TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU SECOND SEMESTRE DE 2007 L'évolution macroéconomique des sept dernières années 2000-2006 fait émerger la persistance de l'excès de l'épargne sur l'investissement en tant que caractéristique structurelle de l'économie nationale. Cet élément distinctif du cadre macroéconomique est confirmé par une position financière solide, élément d'une gestion macroéconomique saine. La solidité marquée de la position financière extérieure nette a particulièrement émergé en 2006, en contexte d'accélération des remboursements par anticipation, pour des montants substantiels, au profit du Club de Paris et du Club de Londres et d'accumulation plus soutenue des réserves officielles de change. Ainsi, l'année 2006, a vu le parachèvement de la conduite soutenue de la stratégie de désendettement extérieur, pendant que l'excédent du compte courant extérieur s'est accru pour atteindre 24,86 % du produit intérieur brut au cours de la même année. Dans le cadre de la conduite d'une gestion macroéconomique saine des surcroîts de ressources, la forte réduction de la dette publique extérieure s'est même conjuguée avec une accumulation soutenue de ressources du fonds de régulation des recettes. De plus, la situation des finances publiques demeure forte et en cohérence avec la viabilité budgétaire à moyen terme, contribuant à la mise en œuvre de l'important programme d'investissements publics. Par ailleurs, c'est en contexte de stabilisation du taux de change effectif du dinar à un niveau proche de l'équilibre depuis 2003, que l'excès de liquidité a été résorbé par la Banque d'Algérie et ce, malgré la forte expansion des dépenses budgétaires et l'envolée des dépôts des entreprises du secteur des hydrocarbures. La conjoncture financière et monétaire du premier semestre 2007 a montré une poursuite de l'amélioration des performances en la matière, confirmée par les résultats atteints au second semestre de la même année. Ces résultats sont d'autant plus appréciables que le second semestre de l'année 2007 a été marqué par les turbulences sur les marchés financiers internationaux. Ces dernières révèlent un nouveau type de choc externe, notamment, pour les pays émergents et les pays en développement. 1. Position financière extérieure L'année 2007 se caractérise, sous l'angle de la position extérieure, par une forte amélioration du solde global de la balance des paiements par rapport à l'année 2006 qui avait déjà enregistré des performances remarquables. En effet, l'excédent global (19,70 milliards de dollars) des neuf premiers mois de 2007 a même dépassé le surplus de toute l'année 2006 (17,73 milliards de dollars), dans un contexte de forte croissance des importations des biens et services. L'année 2007 se distingue, de plus, par un nouveau phénomène, à savoir que l'excédent global de la balance des paiements est proche du surplus courant extérieur qui est estimé à 29,53 milliards de dollars. Comparativement aux excédents semestriels de l'année 2006, les soldes de la balance des paiements du premier et second semestre 2007 montrent des améliorations notables au niveau du compte courant qui se sont matérialisées par des excédents de balance globale pour 12,57 milliards de dollars et 16,52 milliards de dollars, respectivement, au premier et second semestre 2007. La viabilité de la balance des paiements est renforcée par l'environnement externe favorable en terme d'évolution des prix des hydrocarbures. Le prix moyen est passé de 65,08 dollars le baril de pétrole brut au second semestre 2006 à 66,36 dollars au premier semestre 2007, pour atteindre un prix moyen de 83,40 dollars au second semestre 2007. Pour l'année 2007, le prix moyen de baril de pétrole brut s'élève à 74,77 dollars contre 65,85 dollars pour l'année 2006, correspondant à une augmentation de 13,54 %. En conséquence, les exportations des hydrocarbures au second semestre 2007 sont évaluées à 32,30 milliards de dollars contre 26,23 milliards de dollars au second semestre 2006, soit un accroissement de 23,14 %, et 27 milliards de dollars au premier semestre 2007. Pour cette année, les exportations des hydrocarbures totalisent 59,30 milliards de dollars, alors qu'elles étaient de 53,61 milliards de dollars en 2006. L'analyse du trend haussier des exportations des hydrocarbures exprimées en valeurs révèle, cependant, un effet de compression inhérent à la décroissance en volume de ces exportations en 2007, tout comme en 2006. La part des associés de l'entreprise nationale des hydrocarbures est également en baisse en 2007 (3,90 milliards de dollars) par rapport à son niveau de l'année 2006 (5,29 milliards de dollars), même en rythme semestriel (2,05 milliards de dollars au second semestre 2007 contre 2,53 milliards de dollars au second semestre 2006). Cette tendance est liée au mécanisme de la taxe sur les profits exceptionnels qui a été instaurée en juillet 2006. Les exportations de biens hors hydrocarbures demeurent faibles en 2007, soit à un niveau d'un milliard de dollars atteint l'année précédente. Au cours de ces deux années, le montant enregistré au second semestre est identique (0,60 milliard de dollars), alors que la performance du premier semestre 2007 est en deçà. L'effet des exportations des biens hors hydrocarbures sur la balance des paiements courants demeure très faible, d'autant plus que la nécessaire amélioration de la compétitivité externe est un défi pour l'Algérie. En termes de paiements courants extérieurs, il importe de souligner la forte augmentation des importations des biens dont le montant a atteint 26,25 milliards de dollars, après un passage graduel de 19,86 milliards de dollars en 2005 à 20,68 milliards de dollars en 2006. En rythme semestriel, un montant de 13,99 milliards de dollars au second semestre 2007 contre 10,49 milliards de dollars pour la même période de 2006 confirme le trend nettement haussier en la matière, soit un accroissement important de 33,36 %. L'examen de la structure des importations montre que l'augmentation des importations au second semestre 2007 par rapport à la même période de 2006 concerne tous les groupes de produits importés et plus particulièrement les demiproduits, les biens d'équipement industriels, les biens alimentaires et les biens de consommation. Le niveau élevé des importations enregistré en 2007, et leur répartition par groupe de produits, sont en phase avec l'augmentation significative du taux d'investissement dans l'économie nationale. Dans un tel contexte, la qualité des dépenses dans le cadre du programme d'investissements publics et l'efficacité des projets d'investissement des entreprises méritent une attention particulière, afin de contribuer à un ajustement ordonné du taux d'investissement au taux d'épargne nationale. Tout comme au premier semestre 2007 (3,20 milliards de dollars), l'importation des services non facteurs continue d'augmenter au second semestre 2007, mais à un rythme plus élevé. Leur montant est de 3,66 milliards de dollars au second semestre 2007 contre 2,59 milliards de dollars au second semestre 2006. Ainsi, l'année 2007 se caractérise par une très forte augmentation (43,51 %) des importations de services non facteurs, après une stabilisation en 2006. L'augmentation concerne l'importation des services de bâtiment et travaux publics et des services de transport maritimes et aériens. Cette tendance haussière est liée, notamment, à l'exécution du budget d'équipement de l'Etat. L'excédent de la balance courante réalisé au second semestre 2007 (16,28 milliards de dollars) émerge comme une bonne performance relativement aux résultats du second semestre 2006 (14,09 milliards de dollars) et du premier semestre 2007 (13,25 milliards de dollars). Cependant, pour l'année 2007, l'excédent courant n'est que légèrement supérieur à son niveau de l'année précédente, soit 29,53 milliards de dollars contre 28,95 milliards de dollars, à mesure que l'accroissement des exportations des hydrocarbures et la baisse des transferts des associés de l'entreprise nationale des hydrocarbures ont été compensés par la forte hausse des importations des biens et services. La faiblesse des paiements au titre des intérêts sur la dette extérieure, soit 230 millions de dollars en 2007 contre 760 millions de dollars en 2006 et 1 milliard de dollars en 2005, est un élément bien favorable pour la balance courante des paiements extérieurs. Cet élément positif découle de la décision stratégique de réduction de la dette extérieure, qui a été largement mise en œuvre en 2006. L'effet positif de la forte réduction de la dette extérieure en 2006 est également exprimé au niveau du compte capital de l'année 2007 où les remboursements en principal de la dette extérieure ne s'élèvent qu'à 1,48 milliard de dollars contre un " pic " de 12,87 milliards de dollars en 2006 et 4,46 milliards de dollars en 2005. Avec un faible déficit en 2007, le compte capital est marqué par une tendance à l'équilibre, en contexte d'amenuisement significatif des mobilisations de crédits extérieurs et de relative stabilisation du poste investissements directs nets. Cette situation du compte capital constitue un élément de " sauvegarde " dans le contexte actuel de turbulences sur les marchés financiers internationaux. Le très faible déficit du compte capital en 2007, voire la tendance à l'équilibre en la matière, se conjugue avec un niveau appréciable du surplus global de la balance des paiements inhérent à l'important excédent courant réalisé la même année. Avec un surplus global de la balance des paiements de 16,52 milliards de dollars au second semestre 2007, presque équivalent au surplus de toute l'année 2005, l'année 2007 se caractérise par une sur performance (29,09 milliards de dollars) en la matière. En rythmes semestriels, une telle sur performance a été surtout réalisée aux second et quatrième trimestres, comme en témoigne le fort accroissement du niveau des réserves officielles de change au cours de ces deux trimestres. L'encours des réserves officielles de change est passé à 90,960 milliards de dollars à fin juin 2007, contre 77,781 milliards de dollars à fin décembre 2006, et à 110,180 milliards de dollars à fin décembre 2007, correspondant à un accroissement annuel de 32,399 milliards de dollars (y compris l'effet de valorisation). L'importante reconstitution des réserves officielles à partir de l'année 2000 et le niveau atteint à fin 2007 placent l'Algérie parmi les principaux pays détenteurs de réserves officielles de change, c'est-à-dire les réserves de change détenues et gérées par les banques centrales. En particulier et depuis fin 2002, l'Algérie dispose d'une position financière extérieure nette positive. Par ailleurs, en terme d'engagements financiers extérieurs, l'encours de la dette extérieure à moyen et long terme à fin 2007 (4,889 milliards de dollars) témoigne du succès de la stratégie de désendettement extérieur de l'Algérie conduite entre 2004 et 2006, à mesure que cette dette ne représente plus que 3,6 % du produit intérieur brut en 2007 contre 34,2 % en 2003 et 58,3 % en 1999. Son encours avait chuté en 2006, suite à l'ampleur des remboursements par anticipation, à 5,062 milliards de dollars contre 16,485 milliards de dollars à fin 2005. Dans ce contexte de consolidation de la position financière extérieure nette, il est utile de souligner que le niveau de la dette extérieure à moyen et long terme à fin 2007 ne représente plus que 4,4 % des réserves officielles de change à fin 2007. Il s'agit là d'un important élément de sécurité financière pour l'économie nationale contre d'éventuels " chocs " externes, notamment ceux inhérents à des turbulences sur les marchés financiers internationaux. Devant les fortes fluctuations des taux de change des principales devises sur les marchés de change internationaux, la Banque d'Algérie a poursuivi, en 2007, sa politique de flottement dirigé pour assurer la stabilisation du taux de change effectif de la monnaie nationale. Le cours moyen du dollar est passé de 70,4280 dinars au deuxième trimestre 2007 à 68,6330 dinars au troisième trimestre 2007 et 67,1643 dinars au quatrième trimestre 2007. Le cours moyen de l'euro qui s'est établi à 94,9236 dinars au second trimestre 2007 est passé à 94,2647 dinars au troisième trimestre 2007 puis à 97,2715 dinars au quatrième trimestre 2007. En effet, au cours du second semestre 2007, les cours nominaux du dinar ont continué à s'apprécier par rapport au dollar. Comme pour les semestres précédents, la Banque d'Algérie a continué au cours du second semestre 2007 à stabiliser le taux de change effectif réel à un niveau proche de l'équilibre. 2. Evolution des agrégats monétaires et de crédit L'analyse de la situation monétaire consolidée au cours de l'année 2007 montre que l'évolution de la masse monétaire continue à être tirée par celle de l'agrégat avoirs extérieurs nets, à mesure que les avoirs extérieurs nets ont dépassé, depuis fin 2005, les liquidités monétaires et quasi monétaires dans l'économie nationale. En effet, les réserves officielles de change détenues par la Banque d'Algérie garantissent largement la masse monétaire au sens de M2. En outre, elles sont la principale source de création monétaire à en juger par le processus de monétisation des ressources en devises rapatriées et cédées à la Banque d'Algérie. L'agrégat avoirs extérieurs nets dans la situation monétaire consolidée a connu une croissance particulièrement forte en 2007, soit un taux de 34,23 %. Cet agrégat est passé de 6419,44 milliards de dinars à fin juin 2007 à 7402,64 milliards de dinars à fin décembre 2007, contre un niveau de 5515,05 milliards de dinars à fin décembre 2006. Cela confirme le trend bien haussier en la matière, pendant que l'encours de cet agrégat excède de plus en plus l'encours de la masse monétaire au sens de M2. Ainsi, le ratio avoirs extérieurs nets/M2 a atteint 1,238 à fin 2007 contre 1,142 à fin 2006 et 1,027 à fin 2005. Ce qui révèle le renforcement de la qualité de la stabilité monétaire en Algérie, ancrée sur la solidité marquée de la position financière extérieure nette. Sous l'effet de l'expansion structurelle de l'agrégat avoirs extérieurs nets, le second semestre 2007 se caractérise par la poursuite de la croissance de la masse monétaire. Par rapport à cet agrégat à fin décembre 2006 (série rendue homogène selon la nouvelle définition), l'accroissement s'élève à 23,83 % pour toute l'année 2007, dont 10,59 % au titre du second semestre 2007. Avec une croissance monétaire supérieure au rythme de 2006 (18,6 %), l'année 2007 s'inscrit dans le nouveau trend de reprise du rythme d'expansion monétaire après le cycle baissier de 2001 à 2004. Cependant, le caractère haussier de la croissance de M2 a été atténué par l'ampleur des remboursements par anticipation de la dette extérieure en 2005 et 2006. Au second semestre de 2007, tout comme au premier semestre, l'évolution de la structure de la masse monétaire M2 a été marquée par la forte expansion des dépôts des banques (26,62 % en rythme annuel contre 19 % en 2006) qui a pour origine plus l'accroissement des dépôts provenant du secteur public que celui provenant du secteur privé. Ainsi, les flux de dépôts bancaires ont totalisé 905,02 milliards de dinars pour l'année 2007, dont 436,34 milliards de dinars au titre du second semestre 2007. Le flux de dépôts bancaires provenant du secteur public au cours du second semestre 2007 s'élève à 245,50 milliards de dinars, totalisant 627,38 milliards de dinars pour l'année 2007. En rythme semestriel, l'expansion a été plus forte au premier semestre 2007 (25,05 %) par rapport au second semestre de la même année (12,79 %), correspondant à un taux annuel de 41,05 %. Il est utile de noter que l'évolution de cet agrégat est expliquée, en partie, par le profil temporel des encaissements/paiements des entreprises du secteur des hydrocarbures. L'accroissement de dépôts bancaires provenant des entreprises privées et ménages a été plus élevé au second semestre 2007 (10,53 %), avec un rythme annuel de 15,14 %. Les dépôts dans les CCP et au Trésor public se sont accrus en 2007 de 12,75 % contre 21,66 % en 2006, suite à la décision relative à la tenue des comptes des caisses de sécurité sociale et de retraite sur les livres du Trésor public. En termes de structure de dépôts selon les instruments à fin 2007, les dépôts à vue auprès des banques, du Trésor public et des CCP représentent 62,34 % dans le total de dépôts contre 55,84 % à fin décembre 2006. La part des dépôts à terme s'élève à 37,66 %, à concurrence de 32,74 % de dépôts à terme en dinars et 4,92 % de dépôts en devises. Cette quotité était de 44,16 % à fin 2006, dont 37,71 % au titre des dépôts à terme en dinars et 6,45 % pour les dépôts en devises. La tendance structurelle haussière des dépôts à vue dans la structure des moyens d'actions des banques, les cinq dernières années, est corrélative à l'augmentation importante des dépôts à vue du secteur public. C'est ainsi qu'à fin 2007, les dépôts à vue du secteur public ont atteint 83,53 % du total de dépôts de ce secteur contre 76,15 % à fin 2006, alors que cette quotité n'est que de 29,34 % pour le secteur privé en 2007. Cette évolution de la structure des dépôts, selon les instruments et par agent économique, indique des changements dans les comportements d'épargne financière, mais dans un contexte de reprise de l'expansion des liquidités monétaires et quasi monétaires (M2). Le taux de liquidité, en tant que ratio M2 moyen/produit intérieur brut, est passé de 52,58 % en 2006 à 57,63% en 2007. Hors dépôts du secteur des hydrocarbures, estimés en tant que variable proxy, et par rapport au produit intérieur brut hors hydrocarbures, le ratio de liquidité est relativement stable : 83,75 % en 2006 et 84,15 % en 2007. Cependant, le ratio monnaie fiduciaire/M2 a reculé d'environ un point de pourcentage en 2007, soit 21,49 % à fin 2007 contre 22,40 % à fin 2006. De plus, le taux de croissance de la monnaie fiduciaire, avec 18,78 % en 2007 contre 17,42 % en 2006 et 5,33 % en 2005, reste inférieur à celui de la masse monétaire (M2). La forte expansion de la monnaie fiduciaire en 2006 et 2007 s'est conjuguée avec l'entrée en production des deux systèmes de paiement modernes dont l'impact sur les habitudes de paiement des ménages et de certains opérateurs est de facto graduel. L'agrégat crédits à l'économie, en tant deuxième contrepartie de la masse monétaire, s'est accru de 14,06 % en 2007 dont 8,16 % au second semestre. En rythme semestriel et en rythme annuel, les crédits à l'économie enregistrent une hausse significative en 2007 par rapport à l'année 2006 (12,16 % en variation annuelle, dont 6,51 % au second semestre). L'analyse de la structure des crédits par secteur juridique montre qu'une plus grande part de crédits continue à être allouée au secteur privé. A fin 2007, la part de crédits distribués au secteur privé (53,29 %) a légèrement augmenté par rapport au taux atteint à fin 2006 (52,95 %), sous l'effet d'un accroissement plus important des crédits au secteur privé (14,79 %) par rapport à celui des crédits au secteur public (13,24 %). En termes de maturités, l'évolution des crédits à l'économie témoigne de la poursuite du trend haussier pour les crédits à moyen et long terme, dont la part relative est passée de 49,58 % à fin décembre 2006 à 51,98 % à fin décembre 2007. Cet élan certain des crédits à moyen et long terme est en phase avec le caractère favorable des conditions de financement bancaire de l'économie nationale, d'autant plus que l'augmentation des crédits d'investissement intervient en complément au fort flux de financement en provenance de la sphère budgétaire au titre des décaissements réalisés sur le budget d'équipement. Cet agrégat est estimé à 1420 milliards de dinars en 2007, alors qu'il était passé de 806,9 milliards de dinars en 2005 à 1015 milliards de dinars en 2006. Par ailleurs, de nouveaux projets d'investissement mixtes, notamment de type " Project finance " dans les secteurs de l'eau et de l'énergie, ont émergé comme noyau d'absorption de ressources stables des banques. Les crédits hypothécaires ont également enregistré un élan appréciable en 2007. La situation monétaire consolidée indique que le Trésor public reste le créancier net du système bancaire, à mesure que l'encours des épargnes financières du Trésor public représenté par les ressources du Fonds de régulation des recettes, tenu sur les livres de la Banque d'Algérie, a atteint 3215,53 milliards de dinars à fin décembre 2007. Ce niveau est net des remboursements par anticipation effectués, au second semestre, au titre de sa dette à moyen et long terme envers la Banque d'Algérie. En termes de flux, les ressources de la fiscalité pétrolière affectées au Fonds de régulation des recettes sont évaluées à 1738,8 milliards de dinars pour l'année 2007, alors que les paiements effectués s'élèvent à 1620,9 milliards de dinars. Par ailleurs, les dépôts en compte courant ne représentent que 79,71 milliards de dinars à fin décembre 2007 contre 125,01 milliards de dinars à fin 2006. La situation consolidée des banques indique une créance nette sur le Trésor public (hors rachats de créances 20062007) pour un montant de 638,05 milliards de dinars à fin décembre 2007 contre 789,54 milliards de dinars à fin juin 2007 et 780,04 milliards de dinars à fin décembre 2006. La baisse des créances nettes des banques sur le Trésor est due à des remboursements des obligations et, surtout, à l'augmentation des avances du Trésor pour permettre aux banques le financement à long terme des investissements relevant d'une liste de projets identifiés. Afin d'asseoir durablement des conditions favorables à un financement ordonné de l'économie nationale, la Banque d'Algérie met en œuvre une politique monétaire qui contribue à une allocation non inflationniste des ressources où la régulation de l'excès de liquidité sur le marché monétaire interbancaire émerge comme " variable " instrumentale significative. Dans ce cadre, les reprises de liquidité, la facilité marginale de dépôts rémunérés et les réserves obligatoires sont les instruments actifs de la politique monétaire que la Banque d'Algérie utilise avec flexibilité. En 2007, la politique monétaire a permis d'absorber l'excès de liquidité sur le marché monétaire, aidant à maintenir l'inflation sous contrôle. Pour la réalisation de l'objectif stratégique de croissance forte et non inflationniste, et compte tenu de la forte disponibilité de fonds prêtables et des besoins d'investissements productifs, il est attendu que les crédits sains à l'économie augmentent davantage et financent davantage d'entreprises. Ces possibilités de financement bancaire doivent être conduites par les banques en cohérence avec la nécessaire amélioration de l'évaluation, gestion et maîtrise des risques de crédits. Il ne s'agit plus seulement d'atteindre l'efficacité fonctionnelle au niveau des banques en la matière, mais de contribuer d'une manière ordonnée à l'ajustement macroéconomique de l'investissement intérieur à l'épargne nationale. 3. Marché monétaire et liquidité bancaire Au second semestre 2007, l'activité du marché monétaire interbancaire a connu une certaine reprise par rapport au premier semestre. L'encours des montants transigés sur ce marché a totalisé 16,3 milliards de dinars à fin décembre 2007, après un passage de 7,3 milliards de dinars à fin décembre 2006 à 10,9 milliards de dinars à fin juin 2007. Pour mémoire, l'encours avait atteint 42,4 milliards de dinars à fin juin 2006. Les opérations dénouées au cours du second semestre 2007 concernent principalement le compartiment du marché à terme ; les opérations au jour le jour ayant cessé d'être réalisées dès le mois d'août. Les emprunts à terme réalisés sur le marché monétaire interbancaire ont été au profit d'établissements financiers spécialisés dans le leasing et le crédit à la consommation. Le taux moyen pondéré des opérations interbancaires du second semestre 2007 a enregistré une hausse de 84 points de base, passant d'un taux moyen de 3,28199 % à fin juin 2007 à 3,36628 % à fin décembre 2007, en contexte de rallongement de maturités négociées sur le marché. Ce taux était de 2,34827 % à fin décembre 2006. Les avoirs en comptes courants de l'ensemble des banques à la Banque d'Algérie sont passés de 242,43 milliards de dinars à fin juin 2007 à 418,07 milliards de dinars à fin décembre 2007 contre 240,23 milliards de dinars à fin décembre 2006. En ce qui concerne les réserves libres, elles sont passées de 1,28 milliard de dinars à fin juin 2007 à 145,94 milliards de dinars à fin décembre 2007. Le niveau élevé des réserves libres atteint à fin 2007 par rapport à leur niveau à fin 2006 (31,24 milliards de dinars) peut s'expliquer par une certaine prudence des banques quant au profil des décaissements en fin de période de certaines entreprises, notamment, du secteur des hydrocarbures. La Banque d'Algérie a fortement augmenté les reprises de liquidité à mi juin 2007, les portant à 1100 milliards de dinars après une stabilisation au premier semestre à un montant de 450 milliards de dinars. Par cette décision, la Banque d'Algérie a renforcé le rôle de ses interventions sur le marché monétaire, tout en laissant aux banques l'initiative pour gérer une partie de leurs excédents de trésorerie au moyen de la facilité de dépôts rémunérés à 24 heures. Les excédents de trésorerie des banques placés dans cette facilité se sont élevés à 483,11 milliards de dinars à fin décembre 2007 contre un montant de 815,15 milliards de dinars à fin mai 2007. Sous l'angle des taux d'intérêts appliqués par la Banque d'Algérie, les taux relatifs aux reprises de liquidités par appel d'offres et à la facilité marginale ont été ajustés à la hausse à mi juin 2007, pendant que le taux moyen pondéré des reprises est passé de 1,8631 % à fin décembre 2006 à 1,9189 % à fin décembre 2007. Aussi, le marché monétaire a connu une meilleure dynamique d'activité au second semestre 2007, en contexte de relative stabilisation des rythmes d'expansion monétaire en terme semestriel. Au total, il importe de souligner que la conduite de la politique monétaire par la Banque d'Algérie au moyen d'instruments indirects a permis de résorber l'excès de liquidité et de maintenir l'inflation sous contrôle. 4. Evolution de l'inflation en 2007 Après deux années de faible croissance du niveau général des prix à la consommation et du recul du taux d'inflation, l'année 2007 se caractérise par une tendance nettement haussière des prix, dans un contexte de résurgence de l'inflation dans le monde. En effet, deux phénomènes se sont conjugués pour pousser les prix à la hausse. D'une part, les prix des produits alimentaires et, notamment, ceux des produits agricoles ont fortement progressé, et d'autre part, les prix des biens à fort contenu d'import ont subi le choc des fortes hausses des cours mondiaux. La reprise de l'inflation dans le monde est confirmée par l'évolution des indices des prix de détail des principaux pays développés et des pays émergents. En décembre 2007, l'indice des prix de détail des Etats-Unis d'Amérique a enregistré une hausse de 4,1 % en glissement annuel. A la même date, l'indice des prix harmonisé à la consommation de la zone euro indiquait une hausse de 3,1% en glissement annuel, soit un point de pourcentage de plus en un an. La hausse des prix des biens importés exerce un effet direct sur l'évolution des prix domestiques à la consommation, que ces biens soient revendus en l'état ou transformés. En particulier, trois catégories de biens (céréales, produits laitiers et sucre), de pondération totale dans l'indice des prix à la consommation proche de 20 %, ont subi le choc de l'envolée des cours mondiaux des produits agricoles en 2006 et 2007. L'incidence sur les prix domestiques de la hausse des cours mondiaux peut être estimée à 1,6 % ou à 3,1 %, selon que les prix de ces biens sont réglementés ou entièrement libres. Les prix de détail du Grand Alger, mesurés par l'indice des prix à la consommation, ont augmenté de 3,5 % en moyenne annuel en 2007, en progression de 1 point de pourcentage par rapport à l'année précédente (2,5 %). En effet, l'indice du grand Alger, base 100 en 1989, s'est établi à 672,57 points en décembre 2007 contre 647,54 points en décembre 2006. L'inflation mesurée par l'indice national a également évolué dans le même sens, traduisant une forte accélération de la hausse des prix de détail en 2007 (3,9 % en moyenne annuelle). Il importe de souligner que l'inflation en 2007 est la plus élevée depuis le précédent maximum atteint en 2004, soit une hausse de 4,6 % de l'indice national et 3,5 % de celui de la capitale. Le retour de l'inflation forte est illustré par la croissance de la tendance de la moyenne annuelle mobile qui a progressé régulièrement de juin 2006 à septembre 2007 passant de 0,6 % à 3,7 %. Cependant, au dernier trimestre, la hausse annuelle moyenne décroît légèrement pour atteindre 3,5% en décembre 2007. Les glissements annuels de l'indice national et de l'indice du Grand Alger corroborent cette évolution. Ils sont tous positifs depuis 33 mois (avril 2005) et sont supérieurs à 3,5 % depuis juin 2007. Ils ont atteint leur plus forte hausse mensuelle, respectivement en septembre et juin 2007, à hauteur de 5,8 % et 5,5 %. Sous l'angle de l'inflation endogène, comme en 2006, la forte inflation des prix des produits alimentaires est imputable aux produits agricoles frais, de pondération 28,9 % dans l'indice, dont les prix ont augmenté de 7,2 % en 2007, taux en hausse de 1,2 point de pourcentage par rapport à l'année précédente. Ces hausses s'expliquent, d'une part, par la faiblesse de l'offre, et d'autre part, par la spéculation sur un marché peu organisé et faiblement régulé. L'inflation "sous-jacente" ou fondamentale, mesurée par l'indice hors produits agricoles frais, est en hausse de 0,8 point de pourcentage à hauteur de 2,3 % contre 1,5 % en 2006. Malgré cette accélération, le rythme annuel de l'inflation fondamentale correspond au rythme moyen de la période 2000 à 2007 estimé à 2,23 %. Comme pour les années précédentes, l'évolution de cet indicateur corrobore le fait que la volatilité des prix des produits agricoles frais, conjuguée en 2007 à la hausse des prix des produits agricoles importés, constitue la principale cause de l'inflation. Enfin, le différentiel d'inflation calculé sur les moyennes annuelles mobiles entre l'Algérie et la zone euro, son premier client et fournisseur, s'est dégradé en 2007. Défavorable depuis novembre 2006, l'écart des taux d'inflation annuels moyens s'est creusé passant de 0,1 point à cette date à 1,4 point en décembre 2007, traduisant la nette hausse des prix relatifs en Algérie. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU PREMIER SEMESTRE DE 2008 1. L'environnement économique international s'est caractérisé, au cours du premier semestre 2008, par la propagation des effets de la crise financière dont l'origine est la crise des subprime. A la persistance de graves turbulences sur les marchés financiers internationaux, causant des perturbations financières mondiales et d'importantes pertes pour les banques internationales, s'est ajoutée un second important défi, représenté par la résurgence des tensions inflationnistes à l'échelle mondiale. L'ampleur et la persistance de difficultés de financement de banques de premier rang au niveau international ont amené les banques centrales à prendre des mesures exceptionnelles, d'une manière concertée à partir de décembre 2007, afin de pourvoir à la liquidité des marchés financiers et contribuer ainsi à ce que la crise de liquidité n'empire. Cela a fait émerger, aussi, la nécessité de renforcer la surveillance prudentielle de la gestion de la liquidité. Les pertes et les dépréciations d'actifs subies, essentiellement par les banques américaines et européennes, et annoncées au cours des premier et second trimestres de 2008, témoignent de l'ampleur de la crise des subprime. Les évaluations des institutions financières internationales indiquent clairement que les doutes persistent sur la solvabilité des institutions financières qui, en plus des pertes liées aux subprime, vont faire face à des pertes additionnelles liées à leurs prêts traditionnels. De plus, cette crise a fortement touché les deux institutions fédérales d'assurance et de refinancement hypothécaire, mettant en avant de nouveau la perception des risque systémiques. L'ampleur de la crise financière est telle que la santé de banques de premier rang, en Europe et aux Etats-Unis, reste un motif de préoccupation majeure en 2008. Malgré l'importance accrue des pertes et les dépréciations d'actifs annoncées au premier semestre 2008, les banques internationales subiront encore d'importantes dépréciations additionnelles de leurs actifs. En particulier, les banques rencontrent déjà beaucoup de difficultés pour reconstituer leurs fonds propres, pendant que la croissance des crédits aux entreprises est fortement ralentie. Il est utile de noter que les bourses ont, globalement, sanctionné les résultats de l'ensemble du secteur bancaire, d'autant plus que certains cours d'actions ont chuté d'une manière drastique. Cependant, certains analystes estiment que certaines banques ont montré une résilience meilleure que prévue. La volatilité accrue sur les marchés financiers, monétaires et des changes, est une tendance lourde en la matière. Durant les six premiers mois de l'année en cours, les conditions des marchés financiers internationaux se sont détériorées davantage, à en juger par l'élargissement des marges sur les obligations des entreprises et l'augmentation des marges pour le dollar sur les marchés monétaires, notamment en Europe. C'est dans ce contexte de crise financière et de risques accrus de ralentissement de la croissance de l'économie mondiale que la résurgence de l'inflation mondiale est nettement à la hausse, sous l'effet du niveau élevé des prix des produits alimentaires et de l'énergie. En particulier, les prix des produits de base ont atteint, au premier semestre 2008, des niveaux historiquement élevés. Ainsi, le taux d'inflation aux Etats-Unis a presque doublé, en glissement, de juin 2007 à juin 2008, soit 5 %. Dans la zone euro, le taux d'inflation a atteint 4 % à fin juin 2008, représentant le double de son niveau à fin juin 2007. Les économies émergentes et les économies en développement sont particulièrement affectées par le regain de l'inflation. Un grand nombre de ces pays ont même atteint un taux d'inflation à deux chiffres à fin juin 2008 ; l'inflation constituant donc une préoccupation grandissante. De plus, la très forte contraction des financements extérieurs et le durcissement de leurs conditions, inhérentes à la crise financière et à la propagation de ses effets, constituent un choc externe de grande ampleur pour une grande partie des pays en développement. Vu les caractéristiques particulières du contexte financier international du premier semestre 2008, l'analyse de l'évolution de la balance des paiements et des prix relatifs permet de cerner les canaux de transmission de l'impact de la crise financière internationale sur l'économie algérienne. 2. Le premier semestre de l'année 2008 a enregistré des performances très remarquables avec un excèdent du compte courant de la balance des paiements estimé à 22,21 milliards de dollars. Sur une base trimestrielle, les performances en la matière sont proches, se situant à 10,84 milliards de dollars et 11,37 milliards de dollars, et corrélées aux exportations des hydrocarbures. Une telle performance en matière de balance des paiements est venue confirmer une tendance qui est apparue en 2007, à savoir que l'excédent global de la balance des paiements était proche du surplus courant extérieur (30,60 milliards de dollars). Les exportations des hydrocarbures du premier semestre 2008 sont évaluées à 41,71 milliards de dollars contre 26,94 milliards de dollars au premier semestre 2007 et 59,61 milliards de dollars pour toute l'année en 2007. L'effet prix explique une telle performance, à mesure que le prix moyen du pétrole est de 111,5 dollars/baril au premier semestre 2008, après un passage de 74,95 dollars pour 2007 à 99,09 dollars au premier trimestre 2008 et à 124 dollars pour le second trimestre 2008. Les exportations d'hydrocarbures en volume du premier semestre 2008, quant à eux, ont été légèrement en deçà de leur niveau du premier semestre de l'année 2007. En effet, les cours du baril de pétrole ont ainsi dépassé leurs précédents records sur les marchés pétroliers, en situation de forte volatilité, avec une progression d'environ 26 % au second trimestre 2008 par rapport au premier trimestre de l'année encours et de 74 % relativement au même trimestre de l'année 2007. Par ailleurs, les exportations hors hydrocarbures ont augmenté pour atteindre 0,83 milliard de dollars au premier semestre 2008, alors que leur niveau était de seulement 0,48 milliard de dollars au premier semestre de l'année passée. Cependant, leur contribution à la viabilité de la balance des paiements courants est très faible, car cette viabilité reste ancrée sur les exportations d'hydrocarbures en contexte de progression accrue des paiements au titre des importations des biens et services. Le trend haussier des importations de biens qui a caractérisé la période 2003 à 2007, particulièrement en 2007 qui a enregistré un taux de croissance de 27,4 %, est bien confirmé au premier semestre 2008. Ainsi, leur niveau est vite monté à 16,87 milliards de dollars, en contexte de résurgence de l'inflation mondiale, contre 12,43 milliards de dollars au premier semestre 2007, soit un accroissement de 35 %. Le niveau des importations de biens du premier semestre 2008 est proche des importations de l'année 2004 (17,95 milliards de dollars). Pour le premier semestre 2008 et par rapport à la même période de l'année passée, l'augmentation des importations est importante aussi bien pour les produits alimentaires (64,41 %) que pour les biens d'équipement industriels et agricoles (53,38 %) et les demi-produits (19,57 %). La forte augmentation de l'importation des produits alimentaires, quant à elle, est due en grande partie à l'envolée des prix de ces produits sur les marchés internationaux. Aussi, il est utile de souligner que les prix des produits de base et des matières premières ont atteint au cours de ce semestre des niveaux historiquement élevés, en termes réels, des vingt dernières années, alimentant l'inflation importée. Tout comme en 2007, le premier semestre 2008 se caractérise aussi par une très forte augmentation des importations des services non facteurs. Ces importations ont atteint 5,56 milliards de dollars au premier semestre 2008 contre 6,93 milliards de dollars pour l'année 2007 (dont 3,3 milliards de dollars au premier semestre). Leur niveau était de seulement 4,78 milliards de dollars en 2006. Pour le premier semestre de l'année 2008, les services de transport maritimes et aériens, les services de bâtiment et travaux publics et les services techniques représentent 75,5 % des importations en la matière, alors que ce taux était de 77 % en 2007. Cela est lié, notamment, à l'exécution du budget d'équipement de l'Etat. Avec un équilibre de la balance des revenus et transferts courants au premier semestre 2008, l'excédent courant extérieur (22,21 milliards de dollars) équivaut presque à l'excédent de la balance des biens et services (21,95 milliards de dollars). Le compte capital et opérations financières, quant à lui, est désormais marqué par une tendance à l'équilibre depuis 2007, suite aux désendettement extérieur des années 2004 à 2006. C'est dans un tel contexte que la rubrique investissements directs étrangers (nets) est estimée à environ un milliard de dollars au premier semestre 2008. Il importe de souligner que les acquis résultants de la stratégie de désendettement permettent à l'Algérie d'être à l'abri de vulnérabilité ou de choc externe inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs et de durcissement de leurs conditions qui prévaut. Au total, l'important solde global de la balance des paiements enregistré au premier semestre 2008, soit environ 20 milliards de dollars contre seulement 12,57 milliards de dollars au premier semestre 2007, conforte fortement la position financière extérieure et alimente, en conséquence, les réserves officielles de change. L'encours des réserves officielles de change a atteint, ainsi, 133,235 milliards de dollars à fin juin 2008. Il était passé de 77,781 milliards de dollars à fin 2006 à 90,960 milliards de dollars à fin juin 2007 et à 110,180 milliards de dollars à fin 2007. Il est utile de souligner que l'accroissement soutenu du niveau des réserves officielles de change s'est conjugué avec une diversification des devises de placement, depuis 2004, pour mieux gérer le risque de change entre les principales devises. La conduite de cette diversification corrélativement à la poursuite d'une gestion prudente des réserves, en termes de niveau de risques inhérents aux instruments de placement, a permis à la Banque d'Algérie de faire face, dans une grande mesure, aux turbulences sur les marchés financiers internationaux, d'autant plus que la réduction de la dette publique extérieure a été d'une grande ampleur en 2006. De plus, la Banque d'Algérie a augmenté davantage les placements dans les actifs non risqués. Vu la gravité des turbulences sur les marchés financiers internationaux et leurs effets négatifs sur les économies émergentes et les économies en développement, le niveau important des réserves officielles de change et la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar constituent, aujourd'hui, pour l'Algérie une double garantie face à ce type de chocs externes. Cependant, le chalenge reste de préserver la viabilité à moyen et long terme de la balance des paiements au moyen d'une compétitivité externe hors hydrocarbures. En particulier, la politique de taux de change doit être accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification économique. Les études effectuées par la Banque d'Algérie et les revues périodiques montrent que le taux de change effectif réel du dinar est proche, depuis 2003, de son niveau d'équilibre de long terme. Ce qui est en phase avec l'évaluation du Fonds Monétaire International. Il importe de souligner, qu'aujourd'hui, la politique de taux de change est bien en phase avec la stabilité externe, elle même ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie. La politique de taux de change conduite par la Banque d'Algérie, de manière flexible, sert donc l'économie nationale. La Banque d'Algérie a poursuivi au premier semestre 2008 la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar, dans un contexte international caractérisé par la volatilité sur les marchés financiers, monétaires et des changes et par la résurgence de l'inflation au niveau mondial, notamment, les pays partenaires de l'Algérie. Ce qui a nécessité un suivi plus particulier de l'évolution à court terme des prix relatifs, pendant que le dollar américain s'est déprécié par rapport à l'euro au cours du premier semestre 2008, à l'exception du mois de mai, selon les cours mensuels moyens. L'appréciation du dinar, quant à lui, par rapport au dollar américain, notamment au second trimestre 2008, conjuguée à un effet de balancier en matière d'évolution du cours dinar/euro, dépréciation au premier trimestre suivi d'une appréciation au second trimestre 2008, ont conduit à une consolidation à court terme du taux de change effectif réel du dinar. Sous l'angle opérationnel, la Banque d'Algérie intervient sur le marché interbancaire des changes pour veiller à ce que le mouvement du taux de change nominal n'affecte pas l'équilibre de long terme du taux de change effectif réel du dinar. Cela offre en réalité une visibilité à long terme en matière de décisions stratégiques d'investissement et permet également aux opérateurs économiques d'asseoir durablement leur compétitivité externe. 3. Par ailleurs, l'amélioration de la position financière extérieure de l'Algérie à partir de 2000 a permis de ramener les indicateurs de la dette extérieure à des niveaux soutenables, particulièrement depuis 2004 avec la mise en œuvre des remboursements de la dette extérieure par anticipation. La poursuite des remboursements par anticipation au cours des années 2005 et 2006 a permis une forte réduction de la dette publique extérieure, témoignant du succès de la politique de désendettement extérieur de l'Algérie. L'encours de la dette extérieure à moyen et long terme se situe, à fin juin 2008, légèrement au dessus de 4 milliards de dollars contre 4,889 milliards de dollars à fin 2007, soit seulement 3,6 % du produit intérieur brut, après un passage de 16,485 milliards de dollars à fin 2005 à 5,062 milliards de dollars à fin 2006. Au total, la mise en œuvre soutenue de la décision stratégique de réduction de la dette extérieure de l'Algérie, a permis un emploi économiquement efficient du surcroît de ressources, d'autant plus que les graves turbulences sur les marchés financiers internationaux depuis mi 2007 ont conduit à un durcissement des conditions de crédit des banques internationales. De plus, la forte appréciation de l'euro par rapport au dollar aurait eu un important effet de valorisation de la dette extérieure avec un effet négatif sur le budget de l'Etat, si les remboursements par anticipation n'avaient pas été conduits avant l'avènement de la crise financière internationale. 