« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne » 1
RESUME
Le courant philosophique stoïcien est lancé dans l’époque hellénistique de la Grèce
antique jusqu’au deux premier siècle de l’ère chrétien. Un courant contemporain de
l’épicurisme qui est considéré comme son frère ennemi. Les stoïcismes forment sa
philosophie sous une forme de système qui englobe de diverses réflexions, mais surtout en ce
qui concerne le monde, le Dieu et l’être humain. Ces derniers forment un Tout (la Nature) :
Dieu est immanent à la Nature, et l’homme possède le caractère divin par sa raison qui n’est
qu’une parcelle de la Raison Universelle (Dieu). Telle conception est évoquée par les stoïciens
dans son système philosophique inhérent qui étude la physique, la logique et l’éthique. Les
deux premiers influencent beaucoup sur l’éthique qui est le centre de la philosophie stoïcienne
dans sa recherche du bonheur. En fait, cette philosophie est comme art de vivre ; elle est une
philosophie de bonheur. C’est pourquoi nous intéressons de plus sur la morale.
Le dessein de la philosophie morale stoïcienne est de tracer à l’homme une voie de
liberté, en supprimant les passions qui sont sources des maux et des malheurs. Pour cela,
l’homme est invité à la vertu. Chez les stoïciens, le souverain bien c’est la vertu. Tout homme,
homme ou femme, jeune ou adulte, esclave ou Roi, peut parvenir au bonheur par la vertu et
la connaissance de lui-même, des autres et du monde.
Cette connaissance a pour but que l’homme doit vivre conformément avec la Nature,
et avec sa nature humaine. Entant qu’être raisonnable et sociable, il doit vivre selon la raison
et avec autrui dans la société. Puis, il doit comprendre aussi les fonctionnements et les
phénomènes de la Nature, afin qu’il puisse vivre conformément en cette dernière : en
acceptant volontairement son Destin. Consentir à son destin ne veut pas dire accepter en
silence ce qui nous tombe dessus. Cela veut dire prendre conscience de qui on est. En plus,
c’est par cette connaissance que l’homme puisse distingué qu’il y a des choses qui dépendent
de lui et il y a celles qui ne dépendent pas de lui. En cela, pour être heureux, l’homme ne doit
pas donner d’importance sur les choses qui ne dépend pas de lui.
C’est par cette distinction que l’homme peut se débarrasser des passions qui sont
souvent fruits de faux jugement et d’opinion sur les évènements qui se manifestent. Pour avoir
le bonheur, il est nécessaire de vivre sans se passionner sur les choses qui ne dépendent pas
de nous, mais il faut se concentrer sur les choses dont nous avons pouvoir. Les passions sont
des maladies de l’âme. Elles rompent l’homme avec la Nature, avec le monde et avec lui-
même ; elles lui opposent aussi à autrui. En conséquence le bonheur consiste à substituer aux
passions, tout ce qui excite ou terrifie, des affections positives et bonnes.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne » 2
INTRODUCTION
Le stoïcisme est une doctrine philosophique de la période hellénistique et romaine
de l’antiquité vers IIIe siècles avant J.-C. L’avènement du stoïcisme est marqué par des
désordres socio-politiques après la disparition d’Alexandre le Grand en 323. Athènes perd sa
puissance maritime et monétaire. « Les riches devenaient de plus en plus riches, ils vivaient
dans le luxe, tandis que le grand nombre des peuples furent réduits à la pauvreté. Les Grecs
semblait avoir perdu la sagesse d’antan »1. Les Grecs semblaient avoir perdu la sagesse
d’antan. Ils demandaient à la philosophie des nouvelles formules pour guérir les maux
quotidiens. L’Epicurisme et le stoïcisme apportent, chacun à leurs façons, la possibilité de
penser rationnellement la nouvelle société grecque, de s’y adapter et de s’y estimer heureux
en cherchant la meilleure façon de vivre. En cela, ces deux tendances philosophiques
s’orientaient surtout vers la prédication morale.
