ARTICLE IN PRESS G Model REVMED-5942; No. of Pages 5 La Revue de médecine interne xxx (2020) xxx–xxx Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Article original Soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne pour sujets jeunes polypathologiques : étude observationnelle d'une structure pilote Post-acute and rehabilitation care in young patients with multiple comorbidities: An observational study S. Hannane a, K. Sacre a,⁎, J.-F. Alexandra a, A. Dossier a, T. Goulenok a, C. Bernard a, M. Nolland a, D. van Gysel b, T. Papo a, M.-P. Chauveheid a a b Université Paris-Diderot, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Département de Médecine Interne, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris, France Université Paris-Diderot, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Département d'Information Médicale, Hôpital Bichat-Claude Bernard, Paris, France i n f o a r t i c l e Historique de l’article : Disponible sur Internet le xxxx Mots-clés : Soins de suite et réadaptation Polypathologie Précarité r é s u m é Introduction. – L'unité de soins de suite et réadaptation de Médecine Interne Bichat (Paris) est une structure dédiée à la prise en charge des patients polypathologiques de moins de 75 ans. Nous présentons les caractéristiques et le devenir des patients pris en charge dans cette unité pilote au sein de l'assistance publique hôpitaux de Paris. Méthodes. – Les séjours des patients hospitalisés entre le 1er Mai 2017 et le 1er Mai 2018 ont été analysés de façon rétrospective. Résultats. – L'analyse a porté sur 61 patients âgés en médiane de 61 (24 à 75) ans, hospitalisés pour une durée médiane de 108 jours (13 à 974). À l'admission, le nombre de pathologies chroniques graves par patient était de 5 (1 à 9) pour un score de Charlson à 6 (0 à 12). La majorité des patients étaient sans emploi (83,6 %) avec des revenus inférieurs au SMIC (65,6 %). À la sortie, les problèmes médicaux et sociaux ayant motivé l'admission étaient résolus chez 65,6 % des patients et 85,4 % des patients regagnaient leur domicile. Le nombre de réadmissions pour chaque patient sur le site était plus faible dans l'année suivant (vs l'année précédant, p b 0,05) la prise en charge en SSR. La résolution des problèmes médicaux en SSR était associée à une moindre mortalité à 1 an (12,5 % vs 42 %, p b 0,01). Conclusion. – Les patients admis en SSR de Médecine Interne sont jeunes, polypathologiques, et en situation de grande vulnérabilité sociale. Pour la majorité, le séjour en SSR a permis la résolution des problèmes médicaux et sociaux, un retour au domicile dans des conditions optimisées et un moindre recours hospitalier dans l'année suivant la sortie d'hospitalisation. © 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. a b s t r a c t Keywords: Rehabilitation care Multiple comorbidities Vulnerability Introduction. – A unique structure devoted to post-acute and rehabilitation care for patients under 75 with multiple comorbidities has been created within the Department of Internal Medicine, Bichat Hospital, Paris. We aim to report on demographic factors, clinical characteristics and outcomes of patients hospitalized in this pilot structure. Methods. – All consecutive adult patients admitted between May 2017 and May 2018 were retrospectively reviewed. Results. – Analysis was performed on 61 (61 [24–75] years-old) admitted patients. The median length of hospital stays was 108 [13–974] days. At admission, the median Charlson comorbidity index was 6 [0–12] predicting a 10year survival of 21 [0–99]%. Most patients were unemployed (83.6%) and had very low-income (b national minimum wage in 65.6% of cases). At hospital discharge, most patients (85.4%) were able to return home. The complete resolution of health problems occurred in most cases (65.6%) and was associated with a lower probability of both hospital readmission and death 1-year after