4. L'analyse de la situation monétaire consolidée au cours du premier semestre 2008, tout comme pour l'année 2007, montre que l'évolution de la masse monétaire continue à être tirée par celle de l'agrégat avoirs extérieurs nets, d'autant plus que les avoirs extérieurs nets dépassent, depuis fin 2005, les liquidités monétaires et quasi monétaires dans l'économie nationale. En effet, l'analyse du processus de création monétaire et des flux de fonds fait émerger le fait que les réserves officielles de change détenues par la Banque d'Algérie restent la première source d'expansion monétaire. L'agrégat avoirs extérieurs nets de la situation monétaire consolidée à fin juin 2008 est en progression de 11,8 %, contre un taux de croissance de 34,46 % pour l'année 2007. Cet agrégat s'est établi en équivalent dinars à 8290,38 milliards à fin juin 2008, après avoir passé de 5515,05 milliards de dinars à fin décembre 2006 à 6419,44 milliards de dinars à fin juin 2007 et à 7415,56 milliards de dinars à fin décembre 2007. Sous l'effet de l'expansion structurelle des avoirs extérieurs nets, la masse monétaire s'est accrue de 10,13 % au premier semestre 2008 contre 11,97 % au premier semestre 2007, 10,89 % au titre du second semestre 2007, et 24,17 % pour toute l'année 2007. Ainsi, l'expansion monétaire reste élevée au premier semestre 2008, confirmant le nouveau trend de reprise du rythme d'expansion monétaire depuis 2005 ; un cycle baissier ayant été enregistré de 2001 à 2004. Par contre, l'accroissement de la circulation fiduciaire au premier semestre 2008 (7,75 %) est inférieur au rythme de M2 ; le ratio monnaie fiduciaire/ masse monétaire reculant à 20,96 % à fin juin 2008 contre 21,34 % à fin juin 2007 et 21,43 % à fin 2007. Corrélativement, l'évolution de la structure de la masse monétaire M2 révèle une stabilisation de la part relative des dépôts à vue hors secteur de l'énergie (28,15 %) et une augmentation des dépôts de ce dernier secteur relativement à M2, soit 22,58 % à fin juin 2008 contre 21,05 % à fin décembre 2007 et 18,66 % à fin juin 2007. En outre, le ratio dépôts à terme /M2 connaît un trend baissier, s'établissant à 28,31 % à fin juin 2008. Cela renseigne, en particulier, sur les comportements des principaux agents économiques, surtout dans cette période de reprise de l'expansion des liquidités monétaires et quasi monétaires. La forte augmentation des dépôts à vue de Sonatrach (18,86 % au premier semestre 2008), dans cette conjoncture favorable, contribue largement au fait que l'accumulation des dépôts a pour origine plus l'accroissement des dépôts provenant du secteur public que celui provenant du secteur privé. En terme de structure de dépôts selon les instruments à fin juin 2008, les dépôts à vue auprès des banques, du Trésor public et des CCP sont montés à 64,18 %, dans le total de dépôts, contre 62,54 % à fin 2007 et 55,84 % à fin 2006, confirmant le trend haussier relativement à l'année 2003. Au cours des cinq dernières années, cette tendance haussière est corrélative à l'augmentation importante des dépôts à vue du secteur public et du secteur de l'énergie, en particulier. Par contre, l'évolution de la structure des dépôts montre clairement le net recul de la part des dépôts à terme en dinars à 31,10 %, du total des dépôts à fin juin 2008, contre 32,58 % à fin 2007 et 37,71 % à fin 2006. L'agrégat crédits à l'économie (avant rachat de créances non performantes), en tant que deuxième contrepartie de la masse monétaire, s'est accru de 5,15 % au premier semestre 2008 contre 5,45 % au premier semestre de l'année passée. Pour toute l'année 2007, l'augmentation des crédits à l'économie a été de 15,22 % contre 12,16 % en 2006, parallèlement à la reprise des rythmes d'expansion de l'agrégat monétaire M2. Il importe de souligner que cette tendance à l'augmentation de l'agrégat crédits à l'économie fait émerger désormais l'importance du "canal" crédit dans la transmission des effets des récents développements monétaires. L'analyse de la structure des crédits par secteur juridique montre qu'une plus grande part de crédits continue à être allouée au secteur privé. A fin juin 2008 et en encours, la part de crédits distribués au secteur privé (52,95 %) est resté stable depuis fin 2006 (52,95 %), se conjuguant avec une diminution de la part relative des crédits non performants. De plus, l'évolution des crédits à l'économie, sous l'angle des termes de maturités, témoigne de la poursuite du relatif trend haussier pour les crédits à moyen et long terme. En effet, la part relative des crédits à moyen et long terme est passée de 49,58 % à fin décembre 2006 à 51,26 % à fin décembre 2007, pour se situer à 50,90 % à fin juin 2008 contre 51,12 % à fin juin 2007. Il est également utile de noter que les crédits hypothécaires ont également enregistré un élan appréciable en 2007. La progression des crédits à moyen et long terme est en phase avec le caractère favorable des conditions de financement bancaire de l'économie nationale, dans un contexte où l'augmentation des crédits d'investissement intervient en complément au fort flux de financement en provenance de la sphère budgétaire au titre des décaissements réalisés sur le budget d'équipement de l'Etat. Pour le premier semestre 2008, les dépenses d'équipement sont estimées à 929,4 milliards de dinars, soit un accroissement de 58,9 % par rapport au premier semestre de l'année 2007. Compte tenu de la disponibilité de fonds prêtables accrus et des besoins d'investissements productifs, il est attendu que les crédits sains à l'économie augmentent en 2008 et que les banques financent davantage les investissements, d'autant plus que le stock d'épargnes financières est bien accru sur les huit dernières années. Des montages financiers, notamment de type "project finance" pour des projets d'investissement mixtes, contribueront à élargir le noyau d'absorption de "ressources stables" des banques au cours de l'année 2008. Il est également attendu que les banques poursuivent d'une manière plus résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, la gestion et la maîtrise des risques de crédits, vu l'acuité de la question au niveau international. C'est donc un ancrage nécessaire pour une contribution effective des banques à l'amélioration de l'allocation des ressources financières dans l'économie nationale. Pour ce faire, un renforcement des fonds propres des banques est requis. Dans la situation monétaire consolidée, l'agrégat créances sur l'Etat, contrepartie de la masse monétaire, est baissier au premier semestre 2008, sous l'effet du désendettement progressif du Trésor et de l'accumulation d'épargnes financières par ce dernier. Avec les ressources accrues du Fonds de régulation des recettes, le Trésor public est le créancier net de l'ensemble du système bancaire et ce, depuis fin 2004. Cette créance nette est de 2889,4 milliards de dinars à fin juin 2008 contre 2193,2 milliards de dinars à fin 2007 et 1304,1 milliards de dinars à fin 2006. Cela contribue à la liquidité du système bancaire dans son ensemble. Face à la liquidité grandissante du système bancaire, le marché monétaire interbancaire a connu une relative reprise de l'activité au cours de l'année 2007 et au premier semestre 2008, par rapport à 2006. A fin juin 2008, le montant négocié sur ce marché est de 32,13 milliards de dinars contre 16,30 milliards de dinars à fin 2007. Les taux moyens pondérés sont restés stables, au tour de 3,3 % à 3,4 %. Le trend haussier du niveau de la liquidité bancaire matérialise bien le caractère structurel de l'excès de liquidité sur le marché monétaire. L'encours de la liquidité bancaire est donc monté à 2597,8 milliards de dinars à fin juin 2008, après un passage de 1146,9 milliards de dinars à fin décembre 2006 à 2001,18 milliards de dinars à fin 2007, d'où une progression de 29,81 % au premier semestre 2008. Pour endiguer l'excès de liquidité structurel et limiter ses effets inflationnistes en 2007, la Banque d'Algérie a intensifié ses interventions sur le marché monétaire au moyen des reprises de liquidité à maturités de 7 jours et 3 mois. Cet instrument de marché a vu son rôle s'accroître significativement par rapport à la facilité de dépôts rémunérés (facilité permanente) et la réserve obligatoire, à partir de juin 2007, dans la conduite de la politique monétaire. Capitalisant sur les efforts soutenus en matière de projection des facteurs autonomes et de prévision de liquidité bancaire, la Banque d'Algérie a utilisé davantage l'instrument reprises de liquidités au cours de l'année 2007, aussi bien les reprises à sept jours que les reprises à terme (trois mois), laissant l'utilisation flexible de la facilité de dépôts rémunérés à l'initiative des banques. Sous l'angle de la conduite au jour le jour de la politique monétaire, la Banque d'Algérie a fortement augmenté (1100 milliards de dinars contre 450 milliards de dinars) les reprises de liquidités, en juin 2007, afin d'absorber davantage de liquidités. Le premier semestre 2008 se caractérise par une stabilisation du montant global des reprises de liquidités, pendant que les banques ont utilisé plus activement la facilité de dépôts rémunérés dont le montant est passé de 483,11 milliards de dinars à fin 2007 à 1031,75 milliards de dinars à fin juin 2008. Quant aux réserves obligatoires, leur taux a été ajusté à la hausse à partir de mi janvier 2008, soit 8 % contre 6,5 %. Leur encours à fin juin 2008 est de 384,8 milliards de dinars, alors que leur niveau était de 272,1 milliards de dinars à fin 2007. Le rôle de la politique monétaire dans la régulation du marché monétaire, ancré sur les prévisions de liquidité de la Banque d'Algérie, doit être accompagné par un progrès de la part des banques quant à la gestion du risque de liquidité et ce, en contexte d'excès de liquidité. La question de la gestion du risque de liquidité se pose, aujourd'hui, avec acuité à l'échelle mondiale, mais avec une situation de crise de liquidité qui est au centre des graves turbulences sur les marchés financiers internationaux. Il est utile de rappeler que les objectifs quantitatifs de croissance des agrégats monétaires et de crédit relèvent des attributions du Conseil de la Monnaie et du Crédit, c'est-à-dire l'autorité monétaire. Le Conseil de la Monnaie et du Crédit a arrêté, en début d'année 2008, les objectifs de taux d'expansion de la masse monétaire à 27 % et de taux de croissance des crédits à l'économie à 15,3 %. Le Conseil a souligné, pour l'année 2008, l'orientation prospective de la politique monétaire face au renforcement de l'expansion de M2 et au risque à la hausse pour l'inflation. Pour s'assurer de la réalisation des objectifs de la politique monétaire en 2008, le Conseil de la monnaie et du crédit a également examiné en début d'année les instruments de conduite de la politique monétaire ainsi que leur pertinence dans le contexte d'excès de liquidité structurel. Ainsi, la Banque d'Algérie a été dotée d'une instrumentation monétaire lui permettant de continuer à faire face à ce phénomène structurel, indice de l'existence de risques à la hausse pour la stabilité des prix. Si la conduite ordonnée de la politique monétaire au cours de l'année 2007 a permis de mener à bien la stratégie de l'objectif d'inflation, avec un taux d'inflation de 3,5 %, en moyenne annuelle, la montée de l'inflation en 2008 risque de constituer un " choc " pour la stabilité des prix à moyen terme, vu la résurgence de l'inflation au niveau mondial. De plus, la reprise significative de l'expansion monétaire contribue de facto aux tensions inflationnistes. En glissement annuel, la hausse des prix ralentit à 2,5 % en juin 2008 après avoir atteint 6,3 % en mai et 6,4 % en avril et ce, selon les données publiées par l'Office National des Statistiques. Cette baisse, apparemment élevée de juin 2008, s'explique par le fait que l'indice du mois de juin de l'année 2007 était en forte hausse. Malgré ce ralentissement en juin 2008 du rythme de l'inflation en glissement annuel, l'inflation annuelle moyenne a atteint 4,8 % au mois de juin 2008 et la série des taux d'inflation annuelle moyenne croît sans interruption depuis plus de deux ans (juin 2006). En effet, la tendance lourde en la matière est haussière en 2008, même si la stabilisation du taux de change effectif réel contribue à atténuer l'effet négatif de l'inflation importée. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU SECOND SEMESTRE DE 2008 1. Environnement international : intensification de la crise financière internationale et récession L'environnement économique international s'est caractérisé, au cours de l'année 2008, par la propagation des effets de la crise financière dont l'origine est la crise des subprime. A la persistance de graves turbulences sur les marchés financiers internationaux, causant des perturbations financières mondiales et d'importantes pertes pour les banques internationales, s'est ajoutée un second important défi au premier semestre 2008, représenté par la résurgence des tensions inflationnistes à l'échelle mondiale. De plus, au quatrième trimestre 2008, les économies industrielles sont entrées en récession. La crise financière internationale s'est d'abord manifestée comme une crise de liquidité dès août 2007, quand des perturbations sévères sont apparues sur les marchés monétaires dans les pays développés. La persistance de ces tensions a débouché sur un resserrement du crédit. De plus, l'illiquidité des marchés a provoqué un renchérissement des coûts de financement, dans un contexte d'aversion pour les actifs à risque. Cette crise est apparue aussi comme une crise de la titrisation qui s'est manifestée par l'apparition et la montée des créances non performantes, notamment les défauts sur les crédits subprime. Ainsi, la succession de dépréciations d'actifs et des pertes subies érodait la solvabilité des institutions financières dites de premier rang dont les grandes banques d'investissement ayant abrité une concentration de risques de crédit titrisés. La grave crise financière en cours a révélé d'importantes faiblesses aussi bien au niveau de la gestion des risques pris par les banques internationales qu'au niveau de la supervision des systèmes bancaire et financier. La faillite de Lehman Brothers est un exemple démonstratif en la matière. L'ampleur de la crise est telle que, outre les importantes injections de liquidité des banques centrales qui ont aussi ajusté leurs cadres opérationnels, les interventions publiques (Trésor) soutiennent, désormais, le financement et les fonds propres des banques. Dans le cadre de plans de sauvetage de leur système financier, les Gouvernements de plusieurs pays développés garantissent le refinancement des banques, afin qu'elles puissent elles-mêmes financer correctement l'économie, tout en les soutenant par la recapitalisation. Les États interviennent donc pour soutenir la solvabilité et la solidité des banques dont certaines passeront par un processus de restructuration, à ce stade d'intensification de la crise financière où les problèmes de liquidité restent cruciaux. Les inquiétudes face aux chocs de liquidités et aux risques de contrepartie persistent, en contexte d'incertitude quant aux montants nécessaires pour financer les actifs futurs des banques. Si les soutiens financiers apportés par les Etats à certaines grandes banques activant au niveau international ont réduit les risques financiers systémiques, les défauts sur les crédits bancaires restent encore élevés et les spreads de crédit, même pour des entreprises bien cotées, se sont élargis plus entre août et décembre 2008 par rapport aux douze mois auparavant. D'où une détérioration accrue des conditions de financement pour les entreprises, alors que la baisse des taux d'inflation augmente les taux d'intérêts réels et, par la, contribue à durcir les conditions de financement pour plusieurs emprunteurs. La dégradation des conditions de crédit qui s'étend à un plus large éventail de marchés a amené le Fonds Monétaire International à revoir à la hausse, en janvier 2009, les estimations de risques de dépréciations des actifs de crédit, issus des Etats-Unis, détenus par les banques, soit 2200 milliards de dollars contre 1400 milliards de dollars selon l'estimation d'octobre 2008. En conséquence, un des principaux risques est qu'une détérioration additionnelle de la qualité des actifs des institutions financières pourrait affecter négativement en 2009 les principaux marchés de fonds. Avec l'intensification de la crise financière, la plupart des données publiées au cours du quatrième trimestre 2008 ont montré que l'économie mondiale connaît un net ralentissement de sa croissance (3,4 % contre 5,2 % en 2007), après quatre années d'expansion. Le ralentissement de l'activité économique est prononcé aux Etats-Unis où les pertes d'emplois ont porté le taux de chômage jusqu'à 7,2 % en décembre 2008, soit un taux proche du "pic" de 7,8 % atteint au début des années 1990. Le ralentissement de l'activité économique est également prononcé en Europe avec une augmentation significative du taux de chômage, pendant que la croissance de l'économie chinoise fléchit. En particulier, la chute des indicateurs de commandes de biens d'équipement et de ventes de détail est révélatrice d'une détérioration additionnelle des conditions de la croissance au niveau mondial, à mesure que les économies des pays industrialisés sont entrées en récession au quatrième trimestre 2008. C'est dans un tel contexte de crise financière grave accompagnée d'un ralentissement de la croissance de l'économie mondiale que l'année 2008, principalement le premier semestre, s'est caractérisée par la résurgence de l'inflation mondiale, sous l'effet du niveau élevé des prix des produits alimentaires et de l'énergie. En effet, les prix des produits de base ont atteint, au premier semestre 2008, des niveaux historiquement élevés. Ainsi, le taux d'inflation aux Etats-Unis a presque doublé, en glissement, de juin 2007 à juin 2008, soit 5 %. Dans la zone euro, le taux d'inflation a atteint 4 % à fin juin 2008, représentant le double de son niveau à fin juin 2007. Les économies émergentes et les économies en développement ont été particulièrement affectées par le regain de l'inflation. Un grand nombre de ces pays ont même atteint un taux d'inflation à deux chiffres en 2008. De plus, la très forte contraction des financements extérieurs et le durcissement de leurs conditions, inhérentes à la crise financière et à la propagation de ses effets, constituent un choc externe de grande ampleur pour une grande partie des pays émergents et des pays en développement. Vu les caractéristiques particulières du contexte financier international du premier semestre 2008, l'analyse de l'évolution de la balance des paiements et des prix relatifs permet de cerner les canaux de transmission de l'impact de la crise financière internationale sur l'économie algérienne. 2. Stabilité financière externe et accumulation des réserves de change La balance des paiements a encore enregistré des performances au second semestre de l'année 2008 avec un excèdent du compte courant estimé à 14,14 milliards de dollars contre 21,04 milliards de dollars au premier semestre 2008 et ce, en contexte de forte baisse des prix mondiaux d'hydrocarbures au quatrième trimestre et de poursuite du trend haussier des importations des biens et services au second semestre. L'excédent du compte courant extérieur n'est plus estimé qu'à 2,34 milliards de dollars au quatrième trimestre 2008, sous l'effet d'un prix du pétrole brut de seulement 56,590 dollars/baril en moyenne sur le quatrième trimestre contre 111,506 dollars/baril au premier semestre 2008 et 115,91 dollars/baril au troisième trimestre 2008. Les exportations des hydrocarbures du second semestre 2008 sont évaluées à 35,49 milliards de dollars contre 32,67 milliards de dollars au second semestre 2007, alors qu'elles avaient atteint le montant de 41,70 milliards de dollars au premier semestre 2008. Pour l'année 2008, avec des prix moyens du baril de pétrole en hausse de 33 % par rapport à l'année 2007, les exportations d'hydrocarbures s'élèvent à 77,19 milliards de dollars, correspondant à une augmentation de 17,58 milliards de dollars (29,5 %) par rapport à l'année 2007 (59,61 milliards de dollars). L'effet prix est le principal déterminant de cette évolution, à mesure que le prix moyen du pétrole a reculé à 88,22 dollars/baril au second semestre 2008, après un passage de 74,95 dollars en 2007 à 111,51 dollars au premier semestre 2008. Si en 2007, le prix des hydrocarbures a eu une progression d'environ 26 % au second semestre 2007 par rapport au premier semestre, il importe de souligner que les cours du baril de pétrole brute ont fortement baissé à partir de juillet 2008, passant de 111,51 dollars le baril au premier semestre à 88,22 dollars au second semestre. Cela confirme la variabilité importante des prix du pétrole observée récemment. Après un "pic" historique a plus de 145 dollars/baril au cours de la seconde semaine de juillet 2008, le prix du brent a chuté au second semestre, ayant même atteint un point bas de 35 dollars vers la fin décembre 2008, vu la détérioration continue des perspectives économiques mondiales. En effet, l'impact négatif du choc externe représenté par la forte baisse des prix des hydrocarbures au quatrième trimestre 2008, corrélative à l'entrée en récession des économies avancées, confirme la dépendance de l'économie nationale à l'égard des exportations d'hydrocarbures, car la chute des cours de ces produits pèse de facto sur sa capacité d'épargne. Les indicateurs en la matière du quatrième trimestre 2008 traduisent l'effet de la crise économique mondiale sur l'Algérie à travers la baisse des prix et de la demande des hydrocarbures, d'autant plus que les exportations d'hydrocarbures en volume du second semestre 2008 ont été inférieures à leur niveau du second semestre 2007 pour plus de 4 %. Pendant que les comptes extérieurs restent fortement affectés par la volatilité des prix du pétrole, l'augmentation des exportations hors hydrocarbures en 2008 avec une performance moindre au second semestre, 0,57 milliard de dollars contre 0,87 milliard de dollars au premier semestre, représente une contribution encore très faible à la viabilité de la balance des paiements courants, surtout dans ce contexte de très forte augmentation des paiements au titre des importations des biens et services. L'année 2008 a été marquée par une envolée des importations des biens et services, après la forte augmentation en la matière de l'année 2007. Les importations de biens, quant à eux, s'étaient accrues de 27,4 % en 2007, alors que l'année 2008 enregistra une très forte expansion (41,9 %). Ainsi, leur niveau a atteint 19,05 milliards de dollars au second semestre 2008 contre 18,34 milliards de dollars au premier semestre 2008, totalisant 37,39 milliards de dollars pour l'année, et 13,92 milliards de dollars au second semestre 2007, en contexte de résurgence de l'inflation mondiale au premier semestre 2008 et, en particulier, de l'envolée des prix des produits alimentaires. Aussi, il est utile de souligner que les prix des produits de base et des matières premières ont atteint au cours du premier semestre 2008 des niveaux historiquement élevés, en termes réels, des vingt dernières années. Pour le second semestre 2008 et par rapport à la même période de l'année 2007, l'augmentation des importations est importante aussi bien pour les produits alimentaires (39,8 %) que pour les biens d'équipement industriels et agricoles (40,3 %) et les demi-produits (38,3 %). Si la forte augmentation de l'importation des produits alimentaires est due en grande partie à l'envolée des prix de ces produits sur les marchés internationaux, celle des biens d'équipement et des demi-produits s'explique par la forte demande des agents économiques. L'augmentation du rythme de réalisation du programme d'investissements publics a alimenté ce processus qui est dommageable pour la balance des paiements à moyen terme, dans ce contexte de crise économique mondiale. Désormais, la demande d'importations doit aussi renseigner sur le potentiel de croissance hors hydrocarbures. Un autre élément de vulnérabilité pour la balance des paiements est représenté par l'emballement, en 2008, des services non facteurs importés, après l'augmentation significative au titre de l'année 2007. Les services non facteurs importés sont passés de 4,784 milliards de dollars en 2006 à 6,930 milliards de dollars en 2007 et à 10,977 milliards de dollars en 2008. Ainsi, les services non facteurs importés se sont accrus de 58,4 % en 2008 par rapport à 2007. En données semestrielles, les importations de services non facteurs ont atteint 5,84 milliards de dollars au second semestre 2008 contre 6,93 milliards de dollars pour l'année 2007 (dont 3,63 milliards de dollars au second semestre). Leur niveau était de seulement 4,78 milliards de dollars en 2006. Pour le second semestre de l'année 2008, les services de transport maritimes et aériens, les services de bâtiment et travaux publics et les services techniques représentent 84,56 % des importations en la matière alors que ce taux était de 77,3 % pour le second semestre 2007. Si l'augmentation des services importés au titre de la rubrique transport (3,126 milliards de dollars en 2008 contre 2,150 milliards de dollars en 2007) est liée à la forte augmentation des importations de biens, la forte croissance des deux principaux autres services importés "services bâtiments et travaux publics" (2,656 milliards de dollars en 2008 contre 1,540 milliard de dollars en 2007) et "services techniques aux entreprises" (3,387 milliards de dollars en 2008 contre 1,690 milliard de dollars en 2007) s'explique principalement par les importations de services au titre des infrastructures publiques, c'est-à-dire dans le cadre de la réalisation du budget d'équipement de l'Etat, et par certaines entreprises du secteur des hydrocarbures. Leurs importations de services techniques (prestations d'études, différentes assistances techniques,…) ont quasiment triplé en 2008. Il importe de souligner que les acquis résultants de la stratégie de désendettement extérieur conduite entre 2004 et 2006 se sont matérialisés, dès le second semestre 2008, par un excédent du compte capital et opérations financières. C'est la première année où le compte capital et opérations financières réalise un solde positif qui contribue à la viabilité de la balance des paiements, sous l'effet d'une augmentation significative des investissements directs étrangers en 2008. La rubrique investissements directs étrangers (nets) est estimée à 2,34 milliards de dollars pour 2008, dont 1,24 milliard de dollars au second semestre 2008 contre 1,07 milliard de dollars au premier semestre 2008 et 1,37 milliards de dollars pour toute l'année 2007. Ce phénomène nouveau d'excédent du compte capital et opérations financières représente une performance particulière qui permet à l'Algérie de faire face au "choc externe" de grande ampleur inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs pour les pays émergents et de durcissement de leurs conditions. C'est également un important élément de sauvegarde, vu la gravité de la crise financière internationale. Au total, l'excédent global de la balance des paiements (37,03 milliards de dollars) est ancré sur la performance particulière du compte courant, mais également sur la situation nouvelle d'excédent du compte capital. L'excédent global enregistré au second semestre 2008 (17,35 milliards de dollars) se situe entre la performance du second semestre 2007 (16,98 milliards de dollars) et celle du premier semestre 2008 (19,68 milliards de dollars). Cette performance historique conforte davantage la position financière extérieure de l'Algérie et alimente, en conséquence, les réserves officielles de change. L'encours des réserves officielles de change a atteint, ainsi, 143,102 milliards de dollars à fin décembre 2008. Il était passé de 77,781 milliards de dollars à fin 2006 à 110,180 milliards de dollars à fin 2007 et 133,235 milliards de dollars à fin juin 2008. Cependant, vu l'emballement des importations des biens et services en 2008, le taux de couverture des importations de biens et services par les réserves officielles n'est plus que de près de 36 mois ; ce taux ayant enregistré un "pic" de près de 40 mois en 2007. Sous l'angle de la consolidation de la position financière extérieure nette de l'Algérie, il est utile de noter que l'encours de la dette extérieure à moyen et long terme a encore reculé en 2008 pour atteindre 4,282 milliards de dollars en fin de période contre 4,889 milliards de dollars à fin 2007, après la forte réduction de l'année 2006. Cet encours était passé de 21,41 milliards de dollars en 2004 à 16,485 milliards de dollars à fin 2005, pour ensuite chuter jusqu'à 5,062 milliards de dollars à fin 2006. Par ailleurs, le service de la dette à moyen et long terme hors remboursements par anticipation ne représente plus, en 2008, que 1,04 % des exportations des biens et services contre 2,26 % en 2007. Ainsi, les indicateurs de la dette extérieure sont à des niveaux bien soutenables sur le moyen terme, comparativement à la majorité des pays émergents, témoignant du succès de la politique de désendettement extérieur de l'Algérie. Il importe de souligner que la mise en œuvre soutenue en 2005-2006 de la décision stratégique de réduction de la dette extérieure de l'Algérie, a permis un emploi économiquement efficient du surcroît de ressources. De plus, la grave crise financière internationale qui s'est d'abord manifestée par les turbulences sur les marchés financiers internationaux à partir de mi 2007 et qui s'est caractérisée en 2008 par une très forte contraction des financements extérieurs et un durcissement de leurs conditions montre bien que le désendettement extérieur représente un important élément de sauvegarde pour l'Algérie. Vu la gravité de la crise financière internationale et l'entrée en récession des économies avancées au quatrième trimestre 2008, avec une propagation de leurs effets négatifs sur les économies émergentes et les économies en développement dès octobre 2008, le niveau important des réserves officielles de change et la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar constituent pour l'Algérie des instruments importants de protection face à ces chocs externes historiques. Cependant, le chalenge reste d'asseoir durablement une compétitivité externe hors hydrocarbures pour soutenir la viabilité à moyen et long terme de la balance des paiements. Dans cet objectif, la politique de taux de change doit être accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification de l'économie nationale. Aujourd'hui, la politique de taux de change est bien en phase avec la stabilité externe, elle même ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie. La politique de taux de change conduite par la Banque d'Algérie, de manière flexible, sert donc l'économie nationale. Sous l'angle opérationnel, la Banque d'Algérie intervient sur le marché interbancaire des changes pour veiller à ce que le mouvement du taux de change nominal n'affecte pas l'équilibre de long terme du taux de change effectif réel du dinar. La Banque d'Algérie a poursuivi au second semestre 2008 la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar, dans un contexte international caractérisé par la volatilité sur les marchés financiers, monétaires et des changes et par les incertitudes de l'évolution de l'inflation au niveau mondial, notamment, des pays partenaires de l'Algérie. Ce qui a nécessité un suivi plus particulier de l'évolution à court terme des prix relatifs, pendant que le dollar américain s'est apprécié par rapport à l'euro, selon les cours mensuels moyens, au cours du second semestre 2008. L'année 2008 a été caractérisée par une forte volatilité des prix à la consommation et des taux de change des pays partenaires, conjuguée à la baisse au second semestre d'un des fondamentaux de l'économie nationale représenté par le prix du pétrole brut. L'appréciation du dinar, quant à lui, par rapport au dollar américain, notamment au second et troisième trimestre 2008, conjuguée à un effet de balancier en matière d'évolution du cours dinar/euro, dépréciation au premier trimestre suivi d'une appréciation au cours des trois trimestres suivants de 2008, ont conduit à une consolidation à court terme du taux de change effectif réel du dinar. Les interventions de la Banque d' Algérie sur le marché interbancaire de change engendrant une correction de la parité du dinar contre les autres monnaies ce qui a permis la correction de l'effet anticipé de la variation des prix relatifs sur l'équilibre du taux de change effectif réel. Au total, le taux de change effectif réel à fin 2008 est resté proche de l'équilibre, avec une appréciation de 1,58 % en moyenne annuelle. Une telle appréciation résulte de l'appréciation du taux de change effectif nominal (2,58 %), en contexte de volatilité, au cours de l'année, des prix relatifs. 3. Épargne budgétaire et opérations du Trésor Les recettes budgétaires (hors dons) sont passées de 3679,9 milliards de dinars en 2007 à 5110,7 milliards de dinars en 2008, enregistrant une progression record de 38,9 %. Cette augmentation est due pour plus de trente-cinq (35) points aux recettes des hydrocarbures et pour près de quatre (4) points aux recettes hors hydrocarbures. La forte contribution des recettes des hydrocarbures est inhérente à l'évolution des prix des hydrocarbures exportés durant l'année 2008, soit un prix moyen de 99,86 dollars le baril en 2008 contre 74,95 dollars en 2007. En terme relatif, les recettes pétrolières (y compris la redevance) atteignent 80 % du total des recettes en 2008 contre 75,8 % en 2007. En effet, les recettes des hydrocarbures sont passées de 2796,8 milliards de dinars en 2007 à 4088,6 milliards de dinars en 2008, soit une très forte augmentation (46,2 %) par rapport à celle des recettes hors hydrocarbures ( 15,7 %). Avec un montant de 1918,3 milliards de dinars au premier semestre 2008, l'objectif quantitatif en matière de fiscalité pétrolière budgétisée au prix de référence de 37 dollars le baril (1715 milliards de dinars), a été réalisée durant ce premier semestre. L'excès de la fiscalité pétrolière effective sur celle budgétisée, au premier semestre 2008, et la totalité de la fiscalité pétrolière du second semestre ont alimenté les ressources du Fonds de régulation des recettes. En 2008, les recettes hors hydrocarbures ont atteint un montant global de 1022,1 milliards de dinars, correspondant à une progression de 15,7 % par rapport à 2007. Les recettes fiscales, représentant 87,6 % du total des recettes hors hydrocarbures contre 86,8 % en 2007, sont passées de 766,7 milliards de dinars en 2007 à 895,4 milliards de dinars en 2008. Les plus fortes augmentations ont été enregistrées au niveau des "impôts sur les revenus et les bénéfices" (19,9 %), suivi de la rubrique "impôts sur les biens et les services" (16 %) et celle des "droits de douanes" (15,1 %). Avec une part dans le total des recettes hors hydrocarbures relativement stable (12,4 % en 2008 et 13,2 % en 2007), les recettes non fiscales enregistrent une hausse de 8,8 % en 2008 contre une baisse de 2,7 % en 2007. Les recettes non fiscales ont totalisé 126,7 milliards de dinars en 2008, en contexte de hausse des produits divers et produits des domaines. Le ratio recettes hors hydrocarbures/produit intérieur brut est resté stable autour de 9,3 % aussi bien en 2008 qu'en 2007. Bien que les recettes hors hydrocarbures aient augmenté de 15,7 % en 2008, leur part dans les recettes totales ne cesse de diminuer (20 % en 2008 contre 23,9 % en 2007). Les dépenses budgétaires totales ont fortement progressé en 2008 (34,3 %), atteignant 4175,7 milliards de dinars contre 3108 ,5 milliards de dinars en 2007. Les dépenses courantes ont augmenté de 33,1 % et celles du budget d'équipement, quant à elles, se sont accrues à un rythme plus élevé (35,8 %). L'effort budgétaire en soutien à la relance de l'activité économique, au moyen des différents programmes, a été bien poursuivi au cours des trois dernières années, comme en témoigne la croissance rapide des dépenses d'investissement : 35,8 % en 2008 contre 41,3 % en 2007 et 25,8 % en 2006. Aussi, par rapport au produit intérieur brut, les dépenses d'équipement ont atteint 17,7 % en 2008 contre 15,4 % en 2007, témoignant de l'allocation plus importante des ressources pour une mise en œuvre soutenue des programmes d'investissement public visant à améliorer l'infrastructure, renforcer le capital humain et contribuer à réduire le chômage. Les fortes performances en matière de croissance hors hydrocarbures (6,1 % en 2008 et 6,3 % en 2007) témoignent des résultats positifs du soutien budgétaire à la croissance. Par ailleurs, les dépenses courantes ont augmenté relativement au produit intérieur brut, soit 20,2 % en 2008 contre 18 % en 2007. En matière des dépenses courantes, l'augmentation la plus importante a concerné les transferts courants (48,1 %), en particulier, les transferts hors les services de l'administration centrale qui ont augmenté de 56,3 % en 2008 par rapport à l'année 2007. L'excédent global du Trésor est resté appréciable en 2008, représentant 7,6 % du produit intérieur brut contre 4,9 % en 2007. Il avait enregistré un record de 13,5 % en 2006. Ce renforcement de la capacité de financement du Trésor est de facto matérialisé par l'accumulation d'importantes ressources dans le Fonds de régulation des recettes (4280,1 milliards de dinars à fin 2008). Le niveau élevé et croissant de son stock d'épargnes financières (dépôts auprès de la Banque d'Algérie) en témoigne. En effet, l'encours global des dépôts du Trésor auprès de la Banque d'Algérie a atteint 4359,8 milliards de dinars à fin 2008 contre 3295,2 dinars à fin 2007. Ce qui confirme la viabilité des finances publiques dans le contexte du " choc externe " en cours, car la capacité d'autofinancement immédiate couvre plus de deux ans de dépenses d'équipement au rythme de l'année 2008. 4. Stabilité monétaire et liquidité bancaire L'analyse de la situation monétaire consolidée au cours du premier semestre et du second semestre 2008, tout comme pour l'année 2007, montre que l'évolution de la masse monétaire continue à être tirée par la forte expansion de l'agrégat avoirs extérieurs nets, sachant, pour mémoire, que les avoirs extérieurs nets dépassent, depuis fin 2005, les liquidités monétaires et quasi monétaires dans l'économie nationale. L'analyse du processus de création monétaire et la dynamique des flux de fonds font émerger le fait que les réserves officielles de change détenues par la Banque d'Algérie restent la première source d'expansion monétaire, témoignant de la qualité de la garantie des signes monétaires dans l'économie nationale. La situation monétaire consolidée de fin 2008 montre clairement que l'agrégat avoirs extérieurs nets a enregistré une forte progression (38,2 %), dont 23,6 % au second semestre contre 11,8 % au premier semestre. Il importe de souligner que le rythme annuel d'expansion réalisé en 2008 (38,2 %) est un " pic " historique, sachant que les cinq dernières années ont représenté un plateau en la matière (31,95 % à 34,46 %). Pour l'année 2007, son taux de croissance était de 34,46 %. L'agrégat avoirs extérieurs nets s'est établi, en équivalent dinars, à 8290,38 milliards à fin juin 2008 et 10246,96 milliards de dinars à fin décembre 2008, après un passage de 5515,05 milliards de dinars à fin décembre 2006 à 7415,56 milliards de dinars à fin décembre 2007. Sous l'effet de l'expansion structurelle des avoirs extérieurs nets, la masse monétaire s'est accrue de 16,04 % en 2008 dont seulement 5,36 % au second semestre contre 10,89 % au second semestre 2007 et 24,17 % pour toute l'année 2007. Bien que l'expansion monétaire en terme de M2 est restée élevée au premier semestre 2008 (10,1 %), son rythme annuel est inférieure à celui de l'année 2007. La modération du rythme de création de monnaie au second semestre 2008, comparativement aux deux semestres précédents, annonce de facto un nouveau trend baissier en la matière, après le cycle de baisses des taux d'expansion de monnaie enregistré entre 2001 et 2004. Par contre, l'accroissement de la circulation fiduciaire (19,89 % en 2008) est supérieur au rythme de M2, pendant que le ratio monnaie fiduciaire/ masse monétaire a légèrement augmenté en 2008, passant de 21,43 % à fin 2007 à 22,14 % à fin 2008. La préférence pour les encaisses reste ancrée dans les comportements de demande de monnaie en Algérie, alors que la modernisation des systèmes des paiements (RTGS et télé compensation) est effective depuis le premier semestre 2006. L'évolution de la structure de la masse monétaire M2 est assez corrélée aux comportements des entreprises du secteur des hydrocarbures. La forte augmentation des dépôts à vue de Sonatrach au premier semestre 2008 (18,86 %) à été suivi par une forte baisse au second semestre, indiquant notamment l'augmentation du rôle de l'autofinancement dans le financement des investissements de Sonatrach. Aussi, l'année 2008 se caractérise par l'augmentation de la part des dépôts hors secteur des hydrocarbures (30,53 % contre 28,14 % à fin 2007) et une stabilisation de la part relative des dépôts à vue, globalement, à (49,24 %) et ce, relativement à M2. En outre, le ratio dépôts à terme /M2 connaît un trend légèrement à la hausse, s'établissant à 28,31 % à fin juin 2008 et 28,62 % à fin 2008. Par agent économique, la progression des dépôts des entreprises privées et ménages dans les banques (17,07 %) a été plus importante que celle de dépôts du secteur public (12,28 %) ; cette dernière étant largement corrélée à l'évolution des dépôts du secteur des hydrocarbures. L'année 2008 a donc montré une dynamique de formation des actifs financiers par entreprises privées et ménages, même si la gamme de produits financiers offerts par les banques reste très limitée. C'est ainsi qu'en terme de structure de dépôts selon les instruments, la part des dépôts à vue auprès des banques, du Trésor public et des CCP a augmenté au premier semestre 2008 (64,09 % à fin juin contre 62,54 % à fin 2007 et 55,84 % à fin 2006), alors que le second semestre a vu un léger repli en la matière (63,11 % à fin 2008). La part des dépôts à terme en dinars, quant à elle, s'est relativement stabilisée en 2008 (31,18 % à fin juin 2008 et 32,23 % à fin décembre 2008 contre 32,58 % à fin 2007), marquant une pause après le trend baissier des années 2003-2007. Par ailleurs, les crédits à l'économie (avant rachat de créances non performantes), en tant que deuxième contrepartie de la masse monétaire, ont enregistré une forte croissance (17,84 %) en 2008, avec un rythme de 12 % au second semestre 2008 contre 9,26 % au second semestre de 2007. La croissance des crédits à l'économie réalisée au second semestre 2008 est même très proche du taux de progression pour toute l'année 2006 (12,16 %). L'année 2007 avait enregistré une augmentation des crédits à l'économie de 15,22 %, portant la reprise des crédits à l'économie. Il importe de souligner qu'en 2008, la consolidation de la reprise des crédits à l'économie se conjugue avec le début d'un cycle à la baisse des rythmes d'expansion de l'agrégat monétaire M2. Ce nouveau contexte fait émerger l'importance du "canal" crédit dans la transmission des effets des récents développements monétaires. L'analyse de la structure des crédits par secteur juridique montre qu'une plus grande part de crédits continue à être allouée au secteur privé, même si la part de crédits distribués au secteur privé est en légère baisse au second semestre 2008 (52,14 % à fin décembre 2008 contre 53,47 % à fin juin 2007). La progression plus importante des crédits d'investissement au secteur de l'énergie et de l'eau en est un facteur explicatif. Sous l'angle des maturités, l'évolution des crédits à l'économie en 2008 confirme la poursuite du relatif trend haussier des crédits à moyen et long terme. En effet, la part relative des crédits à moyen et long terme est passée de 49,58 % à fin décembre 2006 à 51,26 % à fin décembre 2007, pour se situer à 52,62 % à fin décembre 2008. En particulier, les crédits hypothécaires ont enregistré un élan appréciable aussi bien en 2007 qu'en 2008, soit un encours de 125,5 milliards de dinars à fin 2008 contre 109 milliards de dinars à fin 2007. En complément au fort flux de financement en provenance de la sphère budgétaire au titre des décaissements réalisés sur le budget d'équipement de l'Etat (1948,4 milliards de dinars), la progression des crédits à moyen et long terme (20,94 %) est en phase avec le caractère favorable des conditions de financement bancaire de l'économie nationale notamment au titre des crédits d'investissement. Dans la situation monétaire consolidée, l'agrégat créances sur l'Etat, contrepartie de la masse monétaire, est baissier au premier et second semestre 2008, sous l'effet du désendettement progressif du Trésor dont une partie par anticipation et de l'accumulation d'épargnes financières par ce dernier. Avec les ressources accrues du Fonds de régulation des recettes, le Trésor public est le créancier net de l'ensemble du système bancaire et ce, depuis fin 2004. Cette créance nette est de 3627,3 milliards de dinars à fin décembre 2008 contre 2889,4 milliards de dinars à fin juin 2008 et 2193,2 milliards de dinars à fin 2007. Cela contribue à la liquidité du système bancaire dans son ensemble. Face à la liquidité grandissante du système bancaire, le marché monétaire interbancaire a connu une relative reprise de l'activité au cours de l'année 2007 et au premier semestre 2008, par rapport à 2006. Par contre à fin décembre 2008, le montant négocié sur ce marché est en légère baisse passant de 32,13 milliards de dinars à fin juin à 31,61 milliards de dinars à fin décembre 2008 contre 16,30 milliards de dinars à fin 2007. Les taux moyens pondérés sont restés stables, au tour de 3,3 % à 3,4 %. Le trend haussier du niveau de la liquidité bancaire matérialise bien le caractère structurel de l'excès de liquidité sur le marché monétaire. L'encours de la liquidité bancaire est donc monté à 2597,8 milliards de dinars à fin juin 2008 puis à 2845,9 milliards de dinars à fin décembre 2008, après un passage de 1146,9 milliards de dinars à fin décembre 2006 à 2001,2 milliards de dinars à fin 2007. D'où une progression de 29,81 % au premier semestre 2008 et 9,6% au second semestre 2008, témoignant du ralentissement de l'expansion de l'excès de liquidité. Pour endiguer l'excès de liquidité structurel et limiter ses effets inflationnistes en 2007, la Banque d'Algérie a intensifié ses interventions sur le marché monétaire au moyen des reprises de liquidité à maturités de 7 jours et 3 mois. Cet instrument de marché a vu son rôle s'accroître significativement par rapport à la facilité de dépôts rémunérés (facilité permanente) et la réserve obligatoire, à partir de juin 2007, dans la conduite de la politique monétaire. Capitalisant sur les efforts soutenus en matière de projection des facteurs autonomes et de prévision de liquidité bancaire, la Banque d'Algérie a utilisé davantage l'instrument reprises de liquidités au cours de l'année 2007, aussi bien les reprises à sept jours que les reprises à terme (trois mois), laissant l'utilisation flexible de la facilité de dépôts rémunérés à l'initiative des banques. Sous l'angle de la conduite au jour le jour de la politique monétaire, la Banque d'Algérie a fortement augmenté (1100 milliards de dinars contre 450 milliards de dinars) les reprises de liquidités, en juin 2007, afin d'absorber davantage de liquidités. Le premier et le second semestre 2008 se caractérisent par une stabilisation du montant global des reprises de liquidités, pendant que les banques ont utilisé plus activement la facilité de dépôts rémunérés dont le montant est passé de 483,11 milliards de dinars à fin 2007 à 1031,75 milliards de dinars à fin juin 2008 et 1400,4 milliards de dinars à fin décembre 2008. Quant aux réserves obligatoires, leur taux a été ajusté à la hausse à partir de mi janvier 2008, soit 8 % contre 6,5 %. Leur encours a atteint 394,7 milliards de dinars à fin décembre 2008 contre 384,8 milliards de dinars à fin juin 2008, alors que leur niveau était de 272,1 milliards de dinars à fin 2007. Le rôle de la politique monétaire dans la régulation du marché monétaire, ancré sur les prévisions de liquidité par la Banque d'Algérie, doit être accompagné par un progrès de la part des banques quant à la gestion du risque de liquidité, sachant que la persistance du contexte d'excès de liquidité en Algérie contraste avec l'acuité de la crise de liquidité qui a été la première manifestation de la crise financière internationale dès 2007. La question de la gestion du risque de liquidité se pose avec acuité à l'échelle mondiale. Il est également attendu que les banques poursuivent d'une manière plus résolue la nécessaire amélioration de l'évaluation, la gestion et la maîtrise des risques de crédits, vu l'acuité de cette question au niveau international. Cela est nécessaire pour une contribution effective des banques à l'amélioration de l'allocation des ressources financières dans l'économie nationale, ancrée sur un renforcement des fonds propres des banques. Aussi, le Conseil de la monnaie et du crédit a augmenté en décembre 2008 l'exigence en matière de capital minimum des banques et des établissements financiers. Pour sa part, la Banque d'Algérie a modernisé et consolidé, au quatrième trimestre 2008, le système de reporting mensuel des banques et des établissements financiers. Il est utile de rappeler que les objectifs quantitatifs de croissance des agrégats monétaires et de crédit relèvent des attributions du Conseil de la Monnaie et du Crédit, c'est-à-dire l'autorité monétaire. Le Conseil de la Monnaie et du Crédit a arrêté, en début d'année 2008, les objectifs de taux d'expansion de la masse monétaire à 27 % et de taux de croissance des crédits à l'économie à 15,3 %. Le Conseil a souligné, pour l'année 2008, l'orientation prospective de la politique monétaire face au risque à la hausse pour l'inflation. Pour s'assurer de la réalisation des objectifs de la politique monétaire en 2008, le Conseil de la monnaie et du crédit a également examiné en début d'année les instruments de conduite de la politique monétaire ainsi que leur pertinence dans le contexte d'excès de liquidité structurel. Ainsi, la Banque d'Algérie a été dotée d'une instrumentation monétaire lui permettant de continuer à faire face à ce phénomène structurel, indice de l'existence de risques à la hausse pour la stabilité des prix. Si la conduite ordonnée de la politique monétaire au cours de l'année 2007 a permis de mener à bien la stratégie de l'objectif d'inflation, avec un taux d'inflation de 3,5 %, en moyenne annuelle, la montée de l'inflation en 2008 due particulièrement à l'évolution des prix des produits alimentaires importés a pu être maintenu à 4,4 % en moyenne annuelle, en contexte de résurgence de l'inflation au niveau mondial. Malgré le ralentissement de l'inflation dans les pays partenaires de l'Algérie au second semestre 2008, le rythme de l'inflation en glissement annuel est resté élevé (5,8 %) et le taux d'inflation annuelle moyenne a atteint 4,4 %, confirmant la série des taux d'inflation annuelle moyenne qui croît sans interruption depuis plus de deux ans (juin 2006). En effet, la tendance lourde en la matière a été haussière en 2008, même si la stabilisation du taux de change effectif réel a contribué à atténuer l'effet négatif de l'inflation importée. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU PREMIER SEMESTRE DE 2009 1. Environnement international L'intensification de la crise financière à partir d'octobre 2008 s'est conjuguée avec l'entrée en récession des économies de plusieurs pays industrialisés, avec un effet de contagion aux pays émergents et en développement. En effet, l'impact négatif de la crise économique et financière mondiale sur les pays émergents et en développement a été considérable à partir du quatrième trimestre 2008 et ce, à travers divers canaux (effondrement des cours des produits de base, chute des exportations, difficultés accrues de financements extérieurs en contexte de sortie massive de capitaux,…). 1.1 - Le premier trimestre de l'année 2009 s'est distingué par le caractère synchronisé d'une forte récession au niveau des économies avancées et ce, malgré la mise en œuvre par les Gouvernements de plusieurs pays industrialisés de plans de relance budgétaire pour faire face à la crise économique en 2009. Ces différentes interventions publiques ont supporté la demande, tout en contribuant à réduire l'incertitude et le risque systémique au niveau des marchés financiers. En particulier, les interventions sans précédent des banques centrales (injections répétées de liquidités, réductions substantielles des taux directeurs voire proches de zéro, …) ont fortement contribué à enrayer la crise financière systémique. C'est ainsi qu'à partir du second trimestre de 2009, quelques indices de relative amélioration de la conjoncture financière au niveau international ont annoncé la cinquième phase de la crise financière. En effet, les premiers signes de stabilisation ont apparu à partir de mi-mars 2009, lorsque la Banque d'Angleterre et la Réserve fédérale américaine ont annoncé des plans de rachat d'actifs, actifs du secteur privé et obligations d'Etat pour la première et titres à long terme du Trésor pour la seconde. Plus tard, début mai 2009, la Banque Centrale Européenne a également annoncé son intention d'acheter des obligations sécurisées libellées en euro. La BCE a également poursuivi le mouvement de la détente monétaire au premier semestre 2009 où le taux des opérations principales de refinancement a été ramené à 1 %, fin mai 2009. Dès mi-décembre 2008, la Réserve fédérale et la Banque du Japon ont opté pour une politique de taux zéro ou quasiment nul, réduisant leur taux directeur respectivement à une fourchette de 0 % à 0,25 % et à 0,10 %. Les politiques monétaires accommodantes conduites par les banques centrales dans les trois grandes économies avancées (économie américaine, zone euro et économie japonaise) sont supportées par le contexte d'inflation négative à juin 2009. De l'effet de confiance produit par ces mesures additionnelles des banques centrales a résulté une hausse des prix des actifs. L'amélioration de la situation des marchés des actions et des obligations, tirée par celle du secteur financier, se poursuit dans les principales économies avancées : Etats Unis, zone euro et Japon. Dans ces économies, les cours des actions ont cru plus de 30 % à juin 2009 par rapport à un niveau bas de début d'année. Les indicateurs du second trimestre 2009 de l'économie américaine révèlent une moindre contraction du PIB réel au second trimestre (-1 %) par rapport au premier trimestre (-6,4 %), avec une contribution positive des exportations nettes et des dépenses publiques. Par ailleurs, le recul de la production industrielle a également été moindre au second trimestre (-3 %) relativement au premier (-5,1 %). Les revenus et le taux d'épargne des ménages ont enregistré une certaine amélioration au premier semestre 2009, en contexte d'inflation en glissement négative (- 1,4 % à juin 2009). Le taux de chômage qui a atteint 9,5 % en juin 2009, l'augmentation du déficit budgétaire et les signes de persistance du dysfonctionnement du secteur financier, malgré les importants soutiens financiers publics, sont les principaux défis de l'économie américaine en 2009. Dans la zone euro, la production industrielle connaît une reprise au second trimestre 2009, avec une croissance à partir de mai. Au second trimestre 2009, le PIB réel a reculé de 0,5 % seulement contre la contraction de 9,5 % du premier trimestre ; les exportations nettes et la consommation des ménages contribuant positivement. Les commandes de biens manufacturés ont enregistré une forte reprise en Allemagne, à un taux de 6,1 % au second trimestre 2009 après un déclin de 14,4 % au premier trimestre de l'année en cours. En outre, les conditions des marchés de crédit s'améliorent et les taux interbancaires enregistrent une diminution régulière, en contexte de poursuite de la contraction du crédit. Cependant, le taux de chômage dans la zone euro a atteint 9,4 % en juin 2009, en contexte d'inflation en glissement négative (- 0,1 % à juin 2009). Des signes de dysfonctionnement du secteur financier persistent, les marchés de change restent volatils et les risques de détérioration des finances publiques, y compris la prise en compte des supports financiers au secteur financier, sont accrus, pesant sur la reprise dans les économies avancées. Malgré des signes de début de reprise du commerce international et la mise en œuvre rapide de l'initiative multilatérale de financement du commerce (250 milliards de dollars), l'économie mondiale encore fragile restera vulnérable à un certain nombre de chocs. En particulier, les banques commerciales restent dépendantes des soutiens exceptionnels budgétaires et des banques centrales. Les banques commerciales devront faire face à des pertes additionnelles, avec davantage de défis pour mobiliser les capitaux additionnels requis. 1.2 - La propagation rapide des effets de la crise financière internationale à partir d'octobre 2008, suite à son intensification, a touché durement plusieurs pays émergents et en développement à travers notamment le reflux brutal des entrées de capitaux en contexte d'effondrement des cours des produits de base. Les tensions extrêmes sur les marchés financiers, monétaires et de change ont produit l'effet de contagion aux pays émergents, notamment, ceux qui ont une forte exposition de leur secteur bancaire aux marchés financiers internationaux. La propagation rapide des effets de la crise financière a vite fait émerger les problèmes de financements extérieurs de plusieurs pays émergents dès 2008. Beaucoup de pays émergents et de pays en développement, notamment ceux avec d'importants déficits courants extérieurs, connaissent une aggravation de leurs difficultés de financement extérieur au premier semestre 2009. En particulier, les pays africains au sud du Sahara font face au lancinant problème de financements extérieurs, en contexte de contraction de leur PIB réel par habitant. Pour contribuer davantage aux financements de balance des paiements de beaucoup de pays membres en difficulté de financements extérieurs, le Fonds Monétaire International a réalisé en mars 2009 une réforme de ses instruments de prêts, notamment la nouvelle Ligne de Crédit Flexible. La propagation des effets de la récession des économies développées aux pays émergents et en développement est donc établie au premier semestre 2009, poussant certains pays émergents, notamment d'Asie, à mettre en œuvre des plans de relance axés sur la demande intérieure. Aussi, des signes de reprise de la production industrielle dans plusieurs économies émergentes ont apparus, particulièrement en Chine où la production s'est fortement accrue. L'Inde et les pays de l'Asie du sud-est ont enregistré une reprise de la croissance au second trimestre 2009. La forte demande en Asie a stimulé la reprise dans les pays exportateurs de matières premières d'Amérique Latine et du Moyen Orient. 2. De la résilience de la position financière extérieure Si l'Algérie n'est pas directement touché par le choc externe dit de "sudden stop", l'économie nationale est affectée par un autre type de choc externe inhérent à la récession synchronisée au niveau des pays industrialisés et à la grave crise économique mondiale de cette année. Après la chute des prix des hydrocarbures et la baisse des recettes d'exportation au quatrième trimestre de l'année passée, le canal de transmission des effets de la crise économique mondiale à l'économie algérienne est représenté en 2009, principalement, par le niveau des prix des hydrocarbures et la baisse de la demande en la matière. Les données de la balance des paiements montrent que les exportations des hydrocarbures sont évaluées à 19,52 milliards de dollars au premier semestre 2009, soit une forte contraction par rapport aux performances semestrielles des années 2008, 41,70 et 35,49 milliards de dollars, respectivement au premier et second, et 2007 (26,94 et 32,67 milliards de dollars, respectivement au premier et second). Si le prix de pétrole a enregistré une tendance à la hausse entre janvier et juin 2009 de l'ordre de 57,94 % après la chute enregistrée au quatrième trimestre de l'année passée (56,59 dollars/baril contre 115,91 dollars/baril au troisième trimestre, en moyenne), le premier semestre de l'année en cours se caractérise par une diminution significative des volumes exportés (-13,48 %), par rapport à la même période de l'année passée, qui alimente l'effet du choc externe. En valeur, la contraction des exportations d'hydrocarbures est de 52,66 %. Le prix du pétrole brut, quant à lui, qui avait atteint un bas de 41,21 dollars/baril en moyenne en décembre 2008, a progressé au premier semestre 2009, atteignant 48,06 dollars/baril en mars et 68,2 dollars/baril en juin. En moyenne trimestrielle, il est passé de 45,35 dollars/baril au premier trimestre 2009 à 59,05 dollars/baril au second trimestre de l'année en cours. Sachant que les comptes extérieurs courants sont fortement affectés par la volatilité des prix du pétrole et la contraction des quantités exportées, nouvelle variable instrumentale, le recul des exportations hors hydrocarbures au premier semestre 2009 est significatif ; leur montant (0,36 milliard de dollars) ne représentant que 43,9 % de la performance du premier semestre 2008 (0,82 milliard de dollars). Ce qui situe l'année 2009 dans une performance beaucoup moindre que celle de l'année passée (1,4 milliard de dollars) en terme de contribution des exportations d'hydrocarbures à la viabilité de la balance des paiements courants, dans le contexte actuel de choc externe. Selon les données de la balance des paiements, les importations de biens se stabilisent au premier semestre 2009, à 9,6 milliards de dollars en rythme trimestriel. Ce niveau trimestriel des importations est en phase avec le montant des importations au quatrième trimestre 2008 (9,5 milliards de dollars), mais en léger recul par rapport a leur niveau (10,2 milliards de dollars) du deuxième et du troisième trimestre 2008. La relative stabilisation du niveau des importations de biens au premier semestre 2009 (19,25 milliards de dollars contre 19,70 milliards de dollars au second semestre 2008) se conjugue avec une forte expansion du poste biens d'équipement industriels (34,07 %), en phase avec l'augmentation du rythme de réalisation du programme d'investissements publics de l'Etat ainsi que les investissements du secteur des hydrocarbures. Par contre, les importations au titre du poste alimentation ont enregistré une contraction significative (- 21 %) par rapport à leur niveau du premier semestre de l'année 2008 où la forte augmentation de l'importation des produits alimentaires était due en grande partie à l'envolée des prix de ces produits sur les marchés internationaux. Le niveau des services importés reste élevé au premier semestre 2009 (5 milliards de dollars), quasiment au même rythme semestriel que l'année 2008 (5 et 6 milliards de dollars). Ce niveau élevé s'explique principalement par les "services bâtiments et travaux publics" (1,4 milliard de dollars) ) et les "services techniques aux entreprises" (1,46 milliard de dollars). En effet, les importations de services au titre des infrastructures publiques, c'est-à-dire dans le cadre de la réalisation du budget d'équipement de l'Etat, et par des entreprises du secteur des hydrocarbures représentent l'essentiel des services importés. En conséquence, le déficit de la balance des services qui s'est creusé en 2007 et 2008, se stabilise en rythme semestriel au premier semestre 2009, mais son niveau est élevé face à la forte contraction des recettes d'exportation d'hydrocarbures et hors hydrocarbures. De plus, après l'amenuisement de l'excédent du compte courant extérieur au quatrième trimestre 2008 (2,13 milliards de dollars) comparativement à l'excédent des trois premiers trimestres de 2008 (10,50 milliards de dollars, 10,42 milliards de dollars et 11,40 milliards de dollars, respectivement), le premier semestre de l'année 2009 connaît un déficit du compte courant extérieur de 2,08 milliards de dollars. Il s'agit là d'un phénomène économique nouveau, une insuffisance d'épargne par rapport à l'investissement, qui contraste avec les performances des neuf dernières années où l'excédent du compte courant extérieur a culminé en 2008 (34,45 milliards de dollars). Ce qui confirme l'impact négatif du choc externe inhérent à la grave crise économique mondiale sur la balance des paiements courants au premier semestre 2009, en contexte de dépendance structurelle de l'économie nationale à l'égard des exportations d'hydrocarbures. Face à ce déficit du compte courant extérieur, matérialisant un déficit en ressources, le premier semestre 2009 se caractérise par un excédent du compte capital et opérations financières (0,44 milliard de dollars). C'est le second semestre consécutif où le compte capital et opérations financières réalise un solde positif qui contribue à la viabilité de la balance des paiements, même si le niveau des investissements directs étrangers nets du premier semestre 2009 (0,66 milliard de dollars) est en recul par rapport aux performances semestrielles de l'année passée. De plus, le premier semestre 2009 se distingue par la quasi absence de mobilisations au titre de la dette extérieure, confortant les acquis de la stratégie de désendettement extérieur conduite entre 2004 et 2006. Ce phénomène nouveau d'excédent du compte capital et opérations financières représente une performance particulière qui permet à l'Algérie de faire face au "choc externe" de grande ampleur inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs pour les pays émergents et les pays en développement et de durcissement de leurs conditions ("sudden stop"). Malgré l'impact du choc externe sur la balance des paiements globale qui enregistre un déficit de 1,64 milliards de dollars au premier semestre 2009, la position financière extérieure de l'Algérie reste solide. En particulier, l'encours des réserves officielles de change à fin juin 2009 (144,32 milliards de dollars) est en légère hausse par rapport à fin décembre 2008 (143,1 milliards de dollars) ; l'effet de valorisation contribuant positivement. Aussi, il importe de souligner que la politique de placements des réserves de change conduite par la Banque d'Algérie contribue à atténuer l'effet du choc externe sur la position des réserves officielles de change de l'Algérie, dans le contexte actuel de forte contraction des recettes d'exportation face à des transferts au titre des importations des biens et services qui restent élevés. Sous l'angle de la position financière extérieure nette de l'Algérie, il est utile de noter que l'encours de la dette extérieure à moyen et long terme a reculé à 3,9 milliards de dollars à fin juin 2009 contre 4,3 milliards de dollars à fin 2008, en contexte de légère augmentation des réserves officielles de change. Le niveau appréciable des réserves officielles de change de l'Algérie et le niveau "plancher" d'endettement extérieur constituent des instruments importants de protection de l'économie nationale face à la grave crise économique mondiale. C'est dans un contexte de déflation au niveau des principaux partenaires de l'Algérie, que la Banque d'Algérie poursuit la mise en œuvre de la politique de stabilisation du taux de change effectif. Ce qui nécessite un suivi plus particulier de l'évolution à court terme des prix relatifs, vu la volatilité des taux de change des pays partenaires et la variabilité des prix. De plus, la situation du prix du pétrole représente un choc sous l'angle des fondamentaux de l'économie nationale avec un impact sur le taux de change effectif réel d'équilibre. La prise en compte de l'impact de la situation du prix du pétrole dans le modèle de calcul du taux de change effectif réel montre que le taux de change effectif réel à fin juin 2009 est proche du nouveau niveau d'équilibre estimé en la matière. Cela intègre donc l'effet du choc externe sur les fondamentaux de l'économie nationale, à mesure que la volatilité des prix relatifs est bien effective. Ce qui nécessite un suivi plus particulier de l'évolution à court terme des prix relatifs en 2009. Sous l'angle opérationnel, la Banque d'Algérie intervient sur le marché interbancaire des changes pour veiller à ce que le mouvement du taux de change nominal n'affecte pas l'équilibre de long terme du taux de change effectif réel du dinar. Ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie, la politique de taux de change est bien en phase avec la stabilité externe préservée. Cependant, le chalenge reste d'asseoir durablement une compétitivité externe hors hydrocarbures pour soutenir la viabilité à moyen et long terme de la balance des paiements. Dans cet objectif, la politique de taux de change doit être accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification de l'économie nationale. 3. Epargne budgétaire et opérations du Trésor Les recettes budgétaires (hors dons) sont passées de 2483,3 milliards de dinars au premier semestre 2008 à 1962,6 milliards de dinars au premier semestre 2009, enregistrant une baisse de 21 %. Cette baisse est due à de la diminution des recettes de la fiscalité pétrolière (- 35,4 %) en contexte de hausse de la fiscalité ordinaire (28,1 %). La forte baisse de la contribution des recettes des hydrocarbures est inhérente, pour l'essentiel, à l'évolution des prix des hydrocarbures exportés durant le premier semestre 2009. En effet, le prix moyen s'est situé à 51,89 dollars/baril au premier semestre 2009 contre 111,56 dollars au premier semestre 2008. En conséquence, au premier semestre 2009, les recettes pétrolières n'atteignent que 63,1 % du total des recettes budgétaires contre 77,2 % au premier semestre 2008. En effet, les recettes des hydrocarbures sont passées de 1918,3 milliards de dinars au premier semestre 2008 à 1238,7 milliards de dinars au premier semestre 2009, en forte baisse (- 21 %), alors que les recettes de la fiscalité hors hydrocarbures sont passées de 565 milliards de dinars à 723,9 milliards de dinars respectivement, correspondant à une forte hausse (28,1 %). Avec un montant de 1238,7 milliards de dinars réalisé au premier semestre 2009, la fiscalité pétrolière de ce semestre est en deçà de l'objectif budgétisé au prix de référence de 37 dollars le baril (1927 milliards de dinars) pour l'année en cours, alors que le premier semestre 2008 a enregistré des recettes de 1918,3 milliards de dinars, c'est-àdire plus que l'objectif de fiscalité pétrolière budgétisé au même prix de référence que pour l'année en cours. Au premier semestre 2009, les recettes hors hydrocarbures ont atteint un montant global de 723,1 milliards de dinars, correspondant à une progression de 28,1 % par rapport à leur niveau du premier semestre 2008. Les recettes fiscales, quant à elles, représentent 88,3 % du total des recettes hors hydrocarbures contre 86,8 % au premier semestre 2008. Les plus fortes augmentations ont été enregistrées au niveau des "impôts sur les revenus et les bénéfices" (60,1 %), suivi de la rubrique "impôts sur les biens et les services" (13,4 %) et celle des "droits de douanes" (11,1 %). Avec une part dans le total des recettes hors hydrocarbures quasi stable (13,2 % au premier semestre 2009 et 11,7 % au premier semestre 2008), les recettes non fiscales enregistrent une hausse de 13,9 % au premier semestre 2009 par rapport au premier semestre 2008. Celle-ci est restée inférieure à la hausse des recettes fiscales (30,3 %). En effet, les recettes non fiscales ont totalisé 84,6 milliards de dinars au premier semestre 2009 contre 74,3 milliards de dinars au premier semestre 2008, du fait du versement de la redevance de la Banque d'Algérie et malgré la baisse des produits divers et produits des domaines. Les dépenses budgétaires totales ont progressé au premier semestre 2009 (9,5 %), atteignant 2160,9 milliards de dinars contre 1974,3 milliards de dinars au premier semestre 2008. Les dépenses courantes ont augmenté de 13,7 % et celles du budget d'équipement, quant à elles, se sont accrues à un rythme moins élevé (4,7 %). L'effort budgétaire en soutien à la relance de l'activité économique, au moyen des différents programmes, a été poursuivi au cours du premier semestre 2009 comme en témoigne la croissance des dépenses d'investissement (4,7 %). Le solde global du Trésor au premier semestre 2009 est négatif de 228,7 milliards de dinars. Cette baisse de la capacité de financement du Trésor s'est conjuguée avec une stabilisation des ressources du Fonds de régulation des recettes (4280,1 milliards de dinars à fin 2008 et fin juin 2009). Au cours du premier semestre 2009, le Trésor public a drainé des ressources non bancaires, lui permettant de financer son déficit et même d'augmenter ses dépôts en compte courant à la Banque d'Algérie, développant ainsi l'épargne institutionnelle. 4. Contraction monétaire et inflation des prix Si les six premiers mois de l'année 2009 se caractérisent par la relative bonne tenue de la position des réserves officielles de change, malgré le déficit de la balance des paiements globale, il reste que la liquidité bancaire a enregistré une importante contraction (- 10,4 %) en contexte de stabilisation des avoirs extérieurs nets. Aussi, les avoirs extérieurs nets n'alimentent plus le processus de création monétaire en 2009, alors que cet agrégat était la principale source de croissance monétaire, d'une manière soutenue, depuis l'année 2000. De plus, les avoirs extérieurs nets dépassent, depuis fin 2005, les liquidités monétaires et quasi monétaires dans l'économie nationale. L'agrégat avoirs extérieurs nets qui a enregistré une forte progression (38,2 %) en 2008, dont 23,6 % au second semestre contre 11,8 % au premier semestre, correspondant à un "pic" historique, se stabilise au premier semestre 2009. L'agrégat avoirs extérieurs nets s'est établi, en équivalent dinars, à 10604,30 milliards de dinars à fin juin 2009 contre 10277,55 milliards de dinars à fin mars 2009 et 10246,96 milliards de dinars à fin décembre 2008. Après le recul du taux d'expansion monétaire en terme de M2 au second semestre 2008 (5,36 %), ayant suivi les rythmes de 10,89 % au second semestre 2007 et 10,1 % au premier semestre 2008, le premier semestre 2009 se distingue par une contraction monétaire (- 1,13 %). Si un nouveau trend baissier des taux d'expansion de M2 était attendu suite à la modération du rythme de création de monnaie au second semestre 2008, une telle contraction monétaire représente plutôt un choc pour la situation monétaire. Le recul de la masse monétaire M2 (-1,13 %) s'explique principalement par la décroissance des dépôts à vue au niveau des banques (-11,7 %), résultant d'une forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures (-26,63 %). Cela reflète l'impact du choc externe sur la situation financière des entreprises de ce secteur dont la capacité de financement connaît une érosion, en contexte de mise en œuvre d'un important programme d'investissements. Dès le second semestre 2009, les dépôts du secteur des hydrocarbures ont enregistré une baisse significative, faisant suite à leur forte augmentation au premier semestre 2008 (18,86 %). L'évolution de la structure de la masse monétaire M2 reste assez corrélée aux comportements des entreprises du secteur des hydrocarbures, même si la gamme de produits financiers offerts par les banques reste très limitée. C'est ainsi que la part des dépôts à vue auprès des banques, relativement à M2, a diminué au premier semestre 2009 (38,1 % à fin juin contre 42,6 % à fin 2008), en contexte de contraction des dépôts à vue au niveau des banques publiques (-14,7 %) et de croissance significative des dépôts à vue auprès des banques privées. La part de la quasi monnaie (dépôts à terme en dinars et dépôts en devises), quant à elle, a progressé, passant de 28,6 % à fin décembre 2008 à 30,4 % à fin juin 2009. Au total, les moyens d'action des banques ont enregistré une contraction au premier semestre 2009. Par ailleurs, et hors dépôts du secteur des hydrocarbures, la masse monétaire M2 enregistre une croissance de 4,74 % au premier semestre 2009. Les crédits à l'économie, quant à eux, ont augmenté de 6,1 % contre 5,4 % au premier semestre de l'année 2008, confirmant le caractère soutenu de la reprise des crédits à l'économie. Hors rachats de créances non performantes par le Trésor, la hausse des flux de crédits est évaluée à 7,4 %. Le recul de la masse monétaire M2 au premier semestre 2009 (- 1,13 %) est un phénomène monétaire non enregistré auparavant par l'économie nationale et qui révèle l'ampleur du choc externe en 2009. Cette situation contraste avec les objectifs d'expansion des agrégats monétaires arrêtés par l'Autorité monétaire. Pour l'année 2009, le Conseil de la monnaie et du crédit a arrêté les objectifs de taux d'expansion de la masse monétaire à 12 - 13 %, en maintenant l'objectif d'inflation dans la limite de 4 %. Par ailleurs, la progression des crédits à l'économie au premier semestre 2009, bien qu'appréciable, se situe en deçà de l'objectif de croissance de 22 - 23 % arrêté par le Conseil de la monnaie et du crédit. Cette expansion des crédits à l'économie, dans le nouveau contexte de contraction monétaire, fait émerger l'importance du "canal" crédit dans la transmission des effets des récents développements monétaires, à mesure que les crédits à moyen et long terme se sont accrus de 12,9 % contre une contraction (-2,2 %) pour les crédits à court terme. Sous l'angle des maturités, l'évolution des crédits à l'économie au premier semestre 2009 confirme la poursuite du relatif trend haussier des crédits à moyen et long terme. En effet, la part relative des crédits à moyen et long terme est passée de 54,5 % à fin décembre 2008 à 58 % à fin juin 2009. La dynamique du financement à long terme des grands projets d'investissements dans les secteurs de l'énergie et de l'eau a contribué à une telle performance. Cependant, le développement des crédits aux PME reste en deçà de l'objectif recherché à travers les différentes mesures prises par les pouvoirs publics pour faciliter des crédits aux PME (création des organismes de garanties aux fonds propres conséquents, bonification des taux d'intérêt,… ). Il est utile de rappeler que le niveau élevé des risques de crédit sur des groupes privés de fait et les créances non performantes corrélatives contribuent dans une certaine mesure à l'aversion des banques en la matière. La liquidité des banques, tout en restant ample, recul progressivement pour passer de 2845 milliards de dinars à fin 2008 à 2549 milliards de dinars à fin juin 2009, soit une baisse de 296 milliards de dinars correspondant à une contraction de 10,4 %. La forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures et la hausse des épargnes financières du Trésor public auprès de la Banque d'Algérie (142,4 milliards de dinars) expliquent largement cette contraction de la liquidité des banques. Compte tenu de la relative stabilisation du niveau des réserves à fin juin 2009 (144,3 milliards de dollars) par rapport à son niveau de décembre 2007 et de la contraction de la liquidité bancaire au cours des six premiers mois de 2009, la Banque d'Algérie a poursuivi sa politique de résorption de l'excès de liquidité des banques par la technique de reprises de liquidité (à 7 jours et à 3 mois) et la facilité de dépôts rémunérés. Parallèlement, les taux d'intervention de la Banque d'Algérie ont été révisés début mars 2009, soit 1,25 % pour les reprises de liquidité à trois mois, 0,75 % pour les reprises à 7 jours et 0,30 % pour la facilité de dépôts rémunérés. Mi-mars 2009, le taux d'intérêt pour les réserves obligatoires a été fixé à 0,50 %. Afin de compléter la mise à niveau du cadre opérationnel de la politique monétaire, en cohérence avec les développements récents au niveau international suite à la crise financière, le Conseil de la monnaie et du crédit a édicté en mai 2009 un nouveau règlement en matière d'interventions de la Banque d'Algérie sur le marché monétaire, ses opérations hors marché ainsi que les instruments de politique monétaire. Il s'agit d'un cadre réglementaire détaillé portant à la fois sur les opérations de refinancement des banques, les opérations de reprises de liquidité excédentaire sur le marché monétaire et sur les facilités (de prêts et de dépôts) à l'initiative des banques. Ce qui apporte désormais de l'innovation à la conception et la mise en œuvre de la politique monétaire en Algérie. Ainsi, la Banque d'Algérie est dotée d'une instrumentation monétaire lui permettant de continuer à faire face au phénomène d'excès de liquidité, en contexte de risques à la hausse pour la stabilité des prix en 2009. Malgré le ralentissement de l'inflation dans les pays partenaires de l'Algérie au second semestre 2008, le rythme de l'inflation en glissement annuel en Algérie a baissé légèrement, passant de 5,8 % en décembre 2008 à 5,2 % en juin 2009. En moyenne annuelle, l'inflation a augmenté de 0,4 point de pourcentage, passant de 4,5 % en décembre 2008 à 4,9 % en juin 2009, soit le taux d'inflation le plus élevé de la décennie. Cette évolution vient confirmer la série croissante des taux d'inflation annuelle moyenne depuis trois ans (juin 2006). Alors que la tendance mondiale est à la nette décélération de l'inflation, voire une inflation négative aux Etats-Unis et dans la zone euro, l'évolution des prix en Algérie fait émerger un nouveau défi d'inflation endogène forte, d'autant plus que le premier semestre 2009 est caractérisé par une contraction monétaire. Aussi, l'inflation est endogène et n'est plus générée, dans des proportions significatives, par la hausse des produits agricoles importés comme en 2007 et 2008 ; l'inflation importée s'amenuisant considérablement. Le différentiel d'inflation de l'Algérie et de l'Europe des quinze, mesuré par l'écart des taux d'inflation annuels moyens, défavorable à l'Algérie, ne cesse de s'amplifier, passant de 1,2 point de pourcentage en décembre 2008 à 3,1 points en juin 2009. Au premier semestre 2009, la forte augmentation des prix des produits alimentaires (6,8 % en glissement annuel), tirée par la dérive des prix des produits agricoles frais (14,3 % en un an), émerge comme le principal déterminant du processus inflationniste endogène qui caractérise l'année en cours. La hausse significative des prix des services (6,7 %), quant à elle, contribue à la hausse du niveau général des prix. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU SECOND SEMESTRE DE 2009 Après un premier trimestre marqué par le caractère synchronisé d’une forte récession au niveau des économies avancées suite à l’intensification de la crise financière en 2008, soit la pire récession de l’histoire récente, le second trimestre 2009 a vu les premiers signes de stabilisation voire quelques indices de relative amélioration de la conjoncture financière au niveau international. Les différentes interventions publiques ont contribué à réduire l’incertitude et le risque systémique au niveau des marchés financiers. Ce qui a rendu possible le rebond de la production mondiale et du commerce international au second semestre 2009, pendant que la croissance économique s’est étendue aux économies avancées marquées par le phénomène de déflation. Si le pire de la crise financière est passé, il reste que des signes de dysfonctionnement du secteur financier persistent dans les pays développés où les banques commerciales sont encore dépendantes des soutiens exceptionnels budgétaires et des banques centrales ; la stabilité financière restant fragile dans de nombreux pays développés même s’il y a un redressement des marchés financiers et une diminution des risques macroéconomiques. Dans ce contexte macroéconomique global marqué notamment par l’élargissement des déficits budgétaires et la montée des niveaux de dette publique, les banques centrales des principaux pays développés (banque centrale américaine et BCE) préparent un processus de retrait progressif des mesures exceptionnelles - dites « non conventionnelles » - qu’elles ont prises durant la crise financière pour assurer la liquidité des marchés financiers. La propagation des effets de la crise financière internationale (reflux brutal des entrées de capitaux et forte exposition du secteur bancaire aux marchés financiers internationaux) et de la récession des économies développées aux pays émergents et en développement, au premier semestre 2009, a poussé certains pays émergents, notamment d’Asie, à mettre en œuvre des plans de relance axés sur la demande intérieure. Ces pays émergents, notamment la Chine et l’Inde, ont joué un rôle important dans la reprise économique mondiale. Par ailleurs, si les pays émergents d’Asie sont exportateurs nets de capitaux, un nombre croissant de pays émergents et en développement ont dû recourir aux financements exceptionnels du Fonds Monétaire International pour faire face à d’importants besoins de financements extérieurs urgents en 2009. Aussi, la gravité de la crise économique mondiale a montré que le niveau des réserves officielles de change constitue un important élément de sauvegarde (buffer) pour les pays émergents et les pays en développement, vu le risque de contagion financière en contexte de chocs externes. Malgré l’effet du choc externe, à savoir l’évolution défavorable des prix des hydrocarbures, sur la situation budgétaire et sur la balance des paiements extérieurs courants, les performances macroéconomiques de l’Algérie restent robustes en 2009. De telles performances sont en phase avec celles des huit dernières années qui ont suivi le retour à la stabilité macroéconomique en 2000, notamment grâce à des politiques financières prudentes. 1 - Situation de la balance des paiements : une viabilité préservée Après un excèdent record en 2008 (34,45 milliards de dollars), représentant une performance bien meilleure que celle de l'année 2007 (30,54 milliards de dollars), la balance des paiements courants a pu enregistrer un surplus en 2009 (0,52 milliard de dollars), malgré l’ampleur du choc externe inhérent à la grave crise économique. Le déficit du premier semestre 2009 consécutif à la chute des recettes d’exportations d’hydrocarbures en témoigne. Pour l'année 2009, avec un prix moyen du baril de pétrole brut en diminution de 37,88 % par rapport à l'année 2008, les exportations d'hydrocarbures totalisent 44,36 milliards de dollars, correspondant à une forte contraction (- 42,53 %) par rapport à l'année 2008 (77,19 milliards de dollars). En rythme semestriel, les exportations des hydrocarbures au titre du second semestre 2009 sont évaluées à 24,39 milliards de dollars contre 19,97 milliards de dollars pour le premier semestre. Ces exportations avaient atteint le montant de 41,70 milliards de dollars au premier semestre 2008, soit un record historique en la matière. Il importe de souligner que les cours du baril de pétrole brut qui ont fortement baissé à partir de juillet 2008, passant de 111,51 dollars le baril au premier semestre à 88,22 dollars au second semestre 2008, sont restés à un niveau conjoncturellement bas au premier semestre 2009. Au titre de ce semestre, le cours moyen du baril de pétrole brut s’est élevé à 52,23 dollars, soit moins de la moitié du niveau moyen enregistré au premier semestre de l’année 2008. Avec la progression des prix des matières premières au second semestre 2009, le prix moyen de pétrole brut s’est établi à 62,1 dollars/baril en 2009 contre 99,97 dollars en 2008. La variabilité importante des prix du pétrole est un phénomène marquant dans ce contexte de crise financière internationale et de crise économique mondiale. En effet, après un "pic" historique à plus de 145 dollars/baril au cours de la seconde semaine de juillet 2008, le prix du brent a chuté au second semestre, ayant même atteint un point bas de 35 dollars vers la fin décembre 2008. Si l'effet-prix est le principal déterminant de la forte contraction des recettes d’exportations d’hydrocarbures en 2009, en contexte de variabilité importante des prix du pétrole, la croissance négative des exportations en volume (-9,76 %) a alimenté l’effet du choc externe sur la balance courante des paiements extérieurs. La forte diminution des exportations hors hydrocarbures en 2009, s’élevant à 0,67 milliard de dollars contre 1,40 milliard de dollars en 2008, a constitué un autre élément de vulnérabilité même si la contribution de cette catégorie d’exportations à la viabilité de la balance des paiements courants reste très faible. Par ailleurs, face au choc externe inhérent à la forte contraction des recettes d’exportations d’hydrocarbures, l'année 2009 a été marquée par une relative stabilisation des importations des biens et services. Cela contraste avec la forte augmentation des importations des biens et services en 2007 (30,71 %) et surtout avec l’envolée enregistrée en 2008 (47,45 %). Cette performance est d’autant plus appréciable qu’elle s’est conjuguée avec la poursuite du programme importante. d’investissements publics dont la composante «importations» reste Quant aux importations de biens qui s'étaient fortement accrues en 2007 (27,42 %), suivi d’une envolée en 2008 (44,17 %), leur niveau s’établit à 37,73 milliards de dollars en 2009 contre 37,99 milliards de dollars en 2008. L’année 2009 a connu ainsi une légère diminution en la matière, après une tendance haussière de 2001 à 2008. En rythme semestriel, cette diminution a été enregistrée au second semestre 2009 où le niveau des importations des biens est évalué à 17,83 milliards de dollars contre 19,90 milliards de dollars au premier semestre 2009 et 19,70 milliards de dollars au titre du second semestre 2008. Il est utile de noter qu’à la résurgence de l'inflation mondiale en 2008, alimentée par l’envolée des prix des produits de base et des matières premières au premier semestre, a succédé une déflation en 2009. Cette même année a enregistré un rebond des prix des matières premières. La diminution des importations de biens en 2009, matérialisée au second semestre, a concerné principalement les produits alimentaires (- 25,64 %), l’énergie et lubrifiants (17,85 %) et les produits bruts (- 14,78 %). Les importations de biens de consommation ont également reculé en 2009 (- 4,71 %), en contexte de régulation prudente et de renforcement du dispositif de traçabilité des opérations avec l’extérieur. Par contre, les biens d'équipement industriels en tant que principale composante d’importation de biens ont poursuivi leur trend haussier au rythme de 14,90 % contre 30,59 % en 2008. Le second poste des importations de biens, représenté par les demi-produits, a enregistré une faible progression en 2009 (2,34 %) par rapport à l’année 2008 (40,95 %). La poursuite du programme d'investissements publics et l’augmentation du rythme des investissements du secteur des hydrocarbures ont contribué, dans une certaine mesure, au caractère soutenu des importations des biens d'équipement industriels et des demi-produits ; la demande des autres agents économiques contribuant à la relative progression de celles des demiproduits. La déflation dans les principales économies avancées en 2009, année marquée par la crise économique mondiale, a pu atténuer l’effet du choc externe lié aux importations des biens d'équipement et des demi-produits qui ont atteint 64,68 % des importations de biens en 2009. Si les années 2007 et 2008 ont été marquées par un nouvel élément de vulnérabilité pour la balance des paiements, à savoir l'emballement des services non facteurs importés (59,88 % en 2008) consécutif à l'augmentation significative en la matière au titre de l'année 2007 (44,98 %), l’année 2009 a vu un faible rythme d’augmentation (4,96 %) des services non facteurs importés. En effet, les services non facteurs importés sont évalués à 11,63 milliards de dollars en 2009, après une progression de 4,78 milliards de dollars en 2006 à 6,93 milliards de dollars en 2007 et à 11,08 milliards de dollars au titre de 2008. Si la diminution des services importés au titre de la rubrique transport (2,95 milliards de dollars en 2009 contre 3,12 milliards de dollars en 2008 et 2,15 milliards de dollars en 2007) est liée à celle des importations de biens, la progression des "services bâtiment et travaux publics" (2,98 milliards de dollars 2,66 milliards de dollars en 2008 et 1,54 milliard de dollars en 2007) et la forte augmentation des "services techniques aux entreprises" (4,10 milliards de dollars contre 3,4 milliards de dollars en 2008 et 1,69 milliard de dollars en 2007) s'explique principalement par les importations de services au titre des infrastructures publiques, c'est-à-dire dans le cadre de la réalisation du budget d'équipement de l'Etat, et par certaines entreprises du secteur des hydrocarbures. Il importe de souligner que les importations de services techniques (prestations d'études, différentes assistances techniques,…) avaient plus que doublé en 2008. Au total, le niveau élevé de la demande d'importations des biens et services en 2009, porté par l’envolée enregistrée en 2008, n'est pas en phase avec l'évolution des fondamentaux économiques et celle de la balance des paiements, à mesure que l'économie algérienne reste fortement tributaire des exportations d'hydrocarbures qui ont chuté en 2009. Sous l'angle des autres transactions courantes avec le reste du monde, le solde des revenus des facteurs et celui des transferts courants ont poursuivi leur bonne amélioration en 2009, après la performance appréciable de l’année 2008. Après la période de remboursement par anticipation de la dette extérieure 2004-2006, l’évolution de la rubrique revenus des facteurs (nets) est principalement déterminée par les transferts des associés de l’entreprise nationale des hydrocarbures. En effet, la nette amélioration de la balance revenus des facteurs (nets) en 2007 et 2008, avec un déficit de seulement 1,83 milliard de dollars et 1,34 milliard de dollars contre 4,52 milliards de dollars en 2006, est confirmée en 2009 avec un déficit de seulement 1,08 milliard de dollars. L’amélioration tendancielle des revenus des investissements de l'Algérie à l'étranger, essentiellement les revenus au titre des placements des réserves officielles de change par la Banque d'Algérie, représente un effet de balancier face aux transferts des associés de l’entreprise nationale des hydrocarbures. Quant aux transferts courants (nets), principalement les transferts des retraites, qui avaient enregistré une diminution en 2006 par rapport au trend et atteint 2,78 milliards de dollars en 2008, le solde positif de l'année 2009 (2,92 milliards de dollars) représente un excédent record en la matière au titre de la décennie. Par ailleurs, il importe de souligner que les acquis résultants de la stratégie de désendettement extérieur conduite entre 2004 et 2006 se sont matérialisés en 2008, au second semestre, par un excédent du compte capital et opérations financières. Cette même année a été la première année où le compte capital et opérations financières a réalisé un solde positif (2,54 milliards de dollars) et par là, contribuant à la viabilité de la balance des paiements, après une longue période de vulnérabilité du compte capital. Au titre de l’année 2009, le compte capital a enregistré une performance meilleure (3,12 milliards de dollars), soutenue par l’excédent de la balance des capitaux (1,46 milliard de dollars) qui était structurellement déficitaire. L’excédent de la balance des capitaux en 2009, en tant que solde des flux de financements extérieurs de moyen et long termes, s’explique par le faible niveau du principal de la dette extérieure et par l'augmentation de mobilisations de crédits extérieurs au titre de la nouvelle allocation DTS par le Fonds Monétaire International. Cette nouvelle allocation DTS évaluée à 1,73 milliard de dollars est comptabilisée dans la dette extérieure à moyen et long termes, pendant qu’elle augmente les avoirs extérieurs. Il s’agit là d’une règle pour l’établissement de la balance des paiements. Quant à la deuxième composante du compte capital, à savoir les investissements directs étrangers, le niveau des flux nets d’investissements directs de l’année 2009 (2,32 milliards de dollars) est appréciable après l’augmentation significative enregistrée en 2008. La rubrique investissements directs étrangers (nets) avait atteint 2,33 milliards de dollars en 2008 contre 1,37 milliard de dollars pour l’année 2007. Pour l’année 2009, les flux d’investissements directs étrangers sont pour l’essentiel au titre d’entrées de capitaux liées à l’augmentation des fonds propres des banques et établissements financiers étrangers opérant en Algérie, consolidant la stabilité financière du secteur bancaire en contexte de crise financière internationale et de crise économique mondiale. L'excédent du compte capital et opérations financières de la balance des paiements de l'Algérie en 2009 représente une performance particulière qui permet au pays de faire face au "choc externe" de grande ampleur inhérent à la situation de très forte contraction des financements extérieurs pour les pays émergents et de durcissement de leurs conditions. C'est donc un important élément de sauvegarde, vu la gravité de la crise financière internationale et la persistance de ses effets négatifs en 2009. Au total, après la performance particulière de l’année 2008 où l'excédent a culminé à 36,99 milliards de dollars, la balance des paiements globale de l’année 2009 a clôturé avec un excédent de 3,64 milliards de dollars. Cette bonne tenue de la balance des paiements globale est plus ancrée sur la situation nouvelle d'excédent du compte capital, en contexte de net amenuisement de l’excédent du compte courant reflétant l’ampleur du choc externe de 2009. Une telle performance conforte davantage la position financière extérieure de l'Algérie et témoigne de sa résilience. Aussi, l’augmentation corrélative des réserves officielles de change confirme l’acquis inhérent à la gestion prudente de la position financière extérieure par la Banque d’Algérie durant les années d’accumulation soutenue en la matière, à savoir les années 2004 à 2008. Historiquement et sous l’angle du cycle long, l’année 2009 a été donc démonstrative en terme de résilience face au choc externe. L’excédent global de la balance des paiements alimente les réserves officielles de change dont l'encours (y compris les avoirs en DTS) a atteint, ainsi, 148,95 milliards de dollars à fin décembre 2009. Par contre, le niveau des réserves officielles de change, non compris les avoirs en DTS, est évalué à 147,221 milliards de dollars à fin décembre 2009 contre 143,102 milliards de dollars à fin décembre 2008. Il était passé de 77,781 milliards de dollars à fin 2006 à 110,180 milliards de dollars à fin 2007. En outre, le taux de couverture des importations de biens et services par les réserves officielles de change (non compris les avoirs en DTS) s'est amélioré en 2009, atteignant près de 36 mois contre près de 35 mois en 2008. Pour mémoire, l’année 2007 a enregistré un "pic" (près de 40 mois) en la matière. Etant donnée la structure par devise des rapatriements et des paiements extérieurs de l’Algérie, la composition des réserves par devise fait l’objet d’un suivi particulier et d’un ajustement prudent, à mesure que la volatilité des taux de change des principales devises a été prononcée en 2009. A la fin de cette même année, la composition des réserves de change par devise d’origine, exprimée en équivalent dollars, est constituée principalement en dollars (46 %) et en euros (42 %). Par ailleurs, malgré l'augmentation graduelle des avoirs en devises des banques et établissements financiers, la Banque d'Algérie reste la principale source de devises offertes sur le marché interbancaire des changes où la détermination des cours, applicables aux opérations conclues suivant les règles et usages internationaux, relève des mécanismes de marché. Il s’agit d’un régime dit de flottement dirigé du taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises, monnaies des plus importants partenaires commerciaux de l'Algérie. Sous l'angle opérationnel, la Banque d'Algérie intervient sur le marché interbancaire des changes pour veiller à ce que le mouvement du taux de change nominal n'affecte pas l'équilibre de long terme du taux de change effectif réel du dinar. Aussi, le taux de change effectif réel du dinar à fin 2009 est resté proche de l'équilibre, avec une dépréciation moyenne d’environ 2 % contre une appréciation de 1,6 % en moyenne annuelle en 2008, sachant que l’année 2009 a été marquée par l’élargissement du différentiel d’inflation à hauteur de 5,3 %. En dépit de ce choc pour l’économie nationale, la politique de taux de change conduite par la Banque d’Algérie est bien en phase avec la stabilité externe, elle même ancrée sur une solidité marquée de la position financière extérieure nette de l'Algérie. La poursuite de la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar doit être accompagnée par d'autres mesures de politique économique visant à accroître la productivité et la diversification de l'économie nationale. Sous l'angle de la consolidation de la position financière extérieure nette de l'Algérie, le niveau important des réserves officielles de change conjugué au faible encours de la dette extérieure à moyen et long termes (3,92 milliards de dollars fin 2009) est un élément de sauvegarde (buffer), témoignant du succès de la conduite de la stratégie de désendettement extérieur complétée avant l'avènement de la crise financière internationale. Enfin, il importe de souligner que la politique de placement des réserves de change conduite par la Banque d’Algérie (sécurité des placements, composition par devise et instruments, meilleure gestion des risques) a contribué à atténuer l’effet de la forte contraction des recettes d’exportation d’hydrocarbures sur le niveau des réserves officielles de change de l’Algérie. En effet, ces placements des réserves de change ont produit des revenus appréciables dans un environnement de très faibles rendements sur les marchés internationaux, tout en préservant le capital (réserves officielles de change). 