissant et très complet, c’est le logiciel que j’utilise sur mon PC pour organiser mes sorties d’astrophotographie. CALENDRIER-LUNAIRE.NET Vous avez aussi le site web www.calendrier-lunaire.net qui donne des informations détaillées sur les phases de la lune ainsi que sur sa distance par rapport à la terre : 12 5. LE MATERIEL Vous n’avez pas besoin de matériel très cher ou performant pour photographier la lune. Par exemple, les bridges qui ont un zoom important peuvent produire d’excellentes photos de cet astre. 5.1. LE TREPIED Vous n’avez pas forcément besoin d’un trépied pour photographier la lune, surtout si votre objectif (ou capteur) est stabilisé. En effet, vu que l’on utilise des vitesses d’obturation relativement élevées, on peut faire la prise de vue à main levée. Cependant, un trépied peut être pratique, voir même essentiel dans certains cas (longueur focale très élevée, pas de stabilisation, etc.). 5.2. L’APPAREIL Si vous disposez de plusieurs appareils photo, utilisez celui dont la résolution du capteur est la plus élevée (c’est-à-dire qui a le plus de pixels par pouce). Par exemple, si vous avez deux boitiers plein format, utilisez celui avec plus de mégapixels. Et si vous avez un appareil APS-C et un plein format, optez pour le boitier APS-C. Pour ma part, j’ai un deux appareils plein format : le 5D Mark III (22 mégapixels) et l’EOS RP (26 mégapixels), mais je possède également un vieux reflex APS-C : le Canon 550D qui est doté d’un capteur de 18 mégapixels. Et c’est ce dernier que j’utilise pour photographier la lune puisqu’il a plus de pixels par pouce et me donne donc des images plus détaillées de la lune Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez lire mon article sur la taille des capteurs (mais c’est un peu compliqué !). https://www.photohc.com/blog/2019/4/14/tout-savoir-sur-la-taille-des-capteurs 13 5.3. L’OBJECTIF Pour ce qui est des objectifs, dans la majorité des cas, il faut simplement opter pour celui qui a la plus grande longueur focale. Et dans mon cas, il s’agit du Tamron SP 150-600 mm G2. Cependant, dans certains cas, un objectif doté d’une longueur focale plus courte peut produire de meilleurs résultats si son pouvoir séparateur est nettement meilleur que celui de l’autre objectif. 5.4. LA TELECOMMANDE Une simple télécommande (filaire ou sans fil) peut s’avérer utile pour photographier la lune. Personnellement, j’utilise une télécommande filaire Canon RS-60E3 et grâce à cette dernière, je peux déclencher l’appareil sans le toucher ce qui réduit les vibrations et augmente mes chances d’avoir des clichés nets. Cependant, comme précisé au début de cette partie, vous pouvez également faire vos photos de lune à main levée, surtout si votre objectif ou capteur est stabilisé. 5.5. LA MONTURE EQUATORIALE Si vous disposez d’une monture équatoriale comme la Star Adventurer, elle pourra maintenir la lune dans le centre du cadre en mettant la monture sur le mode Lune. Mais vous n’avez pas besoin de ce matériel pour photographier ce sujet. Sans monture, il faudra refaire votre cadrage tous les 30 à 60s environ puisque la lune se déplace dans le ciel. 14 6. LES REGLAGES 6.1. LES BASES Vous ne maitrisez pas les bases de la photographie ? Pas de panique ! J’ai écrit une série d’articles sur le sujet • • • • • • • L’exposition L’ouverture La vitesse d’obturation La sensibilité ISO L’indice de lumination et la correction d’exposition La dynamique L’histogramme 6.2. LES REGLAGES POUR PHOTOGRAPHIER LA LUNE • • • • • • • Mode manuel De préférence en RAW (mais on peut également faire en JPG) Balance des blancs : Lumière du jour ou automatique Mettez votre objectif sur sa longueur focale la plus élevée s’il s’agit d’un zoom (sur le 150600, je mets règle donc l’objectif à 600 mm). Réglez votre objectif sur l’ouverture qui produit les images les plus nettes (f/8 sur le 150-600) Réglez la vitesse d’obturation entre 1/100s et 1/400s Réglez la sensibilité ISO de manière à obtenir une photo bien exposée 6.2.1. L’OUVERTURE OPTIMALE Pour trouver l’ouverture optimale de votre objectif, je vous invite à faire des tests de jour sur un sujet statique, éloigné et détaillé. Mettez votre appareil sur trépied en mode priorité à l’ouverture et faites une série de photos à la sensibilité ISO minimale native de votre appareil en faisant varier l’ouverture. Comparez ensuite ces clichés dans Lightroom pour voir quelle ouverture produit les images les plus nettes. f/6.3 vs f/8 avec le 550D sur le 150-600 G2, Zoom 200% : 15 6.2.2. L’EXPOSITION Commencez par mettre votre objectif sur son ouverture optimale et réglez ensuite la vitesse d’obturation entre 1/100s et 1/400s. La vitesse à utiliser va dépendre du matériel dont vous disposez. Je vous conseille donc de faire des séries de tests avec différentes vitesses afin de voir ce qui fonctionne le mieux. Plus la vitesse d’obturation sera lente