22-010-A-10
Examen
clinique
en
stomatologie
E.
Maladière,
C.
Vacher
L’examen
clinique
est
la
première
approche
diagnostique
de
toute
pathologie
médicale
au
cours
de
laquelle
le
praticien
utilise
ses
propres
moyens
ou,
au
plus,
un
système
instrumental
simplifié.
Même
si
la
stomatologie
met
en
œuvre
des
procédés
d’examen
distincts
de
ceux
de
la
clinique
usuelle,
la
méthode
générale
reste
cependant
la
même
qu’en
médecine.
L’objet
de
cet
exposé
est
de
présenter
un
fil
directeur
méthodique
afin
de
pouvoir
diriger
un
examen
clinique
standard
en
stomatologie.
Ainsi,
après
un
rappel
anatomique,
cet
article
présente
la
conduite
de
l’examen
clinique
en
stomatologie,
puis
ses
spécificités
selon
les
régions
anatomiques
étudiées.
©
2016
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
Mots-clés
:
Anatomie
topographique
;
Cavité
orale
;
Chirurgie
orale
;
Chirurgie
maxillofaciale
;
Examen
clinique
;
Face
;
Stomatologie
;
Tête
et
cou
Plan
Introduction
1
Rappel
d’anatomie
topographique
1
Cavité
orale
1
Région
faciale
2
Région
cervicale
3
Conduite
de
l’examen
clinique
en
stomatologie
3
Interrogatoire
3
Examen
clinique
proprement
dit
3
Examen
clinique
détaillé
par
régions
anatomiques
4
Muqueuse
buccale
4
Parois
de
la
cavité
orale
5
Langue
6
Freins
de
lèvre
et
de
langue
6
Glandes
salivaires
6
Denture
et
parodonte
6
Massif
facial
osseux
7
Articulations
temporomandibulaires
9
Innervation
faciale
9
Aires
ganglionnaires
cervicofaciales
10
Conclusion
10
Introduction
Devant
le
constat
fréquent
de
consultants
nantis
de
dossiers
d’«
images
»
bien
confortables,
la
question
du
bien-fondé
d’un
article
sur
l’examen
clinique
est
clairement
posée.
Pourtant,
maintes
fois,
le
diagnostic
s’impose
à
l’issu
d’un
examen
clinique
bien
conduit,
relayé
ou
non
par
un
simple
examen
complé-
mentaire.
Certes,
l’examen
clinique
en
stomatologie
utilise
des
procédés
distincts
de
ceux
de
la
clinique
usuelle,
mais
sa
méthode
reste
la
même
que
pour
tout
examen
médical.
Issu
du
grec,
l’«
examen
»
consiste
à
sortir
(ex)
d’un
groupe
(agmen)
les
signes
pathologiques [1].
Il
est
«
clinique
»
lorsqu’il
se
pratique
au
lit
(kline)
du
patient
et,
par
extension
dans
notre
spécialité,
au
fauteuil,
c’est-à-dire
sans
l’aide
de
moyens
de
labo-
ratoire.
Par
ailleurs,
la
«stomatologie
»,
dérivant
également
du
grec
(stoma
et
logos
signifiant
respectivement
«
bouche
»
et
«
dis-
cours
»),
désigne
la
spécialité
médicale
consacrée
à
l’étude
de
la
cavité
orale
et
de
ses
annexes
à
l’état
normal
ou
patholo-
gique.
Cette
discipline,
introduite
en
1868 [2],
a
été
longtemps
caractérisée
par
une
double
orientation
:
la
stomatologie
en
tant
que
spécialité
médicale,
et
l’odontologie
destinée
plus
particu-
lièrement
aux
techniques
dentaires.
Il
est
admis
par
tous
que
la
stomatologie,
dont
la
spécificité
est
la
cavité
orale,
se
préoccupe
plus
largement
de
toute
la
sphère
cervico-maxillo-faciale [3].
Elle
correspond
à
une
branche
de
la
médecine
et
ne
peut
se
concevoir
sans
connaissances
générales.
