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Les émotions dans la psychologie

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1. La théorie des émotions : retracer l’évolution de la théorie des émotions depuis
James avec des critiques pour chacune d’elle.
En premier lieu, l’émotion est caractérisée comme étant « une réaction affective momentanée,
provoquée par une stimulation et caractérisée par une activation physiologique, une expression
corporelle et une activité mentale » (Wood, Wood, Boyd, Hétu, & Cormier, 2015). Dans ce cadre, ces
émotions nous aident à faciliter nos contacts sociaux tout en optimisant notre comportement afin
que nous puissions nous adapter aux diverses situations. Ainsi, ces émotions nous aident non
seulement dans nos interactions mais également à comprendre autrui.
En 1884, le physiologiste et philosophe William James publie son article « What is an Emotion? ». Il y
détermine une théorie des émotions périphéraliste. Selon sa théorie, l’émotion serait générée par la
perception d’un stimulus capté par les sens, transmis par le système nerveux. Celui-ci provoquerait
des réactions corporelles. L’émotion serait déclenchée par la prise de conscience de ces réponses
corporelles. Ainsi, la théorie périphéraliste fait référence au système nerveux périphérique qui
déclenche ce processus. Dans l’exemple-type, un homme qui se retrouve face à un danger, ressentira
d’abord des réponses corporelles. La prise de conscience de ces réactions physiologiques
déclenchera la peur.
Cette approche fut contestée par Walter Cannon et Bard en 1927 et 1928. D’une part, ceux-ci
affirmaient que les activations physiologiques des viscères étaient trop lentes pour expliquer
l’apparition des émotions. D’autre part, ils ont mis en exergue le fait que l’émotion pouvait
apparaitre même lorsque le système périphérique n’était pas actif (Audric Mazzietti, 2018). Pour
Cannon et Bard, le système nerveux central transmet l’information du stimulus au cortex cérébral et
à l’hypothalamus en même temps. Ainsi, les modifications corporelles ne déclenchent pas l’émotion
mais l’accompagnent (Wood, Wood, Boyd, Hétu, & Cormier, 2015). Toutefois cette théorie comporte
également des lacunes. En effet, les réactions corporelles ne sont pas uniquement déterminées par
les viscères mais également par les muscles. Or, ceux-ci sont bien plus rapides.
Dans leur théorie bi-factorielle, Stanley Schachter et Singer affirment que le cerveau doit interpréter
les réponses corporelles pour que l’individu puisse les labéliser. Même s’ils ne récusent pas l’idée que
la réaction physiologique revêtent d’une grande importance, ils contestent la théorie de James selon
laquelle que les réactions corporelles sont les seuls éléments qui déclenchent une émotion. Ainsi, la
réponse physiologique ne serait qu’une conséquence de l’évaluation cognitive (Audric Mazzietti,
2020).
Enfin, selon la théorie de l’Appraisal de Lazarus, l’émotion serait produite par un processus
d’évaluation lié à plusieurs stades. Le stade primaire définirait la signification d’un événement pour
l’individu. Cette signification pourrait être positive ou négative sur le plan personnel. Le stade
secondaire analyserait la capacité de l’individu à faire face à l’événement (Audric Mazzietti, 2020).
Ainsi cette évaluation suivrait le mécanisme suivant : Un événement survient. Puis l’appraisal
primaire indique la signification de cet événement pour l’individu. Enfin, l’appraisal secondaire
identifie les ressources dont l’individu dispose (potentiel de Maitrise). Un tel mécanisme nécessite un
mécanisme long et compliqué qui se met en porte-à-faux avec la rapidité de l’apparition d’une
émotion.
2. La théorie de l’autodétermination : modèle hiérarchique de la Motivation avec
ses niveaux, ses déterminants et ses conséquences
https://moodle.fernuni.ch/pluginfile.php/153659/mod_resource/content/14/Chapitre3_Motivation_
HQ.pdf
Théorie de l’autodétermination : Le modèle hiérarchique
Ce modèle analyse les éléments complexes inhérents à la motivation. Ainsi, se fondant sur la Théorie
de l’autodétermination, le modèle hiérarchique intègre le besoin de développement personnel (les
besoins d’autonomie, de compétence, d’appartenance sociale) ainsi que les influences de
l’environnement (Vallerand, 2000). Il prend également en considération plusieurs formes de
motivation : la motivation intrinsèque, la motivation extrinsèque, l’amotivation. Dans ce cadre, cette
théorie comporte trois niveaux de généralité. Ces trois niveaux ne sont pas hermétiques mais
peuvent s’influencer mutuellement par le biais des effets descendants et ascendants.