et plus vous récupérerez de lumière ce qui aura pour effet de réduire le bruit, mais les risques d’avoir du flou de bouger augmentent également. Il faut donc trouver la vitesse la plus lente possible avec laquelle la majorité de vos photos sont nettes. Pour ma part, j’utilise généralement 1/200s avec le 550D et le Tamron SP 150600 G2. Ensuite, réglez la sensibilité ISO de manière à obtenir des images claires, mais sans zones surexposées. Vous pouvez vous aider de l’histogramme de votre appareil, mais sachez qu’il peut manquer de précision en astrophotographie lunaire. Je vous conseille donc de juger à l’œil l’exposition de votre cliché et si vous pensez qu’une zone est peut-être surexposée, baissez un peu l’exposition en diminuant la sensibilité ISO. Exemple d’une photo de lune bien exposée (ISO 400, f/8, 1/200s. Prise simple avec un traitement simple dans Lightroom) : Je précise également que vos réglages ne seront pas forcément identiques aux miens. La sensibilité ISO affichée par les appareils n’est pas très précise et deux objectifs réglés à f/8 ne transmettent pas toujours la même quantité de lumière. Faites des tests avec votre matériel afin d’obtenir des clichés bien exposés. 16 7. LA MISE AU POINT Une mise au point réussie est essentielle en astrophotographie lunaire et il faut donc prendre le temps pour la faire correctement. Vous avez deux solutions pour réussir la mise au point : • • La faire manuellement en utilisant le zoom numérique X10 de votre appareil Faire une mise au point automatique Personnellement, je trouve que la mise au point automatique est généralement la meilleure solution, mais si vous utilisez un reflex, utilisez le mode liveview (écran arrière) de votre appareil. Un reflex dispose de deux systèmes autofocus (AF) distincts et c’est celui qui est utilisé en mode liveview qui vous donnera les meilleurs résultats pour ce type de photographie. Mais les hybrides utilisent le même système AF dans les deux modes et vous pouvez donc utiliser le viseur si vous préférez. Une fois que vous avez fait votre mise au point, pensez à désactiver l’autofocus de votre objectif. 8. LE NOMBRE DE CLICHES Les turbulences atmosphériques, vibrations et rafales influent fortement sur la netteté des clichés et je vous conseille donc de prendre beaucoup de photos (au moins quelques dizaines ou des centaines si vous faites des empilements). Ainsi, vous pourrez comparer vos clichés dans Lightroom et sélectionnez celle qui est la plus nette. Ce processus simple peut souvent augmenter sensiblement le niveau de détail de votre image et il ne faut donc pas hésiter à le faire. 17 9. LE TRAITEMENT 9.1. UN TRAITEMENT SIMPLE DANS LIGHTROOM En suivant les conseils donnés précédemment, vous pourrez obtenir des clichés de bonne qualité même avec du matériel relativement modeste. Après avoir sélectionné l’image la plus nette, vous pourrez ensuite faire quelques réglages simples dans Lightroom pour optimiser le rendu de votre image (recadrage, balance des blancs, netteté, réduction de bruit, etc.). Avant et après traitement dans Lightroom : 18 9.2. LE LUCKY IMAGING On peut améliorer sensiblement la qualité des images sans changer de matériel en faisant des empilements de photos. En prenant de nombreux clichés et en les combinant, on peut réduire fortement le bruit ce qui permet également d’accentuer considérablement la netteté des clichés. Pour comprendre les bases de l’empilement, je vous invite à regarder ma vidéo sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=xLY1afjyDUY&t Cependant, en astrophotographie lunaire, on ne peut pas faire un empilement standard puisque chaque photo est légèrement différente à cause des turbulences atmosphériques. Il faut donc faire ce que l’on appelle du Lucky Imaging. Le principe de cette méthode est de prendre un très grand nombre de photos (au moins une centaine) et de les empiler dans un logiciel dédié. Ce dernier va analyser la netteté des images et les trier pour nous automatiquement. On peut ainsi faire un empilement ne contenant que les meilleurs clichés de la série. Note : lorsque le bruit diminue, on dit que la rapport signal/bruit s’améliore. Pour en savoir davantage à ce sujet, je vous invite à lire mon article sur le sujet : https://www.photohc.com/blog/2017/11/30/le-rapport-signalbruit-et-lexposition-a-droite 9.2.1. SUR MAC OS Si vous utilisez un Mac, vous pouvez faire fonctionner les logiciels pour Windows en utilisant Wine. Ce dernier ajoute une couche de compatibilité et permet d’utiliser beaucoup d’applications sur Mac OS. 9.2.2. UN FLUX DE TRAVAIL EFFICACE Voici le flux de travail que j’utilise en astrophotographie lunaire : • • • • • • Pré-traitement dans Lightroom (seulement la balance des blancs, les aberrations chromatiques, et l’exposition si nécessaire) J’exporte toutes les images en tiff 16 bits avec l’espace colorimétrique ProPhoto