Il
est
souhaitable
de
connaître
une
ligne
de
conduite
métho-
dique
pour
diriger
un
examen
stomatologique
standard,
même
si
celui-ci
peut
être
bien
différent
selon
les
domaines
étudiés
(ortho-
dontie,
traumatologie,
cancérologie,
chirurgie
réparatrice,
etc.).
Après
un
rappel
anatomique,
cet
article
présente
la
conduite
de
l’examen,
puis
les
particularités
liées
à
chaque
région
anatomique
susceptible
d’être
intéressée.
Rappel
d’anatomie
topographique
Le
stomatologiste
en
pratique
quotidienne
est
souvent
conduit
à
élargir
son
examen
à
toute
la
région
cervicofaciale,
ce
qui
néces-
site
de
solides
connaissances
en
anatomie
topographique
de
la
cavité
orale
ainsi
que
de
la
région
faciale
et
cervicale [4,
5].
Cavité
orale
Située
entre
le
massif
osseux
facial
supérieur
et
la
mandibule,
la
cavité
orale
est
limitée
par
(Fig.
1)
:
en
avant
:
les
lèvres
;
en
haut
:
la
voûte
palatine,
qui
la
sépare
des
fosses
nasales
;
en
bas
:
le
muscle
mylohyoïdien,
sous
lequel
siège
la
région
cervicale
;
latéralement
:
la
face
interne
des
joues
;
EMC
-
Chirurgie
orale
et
maxillo-faciale 1
Volume
11
>
n4
>
novembre
2016
http://dx.doi.org/10.1016/S2352-3999(16)69692-9
Article à jour au 25/01/2019
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/09/2020 par SCD UNIVERSITE D'ANGERS - (99124). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
22-010-A-10 Examen
clinique
en
stomatologie
Figure
1.
Cavité
orale
et
pharynx,
coupe
sagittale
médiane.1.
Fosse
nasale
;
2.
os
sphénoïde
;
3.
palais
;
4.
lèvre
supérieure
;
5.
vestibule
supé-
rieur
;
6.
atlas
;
7.
ostium
du
canal
parotidien
(du
Sténon)
;
8.
axis
;
9.
pilier
antérieur
;
10.
amygdale
;
11.
pilier
postérieur
;
12.
langue
mobile
;
13.
base
de
la
langue
;
14.
lèvre
inférieure
;
15.
vestibule
inférieur
;
16.
épi-
glotte
;
17.
os
mandibulaire
;
18.
muscle
génio-hyoïdien
;
19.
os
hyoïde
;
20.
muscle
mylohyoïdien.
en
arrière
:
le
voile
du
palais
en
haut,
les
piliers
antérieurs
et
pos-
térieurs
ainsi
que
la
tonsille
palatine
latéralement
et
la
racine
de
la
langue
en
bas.
Derrière
cet
isthme,
débute
la
région
oro-
pharyngée.
La
cavité
orale
est
divisée
en
deux
parties
par
les
arcades
alvéo-
lodentaires
en
forme
de
fer
à
cheval
(Fig.
2).
En
dehors
de
ces
arcades,
se
situe
la
face
interne
de
la
joue.
Cette
dernière
présente
une
fine
saillie
horizontale,
la
linea
alba,
reflet
de
la
ligne
d’occlusion
des
dents
naît,
en
regard
de
la
deuxième
molaire
supérieure,
l’ostium
du
conduit
parotidien,
excréteur
de
la
glande
parotide.
La
joue
se
poursuit
en
haut
et
en
bas
par
les
vestibules,
espaces
virtuels
à
l’état
de
repos,
qui
sont
interrompus
sur
la
ligne
médiane
par
les
freins
labiaux.
En
avant,
la
joue
se
prolonge
par
la
face
interne
des
lèvres
et
l’orifice
buccal.
Sa
limite
postérieure
est
la
commissure
«intermaxillaire
»,
figurée
par
une
ligne
arciforme
verticale,
joignant
les
deux
régions
rétromolaires
supérieure
et
inférieure.
En
dedans
des
arcades
dentaires,
l’espace
est
largement
occupé
par
la
langue
mobile.