discharge. ⁎ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (K. Sacre). https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.07.003 0248-8663/© 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Pour citer cet article : Hannane S, et al., Soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne pour sujets jeunes polypathologiques: étude observationnelle d'une structure pilot..., Rev Med Interne (2020), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.07.003 G Model REVMED-5942; No. of Pages 5 2 ARTICLE IN PRESS S. Hannane et al. / La Revue de médecine interne xxx (2020) xxx–xxx Conclusion. – The structure served a high percentage of patients with major and complex health needs but limited access to care due to individual disabilities, low-income and underinsured status. However, despite major health disorders, functional limitations, and vulnerability, admission improved patient outcomes and reduced excess hospital readmissions in most cases. © 2020 Société Nationale Française de Médecine Interne (SNFMI). Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction En France, l'offre de soins en soins de suite et de réadaptation (SSR) concerne majoritairement les patients polypathologiques âgés de plus de 80 ans en situation de dépendance. Pour les patients plus jeunes, l'offre de soins en SSR s'articule principalement autour de structures « monothématiques » spécialisées dans la prise en charge d'affection spécifiques (i.e. appareil locomoteur ; système nerveux central, …). À l'Hôpital Bichat (Paris), un secteur de SSR dédié aux patients polypathologiques âgés de moins 75 ans a été créé en 2008 au sein du département de Médecine Interne. Cette structure innovante, positionnée entre l'hospitalisation de courte durée et le retour à domicile, assure de façon spécifique la continuité des soins médicaux dédiés aux patients polypathologiques jeunes dont le séjour, en raison de soins complexes, était jusque-là prolongé de façon non pertinente dans les services « aigus » de l'établissement. L'objectif de ce travail est d'analyser de façon rétrospective les caractéristiques et le devenir des patients pris en charge dans cette unité. 2. Méthodes membres inférieurs stade N 2, anévrysme aortique N 6 cm. Les maladies respiratoires chroniques intégraient: bronchite chronique obstructive, syndrome d'apnée obstructive du sommeil, fibrose pulmonaire, asthme mal contrôlé. La transplantation d'organe comptait la transplantation cardiaque et la transplantation rénale. Les maladies systémiques intégraient toutes les maladies auto-immunes et/ou inflammatoires relevant ou ayant relevé d'une corticothérapie au long cours. Les hépatopathies chroniques comptaient toute pathologie hépatique modérée à sévère et les hépatites virales chroniques. L'addiction aux toxiques intégrait la consommation quotidienne présente ou passée de tabac ou d'alcool. Les maladies neuro-psychiatriques comptaient : démence, psychoses chroniques, dépressions majeures. Le nombre de séjour hospitalier sur le site (Hôpital Bichat) dans l'année précédant l'hospitalisation en SSR et la durée du séjour précédent immédiatement l'hospitalisation en SSR étaient disponibles via le Programme de Médicalisation des Systèmes d'Information (PMSI). L'indice de masse corporelle (IMC), le score A.D.L (Activities of Daily Living) de Katz évaluant l'autonomie (Tableau 1), le score de Charlson et l'albuminémie à l'admission en SSR étaient colligés. Tableau 1 Caractéristiques des patients à l'admission 2.1. Structure n = 61 Les soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne (Hôpital Bichat, Paris, France) sont dédiés à la prise en charge des patients polypathologiques âgés de moins de 75 ans. Le SSR est composé de 20 lits. L'équipe soignante compte 1 médecin temps plein, 2 médecins à temps partiel, 1 kinésithérapeute à temps partiel, 1 ergothérapeute, 1 assistante sociale à temps partiel, 1 cadre de santé, 1 psychologue à temps partiel, 10 infirmier(e)s et 10 aide-soignant(e) s. Les effectifs médicaux et paramédicaux sont respectivement de 1,6 et de 22,25 équivalents temps plein (ETP). 