Les écovillages sont-il un modèle pour l'avenir?

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Jacques Crepieux
3A - Entrepreneuriat & Innovation Sociale
Année Universitaire 2018 - 2019
Pourquoi et comment vivre un mode de vie alternatif
Les écolieux sont-ils un modèle pour l’avenir ?
Mémoire réalisé́ sous la direction de Martin Durignieux
En vue de l’obtention du Master Manager de Projets Internationaux
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Remerciements
Je tenais tout d’abord à remercier les écovillages qui m’ont ouvert leurs portes durant mes
voyages. Merci, car grâce à vous j’ai compris ce que cela signifiait la vie en communauté,
merci de m’avoir montré le meilleur et le pire de vos expériences. C’est grâce à vos
informations précieuses que j’ai pu affiner mon propre projet. Je voudrais remercier
particulièrement ceux qui avait pris le temps de répondre à mes questions pour des entretiens,
notamment Benjamin Lesage qui ouvert des portes de compréhension qui m’échappait
jusqu’alors.
Merci à toutes les personnes présentes au festival Utopia édition 2019, ces échanges ont
nourri ma réflexion sur les modes de vie alternatifs. Merci d’avoir trouvé les mots rassurants
sur l’effondrement et merci d’avoir attisé ma curiosité sur de nouvelles façons de la vivre, car
le mécontentement ne peut être la seule réponse.
Merci à mes amis Robin, Guillaume et Boris qui depuis 5 ans accompagnent ma démarche de
changement. C’est grave à vous que j’ai eu ce fameux « déclic » qui fait de moi ce que je suis
aujourd’hui. Merci de construire avec moi un projet qui nous permettra de vivre enfin en
accord avec nous même
Je voudrais également remercier toute la promotion 2019 – 3A EIS avec laquelle j’ai noué une
bonne complicité. Merci pour votre bienveillance et pour votre accueil chaleureux, merci de
m’avoir donné les codes de l’école de commerce alors que je venais du monde universitaire.
Grâce à vous je maîtrise davantage les normes pour pouvoir mieux m’en affranchir. Je vous
souhaite de tous réussi pour rendre ce monde meilleur.
Merci aux professeurs qui ont nourri mon intérêt pour la discipline et qui m’ont donné de
nouvelles pistes de réflexion dans ma démarche. C’est aussi grâce à vous que j’ai choisi ce
sujet. Merci à mon tuteur Martin Durigneux pour ses conseils et sa culture très étendu sur la
question.
Merci à toute mon équipe de l’été qui a su être compréhensive quand le temps me manquait.
Et enfin merci à ma maman pour sa relecture avisée, je te promets cette fois c’est la dernière !
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Introduction
De Nicolat Hulot qui déclarait vouloir une « union nationale dans la guerre pour le climat » à
Emmanuel Macron qui parlait de créer un « conseil de défense écologique », les discours
politiques autour de l'écologie se sont récemment teintés d’un vocabulaire martial. Même s’il
ne s’agit que de mots, l’analogie est forte : c’est a priori un véritable combat qui s’annonce
pour la survie de notre écosystème et pour la vie des générations futures, et contre des habitudes
ancrées dans nos consciences depuis trop longtemps.
À la fin du XVIIIe siècle, un courant de pensée apparaît : l’humanisme. Développé par
les penseurs de la Renaissance, qui s'inspirent eux-mêmes des philosophes grecs, ce terme est
par la suite repris par les philosophes des Lumières et renvoie à une doctrine qui prend l’Homme
pour fin et valeur suprême et qui vise l’épanouissement de la personne humaine et le respect de
sa dignité (Neuvième Dictionnaire de l’Académie française). Une grande ambition émerge alors
de contrôler la nature, dont Descartes disait que la science permettrait à l’homme de se rendre
« maître et possesseur » ; c’est d’ailleurs dans ce contexte que sont créés les « Jardins à la
Française ». L’arrivée de Buffon et Marx, conjointement au développement économique,
scientifique et technique exponentielle du XVIIIe siècle, va achever de mettre en marche cette
« maîtrise du monde », bouleversant profondément le contexte socioéconomique contemporain.
Face aux dérives du terme originel, le philosophe et sociologue Edgar Morin appelle en
2008 à un humanisme concret. Il rejette la définition de « faire de l’homme le maître et le
possesseur de la nature » ; pour lui, il s'agit avant tout de la capacité des hommes à diriger leurs
cités et à s’autogouverner par la démocratie. Il pense, comme d’autres historiens, que
l’humanisme est instrumentalisé par l’idéologie capitaliste et le monde managérial, qui le
rendent « absurde » et « arrogant » : selon ses propres mots, « la maîtrise de la nature […]
conduit à la dégradation non seulement de la vie, mais aussi de nous-mêmes ». Cette tendance
narcissique à placer l’être humain au cœur du projet d’entreprendre et au cœur du monde a en
effet entraîné la disparition d’espèces animales et végétales. Si cette destruction existe depuis
le Moyen Âge, l’accélération a été fulgurante en cinquante ans. Persuadé de pouvoir prélever
des ressources naturelles de manière infinie tout en connaissant une croissance démographique
excessive et en adoptant des modes de consommation de plus en plus énergivores, l'homme a
provoqué une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES) de plus de 80 % entre
1970 et 2010.