Cette
cavité
a
pour
limite
supérieure
le
palais
osseux
auquel
fait
suite
le
voile
en
arrière,
et
pour
limite
infé-
rieure
le
plancher
buccal
qui
contourne
la
langue.
On
peut
ainsi
définir
un
plancher
antérieur
et
un
plancher
latéral
(Fig.
3).
Le
frein
de
la
langue
compartimente
incomplètement
le
plancher
antérieur
en
deux
zones
latérales
marquées
par
les
crêtes
salivaires
ou
sublinguales,
liées
à
la
saillie
des
glandes
sublinguales.
À
leur
extrémité
antéro-interne,
s’ouvre
l’ostium
du
conduit
subman-
dibulaire,
excréteur
des
glandes
submandibulaires.
Latéralement,
le
plancher
buccal
se
poursuit
par
la
face
interne
mandibulaire
dont
la
largeur
toute
relative
en
arrière
justifie
la
dénomination
de
sillon
pelvi-mandibulaire.
Plus
important,
le
sillon
pelvi-lingual
détermine
la
zone
de
réflexion
du
plancher
dans
la
langue
propre-
ment
dite.
La
langue
mobile
est
subdivisée
en
une
pointe,
un
bord
latéral,
une
face
ventrale
et
une
face
dorsale.
Le
«V
»lingual,
bien
identifié
par
les
papilles
caliciformes,
délimite
la
langue
mobile
de
la
racine
proprement
dite.
Cette
dernière,
jointe
au
voile
du
palais
et
à
l’arc
palato-glosse
(pilier
antérieur
de
l’amygdale),
constitue
la
limite
postérieure
de
la
cavité
buccale.
L’anatomie
topographique
de
la
cavité
orale
étant
relativement
complexe,
il
est
plus
aisé
de
la
représenter
sous
forme
de
schémas
simplifiés.
Ceux-ci,
faciles
à
reproduire,
peuvent
être
insérés
dans
le
dossier
du
malade
afin
d’y
mentionner
avec
précision
les
lésions
constatées
(siège
précis,
formes
et
dimensions).
Figure
2.
Cavité
buccale,
vue
antérieure.
1.
Lèvre
supérieure
;
2.
frein
labial
supérieur
;
3.
vestibule
supérieur
;
4.
arcade
dentaire
maxillaire
;
5.
palais
osseux
;
6.
voile
du
palais
;
7.
luette
;
8.
face
interne
de
joue
;
9.
commissure
intermaxillaire
;
10.
pilier
postérieur
de
l’amygdale
;
11.
amygdale
;
12.
pilier
antérieur
de
l’amygdale
;
13.
repli
palato-glosse
;
14.
base
de
la
langue
;
15.
«
V
»
lingual
;
16.
langue
mobile
;
17.
arcade
dentaire
mandibulaire
;
18.
vestibule
inférieur
;
19.
frein
labial
inférieur
;
20.
lèvre
inférieure.
Figure
3.
Région
pelvi-linguale,
vue
antérieure.
1.
Pointe
de
langue
;
2.
bord
latéral
de
langue
;
3.
face
ventrale
de
langue
;
4.
repli
palato-glosse
;
5.
frein
de
langue
;
6.
sillon
pelvi-lingual
;
7.
plancher
postérieur
;
8.
crête
sublinguale
;
9.
ostium
du
canal
sous-mandibulaire
(de
Wharton)
;
10.
plancher
antérieur
;
11.
sillon
pelvi-mandibulaire.
Région
faciale
S’étendant
de
la
ligne
d’implantation
des
cheveux
jusqu’au
bord
basilaire
de
la
mandibule,
la
région
faciale
comporte
(Fig.
4)
:
des
régions
médianes
:
frontoglabellaire
;
nasale
(limitée
laté-
ralement
par
les
sillons
nasogéniens)
;
labiale
(comprenant
les
lèvres
supérieure
et
inférieure
et
les
commissures)
et
menton-
nière
(sous
le
sillon
labiomentonnier)
;
des
régions
latérales
:
frontotemporales
;
orbitaires
(incluant
paupières,
globes
oculaires,
muscles
oculomoteurs
et
2EMC
-
Chirurgie
orale
et
maxillo-faciale
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/09/2020 par SCD UNIVERSITE D'ANGERS - (99124). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Examen
clinique
en
stomatologie 22-010-A-10
Figure
4.