Premièrement, le niveau situationnel : Ce niveau se caractérise par une tendance pour un individu à
être amotivé, motivé extrinsèquement ou motivé intrinsèquement lorsque celui-ci accomplit une
activité particulière à un instant précis. Cette motivation ne se réfère pas à un aspect permanent de
l’individu mais à un état motivationnel. Deuxièmement, le niveau contextuel : Il s’agit du niveau
motivationnel qui correspond à « une sphère d’activités précise » (Emmons, cité par Vallerand et al.,
2009). Dans ce cadre, les trois sphères les plus importantes de la vie de jeunes adultes sont les
relations interpersonnelles, les loisirs et l’éducation (Blais et al, cités par Vallerand et al., 2009).
Troisièmement, le niveau global : Il s’agit de la forme de motivation la plus stable. Elle peut être
définie comme une caractéristique propre à la personnalité de l’individu. Dans ce cadre, cette
motivation constitue un axe général de l’interaction de la personne avec son environnement.
Le modèle hiérarchique implique également des déterminants. Ceux-ci correspondent aux éléments
qui influencent la motivation de l’individu. On dénombre deux types de déterminants, agissant aux
trois niveaux de généralité cités plus haut. Premièrement, les déterminants sociaux : Ce déterminant
peut être présent à tous les niveaux de généralité. A cet effet, la motivation est tributaire des
influences sociales. Ainsi, ce déterminant se caractérise par les paramètres humains et non humains
qui sont présents dans l’environnement de l’individu-cible et qui influencent sa motivation. Ainsi, les
publicités sont par exemple des facteurs non humains qui peuvent influer sa stimulation.
Deuxièmement, les déterminants internes : Le modèle hiérarchique soutient que la motivation
inhérente à un niveau donné peut influencer le niveau supérieur et inférieur. Ainsi, l’effet top-down
(effet descendant) de la motivation influencerait directement la motivation du niveau inférieur de
cette hiérarchie. Par exemple, la motivation globale d’un individu peut se répercuter sur la
motivation contextuelle. La théorie du modèle hiérarchique précise que le niveau de motivation
globale a moins d’effet sur la motivation situationnelle que contextuelle, puisque cette dernière est
directement située en-dessous sur le plan hiérarchique. D’autre part, l’effet bottom-up (effet
ascendant), postule que la motivation située à un niveau inférieur peut également influencer le
niveau supérieur. La motivation situationnelle peut donc également influencer la motivation
contextuelle. Celle-ci peut également se répercuter sur le niveau global par la suite. Par exemple,
lorsqu’on prend du plaisir à l’activité du tir à l’arc durant un weekend (niveau situationnel), cette
découverte sportive peut aboutir à une motivation intrinsèque contextuelle envers ce sport.
Conséquences
L’étude de la motivation permet de présager certaines conséquences propres aux individus. Par
exemple, la motivation intrinsèque d’une personne garantit de meilleures chances de succès,
comparativement à un autre individu dépourvu de cette motivation. Dans ce cadre, il s’agit non
seulement de conséquences impactant le comportement mais également la cognition et l’affectif.
Ainsi, la mémoire et la concentration sont directement liées au degré de motivation dont l’individu
bénéficie. Sur le plan de l’affectif, le plaisir et l’intérêt influencent également les chances de succès
dans un domaine donné. Tous ces éléments impactent non seulement la persévérance de l’individu
dans une activité spécifique mais également son efficacité et les choix d’action
Bibliographie
Hauw, N., (2007). Un test des déterminants internes de la motivation situationnelle en
contexte naturel : Approche hiérarchique de la motivation en Education Physique et Sportive.
Repéré à https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00197168/document
Mazzietti, A. (2018) We shall never surrender. Récupéré le 15 avril 2020 à 11:56 du site
https://moodle.fernuni.ch/mod/resource/view.php?id=108375
Vallerand, R., Carbonneau, N., Lafreniere, M.-A., (2009). La théorie de l’autodétermination
et le modèle hiérarchique de la motivation intrinsèque et extrinsèque : Perspectives
intégratives. Dans P. Carre, F. Fenouillet, Traité de psychologie de la motivation, (pp. 47 à
66). France: Dunod.