2. De la résilience des finances publiques Les révisions de clôture des éléments de la situation globale du Trésor (recettes et dépenses budgétaires, opérations financières de l’Etat, …) pour 2009 sont effectuées sur la base des réalisations à fin novembre 2009. Ces prévisions indiquent un niveau de recettes budgétaires (hors dons) qui est passé de 5190,2 milliards de dinars en 2008 à 3685,5 milliards de dinars en 2009, soit une contraction de 29 %. Cette baisse est due principalement à la diminution des recettes de la fiscalité pétrolière (- 41,86 %), quasi équivalente à la contraction des recettes d’exportations d’hydrocarbures, en contexte de hausse de la fiscalité ordinaire (19,79 %). La forte baisse des recettes des hydrocarbures est inhérente principalement à la baisse des prix des hydrocarbures sur le marché international, mais aussi à la baisse des quantités des hydrocarbures exportées. En conséquence, les recettes du budget au titre des hydrocarbures (fiscalité pétrolière et redevance) ne représentent plus que 65,45 % du total des recettes budgétaires contre 78,77 % en 2008. En effet, les recettes des hydrocarbures sont passées de 4088,6 milliards de dinars en 2008 à 1238,7 milliards de dinars à fin juin 2009 et puis à une estimation de 2412,7 milliards de dinars pour toute l’année 2009, alors que les recettes hors hydrocarbures sont passées de 1101,6 milliards de dinars en 2008 à 723,9 milliards de dinars à fin juin 2009 et à 1272,8 milliards de dinars en 2009, soit une hausse de 15,54 % pour toute l’année 2009, selon l’estimation. La fiscalité pétrolière a excédé l’objectif fixé dans la loi de finances pour 2009 (1927 milliards de dinars pour un prix de baril de pétrole brut de 37 dollars) à concurrence de 400,7 milliards de dinars. Cet excédent a permis de couvrir les dépenses de fonctionnement et, partiellement, les dépenses d‘équipement. De plus, le niveau des dépenses d’équipement engagées a nécessité une ponction nette sur le Fonds de régulation des recettes pour 354,3 milliards de dinars au titre de l’exercice 2009. Les recettes hors hydrocarbures, quant à elles, sont estimées à 1272,8 milliards de dinars et se répartissent pour 1156,2 milliards de dinars au titre de la fiscalité ordinaire (90,84 %) et pour 116,6 milliards de dinars pour les recettes non fiscales (9,16 %). Les recettes de la fiscalité ordinaire se sont accrues de 19,79 %. Les hausses les plus significatives sont enregistrées au titre des impôts sur les revenus et les bénéfices (39,58 %) et des impôts sur les biens et services (8,59 %). Les droits de douane n’ont augmenté que légèrement (4,55 %), en raison de la stabilisation des importations des biens en 2009. Avec une part en baisse dans le total des recettes hors hydrocarbures (11,69 % au premier semestre et 9,16 % pour l’année 2009), les recettes non fiscales ont enregistré une baisse de 14,52 % par rapport à l’année 2008. Cette baisse est due à la baisse des produits des domaines et produits divers du budget, alors que les dividendes versés par la Banque d’Algérie sont en hausse (48,2 milliards de dinars contre 22,5 milliards de dinars en 2008). Les prévisions de clôture au titre des dépenses budgétaires donnent un montant de décaissements de 4372 milliards de dinars en 2009, en progression de 4,32 % par rapport à l’année 2008. La hausse des dépenses de fonctionnement est estimée à 4,61 % et celle des dépenses d’équipement à 4 %. La structure des dépenses de fonctionnement indique une hausse plus significative des transferts courants. Par ailleurs, l’effort budgétaire en soutien à la relance de l’activité économique, représenté par les importants programmes d’investissement publics, s’est poursuivi en 2009 (4 %), en dépit de la forte contraction des recettes budgétaires provenant des hydrocarbures. L’impact de cette forte contraction des recettes au titre de la fiscalité pétrolière s’est traduit par un déficit budgétaire estimé à 685,7 milliards de dinars en 2009, soit le premier déficit de la décennie. En outre, l’accroissement des prêts nets du Trésor qui sont estimés à près de 170 milliards de dinars a contribué à élargir le déficit global du Trésor (850 milliards de dinars). Cette baisse significative de la capacité de financement du Trésor au titre de l’exercice 2009 a conduit à l’utilisation des ressources du Fonds de régulation des recettes pour un montant net de 354,3 milliards de dinars. 3. Tendances monétaires : rebond des crédits bancaires en contexte d’expansion monétaire modérée L’analyse du cycle monétaire au cours des dix dernières années met en avant l’importance accrue du rôle des avoirs extérieurs comme déterminant structurel de l’expansion monétaire en Algérie, à mesure que les avoirs extérieurs nets dépassent, depuis fin 2005, les liquidités monétaires et quasi monétaires dans l'économie nationale. L’année 2009, sous l’effet du choc externe inhérent à la grave crise économique mondiale, s’est caractérisée par des rythmes de croissance modérés des agrégats de monnaie, voire même une contraction de la masse monétaire M2 au premier semestre. En particulier, si l’agrégat avoirs extérieurs nets était la principale source de croissance monétaire, d'une manière soutenue, depuis l'année 2000, cet agrégat n’a pas alimenté le processus de création monétaire en 2009. L'agrégat avoirs extérieurs nets qui avait enregistré une forte progression (38,18 %) en 2008, correspondant à un "pic" historique, s'est établi, en équivalent dinars, à 10890,52 milliards de dinars à fin décembre 2009 contre 10604,30 milliards de dinars à fin juin 2009 et 10246,96 milliards de dinars à fin décembre 2008. Cette faible progression des avoirs extérieurs nets en 2009 témoigne de l’impact du choc externe sur la situation monétaire en contexte de résilience de la position financière extérieure. Après le recul du taux d'expansion monétaire en terme de M2 au second semestre 2008 (5,36 %) contre 10,13 % au premier semestre 2008, le premier semestre 2009 a même enregistré une contraction monétaire (-1,13 %). Une telle contraction monétaire représente même un choc pour la situation monétaire. L’expansion (5,44 %) de M2 au second semestre 2009 a permis de contrebalancer l’effet de la contraction monétaire du premier semestre, débouchant sur un rythme modéré de création de monnaie en 2009 (4,25 %). Cette faible progression de la masse monétaire M2, contrairement au dynamisme en la matière au cours des années passées, reflète l'impact du choc externe sur la situation financière des entreprises du secteur des hydrocarbures dont le stock d’épargnes financières s’est contracté en 2009, en contexte de mise en œuvre d'un important programme d'investissements. La prédominance de l’autofinancement dans la structure de financement de ce programme d’investissements a conduit à une forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures (-40,50 %) en 2009. Une contraction de telle ampleur résulte de l’amenuisement des recettes d’exportations d’hydrocarbures (42,53 %), alors que le programme d’investissements du secteur des hydrocarbures comporte une forte composante d’importations de biens et services. Dès le second semestre 2008, les dépôts du secteur des hydrocarbures ont commencé a enregistré une baisse significative corrélative à l’effet du choc externe et ce, suite à leur forte augmentation au premier semestre 2008 (16,89 %). Les dépôts des autres entreprises publiques ont aussi baissé à concurrence de 2,35 % en 2009, alors que les dépôts collectés par les banques auprès des entreprises privées et ménages ont enregistré une expansion de 14,46 %. Par contre, hors dépôts du secteur des hydrocarbures qui représente 24,26 % de l’ensemble des dépôts à vue, la masse monétaire M2 a enregistré une croissance de 14,55 % en 2009 et ce, principalement au second semestre. Si l’agrégat avoirs extérieurs nets n’a pas alimenté le processus de création monétaire en 2009, phénomène inhérent au choc externe, l’agrégat crédit intérieur, principalement sa composante crédit à l’économie, émerge comme déterminant dans le processus de création monétaire. En effet, les crédits à l'économie (hors rachat de créances non performantes) ont augmenté de 18,51 %, soit au rythme de 10,34 % au second semestre, contre 18,60 % en 2008, confirmant le caractère soutenu de la reprise des crédits à l'économie. Il s’agit là de crédits distribués directement à la clientèle ou par le biais de l’investissement en obligations émises par cette clientèle. Y compris les rachats de créances non performantes par le Trésor, la progression des crédits bancaires est évaluée à 16,43 %. De plus, sous l’effet de forte croissance des crédits à moyen et long termes dans les secteurs notamment de l’énergie et de l’eau, la part des crédits à moyen et long termes est montée à 56,58 % à fin 2009 contre 52,62 % à fin 2008. La dynamique du financement à long terme de grands projets d'investissements dans les secteurs de l'énergie et de l'eau a contribué à une telle performance en terme de rallongement des maturités des financements bancaires. Certains financements bancaires sont adossés à des prêts du Trésor aux banques, pendant que les flux de fonds en provenance de la sphère budgétaire au titre des décaissements réalisés sur le budget d’équipement (dépenses d’investissement de l’Etat) sont sur un trend à la hausse. En dépit de l’importance de la part des crédits distribués au secteur privé qui s’est située entre 51 et 52 % en 2008-2009, le développement des crédits aux PME reste en deçà de l'objectif recherché à travers les différentes mesures prises par les pouvoirs publics pour faciliter des crédits aux PME (création des organismes de garanties aux fonds propres conséquents, bonification des taux d'intérêt,…). Dans ce contexte, il importe de souligner que le niveau élevé des risques de crédit sur des groupes privés de fait et les créances non performantes corrélatives contribuent, dans une certaine mesure, à l'aversion des banques en la matière, pendant que leur faiblesse sur le plan de la gestion des risques de crédit persiste. Si l’Etat continue de poursuivre ses efforts en matière d’assainissement des portefeuilles des banques publiques, pour consolider davantage la solidité du secteur bancaire en Algérie, les conditions de financement bancaire favorables ne doivent aucunement alimenter les créances non performantes des banques et par là, conduire à une «bulle» financière. Sous l’angle de la conduite de la politique monétaire, la progression des crédits à l'économie en 2009 (18,51 %) est à la fois appréciable et en phase avec l'objectif de croissance de 22 23 % arrêté par le Conseil de la monnaie et du crédit. Cette forte expansion des crédits à l'économie, dans le nouveau contexte de progression monétaire modérée, fait émerger l'importance du "canal" crédit dans la transmission des effets des récents développements monétaires, à mesure que les crédits à moyen et long termes se sont accrus de 23,65 % en 2009 contre 20,95 % pour l’année 2008. Leur encours est passé de 1426,102 milliards de dinars à fin 2008 à 1610,274 milliards de dinars à fin juin 2009, pour ensuite atteindre 1764,098 milliards de dinars à fin 2009 (56,89 % du total des crédits). Ce qui confirme que les financements bancaires de l’investissement sont bien sur un trend de forte expansion, portée par des conditions de financement favorables : offre de fonds prêtables accrue, rallongement des maturités, taux d’intérêts réels faibles voire quasi négatifs, … . Quant aux crédits à court terme, leur progression a été modérée comparativement à l’expansion des crédits à moyen et long termes, soit 12,30 % en 2009 contre 15,91 % en 2008 (hors rachat de créances non performantes). En tant que seconde composante de l’agrégat crédit intérieur, les créances sur l’Etat (nettes) sont restées quasi stables en 2009, témoignant de la résilience du Fonds de régulation des recettes. Dans ce contexte de non monétisation des ressources du Fonds de régulation des recettes, le rythme modéré d’expansion de la masse monétaire M2 en 2009 (4,25 %), année marquée par une contraction en la matière au premier semestre (-1,13 %), est un phénomène monétaire non enregistré auparavant par l'économie nationale et qui révèle l'ampleur du choc externe en 2009, principalement au premier semestre. En conséquence, la progression de M2 en 2009 est en deçà de l’objectif de croissance de cet agrégat monétaire arrêté par l'autorité monétaire, le Conseil de la monnaie et du crédit, à 12 - 13 %, tout en maintenant l'objectif d'inflation dans la limite de 4 %. L'évolution de la structure de la masse monétaire M2 a été marquée en 2009 par une contraction des dépôts à vue auprès des banques (- 12,45 %) et une expansion de la quasi monnaie (12,01 %). C'est ainsi que la part des dépôts à vue auprès des banques, relativement à M2, a diminué en 2009 (35,58 % à fin décembre contre 42,36 % à fin 2008), en contexte de contraction des dépôts à vue au niveau des banques publiques (14,65 %) et de croissance significative des dépôts à vue auprès des banques privées (12,16 %). La part de la quasi monnaie (dépôts à terme en dinars et dépôts en devises), quant à elle, a progressé, passant de 28,62 % à fin décembre 2008 à 30,45 % à fin juin 2009 et à 30,75 % à fin 2009). Au total, les moyens d'action des banques ont enregistré une contraction en 2009 (- 2,59 %), principalement au premier semestre, de sorte que l’accroissement de M2 en 2009 (4,25 %) est dû essentiellement à la forte expansion de la circulation fiduciaire et des dépôts auprès des CCP et du Trésor public. Il est à noter que les dépôts collectés par les banques auprès des ménages représentent 67,89 % de l’ensemble des dépôts du secteur privé en 2009, alors que cette part relative est plus élevée (79,97 %) en ce qui concerne les dépôts en devises. L’analyse de l’évolution en 2009 des composantes de la masse monétaire (M2) permet d’élucider les principales tendances monétaires : • l’agrégat de la circulation fiduciaire, s’élevant à 1 828,7 milliards de dinars à fin 2009 contre 1 540 milliards de dinars à fin 2008, s’est accru en 2009 de 18,75 % contre 19,89 % en 2008 et 18,78 % en 2007, en contexte de croissance modérée de M2. De ce fait, la part de la monnaie fiduciaire par rapport à M2 est passée à 22,14 % et 25,22 %, respectivement en 2008 et 2009. Depuis 2006, l’accroissement de la circulation fiduciaire est plus élevé que celui du PIB hors hydrocarbures à prix courants, témoignant des comportements des ménages en terme de demande d’encaisses. Ce qui indique un fort ralentissement de la vitesse de circulation de la monnaie ; • la monnaie scripturale dans les banques (dépôts à vue et quasi-monnaie) a enregistré une contraction de 2,59 % en 2009, contrastant avec les fortes croissances de 2008 (14,26 %) et de 2007 (27,11 %) ; • les dépôts aux CCP et au Trésor ont fortement progressé (24,81 %), pendant que l’essentiel des sorties de fiduciaire continue à s’effectuer à travers Algérie Poste ; • la part de la quasi-monnaie relativement à M2 a progressé en 2009, soit 30,75 % contre 28,62 % en 2008 et 29,38 % en 2007. Corrélativement à la progression modérée de la masse monétaire M2 et la hausse des crédits à l’économie, la liquidité bancaire a, quant à elle, enregistré une contraction, la première de la décennie. La liquidité des banques, tout en restant ample, est passée de 2845 milliards de dinars à fin 2008 à 2549 milliards de dinars à fin juin 2009, correspondant à une contraction de 10,41 %. Une telle contraction s’est poursuivie au second semestre 2009, au rythme de 3,98 % ; cet agrégat terminant l’année avec un encours de 2448 milliards de dinars. La forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures et la hausse des épargnes financières du Trésor public auprès de la Banque d'Algérie expliquent largement cette contraction de la liquidité des banques. L’excès de l’offre de fonds prêtables sur le marché monétaire interbancaire reste encore important et la Banque d’Algérie a continué à absorber l’excès de liquidité par le biais de reprises de liquidité (1100 milliards de dinars tout au long de l’année 2009) et les banques, à leurs initiatives, ont placé à 24 heures à la Banque d’Algérie en facilité marginale de dépôts, le complément de liquidité dépassant le niveau des réserves obligatoires réglementaires. Ce complément, qui était de 1400,4 milliards de dinars à fin 2008, se situe à 1022,1 milliards de dinars à fin 2009. La Banque d'Algérie a poursuivi sa politique de résorption de l'excès de liquidité des banques par la technique de reprises de liquidité (à 7 jours et à 3 mois) et la facilité de dépôts rémunérés. Parallèlement, et à l’instar des autres banques centrales, les taux d'intervention de la Banque d'Algérie ont été révisés à la baisse début mars 2009, soit 1,25 % contre 2 % pour les reprises de liquidité à trois mois, 0,75 % contre 1,25 % pour les reprises à 7 jours et 0,30 % contre 0,75 % pour la facilité de dépôts rémunérés. Mi-mars 2009, le taux d'intérêt pour les réserves obligatoires a été fixé à 0,50 %, alors qu’il était auparavant de 0,75 %. En conséquence, la rémunération moyenne pondérée des reprises de liquidité est passée de 1,437 % à fin décembre 2008 à 0,875 % à partir de mai 2009 ; le taux de constitution des réserves obligatoires restant à 8 % depuis janvier 2008. Afin de compléter la mise à niveau du cadre opérationnel de la politique monétaire, en cohérence avec les développements récents au niveau international suite à la crise financière, le Conseil de la monnaie et du crédit a édicté en mai 2009 un nouveau règlement en matière d'interventions de la Banque d'Algérie sur le marché monétaire, ses opérations hors marché ainsi que les instruments de politique monétaire. Il s'agit d'un cadre réglementaire détaillé portant à la fois sur les opérations de refinancement des banques, les opérations de reprises de liquidité excédentaire sur le marché monétaire et sur les facilités (de prêts et de dépôts) à l'initiative des banques. Ce qui apporte désormais de l'innovation à la conception et la mise en œuvre de la politique monétaire en Algérie. Ainsi, la Banque d'Algérie est dotée d'une instrumentation monétaire lui permettant de continuer à faire face au phénomène d'excès de liquidité, en contexte de risques à la hausse pour la stabilité des prix en 2009. L’inflation poursuit en 2009 sa tendance haussière entamée en 2007, alors qu’elle a reculé presque partout dans les pays développés voire atteindre des taux négatifs, notamment dans les principaux pays partenaires commerciaux. Cependant, les déterminants de l’inflation ont changé car l’inflation endogène a pris le relais de l’inflation importée, en contexte de faible croissance de la masse monétaire. Ce sont donc les hausses des prix des produits alimentaires, et singulièrement les produits agricoles frais, qui ont généré l’essentiel de la croissance de l’indice des prix. L’inflation annuelle moyenne, mesurée par l’indice national des prix à la consommation, base 2001, est de 6,4 % (contre 3,9 % en 2008 et 1,8 % en 2006 base 1989). En ce qui concerne l’indice des prix de la capitale, il a progressé de 5,7 %. La contribution des groupes de produits à l’inflation annuelle moyenne fait apparaître l’incidence déterminante de la hausse des prix des produits alimentaires qui engendre 72 % de la hausse globale. De surcroît, après avoir fléchi de 3,0 % en 2008, l’indice des prix de gros des fruits et légumes a progressé de 12,6 % en 2009, retrouvant son niveau de l’année 2007. Il importe de rappeler que la stabilité des prix est un préalable pour asseoir une allocation optimale des ressources par les banques aux secteurs économiques non financiers les plus performants. Si le système bancaire en Algérie, principal pourvoyeur de financements à l’économie et faiblement exposé aux risques de marchés financiers internationaux, est en excès structurel de liquidité, son efficacité fonctionnelle sous l’angle de l’intermédiation requise doit s’inscrire sur le sentier d’une amélioration soutenue. L’amélioration en 2009 du cadre opérationnel de l’activité bancaire par l’autorité monétaire et la Banque d’Algérie ainsi que l’augmentation du capital des banques et établissements financiers, au second semestre 2009, sont des acquis appréciables pour la stabilité financière. Ce qui milite pour un renforcement des instruments macro prudentiels, d’autant plus que les instruments micro prudentiels sont effectifs. 4. Monétisation et flux de fonds Dans une économie donnée, selon la définition usitée, la monnaie est créée à l’occasion de la monétisation des actifs non monétaires. Ces actifs sont les créances sur l’Etat et les créances sur l’économie (reconnaissance de dettes en contrepartie de distribution de crédits) ainsi que les avoirs extérieurs (acquisition de devises étrangères). En vertu de cette définition, et compte tenu de la réglementation des changes en vigueur en Algérie, les devises rapatriées par les agents économiques au titre des exportations de biens et services sont cédées à la Banque d’Algérie (100 % pour les exportations d’hydrocarbures, 50 % pour les exportations hors hydrocarbures, 50 % pour les exportations de services) contre la monnaie banque centrale. Les devises ainsi achetées, nettes de ventes des devises effectuées sur le marché interbancaire des changes au profit des agents économiques résidents pour répondre à leurs obligations de transfert vers l’étranger, alimentent les réserves officielles de change détenues par la Banque d’Algérie. Si les banques centrales, de par le monde, détiennent les avoirs extérieurs et accumulent donc des réserves de change principalement pour des raisons de politique de change et de prévention des crises, l’accumulation des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie entre 2004 et 2008 a constitué un important élément de sauvegarde («buffer») contre les chocs externes (baisses des recettes d’exportation et/ou sorties soudaines de capitaux) résultant de la grave crise financière internationale en cours. Les réserves officielles de change détenues par la Banque d’Algérie, qui sont les créances sur les pays émetteurs des devises, constituent la garantie de toute la masse monétaire (en dinars) dans l’économie nationale, c'est-à-dire en possession des agents économiques (Etat, entreprises et ménages). Si la loi définit clairement les devises étrangères comme élément de couverture de la monnaie nationale (le dinar), la contrepartie de ces réserves de change se retrouve dans l’économie nationale au niveau : • des dépôts de Sonatrach auprès de la BEA (contrepartie de cessions des recettes d’exportation d’hydrocarbures non utilisées) ; • des dépôts de l’Etat dans ses comptes tenus sur les livres de la Banque d’Algérie (part de la fiscalité pétrolière non dépensée) ; • des dépôts des autres agents économiques non financiers auprès des banques. L’utilisation des réserves de change détenues par la Banque d’Algérie par les agents économiques résidents passe par l’achat de ces réserves sur le marché interbancaire des changes contre monnaie nationale pour répondre à leurs obligations de transfert vers l’étranger, soit au titre de leurs paiements courants (importation de biens et services,…) ou de remboursements d’emprunts et investissements à l’étranger, ce qui entraîne de facto une destruction de monnaie au sens de M2. Pour mémoire, la monétisation des réserves officielles de change se retrouve, selon les données de fin décembre 2009, en ressources accumulées par l’Etat dans le Fonds de régulation des recettes pour l’équivalent de 59 milliards de dollars, en dépôts de Sonatrach auprès de la BEA pour l’équivalent de 10,6 milliards de dollars, en dépôts des agents économiques non financiers auprès des banques pour l’équivalent de 73,6 milliards de dollars et 4 milliards de dollars en dépôts en devises. En particulier, il importe de rappeler que l’Algérie a fait bon usage de ses réserves de change en en consacrant une partie au remboursement par anticipation de la dette extérieure entre 2004 et 2006, c'est-à-dire à la veille de la crise financière internationale. De plus, une position financière extérieure confortable demeure requise pour s’assurer de la bonne réalisation du programme d’investissements publics, tout en préservant la stabilité financière externe. Si l’économie nationale a été résiliente face à la crise économique mondiale en 2008 et 2009, notamment grâce à la conduite de politique financière prudente tant au plan de la balance des paiements et de la dette extérieure qu’au plan des finances internes, et a pu atteindre une croissance hors hydrocarbures proche de deux chiffres en 2009, il est aujourd’hui économiquement intelligible et même impératif d’éviter toute démarche conduisant à une mauvaise allocation des ressources (en dinars et en devises). La disponibilité des ressources en devises (réserves de change) et en dinars (fonds de régulation et liquidité bancaire) a permis à l’économie nationale de faire face à la crise économique mondiale en réalisant une performance économique robuste, tout en poursuivant le programme d’investissements publics en 2008-2009. De tels acquis, en période de grave crise économique mondiale, doivent être consolidés au profit d’une croissance économique endogène et proche de son potentiel, en préservant davantage la stabilité macro économique. Dans le cadre d’une allocation efficiente des ressources, portée par une intermédiation bancaire solide, l’adéquation avoirs extérieurs – crédits intérieurs est conduite par la Banque d’Algérie d’une manière prudente dans l’objectif de stabilité monétaire et financière. Dans cette phase de poursuite du programme d’investissements publics, nécessaire pour asseoir les bases du développement économique et social de long terme au profit des générations futures, la préservation des réserves de change de l’Algérie doit prendre une place particulière, en terme de priorité, dans la gestion macro-économique. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU PREMIER SEMESTRE DE 2010 Après l’impact du choc externe sur l’économie nationale et la contraction des ressources corrélative en 2009, les indicateurs macro-financiers du premier semestre 2010 augurent des performances meilleures en contexte de reprise fragile de l’économie mondiale, tirée par une forte reprise dans les économies émergentes qui connaissent une demande intérieure robuste. Les économies émergentes d’Asie tirent profit du fort rebond des échanges internationaux, particulièrement au premier trimestre, même si le ralentissement de la croissance de l’économie américaine au second trimestre 2010 leur pose un problème. Par ailleurs, le rebond de l’activité économique en Allemagne constitue le moteur du retour de la croissance économique dans la zone euro au premier semestre 2010, après une forte croissance négative en 2009. Après les développements positifs intervenus dans les marchés financiers internationaux et l’économie mondiale entre octobre 2009 et mars 2010, le second trimestre 2010 a été marqué par une volatilité accrue de ces marchés financiers. L’acuité de la crise de la dette souveraine de certains pays européens en avril, mai et juin 2010, dite nouvelle crise financière, a relancé la volatilité sur les marchés financiers conjuguée avec une volatilité accrue sur les marchés des changes, ce qui affecte la confiance des investisseurs. Bien que le rythme de resserrement des conditions de financement du secteur privé semble se ralentir, la reprise des financements de ce secteur demeure difficile, en dépit de taux d’intérêt faibles résultant de la poursuite de conditions monétaires accommodantes par les banques centrales des principaux pays avancés. Aux Etats-Unis, par exemple, les banques ont commencé à « relaxer » les conditions de crédits pour les PMEs et les entreprises ont mobilisé, ces derniers mois, d’importants financements sur le marché des capitaux. Dans la zone euro, quant à elle, la reprise des crédits aux ménages, notamment les crédits hypothécaires, s’est conjuguée au second trimestre 2010 avec la poursuite de la contraction des crédits aux entreprises. Après le rebond substantiel des prix des matières premières (pétrole,…) au second semestre 2009, le prix du pétrole à progresser au premier semestre 2010, contribuant à l’excédent courant extérieur des pays exportateurs de pétrole. Globalement, les indicateurs du premier semestre 2010 montre une consolidation du cadre macro de l’économie algérienne. 1. Adossée à la hausse du prix du pétrole, avec un prix moyen du baril se situant à 77,50 dollars contre 52,23 dollars pour le premier semestre 2009, l’évolution de la situation de la balance des paiements extérieurs au cours du premier semestre 2010 débouche sur un excédent appréciable du compte courant extérieur (6,57 milliards de dollars), sachant que le premier semestre de l’année passée avait enregistré un important déficit (2,47 milliards de dollars). Il s’agit du seul déficit de la décennie, témoignant de l’effet du choc externe de grande ampleur de 2009. Cette performance du compte courant extérieur résulte principalement de la forte augmentation des exportations des hydrocarbures (38,28 %, en rythme semestriel) qui ont atteint 27,60 milliards de dollars au premier semestre 2010 contre 19,96 milliards de dollars pour la même période de 2009. Le prix du pétrole constitue un facteur déterminant dans cette évolution, en situation de relative stabilisation des quantités exportées. Les exportations hors hydrocarbures, quant à elles, s’établissent à 527 millions de dollars au premier semestre 2010, indiquant une amélioration par rapport à l’année 2009. Dans ce contexte, la baisse des importations de biens à 19,33 milliards de dollars au premier semestre 2010, reflétant les mesures de prudence prises pour faire face à la crise économique mondiale, contribue à la bonne tenue de la balance commerciale. Le surplus en la matière réalisé au premier semestre 2010 (8,80 milliards de dollars) excède celui de toute l’année 2009 (7,78 milliards de dollars), indiquant le retournement de conjoncture après le choc externe de 2009. Le premier semestre 2010 se caractérise, en outre, par un amenuisement du déficit des services, pendant que l’excédent du poste revenus des facteurs (net) est en rupture franche par rapport aux années passées marquées par des déficits. Cela, conjugué à la bonne tenue du poste transferts (net), débouche sur un excédent appréciable du compte courant extérieur. A fin juin 2010, les réserves officielles de change de l’Algérie s’élèvent à 146,229 milliards équivalent dollars (hors les avoirs en DTS évalués à 1,591 milliard équivalent dollars) et la dette extérieure à moyen et long terme à 3,72 milliards de dollars, confirmant la solidité de la position financière extérieure nette de l’Algérie exprimée par l’excédent global de la balance des paiements (6,25 milliards de dollars). Ces principaux paramètres de la position financière extérieure témoignent aussi de sa résilience en contexte de chocs financiers inhérents aux risques à la hausse pour la zone euro notamment au second trimestre 2010. En dépit de l’intensification des risques de change liés à la volatilité des cours de l’euro et du dollar, la Banque d’Algérie poursuit la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d'équilibre de moyen terme, sachant l’amenuisement relatif du différentiel d’inflation à fin juin 2010 par rapport à la fin de l’année passée. En effet, au premier semestre 2010, le différentiel d'inflation entre l'Algérie et ses pays partenaires, bien qu'il baisse par rapport à fin 2009, continue à être important (4,5 %), dans un contexte de fort recul de l'euro face au dollar (près de 15 %) sur les marchés de change internationaux. En moyenne sur les six premiers mois de l'année 2010, le taux de change effectif réel du dinar est en appréciation de 0,36 % par rapport à la même période de l’année passée. Au total, l’amélioration de la balance des paiements extérieurs en 2010 et la poursuite de la consolidation du profil des réserves officielles de change de l’Algérie, permettent de poursuivre de manière résolue le programme d’investissements publics, à mesure que les épargnes financières accumulées par le Trésor sont confortées au premier semestre 2010. 2. En ce qui concerne les finances publiques sur les six premiers mois de 2010 comparativement à la même période de l’année passée, les recettes budgétaires se sont améliorées aussi bien au niveau des recettes des hydrocarbures que des recettes hors hydrocarbures, soit une progression de 14,6 %. Les dépenses budgétaires, quant à elles, ont enregistré une hausse de 4,5 %, en décaissements du Trésor, tirée principalement par les dépenses courantes. Cependant, le profil de décaissement des dépenses d’équipement se stabilise. Le solde budgétaire est très proche de l’équilibre comparativement au déficit (- 198,3 milliards de dinars) des six premiers mois de l’année passée. Ainsi, l’encours de l’épargne financière du Trésor en terme de ses dépôts auprès de la Banque d’Algérie est passé de 4396,2 milliards de dinars à fin décembre 2009 à 4688,5 milliards de dinars à fin juin 2010. Après la performance particulière en terme de préservation des ressources du Fonds de régulation des ressources face au choc externe de 2009, l’amélioration de la fiscalité pétrolière vient soutenir cette importante composante de l’épargne financière du Trésor au premier semestre de cette année. 3. Parallèlement, la situation monétaire à fin juin 2010 indique un accroissement de la masse monétaire au sens de M2 de 5,61 %. Sous l’angle de la structure de M2, cette évolution est due à l’accroissement de dépôts dans les banques de 3,8 %, dont l’accroissement de dépôts à terme de 4,91 %, et à l’accroissement de la circulation fiduciaire de 6,87 %. Quant aux dépôts dans les CCP et le Trésor, ils ont enregistré une hausse plus importante (21,39 %). Le flux de dépôts dans les banques, hors dépôts à la Banque d’Algérie, est estimé à 179,6 milliards de dinars dont celui des dépôts de l’entreprise nationale des hydrocarbures de 88,1 milliards de dinars. Il convient de signaler que l’accroissement relativement élevé (11,38 %) des dépôts du secteur des hydrocarbures au premier semestre de 2010 est dû partiellement à la hausse des prix des hydrocarbures exportés, au rapatriement partiel des actifs financiers à l’étranger de l’entreprise nationale des hydrocarbures ainsi qu’au ralentissement de ses investissements par autofinancement. L’accroissement des crédits distribués au premier semestre 2010 est estimé à 10,3 %, hors rachat par le Trésor de créances bancaires non performantes pour un montant de 217,1 milliards de dinars. Suite à cet ajustement, les crédits à moyen et long terme sont évalués à 56 % de l’encours des crédits à fin juin 2010. L’analyse des flux de crédits par secteur montre que les financements bancaires ont plus bénéficié au secteur public (55,87 %) qu’aux entreprises privées et ménages (44,13), avec une offre de crédits accrue par les banques privées. La liquidité bancaire qui avait baissé en janvier et février et augmenté au cours des trois mois suivants s’est située à fin juin 2010 à un niveau comparable à celui de fin décembre 2009. La Banque d’Algérie a continué à absorber l’excès de liquidité bancaire par des opérations de reprise de liquidité dont le montant est resté sans changement par rapport à l’année 2009 (1100 milliards de dinars) ainsi qu’en laissant aux banques l’initiative de placer leur dépôt en facilité de dépôts rémunérés (829 milliards de dinars à fin juin 2010 contre 1022 milliards de dinars à fin décembre 2009 ; les banques gardant un volet plus important de réserves libres en comptes courants. Les taux d’intervention de la Banque d’Algérie au cours du premier semestre de l’année en cours n’ont pas connu de modification. Enfin, les tensions inflationnistes s’amenuisent dans une certaine mesure, malgré l’acuité de l’inflation endogène. La hausse moyenne annuelle de l’indice des prix à la consommation s’est située à 5,41 % à juin 2010 contre 5,74 % à décembre 2009. Hors produits alimentaires, ce taux d’inflation est de 3,23 % à juin 2010 (3,73 % en décembre 2009). TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU SECOND SEMESTRE DE 2010 Au cours des années 2000, la position financière extérieure de l’Algérie s’est nettement consolidée, mais l’économie nationale reste structurellement ouverte sur le reste du monde et dépendante à l’égard des hydrocarbures. Cette dépendance fait que la balance commerciale avec l’extérieur est de facto vulnérable aux chocs externes, eu égard à la variabilité du prix du baril de pétrole voire même une volatilité en la matière. Contrairement aux décennies passées, la solidité de la position financière extérieure nette de l’Algérie des années 2000 a permis de faire face à l’important choc externe de l’année 2009 qui a engendré une contraction substantielle des ressources. Aussi, avant de présenter les principaux résultats de l’analyse des indicateurs macrofinanciers de l’économie nationale du second semestre 2010, il est nécessaire de brosser à grands traits les principales tendances de l’environnement économique international. La reprise de l’économie mondiale en 2010, quoiqu’à un rythme plus modéré au second semestre, a été tirée principalement par la forte reprise dans les économies émergentes d’Asie (9,5 % contre 7,2 % en 2009) en contexte de demande intérieure robuste et de fort rebond des échanges internationaux (12,1 % contre -10,9 % en 2009). A cela s’est associée une inflation forte, notamment en Chine et en Inde, sous l’effet de la forte augmentation des prix des produits de base et ce, en contexte de croissance rapide du crédit à l’économie et de persistance de la hausse des prix des actifs liée en partie aux entrées de capitaux. Au Brésil, par exemple, le niveau des anticipations inflationnistes est déjà élevé, pendant que le crédit per capita a doublé sur les cinq dernières années. L’acuité des tensions inflationnistes en 2010, dans la région Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA), liée à l’envolée des prix de certains produits de base, essentiellement importés, montre que le risque d’inflation est à la hausse (6,9 % contre 6,5 % en 2009). Par ailleurs, le dynamisme soutenu de la reprise dans les pays émergents a contribué à augmenter davantage les prix des matières premières dont le pétrole en 2010, débouchant sur une augmentation de l’excédent courant extérieur des pays du Moyen-Orient exportateurs de pétrole relativement à l’excédent global des pays émergents et des pays en développement. L’augmentation en 2010 de l’excédent du compte courant extérieur de la région MENA a alimenté le processus d’accumulation des réserves internationales par les banques centrales, alors que les taux d’intérêt dans la plupart des pays développés restent historiquement bas. C’est donc en contexte de conditions monétaires encore accommodantes dans la majorité des pays avancés que le deuxième semestre de l’année 2010 a été marqué par l’amélioration des conditions financières globales et ce, après une volatilité accrue des marchés financiers au second trimestre 2010 liée à la crise de la dette souveraine de certains pays européens, dite nouvelle crise financière. L’intensification des risques souverains notamment dans la zone euro s’est conjuguée à l’accentuation des risques bancaires, sachant l’acuité de la vulnérabilité des finances publiques dans les pays avancés. UNE POSITION FINANCIÈRE EXTÉRIEURE CONSOLIDÉE Adossée au redressement soutenu du prix du baril de pétrole en 2010, voire à une accélération au quatrième trimestre, la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie s’est consolidée au second semestre tout comme au cours du premier semestre. Cette performance est matérialisée par un excédent appréciable du compte courant extérieur de plus de 6 milliards de dollars réalisé au titre de chacun des deux semestres de l’année 2010, sachant que le premier semestre de 2009 avait enregistré un important déficit (-2,47 milliards de dollars) en la matière. Pour mémoire, il s’agit là du seul déficit de la décennie, témoignant de l’effet du choc externe de grande ampleur de l’année 2009. En effet, le prix du baril de pétrole a poursuivi son redressement au second semestre 2010, culminant en moyenne à 92,82 dollars en décembre. Pour l’année écoulée, le prix moyen du baril de pétrole a atteint 80,15 dollars contre 62,26 dollars en 2009. Sur une base semestrielle, le prix moyen du baril de pétrole s’est situé à 77,50 dollars au premier semestre de l’année passée contre 52,23 dollars pour le premier semestre 2009, pour ensuite atteindre 82,87 dollars au second semestre 2010. L’impact de cette évolution favorable de la variable la plus déterminante de la situation de la balance des paiements est à examiner à travers la balance commerciale, en contexte de relative stabilisation des importations de biens en rythme semestriel. La performance de la balance commerciale résultant principalement de la forte augmentation des exportations des hydrocarbures (26,4 %) est appréciable en 2010, soit un excédent de 18,81 milliards de dollars contre seulement 7,78 milliards de dollars au titre de l’année 2009. En situation de relative stabilisation voire une légère baisse des quantités exportées (-1,78 %), les exportations des hydrocarbures sont donc passées de 44,41 milliards de dollars en 2009 à 56,12 milliards de dollars en 2010, avec une performance légèrement meilleure au second semestre (28,50 milliards de dollars). Tirées par les exportations de demi produits, les exportations hors hydrocarbures ont aussi progressé au cours de l’année 2010, clôturant à 1,07 milliard de dollars contre 0,77 milliard de dollars pour 2009. C’est dans un tel contexte de faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures que les exportations des hydrocarbures qui sont de nature volatile déterminent de facto le profil du compte courant extérieur de la balance des paiements. Les importations de biens, quant à elles, qui avaient reculé au second semestre 2009, sous l’effet des mesures de prudence prises pour faire face à la crise économique mondiale, ont légèrement progressé en 2010 tout en se stabilisant en rythme semestriel : 19,33 milliards de dollars et 19,05 milliards de dollars, respectivement au premier et second semestres. La structure des importations permet d’expliciter cette bonne tenue des importations (fob) qui totalisent 38,38 milliards de dollars, à mesure que les importations de biens d’équipement et de demi-produits représentent désormais plus de 60 % des importations (caf). L’année 2010 s’est caractérisée, en outre, par un amenuisement du déficit des services (8,24 milliards de dinars contre -8,69 milliards de dinars en 2009), sous l’effet de l’augmentation des exportations de services, même si ce déficit s’est relativement élargi au second semestre par rapport au premier semestre. En effet, les importations de services ont connu une relative stabilisation avec un effet de balancier entre le recul des importations de services liés aux « bâtiment et travaux publics » et la progression des importations des « services techniques » notamment par le secteur des hydrocarbures. En tant que composante de la balance courante extérieure, le poste revenus des facteurs (net) est en quasi équilibre en 2010, soit une rupture franche par rapport aux trois années précédentes marquées par des déficits évoluant entre 1,3 et 1,8 milliard de dollars. Sachant la relative stabilisation des entrées au titre des revenus des facteurs, malgré des rapatriements plus importants au titre du rendement des réserves officielles de change en contexte de faibles taux