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Le monde est de plus en plus urbain, le lien entre population, urbanisation,
développement et écologie de plus en plus critique. Face aux grands enjeux démographiques,
écologiques et sociétaux de demain, il devient donc indispensable d’imaginer une autre façon
de concevoir notre société. Nous devons relever le défi d’un modèle durable, respectueux de
l’environnement. Mais l’enjeu est également humain : à l’heure notre consommation est à
l'origine des plus grands désastres planétaires, l’inscription de l’homme dans la société
capitaliste telle qu'elle existe actuellement, entre surexploitation des ressources et accentuation
de nombreux clivages (le fossé entre riches et pauvres se tenant en tête de liste) n’est plus
tenable.
Ces questions concernent l’humanité tout entière, dans la mesure nous vivons tous
sur la même planète et l’effort d’un changement efficient ne peut se faire que par des mesures
collectives. La préoccupation écologique est de fait de plus en plus présent dans les esprits. De
nombreuses initiatives émergent pour tenter de contenir les tendances actuelles et les nouvelles
générations se montrent plus ouvertes à l’idée d’un changement pour lutter contre un possible
effondrement. Par exemple, les écovillages sont de plus en plus nombreux, de même que les
initiatives individuelles aussi. De nombreux « process » pour réduire son impact personnel sur
l’environnement sont largement disponibles en open data et la possibilité d’une évolution
individuelle est plus que jamais possible. Les critiques sont de plus en plus vives et notre façon
de vivre de plus en plus contestée, comme en témoignent les différents mouvements sociaux
qui se multiplient un peu partout. Néanmoins, l’absence de vision d’ensemble et le manque
d’éducation à ces problématiques rendent tout un pan de la population complètement indifférent
à ces enjeux et lui font préférer le maintien de ses habitudes d’autant que, malgré leurs
déclarations convaincues, la plupart des politiques n’encouragent pas concrètement l’adoption
de nouveaux modes de vie et de consommation.
En effet, si le ministère de la Transition écologique et sociale a été créé dès 1971,
marquant la naissance de la question écologie dans l’esprit des collectivités et de l’État, il n’a
pas réussi, au fil des gouvernements, à prendre une place centrale dans l’organisation de la
politique générale. Les financements croissants d’actions de développement durable ne
suffisent pas à contrebalancer le manque d’ambition de l’État en la matière, et le déni dont il
fait preuve écarte l’hypothèse de mesures législatives fortes.
De leur côté, les associations (ONG) et les entreprises de l’Économie sociale et solidaire
(ESS) travaillent elles aussi à trouver des alternatives viables. Les premières cherchent à
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préserver notre acquis naturel et participent au lobbying pour la protection écologique, tandis
que les secondes tentent d’inventer une façon de vivre plus éthique au sein de notre société.
Mais elles le font en restant fortement dépendantes du fonctionnement du système social et des
volontés politiques.
Devant ces blocages multiples et l’urgence de la situation, j’ai donc décidé de parler de
ces enjeux et de la nécessité de participer à la préservation de l’écosystème terre dans lequel
nous vivons, voire de le reconstruire. Pour la rédaction de ce mémoire, je me suis notamment
référé aux travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
Ce dernier, créé en 1988 par le Programme des Nations unies pour l’environnement, se compose
d’une centaine de chercheurs de 52 pays. Si le prochain rapport d’évaluation du GIEC ne sortira
qu’en 2022, il a publié en 2018 un rapport spécial de 1 200 pages intitulé « Conséquences d'un
réchauffement planétaire de 1,5 °C ». Suivi d’un « Rapport au décideur » destiné aux chefs
d’État du monde entier, ce texte fait un constat accablant : si nous ne limitons pas le
réchauffement climatique, la vie telle que nous la connaissons pourrait disparaître. À travers ce
travail plurisdiplinaire, je tâcherai donc de montrer qu’il existe bel et bien des alternatives à la
société « classique », à travers une réflexion autour des modes de vie alternatifs et de l'adhésion
croissante qu’ils emportent. Je parlerai par la suite des théories de l’effondrement, qui prédisent
l’écroulement du système actuel. La résilience, c’est-à-dire la capacité de se relever du
traumatisme qu’engendre la destruction planétaire, est un aspect essentiel dans le
développement de mode de vie alternatif. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi vouloir vivre
en dehors de la société ? Quelle alternative se présente à nous ? Comment s’y préparer ?
Ces questions nous poussent à la problématique suivante : Comment l’évolution systémique
a conduit une partie de la population à créer des espaces d’autonomie relative ? Pour cela,
je conduirai une réflexion en trois axes. Le premier parlera de la prise de conscience et de
l’évolution des pratiques écologique ; le second parlera des alternatives au système actuel, pour
finir par une analyse de la méthode de création d’un éco-lieu.
De nombreux scientifiques annoncent la huitième extinction de masse si nous poursuivons notre
mode de vie.
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