3. L’intelligence émotionnelle
Définition de l’intelligence émotionnelle :
Selon le Docteur Peter Salovey, Professeur à l’Université de Yale, cette intelligence
émotionnelle regroupe un ensemble de compétences liées à la perception, à la compréhension,
à la gestion et à l’utilisation des émotions (Brovedani, 2008). Il s’agit donc de l’utilisation
optimale de ces mécanismes afin de non seulement mieux se connaitre, se contrôler mais
également comprendre les gens et détecter les éléments qui peuvent expliquer leur
comportement. Dans les faits, le Docteur Peter Salovey a pu adapter de manière positive ces
outils en les mettant au service de la prévention sanitaire.
D’autre part, Madame Moïra Mikolajczak, qui travaille en tant que Professeure de
psychologie à l’Université de Louvain, identifie cinq grands types de compétences liées à
cette intelligence émotionnelle.
La première compétence consiste à Identifier les émotions : Il est d’autant plus difficile de
distinguer et d’analyser les émotions lorsqu’on se retrouve face à des adultes. Ceux-ci les
expriment à faible intensité et de manière fugace. Ainsi, cette faculté d’identification permet
de déceler les signes d’agacement chez autrui, avant que celui-ci ne s’énerve. Elle nous
permet également de mieux juguler la colère qui peut éclater en nous.
La deuxième compétence correspond à Comprendre les émotions : Une grande partie des
individus confondent l’élément qui active l’émotion avec sa vraie raison. Dans ce cadre, ils
seront incapables de comprendre l’origine profonde d’une réaction. Ainsi, ils croiront qu’une
remarque malheureuse sera responsable de la colère d’un individu alors que celui-ci a
simplement accumulé nombre de déboires avant cela. La remarque n’aura été que l’activateur
et non la raison réelle de l’énervement.
La troisième compétence se rapporte à l’Utilisation des émotions : Il s’agit ici de savoir
décoder les informations que nos émotions nous envoient et d’adapter notre comportement.
Ainsi, une fatigue chronique, un énervement qui ne nous quitte plus peuvent nous indiquer
que notre esprit nécessite un temps de repos afin de se ressourcer.
La quatrième compétence fait référence au fait d’Exprimer les émotions : Dans ce cadre, il
s’agit non seulement de choisir la personne adéquate, mais encore le moment approprié et
l’intensité des termes que nous employons afin de communiquer au mieux notre ressenti sans
s’énerver, sans aggraver la situation. En effet, 75% des personnes éprouvent de la peine à
exprimer ce qu’elles ressentent.
Enfin, la cinquième compétence met en jeu le fait de Réguler les émotions : Il est question de
les atténuer ou de les intensifier en fonction de la situation. Ainsi, les individus qui éprouvent
de la peine à contrôler leurs émotions sont généralement moins heureux dans leur vie. Ils
encourent davantage le risque de présenter des ennuis de santé ou des problèmes psychiques.
Ils éprouvent également davantage de problèmes dans leur sphère professionnelle. Ainsi, de
bonne compétences émotionnelles permettent de mieux affronter l’anxiété ou le stress
(Mikolajczak, 2016).
Dans ce contexte, les émotions influencent les quatre domaines centraux de notre vie. Tout
d’abord le bien-être : les compétences émotionnelles favorisent notre sérénité tout en nous
préservant du malaise qui résulte de la colère. Deuxièmement, ces compétences émotionnelles
influencent également la santé mentale et physique. En effet, le stress ou la colère engendrée
par une mauvaise maitrise des émotions peut dégrader notre santé physique et nous fatiguer
moralement. Troisièmement, le travail se trouve également impacté par un manque de
compétence émotionnelle. Ainsi, notre productivité et la qualité de notre travail dépendent
également de notre état émotionnel. L’ennui ou la colère peut détériorer nos capacités de
conception et d’élaboration. Alors que des émotions positives favoriseront notre productivité.
De plus, notre proportion à maitriser notre intelligence émotionnelle nous rend bien plus
attractifs aux yeux d’un employeur. Enfin, les relations humaines sont tributaires de la
gestion des émotions. Il s’agit ici de comprendre autrui, de savoir communiquer tout en
contrôlant l’intensité des échanges. Ainsi, la colère nous isole alors que l’amour nous
rapproche des autres tout en réduisant les conflits (Mikolajczak, 2016).
Selon Mikolajczak, l’intelligence émotionnelle se décline en trois niveaux :
[Connaissances] : Savoir explicite ou implicite de l'individu sur les compétences
émotionnelles.
[Habiletés] : Capacité de l'individu à appliquer ses connaissances en situation émotionnelle.
[Dispositions] : Propension de l'individu à agir d'une façon spécifique en situation
émotionnelle.