d’intérêt au niveau international, c’est plutôt la contraction des sorties en la matière qui a été déterminante. En particulier, les transferts des revenus des investissements directs étrangers ont baissé de près d’un milliard de dollars. Les transferts courants, quant à eux, se sont stabilisés en 2010 (2,63 milliards de dollars) par rapport à l’année 2009, avec un montant plus élevé au second semestre 2010 (1,60 milliard de dollars) comparativement au premier semestre 2010. Le rapatriement des pensions et retraites représente la plus grande part des transferts courants. En conséquence, après un quasi équilibre en 2009, la balance des paiements extérieurs courants a enregistré un excédent appréciable (12,76 milliards de dollars), soit 6,17 milliards de dollars et 6,59 milliards de dollars respectivement au premier et second semestre 2010. Pour mémoire, le premier semestre 2009 avait enregistré un déficit (-2,47 milliards de dollars) en la matière. Il importe de souligner qu’après le désendettement extérieur qui a été complété avant l’avènement de la crise financière internationale, le solde de la balance des paiements courants devient l’élément pivot de la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie. Le compte de capital, quant à lui, est en surplus en 2010, tout en se limitant essentiellement au poste investissements directs étrangers contrairement aux années passées. Au total, le solde global de la balance des paiements extérieurs est évalué à 16,41 milliards de dollars en 2010 (3,86 milliards de dollars en 2009), avec une performance particulière au second semestre (10,17 milliards de dollars). Ainsi, le niveau des réserves officielles de change de l’Algérie à fin 2010 excède trois années (38,75 mois) d’importations de biens et services, pendant que la dette extérieure totale (court, moyen et long terme) s’est stabilisée et ne représente plus que 3,5 % du produit intérieur brut estimé pour 2010. Ces deux principaux paramètres de la position financière extérieure confirment la solidité de la position financière extérieure nette de l’Algérie et témoignent de sa résilience face à d’éventuels chocs extérieurs. La gestion prudente des réserves officielles de change, à un niveau permettant de faire face aux chocs externes, s’inscrit dans l’objectif stratégique de consolidation de la stabilité monétaire et financière. En dépit de risques de change accrus liés à la volatilité des cours de l’euro et du dollar, la Banque d’Algérie poursuit la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d'équilibre de moyen terme. C’est ainsi qu’en moyenne semestrielle, le taux de change effectif réel s’est stabilisé au second semestre de 2010 par rapport au premier semestre de la même année, mais à un niveau apprécié de 5,12 % par rapport à celui du second semestre de 2009. En moyenne annuelle, le taux de change effectif réel s’est apprécié de 2,64 % en 2010, sous l’effet de l’appréciation du taux de change effectif nominal de 0,53 % et de la hausse des prix relatifs de (2,06 %). Enfin, la consolidation de la position financière extérieure de l’Algérie permet de poursuivre de manière résolue le programme d’investissements publics, à mesure que les épargnes financières accumulées par le Trésor ont été confortées en 2010. DES PRINCIPAUX DÉVELOPPEMENTS MONÉTAIRES En ce qui concerne les finances publiques, les recettes budgétaires se sont améliorées aussi bien au niveau des recettes des hydrocarbures que des recettes hors hydrocarbures, enregistrant une progression de 19,1 % en 2010. Les dépenses budgétaires, quant à elles, ont enregistré une hausse de 6,3 %, en décaissements du Trésor, tirée par les dépenses courantes, alors que le profil des décaissements au titre des dépenses d’équipement se stabilise relativement. Le déficit budgétaire global inhérent au choc externe de 2009 s’est largement contracté en 2010, confirmant la viabilité des finances publiques. En particulier, l’encours de l’épargne financière du Trésor en terme de ses dépôts auprès de la Banque d’Algérie s’est accru en 2010, pour avoisiner 41 % du produit intérieur brut. De plus, vu l’importance des ressources du Fonds de régulation des ressources à fin 2010, le rôle du Trésor public en tant que créancier net du système bancaire est très significatif, comme en témoigne l’analyse de la situation monétaire. Après un taux de croissance monétaire historiquement bas enregistré en 2009 (3,1 %), l’année 2010 a été marquée par le retour à l’expansion monétaire à un rythme de 13,8 % au sens de la masse monétaire M2, en contexte de progression des avoirs extérieurs nets qui avaient été marqués par une relative stabilisation en 2009 sous l’effet du choc externe. Vu le processus de monétisation, l’agrégat avoirs extérieurs nets est la variable déterminante dans l’expansion monétaire de 2010, confirmant la tendance structurelle d’avant le choc externe de 2009. Par contre, l’augmentation de nouveau en 2010 des ressources accumulées (épargnes financières) dans le Fonds de régulation des recettes, en dépit de la forte progression des dépenses budgétaires courantes (dépenses du personnel et transferts) comparativement à leur évolution en 2009, a contribué à atténuer la monétisation. En 2010, les ressources du Fonds de régulation des recettes se sont accrues pour atteindre un encours de fin de période avoisinant 41 % du produit intérieur brut. De plus, l’absorption effective de l’excès de liquidité bancaire par la Banque d’Algérie contribue à la stérilisation, pendant que l’augmentation des réserves obligatoires fait croître la base monétaire en contexte de stabilité du multiplicateur monétaire. L’effet conjugué de la stérilisation par le Trésor et de l’absorption de l’excès de liquidité par la Banque d’Algérie contribue à ancrer davantage la stabilité monétaire et financière, même si la masse monétaire M2 s’est accrue de 13,8 % en 2010 contre 3,1 % en 2009. Cette reprise de l’expansion monétaire a été donc corrélative à celle de l’expansion des avoirs extérieurs nets, qui sont passés de 10886,03 milliards de dinars à fin 2009 à 11996,98 milliards de dinars à fin 2010. Ainsi, la forte croissance des dépôts du secteur des hydrocarbures (27,95 %) a porté le taux de progression des dépôts bancaires à 11,7 % en 2010, correspondant à des flux respectifs de 216,4 milliards de dinars et 557,9 milliards de dinars. Les dépôts des autres entreprises publiques ont enregistré une progression de 9,49 %, soit 107,65 milliards de dinars en valeur, pendant que le taux de progression des dépôts collectés par les banques auprès des entreprises privées et ménages est évalué à 8,4 %. Dans le total des dépôts collectés auprès du secteur privé, les dépôts des ménages se sont accrus de 11,1 % et ont représenté près de 68,9 % en 2010 (67,2 % en 2009), soit un ratio proche de leur part relative dans les dépôts en devises qui est de 67,1 % pour l’année 2010. Cette augmentation des dépôts bancaires (à vue et à terme) en 2010 a alimenté la liquidité des banques qui a enregistré, quant à elle, une hausse de 102,3 milliards de dinars contre une contraction en 2009 (- 14 %), témoignant de la consolidation de la capacité de fonds prêtables des banques au cours de l’année 2010. Aussi, les crédits distribués par les banques en 2010 à la clientèle entreprises et ménages, directement ou par le biais de l’investissement en obligations émises par les entreprises, ont augmenté de 15,6 % en 2010 (hors rachat de crédits non performants par le Trésor, 298,6 milliards de dinars). Cela correspond à une forte croissance des crédits en termes réels. Sous l’angle de secteur juridique, la hausse des crédits aux entreprises privées a atteint 16,2 % en 2010, légèrement en dessous du taux de croissance des crédits aux entreprises publiques (18,4 %) (hors rachats). Quant aux crédits hypothécaires aux ménages, leur progression est de 13 %. Tout cela situe l’Algérie dans le groupe de pays émergents à croissance rapide du crédit. A fin 2010, la part des crédits distribués au secteur privé est de 50,6 % contre 52,5 % en 2009, baisse due à la forte croissance des crédits à long terme au titre des secteurs publics de l’énergie et de l’eau. Le rachat des créances à court terme a eu pour résultat la hausse de la part des crédits à moyen et long terme (59,9 % à fin 2010 contre 57,2 % à fin 2009) dans le total (après rachat) des crédits distribués à fin 2010. Par ailleurs, avec les nouveaux rachats de créances sur les entreprises publiques financièrement déstructurées, les créances des banques sur l’Etat ont augmenté de 343,6 milliards de dinars en 2010, pendant que le Trésor reste créancier net du système bancaire. Il importe de souligner l’augmentation du rôle de la variable crédit dans l’expansion monétaire à partir de 2009, ancrée sur des conditions financières favorables et une résilience du système bancaire, contrairement à la situation de plusieurs pays émergents qui ont enregistré une contraction des crédits à l’économie liée à la crise financière internationale. L’analyse de l’évolution des composantes de la masse monétaire (M2) en 2010 montre les tendances suivantes : • la monnaie scripturale dans les banques (dépôts à vue et à terme en dinars) a progressé de 12,46 % en 2010 contre une baisse de 8,2 % en 2009, passant de 4300,7 milliards de dinars à fin 2009 à 4836,6 milliards de dinars à fin 2010 ; • les dépôts à terme au sens quasi monnaie ont enregistré une hausse de 13,3 %, avec une part relative dans la masse monétaire stabilisée en 2010 (30,9 % en 2010 et 31,1 % en 2009 contre 28,6 % en 2008) ; • les dépôts aux CCP et au trésor ont connu une expansion soutenue en 2010 (28,4 %, suite à la hausse de 24,6 % en 2009) ; • l’agrégat de la circulation fiduciaire, qui s’élève à 2098,6 milliards de dinars à fin 2010 contre 1 829,3 milliards de dinars à fin 2009, s’est accru de 14,7 % en 2010, rythme légèrement plus élevé que celui de M2, contre 18,8 % en 2009. La part de la monnaie fiduciaire dans M2 est passée de 22,1 % à fin 2008, à 25,5 % à fin 2009 et 25,7 % à fin 2010. Cela indique, dans une certaine mesure, le ralentissement de la vitesse de circulation de la monnaie. En effet, depuis 2006, la hausse de monnaie fiduciaire dépasse celle du PIB hors hydrocarbures, en situation de forte croissance des transactions (échanges) sur le marché informel. Cette évolution contraste avec les progrès réalisés en matière de capacité potentielle de traitement des instruments de monnaie scripturale, grâce à l’entrée en production en 2006 des deux systèmes de paiement modernes, sûrs, fiables et sécurisés. Corrélativement à la reprise de l’expansion monétaire en 2010, la liquidité des banques a augmenté de 102,3 milliards de dinars, passant de 2447,4 milliards de dinars à fin décembre 2009 à 2549,7 milliards de dinars à fin 2010. L’excès de l’offre de fonds prêtables sur le marché monétaire interbancaire s’est donc accru en 2010 et la Banque d’Algérie a continué à éponger cet excès de liquidité par l’instrument reprises de liquidité, laissant aux banques, l’initiative du recours à la facilité marginale de dépôts. Au-delà du niveau requis au titre des réserves obligatoires réglementaires, les dépôts des banques en comptes courants s’établissent à fin décembre 2010 à un niveau plus élevé que celui atteint à fin décembre 2009. Cependant, l’évolution des dépôts des banques en comptes courants a montré une grande variabilité entre mars et novembre 2010. Au cours de cette même année, la Banque d’Algérie n’a pas changé le niveau des taux d’intérêt de ses interventions sur le marché monétaire, tout comme le taux d’intérêt de la facilité de dépôts est resté sans changement. Au total, le taux d’expansion de M2 (13,8 %) a dépassé l’objectif quantitatif en la matière arrêté pour 2010 (entre 8 % et 9 %), en raison notamment des forts décaissements au titre de la hausse des dépenses budgétaires courantes. De plus, le prix moyen du baril de pétrole brut s’est établi à 80,15 dollars, alors que les projections monétaires et financières ont été faites sur la base d’un prix du pétrole de 76,5 dollars/baril. C’est dans un tel contexte de reprise significative de la croissance monétaire que la conduite ordonnée de la politique monétaire par la Banque d’Algérie a contribué à contenir les pressions inflationnistes en 2010. Le taux d'inflation a reculé à 3,9 % en 2010, alors qu’il était passé de 4,8 % en 2008 à 5,7 % en 2009. Cela témoigne, cependant, d’une relative bonne tenue des prix en Algérie comparativement à la région Moyen Orient et Afrique du Nord où le taux d’inflation s’est élevé à 6,9 % en 2010. Pour l’ensemble des pays émergents et en développement, le taux d’inflation est légèrement inférieur (6,2 % en 2010). Mais l’évolution de la masse monétaire n’est que l’un des nombreux déterminants de la variation de l’indice général des prix en Algérie. L’analyse des données sur la décennie 2000-2010 montre que l’évolution de la masse monétaire, contrepartie des avoirs extérieurs nets et des avoirs intérieurs, n’explique que 62 % environ de l’inflation. L’inflation importée y contribue pour environ 22 % et le reste est imputable à l’évolution d’autres facteurs endogènes. En ce qui concerne l’inflation importée, il convient de rappeler que l’inflation mondiale, estimée à 0,1 % dans les pays développés et 5,2 % dans les économies émergentes et en développement en 2009, s’est accélérée en 2010, respectivement à 1,5 % et 6,2 %. En particulier, les cours mondiaux des matières premières hors hydrocarbures ont progressé de 13,9 % en 2010 après la considérable baisse de 2009 (-18,9 %). Alors qu’en 2009, l’inflation, tirée par la hausse des produits agricoles frais était essentiellement endogène, de nouveau en 2010 comme en 2008, l’inflation importée a fortement contribué à l’augmentation du niveau général des prix en Algérie. En effet, les cours mondiaux annuels moyens des produits agricoles de base, notamment les céréales et la poudre de lait entier ainsi que les oléagineux, ont subi de fortes hausses de prix respectivement de 41 %, 44 % et 18,4 %. De ce fait, l’indice des prix domestiques des produits à fort contenu d’importation a reflété cette forte variation. Ainsi, les prix des 24 produits à fort contenu d’importations, dont 12 produits alimentaires, figurant dans l’indice des prix à la consommation, ont subi leurs plus fortes hausses depuis 10 ans à 7 % en moyenne annuelle. Phénomène nouveau observé au quatrième trimestre de 2010, la hausse des prix mondiaux des produits de base importés, contrairement aux périodes précédentes où sa transmission s’effectuait avec un retard de 3 à 6 mois, s’est non seulement répercutée quasi instantanément aux prix domestiques de détail mais s’est, de surcroît, amplifiée, sans doute, en raison de comportements de nature spéculative rendus possibles par l’imperfection des marchés et la faiblesse de leur régulation. Enfin, la Banque d'Algérie a poursuivi la gestion flexible du taux de change pour étayer l'objectif de la politique monétaire, tout en veillant à la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar proche de l’équilibre. Pour conclure, il importe de souligner que le second semestre de l’année 2010 a été marqué par les nouvelles dispositions législatives relatives à la monnaie et au crédit, donnant un ancrage légal à la stabilité des prix comme objectif explicite de la politique monétaire. Cette importante réforme conforte la consolidation du cadre opérationnel de la politique monétaire adopté par le Conseil de la monnaie et du crédit en 2009, lui donnant une orientation désormais prospective. La contribution de la politique monétaire à la stabilité financière est ainsi renforcée, d’autant que la reprise de la dynamique d’expansion des avoirs extérieurs en 2010 vient confirmer leur rôle accru dans le processus de création monétaire en Algérie. Pour mémoire, les avoirs extérieurs nets de la Banque d’Algérie excèdent largement, depuis fin 2005, la masse monétaire M2, confirmant la consolidation de leur rôle en tant que garantie des signes monétaires dans l’économie nationale. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU PREMIER SEMESTRE DE 2011 1. La reprise de l’économie mondiale en 2010, tirée par une forte croissance des économies émergentes et en développement, s’est poursuivie au cours du premier semestre 2011, mais à un faible rythme. La fragilité de la reprise s’est accentuée au second trimestre avec l’accentuation des risques liés à la stabilité financière. La croissance économique au niveau de beaucoup d’économies émergentes et en développement est restée forte au premier semestre 2011, notamment en Chine et en Inde mais aussi en Afrique Sub-saharienne et, dans une moindre mesure, en Amérique Latine. A l’inverse, la performance économique des pays avancés s’est affaiblie au second trimestre et les taux de chômage sont restés élevés. Des vulnérabilités sérieuses au niveau de certains de ces pays, y compris en termes de faiblesse des situations des finances publiques et du secteur financier, ont pesé sur le rythme de la reprise au premier semestre. La crise de la dette souveraine dans certains pays de la zone Euro, la hausse des prix des produits de base et des produits énergétiques, les récentes catastrophes au Japon et les développements dans certains pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont accentué les incertitudes. Au niveau global, la volatilité financière a fortement repris et les tensions sur les marchés interbancaires se sont accrues, alimentées par la crise de la dette souveraine au niveau de la zone euro et par la faiblesse de l’activité dans les économies avancées au second trimestre 2011 en dépit de la poursuite de politiques monétaires stimulantes aux Etats Unis et dans la zone euro, notamment à travers différents programmes d’assouplissement quantitatif. Les conditions monétaires restent ainsi très accommodantes, malgré la reprise de l’inflation tant aux Etats-Unis que dans la zone euro ; l’inflation sous jacente demeurant, cependant, faible. En revanche, plusieurs banques centrales des pays émergents ont pris des mesures de resserrement monétaire pour contenir la forte croissance des crédits. Celleci demeure cependant élevée, alimentée par d’importants flux de capitaux vers ces pays, et les taux d’intérêt restent en dessous de leur niveau d’avant la crise financière internationale. Le caractère volatile des entrées de capitaux, en contexte de tensions inflationnistes enregistrées au premier semestre 2011, accentue la vulnérabilité financière dans certains pays émergents. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), les incertitudes au niveau global et les évènements récents dans la région ont un impact négatif sur l’activité économique et la situation financière de certains pays, notamment en raison de la contraction des recettes de tourisme, des transferts des travailleurs à l’étranger, des flux de capitaux et d’investissement qui ont contribué au ralentissement de l’activité économique et à la hausse du chômage, pendant que les pressions inflationnistes, inhérentes à la hausse des prix mondiaux des produits alimentaires et de l’énergie, se sont accrues. Les pays de la région, en fonction de leur situation budgétaire, ont dû recourir à l'augmentation des dépenses budgétaires pour soutenir la demande intérieure et atténuer l'érosion du pouvoir d'achat des ménages, notamment les plus démunis. Les mesures budgétaires au premier semestre 2011 ont consisté essentiellement en l’augmentation des subventions des prix des produits alimentaires et des transferts sociaux, notamment aux chômeurs, la réduction des taxes sur les produits de base, la hausse des salaires, l’augmentation de l'emploi dans la fonction publique, et le financement bonifié du logement. En conséquence, plusieurs pays non exportateurs de pétrole de la région ont enregistré d’importants déficits budgétaires et de comptes courants extérieurs, mettant en avant l’acuité des besoins de financement. Pour certains de ces pays, des signes de durcissement des conditions de financement externe on déjà commencé à apparaître, au vu de l'augmentation des primes de risque, alors que les marchés financiers intérieurs demeurent fragiles et les créances bancaires non performantes augmentent. Pour les pays exportateurs de pétrole de la région, l’importante épargne budgétaire et l’accroissement substantiel des réserves de change, liés au niveau élevé des prix de pétrole, offrent une marge de manœuvre appréciable. 2. En Algérie, au premier semestre 2011, le solde de la balance courante est appréciable (9,65 milliards de dollars), soit un excédent bien au delà de ceux enregistrés au premier semestre (6,57 milliards de dollars) et au second semestre (5,59 milliards de dollars) de l’année passée. Cette performance est due à la hausse des recettes d’exportation des hydrocarbures qui, à la faveur de la hausse des prix sur le marché international (112,66 dollars/baril contre 77,50 dollars au premier semestre 2010), passent de 27,60 milliards de dollars au premier semestre 2010 (56,12 milliards de dollars en rythme annuel) à 35,85 milliards de dollars au premier semestre 2011. Au cours de ce semestre, la structure des exportations montre que la part des hydrocarbures liquides est de 72 % contre 28 % pour les hydrocarbures gazeux. Quant aux exportations d’hydrocarbures en volume, elles ont enregistré une diminution d’environ 3 % au premier semestre 2011 par rapport à la même période de l’année passée. Cela a touché aussi bien les hydrocarbures liquides que les hydrocarbures gazeux. Compte tenu de l’importance de la variable prix du pétrole, il est utile de noter l’incertitude liée à son évolution en 2011. En effet, après la hausse continue depuis septembre 2010, le prix du baril a poursuivi la tendance haussière jusqu’à avril 2011, atteignant un « pic » de 125,62 dollars/baril en moyenne en avril 2011, soit le plus haut niveau de prix depuis deux ans et demi, suivi par une baisse soudaine en mai et juin 2011. En dépit de leur faiblesse structurelle, les exportations hors hydrocarbures ont progressé au premier semestre 2011, atteignant leur niveau de l’année 2009 (0,77 milliard de dollars) contre 0,53 milliard de dollars pour le premier semestre 2010. En rythme semestriel, la hausse globale enregistrée est de près de 46 %, alors que la progression de la principale rubrique (demi produits : 76 % du total) est de 30 %. Les importations de biens (fob), quant à elles, sont en hausse de 15,7 %, atteignant 22,37 milliards de dollars au premier semestre 2011 contre 19,33 milliards de dollars au cours de la même période de l’année passée. Cette hausse porte plus particulièrement sur les produits alimentaires (60,7 %), les produits bruts (36,1 %) et les biens d’équipement (12,4 %). A titre d’exemple, les importations (caf) des trois principaux produits alimentaires (céréales, lait et sucre) se sont élevées à 3,44 milliards de dollars au premier semestre 2011, soit quasiment la valeur des importations annuelles de 2010 (3,66 milliards de dollars); les céréales représentant 59,4 % de ces importations. Cette augmentation des importations des produits alimentaires de base répond au souci d’une disponibilité accrue de ces produits sur le marché domestique. En revanche, les biens d’équipement et les demi-produits ont augmenté modérément (9,2 %), pendant que le montant des importations de produits alimentaires et de biens de consommation a atteint près de 90 % de celui des importations de biens d’équipement industriels au premier semestre 2011. Cela indique clairement une modification de la structure des importations de l’Algérie, au détriment des biens d’équipement et des demiproduits qui représentaient les deux tiers en 2010. Mais, cette nouvelle tendance ne peut être que conjoncturelle, d’autant qu’elle résulte notamment d’un fort effet prix inhérent aux importations des biens alimentaires et des biens de consommation. Pour ce qui est des matières premières et des demi-produits, la forte hausse de leurs prix à l’importation a été contrebalancée par une contraction en volume. Pour l’ensemble des importations, leur contraction en volume s’est établie à près de 9 % par rapport au premier semestre 2010. Le solde net négatif des services hors revenus des facteurs s’élargit au premier semestre 2011, sous l’effet d’une baisse relative des exportations de services en contexte d’augmentation des importations en la matière. Cette importante hausse (13,9 %) par rapport au premier semestre 2010 concerne pour l’essentiel les importations des services techniques par les entreprises, principalement celles du secteur des hydrocarbures, des services des transports et des services des administrations publiques. Le solde des revenus des facteurs est également négatif, en raison notamment des transferts, plus importants, des associés de l’entreprise nationale des hydrocarbures et des revenus au titre des investissements à l’étranger en baisse par rapport au premier semestre 2010. Le déficit du compte de capital du premier semestre 2011, quant à lui, est dû aux importants remboursements au premier trimestre 2011 du principal de la dette extérieure, soit 0,99 milliard de dollars contre 0,17 milliard de dollars pour tout le premier semestre 2010. Cela visait à réduire la dette extérieure à court terme dont l’encours est donc passé de 1,778 milliard de dollars à fin décembre 2010 à 0,989 milliard de dollars à fin juin 2011. Hors rapatriements du portefeuille d’actifs financiers du secteur des hydrocarbures, les flux d’entrées de capitaux au titre des investissements directs étrangers bruts sont passés de 0,980 milliard de dollars au premier semestre 2010 à 1,331 milliard de dollars au premier semestre 2011, correspondant à une amélioration en la matière à en juger, par ailleurs, par les intentions d’investissement enregistrées. Le solde global de la balance des paiements du premier semestre 2011 a atteint 9,11 milliards de dollars, soit plus de 4 milliards en rythme trimestriel, alimentant l’accumulation des réserves officielles de changes. Ainsi, avec le flux de réserves du premier semestre 2011 et l’effet de valorisation, l’encours des réserves de change (avoirs en DTS et or non compris) s’élève à 173,91 milliards équivalent dollars à fin juin de l’année en cours. La position financière extérieure nette de l'Algérie est ainsi consolidée, en situation de recul de la dette extérieure, d’autant que la gestion flexible du taux de change par la Banque d'Algérie contribue de manière effective à la stabilité financière externe. L’intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes a eu pour résultat le maintien du taux de change effectif réel du dinar quasiment à son niveau d'équilibre à moyen terme, en dépit de la volatilité accrue des cours de change des principales devises marquée par une dépréciation du dollar par rapport à l’euro. Quant au cours du dinar, il s’est apprécié par rapport au dollar, pendant qu’il s’est corrélativement déprécié par rapport à l’euro au premier semestre 2011 relativement à la même période de l’année passée ; les paiements extérieurs s’effectuant à concurrence de 45 % en euro contre 51 % pour le dollar. En moyenne, sur le premier semestre 2011 par rapport aux six premiers mois de l’année passée, le taux de change effectif réel du dinar s’est légèrement déprécié (1,33 %), après une appréciation de 2,6 % en 2010. En outre, le premier semestre 2011 est marqué par un amenuisement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux partenaires commerciaux. En conséquence, le différentiel d’inflation entre l’Algérie et la zone Euro s’est significativement réduit à 1,8 point de pourcentage contre 4,1 points en juin 2010. 3. L’évolution favorable des prix des hydrocarbures au premier semestre 2011 s’est matérialisée par des recettes budgétaires provenant des hydrocarbures bien accrues par rapport au premier semestre de l’année passée (36,3 %), s’établissant à 2045,2 milliards de dinars. Elles ont atteint 70,3 % des recettes budgétaires totales contre 66,3 % au titre de l’année 2010. Quant aux recettes hors hydrocarbures, elles ont progressé moins vite et ne représentent que 28,3 % du total des recettes budgétaires (33,6 % en 2010). Sous l’angle de la couverture des dépenses budgétaires en hausse, l’amélioration de la fiscalité pétrolière au premier semestre 2011, notamment au second trimestre, contribue à la nécessaire marge de manœuvre budgétaire. Si les dépenses budgétaires totales enregistrent une augmentation significative en contexte de quasi stabilisation des dépenses d’équipement en rythme semestriel (891 milliards de dinars au premier semestre 2011), la forte augmentation des dépenses courantes résulte principalement de celle des dépenses de personnel et des transferts courants. Cette dernière rubrique s’établit à 1150,3 milliards de dinars au premier semestre de l’année en cours, décaissés principalement au second trimestre, et en accroissement de 70,3 % par rapport à leur montant du premier semestre de 2010 (675,6 milliards de dinars). En particulier, les subventions aux EPA sont en très forte hausse ainsi que les différents autres soutiens pris en charge par le budget, témoignant de l’effort accru de l’Etat en terme de couverture sociale en 2011. Les dépenses de personnel ont également augmenté, mais à un rythme moindre que les transferts. L’augmentation significative de ces deux types de dépenses accentue ainsi le relais que constituent les dépenses publiques dans la formation des revenus. En outre, le taux de couverture des dépenses de fonctionnement par les recettes hors hydrocarbures se situe à 42,1 % au premier semestre 2011 contre 54,8 % en 2010. Ce ratio s’est stabilisé en 2010 par rapport à son niveau de 2009 et ce, après une baisse de 2006 à 2008. Après deux années de déficit budgétaire, le solde global des opérations du Trésor est en équilibre au premier semestre 2011. Cela renforce la viabilité des finances publiques, même si l’encours des ressources du fonds de régulation des recettes s’est stabilisé au premier semestre 2011. 4. Quant aux indicateurs de la situation monétaire à fin juin 2011, ils montrent un accroissement relativement important de la masse monétaire, principalement par la monétisation des avoirs extérieurs, ainsi qu’une progression globalement appréciable des crédits à l’économie. Au premier semestre 2011, la masse monétaire M2 s’est accrue de 8,62 %, correspondant à un rythme d’accroissement à la hausse par rapport au rythme semestriel des deux années passées. Il s’agit d’un accroissement bien supérieur à celui enregistré au cours des six premiers mois de 2010 (5,73 %) et de toute l’année 2009 (3,12 %) ; l’année 2009 ayant enregistré une expansion monétaire historiquement basse sous l’effet de l’important choc externe. Le fort rythme de croissance de l’agrégat monétaire M2 au premier semestre 2011 est principalement dû à l’effet de la monétisation des avoirs extérieurs, reflétant la poursuite soutenue du rôle des avoirs extérieurs nets dans le processus de création monétaire après le choc externe de 2009. En effet, l’accroissement de la masse monétaire à fin juin 2011 par rapport à fin décembre 2010 a pour contrepartie principale la hausse appréciable des avoirs extérieurs de la Banque d’Algérie et la progression des crédits à l’économie. Si les avoirs extérieurs nets de la Banque d’Algérie sont en hausse de 627,27 milliards de dinars (+ 5,22 %), les crédits à l’économie (y compris les rachats de crédits non performants par le Trésor) progressent de 364,58 milliards de dinars (+ 11,16 %), contribuant à la création monétaire pour environ 74 % et 26 % respectivement. La hausse des crédits distribués à l’économie contribue donc dans une certaine mesure à cette expansion monétaire. Les crédits distribués par les banques opérant en Algérie aux entreprises et ménages, directement ou par le biais de l’investissement en obligations émises par les entreprises, ont significativement augmenté au premier semestre 2011, confirmant la poursuite du dynamisme des crédits à l’économie et situant l’Algérie dans le groupe de pays émergents à croissance rapide du crédit. De plus, la hausse des crédits (hors obligations) concerne aussi bien les banques publiques (11,29 %) que les banques privées (16,44 %), pendant que son rythme est inégal entre les banques. Cependant, sous l’angle sectoriel, l’évolution des crédits distribués par les banques est contrastée au premier semestre 2011, à mesure que la hausse appréciable des crédits aux entreprises privées (10,21 %) s’est accompagnée d’une hausse plus importante des crédits au secteur public (13,48 %) et une hausse modérée des crédits aux ménages (3,47 %). Néanmoins, les crédits immobiliers aux ménages se sont accrus de 12,50 % et ont atteint 74 % du total des crédits aux ménages (68 % à fin 2010). La part des crédits au secteur privé (entreprises privées et ménages) dans le total des crédits distribués net des rachats se stabilise au premier semestre (55,18 %). Parallèlement, la part des crédits à court terme est en baisse au profit des crédits à moyen et long terme, soit 62,57 % contre 59,89 % à fin décembre 2010. Le dynamisme du financement à moyen et long terme de projets d'investissement, notamment en syndication bancaire, est ainsi conforté et appuyé par un rallongement des maturités de financement bancaire. Ce dernier phénomène se révélera davantage au second semestre de 2011, sous l’effet de l’impulsion apportée par les pouvoirs publics (soutien financier). Dans cette perspective, le Conseil de la monnaie et du crédit a édicté en juin 2011 un règlement portant cadre de traitement des intérêts non recouvrés comptabilisés au titre des créances bancaires éligibles au rééchelonnement au profit des petites et moyennes entreprises (PME) en difficulté, bénéficiant du soutien financier de l’Etat. Il est clairement précisé que les créances classées, objets de rééchelonnement dans le cadre du soutien financier consenti par l’Etat, sont celles constatées à fin avril 2011, nettes des intérêts non recouvrés. En outre, dans un contexte de forte croissance des crédits à l’économie, le taux d’intérêt moyen pondéré par type de crédits a légèrement diminué au premier semestre par rapport à son niveau de fin 2010 et fin 2009. Ainsi, des conditions financières favorables et une solidité financière renforcée des banques contribuent à conforter le rôle du canal crédit dans l’allocation des ressources d’épargne financière accrues en 2011, qu’il s’agisse des dépôts des ménages et entreprises privées ou des entreprises publiques, y compris celles des hydrocarbures. En tant que contrepartie de la masse monétaire, les créances nettes sur l’Etat restent sans changement important au premier semestre 2011 ; la stérilisation par le Trésor ayant faiblement joué au cours de ce semestre, même si le Trésor reste créancier net du système bancaire. A fin juin 2011, les créances nettes des banques sur le Trésor n’ont progressé que de 27,26 milliards de dinars, alors que les créances nettes (dépôts) du Trésor sur la Banque d’Algérie ont enregistré une hausse de 315,04 milliards de dinars. En effet, les nouveaux rachats de créances non performantes par le Trésor au premier semestre 2011, par émission de titres, ont été contrebalancés par la baisse des bons du Trésor dans les portefeuilles des banques et par la hausse des dépôts de ce dernier dans les banques. En matière de structure de la masse monétaire, à fin juin 2011, la part des dépôts dans les banques baisse légèrement à 63,81 % contre 65,28 % à fin 2010, sous l’effet de la baisse de la part des dépôts à vue, pendant que la part des dépôts dans les CCP et Trésor augmente d’un point, alors que celle de la monnaie fiduciaire en circulation reste relativement stable à 26 %. Pour les six premiers mois de 2011, les dépôts à vue dans les banques se sont accrus de 6,55 %, soit un rythme inférieur à celui des dépôts à terme (y compris les dépôts en devises) (7,22 %), pendant que les dépôts au CCP et au Trésor, quant à eux, enregistrent une hausse bien plus importante (21,84 %). Par ailleurs, la monnaie fiduciaire en circulation a continué à progresser significativement (10,21 %) indiquant la persistance de la demande de cash liée au phénomène d’expansion du marché informel et/ou thésaurisation. L’envolée des retraits de monnaie fiduciaire auprès des CCP durant les six premiers mois de 2011, en contexte de faible reflux en la matière via les banques, a amené la Banque d’Algérie à accroître significativement la production et l’émission de billets de banque. En effet, à fin juin 2011, la masse monétaire (hors dépôts du secteur des hydrocarbures) a progressé de 10,67 % contre 8,62 % pour l’agrégat M2 au sens large, puisque les dépôts du secteur des hydrocarbures ont enregistré une contraction de 6,29 % par rapport à décembre 2010. Cette contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures s’est matérialisée, pour l’essentiel en juin 2011, en dépit de l’évolution favorable des prix des hydrocarbures, suite aux différentes régularisations de la fiscalité pétrolière intervenues en juin 2011 ; les cinq premiers mois ayant enregistré une expansion de l’encours de ces dépôts (26,99 %). En conséquence, face à la contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures à fin juin 2011 par rapport à fin décembre 2010, les dépôts à vue et à terme en dinars des entreprises privées et des ménages au niveau des banques se sont consolidés davantage au premier semestre 2011 (8,32 %). En situation de stabilisation des dépôts en devises, l’importance accrue des dépôts en dinars des ménages, alimentée par l’augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires, contraste avec le niveau des crédits bancaires qui leurs sont accordés. Ces derniers sont évalués à 261,61 milliards de dinars à fin juin 2011, représentant seulement 13,91 % des dépôts en dinars des ménages qui atteignent 36,57 % de l’ensemble des dépôts en dinars et qui sont stables. Cela confirme la faiblesse de l’intermédiation bancaire au profit des ménages et par là, le potentiel en matière de développement des crédits hypothécaires par les banques. Cela doit être appuyé par une amélioration soutenue des services bancaires de base à la clientèle dans l’objectif d’une inclusion financière accrue. Le processus de création monétaire en termes de flux de fonds entre le reste du monde et les agents de l’économie nationale et entre ces derniers (secteur des hydrocarbures, Etat, reste de l’économie nationale, banque centrale et banques) indique, qu’au premier semestre 2011, les agents économiques « entreprises hors hydrocarbures et ménages » ont vu leurs comptes financiers se consolider. Ainsi, la diminution de l’épargne financière des entreprises du secteur des hydrocarbures, matérialisée par une contraction de leurs dépôts bancaires à concurrence de 62,2 milliards de dinars, s’est conjuguée à l’importante augmentation des avoirs financiers des agents « entreprises hors hydrocarbures et ménages » (887 milliards de dinars). Ce flux d’avoirs financiers, alimenté aussi par les crédits obtenus, se répartit en 386,9 milliards de dinars en dépôts bancaires, 154,4 milliards de dinars en dépôts aux CCP et au Trésor, 214,3 milliards de dinars en monnaie fiduciaire et, enfin, 131,4 milliards de dinars en titres du Trésor acquis auprès des banques. A la faveur de cette dernière opération, l’excès de liquidité des banques reste structurel et en hausse pour les six premiers mois de l’année 2011 (+ 136,2 milliards de dinars), en situation de flux positif des dépôts bancaires (363,31 milliards de dinars) proche des flux de crédits (364,58 milliards de dinars). La Banque d’Algérie a continué à résorber l’excès de liquidité par des opérations de reprise à sept jours et trois mois pour un total de 1100 milliards de dinars et les banques ont régulièrement placé les montants en sus de l’objectif de constitution des réserves obligatoires en facilité de dépôts rémunérés à 24 heures. A l’exception des mois de février et mai, le montant total de ces placements en facilité de dépôts rémunérés a excédé l’encours des reprises de liquidités (1100 milliards de dinars) au cours du premier semestre 2011. En conséquence, le montant des réserves libres s’est contracté au premier semestre 2011, à l’exception de février et mai 2011, reflétant le caractère effectif de la résorption de l’excès de liquidité par la Banque d’Algérie. Au cours du premier semestre 2011, les banques ont consolidé leurs indicateurs de solidité financière. En effet, le ratio de solvabilité reste appréciable à près de 21 %, pendant que les deux ratios de liquidité sont élevés comme à fin 2010. En outre, il importe de souligner que le niveau des créances non performantes déclarées par les banques est en baisse passant de 19,05 % du total des crédits distribués à fin 2010 à 16,63 % à fin juin 2011. Cette amélioration est due à l’effet conjugué de la baisse du niveau des créances non performantes et de la hausse de l’encours des crédits distribués. Pour développer davantage le cadre opérationnel de la stabilité financière et en phase avec les nouvelles normes du Comité de Bâle, une réglementation en matière d’identification, mesure, gestion et contrôle du risque de liquidité a été édictée par le Conseil de la monnaie et du crédit en mai 2011. En outre, ce règlement institue un coefficient de liquidité minimum que les banques et les établissements financiers doivent respecter à tout moment. L’évaluation faite par la Banque d’Algérie dès juin 2011 indique que les banques de la place satisfont à cette exigence ; cette année se caractérisant par une liquidité bancaire plus ample et largement disséminée. Aussi, dans le but d’asseoir une meilleure pratique de gestion de liquidité et de suivi des opérations interbancaires et d’améliorer la qualité des reporting prudentiels, le Conseil de la monnaie et du crédit a également édicté en mai 2011 un second règlement instituant un système de surveillance interne et de limitation par contrepartie des encours de prêts et d’emprunts interbancaires, notamment ceux opérés sur le marché monétaire, que les banques et établissements financiers sont tenus de mettre en place. Ces deux nouveaux dispositifs, qui viennent renforcer les instruments de supervision et de contrôle, contribuent à renforcer davantage la stabilité et la solidité du système bancaire algérien. Ils consolident de facto le cadre opérationnel de prévision et de suivi fin de la liquidité bancaire par la Banque d’Algérie et ce, dans le cadre de sa conduite de la politique monétaire. Le suivi et le contrôle de l’inflation émergent désormais au premier plan en la matière, en application des nouvelles dispositions législatives relatives à la monnaie et au crédit (août 2010). Sous l’angle des déterminants de l’inflation, il faut noter l’accélération de la hausse de la masse monétaire M2, qui contribue avec un retard de six mois, à environ 62 % à la hausse des prix. En effet, à fin juin 2011, la masse monétaire M2 a augmenté de 16,91 % en glissement annuel (contre 13,8 % en décembre 2010) et de 8,62 % en six mois. Cette tendance haussière, conjuguée à la hausse des cours des produits agricoles importés, amplifie l’inflation des prix intérieurs, d’autant que l’inflation s’est accélérée aux Etats-Unis et en Europe. Au premier semestre 2011, les prix à la consommation dans le Grand Alger ont augmenté de 3,76 % en moyenne semestrielle (6 mois 2011/6 mois 2010) contre 4,62 % en juin 2010 portant l’indice des prix à 141,1 points, base 100 en 2001. En juin 2011, l’inflation annuelle moyenne a atteint 3,49 % contre 5,41 % un an auparavant et la hausse des prix en glissement annuel est estimée à 3,69 % contre 6,11 % en juin 2010. Le glissement annuel des moyennes trimestrielles de l’indice (rapport des indices moyens des trimestres de même rang successifs) indique un ralentissement de l’inflation : hausses de 3,49 % et 4,03 % au premier et au second trimestre 2011 contre respectivement 4,32 % et 4,93 % en 2010. Il faut relever la forte hausse des prix en glissement annuel des produits alimentaires (9,66 % mais 2,54 % en moyenne annuelle), générée principalement par l’inflation des produits agricoles frais (14,9 %) et dans une moindre mesure par celle des produits alimentaires industriels (5,6 %). Cependant, en matière de contribution à l’inflation annuelle moyenne, il est observé la régulière décroissance de celle des produits alimentaires qui n’est plus que de 33,5 % à juin 2011 contre 49,5 % en décembre 2010, alors que celles des transports et des produits divers sont à la hausse et ont atteint respectivement 15,5 % et 32,5 %, en hausse de 4,6 et 8,9 points de pourcentage. Au total, en dépit de l’accélération du rythme d’expansion de la masse monétaire sous l’effet de la hausse des avoirs extérieurs nets et des crédits à l’économie, et de celle des dépenses budgétaires courantes, notamment les dépenses de personnel et des transferts, en contexte d’augmentation des prix des biens alimentaires importés, le rythme de l’inflation s’est ralenti au premier semestre 2011 comparativement au premier semestre 2010. Enfin, les mesures prises par les pouvoirs publics visant à réduire l’effet de l’inflation importée et à endiguer les dysfonctionnements du marché intérieur ont largement contribué à atténuer l’effet du choc des prix de début d’année sur le niveau général des prix, même si les marchés restent insuffisamment régulés en contexte d’ajustement à la hausse des revenus, alimentée par la sphère budgétaire, et d’expansion corrélative des épargnes financières des ménages et entreprises privées. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU SECOND SEMESTRE DE 2011 1. Après plus de deux ans de crise économique et financière, l’économie mondiale a retrouvé en 2010 le sentier de la reprise. Celle-ci, tirée par une forte croissance des économies émergentes et en développement, s’est poursuivie au cours du premier semestre 2011, mais à un faible rythme. La fragilité de la reprise s’est accentuée au second trimestre 2011, trimestre marqué par un affaiblissement de la performance économique des pays avancés en contexte d’intensification des risques liés à la stabilité financière. En particulier, la volatilité financière a fortement repris et les tensions sur les marchés interbancaires se sont accrues au troisième et quatrième trimestres 2011, alimentées par l’acuité de la crise de la dette souveraine au niveau de la zone euro et ce, en dépit de la poursuite de politiques monétaires accommodantes dans la zone et aux Etats Unis, notamment à travers différents programmes d’assouplissement quantitatif opérés par les banques centrales. Les risques financiers se sont nettement intensifiés au quatrième trimestre 2011, affectant les économies émergentes et en développement à travers notamment la forte réduction des flux des capitaux. Des vulnérabilités sérieuses au niveau de certains pays avancés, notamment en termes de faiblesse des situations des finances publiques et du secteur financier et d’interaction négative entre les risques souverain et bancaire, ont pesé sur le rythme de la reprise au premier semestre 2011, avec un affaiblissement de l’activité économique depuis août 2011. En effet, dans la zone euro, l’acuité de la crise de la dette souveraine conjuguée aux tensions accrues en matière de sources de financement des banques a pesé sur l’activité économique en 2011 (1,6 % contre 1,9 % en 2010), notamment au quatrième trimestre où certaines économies de la zone sont rentrées en récession à l’exemple de l’Italie et des PaysBas, ralentissant ainsi la croissance des économies avancées. En conséquence, le taux de chômage reste élevé dans la zone euro à fin 2011 (10 %), à l’exception de l’Allemagne, pendant que les tensions inflationnistes se sont amenuisées au quatrième trimestre. Parallèlement, le taux de change de l’euro par rapport au dollar a connu un excès de faiblesse en novembre et décembre 2011, en raison notamment du prolongement de la crise de la dette souveraine. La croissance de l’économie américaine, quant à elle, s’est renforcée au troisième trimestre 2011, contribuant par là significativement au rebond de la production globale. Le taux de croissance de l’économie américaine est estimé à 1,8 % en 2011 (3 % en 2010), tirée au second semestre surtout par la reprise de la consommation privée et la progression des investissements des entreprises. Aussi, la situation de l’emploi a continué à s’améliorer au cours des derniers mois et le taux de chômage a reculé à 8,5 % en décembre en contexte de moindres tensions inflationnistes ; l’inflation ayant atteint son « pic » en octobre 2011 dans les économies avancées avec, cependant, des anticipations inflationnistes bien ancrées. Par ailleurs, si la croissance économique de nombre d’économies émergentes et en développement est restée forte au premier semestre 2011, notamment en Chine et en Inde, et dans une moindre mesure en Amérique Latine, le troisième trimestre 2011 est marqué par la transmission de l’effet de ralentissement de l’activité de certaines économies avancées aux économies émergentes et en développement. La crise de la dette souveraine dans la zone euro, principal facteur de détérioration récente de la situation macroéconomique globale, l’intensification corrélative des risques bancaires surtout au quatrième trimestre 2011, le relatif fléchissement des cours des produits de base, le resserrement de la politique macroéconomique et les développements récents dans certains pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord ont accentué le ralentissement de la croissance des économies émergentes et en développement en 2011 (6,2 % contre 7,3 % en 2010), entraînant, par là, une détérioration des perspectives de croissance à court terme. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), les incertitudes au niveau global ont eu un impact négatif sur l’activité économique dont le rythme de croissance est estimé à 3,1 % en 2011 (4,3 % en 2010), notamment en raison de la contraction des recettes de tourisme, des transferts des travailleurs à l’étranger et des flux de capitaux et d’investissement. En conséquence, la hausse du chômage s’est conjuguée aux pressions inflationnistes accrues. La situation financière de certains pays s’est nettement détériorée en contexte d'augmentation des dépenses budgétaires, pour soutenir la demande intérieure et atténuer l'érosion du pouvoir d'achat des ménages, notamment les plus démunis. Les mesures budgétaires prises en 2011 ont consisté essentiellement en l’augmentation des subventions des prix des produits alimentaires et des transferts sociaux, notamment aux chômeurs, la réduction des taxes sur les produits de base, la hausse des salaires, l’augmentation de l'emploi dans la fonction publique et le financement bonifié du logement. Il en a résulté que plusieurs pays non exportateurs de pétrole de la région ont enregistré d’importants déficits budgétaires et de comptes courants extérieurs en 2011, mettant en avant l’acuité de leurs besoins de financement tant internes qu’externes. Pour les pays exportateurs de pétrole de la région, par contre, l’importante épargne budgétaire et l’accroissement substantiel des réserves de change, liés au niveau encore élevé des prix du pétrole, offrent une marge de manœuvre appréciable. C’est à la lumière de ces éléments de l’environnement international, que sont traités ci-après les développements financiers et monétaires récents de l’économie algérienne qui s’inscrivent dans la consolidation de la position financière externe. La stabilité financière externe émerge particulièrement en 2011, après le choc externe de l’année 2009. 2. Compte tenu de l’importance de l’évolution du prix du pétrole pour la balance des paiements algérienne, il est utile de noter que le marché international de l’énergie a été marqué par la stabilisation du prix du baril de brent au second semestre 2011, puisqu’il a oscillé entre 110 et 120 dollars depuis début mai (107 dollars à fin décembre 2011 et 111 dollars en moyenne annuelle). Si du coté de la demande, il est observé un tassement de la consommation d’énergie fossile émanant des pays développés face à des besoins grandissant des pays émergents, les incertitudes liées à l’offre persistent. Le prix moyen du baril de pétrole algérien, après un trend haussier au cours des quatre premiers mois de 2011, culminant à 125,621 dollars en avril, a enregistré une relative stabilisation au cours des sept mois suivants. Le prix moyen a oscillé entre 111,390 (plancher en août) et 118,011 dollars au cours des mois de mai à novembre, pour terminer l’année 2011 à 108,930 dollars en décembre. En effet, le prix moyen du baril est passé de 107,223 dollars/baril au premier trimestre à 118,604 dollars/baril au second trimestre, pour ensuite fléchir à 114,326 et 111,514 dollars/baril respectivement aux troisième et quatrième trimestres de l’année sous revue. En moyenne semestrielle, l’évolution du prix moyen du baril de pétrole algérien indique une stabilité en 2011, soit 112,937 dollars au second semestre (82,87 dollars pour le second semestre 2010) contre 112,675 dollars au premier semestre (77,50 dollars pour le premier semestre 2010). Avec un prix moyen annuel de 112,811 dollars/baril, en progression de 40,75 % par rapport au prix moyen de l’année 2010 (80,15 dollars), et une diminution de 4,89 % des exportations d’hydrocarbures en volume, les recettes d’exportation d’hydrocarbures ont atteint 71,44 milliards de dollars en 2011, dont 49,55 % au titre du second semestre. Cela correspond à une progression de 27,30 % par rapport à leur niveau de l’année précédente (56,12 milliards de dollars). Le niveau appréciable des recettes d’exportation des hydrocarbures en 2011 comporte un profil trimestriel caractérisé par une stabilisation, soit 18,01 milliards de dollars au premier, 18,03 milliards de dollars au second, 17,79 milliards de dollars au troisième et 17,62 milliards de dollars au quatrième. En conséquence, cette stabilité est également observée en rythme semestriel corrélativement au prix moyen du pétrole. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles ont progressé en 2011 de 25,77 %, atteignant un niveau de 1,22 milliard de dollars contre 0,97 milliard de dollars au titre de l’année 2010. Cependant, la performance en la matière a été meilleure au second semestre 2011 (0,66 milliard de dollars). La persistance de la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures confirme les faibles diversification et compétitivité externe, pendant que l’année 2011 est marquée par une forte augmentation des importations. En effet, les importations de biens (fob) sont en hausse de 13,63 % en 2011, atteignant 44,19 milliards de dollars (21,10 milliards de dollars au second semestre) contre 38,89 milliards de dollars en 2010. En rythme semestriel, ces importations ont diminué au second semestre par rapport au premier, pendant que le deuxième trimestre de l’année sous revue a enregistré le niveau d’importations le plus élevé (12,21 milliards de dollars). Il s’agit là d’une hausse de 12,12 % par rapport au premier trimestre (10,89 milliards de dollars), suivie par deux trimestres de baisse consécutive notamment en ce qui concerne les importations des biens d’équipement. L’augmentation des importations des produits alimentaires et des biens de consommation au second trimestre indique la forte propension à importer en la matière en 2011, pendant que le choc sur les prix des produits de base en début d’année a amené les pouvoirs publics à prendre des mesures visant à assurer une disponibilité accrue de ces produits sur les marchés intérieurs. Le solde net négatif des services hors revenus des facteurs a légèrement diminué en 2011, principalement au second semestre sous l’effet d’une contraction des importations en la matière. Cette contraction a concerné essentiellement les importations des services techniques par les entreprises, notamment celles du secteur des hydrocarbures. Malgré leur stabilisation en 2011 à 11,77 milliards de dollars (11,91 milliards de dollars en 2010), les importations de services restent à un niveau élevé atteint depuis 2008. Le déficit au titre des revenus des facteurs, quant à lui, s’est creusé en 2011 (2 milliards de dollars contre seulement 0,36 milliard de dollars en 2010), en raison notamment des transferts plus importants des associés de l’entreprise nationale des hydrocarbures et des revenus au titre des investissements à l’étranger en baisse par rapport à 2010 en contexte de maintien du taux directeur de la FED quasiment nul, soit les conditions monétaires en vigueur depuis décembre 2008. En 2011, l’excédent de la balance courante extérieure est appréciable (21,09 milliards de dollars) contre un surplus de seulement 12,15 milliards de dollars pour l’année 2010. Le second semestre 2011 a enregistré une performance particulière (11,43 milliards de dollars) très proche du surplus courant extérieur de toute l’année précédente qui se répartit à concurrence de 6,57 milliards de dollars au premier semestre et 5,58 milliards de dollars au second semestre. Sous l’angle trimestriel en 2011, si le quatrième trimestre a enregistré la meilleure performance (5,86 milliards de dollars), le second trimestre a eu le plus faible surplus en la matière (4,08 milliards de dollars) en contexte de progression des importations conjuguée à une stabilisation des exportations. L’important excédent du compte courant extérieur en 2011 s’est conjugué avec une quasi stabilisation du déficit du compte de capital et des opérations financières à environ un milliard de dollars. Ce déficit est dû à l’important remboursement de la dette extérieure au premier trimestre 2011 ainsi qu’aux investissements de résidents à l’étranger. Cela a permis de réduire significativement la dette extérieure à court terme dont l’encours est donc passé de 1,778 milliard de dollars à fin décembre 2010 à 1,142 milliard de dollars à fin décembre 2011. Hors rapatriements du portefeuille d’actifs financiers du secteur des hydrocarbures en 2010, les flux d’entrées de capitaux au titre des investissements directs étrangers bruts sont passés de 0,984 milliard de dollars au premier semestre 2010 à 1,506 milliard de dollars au premier semestre 2011, pour ensuite se situer à 1,103 milliard de dollars au second semestre de l’année sous revue. En flux nets, le poste investissements directs est estimé à 1,88 milliard de dollars en 2011 (2,265 milliards de dollars en 2010). Sous l’angle sectoriel, les industries extractives restent en tête, suivi par l’industrie manufacturière et le secteur de la construction. En conséquence, le solde global de la balance des paiements est estimé à 19,91 milliards de dollars en 2011 dont 10,93 milliards de dollars au titre du second semestre. L’excédent extérieur global du second semestre, représentant 70,15 % du surplus de l’année 2010 (15,58 milliards de dollars), témoigne de la viabilité renforcée de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie. Aussi, l’accumulation des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie est de plus en plus forte, après le choc externe de l’année 2009. Ainsi, avec le flux de réserves et l’effet de valorisation, l’encours des réserves de change (or non compris) s’élève à 182,22 milliards de dollars à fin décembre 2011 contre 162,22 milliards de dollars à fin décembre 2010. Cependant, les réserves de change ont progressé plus au premier semestre de l’année sous revue puisqu’elles avaient atteint 175,63 milliards dollars à fin juin 2011. La position financière extérieure nette de l'Algérie est ainsi consolidée, d’autant que la dette extérieure totale a baissé à 4,405 milliards de dollars à fin décembre 2011 (5,681 milliards de dollars à fin décembre 2010). En effet, aussi bien la dette à moyen et long terme que celle à court terme ont baissé, à fin 2011, à respectivement 3,263 milliards de dollars (3,903 milliards de dollars en 2010) et 1,142 milliard de dollars (1,778 milliard de dollars à fin 2010). La position financière externe est donc robuste et constitue l’ancrage à la stabilité financière externe, d’autant que la contribution de la gestion flexible du taux de change par la Banque d'Algérie à celle-ci est effective. Aussi, la politique de gestion du taux de change par la Banque d'Algérie s'inscrit dans le cadre de la politique dite de flottement dirigé du taux de change du dinar vis-à-vis des principales devises, monnaies des plus importants partenaires commerciaux de l'Algérie. La crise financière et économique internationale (2008-2011) a mis en avant l’acuité de la volatilité accrue des cours de change des principales devises, soit un environnement incertain par rapport auquel la Banque d'Algérie poursuit la stabilisation du taux de change effectif réel du dinar à son niveau d'équilibre de moyen terme. Sous l'angle opérationnel, la Banque d'Algérie intervient sur le marché interbancaire des changes où la détermination des cours, applicables aux opérations conclues suivant les règles et usages internationaux, relève des mécanismes de marché. Cependant, la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures implique de facto que la Banque d'Algérie demeure la principale source de devises offertes sur le marché interbancaire des changes. En moyenne annuelle en 2011 par rapport à 2010, le cours du dinar s’est apprécié de 2,1 % contre le dollar, pendant qu’il s’est déprécié de 3 % contre l’euro. En moyenne annuelle, les données de la Banque Centrale Européenne font ressortir que le dollar s’est déprécié de 5 % contre l’euro en 2011 par rapport à 2010, passant de 1,3257 dollar pour un euro en 2010 à 1,3920 dollar pour un euro en 2011. En outre, la majorité des pays émergents ont enregistré une dépréciation de leur monnaie vis-à-vis de l’euro, en moyenne annuelle en 2011 par rapport à 2010. En données mensuelles de fin de période, le dinar algérien, coté 103,4953 dinars pour un euro à fin décembre 2010, a atteint un maximum de 105,8325 dinars pour un euro en avril 2011 pour se stabiliser du mois de mai au mois d’août 2011 autour de 103,5 dinars pour un euro. A fin décembre 2011, le cours du dinar a atteint 106,5322 dinars pour un euro contre 103,4953 dinars à fin 2010, correspondant à une dépréciation de 2,9 %. Il est à noter qu’en termes de moyenne trimestrielle, le cours de change moyen du dinar s’est légèrement apprécié contre le dollar (0,28 %) au 4ème trimestre 2011 comparativement à la même période de 2010, passant de 74,3199 dinars pour un dollar à 74,1142 dinars pour un dollar. Pour la même période, le dinar s’est apprécié en moyenne de 1,34 % vis-à-vis de l’euro, cotant 101,1183 dinars pour un euro au 4ème trimestre de 2011 contre 102,4882 dinars pour un euro au 4ème trimestre de 2010. Au total, au cours de l’année 2011, en dépit de la volatilité accrue des cours de change des principales devises, l’intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes a eu pour résultat le maintien du taux de change effectif réel du dinar quasiment à son niveau d'équilibre à moyen terme. En effet, le taux de change effectif réel à fin 2011 est resté proche de son niveau d'équilibre, avec une appréciation moyenne annuelle de 0,25 %. Cette appréciation est la deuxième après celle de 2010 (2,64 %) qui a suivi une dépréciation de 1,6 % en 2009, année de choc externe de grand ampleur pour l’économie algérienne. Par ailleurs, le différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses 15 pays partenaires est passé de 2,05 % en décembre 2010 à 1,61 % en décembre 2011. 3. L’évolution favorable des prix des hydrocarbures au premier semestre 2011 s’est matérialisée par des recettes budgétaires provenant des hydrocarbures accrues par rapport au premier semestre de l’année passée (36,3 %), s’établissant à 2045,2 milliards de dinars. Elles ont atteint 70,3 % des recettes budgétaires totales contre 66,1 % au titre de l’année 2010. Quant aux recettes hors hydrocarbures, elles ont progressé moins vite et ne représentent que 28,3 % du total des recettes budgétaires (33,8 % en 2010). Sous l’angle de la couverture des dépenses budgétaires en hausse, l’amélioration de la fiscalité pétrolière au premier semestre 2011, notamment au second trimestre, contribue à la nécessaire marge de manœuvre budgétaire. A fin septembre 2011 les recettes budgétaires totales ont atteint 4441,9 milliards de dinars (y compris les recettes résultant de la différence entre le prix effectif et le prix de référence). Les recettes de la fiscalité pétrolière s’élèvent à 3070,2 milliards de dinars et celles de la fiscalité ordinaire à 1313,8 milliards de dinars (contre 1146,3 milliards de dinars en septembre 2010, soit 14,6 % de croissance). Le recouvrement des recettes ordinaires s’élève donc à 78,7 % de celles prévues dans la loi de finances complémentaire 2011 (1669 milliards de dinars). Si les dépenses budgétaires totales enregistrent une augmentation significative en contexte de quasi stabilisation des dépenses d’équipement en rythme semestriel (891 milliards de dinars au premier semestre 2011), les dépenses courantes enregistrent une forte augmentation résultant principalement de celle des dépenses de personnel et des transferts courants. En effet, les dépenses budgétaires totales ont progressé de près de 24 % à septembre 2011 en flux cumulés, atteignant 4096,2 milliards de dinars contre 3304,4 milliards de dinars à septembre 2010, tirée principalement par le rythme des dépenses courantes. Ces dernières se sont accrues de 37,9 %, passant de 1982,5 milliards de dinars à septembre 2010 à 2734,6 milliards de dinars à septembre 2011, sous l’effet de l’augmentation significative des dépenses de personnel et des transferts. En particulier, les subventions aux EPA sont en très forte hausse ainsi que les différents autres soutiens pris en charge par le budget, témoignant de l’effort accru de l’Etat en terme de couverture sociale en 2011. Par contre, les dépenses d’investissement n’ont progressé que de 3 % au cours de la même période (1361,6 milliards de dinars contre 1321,9 milliards de dinars à septembre 2010). En ce qui concerne la consommation des crédits de paiement, les dépenses totales l’ont été, à septembre 2011, à hauteur de 49,5 % des dépenses prévues par la loi de finances complémentaire pour 2011 (8272,56 milliards de dinars). En effet, à septembre 2011, les dépenses de fonctionnement l’ont été à hauteur de 63,7 % et les dépenses d’équipement à hauteur de 34,2 % seulement. Cela indique que les dépenses budgétisées ne seront pas consommées en totalité en fin d’année 2011. Malgré cette relative faiblesse des rythmes de décaissement en 2011, le taux de couverture des dépenses de fonctionnement par les recettes hors hydrocarbures, suivant la prévision de clôture, se situerait à 46,5 % à décembre 2011 (42,1 % au premier semestre 2011) contre 55,8 % en 2010. Cela contribue à accroître la vulnérabilité des finances publiques en 2011 après le choc externe de 2009, en contexte de fort accroissement des dépenses de fonctionnement. Enfin, après deux années de déficit budgétaire, le solde global des opérations du Trésor devient positif à septembre 2011 contre un léger déficit à juin 2011, pour terminer l’année avec un excédent estimé à 83 milliards de dinars (0,6 % du produit intérieur brut). Cela a alimenté l’encours des ressources du Fonds de régulation des recettes à concurrence de 274 milliards de dinars à septembre 2011 par rapport à décembre 2010. L’encours du Fonds de régulation des recettes a atteint ainsi 5116,7 milliards de dinars et s’est stabilisé au quatrième trimestre 2011. 4. La situation monétaire à fin décembre 2011 montre une reprise soutenue de l’expansion monétaire au cours de l’année sous revue, tirée par une forte croissance des crédits à l’économie en contexte de progression appréciable des avoirs extérieurs. Ces derniers reprennent ainsi leur rôle dans le processus de création monétaire, de manière soutenue en 2011, après le choc externe de 2009. En effet, les avoirs extérieurs nets ont enregistré une progression de 10,36 % au second semestre 2011 (5,16 % au premier semestre), soit 16,05 % en rythme annuel contre 10,21 % en 2010. Une telle progression pour la seconde année consécutive, principalement au second semestre de l’année sous revue, vient confirmer la consolidation de la position financière extérieure, renforçant davantage le rôle des avoirs extérieurs dans l’évolution de la situation monétaire consolidée. Après un rythme historiquement bas en 2009 (3,12 %), sous l’effet du choc externe de grande ampleur, la masse monétaire M2 s’est accrue de 19,47 %, soient 8,62 % et 9,99 % aux premier et second semestres respectivement, contre seulement 13,8 % au titre de l’année précédente. Il s’agit là d’un fort rythme de croissance de l’agrégat monétaire M2 (19,47 %) qui n’a été dépassé qu’en 2007 (21,5 %), année marquée par une forte expansion des dépenses budgétaires et de contraction significative de l’excédent global du Trésor. Si l’accumulation des avoirs extérieurs est déterminante dans l’expansion monétaire depuis plus de dix ans, la variable crédits à l’économie joue un rôle de plus en plus dynamique dans la croissance des liquidités monétaires. En particulier, les crédits à l’économie (y compris les rachats de crédits non performants par le Trésor) ont fortement progressé en 2011 (19,99 %) dont 7,95 % au second semestre. En rythme annuel, ce taux est bien plus élevé que celui des avoirs extérieurs nets (16,05 %), contribuant significativement à l’expansion monétaire. La poursuite soutenue du dynamisme des crédits à l’économie en 2011 situe l’Algérie dans le groupe de pays émergents à croissance rapide du crédit. Cela, sans que l’Algérie ait recours aux sources de financements extérieurs, à en juger par le solde de la balance des capitaux de la balance des paiements extérieurs. De plus, les engagements en devises des banques ne représentent que 0,10 % de leurs ressources à fin 2011 contre 0,14 % à fin 2010, en contexte de forte croissance de leurs moyens d’action (ressources) en dinars. Par ailleurs, la dynamique des crédits observée en 2011 concerne aussi bien les banques publiques (19,49 %, y compris les rachats) que les banques privées (23,22 %), pendant que son rythme est inégal entre les banques. Cependant, sous l’angle sectoriel, l’évolution des crédits directs distribués par les banques est contrastée en 2011, car la forte hausse des crédits au secteur public 31,8 % s’est accompagnée d’une hausse plus modérée des crédits aux entreprises privées (13,01 %). Quant aux crédits aux ménages, ils ont enregistré une progression significative en 2011 (18,34 %), principalement au quatrième trimestre (12,03 %), tirée par les crédits immobiliers aux ménages. Ces derniers se sont accrus de 18,69 % et constituent encore 68 % du total des crédits aux ménages (68 % à fin 2010), en contexte de stabilisation de la part relative des crédits aux ménages dans le total des crédits distribués net des rachats. Le niveau des crédits bancaires qui leurs sont accordés, représentant seulement 8,14 % de l’encours des crédits aux entreprises et ménages, contraste avec l’importance des dépôts en dinars des ménages par rapport à l’encours des dépôts en dinars (34,12 % à fin 2011) au niveau des banques. Cela confirme la faiblesse de l’intermédiation bancaire au profit des ménages, malgré l’entrée en production en 2006 des systèmes de paiements modernes. D’où la nécessaire amélioration des services bancaires de base à la clientèle dans l’objectif d’une inclusion financière accrue. En y intégrant les entreprises privées, la part des crédits au secteur privé (entreprises privées et ménages) dans le total des crédits distribués net des rachats a par contre reculé de plus de deux points au second semestre de l’année sous revue (53,22 % à fin décembre) après s’être relativement stabilisée au premier semestre (55,18 % à fin juin 2011 contre 55,28 % à fin décembre 2010). Relativement au produit intérieur brut hors hydrocarbures, les crédits au secteur privé se stabilisent à environ 23 %, soit une bonne tenue comparativement à plusieurs pays émergents et en développement et ce, d’autant que les effets de la crise financière et économique mondiale perdurent. Parallèlement, la part des crédits à court terme est en baisse au profit des crédits à moyen et long terme, soit 63,42 % à fin décembre 2011 (62,57 % à fin juin 2011) contre 59,89 % à fin décembre 2010. Le dynamisme du financement à moyen et long terme est tiré principalement par la forte expansion des crédits à long terme, atteignant un rythme de 34,59 % au titre de l’année 2011 (18,82 % pour 2010). Si le taux de croissance en la matière réalisé au premier semestre 2011 a été plus élevé (17,23 %) en tant que rythme semestriel, la dynamique du financement à moyen et long terme de l’économie est appuyé à partir du second semestre 2011 par un rallongement des maturités de financement bancaire, sous l’effet de l’impulsion apportée par les pouvoirs publics (soutien financier). Dans ce cadre, le Conseil de la monnaie et du crédit a édicté en juin 2011 un règlement portant traitement des intérêts non recouvrés comptabilisés au titre des créances bancaires éligibles au rééchelonnement au profit des petites et moyennes entreprises (PME) en difficulté, bénéficiant du soutien financier de l’Etat. Il est clairement précisé que les créances classées, objets de rééchelonnement dans le cadre du soutien financier consenti par l’Etat, sont celles constatées à fin avril 2011, nettes des intérêts non recouvrés. Les évaluations en cours au niveau des banques indiquent que cette opération contribuera à renforcer la part des crédits à moyen et long terme relativement aux crédits distribués, tout comme elle débouchera sur une diminution des créances non performantes. Aussi, dans un tel contexte de forte croissance des crédits à l’économie, la diminution du taux d’intérêt moyen pondéré par type de crédits à décembre 2011, comme au premier semestre, par rapport à son niveau de fin 2010 et fin 2009, confirme le caractère favorable des conditions financières. En particulier, une solidité financière renforcée des banques contribue à conforter le rôle du canal crédit dans l’allocation des ressources d’épargne financière accrues, notamment en ce qui concerne les dépôts des ménages et entreprises privées qui prennent une part accrue dans l’agrégat monétaire M2. En tant que contrepartie de la masse monétaire, les créances nettes sur l’Etat ont légèrement progressé (2,08 %) au cours de la période sous revue ; le Trésor restant créancier net du système bancaire. Si les dépôts du Trésor auprès de la Banque d’Algérie contribuent encore à la stérilisation, les créances nettes des banques sur le Trésor ont augmenté de 24,89 % en 2011 et les créances des entreprises et ménages (dépôts) sur le Trésor ont enregistré une forte expansion (40,92 %). En matière de structure de la masse monétaire, l’année 2011 est marquée par l’augmentation de près de deux points de pourcentage de la part relative des dépôts dans les CCP et au Trésor, pour atteindre 10,63 % à fin 2011, et d’une progression moindre de celle de la monnaie fiduciaire à 26,37 % à fin 2011 (25,71 % à fin 2010). Quant à la part des dépôts à vue dans les banques, elle se stabilise à 34 % en 2011 et 2010. Celle de la quasi monnaie (dépôts à terme en dinars et dépôts en devises) recule de plus de deux points de pourcentage à 28,58 % à fin 2011 (30,92 % à fin 2010), contrastant avec l’augmentation appréciable des épargnes financières (hors monnaie fiduciaire) des ménages (11,76 %) et de celles des entreprises privées (11,97 %). Au cours de l’année 2011, les dépôts à vue dans les banques se sont accrus de 19,68 % (13,76 % au titre du second semestre), tirée par l’expansion des dépôts des entreprises privées et des ménages, tout en se stabilisant relativement à l’agrégat monétaire M2. Les dépôts à terme en dinars ont également progressé en 2011 (11,12 %), mais à rythme moindre et surtout bien en deçà du fort taux de croissance des dépôts au CCP et au Trésor (40,92 %). Cette envolée a été alimentée par l’augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires courants. En particulier, la forte croissance des dépôts aux CCP et au Trésor s’est accompagnée par une expansion plus soutenue de la monnaie fiduciaire en circulation. En effet, l’envolée des retraits de monnaie fiduciaire auprès des CCP en 2011, en contexte de faible reflux en la matière via les banques, a conduit à un accroissement significatif de la monnaie fiduciaire en circulation (22,53 % dont 11,18 % au second semestre) contre 14,72 % en 2010. Cela pour faire face à la persistance de la demande de cash, notamment en 2011, liée au phénomène d’expansion du marché informel et/ou thésaurisation. Le trend haussier du ratio monnaie fiduciaire/dépôts hors secteur des hydrocarbures confirme cette tendance. Hors dépôts du secteur des hydrocarbures, la masse monétaire M2 a cru de 21,79 % en 2011 (10,67 % à fin juin), pendant que les dépôts du secteur des hydrocarbures ont progressé de seulement 2,67 %. Ce faible taux de croissance a été enregistré au second semestre de l’année sous revue puisque le premier semestre s’est caractérisé par une contraction de 6,29 % par rapport à décembre 2010. Pour mémoire, la contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures s’est matérialisée, en juin 2011, en dépit de l’évolution favorable des prix des hydrocarbures, suite aux différentes régularisations de la fiscalité pétrolière intervenues en juin 2011, et en septembre 2011 suite au règlement du dividende au titre de l’exercice 2010. En conséquence, face à la faible progression des dépôts du secteur des hydrocarbures en 2011 marquée par une contraction au premier semestre, les dépôts à vue et à terme en dinars des entreprises privées et des ménages auprès des banques se sont consolidés davantage en 2011, respectivement de 8,47 % et 3,85 % aux premier et second semestre, pour atteindre 2889,72 milliards de dinars à fin décembre 2011. Cela représente 49,69 % de l’encours des dépôts en dinars contre 45,87 % pour le secteur public (y compris Sonatrach). En situation de stabilisation des dépôts en devises qui ne sont pas des ressources à la disposition des banques, l’importance accrue des dépôts en dinars des ménages (34,12 % de l’encours des dépôts en dinars) notamment auprès de la CNEP, alimentée par l’augmentation des revenus salariaux et des transferts budgétaires courants, renseigne sur la volonté de l’accès au logement comme motif d’épargne financière. Les dépôts des ménages à la CNEP sont évalués à environ 43,99 % du total de leurs dépôts en dinars auprès des banques. La nature stable des dépôts des ménages au niveau de la CNEP milite fortement pour un développement soutenu du financement bancaire de l’accès au logement pour les ménages. En situation de flux positif des dépôts bancaires (816,94 milliards de dinars) excédant les flux de crédits (652,86 milliards de dinars), la liquidité globale des banques a augmenté au cours de l’année 2011, à l’exception d’une diminution en juin corrélée à la contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures explicitée plus haut. L’excès de liquidité sur le marché interbancaire est resté structurel en 2011, mais devenu largement disséminé au sein du système bancaire. La Banque d’Algérie a continué à résorber l’excès de liquidité par des opérations de reprise à sept jours et trois mois pour un total de 1100 milliards de dinars et les banques ont régulièrement placé les montants en sus de l’objectif de constitution des réserves obligatoires en facilité de dépôts rémunérés à 24 heures. Au cours de l’année 2011, à l’exception des fins de mois de février, mai, juillet et novembre, le montant total de ces placements en facilité de dépôts rémunérés a excédé l’encours des reprises de liquidités (1100 milliards de dinars). Quant aux avoirs en comptes des banques et établissements financiers, leur montant a culminé à 928,77 milliards à fin novembre 2011, dépassant même l’encours de leurs placements en facilité de dépôts rémunérés (851,01 milliards de dinars). En conséquence, après constitution des réserves obligatoires, le faible montant des réserves libres qui a oscillé entre 64 et 73 milliards de dinars en 2011 traduit le caractère effectif de la résorption de l’excès de liquidité par la Banque d’Algérie. D’où la portée du suivi fin et de la gestion de la liquidité bancaire par la Banque d’Algérie. En effet, une réglementation en matière d’identification, mesure, gestion et contrôle du risque de liquidité a été édictée par le Conseil de la monnaie et du crédit en mai 2011, en phase avec les nouvelles dispositions législatives d’août 2010 relatives à la monnaie et au crédit, pour développer le cadre opérationnel de la stabilité financière. Ce règlement institue un coefficient de liquidité minimum que les banques et les établissements financiers doivent respecter à tout moment. L’évaluation faite par la Banque d’Algérie au second semestre 2011 indique que les banques de la place satisfont à cette exigence ; cette année se caractérisant par une liquidité bancaire largement disséminée. Aussi, dans le même objectif d’asseoir une meilleure pratique de gestion de liquidité et de suivi des opérations interbancaires et d’améliorer la qualité des reporting prudentiels, le Conseil de la monnaie et du crédit a également édicté en mai 2011 un second règlement instituant un système de surveillance interne et de limitation par contrepartie des encours de prêts et d’emprunts interbancaires, notamment ceux opérés sur le marché monétaire, que les banques et établissements financiers sont tenus de mettre en place. Le cadre opérationnel de prévision et de suivi fin de la liquidité bancaire par la Banque d’Algérie a été consolidé au premier semestre 2011, contribuant ainsi à l’efficacité de la conduite de la politique monétaire, d’autant que l’année 2011 a été marquée par une stabilité de la liquidité bancaire globale. L’excès de liquidité est effectivement résorbé par la Banque d’Algérie, en situation de très faible rôle joué par le marché monétaire interbancaire où les montants transigés restent très faibles voire même erratiques. Ce très faible rôle du marché monétaire interbancaire dans la régulation de la liquidité bancaire, en dépit d’un nombre important de banques et établissements financiers et d’une infrastructure moderne de systèmes des paiements depuis 2006, ne contribue pas à l’efficacité de la conduite de la politique monétaire. Ces deux nouveaux dispositifs portant renforcement des instruments de supervision et de contrôle, contribuent à consolider davantage la stabilité et la solidité du système bancaire algérien qui gagne en profondeur. En particulier, le ratio passifs liquides (dépôts à vue et à terme en dinars hors dépôts hydrocarbures)/PIB hors hydrocarbures a gagné six points de pourcentage en 2011 par rapport à l’année 2010, après le rebond enregistré en la matière en 2010. Un autre indicateur pertinent de profondeur du système bancaire est représenté par le trend haussier du ratio crédits bancaires au secteur privé/dépôts hors hydrocarbures entre 2008 et 2010, en contexte de transformation financière accrue. Cependant, l’année 2011 a été marquée par une forte croissance des dépôts hors hydrocarbures, soit un rythme très élevé par rapport à celui des crédits au secteur privé. Au cours de l’année 2011 et tout en poursuivant leurs efforts en matière de provisionnement, les banques ont consolidé leurs indicateurs de solidité financière. En effet, le ratio de solvabilité reste appréciable en 2011 et largement supérieur au niveau réglementaire requis, atteignant 20,91 % à fin juin 2011 et environ 23 % à fin décembre 2011 selon les déclarations prudentielles des banques. En outre, il importe de souligner que le niveau des créances non performantes déclarées par les banques est en baisse passant de 19,05 % du total des crédits distribués à fin 2010 à 16,63 % à fin juin 2011, pour atteindre 16,12 % à fin décembre 2011 (16,08 % à fin septembre 2011). Cette amélioration est due à l’effet conjugué de la baisse du niveau des créances non performantes et de la hausse de l’encours des crédits distribués. Quant aux deux ratios de liquidité, ils demeurent satisfaisants comme à fin 2010. Le suivi et le contrôle de l’inflation émergent désormais au premier plan, en application des nouvelles dispositions relatives à la monnaie et au crédit d’août 2010. Le passage à la fin de cette décennie à un objectif d’inflation cible est venu confirmer la bonne tenue des prix, l’inflation ayant été réduite en contexte de stabilité macroéconomique consolidée et de taux de change effectif réel proche de l’équilibre en régime de change flexible. C’est dans un tel contexte que la base monétaire sert comme objectif intermédiaire, à mesure que cet agrégat est sous le contrôle de la Banque d’Algérie et qu’il existe une relation étroite entre l’inflation et l’agrégat monétaire M2 (hors dépôts du secteur des hydrocarbures). En effet, l’accélération de la hausse de la masse monétaire en glissement annuel en 2011, notamment l’agrégat M2 hors dépôts du secteur des hydrocarbures, conjuguée au niveau encore élevé des cours des produits agricoles importés, alimente l’inflation des prix intérieurs. Cet agrégat monétaire est le principal déterminant de l’inflation, comme en témoignent les résultats de l’étude économétrique sur les déterminants de l’inflation sur la période 2000 2011. L’inflation annuelle moyenne dans le Grand Alger (moyenne mobile sur 12 mois) a atteint 4,52 % en décembre, son pic de l’année 2011, correspondant à une hausse en la matière qui a succédé à la tendance baissière du premier semestre (3,8 % en janvier et 3,5 % en juin). En moyenne annuelle, le taux d’inflation est resté néanmoins proche de l’objectif. Alors que la hausse annuelle des prix des biens alimentaires (4,2 %) reste inférieure à l’inflation moyenne, celle des biens manufacturés la dépasse d’un point (5,5 % contre 4,5%). Excepté la hausse annuelle considérable (14,9 %) des prix du groupe ‘Divers’ qui participe pour 29,7 % à la hausse des prix, malgré sa faible pondération dans l’indice (8,6 %), celle de tous les autres groupes de biens et services est inférieure à l’inflation moyenne. L’inflation sous-jacente (indice hors produits alimentaires) est estimée à 4,78 % en décembre 2011 ; les produits alimentaires contribuant pour 42,8 % à l’inflation. Supérieure à l’inflation moyenne depuis février 2011, la tendance de l’inflation sous-jacente confirme le caractère structurel de l’inflation. Par ailleurs, si l’indice des prix du Grand Alger a enregistré trois baisses mensuelles (juin, septembre et décembre), l’inflation en glissement annuel est estimée à 5,16 % en décembre et dépasse 5 % depuis août 2011. Aussi, en contexte d’accélération du rythme d’expansion de la masse monétaire, 16,91 % en glissement annuel à juin 2011 et 19,47 % à décembre 2011 (13,8 % en décembre 2010), sous l’effet notamment de la hausse des crédits à l’économie, et de celle des dépenses budgétaires courantes, notamment les dépenses de personnel et des transferts, le rythme de l’inflation s’est ralenti au premier semestre 2011 (3,49 %) comparativement au premier semestre 2010 (5,41 %), pour ensuite remonter à 4,52 % au second semestre 2011. Les mesures prises par les pouvoirs publics visant à réduire l’effet de l’inflation importée ont largement contribué à atténuer l’effet du choc des prix de début d’année sur le niveau général des prix, d’autant que la tendance haussière des cours des produits agricoles importés s’est renversée à partir de mars 2011 et, depuis, elle est baissière. En conséquence, l’inflation enregistrée en 2011 est essentiellement endogène, en contexte de marchés intérieurs insuffisamment régulés. Les dysfonctionnements du marché intérieur se sont conjugués à l’ajustement à la hausse des revenus et à l’expansion corrélative des épargnes financières des ménages et entreprises privées, alimentées par la sphère budgétaire. La forte expansion des dépenses budgétaires courantes en 2011, notamment les subventions et les transferts courants, en situation d’accélération du rythme de croissance monétaire, met en avant le risque de la « dominance budgétaire » dans les attentes inflationnistes. Cependant, il n’ y a pas d’effet d’éviction sur le crédit au secteur privé. L’augmentation de 24,89 % en 2011 des créances nettes des banques sur l’Etat représente pour l’essentiel l’effet de l’assainissement de créances non performantes sur les entreprises publiques dans les portefeuilles des banques publiques. De plus, l’augmentation de la position créditrice nette du Trésor auprès de la Banque d’Algérie (11 %) contribue à la stérilisation. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU PREMIER SEMESTRE DE 2012 1. Evolution de la balance des paiements Après l’amélioration de la position financière extérieure de l’Algérie en 2010 qui a suivi le choc externe de l’année 2009, une viabilité renforcée de la balance des paiements extérieurs a caractérisé l’année 2011, portée par le raffermissement du prix du pétrole dont le niveau annuel moyen s’est établi à 112,94 dollars/baril contre 80,15 dollars/baril en 2010. Au premier semestre 2012, le prix moyen mensuel du pétrole a fluctué entre 94,94 et 125,71 dollars/baril, avec une tendance haussière au premier trimestre qui s’est inversée au second, en clôturant le premier semestre à 94,94 dollars/baril en moyenne en juin 2012. Le trend baissier du prix du pétrole au second trimestre s’est conjugué à l’appréciation du dollar par rapport à l’euro. Il s’est établi à 113,37 dollars/baril en moyenne semestrielle contre 112,92 dollars/baril au titre du premier semestre de l’année 2011. En conséquence, et malgré une diminution de 2,29 % en volume, les exportations d’hydrocarbures ont atteint 37,50 milliards de dollars au premier semestre 2012, en progression de 4,05 % par rapport au premier semestre 2011 (36,04 milliards de dollars). Au titre du premier semestre 2012, la part des hydrocarbures liquides représente 66,31 %. Quant aux exportations hors hydrocarbures, elles se sont stabilisées à 0,50 milliard de dollars au premier semestre de l’année en cours (0,56 milliard de dollars au premier semestre 2011), en phase avec la performance du second trimestre 2012 (0,30 milliard de dollars). Cette stabilisation à un faible niveau des exportations hors hydrocarbures confirme la faible diversification de l’économie nationale et interpelle quant à sa compétitivité externe, d’autant qu’elle demeure dépendante des importations. Les importations de biens ont progressé de 3,5 % au premier semestre 2012 à 23,90 milliards de dollars contre 23,09 milliards de dollars au titre du premier semestre de l’année passée, après avoir diminué au second semestre 2011. La faible progression du premier semestre 2012 s’explique pour l’essentiel par l’augmentation significative des importations des biens de consommation non alimentaires, pendant que les importations de biens alimentaires et de biens d’équipement industriels reculaient respectivement de 11,9 % et 16,7 %. En particulier, les importations de biens de consommation non alimentaires ont enregistré une très forte hausse (36,1 %), tirée pour une grande partie par la hausse des importations de véhicules. Ce semestre a enregistré, par ailleurs, une fluctuation des prix mondiaux des produits de base, avec une baisse à partir de fin mars 2012. Outre l’amélioration de la balance commerciale, les importations de services ont baissé au premier semestre 2012 (5,69 milliards de dollars), comparativement à leur niveau du premier semestre de l’année passée, en situation de relative baisse des exportations de services. Ainsi, le déficit du poste «services hors revenus des facteurs » s’est stabilisé à environ 4 milliards de dollars au premier semestre 2012. Par ailleurs, la structure des importations de services indique une augmentation des importations de certaines catégories de services notamment les « services techniques » qui émergent comme principal poste, suivi par les postes «transport » et « bâtiment et travaux publics ». Après un élargissement du déficit des « revenus des facteurs » en 2011, en raison notamment des transferts plus importants des associés de l’entreprise nationale des hydrocarbures et des revenus au titre des investissements à l’étranger en baisse par rapport à 2010, le premier semestre 2012 a enregistré une stabilisation en la matière. Le déficit enregistré au cours de ce semestre est estimé à 0,88 milliard de dollars, avec une légère baisse des recettes au titre des revenus des facteurs en situation de persistance de maintien du taux directeur de la FED à un niveau quasi nul et de celui de la BCE à un pourcent. Un autre élément de la balance courante est représenté par le poste « transferts nets » qui a enregistré une amélioration au premier semestre de l’année en cours (1,51 milliard de dollars) comparativement au premier semestre de l’année passée (1,02 milliard de dollars). Une telle performance est en ligne avec celle du second semestre 2011. Aussi, l’excédent du compte courant extérieur, élément pivot de la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie, est plus appréciable au premier semestre 2012 (10,82 milliards de dollars) comparativement aux niveaux réalisés au premier et au second semestres de l’année 2011, en contexte de relative amélioration de la balance commerciale et des entrées nettes au titre des transferts. Cette amélioration de l’excédent du compte courant extérieur au premier semestre 2012 s’est conjuguée à un faible déficit du compte de capital et opérations financières (0,51 milliard de dollars), en situation d’entrées nettes d’investissements directs étrangers légèrement inférieures à un milliard de dollars et d’absence de recours aux financements extérieurs. En conséquence, le solde global de la balance des paiements est estimé à 10,32 milliards de dollars au premier semestre 2012, alimentant de facto l’accumulation des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie. Ainsi, avec le flux de réserves et l’effet de valorisation, l’encours des réserves de change (or non compris) s’élève à 186,32 milliards de dollars à fin juin 2012 contre 182,22 milliards de dollars à fin décembre 2011 et 162,22 milliards de dollars à fin décembre 2010, soit un niveau excédant trois années d’importations de biens et services. Aussi, la poursuite de la gestion prudente des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie met de plus en plus en avant le suivi rigoureux et la gestion des risques, tout en atteignant un niveau de rendement acceptable. Les investissements effectués par la Banque d’Algérie portent sur les titres souverains les moins risqués. Au total, la position financière extérieure nette s’est davantage consolidée au cours du semestre sous revue, soutenue par la gestion prudente des réserves officielles de change, à mesure que l’encours de la dette extérieure totale a baissé à 3,993 milliards de dollars à fin juin 2012 contre 4,405 milliards de dollars à fin décembre 2011. Cela est dû à l’effet conjugué de la baisse des dettes à court terme et à moyen et long termes, confirmant la très bonne soutenabilité de la dette extérieure de l’Algérie dans un contexte international marqué par l’acuité des risques souverains. En effet, sous l’angle de la position financière extérieure nette (réserves officielles de change moins dette extérieure) exprimée en pourcentage du produit intérieur brut, l’Algérie est classée parmi les tous premiers pays émergents ; son ratio en la matière ayant atteint 90 % en 2011. Au cours du premier semestre 2012, caractérisé par une acuité particulière de la crise en zone euro, l’euro a subi des pressions accrues. L’évolution semestrielle sur les marchés internationaux de change indique qu’en moyenne semestrielle l’euro s’est déprécié au cours de ce semestre de 7,58 % par rapport au dollar, soit une appréciation en janvier et février suivie par une dépréciation tout au long du reste du premier semestre 2012. En termes de variation semestrielle moyenne, le taux de change de l’euro a enregistré des dépréciations par rapport au rouble russe et au yuan chinois respectivement de l’ordre de 1,11 % et 10,72 %. Par contre, le cours moyen semestriel de l’euro a enregistré des appréciations face au réal brésilien et à la roupie indienne respectivement de 5,60 % et 7,09 %. Face à cette volatilité des cours de change des principales devises et son impact sur les économies émergentes, la Banque d’Algérie a continué de conduire une politique active de taux de change - flottement dirigé - avec l’objectif de stabilisation du taux de change effectif réel, en fonction de l’évolution des fondamentaux. Pour les six premiers mois de l’année 2012, le taux de change moyen semestriel du dinar contre l’euro s’est apprécié de 0,43 % par rapport à la même période de l’année 2011, où le cours est passé de 102,6107 EUR/DZD en 2011 à 102,1690 EUR/DZD en 2012. Par contre, le taux de change moyen du premier semestre de l’année 2012 du dinar algérien contre le dollar américain s’est établi à 75,3791 USD/DZD contre 73,3102 USD/DZD au titre du premier semestre de l’année passée, correspondant à une dépréciation de 2,82%. Le taux de change effectif nominal du dinar a connu une appréciation moyenne de 2,27 % sur les six premiers mois de 2012 par rapport à la même période de 2011. En raison de l’élargissement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux partenaires, 4,27 points en juin 2012 contre 1,61 point en décembre 2011 et 1,19 point en juin 2011, le taux de change effectif réel du dinar a enregistré une appréciation plus élevée au premier semestre 2012. L’intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes a permis d’atténuer l’impact de la volatilité accrue des cours de change des principales devises sur l’économie nationale notamment en atténuant l’effet de l’inflation importée. 