Régions
cervicofaciales,
vue
latérale.
Régions
faciales
:
1.
frontale
;
2.
temporale
;
3.
orbitaire
;
4.
zygomatique
;
5.
auricu-
laire
;
6.
nasale
;
7.
jugale
ou
génienne
;
8.
parotidomassétérine
;
9.
labiale
;
10.
mentonnière.
Régions
cervicales
:
11.
rétromandibulaire
;
12.
sous-mentale
;
13.
sous-mandibulaire
;
14.
sous-hyoïdienne
;
15.
sterno-cléido-mastoïdienne
;
16.
sus-claviculaire
;
17.
nuque.
éléments
vasculonerveux
de
la
loge
postérieure)
;
zygoma-
tiques
;
géniennes
et
parotidomassétérines.
Région
cervicale
Comprise
entre
le
bord
inférieur
de
la
mandibule
et
les
reliefs
supérieurs
sternoclaviculaires,
la
région
cervicale
se
divise
en
trois
parties
(Fig.
4)
:
une
partie
postérieure
constituée
par
les
muscles
de
la
nuque,
et
limitée
en
avant
par
le
bord
antérieur
du
muscle
trapèze
;
deux
parties
latérales
comprises
entre
les
bords
antérieurs
du
trapèze
et
du
sterno-cléido-mastoïdien.
Elles
sont
subdivisées
en
triangles
sus-claviculaires
en
arrière
des
régions
sterno-
cléido-mastoïdiennes
(dans
lesquelles
se
trouvent
les
gouttières
jugulocarotidiennes)
;
une
partie
antérieure,
subdivisée
en
régions
sous-hyoïdienne
(contenant
la
filière
laryngotrachéale
et
la
glande
thyroïde),
sous-mentale,
et
latéralement
en
régions
sous-mandibulaires
dans
lesquelles
se
situent
les
glandes
submandibulaires,
artères
faciales
et
rameaux
labiomentonniers
du
nerf
facial,
et
enfin,
en
loges
rétromandibulaires
en
arrière
de
la
mandibule.
Conduite
de
l’examen
clinique
en
stomatologie
Interrogatoire
L’interrogatoire
est
une
étape
très
importante
qui
représente
le
premier
temps
de
l’examen
clinique [6] et
établit
également
le
premier
contact
avec
le
patient.
Après
avoir
enregistré
les
données
concernant
l’état
civil
(nom,
âge,
etc.),
la
question
touchant
au
motif
de
la
consultation
est
posée.
Les
symptômes,
autrement
dit
les
troubles
fonctionnels
ressentis
subjectivement
par
le
patient
(douleurs,
gênes,
etc.),
sont
recueillis
et
détaillés.
La
plus
grande
importance
est
donnée
à
la
chronologie
des
faits
(y
compris
la
recherche
d’un
éven-
tuel
facteur
déclenchant),
à
leur
mode
évolutif
et
à
leur
prise
en
charge
thérapeutique
éventuelle.
Les
répercussions
sur
l’état
géné-
ral
(asthénie,
amaigrissement,
fièvre,
équilibre
psychique,
etc.)
sont
également
analysées.
Il
est
important
de
laisser
l’intéressé
s’exprimer
selon
sa
propre
terminologie,
en
le
guidant
sans
Point
fort
Dès
le
départ,
l’interrogatoire
permet
d’orienter
le
diag-
nostic
grâce
à
la
qualité
des
informations
recueillies,
mais
il
conditionne
également
les
rapports
de
confiance
ultérieurs
avec
le
patient.
l’influencer.