2.2. Patients L'étude est monocentrique et rétrospective. Tous les patients ayant bénéficié d'un séjour hospitalier en SSR de Médecine Interne entre Mai 2017 et Mai 2018 ont été inclus. Les caractéristiques colligées à titre systématique pour chaque patient à l'admission étaient de nature sociodémographique (âge, sexe, origine géographique, maîtrise de la langue française, isolement social, revenus b SMIC (salaire minimum de croissance de 1498,47 euros net par mois), domicile adapté, couverture sociale) et médicale (maladies cardiovasculaires, respiratoires chroniques, diabète multicompliqué, hémodialyse chronique, transplantation d'organe, maladies systémiques, hépatopathies chroniques, cancer, addictions, maladies neuropsychiatriques). La langue française était considérée comme maîtrisée quand la prise d'informations médicales en langue française était vérifiée. L'isolement social était défini par l'absence d'entourage familial. La couverture sociale était sous-optimale si les patients ne bénéficiaient pas à l'admission de tous les avantages sociaux (sécurité sociale, aide médicale d'état, couverture maladie universelle et/ou mutuelle) auxquels ils avaient droit. Les maladies cardiovasculaires intégraient : cardiopathie ischémique et/ou insuffisance cardiaque, accident vasculaire cérébral avec ou sans séquelles, artérite oblitérante des Caractéristiques sociodémographiques Âge, année Sexe masculin, n (%) Originaire de l'UE, n (%) Langue française maitrisée, n (%) Isolement, n (%) SDF, n (%) Revenus b SMIC, n (%) Couverture sociale sous optimale, n (%) 61 [24–75] 34 (55,7) 39 (63,9) 54 (88,5) 17 (27,9) 20 (32,8) 40 (65,6) 22 (36,1) Prise en charge en amont Passage par les urgences, n (%) Nombre hospitalisation dans l'année, n Durée du séjour précédant, jours 56 (91,8) 1 [0–21] 41 [1–159] Caractéristiques médicales Nombre de pathologies chroniques, n (%) Hémodialyse chronique, n (%) Transplantation d'organe, n (%) Diabète multicompliqué, n (%) Maladies cardio-vasculaires, n (%) Maladies respiratoires chroniques, n (%) Maladies systémiques, n (%) Hépatopathie chronique, n (%) Maladies neuro-psychiatriques, n (%) Démence, n (%) Cancer, n (%) Addiction, n (%) Alcoolisme, n (%) Toxicomanie, n (%) Probabilité de survie à 10 ans, (%)a IMC, kg/m2 Albuminémie, g/L Echelle A.D.L de Katz, score Durée du séjour SSR, jours Décès dans l'année, n (%) 5 [1–9] 15 (24,6) 7 (11,5) 24 (39,3) 37 (60,7) 7 (11,5) 6 (9,8) 16 (26,2) 35 (57,4) 26 (42,6) 9 (14,8) 17 (27,9) 16 (26,2) 3 (4,9) 21 [0–99] 20 [16,3–35] 29 [18–35] 3 [1–6] 108 [13–974] 14 (23) UE, union européenne ; SDF, sans domicile fixe ; SMIC, salaire minimum de croissance ; IMC, indice de masse corporelle, A.D.L, Activities of Daily Living ; SSR, soins de suite et de réadaptation. a selon le score de Charlson (6[0–12]) calculé à l'admission. Pour citer cet article : Hannane S, et al., Soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne pour sujets jeunes polypathologiques: étude observationnelle d'une structure pilot..., Rev Med Interne (2020), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.07.003 G Model REVMED-5942; No. of Pages 5 ARTICLE IN PRESS S. Hannane et al. / La Revue de médecine interne xxx (2020) xxx–xxx 2.3. Critères d'évaluation L'hospitalisation en SSR de Médecine Interne était motivée par 3 grandes catégories de problèmes médicaux : 1-soins de plaies complexes, 2-renutritions et/ou 3-réadapatation physiques. Le problème médical était dit résolu si et seulement si à la sortie du SSR : 1-la cicatrisation totale et définitive était obtenue (soins de plaies complexes), 2- les chiffres d'IMC et d'albuminémie étaient supérieurs à ceux à l'entrée (renutrition) et/ou 3- le score A.D.L était amélioré d'au moins 1 point. La durée totale de séjour en SSR, le nombre de séjours hospitaliers sur le site (Hôpital Bichat) dans