avoir formé une méthode pour « augmenter par degrés » sa connaissance et constate qu’il en a déjà
recueilli de tels fruits, qu’il semble avoir déjà beaucoup avancé en la recherche de la vérité, de telle
façon qu’il nourrit de grandes espérances pour le futur.
Ces résultats et ces espérances qu’il entretient légitimement lui font considérer l’occupation qu’il a
choisie — chercher la vérité — comme « solidement bonne et importante », et les occupations des
hommes « purement hommes » (sans la révélation) comme vaines et inutiles. La recherche de la
vérité enveloppe bien un enjeu éthique, d’après lequel elle est comparativement meilleure que les
autres occupations des hommes.
Mais pourquoi la recherche de la vérité est-elle « solidement bonne et importante » ? Pourquoi la
recherche de la vérité est-elle une activité bonne et importante ? Ici, la n. de L. Renault est précieuse
: est « bonne » l’occupation qui procure un contentement durable et exempt de toute désillusion.
Le texte de la Règle 1 précise ce qu’il en est de cette finalité éthique :
« que celui qui veut rechercher sérieusement la vérité des choses… pense seulement à
augmenter la lumière naturelle de sa raison, non pour résoudre telle ou telle difficulté
d’école, mais pour qu’en chaque occasion de sa vie son entendement montre à sa volonté ce
qu’il faut choisir ».
3. Et, la philosophie, du point de vue de la vérité ?
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On ne peut pas considérer que la philosophie soit une discipline certaine : « la philosophie donne
moyen de parler vraisemblablement de toutes choses, et [de] se faire admirer des moins savants
[…] » (GF, p. 34). Bien plus, la philosophie est le lieu d’un paradoxe qui doit ébranler la confiance
qu’on a en elle : c’est que d’une part elle a été cultivée par les plus excellents esprits qui aient vécu,
mais que d’autre part tout y est pourtant douteux, puisqu’on y dispute de tout (p. 37). Il ajoute
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d’ailleurs dans la Deuxième partie : « ayant appris, dès le collège, qu’on ne saurait rien imaginé de
si étrange et si peu croyable, qu’il n’ait été dit par quelqu’un des philosophes » (GF, p. 46).
4. Les mathématiques, en revanche…
Au sujet des mathématiques, Descartes remarque d’abord que leurs « inventions très subtiles »
peuvent « faciliter tous les arts, et diminuer le travail des hommes ». Il fait ici allusion aux arts
mécaniques, vers lesquels était tourné l’enseignement des mathématiques chez les jésuites.
Il y revient juste après (p. 36) pour dire que les mathématiques lui plaisaient beaucoup pour la
certitude et l’évidence de leurs raisons, mais s’étonnait, pensant qu’elles ne servaient qu’aux arts
mécaniques — cf. l’enseignement jésuite —, qu’on n’eût rien bâti de plus relevé sur les fondements
solides des mathématiques que ces arts mécaniques. C’est qu’il ignorait encore « leur vrai usage » :
allusion ici à la mathesis universalis des Regulae.