Le stoïcisme n’est pas l’œuvre d’une seule personne, c’est pourquoi on parle plutôt
des stoïcismes. Il est fondé par Zénon de Citium vers 300 ans avant J.C. à Athènes il donne
son enseignement sous un portique, « Stoa » en grec. L’histoire du stoïcisme se divise en trois
périodes : l’ancien stoïcisme, le moyen stoïcisme et le stoïcisme impérial. Au IIIe siècle avant
J.-C., l’ancien stoïcisme correspond à la fondation de l’école par Zénon et à sa direction par
Cléanthe (vers 331 - 232 avant J.-C.) et Chrysippe (280 - 205 avant J.C.). Quant au moyen
stoïcisme, il apparaît aux IIe et Ier siècle avant J.C. Ses principaux représentants sont Panétius
(180 - 110 avant J.-C.) et Posidonius (135 - 51 avant J.C.). Leur pensée est déjà plus souple
et basée sur la physique plus que sur la logique. Il est plus conciliant avec les autres écoles,
surtout le platonisme. Le stoïcisme impérial, à son tour, apparaît aux deux premiers siècles de
l’ère chrétienne, avec Epictète (vers 50 - 130 après J.C.), il était un esclave. Puis, Sénèque
(vers 2 - 65 après J.C.) et Marc Aurèle (121 - 180 après J.C.), qui était un empereur romain.
A son tour, il propose une prédication morale et un art de vivre.2
Pour comprendre cette tendance philosophique, il est nécessaire d’évoquer en
premier lieu quelques notions clés. Être stoïque veut dire être courageux, dur, ferme. Le
stoïcien est un homme de grand cosmos, homme de l’univers, homme de la nature. D’où la
notion cosmopolitisme. Le souverain bien, ou la fin suprême pour les stoïciens c’est la vertu.
En cela, il est fondamental de vivre en ayant la science de ce qui est conforme à la nature et
en le faisant sien. Pour les stoïciens, le Bonheur c’est un cours harmonieux de la vie : c’est
1 R.P. Jean Debré RAKOTOMAMONJY, Au chemin de la sagesse, ISSaPhi, 2018 - 2019, p. 30.
2 Cf., Pierre AUREGAN et Guy PALAYERT, Dix étapes de la pensée occidentale, des présocratiques
à la modernité, Ellipses, p. 34.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne » 3
pourquoi le sage est toujours heureux. Cette tendance adopte aussi le concept d’apatheia qui
veut exprimer une vie sans passion, sans trouble face aux événements tristes ou angoissante
de la vie. L’apaheia a pour but d’atteindre le bonheur.3
Dans le cadre de ce devoir nous essayerons d’analyser la conception morale
stoïcienne qui est considérée comme une morale de bonheur. Les stoïciens enseignent que la
vie sans passions est une voie accessible au bonheur. Elle procure à l’homme la faveur de
vivre dans une tranquillité de l’âme. Une problématique s’en sort de telle conviction : dans
quelle mesure la morale stoïcienne peut-elle affirmer que l’apatheia est une voie sûre pour
atteindre le bonheur ? En répondant à cette question majeure, nous analysons en premier lieu
le système du stoïcisme en générale. Puis, l’enseignement de la morale stoïcienne sur lequel
la vie sans passion peut conduire l’homme au bonheur. Enfin, il est utile d’en tirer quelques
apports philosophiques et réflexions personnelles.
3 Cf., Pierre AUREGAN et Guy PALAYERT, Dix étapes de la pensée occidentale, op.cit., p. 35.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne » 4
I. Généralité sur le stoïcisme.
Le stoïcisme est un courant philosophique bien considéré comme un système qui
englobe plusieurs connaissances et du savoir. Pour bien saisir sa conception morale, on ne
peut pas échapper de voir d’abord quelques généralités fondamentales à ce système.
I.1. Notion sur le système philosophique stoïcisme.
Les stoïciens divisent leur philosophie en trois parties : la logique, la physique et
l'éthique. Ces trois parties forment un tout, inséparables et doivent être prises ensemble. Ce
sont ces trois parties qui font le stoïcisme. C’est pourquoi cette philosophie est un système.
La logique stoïcienne c'est tout ce qui concerne le logos, c'est-à-dire, le discours et
la raison. Elle implique donc une théorie de la connaissance. Cette théorie de connaissance
est à la fois sensualiste qui prône les sensations comme sources de connaissance. Elle est aussi
rationaliste qui affirme que la science est fondée sur la raison. Puis, elle est volontariste qui
dit que toute connaissance suppose un jugement volontaire. Quant à la volonté, les stoïciens
appellent « assentiment » le mouvement de l'esprit par lequel il adhère au vrai et au bien.