l'année suivant la sortie de SSR et le décès dans l'année suivant la sortie de SSR étaient analysés via le PMSI. 3. Mention légale La présente recherche est non-interventionnelle et porte sur l'utilisation rétrospective de données collectées dans le cadre des soins au sein d'un seul service. Les patients ont été informés que leurs données pouvaient être utilisées pour la recherche. La présente recherche est encadrée par la méthodologie de référence MR-004, n'est pas soumise à l'approbation d'un comité de protection des personnes (CPP) mais répond aux attentes du règlement général sur la protection des données (RGPD) et a fait l'objet d'une déclaration CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés ; référence 2,218,324 v 0). 4. Statistiques Les données sont exprimées en médiane [extrêmes] pour les variables quantitatives et en nombre et pourcentage pour les variables catégorielles. La comparaison des variables quantitatives était réalisée par le test de Mann–Whitney. La comparaison des variables catégorielles était réalisée par le Chi2 ou le test exact de Fischer. La valeur de p était dite significative si b 0,05. Les analyses statistiques ont été faites au moyen du logiciel GraphPad Prism 5.01 software. 5. Résultats 5.1. Caractéristiques des patients Entre le 1er Mai 2017 et le 1er Mai 2018, 61 patients âgés de 61 [24–75] ans ont bénéficié d'un séjour hospitalier en SSR de Médecine Interne. La durée médiane de séjour à la sortie était de 108 [13–974] jours. Les patients avaient tous bénéficié en amont du SSR d'une hospitalisation conventionnelle d'une durée de 41 [1–159] jours dans un département de médecine du groupe hospitalier : Médecine Interne (n = 23, 37,7 %), Maladies Infectieuses (n = 14, 22,9 %), Néphrologie (n = 8, 13,1 %), Diabétologie (n = 7, 11,5 %) et Cardiologie (n = 5, 8,2 %). Le mode d'entrée sur le site hospitalier était via le service d'accueil des urgences pour 91,8 % des patients. Les patients étaient polypathologiques avec une médiane de 5 [1–9] pathologies chroniques graves par patient et un score de Charlson à l'admission de 6 [0–12]. La majorité des patients étaient en situation de précarité sociale : 83,6 % des patients étaient sans emploi, 65,6 % avaient des revenus inférieurs au SMIC et 36,1 % ne bénéficiaient pas d'une couverture sociale optimale. Un tiers (32,3 %) des malades étaient sans domicile fixe et 27,9 % sans entourage familial (Tableau 1). 5.2. Motif de prise en charge Les patients étaient admis en SSR de Médecine Interne pour soins de plaie complexes (47,5 %), renutrition (67,2 %) et/ou réadaptation physique (95,1 %). Les plaies complexes associaient 1- des amputations 3 transfémorales (n = 2), transtibiales (n = 2), métatarsophalangiennes (n = 4) et/ou digitales (n = 6) et 2- des escarres sacrées (n = 6) et/ ou talonnières (n = 7) de stade 3 ou 4 pour la majorité (7/13). Treize patients (21,3 %) avaient des ulcères artériels ou mixtes de jambe. Les patients admis pour renutrition avaient à l'entrée un IMC à 19 [16,3–24] et une albuminémie à 29 [18–34]. Les patients admis pour réadaptation avaient un score A.D.L à 3 [1–5]. Au terme du séjour en SSR, une cicatrisation totale des plaies et escarres était observée chez 75,8 % des patients relevant de soins de plaie complexes, l'IMC et albuminémie étaient supérieurs à ceux d'entrée chez 87,8 % des patients admis pour renutrition et le score A.D.L à la sortie N + 1 du score A.D.L à l'entrée chez 75,9 % des patients admis pour réadaptation. À la sortie du SSR, les patients bénéficiaient tous d'une couverture sociale optimisée (Tableau 2). Le retour à domicile a été possible globalement chez 57,3 % des patients et chez 85,4 % des patients qui disposaient d'un domicile en amont du SSR. Dans 42,8 % des cas, le retour à domicile a nécessité une adaptation préalable du domicile. Dix (16,4 %) patients ont été institutionnalisés en EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) ou en foyer. Treize (21,31 %) patients ont dû être transférés en hospitalisation conventionnelle pour dégradation aiguë de leur état de santé. Trois (4,9 %) ont fugué. Le nombre de réadmission par patient en hospitalisation conventionnelle sur le site dans l'année suivant la prise en charge en SSR était plus faible que le nombre d'admissions survenues dans l'année précédant la prise en charge en SSR (Tableau 2). 