2. Développements monétaires Sous l’effet de l’amélioration de la balance des paiements à en juger par la progression des avoirs extérieurs nets (6 %) conjuguée à une stabilisation des créances nettes sur l’Etat et à l’expansion des crédits à l’économie (7,76 %), la situation monétaire du premier semestre 2012 indique une décélération du rythme de croissance monétaire, surtout au second trime-stre. L’augmentation des avoirs extérieurs résulte de celle des avoirs de la Banque d’Algérie, puisque les avoirs extérieurs des banques commerciales se sont contractés au premier semestre 2012, soit à un degré plus élevé au second trimestre. Ainsi, l’agrégat avoirs extérieurs nets qui excède la masse monétaire M2 depuis 2005, reste un des déterminants majeurs de l’expansion monétaire au premier semestre 2012 en contexte de forte expansion des dépenses budgétaires courantes (dépenses de personnel, transferts courants, …). Malgré la poursuite de la forte expansion des dépenses budgétaires au premier semestre 2012 et du déficit budgétaire corrélatif, l’encours global des avoirs du Trésor auprès de la Banque d’Algérie (compte courant et Fonds de régulation des recettes) est appréciable à fin juin 2012 (5888,6 milliards de dinars) notamment au titre du Fonds de régulation des recettes. La forte expansion des dépôts aux CCP et au Trésor (24,84 %), éléments de la masse monétaire M2 et résultant principalement des décaissements du Trésor, a contribué à la solidité de la position financière du Trésor, tout en alimentant l’expansion monétaire du premier semestre 2012. En conséquence, la position financière de l’Etat, créancier net vis-à-vis du système bancaire, s’est stabilisée au cours du premier semestre 2012 dans l’intervalle 3200 – 3400 milliards de dinars. Un second déterminant de l’expansion monétaire est représenté par les crédits à l’économie qui se sont accrus de 7,76 % au premier semestre 2012 contre 5,65 % à la même période de l’année passée, correspondant à 16,30% en glissement annuel à juin 2012 contre 14,02 % à décembre 2011. A fin juin 2012, les crédits bancaires au secteur privé atteignent 2121 milliards de dinars, excédant l’encours des crédits au secteur public (1893 milliards de dinars), en situation d’augmentation de la part relative des crédits à moyen et long termes à 65,21 %. Ainsi, le dynamisme des crédits bancaires à l’économie traduit, dans une certaine mesure, l’amélioration de la structure et des conditions de financement, notamment suite au soutien financier apporté par l’Etat aux PME. De plus, le canal crédits bancaires reste potentiellement important en matière de financement de l’investissement productif et de la croissance en Algérie, mettant en avant le rôle désormais accru des banques commerciales dans le développement de crédits sains à l’économie. Après cette revue à grands traits des contreparties de la masse monétaire M2, l’analyse de la structure de cette dernière renseigne notamment sur le comportement d’épargne financière des agents économiques à travers l’évolution des agrégats monétaires. Au premier semestre 2012, les dépôts à vue et à terme en dinars collectés par les banques ont faiblement augmenté (3,27 %) comparativement à la progression enregistrée au titre de la même période de l’année passée (7,77%), alors que les dépôts à vue auprès des banques se sont contractés de 3%. Cette faible hausse est due à la baisse des dépôts des entreprises publiques (- 9 %) qui a été compensée par la hausse des dépôts des entreprises privées (21,30 %) et des ménages (7,78 %). Il importe de souligner ici la forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures inhérente à l’absorption d’une partie de la capacité de financement de ce secteur par les décaissements au titre principalement de son programme d’investissements. En glissement annuel à fin juin 2012, la hausse des dépôts bancaires en dinars s’établit à 11,61 %, un accroissement inférieur à celui enregistré à fin décembre 2011 (16,09 %). En effet, si les dépôts des entreprises publiques sont en hausse de seulement 5,31 %, les dépôts des entreprises privées enregistrent une progression appréciable (18,18 %), en phase avec l’amélioration des dépôts des ménages (15,32 %). Il importe de souligner ici le phénomène nouveau de croissance significative des dépôts à terme en dinars (14,71 %), tirée par celle des dépôts à terme des entreprises publiques (16,58 %) et des ménages (14,86 %). Par contre, ceux des entreprises privées n’ont progressé que de 7 % en une année. Au premier semestre 2012, la masse monétaire M2 s’est accrue de 7 %, soit un rythme inférieur à celui enregistré au titre de la même période de l’année passée (8,86 %). En glissement annuel à fin juin 2012, l’accroissement de M2 s’établit à 17,88 %, hausse inférieure à celle enregistrée en 2011 (19,91 %) et cela malgré l’évolution exceptionnelle des dépôts aux CCP et Trésor (44,06 %). L’accroissement des dépôts en dinars et en devises est moins important (12,35 %), mais l’expansion de la circulation fiduciaire est plus élevée (21,35 %) que celle de M2. En conséquence, la structure de M2 à fin juin 2012 indique une diminution de la part relative des dépôts bancaires à 61,44 % contre 64,40 % à fin juin 2011, alors que la part des dépôts aux CCP et Trésor est en forte hausse (12,14 % contre 9,94 % à fin juin 2011). En outre, la part de la circulation fiduciaire a légèrement augmenté (26,41 % contre 25,66 % à fin juin 2011) ; les fortes sorties nettes mensuelles de monnaie fiduciaire (billets de banque) se poursuivant tout au long des douze derniers mois oscillant entre 35,186 milliards de dinars et 64,343 milliards de dinars. 3. Tendance de l’inflation En ce qui concerne l’inflation, après avoir été relativement stable mais élevé, compris entre 3,5 % et 3,9 %, au cours du premier semestre 2011, son taux en moyenne annuelle a enregistré un rythme haussier de juillet 2011 à juin 2012 qui s’est même accéléré à partir de janvier 2012, atteignant un niveau record de 7,29 % à juin 2012 contre 5,91 % à mars 2012. Cette tendance traduit probablement la persistance de l’inflation, suite au choc sur les prix intérieurs de certains produits de base début 2011. La décomposition de l’indice des prix à la consommation par catégorie de produits montre que ce sont les « produits agricoles frais » et les « biens manufacturés » qui ont le plus contribué, à hauteur de 71,14 %, à l’inflation en moyenne annuelle à juin 2012 (69,40% à mars 2012). En effet, les prix des produits agricoles frais, qui ont contribué pour 36,49 % à l’inflation globale, ont progressé de 12,92 % à juin 2012, en moyenne annuelle, contre 4,56 % en décembre 2011. La hausse des prix de ces produits a été nettement plus forte en glissement annuel, soit 17,31 % à juin 2012 contre 4,37 % à décembre 2011 et seulement 0,99 % à juin 2011. Les évolutions des prix intérieurs des produits alimentaires contrastent avec les mouvements des prix internationaux au cours du premier semestre 2012, d’autant que le taux de change, en termes effectif nominal, s’est apprécié au cours de ce semestre, dans un contexte de relative stabilité des prix internationaux des produits alimentaires. De plus, le premier semestre 2012 a enregistré une décélération du rythme d’expansion de la masse monétaire M2 à 7 % contre 8,9 % au premier semestre de l’année passée. En glissement annuel, l’expansion monétaire est estimée à 17,88 % à juin 2012, alors qu’elle a été haussière en 2011 (16,27 % à juin et 19,91 % à décembre). En conséquence, le phénomène d’inflation au cours du premier semestre de l’année 2012 est plus de nature endogène, lié aux dysfonctionnements persistants des marchés intérieurs de ces biens où la formation des prix relève plus de position dominante et/ou de spéculation. Une revue approfondie de la formation des prix aux différents stades des transactions commerciales devient nécessaire pour asseoir des règles transparentes en la matière. En outre, les anticipations inflationnistes alimentées par l’augmentation substantielle des revenus provenant de la sphère budgétaire, comme en témoigne la forte expansion des dépôts au Trésor et aux CCP (24,8 % au premier semestre 2012 et 40,6 % en 2011), ont contribué au phénomène de persistance de l’inflation, après le choc des prix intérieurs de début d’année 2011. Après examen des principales tendances monétaires du premier trimestre 2012 et des risques d’inflation, la Banque d’Algérie a pris (avril 2012) deux mesures de politique monétaire visant à résorber l’excès de liquidité sur le marché monétaire et à atténuer son effet inflationniste. Ainsi, le taux des réserves obligatoires a été porté à 11 % à compter de mi-mai, soit deux points de pourcentage d’augmentation, pendant que le niveau de la reprise de liquidité s’est accru de 250 milliards de dinars dès avril pour atteindre un encours de 1350 milliards de dinars. En outre, l’excès de liquidité s’est amenuisé au second trimestre 2012 corrélativement à la forte contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures. Enfin, par ces mesures, la Banque d’Algérie a conforté le rôle des instruments de politique monétaire dans l’absorption de l’excès de liquidités sur le marché monétaire et par là, dans l’atténuation des tensions inflationnistes. En outre, elle a renforcé davantage la prévision à court terme du taux d’inflation pour assurer le suivi de l’objectif d’inflation en 2012, d’autant que le premier semestre a été marqué par une accélération du taux d’inflation. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU SECOND SEMESTRE DE 2012 L’année 2012 a enregistré un nouveau ralentissement de la conjoncture économique mondiale, lié à l’acuité de la crise de confiance notamment en ce qui concerne la zone euro, malgré un redressement de l’activité économique au troisième trimestre où les pays émergents ont joué un rôle important. La demande extérieure de certains pays émergents et en développement a subi l’effet de la contraction de l’activité dans la zone euro, en situation de baisse des cours des matières premières (hors combustibles). Parallèlement, sous l’effet principalement des mesures non conventionnelles de politique monétaire, le quatrième trimestre 2012 a été marqué par une stabilisation de la situation sur les marchés financiers, alors que la volatilité des taux de change a repris. L’économie nationale a subi, dans une certaine mesure, l’effet du ralentissement de la conjoncture économique mondiale en 2012, en contexte de demande sociale accrue et de pressions inflationnistes. La stabilité macroéconomique demeure préservée, en particulier la stabilité financière externe. 1. Evolution de la balance des paiements Après l’amélioration de la position financière extérieure de l’Algérie en 2010 qui a suivi le choc externe de l’année 2009, une viabilité renforcée de la balance des paiements extérieurs a caractérisé l’année 2011, portée par le raffermissement du prix du pétrole dont le niveau annuel moyen s’est établi à 112,94 dollars/baril contre 80,15 dollars/baril en 2010. En 2012, le prix moyen mensuel du pétrole a fluctué entre 94,94 et 125,70 dollars/baril et a fléchi, en moyenne annuelle, à 110,99 dollars/baril contre 112,94 dollars/baril en 2011. Après un haut au premier trimestre 2012 (119,31 dollars /baril), le prix moyen trimestriel s’est relativement stabilisé au cours des trois trimestres suivants, débouchant sur un fléchissement en moyenne semestrielle. Il s’est établi à 108,51 dollars/baril au second semestre contre 113,37 dollars/baril au premier semestre 2012 et 112,94 dollars/baril au titre du premier semestre de l’année précédente. Le trend baissier du prix du pétrole au second trimestre s’est conjugué à l’appréciation du dollar par rapport à l’euro. En conséquence, et malgré une diminution de 3,3 % en volume, les exportations d’hydrocarbures ont atteint 70,59 milliards de dollars en 2012 (71,66 milliards de dollars en 2011) dont 46,8 % au titre du second semestre. Cela correspond à une diminution de 11,9 % par rapport au premier semestre, alors que l’année 2011 a enregistré une relative stabilisation des exportations d’hydrocarbures en données semestrielles. Au titre de l’année 2012, la part des hydrocarbures liquides est passée de 66,3 % au premier semestre à 70,7 % au second semestre. Quant aux exportations hors hydrocarbures, si elles se sont stabilisées en 2012 (1,22 milliard de dollars) par rapport à leur niveau réalisé l’année précédente (1,23 milliard de dollars), le second semestre de l’année sous revue a enregistré une meilleure performance (0,74 milliard de dollars). Cette stabilisation à un faible niveau des exportations hors hydrocarbures, et en deçà du « seuil » de 1,4 milliard de dollars atteint en 2008, confirme la faible diversification de l’économie nationale et interpelle quant à sa compétitivité externe, d’autant que le trend haussier des importations est persistent. Les importations de biens fob ont progressé de 7,5 % en 2012, atteignant le niveau de 48,27 milliards de dollars (44,89 milliards de dollars en 2011) contre 37,99 milliards de dollars en 2008, année marquée par une envolée en la matière (+44,2 %). Les niveaux des importations réalisés aux premier et second semestres de l’année 2012, respectivement 23,64 et 24,63 milliards de dollars, sont en progression par rapport au second semestre 2011 (21,85 milliards de dollars) ; l’année 2011 ayant enregistrée un rebond significatif (15,48 %) en la matière. Si un tel rebond des importations de biens a été tiré principalement par la forte croissance de celles des biens alimentaires et non alimentaires, à concurrence de 63 % respectivement, la progression enregistrée en 2012 est due principalement à l’expansion significative des importations des biens de consommation non alimentaires (25,3 %), tirée pour une grande partie par la hausse des importations de véhicules. Les importations de biens alimentaires et de biens d’équipement industriels, quant à elles, reculaient respectivement de 8,4 % et 15,7 %. L’augmentation du niveau des importations des biens a eu pour conséquence l’amenuisement de l’excédent de la balance commerciale en 2012 à 23,53 milliards de dollars (28 milliards de dollars en 2011), surtout au second semestre où les exportations d’hydrocarbures ont été moindres et les importations de biens à la hausse. Quant aux importations de services hors revenus des facteurs, elles ont baissé en 2012 à 10,80 milliards de dollars (12,55 milliards de dollars en 2011), soit le plus faible montant des cinq dernières années. Cette tendance favorable s’est conjuguée à une stabilisation des entrées de ressources au titre des services hors revenus des facteurs, débouchant sur une diminution de près de deux milliards de dollars du déficit du poste services hors revenus des facteurs en 2012. Il s’agit là d’une performance particulière, d’autant que le déficit en la matière enregistré au cours de l’année sous revue (7 milliards de dollars) est le plus faible des cinq dernières années. Par ailleurs, la structure des importations de services indique une légère augmentation du « transport », pendant que les « services techniques » se sont fortement contractés (- 31,2 %) dont le poste reste le plus important des services importés, suivi par les postes « transport » et « bâtiment et travaux publics ». Sous l’effet des transferts plus importants des associés d e l’entreprise nationale des hydrocarbures et des revenus au titre des investissements à l’étranger en baisse, l’année 2012 a enregistré un élargissement du déficit des « revenus des facteurs » dont le niveau a presque doublé par rapport à l’année 2011. La baisse des recettes au titre des revenus des facteurs est liée à la persistance du maintien du taux directeur de la FED à un niveau quasi nul et de celui de la BCE à moins d’un pourcent. Corrélativement, la poursuite de politique monétaire non conventionn elle par les banques centrales des pays développés contribuent aux taux d’intérêt historiquement très bas. Il est utile de noter ici que le quatrième trimestre 2012 a enregistré une stabilisation de la situation sur les marchés financiers, sous l’effet principalement de ces mesures non conventionnelles de politique monétaire. Un autre élément de la balance courante est représenté par le poste « transferts nets » qui a enregistré une performance historique en 2012 (3 milliards de dollars), après une stabilisation au cours des trois années précédentes (2,6 milliards de dollars). Malgré cette amélioration des entrées nettes au titre des transferts, l’excédent du compte courant extérieur, élément pivot de la situation de la balance des paiements extérieurs de l’Algérie en contexte de convertibilité du dinar pour les transactions courantes, s’est contracté au cours de l’année sous revue pour s’établir à 15,50 milliards de dollars (19,8 milliards de dollars en 2011), en raison principalement d’une moindre performance de la balance commerciale. Si la performance en matière du compte courant extérieur est restée appréciable en 2012, la baisse des entrées nettes d’investissements directs étrangers (1,70 milliard de dollars contre 2 milliards de dollars en 2011) a été compensée par une balance des capitaux officiels plus favorable. En conséquence, le solde global de la balance des paiements est estimé à 12 milliards de dollars en 2012, alimentant de facto l’accumulation des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie, mais à un moindre degré par rapport à l’année précédente. Ainsi, avec le flux de réserves et l’effet de valorisation, l’encours des réserves de change (or non compris) a atteint 186,32 milliards de dollars à fin juin 2012 contre 182,22 milliards de dollars à fin décembre 2011, pour ensuite s’établir à 190,66 milliards de dollars à fin décembre 2012. Le flux des réserves officielles des changes de l’année 2012 s’est surtout réalisé au premier semestre. Avec un tel niveau de réserves officielles de change (or non compris) à fin décembre 2012, l’Algérie est classée parmi les premiers pays émergents en terme de ratio réserves de change/produit intérieur brut. Cela témoigne de la gestion macroéconomique prudente des surcroîts de ressources financières qui a notamment permis de faire face au choc externe de grande ampleur de 2009. Cette performance particulière, à en juger par l’encours des avoirs extérieurs avoisinant l’équivalant de 39 mois d’importations de biens et services à fin 2012, a amené la Banque d’Algérie à poursuivre la gestion prudente des réserves officielles de change en mettant de plus en plus en avant le suivi rigoureux et la gestion des risques, tout en atteignant un niveau de rendement acceptable. Face à la persistance de la crise de la dette souveraine dans la zone euro et des risques bancaires corrélatifs, la Banque d’Algérie a pris des mesures de prudence appropriées pour préserver le capital des investissements de toute perte. Aussi, les investissements effectués par la Banque d’Algérie dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur les titres les moins risqués, pendant que les dépôts auprès des banques commerciales ont été maintenus à un niveau très faible depuis le début de la crise financière internationale. En outre, les dépôts sont orientés plus vers les banques centrales pour minimiser au maximum le risque de contrepartie. Au total, la position financière extérieure nette s’est davantage consolidée au cours de l’année 2012, à mesure que l’encours de la dette extérieure à moyen et long termes est estimé à 2,479 milliards de dollars à fin 2012 (3,263 milliards de dollars à fin 2011) en contexte de stabilisation de la dette extérieure à court terme à un milliard de dollars. Cela confirme la très bonne soutenabilité de la dette extérieure de l’Algérie dans un contexte international marqué par la persistance de l’acuité des risques souverains. La solidité de la position financière externe et la gestion prudente des réserves officielles de change constituent les deux principaux piliers de la stabilité financière externe de l’Algérie, pendant que la politique de stabilisation du taux de change effectif du dinar y contribue. Face à la volatilité des cours de change des principales devises et son impact sur les économies émergentes malgré l’amorce d’une stabilisation sur les marchés financiers au second semestre 2012, la Banque d’Algérie a continué de conduire une politique active de taux de change - flottement dirigé - avec l’objectif de stabilisation du taux de change effectif réel, en fonction de l’évolution des fondamentaux. Le taux de change moyen annuel du dinar algérien contre l’euro s’est très légèrement apprécié (0,05 %) en 2012 par rapport à l’année 2011, passant de 102,2154 EUR/DZD en 2011 à 102,1627 EUR/DZD en 2012. Cependant, en terme de variation trimestrielle de fin de période, le taux de change du dinar contre l’euro s’est apprécié de 3,37% durant le quatrième trimestre de l’année 2012 et ce par rapport au même trimestre de l’année 2011, où le cours est passé de 106,5322 EUR/DZ D au quatrième trimestre 2011 à 102,9469 EUR/DZD au quatrième trimestre 2012. Par rapport au dollar américain, le taux de change moyen annuel du dinar algérien s’est établi à 77,5519 USD/DZD en 2012 contre 72,8537 USD/DZD en 2011, soit une dépréciation de l’ordre de 6,45 %. En termes de variation trimestrielle de fin de période, le quatrième trimestre de l’année 2012 a enregistré une dépréciation du dinar de seulement 2,69 % par rapport au même trimestre de l’année 2011. Le cours de fin de période est ainsi passé de 76,0563 USD/DZD à fin décembre 2011 à 78,1025 USD/DZD à fin décembre 2012. Si le taux de change effectif nominal du dinar s’est stabilisé en 2012, le taux de change effectif réel a enregistré une appréciation de 5,8 %, en moyenne annuelle, sous l’effet principalement de l’élargissement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses principaux partenaires. Ce différentiel s’est établi à 6,22 % en 2012 contre 1,61 % en 2011, résultant de l’envolée de l’inflation des prix à la consommation en contexte de décélération de l’inflation dans les pays partenaires. Au total, l’intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes a permis d’atténuer l’impact de la volatilité accrue des cours de change des principales devises sur l’économie nationale notamment en atténuant l’effet sur les prix intérieurs. 2. Développements monétaires L’année 2012 s’est caractérisée par un « pic » de l’inflation, en dépit de la décélération des rythmes d’expansion monétaire. L’agrégat monétaire M2 a progressé de seulement 11,47 % contre 19,9 % au titre de 2011, correspondant au rythme le moins élevé des sept dernières années à l’exception de 2009, année du choc externe de grande ampleur. Quant à la monnaie fiduciaire, son rythme de croissance a reculé de près de 8 points de pourcentage, soit 14,81 % en 2012 contre 22,53 % en 2011. De plus, la monnaie fiduciaire s’est contractée en novembre et décembre. Cependant, le trend haussier du ratio monnaie fiduciaire/M2 s’est poursuivi au cours de l’année 2012 pour s’établir à 26,7 % en fin de période. Malgré une décélération de son rythme, l’expansion monétaire enregistrée en 2012 a plus été tirée par la croissance significative des crédits à l’économie comparativement à celle des avoirs extérieurs nets, en contexte de faible effet inhérent à la contraction de la position financière nette de l’Etat. Le caractère encore favorable de la balance des paiements s’est matérialisé par la progression des avoirs extérieurs nets (7,3 %), principalement au premier semestre de l’année sous revue. Cela conforte le rôle déterminant de l’agrégat avoirs extérieurs nets dans la situation monétaire consolidée, d’autant qu’il excède la masse monétaire M2 depuis 2005 et qu’il alimente en partie l’excès de liquidité sur le marché monétaire. Par ailleurs, la faible contraction de la position financière nette de l’Etat (-3,4 %) dans la situation monétaire à fin 2012 est à analyser en relation avec la forte expansion des dépôts au CCP et au Trésor (32,8 %), enregistrée essentiellement au premier semestre, sachant que la forte expansion des dépenses budgétaires courantes (dépenses de personnel, transferts courants, …) a certainement alimenté l’expansion de la monnaie fiduciaire en 2012. Cet agrégat est fortement corrélé aux dépenses des ménages, surtout que l’année 2012 et l’année précédente ont été marquées par un accroissement substantiel des revenus. Malgré la poursuite de la forte expansion des dépenses budgétaires pour la seconde année consécutive et le déficit global corrélatif, la position financière de l’Etat en tant que créancier net vis-à-vis du système bancaire demeure très appréciable, comme en témoigne l’encours global des avoirs du Trésor auprès de la Banque d’Algérie (compte courant et Fonds de régulation des recettes). Les dépôts du Trésor auprès de la Banque d’Algérie atteignent 5713,5 milliards de dinars à fin 2012, soit l’équivalent de 36 % du produit intérieur brut estimé. En conséquence, un des principaux déterminants de l’expansion monétaire en 2012 est représenté par le fort rythme de progression des crédits à l’économie (15,3 % contre 14 % en 2011); ce rythme atteignant même 17 %, en y intégrant les rachats effectués par le Trésor. A fin 2012, les crédits bancaires aux entreprises privées atteignent 1949,2 milliards de dinars contre 1683,2 milliards de dinars à fin 2011, de sorte que les crédits au secteur privé (y compris les ménages) excédent l’encours des crédits au secteur public. Avec l’augmentation de la part relative des crédits à moyen et long termes à 68,6 % (63,4 % à fin 2011), le dynamisme des crédits bancaires à l’économie traduit, dans une certaine mesure, l’amélioration de la structure et des conditions de financement, notamment suite au soutien financier apporté par l’Etat aux PME. Après cette revue à grands traits des contreparties de la masse monétaire M2, l’analyse de la structure de cette dernière renseigne notamment sur le comportement d’épargne financière des agents économiques à travers l’évolution des agrégats monétaires. Les dépôts à vue collectés par les banques ont enregistré une baisse de 3 % en 2012, due à la très forte contraction de ceux de Sonatrach (- 37,9 %) liée notamment à l’autofinancement de son programme d’investissement. Les dépôts à vue des entreprises publiques (hors Sonatrach) auprès des banques ont par contre enregistré une faible hausse (3,3 %), alors que les dépôts des entreprises privées et des ménages se sont fortement accrus (17,8 %). Pour rappel, les dépôts au CCP et au Trésor qui sont pour l’essentiel le fait des ménages ont très fortement progressés en 2012. Il importe de souligner ici le phénomène nouveau de croissance significative des dépôts à terme en dinars (20 %), tirée par celle des dépôts à terme des entreprises publiques et des ménages, en contexte de forte expansion de l’agrégat quasi monnaie (19,5 %). L’analyse de la structure de la quasi monnaie indique une relative stabilisation des dépôts en devises, exprimés en monnaies étrangères. Quant à l’évolution de la structure des dépôts auprès des banques par secteur juridique, elle montre un « effet de balancier » représenté par une contraction de 6,5 % des dépôts du secteur public versus un accroissement des dépôts du secteur privé (entreprises et ménages) (14,1 %). En conséquence, la structure de M2 à fin 2012 indique une diminution de la part relative des dépôts bancaires à 61 % (61,4 % à fin juin 2011) et 63,6 % à fin 2011, alors que la part des dépôts aux CCP et Trésor enregistre une progression à 12,4 % contre 10,4 % à fin 2011. Quant à la part de la circulation fiduciaire, elle a légèrement augmenté (26,7% contre 25,7 % à fin juin 2011). En effet, les fortes sorties nettes mensuelles de monnaie fiduciaire (billets de banque) se sont poursuivies au cours de l’année 2012, à l’exception des mois de novembre et décembre 2012. 3. Une poussée inflationniste de nature endogène Après la période d’ajustement, l’Algérie a connu une longue période d’inflation modérée, soit plus de dix ans de rythmes d’inflation contenus à moins de 5 %, à l’exception de l’année 2009 (5,74 %) où l’inflation importée s’est conjuguée avec le phénomène d’inflation endogène. En 2011, avec le choc des prix intérieurs de certains produits de base en début d’année, le taux d’inflation a été contenu à 4,52 %, en moyenne annuelle, en contexte de tendance à la hausse des prix à la consommation au second semestre. Cette tendance haussière s’est poursuivie avec acuité en 2012 et ce, dès janvier où l’indice global des prix à la consommation faisait ressortir une hausse brutale et subite (2,31 %), équivalente à 5,5 fois la hausse mensuelle moyenne de cet indice au titre de l’année 2011. L’accélération en la matière a fait que le taux d’inflation annuel moyen a atteint 5,91 % dès mars, 7,29 % à juin, pour terminer l’année sous revue à 8,89 %, soit un rythme quasiment le double de celui enregistré au titre de l’année 2011 (4,52 %). Par ailleurs, l’année 2012 s’est caractérisée par une très forte accélération de l’inflation des prix des produits alimentaires (12,22 %) et singulièrement de ceux des produits agricoles frais (21,37 %), car l’inflation des prix à la consommation (hors produits alimentaires) n’a été que de 6,09 %. Le phénomène inflationniste qui a émergé avec une acuité particulière en 2012 est essentiellement de nature endogène et ancrée sur un nombre très limité de produits frais dont les prix ont enregistré une envolée au premier trimestre 2012 qui explique 96 % de l’inflation, en moyenne annuelle, de cette catégorie d e produits pour toute l’année 2012 (21,37 %). En ce qui concerne la viande ovine dont le poids dans cette catégorie de biens (huit produits) est de 33,8 %, l’acquis d’inflation au premier trimestre 2012 est de 24,12 %, soit 79,7 % de l’inflation annuelle moyenne de ce bien enregistrée en 2012 (30,28 %). Il importe de souligner que la flambée des prix de la viande ovine (30,28 %) a contribué pour plus de la moitié (50,7 %) à l’inflation des produits alimentaires frais, pour 40 % à l’inflation du groupe ali mentaire et plus du quart (25,8 %) à l’inflation globale de 2012, alors que son poids au sein du groupe alimentaire est de 13,3 % (5,72 % dans l’indice global). Ce qui distingue donc l’effet inflationniste de l’année 2012, c’est que 4,9 points des 12,22 points d’inflation de l’alimentaire et 2,22 points des 8,89 points de l’inflation globale sont imputables à la seule viande ovine. En outre, si l’inflation du groupe « divers » (13,42 %) est nettement supérieure à l’inflation moyenne, la hausse des prix de tous les autres groupes de produits est comprise entre 2,88 % (éducation - culture) et 5,77 % (habillement - chaussures). Au total, l’analyse des contributions des différents groupes de produits à la hausse des prix montre que cette dérive des prix des produits alimentaires contribue pour 62,80 % au « pic» inflationniste enregistré en 2012, pendant que la hausse des prix du groupe « divers » y contribue à hauteur de 14,93 %. La forte inflation de l’année 2012 est essentiellement générée par l’effet-prix de ces deux groupes dont les contributions respectives sont beaucoup plus élevées que leurs poids respectifs dans l’indice des prix (43,09 % et 8,64%). Le « pic » de l’inflation enregistré en 2012 s’est conjugué avec une décélération des rythmes d’expansion monétaire, d’autant que l’agrégat monétaire M2 a progressé au rythme le moins élevé des sept dernières années, à l’exception de 2009, année du choc externe de grande ampleur. De plus, le rythme de croissance de la monnaie fiduciaire a reculé de près de 8 points de pourcentage par rapport à l’année 2011. Cette décélération de l’inflation monétaire s’est conjuguée avec une diminution des cours des matières premières (hors combustibles) en 2012, estimée par le FMI à 9,8 %, pendant que le taux de change effectif s’est relativement stabilisé. En particulier, sur le marché libre mondial, les cours des produits de base importés par l’Algérie ont tous baissé en 2012, soit entre 5,6 % et 16,25 % en moyenne annuelle. Par ailleurs, les nombreuses exonérations et allègements fiscaux (TVA, droits de douane) sur les produits agricoles importés auraient dû aussi agir dans le même sens de la stabilité des prix. Les autres causes, qui sont plus d’ordre organisationnel et comportemental, ont nourri le phénomène d’inflation endogène. Les importantes augmentations de salaires accordées et l’effet dit « de résonance » de propagation à tous les acteurs économiques, ont alimenté de facto l’inflation des prix des produits frais, pendant que le niveau élevé et persistant de ces prix joue un rôle important dans la formation des anticipations inflationnistes. La faible organisation des marchés de gros et de détail - peu de marchés de gros organisés de produits agricoles, formation des prix opaque, absence de publicité des prix et de facturation, faiblesse du contrôle en matière de respect des lois et règlements en vigueur - a facilité les hausses de prix abusives, pendant que des positions dominantes renforcent ces pratiques. Le recours quasi exclusif au paiement en cash est corrélatif à l’ampleur accrue des transactions relevant de l’informel. Enfin, dès l’observation de l’accélération de l’inflation au premier trimestre 2012 qui a atteint 5,91 % à mars 2012, la Banque d’Algérie a : · augmenté le montant des reprises de liquidité de 250 milliards de dinars faisant passer les reprises de liquidité de 1100 milliards de dinars à 1350 milliards de dinars à compter du 30 avril 2012 ; · relevé le taux de constitution des réserves minimales obligatoires de deux points de pourcentage (de 9 % à 11 %) à compter du 15 mai 2012 (début de la période de constitution des réserves obligatoires). Ces mesures de politique monétaire ont contribué à mieux gérer l’excès de liquidité sur le marché monétaire, et par là à atténuer son effet inflationniste, en situation de croissance modérée de la masse monétaire M2 (11,47 %). De plus, ce rythme est en phase avec l’objectif quantitatif arrêté par le Conseil de la monnaie et du crédit pour l’année 2012. La préservation de la stabilité macroéconomique reste un objectif primordial. La politique monétaire y joue un rôle actif, d’autant que la Banque d’Algérie continue de consolider ses instruments de résorption de l’excès de liquidité sur le marché monétaire. Parallèlement, la poursuite de la consolidation de la stabilité financière est un ancrage important pour le nécessaire renforcement de l’intermédiation bancaire au profit d’une forte croissance hors hydrocarbures. Un saut qualitatif est escompté sous l’angle de niveau de développement financier, dans l’objectif d’une allocation efficiente des ressources portée par une meilleure évaluation et gestion des risques par les banques. Des efforts importants doivent être orientés vers la promotion de l’investissement productif, en comptant sur le développement de la capacité et l’efficience de l’absorption des importantes épargnes financières des entreprises privées et des ménages. Le canal crédits bancaires reste potentiellement important en matière de financement de l’investissement productif et de la croissance hors hydrocarbures en Algérie, avec un rôle désormais plus accru des banques commerciales dans le développement de crédits sains à l’économie, largement disséminés. Les années 2013 et 2014 devraient être démonstratives en la matière, afin d’asseoir l’économie hors hydrocarbures sur le sentier de son véritable potentiel de croissance. TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU PREMIER TRIMESTRE DE 2013 L’année 2012 a été marquée par un nouveau ralentissement de la conjoncture économique mondiale, lié à l’acuité de la crise de confiance notamment en ce qui concerne la zone euro, malgré un redressement de l’activité économique au troisième trimestre où les pays émergents ont joué un rôle important. La demande extérieure de certains pays émergents et en développement a subi l’effet de la contraction de l’activité dans la zone euro, en situation de baisse des cours des matières premières (hors combustibles). Parallèlement, sous l’effet principalement des mesures non conventionnelles de politique monétaire, le quatrième trimestre 2012 a été marqué par une stabilisation de la situation sur les marchés financiers, alors que la volatilité des taux de change a repris. Les indicateurs du premier trimestre 2013 montrent des signes d’amélioration graduelle des perspectives de l’économie mondiale et de la stabilité financière, soutenues par les mesures adoptées au niveau des pays avancés et la forte performance des pays émergents et en développement en contexte de reprise du commerce mondial. Si les banques centrales dans les principales économies avancées ont maintenu leurs politiques monétaires très accommodantes pour soutenir la reprise, en situation de faibles taux d’inflation au premier trimestre 2013, les crédits à l’économie progressent faiblement et les petites et moyennes entreprises font face à des conditions financières difficiles. Des risques considérables continuent de peser sur les perspectives à court terme de l’économie mondiale, particulièrement au vu de la situation encore difficile dans la zone euro, entrée en récession au premier trimestre 2013, avec des taux de chômage historiquement élevés et à la hausse pour la plupart des pays de cette zone. Il en résulte des incertitudes en ce qui concerne la consolidation budgétaire dans certains pays de l’Europe dont il importe d’en minimiser les effets négatifs sur la croissance à court-terme. Par ailleurs, il s’agit d’accélérer la « réparation » des bilans des banques et des entreprises pour rétablir la croissance du crédit – les crédits aux entreprises se sont contractés récemment -, et d’améliorer l’accès au crédit pour les PME, pour lesquelles le financement bancaire (hors autofinancement) est la principale source de financement. Parallèlement, les perspectives à court terme de l’économie mondiale sont également contraintes par les incertitudes liées aux niveaux très élevés des déficits budgétaires et de la dette publique aux Etats-Unis et au Japon, même si ces deux économies avancées ont contribué à la reprise au premier trimestre 2013. Leur ratio dette publique/PIB est à la hausse, pendant que les banques centrales maintiennent voire assouplissent davantage leur politique monétaire très accommodante. Des risques apparaissent également dans certains pays émergents, y compris en relation à la croissance rapide du crédit et des prêts transfrontières, facilités par la recherche de gains dans l’environnement actuel de faibles taux d’intérêt mondiaux. Plusieurs banques centrales des pays émergents ont réduit leur taux d’intérêt en mars 2013, en contexte de fort taux de croissance des crédits intérieurs à l’économie et de financements extérieurs accrus sous forme d’acquisition de bons. Il en résulte des risques pour la stabilité financière. Un calibrage adéquat des mesures macro-prudentielles et de gestion des flux de capitaux est donc nécessaire pour préserver beaucoup de pays émergents de l’impact négatif de la volatilité des flux de capitaux. Cependant, le caractère très favorable des conditions financières contribue à la poursuite des bonnes performances des pays émergents et en développement, offrant une opportunité pour ces pays de reconstruire des marges de manœuvre macroéconomiques. Par ailleurs, en contexte de besoins exceptionnels et accrus de financements extérieurs, certains pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord sont confrontés au défi du nécessaire rétablissement de la stabilité macroéconomique au moyen notamment davantage de rééquilibrage des politiques budgétaires en situation de demande sociale pressante. Pour les pays exportateurs de pétrole, les conséquences du risque de baisse des prix du pétrole commencent par se faire sentir principalement au niveau budgétaire et du compte courant extérieur, dans un contexte où le prix d’équilibre budgétaire augmente plus vite que le prix effectif du pétrole. L’économie nationale qui est à l’abri de la volatilité des flux de capitaux qui affecte certaines économies émergentes, subit l’effet des autres risques pesant sur les perspectives à court terme de l’économie mondiale à travers notamment le prix du pétrole. Sa position financière extérieure reste solide au premier trimestre 2013, malgré l’impact négatif de très faibles taux d’intérêt mondiaux. 1. EVOLUTION DE LA BALANCE DES PAIEMENTS Après le choc externe de l’année 2009, une viabilité renforcée de la balance des paiements extérieurs a caractérisé les années 2011 et 2012, portée par le raffermissement du prix du pétrole dont le niveau annuel moyen s’est établi respectivement à 112,94 dollars/baril et 111,05 dollars/baril contre 80,15 dollars/baril en 2010. Le prix moyen mensuel du pétrole a fluctué entre 108,29 et 115,79 dollars/baril au premier trimestre 2013, soit 112,51 dollars/baril en moyenne trimestrielle contre 119,31 dollars/ baril au premier trimestre de l’année passée qui correspondait à un haut en rythme trimestriel. Par rapport à ce dernier, le prix du pétrole a fléchi de 5,70 % au cours du trimestre sous revue, en situation de fort recul des quantités d’hydrocarbures exportées (- 8,86 %). En valeur, les exportations d’hydrocarbures se sont contractées de 13,9 % au premier trimestre 2013 par rapport au même trimestre de l’année 2012, reculant de 20,378 milliards de dollars à 17,536 milliards de dollars. En référence au premier trimestre 2009, cela peut s’interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013. Cela impacte d’autant plus négativement la balance commerciale que les importations de biens poursuivent leur trend haussier au premier trimestre de l’année en cours en contexte de faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures (0,319 milliard de dollars contre 0,206 milliard de dollars au premier trimestre 2012). Les importations de biens fob (12,610 milliards de dollars) ont progressé de 8,6 % au premier trimestre 2013 par rapport au même trimestre de l’année précédente, essentiellement au titre de la poursuite de la forte expansion des importations des biens de consommation non alimentaires (83 %) et de la progression de celles des biens alimentaires (15,1 %). Les importations de biens d’équipement industriels, quant à elles, ont reculé de 22 %, confirmant la contraction enregistrée en 2012 par rapport à l’année 2011. Une analyse plus fine de la structure des importations révèle une croissance significative des importations des produits pétroliers au premier trimestre 2013, confirmant la tendance haussière des deux années précédentes et qui est fortement corrélée aux importations de véhicules (touristiques, utilitaires et autres). En outre, il importe de souligner que ces dernières se sont emballées entre 2008 et 2012. Quant aux importations de services hors revenus des facteurs, elles ont baissé au premier trimestre 2013 (-10,5 %) comparativement au premier trimestre 2012, essentiellement sous l’effet de la contraction de celles au titre des services « bâtiment et travaux publics » (-46,8%) et services techniques (-9,7 %). Cette tendance favorable a contribué à la stabilisation du déficit du poste services hors revenus des facteurs à environ deux milliards de dollars. Sous l’effet d’un élargissement du déficit des « revenus des facteurs » et d’une diminution des transferts nets, conjugué à la forte contraction de l’excédent commercial, l’excédent du compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré une baisse substantielle. En conséquence, et malgré la stabilisation des investissements directs étrangers (nets), le solde global de la balance des paiements est en léger excédent au premier trimestre 2013 comparativement au rythme trimestriel des deux dernières années. Au total, les données de règlement des banques indiquent que les transferts vers l’étranger ont enregistré une hausse globale de 6,7 % par rapport au premier trimestre 2012, en contexte de baisse des recettes d’exportations d’hydrocarbures. Cette situation n’est pas soutenable, d’autant qu’elle constitue une vulnérabilité pour la balance des paiements extérieurs. En conséquence, le solde global de la balance des paiements est estimé à seulement 0,846 milliard de dollars au premier trimestre 2013 contre un excédent de 4,164 milliards de dollars au premier trimestre de l’année précédente. Ainsi, avec le flux de réserves et l’effet de valorisation négatif, l’encours des réserves de change (or non compris) est évalué à 189,768 milliards de dollars à fin mars 2013 contre 190,661 milliards de dollars à fin décembre 2012 et 182,224 milliards de dollars à fin décembre 2011. Cependant, la position financière extérieure nette de l’Algérie reste solide; la dette extérieure étant estimée à seulement 3,451 milliards de dollars à fin mars 2013 contre 3,637 milliards de dollars à fin décembre 2012 et 4,229 milliards de dollars à fin mars 2012. La Banque d’Algérie a poursuivi au premier trimestre 2013 la gestion prudente des réserves officielles de change en mettant de plus en plus en avant le suivi rigoureux et la gestion des risques, au moyen notamment de mesures de prudence appropriées pour préserver le capital des investissements de toute perte, tout en atteignant un niveau de rendement acceptable vu la persistance de l’environnement de faibles taux d’intérêt mondiaux. A fin mars 2013, les emprunts publics à 10 ans aux Etats-Unis affichaient un rendement de 1,9 % contre 1,4 % pour les titres publics allemands de même maturité. Pour mémoire, les investissements effectués par la Banque d’Algérie dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur les titres les moins risqués, pendant que les dépôts sont orientés plus vers les banques centrales pour endiguer tout risque de contrepartie. La gestion prudente des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie contribue à la stabilité financière externe, en contexte de conduite flexible de la politique de stabilisation du taux de change effectif du dinar. Face à la volatilité des cours de change des principales devises et son impact sur les économies émergentes, l’intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes permet d’atténuer l’impact de cette volatilité sur l’économie nationale notamment en atténuant l’effet sur les prix intérieurs. Le cours moyen du dinar contre le dollar américain pour le trimestre sous revue a enregistré une dépréciation de 4,02 % (75,1534 USD/DZD en mars 2012) par rapport au premier trimestre 2012, alors qu’il s’est apprécié de l’ordre de 1 % par rapport au quatrième trimestre de l’année 2012, soit un cours de 78,1783 USD/DZD enregistré au premier trimestre 2013 contre un cours de 78,9519 USD/DZD enregistré au quatrième trimestre 2012. Le cours moyen trimestriel du dinar contre l’euro est de 103,2113 EUR/DZD au premier trimestre 2013, stable par rapport au premier trimestre 2012 (103,1363 EUR/DZD) et en faible dépréciation (0,79 %) par rapport au quatrième trimestre 2012 (102,4011 EUR/DZD). En conséquence, et sous l’effet de l’amenuisement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses 15 pays partenaires commerciaux et de l’augmentation des prix relatifs, le taux de change effectif réel du dinar s’est déprécié de 0,15 % en moyenne sur les trois premiers mois de 2013 par rapport à la même période de 2012 et il s’est apprécié de 1,25 % par rapport au quatrième trimestre de la même année, après une appréciation de 5,8 %, en moyenne annuelle, en 2012. Il reste, cependant, apprécié par rapport à son niveau d’équilibre déterminé en fonction des fondamentaux. 