Alors, pour les stoïciens : « connaître, c'est juger ; et juger, c'est vouloir »4. Cela s’ensuit que
la volonté ne peut pas vouloir n'importe quoi, mais seulement ce qu'elle perçoit comme vrai
ou bien. Pour les stoïciens, la logique nous apprend à prononcer des jugements exacts sur tout
ce qui se produit, à ne pas admettre ceux qui sont faux. Elle sert aussi à accorder la raison
humaine avec la Raison universelle dont elle est une parcelle.
La physique stoïcienne nous fait savoir la nature de l’Univers. C’est l’étude du
monde dans sa totalité, l’étude du cosmos. Elle est une philosophie matérialiste qui enseigne
qu’il n’existe que des corps. Même l’âme est un corps, elle est une partie du feu divin, qui
anime les vivants de l'intérieur. La physique stoïcienne est aussi une doctrine panthéiste qui
adopte une conception d’un Dieu immanent à la nature.5
En ce qui concerne l’Ethique stoïcienne, c’est une doctrine morale qui enseigne le
comportement et manière de vivre qui assurent sûrement le bonheur. C’est dans ce domaine
de l’Ethique que nous allons travailler pendant ce devoir. Or, nous devons passer en premier
abord sur la philosophie stoïcienne en générale.
4 « Le stoïcisme » in Larousse en ligne, https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/stoïcisme/93970,
consulté le 28 décembre 2019.
5 Cf., Pierre AUREGAN et Guy PALAYERT, Dix étapes de la pensée occidentale, op.cit., p. 35.
« Vivre sans passions : une voie accessible au bonheur selon la morale stoïcienne » 5
I.2. La philosophie stoïcienne.
Dans son système, la philosophie stoïcienne évoque plusieurs réflexions essentielles.
Mais ce qui nous intéresse le plus ici c’est de savoir généralement sa conception sur le Dieu
et le monde, ainsi que la conception de l’homme.
Dieu et le monde.
Selon la conception stoïcienne, Dieu est la Raison qui anime et pénètre le monde. Il
est la Raison Universelle du monde. En d’autres termes la nature est animée et conduite par
la volonté divine. Dieu est un ordre immanent à la nature. Ce qui veut dire qu’Il est à
l’intérieur même de la nature. « Le monde comprend le ciel, la terre et le vivant qui se trouve
et le Dieu. Ce monde est un vivant, raisonnable, animé et intelligent, non seulement il est
divin mais il est Dieu lui-même »6. Dieu est le principe de l’harmonie du monde. Ce monde
est une masse matérielle, infini et en changement perpétuel. « Le monde ne renferme que des
corps […] Les stoïciens admettant que les corps sont les seules réalités et la seule substance,
disent que la matière est Une. […] Si tout est corps il y a tout de même place dans le stoïcisme
pour la notion d’incorporel : exprimable, le vide, le lieu et le temps »7. Les stoïciens ne
prennent pas les incorporelles comme des êtres véritables. C'est pourquoi ils ne seront trompés
ni du discours ni du temps, pour eux le sage vit au présent et il aime le silence.
La conception de l’homme.
Les stoïciens prêchent une conception qui adopte que l’homme est un être intelligent
et raisonnable. Pour eux, l’être humain fait partie du tout et est doué de la raison. « L’homme
seul être doué de la raison, est fils de Dieu »8. Cela s’ensuit qu’en tant que fils de Dieu, tout
homme est citoyen du monde, le monde de Dieu. D’où l’enseignement du cosmopolitisme
stoïcien qui affirme que l’homme est un citoyen du monde entier, mais non seulement de sa
propre ethnie ou nation. « En tant que Marc Aurèle, je suis citoyen de Rome, en tant
qu’homme, je suis citoyen du monde »9. L’homme est donc appelé à vivre en communauté,
en société. Il est un animal sociable ayant comme nature de vivre ensemble. C’est pourquoi
Marc Aurèle affirme que « Les hommes sont faits les uns pour les autres ; […] fuir de la
société c’est contre nature ». L’homme possède une âme intelligente qui n’est autre qu’une
parcelle du souffle divin plongé dans le corps humain.
6 Jean BRUN, Le stoïcisme, P.U.F., Paris, 1992, p. 50.
7 Jean BRUN, ibidem, p. 54 - 55.
8 Jacqueline RUSS, Les chemins de la pensée, Bordas, Paris, 1999, p. 132.
9 Jostéin GAARDER, Le Monde de Sophie, Seuil, Paris, 1995, p. 151.
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