5.3. Caractéristiques et devenir des patients avec un objectif (cicatrisation des plaies, renutrition, rééducation-réadaptation) non atteint À la sortie, les problèmes médicaux ayant motivé l'admission étaient résolus de manière complète chez 65,6 % (n = 40) des patients admis en SSR de Médecine Interne. Les patients chez qui les problèmes médicaux n'étaient pas résolus à la sortie, malgré une durée d'hospitalisation (128 [35–974] vs 104,5 [13–294] jours, p = 0,103) et un score de Charlson à l'admission (6 [0–12] vs 5 [0–12], p = 0,503) statistiquement comparables, étaient plus démunis socialement (85,7 % de revenu b SMIC ; p b 0,05), avaient une albuminémie à l'entrée plus basse (29 [18–34] g/L, p = 0,083) et étaient plus fréquemment admis pour renutrition (80,9 %, p = 0,097) que ceux chez qui les problèmes médicaux étaient résolus (Tableau 2). Le taux de décès dans l'année des patients pris en charge en SSR était de 23 % pour un score de Charlson à l'admission prédisant une probabilité de survie à 10 ans de 21 [0–99] %. Le taux de décès à 1 an était plus important chez les patients chez qui le SSR n'avait pas permis la résolution du problème médical (42,8 % versus 12,5 %, p b 0,01). Tableau 2 Résolution des problèmes médicaux et amélioration de la prise en charge sociale.a, b Prise en charge socio-économique Couverture sociale sous optimale, n (%) Prise en charge médicale Soins de plaie complexes, n (%) Renutrition, n (%) IMC, kg/m2 Albuminémie, g/L Réadaptation, n (%) Échelle A.D.L, score Nombre hospitalisation dans l'année, n Admission SSR (n = 61) Sortie SSR (n = 61) p 22 (36,1) 0 (0) b 0,001 29 (47,5) 41 (67,2) 19 [16,3–24] 29 [18–34] 58 (95,1) 3 [1–5] 1 [0–21]a 7 (11,5) 5 (8,2) 23[17–34] 36 [22–45] 14 (22,9) 5 [1–6] 0 [0–6]b b 0,05 b 0,001 b 0,05 b 0,05 b 0,001 b 0,05 b 0,05 IMC, indice de masse corporelle, A.D.L, Activities of Daily Living ; SSR, soins de suite et de réadaptation. a , l'année précédant l'admission en SSR. b , l'année suivant l'admission en SSR. Pour citer cet article : Hannane S, et al., Soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne pour sujets jeunes polypathologiques: étude observationnelle d'une structure pilot..., Rev Med Interne (2020), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.07.003 G Model REVMED-5942; No. of Pages 5 4 ARTICLE IN PRESS S. Hannane et al. / La Revue de médecine interne xxx (2020) xxx–xxx 6. Discussion L'offre de soins proposée dès l'année 2008 par le SSR de Médecine Interne de l'hôpital Bichat était pilote au sein de l'assistance publique hôpitaux de Paris (APHP). Les patients qui y sont pris en charge sont relativement jeunes, polypathologiques et en situation de grande fragilité sociale. Pour la majorité des patients, le séjour en SSR a permis 1- la résolution des problèmes médicaux ayant motivé la prise en charge, 2- un retour au domicile dans des conditions optimisées et 3un moindre recours hospitalier dans l'année suivant la sortie d'hospitalisation. La résolution des problèmes médicaux ayant motivé la prise en charge en SSR était associée à une diminution de la mortalité à 1 an. La durée d'hospitalisation des patients pris en charge en SSR de Médecine Interne est longue: 108 jours en médiane d'hospitalisation en SSR faisant suite à 41 jours en médiane d'hospitalisation en secteur « aigu » MCO (médecine, chirurgie, obstétrique). L'analyse de 24,681 séjours en SSR dans les suites d'un AVC entre 2010 et 2014 à partir des données du PMSI montrait que la durée médiane de séjour était de 60 jours en SSR neuro-locomoteur, 41 