Bibliographie
Brovedani, L. (2008, 3 août). Part 1 Dr. Peter Salovey - Yale University [Vidéo en Ligne]. Récupéré à
https://www.youtube.com/watch?v=zfZkbyjP7w0
Mikolajczak, M. (2016, 8 juin). Améliorer son intelligence émotionnelle, pourquoi pas à l'école?
[Vidéo en ligne]. Récupéré à https://www.youtube.com/watch?v=KK_lOuhAfso
4. Le débat Cognition vs Emotion
On peut désigner le terme « émotion » comme étant un épisode passager, déclenché par un
stimulus évalué comme étant important par l’organisme. Ce processus dynamique est défini
par « une activation physiologique, une expression corporelle et une activité mentale »
(Wood, Wood, Boyd, Hétu, & Cormier, 2015).
En 1884, William James a soutenu dans son livre « What is an Emotion ? » que l’émotion
empruntait un processus contre-intuitif. En effet, James affirmait que le processus émotionnel
suivait le découpage mettant en jeu la réaction du corps : En premier lieu, le stimulus est
perçu. Puis, le corps réagit (battement du cœur qui s’accélère, sueur, tremblements…). En
troisième lieu, l’individu prend conscience des implications et des modifications corporelles.
Il en résulte une émotion. Cette séquence est aujourd’hui connue sous le nom de « théorie
périphéraliste » car elle implique le système nerveux périphérique qui est à l’origine de
l’émotion. Carl Lange, médecin et psychologue danois, élaborera une théorie semblable un an
après James.
On définit l’émotion comme étant une réaction affective momentanée, provoquée par une stimulation
et caractérisée par « une activation physiologique, une expression corporelle et une activité mentale »
(Wood, Wood, Boyd, Hétu, & Cormier, 2015). Ces émotions nous aideraient à comprendre les
intentions d’autrui, assureraient notre adaptation à l'environnement et faciliteraient nos interactions
sociales. En règle générale, on soutient que la perception d’un stimulus provoquerait l’émotion. Par la
suite, celle-ci entrainerait des réactions corporelles. Or, pour William James, psychologue et
philosophe américain, cette succession ne serait pas exacte (Alfred Binet, 1902). En effet, selon la
théorie contre-intuitive proposée par James dans son article « What is an Emotion ? » (1884), puis par
le psychologue et physiologiste danois Lange (1885), le processus serait inverse. Ainsi, le mécanisme
émotionnel serait déterminé par la séquence suivante : tout d’abord la perception d’un stimulus, suivie
de réponses corporelles, puis la sensation de ces changements périphériques et, pour finir, l’émotion.
Dans ce cadre, on parle de conception « périphéraliste » de l’émotion car l’origine de l’émotion serait
liée au système nerveux périphérique (David Sander et Klaus R. Scherer, 2019).
5. La théorie des marqueurs somatiques
Fonctionnement : En 2003, le professeur de neurosciences Antonio Damasio a proposé sa théorie de
marqueurs somatiques. Selon celle-ci, les émotions peuvent influencer nos prises de décisions. En
effet, lorsque nous subissons un événement, nous relions notre expérience à une représentation
interne. C’est ce que Damasio désigne par le terme de marqueurs somatiques. Ainsi, ce marqueur se
déclenchera lors d’un événement semblable et influencera très rapidement notre prise de décision
(Wood, Wood, Boyd, Hétu, & Cormier, 2015).
Implications en termes de lien entre les émotions et la prise de décision : Dans ce cadre, Antonio
Damasio postule que le marqueur somatique conservé en mémoire garantirait une prise de décision
avisée. Selon lui, les réactions corporelles reliées à un stimulus sont enregistrées par l’hippocampe
sous forme de marqueurs somatiques. Ceux-ci sont activés lors d’événements déjà appris. Ainsi, ces
éléments fourniraient une réponse optimale lors de conditions similaires. Par exemple, loin de
perturber notre sens rationnel comme le soutenait Descartes (Mazzietti, A. & Versace, R., 2014), les
émotions nous aideraient à éviter des situations qui évoquent un danger en raison de la peur qu’elles
avaient déjà causées lors d’une situation similaire (Wood, Wood, Boyd, Hétu, & Cormier, 2015).