Recadrage et alignement automatique des images dans PIPP Empilement dans AutoStakkert Accentuation de la netteté dans Registax Traitements complémentaires dans Photoshop 19 9.2.3. PIPP (PLANETARY IMAGING PREPROCESSOR) Pour faciliter le travail au logiciel d’empilement, il est conseillé de recadrer les images avant de les empiler afin de réduire leur taille. Pour ce faire, vous pouvez soit utiliser Lightroom, soit utiliser un logiciel comme PIPP (Planetary Imaging PreProcessor) qui va aligner et recadrer les photos automatiquement : Avant recadrage : 20 9.2.4. AUTOSTAKKERT Pour l’empilement de photos de lune, du soleil et des planètes, le logiciel le plus utilisé aujourd’hui est AutoStakkert qui permet d’obtenir d’excellents résultats. 21 Ce logiciel sépare la photographie en petites cases, sélectionne les meilleures images pour chacune d’entre elles et fait un empilement séparé pour chaque zone du cliché avant de les réassembler. Cette manière de fonctionner donne d’excellents résultats et permet d’améliorer sensiblement le rapport signal/bruit de l’image sans perdre en netteté. Avant empilement / Après empilement : Après l’empilement, il n’y a plus aucune trace de bruit 22 9.2.5. REGISTAX Grâce à cette amélioration du RSB (rapport signal/bruit) vous pouvez ensuite accentuer la netteté de l’image empilée en utilisant des ondelettes (Wavelets) dans Registax. Cette méthode d’accentuation est extrêmement efficace. Dans le carré situé au centre de l’image on voir l’effet des ondelettes sur l’image : 23 En utilisant AutoStakkert pour empiler et Registax pour accentuer, vous pouvez améliorer sensiblement la qualité de vos clichés de lune et ainsi dépasser les limites de votre matériel. Avant empilement : Après empilement et accentuation : L’image est beaucoup plus nette et il n’y plus aucune trace de bruit ! 24 9.3. DANS PHOTOSHOP 9.3.1. LES COULEURS Si vous le souhaitez, vous pouvez également accentuer les couleurs de votre cliché dans un logiciel comme Photoshop afin de faire ressortir les différents minéraux présents sur la lune. On parle alors d’une Lune minérale : Ici, j’ai utilisé un calque de saturation/vibrance, une correction sélective et une courbe pour faire ressortir les couleurs de la lune. 25 9.3.2. L’HDR Enfin, vous pouvez également combiner de multiples expositions pour faire des photographies HDR (High Dynamic Range, grande plage dynamique) de la lune et ainsi faire ressortir la lueur qu’il y a autour du sujet ainsi que les détails de son côté sombre. Cependant, ce genre de combinaison d’exposition doit se faire manuellement dans un outil comme Photoshop. Ici, j’ai pris des séries de photos avec trois expositions différentes pour capturer les détails des deux côtés de la lune ainsi que les étoiles : L’écart d’exposition entre les deux côtés de la lune est très important ce qui nuit au rendu des clichés HDR. En effet, il est très difficile d’obtenir un rendu propre et une transition naturelle entre les deux côtés de la lune. Une solution est de prendre en photo la pleine lune et de combiner les clichés pris à différents moments pour créer l’image finale et c’est généralement de cette manière que je procède. J’ai donc combiné 4 empilements différents et accentué les couleurs dans Photoshop pour créer l’image suivante (côté clair + côté sombre et la lueur + étoiles + pleine lune) : • • • • 437 images du côté clair 145 images du côté sombre (et de la lueur) 8 images des étoiles 383 images de la pleine lune (qui ont servi à intégrer les détails du côté sombre) Et voici le résultat créé à partir de ces 973 clichés : 26 27 10. CONCLUSION Et ça y est, nous sommes à la fin de ce guide sur l’astrophotographie lunaire ! J’espère que vous aurez appris des choses et qu’il vous aidera à réaliser de belles photos de la lune. Sur ce, bonne photo et à bientôt ! Harry Collis www.photohc.com 28 11. SOURCES • • • • • • • • • • • • • • • https://britastro.org/node/9058 http://www.ianmorison.com/combating-atmospheric-dispersion/ https://skyandtelescope.org/astronomy-resources/transparency-and-atmosphericextinction/ https://skyandtelescope.org/astronomy-blogs/imaging-foundations-richard-wright/seeingvs-transparency-difference/ https://www.youtube.com/watch?v=puoh1ikzonA http://societeastronomique.uliege.be/astronomie-pratique/articles/le-cycle-de-lalune/#:~:text=Au%20cours%20de%20ce%20cycle,Premier%20quartier http://www.astrosurf.com/lecureuil/astrophoto%20et%20conditions%20meteo.pdf https://en.wikipedia.org/wiki/Astronomical_seeing https://en.wikipedia.org/wiki/Refractive_index https://blog.weather.us/what-is-a-front/ https://fr.wikipedia.org/wiki/Front_(m%C3%A9t%C3%A9orologie) https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9fraction_atmosph%C3%A9rique https://fr.wikipedia.org/wiki/Terminateur https://clarkvision.com/ https://www.youtube.com/watch?v=JIjXmRh1DE0&feature=emb_logo 29