jours en SSR gériatrique et 36 jours dans les autres types de SSR (I.e. cardiovasculaire, respiratoire, métabolique,…) pour des patients âgés de 58 à 89 ans ayant eu en amont 1 séjour en MCO de 15 jours en médiane [1]. En 2008, l'analyse à l'échelle nationale des données du PMSI et des statistiques annuelles des établissements de santé (SAE) identifiait, pour une durée moyenne de séjour en SSR de 34,8 jours, 1321 très longs séjours (i.e. d'une durée supérieure à l'année) [2]. La longue durée de séjour en SSR de Médecine Interne est à mettre en lien avec la polypathologique (médiane de 5 pathologies chroniques graves par patient), les comorbidités (médiane du score de Charlson à 6 à l'admission), le niveau de dépendance (50 % des patients ayant un score A.D.L b 3), la lourdeur des soins (près de 50 % de pansements complexes, 25 % de patients en hémodialyse) et les difficultés d'ordre social (près de 1/3 de patients sans domicile fixe, 2/ 3 de patients ayant un revenu b SMIC) à résoudre avant la sortie du SSR. Le niveau d'autonomie nécessaire à la sortie de SSR du patient dépend fortement de la structure d'accueil au retour (domicile), de l'entourage (famille, aidants ;…) et des ressources socio-économiques. Si l'on considère le temps administratif et logistique nécessaire à la mise en place des aides sociales (orientation MDPH, allocation adulte handicapé, allocation personnalisée d'autonomie, aide médicale d'état) et à l'adaptation et la sécurisation du domicile au moyen d'aides techniques (barre d'appui, lit médicalisé, déambulateur) et/ou humaines, les contraintes de nature socio-économique conditionnent pour une part importante la durée de séjour. Paradoxalement ces variables de contexte ne sont le plus souvent pas disponibles dans les analyses de durées de séjour en SSR. Dans notre étude, le séjour hospitalier a dû être prolongé pour résoudre des problèmes de nature sociaux (alors que les problèmes médicaux étaient eux résolus) chez la majorité des patients (n = 32, 54,5 %). Cette « attente » pour raison sociale a prolongé en médiane le séjour hospitalier de 49,5 jours (+ 35 % du temps d'hospitalisation, p = 0,0012). Les pathologies des patients admis en SSR de Médecine Interne sont multiples (en nombre et en diversité), sévères (score de Charlson à l'admission élévé ; 25 % de décès identifiés dans l'année suivant la sortie d'hospitalisation) et donc susceptibles d'aggravation aiguë (plus de 1/5 patient transféré en cours de séjour en secteur aigu pour dégradation clinique). Dans notre étude, pour une population d'âge médian de 61 ans, le score de Charlson à l'admission était ≥ 4 chez 83,6 %. L'analyse de l'ensemble des séjours (n = 8884) en SSR de cardiologie après infarctus du myocarde en France en 2011 montrait que seulement 28 % des patients (âge moyen 65 ans) avaient un score de Charlson à l'admission ≥ 4 [3]. Dans cette étude la durée médiane de séjour en SSR était de 40,7 jours. De la même façon, le score de Charlson calculé chez 366 patients hospitalisés sur 1 mois dans 19 services de Médecine Interne en France était de 0 chez 98 (27 %) patients (âge médian de 50,4 ans) [4]. Dans notre étude, 2 patients seulement (3,3 %) avaient un score de Charlson à 0 à l'admission. La prise en charge des patients en SSR de Médecine Interne est rendue possible par la proximité immédiate avec les structures de soins aigus (telles que les unités de soins intensifs) et du plateau technique multidisciplinaire fonctionnant 24 h/24 h. Malgré une approche pluridisciplinaire (assistante sociale, aidessoignants, diététicienne, ergothérapeute, infirmiers, médecins, psychologue,…) et un séjour hospitalier prolongé (médiane 128 jours), la prise en charge en SSR de Médecine Interne ne permet pas la résolution complète des problèmes médicaux pour 1/3 des patients. Le seul facteur associé de façon significative à l'« échec » de la prise en charge en SSR est d'ordre social (revenus b SMIC) confirmant la force