2. DÉVELOPPEMENTS MONÉTAIRES La décélération des rythmes d’expansion monétaire qui a caractérisé l’année 2012, avec une progression de l’agrégat monétaire M2 de seulement 10,92 % contre 19,91 % au titre de 2011, est confirmée au premier trimestre de l’année en cours où le taux de croissance de M2 est estimé à 3,45 % contre 5,98 % au titre du premier trimestre de 2012. Avec une telle décélération de son rythme, l’expansion monétaire enregistrée au premier trimestre 2013 a été tirée par la croissance significative des crédits à l’économie, en contexte de stabilisation des avoirs extérieurs nets et de la position financière nette de l’Etat. En dépit de la stabilisation des avoirs extérieurs nets au cours du premier trimestre sous revue (0,62 %), cet agrégat joue un rôle déterminant dans la situation monétaire consolidée, ayant grandement alimenté l’excès de liquidité sur le marché monétaire. Par ailleurs, la stabilisation de la position financière nette de l’Etat dans la situation monétaire à fin mars 2013 par rapport à fin décembre 2012 est à analyser en relation avec la forte croissance des dépôts au CCP et au Trésor (8,73 %), liée aux dépenses budgétaires courantes (dépenses de personnel, transferts courants, …), même si ce taux est inférieur à celui enregistré au premier trimestre de l’année 2012 (10,97 %). Ainsi, la position financière de l’Etat en tant que créancier net vis-à-vis du système bancaire demeure appréciable, d’autant que la sphère budgétaire continue de jouer un rôle dans l’expansion des liquidités, à travers notamment l’envolée des dépôts au CCP et au Trésor. Il importe de souligner que le stock d’épargnes financières du Trésor, à savoir les épargnes sur ses comptes ouverts à la Banque d’Algérie, a augmenté de 103,3 milliards de dinars au cours du premier trimestre 2013. En effet, l’encours global des comptes du Trésor (compte courant, fonds de régulation des recettes) à fin mars 2013 s'élève à 5816,8 milliards de dinars contre 5713,5 milliards de dinars à fin décembre 2012, en contexte de légère baisse (8,6 milliards de dinars) de l’encours global des émissions des valeurs du Trésor, par voie d’adjudication sur le marché monétaire, passant de 600,8 milliards de dinars à fin décembre 2012 à 592,2 milliards de dinars à fin mars 2013. La structure des valeurs du Trésor, émises au premier trimestre 2013, montre une prépondérance des titres à court terme (67 %). En conséquence, le principal déterminant de l’expansion monétaire au premier trimestre 2013 est représenté par le fort rythme de progression des crédits à l’économie (6,27 %) comparativement au même trimestre de l’année passée (2,31%), reflétant le dynamisme des crédits bancaires à l’économie soutenu par les mesures de facilitation et de soutien prises par les pouvoirs publics en début d’année. A fin mars 2013, les crédits bancaires aux entreprises privées atteignent 2044,59 milliards de dinars contre 1947,05 milliards de dinars à fin 2012, de sorte que les crédits au secteur privé (y compris les ménages) (2362,77 milliards de dinars) excédent l’encours des crédits au secteur public (2205,29 milliards de dinars). Le premier trimestre 2013 est marqué par une progression aussi bien des crédits au secteur privé (5,1 %) que de ceux au secteur public (7,5 %). Avec l’augmentation de la part relative des crédits à moyen et long termes à 70,42 % à fin mars 2013 (68,33 % à fin 2012), le dynamisme des crédits bancaires à l’économie traduit l’amélioration de la structure et des conditions de financement, suite à l’important soutien financier apporté par l’Etat aux PME. En conséquence, les crédits à moyen et long terme ont enregistré un fort taux de croissance au premier trimestre 2013 (9,5 %), alors que les crédits à court terme ont baissé de 0,7%. Les crédits hypothécaires aux ménages, quant à eux, sont en hausse de 4,4 %. Après cette revue à grands traits des contreparties de la masse monétaire M2 et du rôle accru de l’agrégat crédit, l’analyse de la structure de M2 renseigne notamment sur le comportement d’épargne financière des agents économiques et du rôle potentiellement important des banques en matière d’inclusion financière. En la matière, il importe de souligner que le rythme de croissance de M2 (hors dépôts des hydrocarbures) a reculé au premier trimestre 2013 à 3,36 % contre 6 % au premier trimestre de l’année passée. Les dépôts en dinars collectés par les banques ont progressé de 3,1 % au premier trimestre 2013, soit 3,7 % au titre des dépôts à vue et 2,4 % au titre des dépôts à terme. La croissance des dépôts du secteur des hydrocarbures (4,9 %) y a contribué, après leur forte contraction en 2012 (-38 %) liée notamment à l’autofinancement du programme d’investissement sectoriel. Les dépôts à vue et à terme des entreprises publiques (hors secteur des hydrocarbures) ont progressé au même rythme (5 %), mais supérieur à celui des dépôts à vue et à terme des entreprises privées et des ménages (2 %). Ces derniers ont ainsi faiblement augmenté au premier trimestre 2013, alors qu’ils se sont fortement accrus en 2012 (14,7 %) en relation avec l’effet-revenu des ménages. En conséquence, l’évolution de la structure des ressources collectées par les banques (y compris les dépôts en devises et les dépôts en garantie) indique une légère baisse de la part du secteur privé et des ménages à fin mars 2013 (57,66 %) comparativement à fin décembre 2012 (58,35 %). Quant aux dépôts aux CCP et au Trésor, qui sont pour l’essentiel le fait des ménages, ils ont poursuivi leur progression au premier trimestre 2013 (8,73 %). Si la quasi monnaie s’est accrue de seulement 2,49 % (8,44 % au premier trimestre 2012), l’analyse de la structure de cet agrégat indique un phénomène de balancier, au premier trimestre 2013, matérialisé par une progression des dépôts à terme en dinars (2,4 %) moins élevée que celle des dépôts en devises (3,2 %), alors que le premier trimestre de l’année passée avait enregistré une croissance bien plus élevée des dépôts à terme en dinars (9,4 %) par rapport à celle des dépôts en devises (0,7%). En conséquence, la structure de M2 à fin mars 2013 indique une légère hausse de la part relative des dépôts bancaires à vue et de celle des dépôts aux CCP et Trésor, en situation de légère baisse de la part de la quasi monnaie et de celle de la circulation fiduciaire. En effet, après avoir enregistré de fortes sorties nettes mensuelles au cours de l’année 2012 à l’exception des mois de novembre et décembre, la circulation fiduciaire s’est fortement accrue de nouveau en janvier, pour ensuite enregistrer des rythmes de progression modérés en février et mars 2013. La monnaie fiduciaire a faiblement progressé au premier trimestre 2013 (1,45 %) par rapport au premier trimestre de l’année 2012 (5,13 %) où le rythme annuel était de 14,81 % (22,53 % en 2011), sous l’effet des flux de sortie de monnaie fiduciaire à travers le réseau d’Algérie Poste. Ces flux de sortie sont de facto corrélés au cycle des dépôts au CCP et au Trésor qui a connu un emballement ces dernières années. La structure de M2 est relativement stable à fin mars 2013 comparativement à fin décembre 2012, reflétant une stabilité de la demande d’épargne financière et d’encaisses des ménages, en contexte de décélération de l’inflation des prix à la consommation. Mais, eu égard au niveau élevé de l’inflation enregistré au cours de l’année passée, la Banque d’Algérie a introduit dès mi-janvier 2013 un nouvel instrument de politique monétaire, à savoir la reprise de liquidité à six mois à un taux de rémunération de 1,50 %. Ce renforcement des instruments de politique monétaire est intervenu après les mesures prises en avril 2012 – augmentation du montant des reprises de liquidité de 250 milliards de dinars pour le porter à 1350 milliards de dinars – et mai 2012, à savoir le relèvement de deux points de pourcentage (de 9 % à 11 %) du taux de constitution des réserves minimales obligatoires. Le rallongement de la maturité des reprises de liquidité à partir de janvier 2013 vise à absorber plus de liquidités stables des banques et par-là, à mieux gérer l’excès de liquidité sur le marché monétaire. La liquidité bancaire est restée stable au premier trimestre 2013, atteignant 2865,94 milliards de dinars à fin mars 2013 contre 2876,26 milliards de dinars à fin décembre 2012, dont 1350 milliards de dinars ont été absorbés par l’instrument reprises de liquidité. Les banques ont moins recouru à la facilité de dépôts à 24 heures auprès de la Banque d’Algérie en mars (502,26 milliards de dinars) comparativement à février (809,65 milliards de dinars) et janvier (770,66 milliards de dinars) de l’année en cours. Il en a résulté une augmentation des avoirs en comptes des banques, pendant que le marché monétaire interbancaire est resté quasi inactif au premier trimestre 2013, vu la dissémination de l’excès de liquidité. En outre, il a été observé un fort recul du taux d’intérêt applicable aux opérations au jour le jour sur ce marché. Enfin, la préservation de la stabilité macroéconomique reste un objectif primordial. La politique monétaire y joue un rôle actif, d’autant que la Banque d’Algérie a consolidé ses instruments de résorption de l’excès de liquidité au cours du premier trimestre 2013, dans le but d’endiguer le phénomène inflationniste. Si le rôle de la politique monétaire dans la lutte contre l’inflation est assuré par la Banque d’Algérie, le caractère endogène du phénomène inflationniste en Algérie appelle d’autres mesures de politique économique d’ordre notamment structurel. 3. TENDANCE A LA DÉCÉLÉRATION DE L’INFLATION Après le choc des prix intérieurs de certains produits de base début 2011 et l’accélération de l’inflation au second semestre, le phénomène inflationniste a émergé avec une acuité particulière en 2012, alors que l’Algérie a connu une longue période d’inflation modérée après l’ajustement structurel. En 2012, le phénomène inflationniste a été essentiellement de nature endogène et ancré sur un nombre très limité de produits frais dont les prix ont enregistré une envolée au premier trimestre 2012, expliquant 96 % de l’inflation, en moyenne annuelle, de cette catégorie de produits pour toute l’année 2012 (21,37 %). En effet, dès janvier 2012, l’indice global des prix à la consommation du Grand Alger faisait ressortir une hausse brutale et subite (2,31 %), équivalente à 5,5 fois la hausse mensuelle moyenne de cet indice au titre de l’année 2011. Par ailleurs, l’inflation des prix à la consommation (hors produits alimentaires) n’a été que de 6,09 % en 2012. Après 19 mois de tendance haussière ininterrompue (de juillet 2011 à janvier 2013), l’inflation, en moyenne annuelle, s’est décélérée pour le deuxième mois consécutif en mars 2013. En effet, le taux d’inflation en moyenne annuelle s’est établi à 8,07 % à mars 2013 contre, respectivement, 8,89 %, 8,91 % et 8,56 %, à décembre 2012 et à janvier et février 2013. Cette décélération du rythme d’inflation résulte principalement de celle enregistrée par les groupes « alimentation et boissons non alcoolisées » et « divers ». En variation mensuelle (mars 2013 par rapport à février 2013), l’inflation globale s’est établie à 0,51 % contre 1,45 % en mars 2012. Cette décélération de l’inflation mensuelle est due à la baisse des prix du groupe divers de 1,57 % en contexte de hausse de 1,21 % des prix du groupe alimentaire (2,54 % en mars 2012) ; les prix des autres groupes de produits variant entre un minimum de 0 % pour le groupe « Education - culture - loisirs » et un maximum de 0,48 % pour le groupe « santé et hygiène corporelle ». L’inflation mensuelle du groupe alimentaire (1,21 %) est expliquée dans une large mesure par celle du sous-groupe « légumes » qui s’élève à 12,60 % en mars 2013, après deux mois consécutifs de baisse (-3,16 % en janvier et -3,24 % en février 2013). Les niveaux d’inflation de ce sous-groupe, en variation mensuelle, sont élevés en ce mois de l’année (12,93 % en mars 2012, 10,97 % en mars 2011 et 14,58 % en mars 2010). Le mois de mars comporte un effet saisonnier, étant une période de soudure entre les campagnes agricoles. En dépit de l’envolée des prix à la consommation au premier trimestre 2012, l’inflation globale en moyenne périodique (les trois premiers mois de 2013 comparativement à la même période de l’année 2012) a atteint 5,85 %. La décomposition de l’indice global par groupes de produits indique que ce sont les groupes « alimentation et boissons non alcoolisées » et « transport et communication » qui contribuent le plus à cette inflation, respectivement, de 55,45 % et 21,42 %. L’inflation du groupe « transport et communication » est intervenue essentiellement en janvier 2013 (4,6 % en variation mensuelle contre 0 % en février et 0,22 % en mars 2013), alors que le rythme moyen de l’inflation mensuelle de ce groupe était de 0,3 % au cours de l’année 2012. Avec des taux d’inflation en moyenne périodique de 19,32 % et 10,22 %, les sous-groupes « viande et abats de mouton » et « légumes » expliquent, respectivement, 50,73 % et 17,56 % de l’inflation du groupe alimentaire, pendant que leurs poids dans ce groupe ne sont, respectivement, que de 13,28 % et 10,91 %. La variation des prix à la consommation durant les trois premiers mois de l’année 2013 comparativement aux trois derniers mois de 2012 s’est établie à 1,06 % dont 0,22 % pour le groupe « alimentation et boissons non alcoolisées ». La décomposition de l’indice global par groupes de produits indique clairement que c’est le groupe « transport et communication » qui a contribué à hauteur de 71,27 % à cette hausse des prix, en raison du relèvement des tarifs (prix réglementés) en début d’année. En 2013, compte tenu de la réduction des dépenses courantes de l’Etat (dépenses de personnel, LF 2013), il est probable que la demande de consommation courante n’augmente pas substantiellement. Les facteurs ayant provoqué le choc de demande de 2012 n’étant plus opérants en 2013, les imperfections de marché, même si elles demeurent, n’auront probablement plus le même effet amplificateur qu’elles avaient auparavant en l’absence de choc de demande. Par ailleurs, l’évolution de la monnaie fiduciaire au premier trimestre 2013 montre une décélération de son rythme de croissance en février et mars, soit un indice de stabilisation de la demande d’encaisses, surtout comparativement à l’emballement du premier trimestre 2011 et 2012. Les premières prévisions effectuées en mars 2013 indiquent que l’inflation de 2013, en moyenne annuelle, serait bien inférieure au taux atteint en 2012. Par ailleurs, la mobilisation de l’épargne financière des ménages contribue à la lutte contre le phénomène inflationniste. En effet, l’épargne financière des ménages auprès des banques est restée appréciable au premier trimestre de l’année en cours, soit 67,3 % des dépôts des entreprises privées et ménages à fin mars (68,1 % à fin 2012). Cependant, les crédits distribués aux ménages ne représentent que 13,5 % des crédits au secteur privé (13,3 % à fin 2012). Les nouvelles dispositions pour l’année en cours en matière de financement bancaire de réalisation de logements contribueraient à accroître l’offre de crédits hypothécaires aux ménages. Enfin, le financement du logement promotionnel par les banques ne peut conduire en 2013 à une forme d’éviction des crédits à l’investissement productif, notamment au titre des programmes d‘investissements des PME. Le canal crédits bancaires reste potentiellement important en matière de financement à la fois du logement promotionnel et de l’investissement productif des PME, dans le cadre du développement de crédits sains à l’économie et largement disséminés. En appui à la réalisation de cet important objectif, l’absorption progressive des excès de liquidités sur le marché monétaire doit être accompagnée par des efforts soutenus des banques commerciales en matière de mobilisation des épargnes financières à terme des entreprises et des ménages TENDANCES MONÉTAIRES ET FINANCIÈRES AU DEUXIEME SEMESTRE DE 2013 Les indicateurs du premier semestre 2013 montrent des signes d’amélioration graduelle des perspectives de l’économie mondiale, soutenue par les mesures adoptées au niveau des pays avancés et la forte performance des pays émergents et en développement. La poursuite de la reprise de l’économie américaine en contexte d’amélioration du marché de l’emploi, la sortie de récession de la zone euro au second trimestre et la croissance soutenue de certaines économies émergentes d’Asie et d’Amérique Latine témoignent de cette amélioration, même si la croissance de l’économie chinoise, sur la base du premier semestre 2013, est légèrement en deçà de sa performance de l’année précédente. Cette amélioration s’est conjuguée à l’émergence de la volatilité des marchés financiers à partir de juin 2013, en situation d’incertitudes liées aux niveaux très élevés des ratios dette publique/PIB dans les pays développés, pendant que les banques centrales de ces pays maintiennent voire assouplissent davantage leur politique monétaire très accommodante ; le taux d’inflation étant faible aussi bien aux Etats Unis que dans la zone euro. Il importe de souligner que la volatilité financière affecte en particulier les économies émergentes. Il en a résulté des risques pour la stabilité financière dans les pays émergents, à en juger par la volatilité sur les marchés des changes où les monnaies de plusieurs pays émergents se sont dépréciées, reflétant leur vulnérabilité suite à une longue période de taux d’intérêts bas et d’entrées de capitaux de grande ampleur. Le flux inverse de sortie de capitaux amorcé en mai - juin 2013 et qui a concerné certains pays émergents, qui ont connu une longue période d’entrées massives de capitaux, semble s’inscrire dans le phénomène plus global de restructuration des portefeuilles à travers une réallocation notamment entre pays émergents, prenant en compte les facteurs spécifiques des pays. Quant à l’économie nationale, si elle est à l’abri de la volatilité des flux de capitaux qui affecte durement certaines économies émergentes, elle subit l’effet des autres risques pesant sur les perspectives à court terme de l’économi e mondiale à travers notamment le prix du pétrole. Sa position financière extérieure reste solide au premier semestre 2013, malgré un déficit de la balance des paiements au second trimestre et l’impact négatif des très faibles taux d’intérêt mondiaux. 1. Evolution de la balance des paiements Après le choc externe de l’année 2009, une viabilité renforcée de la balance des paiements extérieurs a caractérisé les années 2011 et 2012, portée par le raffermissement du prix du pétrole dont le niveau annuel moyen s’est établi respectivement à 112,94 dollars/baril et 111,05 dollars/baril contre 80,15 dollars/baril en 2010. Le prix moyen mensuel du pétrole a fluctué entre 101,45 et 115,72 dollars/baril au premier semestre 2013, soit une moyenne semestrielle de 108,65 dollars/baril contre 113,37 dollars/baril au cours de la même période de l’année précédente. Après une hausse au premier trimestre 2013 (112,51 dollars/baril) par rapport au dernier trimestre 2012 (110,24 dollars/baril), le prix moyen trimestriel a fléchi au second trimestre 2013 à 104,60 dollars/baril, soit une baisse de 7,03 %, en situation de fort recul des quantités d’hydrocarbures exportées (- 10,61 %) au cours du semestre sous revue ; un rythme de contraction qui s’est accru au second trimestre (- 12,55 %). En valeur, les exportations d’hydrocarbures se sont contractées de 14,31 % au premier semestre 2013 par rapport au même semestre de l’année 2012, reculant de 37,50 milliards de dollars à 32,14 milliards de dollars. Cela a affecté négativement la balance commerciale, surtout au second trimestre, pendant que les importations de biens poursuivaient leur trend haussier en contexte de faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures (0,682 milliard de dollars au premier semestre 2013 contre 0,473 milliard de dollars au premier semestre 2012). Les importations de biens fob (28,379 milliards de dollars) ont progressé de 20,04 % au premier semestre 2013 par rapport au même semestre de l’année précédente (23,641 milliards de dollars), essentiellement au titre de la poursuite de l’expansion des importations des biens de consommation non alimentaires (8,7 %) et de la progression de celles des biens alimentaires (16,2 %). Les importations de biens d’équipement industriels, quant à elles, se sont accrues à un rythme élevé (25 %), contrairement à leur contraction en 2012. Une analyse plus fine de la structure des importations révèle une croissance significative des importations des produits pétroliers au premier semestre 2013 (90,2 %) relativement au même semestre de l’année passée. Cela confirme la tendance haussière en la matière de ces deux dernières années, corrélativement aux importations de véhicules (touristiques, utilitaires et autres). Quant aux importations de services hors revenus des facteurs, elles se sont stabilisées au premier semestre 2013 comparativement à la même période de l’année passée, essentiellement sous l’effet de l’augmentation de celles au titre des transports maritimes, des services assurances, des services techniques et autres services, contrebalancée par la forte contraction (-39,8 %) des importations des services au titre du « bâtiment et travaux publics ». En rythme trimestriel en 2013, les importations de services se sont stabilisées à 2,9 milliards de dollars, pendant que les exportations de services ont légèrement augmenté au second trimestre. Cette tendance favorable a contribué à la stabilisation du déficit du poste services hors revenus des facteurs à 3,7 milliards de dollars au premier semestre 2013. Sous l’effet d’un élargissement du déficit des « revenus des facteurs » et d’une diminution des transferts nets, conjugué à la forte contraction de l’excédent commercial, le compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré un déficit de 1,2 milliard de dollars au premier semestre 2013 contre un excédent de 10 milliards de dollars au premier semestre 2012. En référence au premier semestre 2009, cela peut s’interpréter comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013. En conséquence, et malgré la stabilisation des investissements directs étrangers (nets) et l’amélioration du compte capital, le solde global de la balance des paiements enregistre un léger déficit (-0,15 milliard de dollars) au premier semestre 2013. Cette contreperformance est inhérente au déficit du compte courant extérieur du deuxième trimestre 2013 estimé à 1,78 milliard de dollars contre un excédent de 0,53 milliard de dollars au premier trimestre 2013. Elle confirme la vulnérabilité de la balance des paiements extérieurs au choc externe, d’autant que le premier semestre 2012 avait enregistré un important excédent de la balance extérieure globale (8,90 milliards de dollars). En conséquence, avec le flux de réserves et l’effet de valorisation négatif, l’ encours des réserves de change (or non compris) est évalué à 189,750 milliards de dollars à fin juin 2013 contre 189,768 milliards de dollars à fin mars 2013 et 190,661 milliards de dollars à fin décembre 2012. Cette stabilité du niveau des avoirs extérieurs conforte la solidité de la position financière extérieure nette de l’Algérie, en situation de niveau historiquement bas de la dette extérieure. Celle-ci est estimée à seulement 3,435 milliards de dollars à fin juin 2013 contre 3,637 milliards de dollars à fin décembre 2012. La Banque d’Algérie a poursuivi au premier semestre 2013 la gestion prudente des réserves officielles de change en mettant de plus en plus en avant le suivi rigoureux et la gestion des risques, au moyen notamment de mesures de prudence appropriées pour préserver le capital des investissements de toute perte, tout en atteignant un niveau de rendement acceptable compte tenu de la persistance de l’environnement de faibles taux d’intérêt mondiaux. A fin juin 2013, les emprunts publics à 10 ans aux Etats-Unis affichaient un rendement de 2,5 % contre 1,71 % pour les titres publics allemands de même maturité. Pour mémoire, les investissements effectués par la Banque d’Algérie dans les titres souverains des pays de la zone euro portent sur les titres les moins risqués, pendant que les dépôts sont orientés plus vers les banques centrales pour endiguer tout risque de contrepartie. La gestion prudente des réserves officielles de change par la Banque d’Algérie contribue à la stabilité financière externe, en contexte de conduite flexible de la politique de stabilisation du taux de change effectif du dinar. L’intervention de la Banque d'Algérie sur le marché interbancaire des changes a permis d’atténuer l’impact de la volatilité financière sur l’économie nationale, pendant qu’il en a résulté des risques pour la stabilité financière dans plusieurs pays émergents. La volatilité accrue sur les marchés des changes a conduit à la dépréciation des monnaies de plusieurs pays émergents. C’est dans un tel contexte de volatilité des cours de change des principales devises, que le cours moyen du dinar contre le dollar américain pour le semestre sous revue a enregistré une dépréciation de 4,11 % par rapport au premier semestre 2012, alors qu’il s’est apprécié de 1,54 % par rapport au second semestre de l’année 2012. Le cours moyen s’est établi à 78,4781 USD/DZD au premier semestre 2013 contre 79,7082 USD/DZD enregistré au second semestre 2012 et 75,3791 USD/DZD au premier semestre 2012. Parallèlement, le cours moyen du dinar contre l’euro a été de 103,0376 EUR/DZD au premier semestre 2013, en faible dépréciation aussi bien par rapport au premier semestre 2012 (102,169 EUR/DZD) que relativement au second semestre 2012, respectivement 0,85 % et 0,86 %. En conséquence, et sous l’effet de l’amenuisement du différentiel d’inflation entre l’Algérie et ses 15 principaux pays partenaires commerciaux, soit à 4,43 % en juin 2013 contre 6,23 % en décembre 2012, et de l’augmentation des prix relatifs, le tau x de change effectif réel du dinar s’est déprécié de 1,28 % en moyenne au premier semestre 2013 par rapport à la même période de 2012. Il s’est apprécié de 0,90 % par rapport au second semestre de l’année 2012, après une appréciation de 5,89 %, en moyenne annuelle, au cours de la même année. En dépit de la situation de déficit de la balance des paiements au second trimestre 2013, il reste apprécié d’environ 7 % à juin 2013 par rapport à son niveau d’équilibre déterminé en fonction des fondamentaux. 2. Développements monétaires La décélération des rythmes d’expansion monétaire qui a caractérisé l’année 2012, avec une progression de l’agrégat monétaire M2 de seulement 10,92 % contre 19,91 % au titre de 2011, est confirmée au premier semestre de l’année en cours où le taux de croissance de M2 est estimé à seulement 2,23 % (3,19 % au premier trimestre 2013) contre 7,02 % au titre du premier semestre de 2012. Avec une telle décélération de son rythme et une contraction au second trimestre 2013, l’e xpansion monétaire enregistrée au cours du semestre sous revue est faible, son encours passant de 11013,39 milliards de dinars à fin 2012 à 11258,97 milliards de dinars à fin juin 2013, eu égard à la croissance significative des crédits à l’économie en con texte de progression modérée des avoirs extérieurs nets dans la situation monétaire agrégée. En dépit de la décélération du rythme de croissance, soit 1,66 % au premier semestre 2013 contre 5,99 % au titre de la même période de l’année passée, les avoirs extérieurs nets qui ont atteint 14755,73 milliards de dinars à fin juin 2013 jouent un rôle important dans la situation monétaire consolidée, d’autant que cet agrégat a grandement alimenté l’excès de liquidité sur le marché monétaire entre 2004 et 2008 . Néanmoins, la stérilisation par le Trésor au moyen de l’accumulation soutenue des ressources dans le fonds de régulation des recettes a contribué à contenir cet excès de liquidités. Par ailleurs, après une quasi stabilisation de la position financière nette de l’Etat dans la situation monétaire entre fin 2011 et fin mars 2013, le second trimestre 2013 a enregistré une amélioration en la matière, soit environ 8 % au titre du premier semestre 2013 contre un amenuisement de près de 2 % en 2012. L’amélioration de la position financière nette de l’Etat au premier semestre 2013 s’est conjuguée à la décélération du rythme de croissance des dépôts au CCP et au Trésor à 9,09 % contre 24,84 % au premier semestre de l’année passée (30,46 % en 2012). Ainsi, la po sition financière de l’Etat en tant que créancier net vis-à-vis du système bancaire demeure appréciable comparativement à l’agrégat crédits à l’économie. Il importe de souligner que le stock d’épargnes financières du Trésor, à savoir les épargnes sur ses comptes ouverts à la Banque d’Algérie, a augmenté de 288,58 milliards de dinars au cours du premier semestre 2013. En effet, l’encours global des comptes du Trésor (compte courant, fonds de régulation des recettes) s'élève à 6002,04 milliards de dinars à fin juin 2013 contre 5816,8 milliards de dinars à fin mars 2013 et 5713,46 milliards de dinars à fin décembre 2012, en contexte de relative stabilisation de l’encours global des émissions des valeurs du Trésor, par voie d’adjudication sur le marché monétaire. Cet encours est passé de 600,85 milliards de dinars à fin décembre 2012 à 592,2 milliards de dinars à fin mars 2013, pour clôturer le semestre sous revue à 599,39 milliards de dinars. En conséquence, le principal déterminant de l’expansion monétaire au premier semestre 2013 est représenté par le fort rythme de progression des crédits à l’économie (14,05 %), soit près du double de celui enregistré au même semestre de l’année passée (7,76 %). Le dynamisme des crédits bancaires à l’économie, soutenu par les mesures de facilitation et de soutien prises par les pouvoirs publics en début d’année, est tel que le taux atteint dès le premier semestre 2013 est très proche du taux d’expansion en la matière de toute l’année 2012 (15,35 %). A fin mars 2013, les crédits bancaires à l’économie ont atteint 4568,05 milliards de dinars, correspondant à une progression de 6,27 % par rapport à décembre 2012 (4298,45 milliards de dinars). En effet, le dynamisme des crédits bancaires a été plus soutenu au second trimestre de l’année en cours (7,3 %), puisque l’encours a atteint 4902,50 milliards de dinars à fin juin 2013. A cette date, les crédits aux entreprises privées atteignent 2160,96 milliards de dinars (2037,91 milliards de dinars à fin mars 2013) contre 1940,32 milliards de dinars à fin 2012, de sorte que les crédits au secteur privé (y compris les ménages) (2489,07 milliards de dinars) excèdent l’encours des crédits au secteur public (2413,43 milliards de dinars). En outre, le premier semestre 2013 est marqué par une progression aussi bien des crédits au secteur privé que de ceux au secteur public. Parallèlement à la très forte croissance des crédits à l’économie au premier semestre 2013, l’analyse de la structure des crédits à l’économie par maturité confirme l’augmentation de la part relative des crédits à moyen et long termes à 71,12 % à fin juin (70,40 % à fin mars 2013, 68,31 % à fin 2012 et 63,41 % à fin 2011). Le dynamisme des crédits bancaires à l’économie traduit l’amélioration de la structu re et des conditions de financement (rallongement de la maturité et diminution du coût), corrélativement à l’important soutien financier apporté par l’Etat aux PME à partir du quatrième trimestre 2011. En outre, les mesures de facilitation prises début 2013 ont rendu plus effectif le dispositif de soutien de l’Etat dans le cadre du développement de crédits sains aux PMEs. Quant aux crédits aux ménages, ils sont en hausse de 7,1 % au premier semestre 2013, essentiellement au titre des crédits hypothécaires. Après cette revue à grands traits des contreparties de la masse monétaire M2 et particulièrement du rôle accru de l’agrégat crédit, l’analyse de la structure de M2 renseigne notamment sur le comportement d’épargne financière des agents économiques et son impact sur les moyens d’action des banques. Hors dépôts des hydrocarbures qui ont subi une très forte contraction au premier semestre 2013 ( 38,85 %), sous l’effet du choc externe au second trimestre, le taux de croissance de M2 est tombé à 4,76 % au cours du semestre sous revue contre 11,03 % au premier semestre de l’année passée. Parallèlement, le ratio crédits à l’économie/M2 (hors dépôts des hydrocarbures) s’est accru à 45,11 % à fin juin 2013, après une stabilisation en 2012 à 41 %, indiquant une impulsion dans l’intermédiation bancaire sous l’angle de l’allocation des crédits, pendant que la mobilisation des ressources se tarissait. Les dépôts en dinars collectés par les banques ont faiblement progressé au premier semestre 2013 (0,89 %), sous l’effet d’une contraction au second trimestre qui a concerné les dépôts à vue (- 8,57 %). En effet, la croissance des dépôts du secteur des hydrocarbures (4,9 %) au premier trimestre a été très largement contrebalancée par la très forte contraction du second trimestre (- 41,71 %) liée notamment à l’autofinancement du programme d’investissement sectoriel et aux importations de produits pétroliers. Quant aux dépôts à vue et à terme en dinars des entreprises publiques (hors secteur des hydrocarbures), elles ont progressé de 7,3 % au cours du semestre sous revue, principalement au premier trimestre (5,3 %). Cependant, ce flux d’accroissement est bien en deçà de la contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures, de sorte que le secteur public n’a pas contribué au développement des moyens d’action des banques au premier semestre 2013. C’est dans un tel contexte que les dépôts à vue et à terme en dinars des entreprises privées et des ménages ont faiblement progressé au premier semestre 2013 (2,9 %), après une expan sion significative enregistré en 2012 (14,7 %) en relation avec l’effet-revenu des ménages. Par ailleurs, les dépôts en devises de ces derniers représentent 65,6 % de l’encours des dépôts en devises mobilisés par les banques à fin juin 2013. Leur montant t otal s’est accru de 7 % au premier semestre 2013, soit un rythme annuel supérieur à celui de l’année précédente (11,5 %). Quant aux dépôts aux CCP et au Trésor, qui sont pour l’essentiel le fait des ménages, ils ont poursuivi leur progression au premier se mestre 2013 (9,09 %), en situation de ralentissement du rythme comparativement au premier semestre 2012 (24,84 %). Au total, l’évolution de la structure des ressources collectées par les banques (y compris les dépôts en devises et hors fonds d’investissement) indique une légère progression de la part du secteur privé et des ménages à 60,91 % à fin juin 2013, alors que ce ratio était passé de 54,82 % à fin 2011 à 59,01 % à fin 2012. En conséquence, la part relative du secteur public dans les moyens d’action des banques s’amenuise, sous l’effet notamment de la contraction des dépôts du secteur des hydrocarbures. Sous l’effet de l’évolution des dépôts à terme en dinars et des dépôts en devises, l’agrégat quasi monnaie s’est accru à un rythme plus élevé (7,59 %) que celui de la masse monétaire M2 (2,23 %) et M2 (hors dépôts des hydrocarbures) (4,76 %), mais à un rythme plus faible que celui du premier semestre 2012. Cela confirme la décélération de l’expansion monétaire au premier semestre 2013, d’autant que la masse monétaire M1 s’est à peine stabilisée (-0,10 %) face au recul des dépôts à vue au niveau des banques dont le taux est estimé à 4,88 %. Ce dernier phénomène déjà enregistré en 2012 est lié au profil des dépôts du secteur des hydrocarbures qui semblent s’amenuiser davantage en 2013. Cependant, la base de ressources des banques est aujourd’hui moins vulnérable à un choc externe affectant ce secteur. En conséquence, la structure de M2 à fin juin 2013 indique une baisse de la part relative des dépôts bancaires à vue, une augmentation de celle des dépôts aux CCP et Trésor ainsi que de celle de la quasi monnaie, en situation de stabilisation de la part relative de la circulation fiduciaire. En effet, après avoir enregistré de fortes sort ies nettes mensuelles au cours de l’année 2012 à l’exception des mois de novembre et décembre, la circulation fiduciaire ne s’est accrue que de 1,18 % au premier semestre 2013 contre 9,15 % au même semestre de l’année précédente (14,81 % en 2012). Sous l’effet des flux de sortie de monnaie fiduciaire à travers le réseau d’Algérie Poste, la monnaie fiduciaire s’est accrue de nouveau en janvier et février, pour ensuite enregistrer des rythmes de progression modérés en mars et avril 2013. Les mois de mai et juin 2013 ont enregistré une contraction en la matière, le taux de progression de la monnaie fiduciaire au titre du semestre sous revue (1,18 %) ayant même été moindre que le rythme enregistré au premier trimestre (1,45 %). Enfin, la stabilisation de la circulation fiduciaire relativement à l’agrégat monétaire M2, le léger recul de la masse monétaire M1 et la contraction de la circulation fiduciaire au second trimestre 2013 indiquent une stabilité de la demande d’épargne financière et d’encaisses des ménages, en contexte de décélération de l’inflation des prix à la consommation. Mais, eu égard au niveau élevé de l’inflation enregistré au cours de l’année passée, la Banque d’Algérie a introduit dès mi-janvier 2013 un nouvel instrument de politique monétaire, à savoir la reprise de liquidité à six mois à un taux de rémunération de 1,50 %. Ce renforcement des instruments de politique monétaire est intervenu après les mesures prises en avril 2012 – augmentation du montant des reprises de liquidité de 250 milliards de dinars pour le porter à 1350 milliards de dinars – et mai 2012, à savoir le relèvement de deux points de pourcentage (de 9 % à 11 %) du taux de constitution des réserves minimales obligatoires. L’allongement de la maturité des reprises de liquidité à partir de janvier 2013 vise à absorber plus de liquidités stables des banques et par-là, à mieux gérer l’excès de liquidité sur le marché monétaire. La liquidité bancaire, restée stable au premier trimestre 2013, s’est contractée au second trimestre à 2542,49 milliards de dinars à fin juin 2013 contre 2865,94 milliards de dinars à fin mars 2013 et 2876,26 milliards de dinars à fin décembre 2012. L’excès de liquidités a été résorbé de manière effective par les instruments de reprise de liquidité (1350 milliards de dinars), en situation de moindre recours des banques à la facilité de dépôts à 24 heures (163,98 milliards de dinars à fin juin 2013 contre 838,08 milliards de dinars à fin décembre 2012). Les banques ont, par ailleurs et dans le cadre des réserves obligatoires, augmenté leurs avoirs en comptes auprès de la Banque d’Algérie. En outre, si le marché monétaire interbancaire est resté quasi inactif au premier trimestre 2013, vu la dissémination de l’excès de liquidité, les prêts et emprunts interbancaires ont repris en mai et juin 2013 avec des taux d’intérêt formés sur le marché interbancaire proches de 2 %. Enfin, la préservation de la stabilité macroéconomique reste un objectif primordial. La politique monétaire, étayée par la conduite flexible de la politique de taux de change, y joue un rôle actif, d’autant que la Banque d’Algérie a consolidé ses instrumen ts de résorption de l’excès de liquidité en début d’année, dans le but d’endiguer le phénomène inflationniste. Si le rôle de la politique monétaire dans la lutte contre l’inflation est assuré par la Banque d’Algérie, le caractère endogène du phénomène inflationniste en Algérie depuis 2009 appelle d’autres mesures de politique économique d’ordre notamment structurel. 3. Tendance à la décélération de l’inflation Après une longue période d’inflation modérée qui a suivi l’ajustement structurel, le phénomène inflationniste a émergé avec une acuité particulière en 2012, consécutif au choc des prix intérieurs de certains produits de base début 2011 et à l’accélération de l’inflation au second semestre de la même année. En 2012, le phénomène inflationniste a été essentiellement de nature endogène, ancré sur un nombre très limité de produits frais dont les prix ont connu une envolée au premier trimestre 2012. En effet, dès janvier 2012, l’indice global des prix à la consommation du Grand Alger faisait ress ortir une hausse brutale et subite (2,31 %), équivalente à 5,5 fois la hausse mensuelle moyenne de cet indice au titre de l’année 2011. L’envolée au premier trimestre 2012 des prix d’un nombre très limité de produits frais explique 96 % de l’inflation, en moyenne annuelle, de cette catégorie de produits pour toute l’année 2012 (21,37 %). Par ailleurs, l’inflation des prix à la consommation (hors produits alimentaires) n’a été que de 6,09 % en 2012, année où le taux d’inflation a atteint le « pic » historique de 8,89 %. Après 19 mois de tendance haussière ininterrompue (de juillet 2011 à janvier 2013), l’inflation, en moyenne annuelle, a entamé un mouvement de baisse en février 2013. En effet, le taux d’inflation en moyenne annuelle s’est établi à 8,07 % à mars 2013 contre, respectivement, 8,89 %, 8,91 % et 8,56 %, à décembre 2012, janvier et février 2013. La décélération du rythme d’inflation s’est poursuivie au second trimestre 2013, faisant reculer le taux en moyenne annuelle jusqu’à 6,59 % à juin 2013, soit à un niveau inférieur à celui de juin 2012 (7,29 %). En glissement annuel à juin 2013, la hausse est plus modérée (4,49 %), pendant que l’indice moyen du premier semestre 2013 a augmenté de 4,75 % par rapport à celui du même semestre de l’année précédente. En outre, au terme du premier semestre 2013, le niveau général des prix dans la capitale est quasiment stable à sa valeur de janvier 2013, pendant qu’il fléchissait de 0,6 point au niveau national. Cependant, en dépit du phénomène de désinflation manifeste au premier semestre 2013, la hausse des prix des produits alimentaires est restée élevée et croissante. En moyenne annuelle à juin 2013, l’inflation du groupe « alimentation » (8,7 %), avec celle du groupe « habillement » (6,8 %), sont les seuls qui dépassent l’inflation globale (6,59 %). Cela confirme la forte incidence des prix de l’alimentation ; une situation analogue à celle de l’année précédente où la hausse annuelle moyenne à juin 2012 était de 8,8 %. De plus, leur contribution en juin 2013 (61,0 %), en progression de 5,7 points en un an, dépasse largement leur pondération (43,1 %) dans l’indice des prix à la consommation. Pour ce qui est de l’impact de l’inflation importée, il convient de relever que les prix intérieurs des produits agricoles importés ne reflètent pas suffisamment la tendance baissière de leur cours mondiaux, d’autant qu’ils bénéficient de subventions implicites que sont les exonérations de taxes et de droits de douanes. Les niveaux des prix intérieurs sont ainsi quasiment toujours bien supérieurs à ceux des prix mondiaux, alors qu’ils devraient évoluer parallèlement à la hausse comme à la baisse. Par ailleurs, la tendance chez les principaux partenaires économiques de l’Algérie est à la désinflation, le rythme annuel en glissement étant inférieur à deux pourcent à juin 2013, soit 1,8 % pour les Etats-Unis et 1,6 % pour la zone euro. Au sein du groupe alimentation, les produits agricoles frais ont subi une inflation à deux chiffres et de surcroît en hausse, passant de 12,9 % en juin 2012 à 14,8 % en juin 2013. Ces produits qui ne représentent que 16,9 % de l’indice, ont généré près de la moitié de l’inflation en juin 2013 (48,6 %) contre 36,5 % un an auparavant, pendant que la progression des prix des produits alimentaires industriels a été relativement modérée. Leur inflation est estimée à seulement 3,3 % en juin 2013 contre 5,5 % un an auparavant et, de surcroît, leur contribution a baissé de 6,4 points à 12,3 %, pour une pondération de 26,2 %. A en juger par leur contribution à la forte hausse des prix du groupe de produits alimentaires, deux sous-groupes - légumes, viandes et abats de mouton - qui ensemble représentent 24,0 % de l’indice, génèrent 64,0 % de l’inflation de ce groupe en juin 2013. En outre cette contribution a progressé de 21 points de pourcentage depuis juin 2012. L’inflation des prix des produits manufacturés est relativement modérée, avec un taux de 4,3 % à juin 2013, en recul de 2,5 points de pourcentage, pendant que leur contribution a fléchi de 10,6 points à 24,1 %. Par ailleurs, l’inflation des prix des services s’est accélérée, passant de 4,2 % en juin 2012 à 5,8 % en juin 2013, avec une contribution à l’inflation (15,0 %) en progression de 4,9 points depuis juin 2 012. En termes d’inflation structurelle ou fondamentale, la tendance de la désinflation amorcée en août 2012 (5,93 %) s’est poursuivie régulièrement pour atteindre 4,5 % à juin 2013. Les prévisions effectuées en juin 2013 indiquent que l’inflation de 2013, en moyenne annuelle, serait dans les limites de l’objectif à moyen terme arrêté par le Conseil de la monnaie et du Crédit. La modération des décaissements au titre du budget de l’Etat, en contexte de décélération monétaire et la poursuite des actions de régulation et d’organisation des marchés, contribuent à la désinflation en 2013. En conséquence, la tendance à la désinflation s’est confirmée au cours du premier semestre 2013 tant en moyenne annuelle qu’en glissement. Cependant, le niveau encore élevé des prix commande de maintenir l’effort de maîtrise de la liquidité et de l’expansion de la demande et de veiller à l’accroissement de l’offre. Enfin, dans le cadre du développement de crédits sains à l’économie et largement disséminés, visant à stimuler la production intérieure, le canal crédits bancaires reste potentiellement important en matière de financement à la fois de l’investissement productif des PME et du logement promotionnel (crédits hypothécaires). En appui à la réalisation de cet important objectif, l’absorption progressive des excès de liquidités sur le marché monétaire doit être accompagnée par des efforts soutenus des banques commerciales en matière de mobilisation des épargnes financières à terme des entreprises et des ménages. Ainsi, la mobilisation de l’épargne financière des ménages par les banques, impulsée par une rémunération adéquate en termes réels, constituera un puissant levier dans la lutte contre le phénomène inflationniste.