Par
exemple,
devant
des
douleurs
de
la
cavité
buccale,
motif
très
fréquent
de
consultation,
il
est
important
de
faire
préci-
ser
au
patient
l’intensité
(importante
ou
légère),
le
type
de
douleur
(continue
ou
par
crise,
lancinante
ou
fulgurante),
l’horaire
(noc-
turne
et/ou
diurne),
le
siège
et
les
éventuelles
irradiations,
les
facteurs
de
survenue
(différences
de
température,
de
pression,
ou
apparition
spontanée),
l’association
à
d’autres
troubles
(rougeur,
larmoiement,
déficit
sensitivomoteur,
spasmes
musculaires,
etc.),
l’efficacité
des
antalgiques,
etc.
L’interrogatoire
se
termine
par
la
recherche
d’antécédents
per-
sonnels,
qu’ils
soient
médicaux
ou
chirurgicaux,
et
par
le
recueil
de
données
concernant
le
patient
:
habitudes
de
vie,
intoxica-
tion
alcoolotabagique
éventuelle,
traitements
médicaux
en
cours
(notamment
prise
d’anticoagulants
ou
d’antiagrégants
plaquet-
taires),
existence
d’allergie,
etc.
Examen
clinique
proprement
dit
C’est
le
deuxième
temps
de
l’examen
clinique.
Il
a
pour
but
de
dépister
les
signes
objectifs
de
la
pathologie [7].
Point
fort
Comme
pour
les
autres
disciplines
médicales,
l’examen
en
stomatologie
fait
appel
principalement
à
l’«inspection
»et
à
la
«palpation
»,
termes
issus
du
latin
inspectare
et
palpare
signifiant
respectivement
«regarder
dans
»et
«toucher
».
Le
patient
est
installé
confortablement,
généralement
sur
un
fauteuil
d’examen
plutôt
qu’au
lit,
et
il
est
rassuré.
Un
équipement
adapté
est
souvent
nécessaire,
tel
qu’un
éclairage
de
bonne
qualité
et
une
instrumentation
spécifique
de
type
abaisse-langue,
miroirs
plans,
sondes,
etc.
Classiquement,
l’examen
clinique
en
stomatologie
est
divisé
en
deux
temps,
l’un
exobuccal
hors
de
la
cavité
buccale,
l’autre
endobuccal
concernant
directement
la
bouche.
Examen
cervicofacial
ou
exobuccal
En
réalité,
l’inspection
a
déjà
débuté,
pendant
l’interrogatoire.
L’observation
de
certains
signes
est
parfois
évidente
(tuméfaction,
asymétrie
faciale,
etc.),
mais
l’examen
doit
être
poursuivi
métho-
diquement,
en
sachant
que
la
sphère
cervicofaciale
s’apprécie
étage
par
étage
et
selon
trois
incidences
principales
(face,
profil,
incidence
axiale).
Ainsi,
sont
analysés
successivement
:
les
téguments
:
coloration,
souplesse,
présence
d’éventuelles
lésions
cutanées
(plaies,
tumeurs,
éruptions,
cicatrices,
etc.)
;
les
structures
sous-jacentes,
qu’elles
soient
osseuses,
muscu-
laires
ou
autres.
Examinée
de
face,
la
région
concernée
est
comparée
à
la
région
controlatérale
(exemple
:
abaissement
du
bord
basilaire
lors
des
hypercondylies).
De
profil,
l’examen
recherche
un
défaut
de
projection
antéropostérieure
d’un
étage
par
rapport
aux
autres
(exemple
:
recul
de
la
lèvre
supérieure,
témoin
d’une
rétromaxillie).
L’inspection
axiale
note
les
asy-
métries
antéropostérieures
droite-gauche
(exemple
:
défaut
de
projection
antérieure
d’une
pommette
lors
d’une
fracture
zygo-
matique),
mais
aussi
les
anomalies
dans
le
sens
transversal
;
EMC
-
Chirurgie
orale
et
maxillo-faciale 3
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/09/2020 par SCD UNIVERSITE D'ANGERS - (99124). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
22-010-A-10 Examen
clinique
en
stomatologie
Figure
5.
Inspection
de
la
cavité
orale
en
ouverture.
la
posture
de
la
tête
sur
le
cou,
la
motricité
faciale,
etc.