du lien précarité - « mauvaise » santé [5]. Le niveau de précarité sociale des patients pris en charge en SSR de Médecine Interne (pourcentage de patients SDF, faibles revenus et faible niveau de couverture sociale) est comparable à celui des patients se présentant à la consultation de permanence d'accès aux soins de santé (PASS) des centres hospitalouniversitaires parisiens [6]. Pour plus de 90 % des patients pris en charge en SSR de Médecine Interne, la première admission sur le site était via le service d'accueil des urgences (SAU) rendant compte du recours aux soins souvent tardif, et à un état avancé dans la maladie, des personnes les plus démunies. Ainsi, le SSR de Médecine Interne peut véritablement être considéré comme un « deuxième aval » du SAU. Fait majeur, le taux de mortalité à 1 an de la sortie d'hospitalisation des patients en « échec » de prise en charge est très élevé (42 %) et bien supérieur à celui observé chez les patients pour qui la prise en charge en SSR a permis la résolution complète des problèmes médicaux (12,5 % p b 0,01). Ce travail a plusieurs limites : 1-l'analyse est rétrospective et monocentrique, 2-le nombre de patients analysés est limité, 3-les patients pris en charge sont issus du bassin de population du nord de Paris, plus pauvres et disposant d'un accès aux soins moins favorisé que ceux du centre ou de l'ouest de la capitale, 4-les données issues du PMSI (nombre de réadmissions et décès dans l'année suivant la sortie de SSR) ne capturent que les séjours sur le site (Hôpital Bichat) et ne sont donc pas exhaustives. Cette étude offre toutefois la première description de la population âgée de 75 ans ou moins accueillie en SSR de Médecine Interne. En conclusion, les patients pris en charge en SSR de Médecine Interne sont, en raison de leur fragilité médicale et sociale ainsi que des fortes contraintes techniques et du coût inhérents à leurs pathologies, « naturellement » exposés à la rupture de soins. Ce travail montre que chez ces patients 1-la dégradation de l'état de santé est souvent réversible et 2-l'absence d'amélioration de l'état de santé est associée à une forte mortalité à 1 an. Déclaration de liens d'intérêt Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts. Sources de financements Aucune. Contribution des auteurs KS and MPC had full access to all of the data in the study and take responsibility for the integrity of the data and the accuracy of the data analysis. Acquisition of data: SH, KS, JFA, AD, TG, CB, MN, DVG, TP and MPC. Analysis and interpretation of data SH, KS, JFA, AD, TG, CB, MN, DVG, TP and MPC. Manuscript preparation: SH, KS, TP and MPC. Reviewed and approval of the manuscript SH, KS, JFA, AD, TG, CB, MN, DVG, TP and MPC. Pour citer cet article : Hannane S, et al., Soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne pour sujets jeunes polypathologiques: étude observationnelle d'une structure pilot..., Rev Med Interne (2020), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.07.003 G Model REVMED-5942; No. of Pages 5 ARTICLE IN PRESS S. Hannane et al. / La Revue de médecine interne xxx (2020) xxx–xxx Appendix A. Supplementary data Supplementary data to this article can be found online at https://doi. org/10.1016/j.revmed.2020.07.003. Références [1] Gabet A, de Peretti C, Woimant F, Giroud M, Béjot Y, Schnitzler A, et al. Évolution de l'admission en soins de suite et de réadaptation des patients hospitalisés pour accident vasculaire cérébral en france, 2010-2014. Bull Epidémiol Hebd 2017;11: 196–207. [2] Coquelet F, Valdelièvre H. Les soins de suite et de réadaptation en 2008 : patientèle traitée et offre de soins. 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Pour citer cet article : Hannane S, et al., Soins de suite et réadaptation (SSR) de Médecine Interne pour sujets jeunes polypathologiques: étude observationnelle d'une structure pilot..., Rev Med Interne (2020), https://doi.org/10.1016/j.revmed.2020.07.003