Le biographique – Recueil de textes – 5
RÉP O N S E S A U X Q U E S T I O N S
B i l a n d e p r e m i è r e l e c t u r e ( p . 2 1 0 )
Vie d’André Dufourneau de Pierre Michon
!Les faits relatés couvrent une assez longue période: une trentaine d’années. Le récit débute, in
medias res, par la rencontre entre Pierre Michon (qui vient de naître) et André Dufourneau en 1947,
puis suit alors une longue analepse (ou retour en arrière) qui reprend l’histoire à partir de 1908-1910.
L’essentiel de l’histoire de Dufourneau se situe donc entre 1918-1920, date à laquelle il part en
Afrique, après dix ans passés auprès de la famille de Pierre Michon (page 10) et 1947, date à laquelle il
revient brièvement «aux Cards» avant de repartir pour toujours. Son histoire s’inscrit donc dans la
grande histoire coloniale française de l’entre-deux-guerres (voir Gide et son Voyage au Congo ou
Céline et son Voyage au bout de la nuit).
"L’orphelin André Dufourneau a été adopté, ou tout du moins accueilli, par les parents de la grand-
mère de Pierre Michon (Élise). Celle-ci était âgée d’à peine dix ans de plus que lui (page 12) et l’a
choyé comme une sœur. C’est ainsi une sorte de grand-oncle pour Pierre Michon. Mais bien plus
que le lien familial, c’est un lien affectif et même imaginaire qui a lié l’enfant à l’aventurier. Pierre
Michon ne l’a jamais vraiment connu, puisqu’en 1947 il était en bas âge, mais il a rêvé de son
existence, il l’a imaginé corps et âme (à partir il est vrai d’une photographie, pages 18-19), à la façon
d’un personnage de roman d’aventure (voir les pages 21-22): «Dufourneau est vivant comme ce dont il
rêve; il est mort depuis longtemps; je n’abandonne pas encore son ombre» (lignes 266 à 268).
#Parler d’André Dufourneau revient, pour Pierre Michon, à évoquer son enfance, par delà le lien
biographique ténu qui le relie à lui (un regard en 1947). Il lui permet d’évoquer l’histoire de ses
arrière-grands-parents (pages 9 et 10) et de ses grands-parents, Élise et Félix (pages 10 à 13) sur le
mode de la généalogie. L’histoire d’André Dufourneau lui permet de se représenter la vie de ses
grands-parents durant l’entre-deux-guerres et même d’imaginer ce que fut la dernière visite d’André
Dufourneau «aux Cards» en 1947 (pages 20 à 24).
Toutefois, c’est surtout sur le plan de l’imaginaire de Pierre Michon que l’évocation de la biographie
d’André Dufourneau semble apporter des éléments plus précisément autobiographiques. Cette petite
biographie nous renseigne sur les rêves de l’enfant et sur la fascination de l’adulte. Il a été rêvé comme
un personnage mythique (voir les pages 21-22), comme un héros idéal: «Je frissonnais alors du même
frisson que celui qui me poignait à la lecture des poèmes pleins d’échos et de massacres, des éblouissantes proses»
(lignes 214 à 217). L’adulte semble donc avoir partagé le rêve qu’il a cru déceler dans son regard (celui
de la photographie, page 18-19), il continue de le rêver comme un double («c’est bien à un écrivain
qu’il ressemble», page 18): «aujourd’hui, quel qu’il soit et quoi qu’il dise, j’en penserais ce que je dis ici, rien
de plus, et tout reviendrait au même» (lignes 340 à 342). André Dufourneau apparaît comme une figure
d’identification par laquelle l’adulte renoue les fils de son enfance, de son identité, voire de sa
vocation d’écrivain.
Mémoires d’outre-tombe de François-René de Chateaubriand (Livre XXIV)
$Dans les chapitres 5, 6, 7 et 8, Chateaubriand porte une appréciation mitigée, voire complexe sur
Napoléon Bonaparte. Ce jugement difficile provient de l’homme «à deux existences» même que
Chateaubriand analyse. Pour le mémorialiste, Bonaparte a été un être d’exception (un grand homme
qui a façonné l’espace et l’Histoire à son image et à sa convenance), un génie de l’action (dans la
guerre et la stratégie militaire) et un esprit concret très efficace (dans la législation et dans
l’administration), mais un piètre visionnaire en matière de politique et de diplomatie (pages 40 à 43).
En outre, Chateaubriand lui reproche son manque de distinction, d’élégance, de goût, d’éducation
(pages 44 à 47) et sa propension au despotisme, voire à la tyrannie qui est indigne d’un grand homme
(pages 47-48).
%Les points communs entre les deux hommes sont nombreux: le chapitre 14 est tout entier
consacré à leurs «rapports» complexes: leur réconciliation tardive montre des affinités que les