(cf.
infra).
La
palpation,
qui
peut
être
réalisée
de
fac¸on
digitale
ou
manuelle,
permet
d’apprécier
:
la
présence
de
douleurs
provoquées,
diffuses
ou
exquises,
dont
l’intensité
peut
être
chiffrée,
soit
à
l’aide
d’une
échelle
visuelle
analogique,
soit
en
utilisant
des
critères
cliniques
(grimaces
associées,
mouvements
de
retrait,
etc.)
;
les
téguments
avec
notamment
température
et
mobilité
par
rapport
aux
plans
sous-jacents
;
les
tissus
sous-jacents
:
sous-cutané,
musculaire,
ganglionnaire,
etc.,
en
précisant
en
cas
de
tuméfaction
la
consistance
(osseuse
lors
d’ostéome,
rénitente
lors
de
tumeur,
ou
au
contraire
fluc-
tuante
lors
de
collection
hématique
ou
purulente,
etc.),
la
mobilité
par
rapport
au
plan
profond,
la
présence
d’un
thrill
palpatoire
(avec
ou
sans
souffle
à
l’auscultation),
etc.
;
l’état
des
reliefs
osseux,
notamment
en
contexte
traumatolo-
gique
(décalage,
mobilité
anormale,
ressaut),
souvent
gêné
par
un
œdème
;
les
aires
ganglionnaires
cervicales,
la
sensibilité
faciale,
les
arti-
culations
temporomandibulaires,
etc.
(cf.
infra).
Examen
de
la
cavité
orale
ou
endobuccale
L’examen
de
la
cavité
orale
débute
dès
l’ouverture
buccale
par
l’inspection
(Fig.
5).
Ce
premier
temps
donne
une
vision
partielle
de
la
cavité
orale,
principalement
du
palais,
de
la
face
interne
des
joues,
de
la
face
dorsale
linguale,
et
des
faces
occlusales
den-
taires.
L’examinateur
demande
ensuite
au
patient
de
tirer
la
langue
(Fig.
6),
ce
qui
permet
l’inspection
d’une
partie
de
l’oropharynx
(pilier
du
voile,
luette
et
paroi
postérieure
du
pharynx).
Ce
temps
est
capital
chez
l’enfant
pour
qui
l’introduction
prématurée
d’un
abaisse-langue
risque
de
compromettre
la
poursuite
de
l’examen.
L’abaisse-langue
est
ensuite
utilisé,
avec
douceur,
sur
la
face
laté-
rale
et
ventrale
de
la
langue,
afin
d’exposer
les
planchers
latéraux
et
antérieurs
(Fig.
7).
Il
est
souvent
nécessaire
afin
de
déplisser
la
face
interne
des
joues
et
des
vestibules,
et
pour
effacer
le
volume
lingual
afin
d’apercevoir
l’oropharynx
(Fig.
8).
Enfin,
l’inspection
se
termine
par
un
examen
au
miroir
plan
préalablement
chauffé
pour
éviter
la
buée.
Le
miroir
permet
non
seulement
de
visua-
liser
les
faces
dentaires
et
les
espaces
interdentaires,
mais
aussi
l’oropharynx
et
la
filière
laryngée.
Dans
ce
cas,
le
praticien
saisit
la
pointe
de
langue
entre
le
pouce
et
l’index
sur
une
compresse
(Fig.
9)
et
place
le
majeur
sur
l’arcade
dentaire
afin
de
maintenir
l’ouverture
buccale.
La
traction
de
la
langue
en
avant
permet
ainsi
d’effacer
sa
base
du
champ
d’examen.
Afin
de
prévenir
les
réflexes
nauséeux,
le
praticien
évite
de
toucher
la
muqueuse
oropharyn-
gée.
Ceux-ci
peuvent
être
prévenus
chez
les
enfants
ou
les
patients
particulièrement
sensibles
par
une
anesthésie
de
contact
(spray
de
xylocaïne
à
1
%,
pastille
de
tétracaïne,
etc.).
La
palpation,
temps
essentiel,
se
pratique
avec
l’extrémité
de
l’index
protégé
par
un
doigtier,
ou
avec
plusieurs
doigts.