Présentation de deux patients :
Elliot était un homme d’affaire qui avait réussi socialement et professionnellement. Toutefois, il était
atteint d’une tumeur dans le lobe frontal. Après son opération visant à extraire cette tumeur, Elliot
ne fut plus le même. En effet, bien que ne présentant aucune séquelle et gardant toutes ses
capacités intellectuelles et analytiques, Elliot n’était plus capable de prendre des décisions
rationnelles (Mazzietti & Versace, 2014) et perdit ses facultés d’homme d’affaires. Il dilapida toutes
ses économies dans des tractations immobilières nébuleuses. Ainsi, ses lésions du lobe frontal
paraissent avoir annihilé ses capacités à jauger de manière adéquate les situations. Dans ce cadre,
Damasio a analysé les émotions d’Elliot. Le neurologue relève qu’Elliot doit fortement se contrôler
émotionnellement pour paraitre courtois et sociable. Dans le cas contraire, Elliot se révèle détestable
et froid. En outre, l’homme d’affaires reconnait qu’il ne ressent plus les émotions comme
auparavant. Il est devenu indifférent aux éléments mêmes qui le touchaient émotionnellement
autrefois. Ainsi privé d’émotions, Elliot n’est plus capable de se comporter de manière socialement
acceptable ni de prendre des décisions adéquates. C’est dans ce contexte que Damasio élabora sa
théorie des marqueurs somatiques.
Dans un autre cas datant de 1948 et se déroulant aux Etats-Unis, un individu du nom de Phineas
Gage fut victime d’un incident lors de son travail d’extension de chemin de fer. Lors de l’explosion
d’amas rocheux se trouvant sur la route du chemin de fer, Phineas Gage fut blessé à la tête par une
barre de fer qui lui traversa la tête. Transporté immédiatement auprès d’un médecin, celui-ci
constata que son patient, bien que toujours lucide, souffrait d’une grave blessure. La barre de fer
avait non seulement perforé sa tête mais avait également dévasté la partie gauche de son lobe
frontal. Deux mois plus tard, Phineas Gage se rétablit avec pour toute conséquence physique la perte
de son œil gauche (Mazzietti, A. & Versace, R., 2014). Toutefois, l’homme avait complètement
changé sur le plan mental. Alors qu’il était auparavant apprécié par son entourage, il était devenu
impoli, caractériel et ne semblait plus capable de décider avec discernement. Son attitude ne lui
permettait plus de garder un emploi stable. Dès lors, il menait une vie dépravée et fluctuante. Il
travaillera même dans un cirque, exposant avec fierté ses blessures ainsi que la barre de fer qui avait
traversé sa tête. En définitive, Phineas Gage présente les mêmes caractéristiques comportementales
qu’Elliot : A la suite de lésions du lobe frontale, il était devenu incapable de contrôler ses émotions et
de prendre des décisions judicieuses.
Bibliographie
Mazzietti, A. (2018)
https://moodle.fernuni.ch/pluginfile.php/168176/mod_resource/content/3/Mémoire%20et%20Émo
tion.pdf
Mazzietti, A. (2018) We shall never surrender. Récupéré le 2 novembre 2018 à 11:24 du site
https://moodle.fernuni.ch/mod/resource/view.php?id=108375
Mazzietti. A., Versace, R. (2014) Sentio Ergo Sum. Récupéré le 1er novembre 2018 à 19:31 du site
https://moodle.fernuni.ch/mod/resource/view.php?id=94999
Wood, S. E., Green Wood, E., Boyd, D., Hétu, F., & Cormier, N. (2015). L'univers de la psychologie
(2e éd.). Montréal: ERPI
6. La mémoire et l’attention émotionnelle
Depuis Platon, nos émotions ont longtemps été présentées comme étant irrationnelles et opposées à
la cognition, notamment en psychologie. Ainsi les émotions ont été mises de côté lorsqu’il s’agissait
d’expliquer le fonctionnement de la mémoire, de l’attention ou encore de la prise de décision. En
effet, l’émotion était perçue comme un élément perturbant le bon fonctionnement de l’esprit
rationnel. Toutefois, ces croyances ont été remises en question, notamment par le biais des théories
cognitives de l’émotion et par les avancées technologiques permettant d’analyser les activités
cérébrales.
En effet, nos émotions nous permettent d’analyser les événements et nous indiquent si les situations
sont en adéquation avec notre bien-être. Ainsi notre attention est attirée par les éléments qui nous
semblent pertinents. Dans ce cadre, ces émotions sont également importantes dans le contexte de la
mémoire. Ainsi elles facilitent la mémorisation lorsque les événements sont perçus comme étant
importants émotionnellement. Elles intensifient l’encodage et notre mémoire (Brosch et Sander,
2011). D’autre part, elles nous permettent de sélectionner rapidement un comportement face à une
situation complexe lorsque les informations s’avèrent insuffisantes pour prendre une décision basée
sur la logique (Brosch et Sander, 2011). Ainsi, les émotions loin de nous encombrer, nous permettent
de réagir dans l’urgence. Dans ce cadre, les individus ayant subi des lésions cérébrales provoquant un
dérèglement des émotions peuvent éprouver des difficultés lorsqu’il s’agit de prendre une décision
ou d’interagir avec autrui.
Dans ce contexte, notre environnement nous soumet systématiquement à un fort afflux
d’informations. Or notre cerveau étant limité, il ne peut traiter tous les éléments présents dans notre
environnement. Une forme de compétition entre les différents stimuli apparait. Le cerveau doit alors
trier les éléments qui requièrent un traitement davantage affiné. Ainsi, ce traitement peut se faire de
manière volontaire en choisissant sur quoi ou sur qui l’attention doit se concentrer.
Les émotions peuvent également intervenir en sélectionnant ce qui est important. Par conséquent,
les stimuli émotionnels peuvent solliciter de manière automatique notre concentration, par exemple
à la mention de quelque chose qui est important pour notre bien-être, pour notre sécurité, qui
nous implique directement. Ainsi, ce processus est vital pour notre survie car il permet de déceler
très rapidement un danger.
Sur le plan cérébral, l’amygdale revêt une grande importance dans le cadre des émotions en
amplifiant le stimulus émotionnel. En effet, elle est liée aux parties du cerveau qui interviennent dans
le traitement de l’information sensorielle. L’amygdale va accentuer le poids des émotions
comparativement à un stimulus neutre, avant même que nous en soyons conscients. Ainsi par
exemple, le cortex visuel est davantage sollicité lorsqu’il traite une émotion. Cette activation est
absente chez les patients présentant des dommages au niveau de l’amygdale. D’autre part,
l’amygdale module également le cortex frontal et pariétal, favorisant ainsi l’attention sur un élément
émotionnellement important. Dans ce cadre, on suppose de nos jours qu’un système spécifique
serait consacré au traitement des stimuli émotionnels (Brosch et Sander, 2011).
Enfin, sur le plan de la mémoire, les émotions influencent nos souvenirs en les rendant non
seulement plus clairs mais également plus détaillés que ceux qui n’ont pas été affectés par l’émotion.
Ainsi, l’émotion revêt d’une grande importance lorsqu’il s’agit de stocker de manière très profonde
un événement dans notre mémoire. Ainsi, la mémoire est affectée par ce qui nous touche
émotionnellement. Ce processus permet de mieux retenir les choses importantes pour chacun
d’entre nous. L’émotion permet par ce biais d’enrichir et de décupler la mémoire.
Bibliographie
Brosch, T., Sander, D. (2011) Les effets cognitifs des émotions. Récupéré le 2 juin 2020 du site
https://moodle.fernuni.ch/pluginfile.php/153698/mod_resource/content/2/ess_07_cv.pdf
7. Le modèle des processus composants
Fonctionnement du modèle :
C’est par le biais de la théorie de l’émotion articulée par Scherer en 1984 que le modèle des
processus composants a été élaboré. Cette théorie tente d’expliciter et de donner un aperçu des
processus liés aux émotions (Sander, 2014). Dans ce cadre, l’origine et la différenciation des
émotions découlerait d'un mécanisme séquentiel d'évaluation cognitive (Mazzietti, 2020).
Ainsi, l’émotion serait traitée de manière séquentielle par un système d’évaluations. Ce processus
suivrait une série de Critères d’Evaluation du Stimulus (CES) visant quatre objectifs évaluatifs : la
Pertinence, l’Implication, le Potentiel de Maitrise et la Signification normative. Ceux-ci recoupent
quatre sortes d’informations qui préparent l’organisme à donner une réponse adéquate face à un
stimulus.
Premièrement, la Pertinence détermine à quel point un événement serait congruent pour l’individu.
Ainsi, la personne peut se demander si le stimulus va l’affecter directement ou même toucher son
groupe social. Cette analyse permet de savoir si ce stimulus exige une analyse plus poussée et si cet
événement ne perturbe pas l’action de la personne, ou si le statu quo peut être maintenu (Sander,
2014).
Deuxièmement, l’Implication indique les conséquences du stimulus pour l’individu et si cet
événement met en danger son bien-être ou même ses buts.
Troisièmement, le Potentiel de Maitrise informe l’individu sur les ressources qu’il possède pour faire
face à cet événement. Ainsi, elle tente de savoir si elle pourra s’y adapter ou affronter les
conséquences. Chez Lazarus, ce Potentiel de Maitrise équivaut à l’appraisal (évaluation) secondaire :
« Ai-je les ressources nécessaires pour faire face à la situation ? »
Quatrièmement, la Signification normative définit la signification de l’événement comparativement
aux normes sociales et aux standards internes.
Le processus d'évaluation cognitive est continu. Chaque critère est donc réévalué plusieurs fois de
manière plus approfondie. Ces cycles d'évaluation se répètent jusqu'à la résolution de la situation.
En définitive, l’analyse de ces CES est systématiquement subjectif et résulte d’une perception
individuelle du stimulus. Dans ce cadre, tant les différences entre les individus que les états
motivationnels passagers ou encore la culture de chaque individu vont moduler ce mécanisme
(Sander, 2014).
Dans ce cadre, Klaus Scherer justifie une séquence fixe d’évaluation. En effet, selon lui la séquence
suit une logique, en allant de la plus simple à la plus complexe. Elle coïncide avec le développement
cérébral au fil de l’évolution (argument phylogénétique). De plus, la séquence fixe est également
cohérente puisqu’elle suit le développement du cerveau de chaque individu. Celui-ci, par le biais de
son développement personnel, traite et évalue de manière de plus en plus complexe son
environnement (argument ontogénétique).
Bibliographie
Sander, D., Scherer, K. (2019). Traité de psychologie des émotions. Malakoff: Dunod
8. La motivation et les buts
Un but se réfère à tout ce qu’un individu tente d’accomplir (Lock et al., 1981, cité par Reeves, 2012).
Ainsi, ce concept de but se rapporte à la représentation interne d’un résultat désiré (Karoly, 1993,
cité par Reeves, 2012). Les individus se focalisent donc sur l’écart entre leur situation actuelle et
l’idéal qu’ils tentent d’atteindre. C’est cette différence, cette inadéquation entre les deux situations
qui génère de la motivation. A cet effet, les personnes qui possèdent un but sont en règle générale
avantagées par rapport à ceux qui n’en ont pas. Il en résulte une performance et une motivation
supérieures.
Caractéristiques d’un but :
Dans ce cadre la performance est liée à la difficulté du but. Plus le but est difficile à atteindre, plus la
performance augmente. Ainsi, la difficulté dynamise l’individu (Reeves, 2012). A contrario, un but
facile à atteindre n’incite pas l’individu à fournir beaucoup d’efforts. Ainsi, les individus fournissent
un effort proportionnel au niveau d’exigence posé. Toutefois, la difficulté ne doit pas être trop
élevée. D’autre part, un but difficile à atteindre accentue la persévérance car l’effort se poursuit
jusqu’à ce que l’individu atteigne le but.
De plus, un but se doit d’être spécifique. Il doit donc désigner précisément à la personne qui
accomplit la tâche ce qu’elle doit faire. Le but doit donc être formulé de manière claire et concrète,
avec des points de repères (temporels, numériques). Car un but énoncé selon des notions vagues
sera interprété différemment et se traduira par des performances variables pour chaque individu. Il
s’agit ici de délimiter de manière claire la performance demandée en orientant l’individu vers une
direction et une action particulières (Reeves, 2012).
D’autre part, la notion de but spécifique réduit la probabilité que l’individu abandonne la tâche à
effectuer au cours de l’action et l’incite à élaborer des stratégies pour atteindre son but. Ainsi, ces
limites poussent l’individu à aller jusqu’au bout de son effort, jusqu’à ce que tâche soit totalement
accomplie (Reeves, 2012) et non pas lorsque l’individu se sent fatigué ou déçu. Dans ce cadre, la
spécificité d’un but aide l’individu à se concentrer sur sa tâche, à en planifier l’accomplissement,
voire à élaborer des méthodes pour analyser le déroulement de l’action, tout en l’éloignant des
tâches parasites avec lesquelles il perdrait son temps (Reeves, 2012). Il est donc important qu’un but
soit à la fois difficile et spécifique pour améliorer la performance. Le premier élément stimule
l’individu à remplir sa tâche et accroit son efficacité, tandis que l’identification précise du but polarise
l’individu sur la direction qu’il doit prendre.
On peut différencier plusieurs types de buts : Les buts à long terme et les buts à court terme sont
deux catégories de buts qui ne se distinguent pas par une différence significative d’efficacité (Hall et
Byrne, 1988 ; Weinberg et al., 1985 ; Weinberg et al., 1988, cités par Reeves, 2012). En effet, un but à
court terme va toucher la persistance et la motivation intrinsèque. Ainsi, des individus peuvent
perdre de vu leur but à long terme par manque d’impulsions répétées. Leur engagement n’est pas
renforcé à contrario des buts à court terme qui bénéficient de rétroactions permettant de mesure
l’efficacité de l’individu.
Dans ce cadre, pour des tâches sans intérêt, les buts à court terme sont plus efficaces car ils
constituent une « expérience de progrès » qui nourrit un sentiment de compétence (Vallerand, Deci
et Ryan, 1985, cités par Reeves, 2012). A contrario, pour les tâches intéressantes, la motivation
intrinsèque est facilitée par des buts à long terme, les gens préférant poursuivre ces buts de leur
propre manière. En effet, les but à court terme seraient perçus comme étant intrusif et contrôlant
lorsqu’il est question de tâches intéressantes.
Les aspirations personnelles symbolisent quant à elles les buts super-ordonnés que les individus
tentent d’accomplir au cours de sa vie et dans ses actes au quotidien (Emmons, 1989, cité par
Reeves, 2012). Ces aspirations personnelles regroupent les nombreux buts qu’un individu désire
atteindre. Il s’agit ici de tendances générales propres à la personnalité alors qu’un but représente un
projet précis.
Par ailleurs, la rétroaction joue un rôle important. En effet, non seulement elle informe l’individu sur
son avancement vers le but visé, mais encore elle convertit la fixation des buts en mécanisme
efficace (Erez, 1977, cité par Reeves, 2012). A cet effet, la rétroaction permet également de
conserver une trace de son évolution. Ainsi, elle fait office de point de repère et informe la personne
de la qualité de sa performance. Elle l’aide à juger si sa production est acceptable, excellente ou
insatisfaisante.
Ainsi, une rétroaction positive combinée aux buts produira une satisfaction personnelle, confortant
l’individu sur ses capacités et sa compétence, alors qu’un échec se soldera par une insatisfaction
émotionnelle (Bandura, 1991, cité par Reeves, 2012). Dans ce cadre, tant la satisfaction que
l’insatisfaction possèdent une dynamique motivationnelle. En effet, si l’individu n’est guère satisfait
de sa performance, s’il conscient de l’inadéquation qui existe entre ce qu’il produit et le but fixé, il
rassemblera alors peut-être davantage de ressources pour palier à cette différence. Ainsi, l’individu
comble son désir d’amélioration.
Enfin, dénué de rétroaction, l’individu risquera de se désintéresser de son activité et de la considérer
comme peu importante. Car en l’état, cette rétroaction permet d’alimenter émotionnellement le
mécanisme de fixation des buts, que cela soit par le biais de la satisfaction ou de l’insatisfaction.
Par ailleurs, l’autorégulation « un suivi métacognitif du processus de fixation des buts » (Reeves,
2012). Ce processus implique que l’individu effectue le recul nécessaire afin de contrôler et d’évaluer
la progression de la procédure de fixation du but ainsi que des efforts effectués. Dans ce cadre,
l’autorégulation prend le rôle d’auto-observations et d’auto-évaluation. Ainsi, l’autorégulation
implique une procédure itérative et constante. Elle suppose une prévoyance qui exige que les buts
soient établis et planifiés. Cette prévoyance analyse les écarts entre le but et la performance. Elle
détermine les difficultés qui peuvent apparaitre et les dérangements qui peuvent survenir, tels que
les distractions, les dérangements, les obstacles. La prévoyance s’en trouve ainsi perfectionnée. Ce
processus d’autorégulation est d’autant plus nécessaire lorsque l’individu accompli une activité qui
lui est étrangère (Schunk et Zimmerman, 1997, cités par Reeves, 2012). Dans ce cadre, l’individu
inexpérimenté va imiter son modèle. Ce dernier lui notifiera le degré d’efficacité de ses actions
imitatives. Ainsi, le novice intériorisera le standard d’excellence et pourra s’autoréguler. Ainsi,
l’observation mène à l’imitation. Et l’imitation mène à l’intériorisation des normes. Enfin, le
reconnaissance de ces normes aboutit à la régulation des actions et des comportements, au contrôle
de l’efficacité.
Bibliographie
Reeves, J. (2012). Les Buts. In J. Reeves & S. Masmoudi (Eds.), Psychologie de la motivation et des
émotions. Brussels : De Boeck.
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