Il
est
Figure
6.
Inspection
de
la
cavité
orale
et
de
l’oropharynx.
Figure
7.
Inspection
du
plancher
buccal
et
des
ostiums
des
conduits
submandibulaires.
prudent
d’interposer
entre
les
arcades
un
abaisse-langue
ou
une
cale
chez
les
sujets
susceptibles
de
mordre
(chez
l’enfant
notam-
ment).
La
palpation
entraîne
souvent
un
réflexe
nauséeux
et
doit
plutôt
être
réalisée
à
la
fin
de
l’examen.
Le
praticien
analyse
succes-
sivement
les
différents
sites
de
la
cavité
buccale
peu
accessibles
à
la
vue
:
planchers,
langue
mobile,
base
de
langue.
Il
peut,
par
l’autre
main,
s’aider
d’une
traction
antérieure
de
la
langue.
L’existence
de
douleurs
provoquées
est
précisée
ainsi
que
l’éventuelle
pré-
sence
d’une
tuméfaction
(en
notant
consistance
et
limites
de
l’infiltration),
d’une
hypoesthésie
ou
anesthésie,
notamment
dans
le
territoire
lingual,
d’un
corps
étranger
oropharyngé,
etc.
L’examen
dentaire
fait
appel
aux
miroirs
plans
et
aux
sondes
dentaires
(droite,
coudée)
pour
la
recherche
de
caries,
mobilités
dentaires,
douleurs
provoquées
et
de
poches
parodontales,
mais
également
aux
tests
de
vitalité
(thermique
ou
électrique)
pour
la
détection
de
mortifications
dentaires.
Examen
clinique
détaillé
par
régions
anatomiques
Muqueuse
buccale
L’examen
des
muqueuses
buccales
ne
peut
être
schématisé,
on
peut
cependant
émettre
un
certain
nombre
de
principes [8].
4EMC
-
Chirurgie
orale
et
maxillo-faciale
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/09/2020 par SCD UNIVERSITE D'ANGERS - (99124). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
Examen
clinique
en
stomatologie 22-010-A-10
Figure
8.
Inspection
de
la
face
interne
de
joue
et
des
ostiums
des
conduits
parotidiens.
Figure
9.
Traction
de
la
langue
à
l’aide
d’une
compresse.
Le
diagnostic
repose
d’abord
sur
l’analyse
minutieuse
des
lésions
visibles
et
palpables,
permettant
l’identification
de
lésions
élémentaires
(érythèmes,
macules,
papules,
érosions,
ulcérations,
tumeurs,
etc.) [9].
L’aspect
(couleurs,
souplesse,
etc.),
la
disposi-
tion
(linéaire,
annulaire,
serpigineuse,
etc.),
la
topographie
et
le
mode
évolutif
de
ces
lésions
élémentaires
apportent
des
don-
nées
sémiologiques
indispensables
au
diagnostic
étiologique [10].
Par
exemple,
devant
une
ulcération
muqueuse,
il
convient
de
décrire
le
fond
(induré
orientant
vers
une
néoplasie,
souple
de
type
aphte
ou
post-traumatique)
et
la
périphérie
(bourgeonnante
et
saignante
au
contact
lors
de
tumeur
maligne).
De
même,
en
Point
fort
Il
est
nécessaire
d’orienter
l’examen
et
de
l’approfondir
selon
la
région
anatomique
étudiée
et
l’orientation
diag-
nostique
recherchée.
Il
s’agit
de
l’étape
essentielle
dans
la
prise
en
charge
du
patient,
permettant
la
réalisation
d’un
bilan
précis
et
exhaustif
des
lésions.
De
la
qualité
de
ce
bilan,
dépendent
la
justesse
de
l’éventuelle
demande
d’examens
complémentaires
et
l’attitude
thérapeutique.
présence
d’une
tuméfaction
muqueuse
ou
sous-muqueuse
(vous-
sure),
il
est
important
de
décrire
le
siège,
les
limites
anatomiques,
les
dimensions,
la
consistance
(osseuse
en
cas
de
torus
ou
de
kyste
des
maxillaires,
rénitente
en
cas
de
lésions
malignes [11],
fluctuante
lors
d’hématome
ou
d’abcès,
etc.),
la
présence
éventuelle
d’un
souffle,
etc.
L’examen
doit
s’accompagner
dans
la
majorité
des
cas
d’un
exa-
men
exobuccal,
notamment
des
surfaces
cutanées
et
phanères,
et
d’un
examen
général
orienté.
L’examen
histologique,
aisément
réalisé
par
la
biopsie,
est
au
mieux
effectué
par
l’équipe
médicale
qui
prend
en
charge
le
patient,
afin
de
ne
pas
transformer
la
lésion [12,
13].
L’histologie
est
souvent
le
seul
moyen
de
confirmer
l’«
impression
clinique
»
devant
la
présence
de
lésions
tumorales
bénignes
(diapneu-
sies,
épulis...),
malignes
(carcinomes
épidermoïdes...),
de
lésions
inflammatoires
(lichens...)
ou
dysplasiques
(kératoses...).
La
per-
sistance
d’une
plaie
diagnostiquée
«
traumatique
»,
15
jours
après
la
suppression
de
sa
cause
hypothétique,
doit
également
conduire
à
la
réalisation
d’une
biopsie.
De
même,
on
ne
peut
se
conten-
ter
d’un
diagnostic
de
«
stomatite
»,
qui
regroupe
toutes
les
atteintes
inflammatoires
de
la
muqueuse
buccale.
Au
même
titre,
les
lésions
chroniques
de
la
muqueuse
buccale,
parfois
dénom-
mées
lésions
blanches
ou
kératoses,
rassemblent
des
maladies
très
diverses,
congénitales,
réactionnelles
(traumatiques,
actiniques,
tabagiques,
etc.),
infectieuses
(candidoses,
infections
par
le
virus
de
l’immunodéficience
humaine,
etc.),
dermatologiques
(lichen
plan,
lupus
érythémateux,
etc.)
et
dysplasiques
(kératoses
préépi-
théliomateuses,
carcinomes,
etc.).
Parois
de
la
cavité
orale
Lèvres
L’orifice
oral
doit
être
observé
sous
un
angle
statique
(forme,
dimensions,
état
cutanéomuqueux,
compétence,
etc.),
mais
éga-
lement
sous
un
aspect
dynamique
(notamment
tonicité
de
l’orbiculaire) [14].
Faces
internes
des
joues
et
vestibules
L’inspection,
facilitée
par
un
miroir
puis
la
palpation,
effectuée
à
la
fois
de
fac¸on
intra-
et
extra-orale
permet
l’examen
de
cette
structure
allant
de
la
zone
rétrocommissurale
labiale
en
avant
à
la
commissure
intermaxillaire
et
la
tubérosité
maxillaire
en
arrière,
à
la
recherche
de
lésions
traumatiques
(plaies,
morsures,
etc.),
tumo-
rales
bénignes
(diapneusie,
épulis,
etc.),
malignes
(carcinomes
épidermoïdes,
etc.),
inflammatoires
(lichens,
leucokératoses,
etc.).
L’examen
porte
également
sur
l’ostium
(inflammation,
écoule-
ment
purulent
en
cas
de
parotidite)
et
le
canal
(lithiase)
de
la
glande
parotide.
Plancher
buccal
Comme
pour
la
structure
précédente,
l’inspection
est
aidée
par
un
miroir
refoulant
la
langue,
et
la
palpation
reste
bima-
nuelle [15].
En
dehors
de
la
recherche
des
lésions
précédentes,
l’examen
s’attache
au
diagnostic
d’affections
concernant
l’ostium
(inflammation,
écoulement
purulent
en
cas
de
submandibulite)
et
le
canal
(lithiase)
de
la
glande
submandibulaire.
EMC
-
Chirurgie
orale
et
maxillo-faciale 5
© 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 29/09/2020 par SCD UNIVERSITE D'ANGERS - (99124). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.
1 / 12 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !